DDR - CongoForum
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ARU MAHAGI DJUGU MAMBASA IRUMU PROCESSUS DDR EN ITURI : SUCCÈS, FAIBLESSES ET PERSPECTIVES PAR JOOST VAN PUIJENBROEK DÉSIRÉ NKOY ELELA ERIC MONGO MALOLO JUIN - 2008 1 ___________________________________________________________________________ ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 2 ___________________________________________________________________________ REMERCIEMENTS L’étude sur les succès, les faiblesses et les perspectives du DDR en Ituri été exécutée dans le cadre des activités de partenariat entre le Réseau Haki na Amani et IKV Pax Christi Pays – Bas dans le souci de tirer les leçons de ce processus qui devait constituer un cadre-clé pour la réconciliation et la sécurité en vue de l paix en Ituri. L’exécution de l’étude a été assurée par une équipe d’enquêteurs locaux dans les différents territoires du district de l’Ituri dont le dévouement et l’engagement ont permis de récolter les données. C’est le lieu de remercier tous ceux qu ont participé à la récolte des données, à leur dépouillement et à leur synthèse. L’équipe mixte de coordination de l’étude IKVPC et RHA adressent également ses remerciements aux collègues de la CONADER/Ituri et du PNUD/Comrec en Ituri pour les informations qui ont été échangées. Elle présente également sa gratitude aux ONG basées en Ituri pour le partage des données sur les projets de réinsertion exécutés sur terrain à toutes els phases du DDR. L’équipe adresse ses remerciements à tous les ex-combattants démobilisés qui ont accepté de participer à l’enquête en fournissant les informations sur leur itinéraire de réinsertion permettant une meilleure compréhension de leur vie actuelle dans les communautés. L’équipe de la recherche remercie également tous ceux qui ont facilité le travail sur terrain, particulièrement les collègues des structures communautaires mises en place dans le cadre des activités du RHA en Ituri. . ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 3 ___________________________________________________________________________ SIGLES ET ACRONYMES ACIAR AFDL AGK AGR ALPC ANR APC APR CEUM A COLL. CONADER DDR DGM DRC EAFGA FAPC FARDC FEC FLC F NI FPDC FRPI G. A IKV-PC ILP ILSC MDNAC M O NUC M RC O NG O NG - D PIR PNC PN-DDR PNUD PUSIC SECA RCD-GOM A RCD/K ML RDC RH A SMI SPLA TRIPAIX UE –PNDDR UPC UPDF : APPUI A LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ET A L’AUTOPROMOTION RURALE : ALLIANCE DES FORCES DEMOCRATIQUES POUR LA LIBERATION DU CONGO : ANGLO GOLD KILO (JOINT – VENTURE OKIMO – AGA) : ACTIVITE GENERATRICE DE REVENUS : ARMES LEGERES ET DE PETIT CALIBRE : AGENCE NATIONALE DES RENSEIGNEMENTS : ARMEE DU PEUPLE CONGOLAIS : ARMEE PATRIOTIQUE RW ANDAISE : CENTRE UNIVERSITAIRE DE M AHAGI : COLLECTIVITE : COMMISSION NATIONALE DE DESARMEMENT, DEMOBILIATION ET REINSERTION : DEMOBILISATION, DESARMEMENT ET REINSERTION : DIRECTION GENERALE DES MIGRATIONS : DEMOBILISATION ET REINSERTION COMMUNAUTAIRE : ENFANTS ASSOCIES AUX FORCES ET GROUPES ARMES : FORCE ARMEE DU PEUPLE CONGOLAIS : FORCES ARMEES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO : FEDERATION DES ENTREPRISES DU CONGO : FRONT DE LIBERATION DU CONGO : FRONT DES NATIONALISTES INTEGRATIONNISTES : Front populaire pour la démocratie au Congo : FRONT DE RESISTANCE POPULAIRE DE L’ITURI : GROUPE ARME : PAX CHRISTI PAYS - BAS : INITIATIVE LOCALE DE PAIX : INITIATIVE LOCALE DE SECURITE COMMUNAUTAIRE : MINISTERE DE LA DEFENSE NATIONALE ET DES ANCIENS COMBATTANTS : MISSION DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES AU CONGO : MOUVEMENT DES REVOLUTIONNAIRES CONGOLAIS : ORGANISATION NON GOUVERNEMENTALE : ORGANISATION NON GOUVERNEMENTALE DE DEVELOPPEMENT : POLICE D’INTERVENTION RAPIDE : POLICE NATIONALE CONGOLAISE : PROGRAMME NATIONAL DE DEMOBILISATION, DESARMEMENT ET REINSERTION : PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT : Parti pour l'unité et la sauvegarde de l'intégrité du Congo : SYNERGIE D’EDUCATION COMMUNAUTAIRE ET D’APPUI A LA TRANSITION : RASSEMBLEMENT CONGOLAIS POUR LA DEMOCRATIE - GOMA : RASSEMBLEMENT CONGOLAIS POUR LA DEMOCRATIE – KISANGANI / MOUVEMENT DE LIBERATION : REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO : RESEAU HAKI NA AM ANI : STRUCTURE MILITAIRE D’INTEGRATION : SUDAN PEOPLE LIBERATION ARMY : TRIBUNAL DE PAIX : UNITE D’EXECUTION DU PROGRAMME NATIONAL DDR : UNION DES PATRIOTES CONGOLAIS : UGANDA PEOPLE DEFENSE FORCE ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 4 ___________________________________________________________________________ TABLE DES MATIERES MATIERES REMERCIEMENTS SIGLES E ACRONYMES INTRODUCTION TITRE 1. : BACKGROUND ET CADRE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE 1.1. OBJECTIFS ET RESULTATS DE L’ETUDE 1.2. ASPECTS METHODOLOGIQUES PAGE TITRE 2. : CONTEXTE DE L’ITURI 7 TITRE 3. : CADRE INSTITUTIONNEL DU PROGRAMME DDR EN RDC 9 TITRE 4. : PROCESSUS DDR EN ITURI : SUCCES ET DEFIS 4.1. DDR PHASE 1 – PODRC (SEPT.2004-JUIN 2005) 4.2. DDR PHASE 2 – PROGRAMME NATIONAL DDR (JUIN – NOVEMBRE 2006) 4.3. DDR PHASE 3 – ITURI EN PROIE AVEC LES GROUPES ARMES RESIDUELS 4.3.1. PROCESSUS PRELIMINAIRES ET TERMES DE REFERENCES 4.3.2. PRINCIPES DEFINIS DE DESARMEMENT ET DE DEMOBILISATION 4.3.3. NIVEAU DE REALISATION DE LA PHASE 3 4.4. DEFIS ET PROBLEMES LIES A L’EXECUTION DU DDR EN ITURI 12 12 15 TITRE 5. : REINTEGRATION ET REINSERION DES EX-COMBATTANTS EN ITURI : DESILLUSION DU PROCESSUS DDR ? 5.1. BILAN DES ACTIVITES MENEES PAR LE PNUD COMREC 5.2. ACTIVITES CONNEXES AU PROGRAMME DDR 5.3. EVALUATION DU VOLET DE LA REINSERTION DES EX-COMBATTANTS EN AOUT – SEPTEMBRE 2007 5.4. ETAT DES LIEUX DE LA REINSERTION DES EX-COMBATTANTS DE LA PHASE 3 5.5. ETUDE DE CAS DE L’ITINERAIRE DE REINSERTION DES EX-COMBATTANTS 24 TITRE 6. : PROLIFERATION DES ARMES LEGERES ET DE PETIT CALIBRE DANS LES COMMUNAUTES EN ITURI : UNE HYPOTHEQUE DE LA PAIX 35 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 40 ANNEXE 1 : SITES DES RECHERCHES DANS LES DIFFERENTS TERRITOIRES ANNEXE 2 : PROJETS PNUD DE SENSIILISATION ET DE RECONTRUCTION COMMUNAUTAIRE 43 47 1 2 4 5 5 6 18 18 19 20 22 24 26 27 28 29 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 5 ___________________________________________________________________________ INTRODUCTION La région de l’Ituri sort d’une longue période d’instabilité dû à des facteurs internes et externes évoqués ci-dessus et qui lui valu non seulement une administration spéciale une brigade spéciale de la MONUC mais aussi deux programmes spéciaux de DDR notamment la phase 1 et la phase 3. En dépit de ces programmes et de cette attention, le caractère vulnérable de la région est encore d’actualité. Les deux premières phases du DDR ont permis de démobiliser plus de 22000 ex combattants et de récupérer plusieurs milliers d’armes et de munitions. Au cours de la troisième phase du DDR, près de 1650 combattants ont été mobilisés sur les 5000 ciblés et poursuivent actuellement le processus de réinsertion. En dépit de ce qui a été entrepris, la région est encore minée par le phénomène des groupes armés résiduels, la circulation des armes, l’insécurité ainsi que la recrudescence de certains conflits ont eu des effets pervers dans la dynamique de pacification et de réconciliation en Ituri. La présence de la MONUC ainsi que le déploiement des brigades des FARDC et des unités de la PNC n’ont pas encore réussi à garantir la stabilité de la région malgré la tenue des élections générales et la représentation du district à l’échiquier provincial et national. Le RHA et IKV Pax Christi ont exécuté une recherche-action participative poursuivant les objectifs suivants : o évaluer les besoins en DDR et de