L`orgasme sur commande - Olds et Milner (1954)

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L`orgasme sur commande - Olds et Milner (1954)
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L'orgasme sur commande - Olds et Milner (1954)
Soumis par Stephane Desbrosses
Le chocolat, un bon film, une soirée entre amis ou un fix d'héroïne... qu'ont-ils en commun? ils mettent en jeu des
structures cérébrales complexes dont l'activation aboutit à une sensation de plaisir ou d'aversion, pouvant aller jusqu'à
l'orgasme ou le dégoùt... Jusqu'en 1952, on se doutait de leur existence... c'est pourtant sur un hasard et une
expérience qui a complètement dépassé le cadre de la recherche initiale que l'on en a eu la preuve. Ce, grâce à un rat
pas comme les autres...
Deux destins se croisent...Jack est un rat, banal, poilu, il arpente les sites caverneux des laboratoires de psychologie.
Jack est le premier rat masochiste de l'histoire, et son histoire est édifiante...
Une journée comme une autre, Jack est un, parmi tant d'autres. Ses collègues et lui même sont les victimes des
expérimentations fourbes des humains, ils ont leur rôle de cobayes à jouer.
1952. James Olds, de l'université McGill, travaille dans le cadre de sa recherche de doctorat, auprès de Milner,
professeur de cette même université. Milner est un chercheur très réputé pours ses études d'exploration des fonctions
cérébrales. Sa principale méthode consiste à implanter des électrodes directement dans le cerveau de rats, d'y envoyer
des décharges de diverses intensités, et d'en observer les effets. La recherche de James Olds consistait quant à elle à
stimuler un centre supposé de la vigilance, situé en arrière de l'hypothalamus, afin de vérifier si l'on pouvait amener les
rats à éviter certains coins de leur cage, seulement en les stimulant.
... qui provoquent des étincelles!L'expérience se déroulait à merveille, car l'ensemble des rats stimulés avait, après
stimulation, tendance à éviter les endroits trop "stimulants"... Tous, sauf un. Sa conduite était par ailleurs surprenante.
Contrairement aux autres, Jack, au lieu de s'en éloigner, revenait systématiquement vers les endroits où étaient
administrés les chocs électriques.
Resté perplexe devant ce phénomène, Olds en conclu à priori que le rat devait être moins sensible que les autres, un
rat atypique... Il se mit alors à augmenter l'intensité des décharges électriques, espérant peut être que le rat rentrerait
dans la norme avec des chocs plus violents. Mais l'inverse se produisit : plus les chocs étaient violents, plus le rat
revenait vite se replacer dans les zones où ils étaient administrés, afin d'en recevoir un plus intense encore. Il fallait se
rendre à l'évidence, Jack semblait rechercher systématiquement le choc électrique au lieu de l'éviter...
Après avoir servi de son mieux la science, Jack connu une fin tragique au milieu des scalpels du chercheur. Olds
découvrit après dissection du cerveau de ce rat masochiste, qu'il avait par erreur implanté l'électrode à côté de l'endroit
où elle aurait dû se trouver. L'électrode avait été implantée dans une zone du cerveau que l'on nommerait plus tard
"aire septale" (1991, Milner), et que l'on associerait aux Centres Cérébraux du Plaisir.
Quand l'orgasme atteint des sommetsFort de cette découverte étrange, il entreprit de systématiser l'expérience, en
implantant cette fois de bon gré une électrode dans l'aire septale de nombreux rats, qu'il plaça dans une cage
comportant de la nourriture et de l'eau, mais également un petit levier qui commandait directement une décharge dans
l'électrode. Les rats pouvaient ainsi apprendre à baisser le levier pour s'auto-administrer un choc.
Le principe du levier qui active une récompense était certes connu, les résultats de l'expérience furent tout de même
surprenants. Les rats apprenaient rapidement à appuyer sur le levier, certains s'administraient une centaine de chocs à la
minute! et l'intensité des décharges ne faisait qu'accroître le phénomène, certains chocs étaient tellement puissants
qu'ils propulsaient les rats contre les parois de la cage! Inexorablement, sitôt leurs esprits recouverts, ils se redirigeaient
vers le levier pour une autre stimulation...
Cette expérience fut bien entendue reprises de nombreuses fois : Schonderreger (1970) montra que l'instinct maternel
lui même n'était pas aussi fort que le plaisir procuré par le levier, des mères abandonnant leur nichée pour
s'administrer une décharge... Si le sommeil venait, ils s'assoupissaient quelques instants et reprenaient dès le réveil
leur activité auto stimulatrice. Plusieurs rats préféraient se priver de nourriture plutôt que d'abandonner le levier. du
plaisir jusqu'à en mourir...
Plaisir et AversionSi tant est que l'histoire de Jack se termine de sombre manière, on peut au moins affirmer que ces
derniers instants furent des moments de plaisir intense. Des expériences similaires, sur d'autres animaux, ont permis de
découvrir en fait de nombreux centres cérébraux associés au plaisir (noyau accubems). Tandis que certains sont liés à
des plaisirs particuliers, comme la jouissance sexuelle ou le soulagement de la soif, d'autres semblent plus généralisés
et offrent une sensation de bien être total. Chez l'homme, si ce genre d'étude est proscrit, on a tout de même eu
l'occasion de mesurer qualitativement les effets de la stimulation directe des centres du plaisir : les patients la ressentent
comme une "poussée vers l'orgasme, mais sans jamais l'atteindre". Les études animales, associées aux données IRM
ainsi qu'aux études réalisées avec le concours de patients ont permis de mettre en évidence la participation de six
régions cérébrales dans la sensation de plaisir.
Bases cérébrales du plaisir
D'une façon semblable, certaines stimulations peuvent provoquer une aversion, totale, voire une douleur intense,
entraînant l'arrêt complet des activités en cours. Une démonstration célèbre est le fait de Delgado (1954), qui grâce a
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des électrodes, implantées dans les "régions de l'aversion", pu arrêter la charge de taureaux dans l'arène, par simple
activation des électrodes, à distance.
Bases cérébrales de l'aversionSource : Olds J, Milner PM. Positive reinforcement produced by electrical stimulation of
septal area and other regions of rat brain. J Comp Physiol Psychol 1954, 47 : 419-427
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