Google Maps contraire aux règles de la concurrence - Feral

Transcription

Google Maps contraire aux règles de la concurrence - Feral
Par un jugement en date
du 26 janvier 2012, le tribunal
de grande instance de Paris a
considéré que la société éditrice
d’un site d’annonces immobilières
ne pouvait être qualifiée de
producteur de base de données.
« La seule centralisation des
annonces immobilières des agences
clientes ne caractérise pas des actes
de constitution, de vérification ou de présentation du contenu de la base de données et encore moins un investissement financier,
matériel ou humain substantiel. »
Infractions au prix
du livre numérique
Un décret publié le 30 janvier 2012
est venu définir les infractions aux
dispositions de la loi du 26 mai 2011
sur le livre numérique, qui prévoit
notamment que l’éditeur doit fixer
le prix de vente du livre « selon le
contenu de l’offre et ses modalités
d’accès ou d’usage ». Désormais, le
fait d’éditer un livre numérique dans
le but de sa diffusion commerciale
en France et le fait de proposer
une offre de livre numérique
aux acheteurs situés en France,
sans fixer un prix de vente au public,
sont punis de l’amende prévue pour
les contraventions de troisième
classe. Pour consulter le décret :
http://goo.gl/2ddFA.
01business & techno I 8/03/2012 I 01net-entreprises.fr
Fichiers volés et
perquisitions fiscales
32
Dans un arrêt du 31 janvier 2012,
la Cour de cassation a annulé
des perquisitions fiscales effectuées
à partir d’informations obtenues
illicitement. En l’espèce, un salarié
avait piraté les bases de données
des clients d’une banque à Genève.
Le juge des libertés et de la détention
avait rendu une ordonnance
autorisant des perquisitions fiscales
chez ces clients, sur la base des
informations obtenues via ce
piratage. La Cour de cassation,
considérant que les documents
produits par l’Administration
provenaient d’un vol, a annulé
les autorisations obtenues sur
la foi de ces documents.
juridique
Christiane Féral-Schuhl,
avocate à la Cour, associée fondatrice
du cabinet Féral-Schuhl/Sainte-Marie, et
bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris
DR
Base de données et
annonces immobilières
Nul n’est censé…
expériences
Google Maps
contraire aux règles
de la concurrence ?
Le fait : par jugement du 31 janvier dernier, le tribunal de commerce de Paris a
condamné Google Inc et Google France
pour abus de po­sition dominante concernant le service gra­tuit Google Maps API,
destiné aux entreprises.
Le tribunal de commerce de Paris
a condamné Google Inc et Google
France pour abus de position domi­
nante concernant le service Google
Maps API. Destinée exclusivement
aux entreprises, cette prestation leur
permet d’intégrer gratuitement sur
leurs sites internet des cartes, plans
et itinéraires indiquant la géolocalisa­
tion de leurs sièges et points de vente.
Acquisition de données
géographiques
D’autres sociétés, dont la requérante,
Bottin Cartographes, offrent un ser­
vice similaire, mais à titre onéreux.
En effet, l’acquisition des don­nées
géographiques brutes se fait auprès
de fournisseurs spécialisés. Elle re­
présente donc un coût pour les en­
treprises, qui proposent ensuite des
plans en ligne. Conformément à son
modèle économique, Google fournit
cette prestation gratuitement. Toute
la question est de savoir comment il
se rémunère.
Pour caractériser la position domi­
nante, les juges suivent l’avis de
l’Au­to­r ité de la concurrence du
14 dé­cem­bre 2010 qui constate la pré­
pondérance de Google sur le marché
des moteurs de recherche. Le tribunal
fait ensuite état de la position domi­
nante qui en résulte sur les marchés
connexes des liens publicitaires, dits
liens « sponsorisés », et de la carto­
graphie en ligne, « marché pertinent »
considéré en l’espèce.
La gratuité grâce à
une position dominante
Or, lorsqu’une société est en posi­tion
dominante, la pratique de prix anor­
malement bas ou de services gra­tuits,
y compris sur un marché connexe,
suffit à constituer un abus, réputé
traduire une volonté ­d ’éviction des
concurrents. Dans l’affaire en cause,
le tribunal n’hésite pas à prédire
qu’une fois la concurrence évincée
sur le marché de la cartographie en
ligne, les annonceurs seront définiti­
vement acquis à Google. Le tribunal
en d
­ éduit que celui-ci aura les mains
libres pour insérer des publicités sur
les cartes de son service Maps API...
La décision constate d’ail­leurs qu’une
recherche sur ce moteur de recherche
produit systéma­ti­quement une carte
de Google, ce qui ne peut qu’inciter les
entreprises à utiliser le service Google
Maps API afin d’être plus visibles. M
Christiane Féral-Schuhl
CE QU’IL FAUT RETENIR
La gratuité d’un service – la cartographie en ligne – n’est condamnable que
si elle procède d’une position dominante
sur un service connexe – le moteur de recherche – et vise à évincer la concurrence.