désarmement dans les communautés ; o déterminer les stratégies et pistes d’actions communes à envisager tant par les communautés locales, le gouvernement congolais, que la Communauté Internationale; o établir un programme indicatif de réintégration durable et de la sécurité communautaire en Ituri ; o élaborer des actions concrètes à entreprendre pour la consolidation de la paix et de la sécurité dans la région. Les résultats obtenus dans la composante « réinsertion » à travers toutes les phases du DDR sont faibles et l’on se rend de plus en plus compte faute d’une vision de réinsertion durable qui prend en compte les besoins des communautés et ceux des ex-combattants démobilisés, la réinsertion devient nominale et instrumentale. De cette façon, elle peut accroître la vulnérabilité des communautés et relancer les conflits. Actuellement, les multiples clichés que l’on se fait dans les communautés sur la réinsertion provoquent encore un attentisme auprès des bénéficiaires directs et des communautés et font développer des frustrations dont les effets peuvent être pervers dans l’avenir. En retraçant le profil de réinsertion des ex-combattants, l’étude ressort plusieurs inadéquations : formation - occupation, ex-combattant - communauté d’accueil, niveau d’attente - niveau de satisfaction, … Une réinsertion durable est ressentie comme un besoin urgent. Celui devrait considérer d’autres aspects de contextualisation, d’adéquation, d’harmonisation, de cohérence, d’adaptation et de modélisation d’une réinsertion durable pour qu’elle réponde aux attentes de tous les groupes sociaux. La présente étude tente d’indiquer quelques pistes d’actions en ce domaine. IKV-Pax Christi et le RHA offrent donc cette réflexion comme sa part de contribution au retour de la paix durable dans les communautés qui accusent encore une certaine dose de vulnérabilité. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 6 ___________________________________________________________________________ TITRE 1. BACKGROUND ET CADRE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE Vers la fin de l’année 2002, pendant les moments les plus cruciaux des conflits interethniques en Ituri, Pax Christi Pays – Bas a appuyé une étude transversale au Sud Soudan, à l’Ouest de l’Ouganda et au Nord de la RDC sur la prolifération et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre dans cette partie de la région des Grands Lacs. L’étude menée au Nord –est de la République démocratique du Congo sous la coordination de Justice – Plus/Bunia a établi que des réseaux de prolifération et de commerce illicite ont été organisés pour alimenter les différents groupes armés en conflits, notamment à travers les forces armées et groupes armés étrangers qui se sont établis au nord de la RDC, à l’époque, notamment l’UPDF, la SPLA et l’APR. Bien plus, aussi bien la partie gouvernementale que les différents groupes rebelles de la RDC ont été reconnus, à travers les jeux des alliances, être impliqués dans les circuits d’approvisionnement (acquisition/vente) des armes légères et de petit calibre.1 Les conclusions de cette étude ont été partagées au cours de la Conférence Internationale sur la prolifération et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre qui s’est tenue en février 2003 à Arua en Ouganda, conférence au cours de laquelle les trois études menées ont été restituées et discutées. Au cours du 2ème trimestre 2006, une autre étude initiée par IKV Pax Christi en partenariat avec ses partenaires du Réseau Haki na Amani, portant sur la sécurité communautaire, la réconciliation et la problématique de la circulation des APLC en Ituri, a abouti, entre autres à l’estimation de 50.000 à 100.000 armes légères et de petit calibre encore détenues et en circulation alors que deux phases du DDR étaient exécutées et achevées. Ainsi, par rapport aux