France 2011 : ENTRE URGENCES ET ESPÉRANCES.

Transcription

France 2011 : ENTRE URGENCES ET ESPÉRANCES.
France 2011 : ENTRE URGENCES ET ESPÉRANCES.
Une étude de Publicis Consultants menée auprès de 120 Français des classes
moyennes sur la plateforme collaborative FreeThinking.
Février 2011
L
e climat lourd dans lequel la France vit actuellement, et la succession de sondages,
d’enquêtes, d’articles de presse sur un pessimisme « à la française » dressent le
portrait de Français fatalistes, désabusés, sans ressort face à l’avenir, dépressifs.
Mais « Eux », au-delà des chiffres et des photographies qui sont prises d’eux et qui
donnent toujours une image qui, même si elle n’est pas inexacte, est celle d’une « France
vue d’en haut », comment se vivent-ils ? Quels sont leurs mots, leurs réflexions, leurs
urgences et leurs espérances ?
Pour en savoir plus, nous avons mené une étude qualitative online d’un genre nouveau,
en rassemblant 120 Français des classes moyennes sur notre plateforme collaborative
fermée FreeThinking, d’abord du 31 décembre 2010 au 9 janvier 2011, puis du 19 au 29
janvier 2011. Pour échanger avec eux sur leur vision de la société française, leurs
principales préoccupations et aspirations, leur regard et leurs pronostics sur les
échéances politiques à venir, et enfin leur point de vue sur la place et le rôle de
l’entreprise dans la France d’aujourd’hui.
Derrière l’arbre du pouvoir d’achat, la forêt d’une société brutale.
Pour les Français que nous avons invités à parler, c’est de loin le pouvoir d’achat qui
s’impose comme préoccupation majeure, cité en premier choix à 54%, intimement associé
au chômage, bien sûr, mais surtout à la montée de la violence et des inégalités. Avec
cette idée force que « tout est lié » – comme si pour eux une société qui a du mal à offrir un
revenu décent à la masse de ses classes moyennes et une équité de traitement minimale
entre ses membres devenait forcément violente.
La violence physique banalisée ressort de façon forte. Mais c’est aussi et avant tout la
violence globale d’une société à la fois brutale et brutalisée par les élites qui est le
véritable scandale à leurs yeux. Une société qui devient toujours plus injuste, plus dure
aux faibles bien sûr mais aussi plus dure pour ceux qui comme eux s’assument, sont
responsables, travaillent, ne demandent pas d’assistance. Une société dans laquelle les
plus nantis ont perdu le sens des autres, des « Français moyens » qui vivent pourtant à
leurs côtés. Une société moins humaine, qui subirait l’imposition de plus en plus claire
d’un modèle dont ils ne veulent pas. La question du rapport des élites au peuple en
apparence « discrète » dans les préoccupations citées prend un tour particulièrement
acéré.
La fascination du pire.
Deuxième enseignement, logique au vu de ces préoccupations, et donnant un éclairage
singulier aux sondages et enquêtes récemment sortis sur le pessimisme des Français :
cette France a peur.
Peur de l’irréversible pour une minorité non négligeable : un pessimisme radical est
exprimé avec force dans 20% des contributions. « Lâcher l’affaire » devient pour leurs
auteurs la seule option, même réfléchir à du positif est devenu inutile. Peur d’être lâchés
en rase campagne par leurs dirigeants pour la plupart. Des dirigeants en train de devenir
1
à leurs yeux de Français moyens « les Autres » : des institutions et des individus vivant
non plus « au-dessus d’eux » mais littéralement dans un monde parallèle, dirigeant sans
projet et surtout sans appétence pour le leadership. Peur de la catastrophe d’un 21 avril
bis enfin, pour beaucoup : le phénomène Marine Le Pen apparaît comme l’incarnation
parfaite de cette fascination du pire. 32% pronostiquent Marine Le Pen au deuxième tour
– une Marine Le Pen dont la légitimité de « mal nécessaire », posant les vraies questions
sans apporter les bonnes réponses, fait consensus aujourd’hui.
Quoi de neuf ? Peut-être DSK.
L’explication de cette fascination du pire, c’est la vision qui est la leur d’une société
brutale et dénuée de projet d’avenir. C’est aussi le spectacle d’une vie politique qu’ils
considèrent comme bloquée et dénuée d’intérêt alors que les enjeux sont énormes. Un jeu
bloqué entre un Président de la République qui occupe tout l’espace mais reste dans
l’impopularité, et une gauche dont le fonctionnement, notamment les primaires, reste
incompréhensible pour l’immense majorité des participants. Le seul espoir pragmatique
de changement se nomme pour l’instant à leurs yeux Dominique Strauss-Kahn.
Des raisons de relever la tête : un pays magnifique aux valeurs magnifiques.
Les temps sont difficiles mais les atouts pour y faire face sont là, malgré tout. Car, au
final, au-delà du pessimisme, oui, la France a pour eux des armes pour affronter demain.
D’abord parce qu’elle est le « pays magnifique » et qu’ils en sont fiers. Ensuite parce
qu’ils sont fiers de ses valeurs : valeurs patrimoniales qui ancrent la collectivité dans un
passé partagé et riche, dans un patrimoine commun. Valeurs de civilisation, réaffirmées
avec une très grande force. Valeurs de compétence et de performance qui projettent leur
France rêvée dans l’avenir à partir d’un savoir-faire français. Valeurs du lien, enfin, qui
forment un socle de civilisation donnant à la société française sa qualité « d’humanité ».
Pour une croissance humaine : la feuille de route 2011 pour les entreprises ?
Dernier enseignement : les entreprises et notamment les plus grandes d’entre elles ont
un rôle central à jouer dans la relance 2011. D’abord en prenant conscience du rôle
qu’elles jouent aux yeux des Français dans la montée des inégalités. Ensuite, en prenant
en compte l’immense demande de considération qu’expriment les salariés. Leur
« logique de l’honneur » à eux. Comment ? En prenant la défense d’un savoir-faire
français, d’un « made in France » qui est aussi un « proud in France ». En reconnaissant
leur valeur par un retour à l’équité, par un retour au respect aussi tout simplement. Et,
enfin, en assumant, pour les plus grandes entreprises, un rôle « d’entrepriseprovidence » ou plutôt « d’entreprise-providentielle ». Le rôle d’une institution qui, audelà de son pouvoir économique, est un collectif qui marche, qui sait incarner un projet
commun, qui sait où il va. Assumer ce rôle pour les entreprises, c’est être capable de
retrouver des dirigeants qui ont envie de diriger. Qui montrent la voie, qui montrent
qu’ils y croient, qui savent montrer qu’ils ont besoin des autres. Derrière l’urgence de la
considération, l’espérance d’un nouveau leadership ?
2

Documents pareils