Reconstruction après l`ouragan Sandy

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Reconstruction après l`ouragan Sandy
Reconstruction après
l'ouragan Sandy
par Angus W. Stocking, géomètre
L'ouragan Sandy a frappé la côte Est des ÉtatsUnis en octobre 2012, laissant derrière lui des
millions de sinistrés et d'habitations détruites.
Gayron de Bruin (GdB), une société de topographie et d'ingénierie employant 14 personnes
basée à Bethpage, New-York, une petite ville de
Long Island, comptait parmi les entreprises les
plus gravement touchées. Normalisée depuis
plusieurs années pour l'utilisation des instruments Leica Geosystems, elle est spécialisée
dans l'application de technologies nouvelles
aux tâches de topographie classiques. Elle a été
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l'une des premières sociétés à adopter les stations totales robotisées GNSS, et l'un des premiers fournisseurs d'expertise SIG et de conseil
dans la région de Long Island. Les technologies
modernes, alliées à des normes élevées et à une
excellente qualité de service, lui ont permis de
se développer, malgré les problèmes rencontrés.
« J'étais en fait au travail le jour où l'ouragan s'est
produit », confie la présidente de GdB, Christine Gayron, géomètre. « Je suis rentrée chez moi à 16 h
alors qu'il gagnait en intensité. Nous n'avions naturellement plus d'électricité, comme tout le monde,
et nous faisions face à certains problèmes informa-
tiques. Mais des difficultés bien plus graves nous
attendaient : la pénurie d'essence. Dans les jours qui
ont suivi, les employés avaient du mal à venir travailler. Nous devions faire la queue à la station pendant
des heures pour approvisionner les camions. »
GdB était davantage sous pression en comparaison à
la plupart des entreprises et devait se redresser rapidement. La société avait conclu un accord à terme
sur des prestations topographiques avec le New York
State Department of Transportation (NYSDOT). Elle
savait que des travaux topographiques préalables
seraient nécessaires pour mettre en œuvre plusieurs
projets de reconstruction importants. « Sandy est
arrivé le lundi. Le courant n'a pas été rétabli dans
les locaux avant le lendemain », indique Mme Gayron.
« J'ai contacté la personne concernée au NYSDOT le
jour même pour lui faire part de nos disponibilités. »
Le NYSDOT n'a pas perdu de temps. GdB a obtenu
une confirmation pour le lendemain. Deux équipes se
sont rendues tôt le samedi matin à Ocean Parkway,
une route d'État longeant l'une des îles littorales au
sud de Long Island.
En réalité, Ocean Parkway est la seule route reliant
plusieurs îles et communautés, d'autres voies-promenades et les principaux parcs, tels que Jones Beach
et Robert Moses. « Sandy a submergé l'île et la route
panoramique par endroits, et emporté les dunes qui
protégeaient habituellement la chaussée », ajoute
Mme Gayron. « Par conséquent, nous ne savions pas
à quoi nous attendre ; nous n'étions même pas sûrs
de pouvoir accéder au site. »
Heureusement, le NYSDOT avait déjà pu avancer en
nettoyant la route à l'aide de chasse-neige et autres
outils permettant de repousser le sable. À l'arrivée des camions GdB, les agents de la police d'État
étaient déjà sur place pour limiter l'accès mais, vu
l'esprit de coopération qui régnait après le passage
de Sandy, ils ont laissé passer les géomètres pour
qu'ils puissent faire leur travail.
GdB avait été chargée de procéder à un contrôle
topogaphique en urgence pour soutenir les cartographies LiDAR aériennes et photogrammétriques
réalisées pour évaluer les dégâts de la voie-prome-
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Une équipe GdB utilise une solution Leica Viva GS15 afin d'arpenter l'érosion sur la plage de la ville.
nade. Le NYSDOT craignait qu'elle ne soit déformée
ou touchée par de violentes tempêtes. « Le NYSDOT a installé plusieurs balises avant l'ouragan. Il
ne savait pas si elles seraient toujours là après son
passage », déclare Mme Gayron. « De plus, si tel était
le cas, seraient-elles toujours visibles ou recouvertes
de sable ? Nous nous sommes aperçus que la plupart était toujours en place ; un grand nombre devait
être enlevé et quelques-unes réinstallées ». Ce projet
concernait « uniquement » une centaine de points
environ. Toutefois, les équipes devraient faire face
aux conséquences de l'ouragan, comme dans les
autres zones de Long Island. La méthode utilisée par
GdB pour collecter les données GNSS deux fois pour
chaque point à différents moments de la journée, ne
faisait qu'aggraver les problèmes. « Nous collections
près de 200 points dans des conditions difficiles »,
indique Mme Gayron.