armes remises au cours des deux premières phases de DDR, on a estimé que 9.000, soit 9 % seulement d’armes étaient effectivement remises. Au vu du danger représenté par ces armes non remises et en circulation dans les communautés, le Réseau Haki na Amani avec l’appui de IKV Pax Christi a renforcé sa stratégie de mise en place et de renforcement des ILP et des ILSC, surtout dans le but de la consolidation de la sécurité communautaire et du rapprochement des communautés. La présente étude est donc la troisième de la série à travers laquelle IKV Pax Christi ainsi que le RHA sont préoccupés de faire une relecture du programme DDR en Ituri à travers ses succès et ses faiblesses, avec un accent particulier sur le volet de réinsertion des excombattants. 1.1. Objectifs et Résultats attendus de l’étude L’objectif général poursuivi par cette étude était d’évaluer et de dresser un état des lieux sur les forces et les faiblesses du processus de DDR en Ituri en portant un accent particulier sur les besoins des communautés de l’Ituri en vue de proposer des stratégies et pistes d’actions concertées à entreprendre au niveau local, national et international. 1 Flory Kayembe, Désiré Nkoy et Missak Kasongo, Prolifération et trafic illicite des armes légères et de petit calibre au Nord – Est de la RDC, janvier 2003 (étude de Pax Christi Pays-Bas) ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 7 ___________________________________________________________________________ Les principaux objectifs spécifiques de la présente étude étaient notamment : o évaluer les besoins en DDR et de désarmement dans les communautés ; o déterminer les stratégies et pistes d’actions communes à envisager tant par les communautés locales, le gouvernement congolais, que la Communauté Internationale; o établir un programme indicatif de réintégration et de la sécurité communautaire en Ituri ; o élaborer des actions concrètes à entreprendre pour la consolidation de la paix et de la sécurité dans la région. 1.2. Aspects méthodologiques La présente étude menée selon la méthode de la recherche-action participative impliquant les acteurs de terrain dans l’analyse des problèmes et dans l’identification des solutions. Avec un questionnaire d’enquête et une équipe de 15 enquêteurs déployée en août 2007 dans les quatre axes de recherche (Mahagi, Aru, Irumu et Djugu), on est parvenu à atteindre un échantillon de 2.095 sujets constituant l’univers d’enquête dont 75,75% d’hommes et 24,25% des femmes. Dans l’ensemble des axes, plus de 75% des collectivités des territoires d’enquête ont été touchées (territoire de Mambasa non ciblé dans l’étude). Un atelier de dépouillement, d’analyse des données a été organisé en septembre 2007 à Bunia, cet atelier a été précédé par le pré - dépouillement des données dans chaque axe. L’enquête a surtout évalué les sentiments et les images des trois phases de DDR qui ont eu lieu du point de vue des ex-combattants et du point de vue des communautés. L’étude a été présentée et soumise à la Conférence sur le ddr, la sécurité et la réconciliation en Ituri qui s’est tenue à Bunia en octobre 2007. Au cours de cette Conférence, plusieurs données ont été recueillies auprès des partenaires institutionnels (Antenne DDR en Ituri, PNUD), des autorités politico administratives ainsi que des acteurs de la société civile. Les informations, remarques et observations formulées par les uns et les autres ont permis de réajuster les données. Pour ce qui est des aspects de réinsertion, une mini - enquête sur l’itinéraire de réinsertion d’un échantillon d’une centaine des ex-combattants a été menée plus tard en 2008. