Le fou volant et son incroyable voilier des airs

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Le fou volant et son incroyable voilier des airs
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Stéphane Rousson ambitionne de relier la Côte d’Azur à la Corse, en mars prochain, à bord de l’Aerosail, un
incroyable engin volant à mi-chemin entre le dirigeable, le voilier et le pédalo. (Photo : DR).
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vendredi 14 novembre 2014
Le fou volant et son incroyable voilier des airs
CORRESPONDANCE DE RAPHAËL GODET
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Stéphane Rousson ambitionne de relier la Côte d’Azur à la Corse, en mars prochain, à bord de l’Aerosail, un
incroyable engin volant à mi-chemin entre le dirigeable, le voilier et le pédalo. (Photo : DR).
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Inventeur de génie, le Français Stéphane Rousson s’est mis en tête de relier la Côte d’Azur et la Corse à bord
de l’Aerosail, un incroyable engin volant, à mi-chemin entre le dirigeable, le voilier et… le pédalo. Rencontre
avec ce Léonard de Vinci des temps modernes.
Stéphane Rousson, vous n’e n êtes pas à votre premier projet…
En effet, j’ai toujours été touche-à-tout, bricoleur, dénicheur. Il y a quelques années, j’ai fabriqué un dirigeable
à pédales. Oui, oui, à pédales (rires). J’ai même traversé la Manche avec : j’ai pédalé pendant huit heures.
Pour l’anecdote, je ne suis pas allé au bout, j’ai terminé à l’eau, il m’a manqué quelques kilomètres pour
atteindre les côtes. Mais c’était prévu, le vent a tourné. Peu importe, le pari était gagné. Car dans la tête de
tous les aventuriers, le principal c’est de prendre le départ, et de le faire sereinement. C’était le cas. En 2011,
j’ai également remporté un prix de l’innovation avec le Scubster, un sous-marin à propulsion humaine.
Depuis tout gamin, je rêve de ça.
Stéphane Rousson, digne héritier de Leonard de Vinci et de Ferdinand von Zeppelin. (Photo : DR)
C’e st-à-dire ?
Ma vraie première invention, elle remonte à mes 7 ans. J’avais bricolé un deltaplane en toile, à partir de bouts
de bois, de bouts de bambou que j’avais trouvés dans le jardin de mon grand-père. J’essayais de faire un
décollage sur 3 m. C’était ridicule quand j’y repense. Mais cela me suffisait à me voir comme un nouveau
héros.
Racontez-nous comment fonctionne l’Aérosail, ce drôle d’engin volant que vous avez inventé
En fait, il s’agit d’un engin qui est à la fois mi-ballon dirigeable et mi-voilier. Disons que c’est un voilier
dirigeable. Un concept qui n’existait pas jusque-là. Il est composé en deux parties. En haut, un ballon gonflé à
l’hélium. En bas, une dérive qui fait office de coque de bateau, elle s’enfonce à 50 centimètres de profondeur,
et c’est elle qui sert à donner la direction.
Et c’est le vent qui s’o ccupe du reste ?
Exactement. Il n’y a pas de moteur. Les deux parties sont reliées par un câble qui fonctionne comme un mât.
Je commande l’engin en orientant ce câble pour permettre au vent de pousser le ballon. Tout simplement
(rires) !
Stéphane Rousson a l’impression d’être un pilote d’essai lorsqu’il grimpe dans son Aérosail. (Photo : Valéry
Hache/AFP)
Cela veut dire que, en allégeant la masse dans l’e au, vous gagnez en vitesse ?
Voilà, l’idée c’est de diminuer au maximum la masse présente sous l’eau, de garder uniquement ce qui ne
peut pas être dans l’air, c’est-à-dire la dérive.
Donc quel est le poids de la partie submergée de votre Aérosail ?
Juste la dérive du voilier, rien de plus. Donc environ 5 kg. Ce qui est peu, comparé aux 2 ou 3 tonnes d’un
voilier classique. En terme de frottements, de masse, nous avons un gain énorme, bien supérieur à n’importe
quel voilier. On n’a plus cette traînée de poids…
L’Aerosail est un dirigeable gonflé à l’hélium et non-motorisé, propulsé par la seule force du vent à travers un
ingénieux système de foil à la surface de la mer. (Photo : DR)
V o u s a v e z d é j à t e s t é v o t re e n g i n e n m e r ?
Oui en 2007, lors de mon tout premier essai. Ce jour-là, avec un simple vent de 4 nœuds, c’est-à-dire pas
grand-chose, eh bien j’ai pu avancer à 8 nœuds. Donc c’est très concluant.
Pour l’instant, quel est l’objectif ?
Je ne suis pas du tout dans une optique de vitesse. Non, l’idée c’est de démontrer les capacités de navigation
de l’aérosail. C’est tout. Ensuite, on verra…
Le prochain grand défi, c’e st la traversée entre Nice et la Corse au mois de mars…
Il y a 200 km entre les deux côtes. L’idée c’est de mettre moins de dix heures. On y travaille tous les jours,
mais ça demande beaucoup de temps…
Stéphane Rousson espère mettre une dizaine d’heures pour relier le continent à la Corse. (Photo : DR)
… Et beaucoup d’argent ?
Bien sûr, c’est le nerf de la guerre. Chaque essai coûte énormément d’argent. On doit tout le temps déplacer
des montagnes pour boucler un budget, pour chercher des sponsors, des partenaires. On se bat pour
obtenir des autorisations. Il faut prouver que nous ne sommes pas des fous, que le projet est très sérieux.
Les portes qui se claquent sous mon nez, c’est tous les jours. J’ai pris l’habitude, mais ce n’est jamais agréable.
Parfois même, on me rit au nez, on me demande : « C’est quoi ce truc ? », « d’où ça vient ? ». C’est dur, dur,
dur. Mais je m’accroche.
Justement, qu’e st ce qui vous fait tenir ?
Le fait de croire plus que tout en ce projet. Je suis entouré de passionnés comme moi, on va dans le même
sens. L’impression d’être un pilote d’essai, d’inventer quelque chose. Ce qu’on fait, personne ne l’a fait
auparavant. On est là pour casser des briques technologiques, et ça, c’est beau !
En 2011, Stéphane Rousson a remporté un prix de l’innovation avec le Scubster, un sous-marin à propulsion
humaine. (Photo : Eric Gaillard/Reuters)

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