L'utilisation des téléphones cellulaires et l'état
du NYSNET n'étant pas fiables, la station de référence toujours active du NYSDOT, GdB a installé tous
les récepteurs en stock sur Ocean Parkway. « Nous
étions prêts à élaborer une station de base, le cas
échéant », explique Mme Gayron. « Or, tout au long
du projet, nous avons pu utiliser une combinaison de
radios et de téléphones cellulaires pour obtenir les
données NYSNET. Nous avons été en mesure de le
réaliser avec autant de précision que nous aurions pu
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le faire avant le passage de Sandy. Il était parfois difficile de contourner le problème, mais pas d'obtenir
la précision nécessaire. » Un autre fait compliquait la
situation : la mise à jour des coordonnées de la station NYSNET à mi-chemin du projet. Mais tout s'est
très bien passé ; GdB, entité de Leica Geosystems,
a utilisé Leica Geo Office pour actualiser les données GNSS des récepteurs Leica GS15 et System 500
avec les coordonnées modifiées. Les géomètres ont
pu procéder sans problème à leur conversion à michemin du projet.
Les équipes ont œuvré à l'est et à l'ouest de Gilgo Beach, à proximité du centre de la zone la
plus sinistrée. Elles ont bien avancé en travaillant
10 heures par jour. « Nous avons pu arpenter 92 des
100 points de contrôle qui nous ont été confiés »,
déclare Mme Gayron. « Le huit, il a été impossible
de nous rendre sur les îles marécageuses devenues
inaccessibles après le passage de Sandy. Nous avons
également aidé le NYSDOT en découvrant ou réinstallant les balises qu'il avait mises en place. »
Entre deux week-ends prolongés et à certaines
heures ouvrables le lundi, les données étaient collectées, post-traitées, leur qualité vérifiée, puis fournies au NYSDOT en moins de 72 heures après l'appel
initial. En plus d'évaluer les dégâts et de prévoir les
réparations, ces données permettent de calculer le
La Leica Viva TS15 permet de topographier l'étang d'Udalls pour déterminer les effets de sédimentation de l'ouragan.
volume de sédiments déplacés après le passage de
l'ouragan.
GdB a travaillé sur plusieurs projets, certes plus petits
mais urgents, dans les semaines qui ont suivi. Par
exemple, le géomètre John Mayer, qui réside dans la
petite ville de Saltaire, souhaitait que GdB aille chercher le sable manquant. Elle se situe sur Fire Island,
une autre île littorale de Long Island. C'est l'une
des rares communautés accessibles uniquement en
bateau ou à pied. Sandy a emporté les dunes dont
dépend Saltaire pour protéger les zones résidentielles contre l'érosion et les marées. Il était donc
nécessaire de topographier les zones de la plage
pour rechercher celles dont le sable pouvait être utilisé pour reconstruire des dunes. Selon la loi, le sable
ne peut être repositionné que s'il s'avère supérieur à
une hauteur définie. Il est tellement important pour
la ville que le maire est intervenu et s'est même rendu sur place mais il n'a pas apprécié les résultats.
« Nous devions l'aviser qu'il ne fallait pas utiliser de
sable », affirme Mme Gayron. « Sandy a tout emporté
sur son passage. »
Le comté de Nassau l'a également contactée, inquiet
de la présence de boue sur ses sols. « Nous y réalisons des opérations de topohraphie avant et après
dragage depuis 2008 », poursuit Mme Gayron, « et
surveillons la formation de sédiments dans l'étang et
à proximité d'un pont. Les autorités se demandaient
surtout si des travaux avaient été effectués pendant
quatre ans. »
Il s'agit de l'étang d'Udall, une région humide de
93 hectares soumise à l'influence des marées. La
boue est omniprésente, mais la plupart des travaux hydrographiques peut être réalisée à bord d'un
bateau ou depuis le pont. Dans certaines zones, GdB
a dû utiliser un « outil personnalisé permettant de
traverser l'étang », qui tient essentiellement à une
luge sur laquelle est fixé un prisme Leica Geosystems.
Les équipes la tiraient aux endroits où la boue était
épaisse pour capturer les profils des surfaces qui
défiaient la marche et la navigation. Grâce à ces
méthodes, GdB a pu démontrer qu'aucun sédiment
ne s'était reformé dans les zones draguées, mais que
des sédiments (désirables) s'étaient formés autour
du pont. « C'était agréable d'entendre une bonne
nouvelle pour changer », indique Mme Gayron.
Cet article est adapté de l'original du numéro publié
en mars 2013 dans la revue POB Magazine.
À propos de l'auteur : Angus W. Stocking est géomètre
agréé ; il rédige régulièrement des articles sur les
infrastructures. [email protected].
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