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 8 ___________________________________________________________________________ TITRE 2. CONTEXTE DE L’ITURI La Région de l’Ituri a connu ces dix dernières années des guerres successives d’origine interne et externe : en 1996, avec l’arrivée de l’AFDL et en 1998 avec celle de l’armée Ougandaise (UPDF) et du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), la région était déchirée par une sanglante guerre ethnique entre les communautés des pasteurs et des agriculteurs de l’Ituri, principalement entre les Hema et les Lendu. A l’origine, des complexes d’infériorité et de supériorité renforcé par des enjeux fonciers créé par une démographie galopante, une utilisation différente des terres disponibles (agriculture et l’élevage) et une mauvaise gestion des terres par l’administration de l’époque ont été déterminants pour provoquer le déclenchement des hostilités entre les communautés Hema et Lendu. Mais par la suite, les enjeux fonciers et la dimension interne des conflits ont été vite dépassés pour céder la place à d’autres enjeux politiques et économiques. A partir d’août 1998, la gestion de la région de l’Ituri est passée successivement sous contrôle du RCD - Goma (août 1998 à juillet 1999), du RCD/K-ML (d’août 1999 à janvier 2001 et de novembre 2001 à août 2002), du FLC (de janvier à novembre 2001) et de l’UPC (août 2002 à mars 2003). En avril 2003, les différentes forces vives de l’Ituri se sont réunies sous les auspices des Nations (MONUC) pour constituer une Administration Spéciale Intérimaire de l’Ituri. Cette administration a fait face à la présence des milices et groupes armés. De nombreux jeunes ont été recrutés dans les groupes armés pour défendre des idéologies ethniques. Le nombre d’enfants soldats n’a cessé de gonfler au fil des années atteignant le chiffre de près de 30000 jeunes. Les conflits récurrents et la présence de plusieurs groupes armés ont entraîné la circulation et la détention d’une grande quantité d’armes légères et de petit calibre. A ce jour, le trafic illicite des armes légères semble ne pas s’arrêter. Cette situation a entraîné l’émergence d’une multiplicité des groupes armés et des milices tribales (FNI, UPC/RP, FPDC, FRPI, PUSIC, FAPC). A la suite de l’Accord Global et Inclusif de décembre 2002, une transition politique a été instituée par la mise en place d’un gouvernement de transition en juin 2003. Ce processus de transition a abouti à l’organisation des élections générales dans le pays. De nouvelles institutions issues des élections sont mises en place depuis décembre 2006. Dans ce processus, l’Ituri a connu des élections dont les résultats lui ont permis d’être représenté dans toutes les institutions du pays. Des perspectives nouvelles se profilent à très court terme avec la mise en place de la nouvelle province de l’Ituri, conformément à l’article 2 de la Constitution. Actuellement, la paix est restaurée dans une bonne partie du district, malgré la présence des milices résiduelles dans les territoires d’Irumu et de Djugu. Les conditions sécuritaires sont nettement améliorées malgré la présence et la circulation d’armes dans les communautés, les tracasseries et les exactions commises sur la population par les éléments des FARDC et de la Police Nationale. La réhabilitation des routes par la Monuc et les ONGI permet l’accès aux populations vulnérables qui ont besoin de l’aide mais aussi de la relance des activités commerciales. Le rapprochement progressif des communautés hier en conflit, avec toujours un peu de réserve, est un progrès. Mais nous devrons admettre que la réconciliation reste encore très superficielle et très vulnérable. L’émergence des nouveaux problèmes fonciers liés au retour des déplacés dans leurs villages est une question prioritaire. Les tensions nouvelles liées à l’exploitation des ressources naturelles en Ituri, cas de l’or avec AGK, du pétrole dans la plaine du lac Albert, et du bois à Mambasa peuvent être une source de vulnérabilité. