des fourrages payants

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des fourrages payants
| AFFAIRES ÉCONOMIQUES
DES FOURRAGES
PAYANTS
TEXTE DE PASCAL LABRANCHE, AGRONOME, COORDONNATEUR AGROÉCONOMIE ET
DÉVELOPPEMENT NUMÉRIQUE AGRICOLE, LA COOP FÉDÉRÉE
AVEC LA MÉTÉO PAS TOUJOURS CLÉMENTE, LE PRIX DES TERRES,
LE COÛT DE LA MAIN-D’ŒUVRE, LE PRIX DES INTRANTS QUI MONTE,
LES FRAIS DE MACHINERIE PAS TOUJOURS ÉVIDENTS À AMORTIR…
PAR OÙ FAUT-IL COMMENCER POUR PRODUIRE DES FOURRAGES PAYANTS ?
Y A-T-IL DES ÉLÉMENTS À OPTIMISER ? COMMENT TRANSFORMER
UN POSTE DE DÉPENSES EN REVENUS ?
CONNAÎTRE SON COÛT DE PRODUCTION
Pour tout entrepreneur, la base de la gestion
est de connaître son coût de production, après
quoi on peut prendre des décisions afin de
maximiser les profits de l’entreprise.
Mais le calcul des coûts de production des
fourrages est l’une des choses les plus compliquées à décortiquer dans le total des coûts
de l’entreprise, ce qui mène souvent à utiliser
une valeur de 200 $/tm de matière sèche.
Cependant, dans la vraie vie, il y a énormément de variabilité entre les coûts de production d’une ferme à l’autre, et une valeur
moyenne ne veut pas dire grand-chose.
Afin de faciliter le calcul du coût de production des fourrages, le réseau La Coop a
mis à la disposition des producteurs un outil :
Agriscan. Ainsi, vous aurez un portrait plus
juste pour prendre des décisions éclairées.
Quand on fait la démarche rigoureusement, qu’est-ce que ça donne ? Malheureusement, pour l’année 2014, les coûts de
production des fourrages ont varié entre 240
et 260 $/tm de matière sèche. Très peu de
producteurs ont atteint la cible de 200 $/tm.
De plus, il faut garder en tête qu’une
grande partie des dépenses dans la production des fourrages sont des coûts fixes (fonds
de terre et machinerie) difficiles à changer à
court terme. Alors, que faire ?
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DE PETITS DÉTAILS PAYANTS
À NE PAS OUBLIER
En analysant les données de producteurs, on
se rend compte que l’adage « le diable est dans
les détails » est toujours vrai.
Le premier élément à considérer est la
fertilisation, pour maximiser le rendement
au champ. Les coûts de fertilisation varient
grandement d’un producteur à l’autre, mais
ceux qui réussissent le mieux à abaisser leur
coût de production à la tonne ont compris
qu’en augmentant le rendement à l’hectare,
on amortit les frais fixes sur de plus grandes
quantités. Par conséquent, la baisse du coût
de production de chaque tonne est beaucoup
plus importante que l’augmentation des frais
de fertilisation. Vous faites trop de tonnes ?
Pourquoi ne pas récupérer les superficies et
produire autre chose ?
Le deuxième élément, souvent sousestimé, est la conservation des fourrages. Ce
n’est pas la quantité et la qualité récoltées
qui sont importantes, mais la quantité et la
qualité consommées par les animaux. Ce qui
peut causer des pertes importantes.
Il n’est pas rare de voir des problèmes de
conservation de fourrages gâcher le travail
fait au champ. Et l’effet est d’autant plus insidieux si ça ne fait que diminuer légèrement
la consommation des vaches. Alors, les petits
détails de gestion des silos-couloirs (bunkers)
et silos deviennent d’autant plus importants
financièrement. Vous avez besoin d’aide ? Les
conservateurs d’ensilage vous donneront un
bon coup de pouce, qui peut changer la donne.
Posez-vous la question suivante : quelle
diminution de consommation volontaire de
matière sèche ou quelle perte de fourrages
faut-il pour justifier un conservateur ? Vous
pourriez être surpris de la réponse. Et c’est
encore plus vrai si le coût de production de
vos fourrages est élevé.
Troisièmement, comme une grande part
du coût de production des fourrages est
constituée de frais fixes (fonds de terre et
machinerie), il est intéressant d’amortir ces
frais sur le plus grand nombre de tonnes possible. Donc, tous les points qui augmenteront
le rendement, comme le choix des semences
et la rotation, contribueront à baisser votre
coût de production global. Alors pourquoi les
négliger ?
Le réseau La Coop s’est doté d’un outil
(logiciel économique) qui permet de réaliser
des simulations d’amélioration de rentabilité. Vous êtes ainsi en mesure de mieux voir
l’impact économique des différents changements apportés.
utilisant un coût trop bas pour les fourrages,
on biaise systématiquement l’optimisation
des rations. L’ordinateur formulera à moindre
coût pour vous aider financièrement, mais
il ne calculera jamais mieux que ce que les
données lui permettront de faire.
N’hésitez pas à consulter votre expertconseil. Il vous aidera, avec Agriscan, à calculer et à diminuer le coût de production de vos
fourrages, à en maximiser l’entreposage et à
optimiser leur utilisation dans vos rations.
PHOTO : ÉTIENNE GOSSELIN
ET POUR LES VACHES, BŒUFS, MOUTONS…
Pour convertir ces dépenses en revenus, il
faut miser sur la qualité des fourrages afin
de réduire les coûts de la ration. Oui, faire de
bons fourrages peut vous coûter plus cher,
mais les gains sont aussi plus appréciables.
À titre d’exemple, faire du foin à 16 % de
protéine au lieu de 14 % correspond environ
à l’équivalent de 45 $/tm en apport de protéine dans la ration. Si on ajoute l’effet sur la
consommation volontaire de matière sèche
et l’énergie nette tirée du fourrage, et que
l’on convertit le tout en revenus, l’apport est
encore plus appréciable.
Enfin, l’autre point à ne pas négliger
consiste à entrer, dans le logiciel d’alimentation SynchroRation, le coût réel du fourrage. Au
lieu d’utiliser systématiquement 200 $/tm de
matière sèche pour les fourrages et 160 $/tm
de matière sèche pour les ensilages de maïs,
pourquoi ne pas utiliser la vraie valeur ? En
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