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 9 ___________________________________________________________________________ Les FARDC et la Police Nationale sont toujours les premiers acteurs concernant les violations des droits humains. Les FARDC sont aussi impliquées dans le trafic d’armes. L’Etat a été absent durant toute la période de guerre. Il s’est un peu rétabli, mais reste atomisé au niveau local. La justice s’est un peu rétablie, mais n’est pas en mesure de répondre à la question de l’impunité. Les chefs coutumiers, pour la plupart, ont perdu beaucoup de leur pouvoir à cause de leur absence prolongée en Uganda et à cause du fait que beaucoup d’entre eux ont été et sont toujours impliqués dans le pillage des ressources naturelles. La société civile est toujours faible étant le reflet d’une société divisée. Les églises qui se sont profondément compromises durant la guerre n’ont pu reprendre leur position dans la société que partiellement. Cela implique que les pouvoirs sont toujours très faibles : l’état absent et/ou défaillant et atomisé, le coutumier n’est plus reconnu comme avant, les églises ont perdu beaucoup de leur crédibilité, la société civile est divisée. La vie économique a un peu repris, suite à la pacification qui a été relativement atteinte et suite à la remise en état de quelques infrastructures de base comme certaines routes. Plusieurs autres aspects restent encore à reconstruire pour la stabilisation de la région. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 10 ___________________________________________________________________________ TITRE 3. CADRE INSTITUTIONNEL DU DDR EN RDC Le DDR congolais s’appuie sur des textes juridiques du gouvernement congolais renforcés par certaines résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies pour une implication effective de la communauté internationale dans le processus. L’Accord global et inclusif a confié au Conseil supérieur de la Défense (CSD) une mission de concertation et de consultation sur le désarmement des groupes armés et la formation d’une armée nationale restructurée et intégrée. Ainsi, le Président de la République, en sa qualité de président du CSD, a désigné par son décret n° 03/027, le ministère de la Défense nationale, le ministère des Affaires sociales et le ministère de la Solidarité et des Affaires humanitaires pour jouer le rôle de points focaux pour le DDR. C’est dans ce cadre que le ministre de la Défense nationale a institué, par son arrêté n° 027/2003 du 18 octobre 2003, le Comité technique de planification et de Coordination du DDR (CTPC/DDR), le mécanisme de concertation avec les partenaires de la communauté internationale impliqués dans le DDR et d’animation de la phase intérimaire, dont la mission a été notamment la préparation du programme national et de la gestion des urgences du DDR. Le 18 décembre 2003, le Président de la République promulgue trois autres décrets instituant les structures de gestion du programme National de DDR : o Le décret n° 03/041 portant création du Comité interministériel chargé de la conception et de l’orientation en matière de DDR (CI-DDR) ; o Le décret n° 03/042 instituant la Commission nationale du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (CONADER) ; o Le décret n° 03/043 créant le Comité de gestion des fonds de DDR (CGDDR) chargé de la gestion financière et de la passation des marchés. Vu les dysfonctionnements de cette structure, cette dernière a été dissoute en avril 2005 et ses missions ont été confiées à la CONADER. De ces différentes institutions, la CONADER a reçu le mandat de la mise en œuvre du Programme national de DDR (PNDDR). Elle est chargée d’élaborer les critères de désarmement, de démobilisation et de proposer des mécanismes de réinsertion, de planifier les activités en rapport avec le processus du DDR, d’exécuter le PNDDR. Enfin, le Président de la République, par son décret n° 04/026 du 26 janvier 2004, a créé la Structure militaire d’intégration (SMI), rendue opérationnelle par le décret n° 04/039 du 13 mai 2004 nommant ses membres du Bureau. Sous cet angle, la mise en place tardive de la structure principale de la réforme de l’armée a considérablement freiné les activités de la CONADER chargée du DDR. De ce fait, les processus de réforme de l’armée et du DRR ont enregistré une année et demie de retard avant de trouver une opérationnalité effective. Pour palier à ce retard et étant donné l’urgence, le Gouvernement et les autres partenaires internationaux ont été amenés à piloter deux programmes intérimaires. Le premier, le Désarmement spontané et volontaire (DSV), exécuté par la MONUC/Section DDR-DDRRR, ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 11 ___________________________________________________________________________ s’est déroulé dans la province du Maniema. Le deuxième, exécuté toujours par la MONUC (MILOBS) avec un appui substantiel du PNUD, s’est passé en Ituri.2 En effet, la première phase du programme DDR en Ituri a été exécutée par PNUD et a été conçue uniquement pour la région de l’Ituri, les groupes de rebelles de l’Ituri n’étant pas signataires à l’Accord Global et Inclusif de Sun City. Cette première phase a été appelée PODRC, le Programme Opérationnel de Démobilisation et de Réinsertion Communautaire. Bientôt après, le Programme National de DDR (PNDDR) a été conçu et les deux autres phases de DDR en Ituri ont été exécutées dans ce cadre. La grande différence des deux premières phases était principalement la nature juridique de deux phases, les acteurs institutionnels impliqués, la portée géographique de chacune de deux phases ainsi que les modes d’appui des ex-combattants démobilisés. En tant que phase initiale, le PODRC devait apporter des leçons pour le déploiement du PNDDR qui était d’envergure nationale. Le PNDDR a été élaboré par la CIDDR, le Comité Interministériel chargé de la conception et de l’orientation en matière de DDR. Le CIDDR avait le mandat d’élaborer un plan DDR afin d’assurer l’implémentation adéquate et afin de coordonner les activités du Comité technique de planning et de coordination. La CONADER (Commission Nationale pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration), était chargée de l’exécution du programme. La CONADER a mis en place un bureau à Bunia d’où elle assurait la gestion, la supervision et le suivi des différentes actions dans le cadre du DDR en Ituri. En général, la structure institutionnelle était très hiérarchique et bureaucratique. Le plan national DDR demandait une grande concertation et la collaboration des différents ministères, notamment Défense Nationale et Anciens Combattants, Affaires Sociales, Affaires Humanitaires et Solidarité Nationale. La Structure Militaire d’Intégration (SMI) était, elle, chargée de l’exécution du programme d’intégration au sein de la nouvelle armée. Au deuxième semestre de 2007, la CONADER a été dissoute et une Unité d’Exécution du PNDDR (UE-PNDDR) a pris sa place. Sur le plan opérationnel, les ex-combattants devaient se présenter aux Centres d’Orientation (CO). Leur désarmement se faisait normalement par la Monuc qui envoyait l’ex-combattant au CO. Après leur identification l’ex-combattant devait se décider soit de continuer sa carrière dans les forces armées (FARDC), soit rentrer dans la vie civile. En Ituri, les Centres d’Orientation étaient ouverts dans les localités suivantes : Bunia, Kpandroma et Nizi. Cependant, dans le cadre du PODRC, il y avait plutôt des sites de transit à Kasenyi, Aveba, Bunia, Nizi, Kpandroma, Mahagi et Aru. Le processus DDR comporte les étapes clés suivantes: o la collecte des armes et des munitions auprès de tous les combattants o la démobilisation volontaire des combattants o la sortie obligatoire de tous les Enfants associés aux forces et groupes armés o le retour à la vie civile et la réinsertion économique et sociale des démobilisés 2 Cette première partie sur le cadre institutionnel du DDR est tiré de l’artice du GRIP : Me Missak Kasongo, avocat à la Cour (Kinshasa) et Pamphile Sebahara, chargé de recherche au GRIP (Bruxelles, Le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des combattants en RD Congo, Note d’analyse, GRIP, Bruxelles, Août 2006. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 12 ___________________________________________________________________________ Les objectifs du PNDDR peuvent se résumer comme suit : o le renforcement de la sécurité humaine ; l’être humaine et sa communauté doivent pouvoir vivre en paix et à l’abri de la violence étatique et non étatique. Les acteurs du conflit devront recevoir des moyens d’existence alternatifs, ce qui devrait permettre une diminution de violence et un retour des réfugiés et déplacés. o la reforme des services de sécurité : FARDC et PNC o une contribution à la stabilité régionale o une contribution à la relance économique ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 13 ___________________________________________________________________________ TITRE 4. PROCESSUS DDR EN ITURI : SUCCES ET DEFIS Le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des ex-combattants et ceux associés aux groupes et forces armés est souvent considéré comme un pré requis essentiel à une stabilité post-conflit et un retour à la normale, surtout dans le contexte africain. Le DDR établit le travail préparatoire requis pour la sauvegarde et la pérennité des communautés dans lesquelles ses individus pourraient vivre en citoyens respectueux de la loi, tout en construisant une capacité favorable à une paix, une sécurité et un développement durables. Le succès durable du processus dépend de la mesure dans laquelle les anciennes parties et individus en conflit pensent que leur sécurité sera maintenue après avoir rendu les armes et après avoir abandonné ce qui était pour bon nombre d’entre eux non seulement une activité mais une manière de vivre L’intérêt accru quant au désarmement en Ituri peut être attribué, entre autres facteurs, à l’arrivée à la mi-septembre 2003 de la première vague de déploiement de la Brigade Ituri de la MONUC, du déploiement de la Mission Artémis et aux attentes nées des réunions qui se sont déroulées à la mi-août et qui ont vu la venue de 29 représentants de divers groupes de milices et du nouveau gouvernement ; cette réunion visait à inclure les groupes armés (UPC, FAPC, FNI, PUSIC, FAPC) dans un processus de paix et de réconciliation qui devait aussi aboutir à leur intégration dans l’armée nationale. Le présent point essaie de passer en revue les succès et les faiblesses du programme DDR en Ituri à travers l’analyse de ses différentes phases. 4.1. DDR Phase 1 - PODRC (Septembre 2004 - Juin 2005) Dans le cadre de la pacification et la réunification du territoire national, le Gouvernement congolais de Transition appuyé par la Communauté Internationale, a mis sur pied un Programme National de désarmement, démobilisation et réinsertion. Ledit programme dénommé PN-DDR, dans sa première phase, ne concernait que les différents mouvements politico-militaires signataires de l’Accord de Sun City. L’Acte de Dar-ès-Salaam signé le 16 mai 2003 rechercha et obtient l’adhésion formelle de tous les groupes armés à la cessation des hostilités, au cantonnement de leurs troupes et à la démilitarisation rapide de l’Ituri sur la base des principes d’impartialité et de simultanéité. Un processus spécifique de désarmement destiné aux groupes armés de l’Ituri signataires de l’Acte de Dar-ès-Salaam fut élaboré et formellement lancé, sous l’appellation du Plan Opérationnel du Désarmement et de Réinsertion Communautaire. Néanmoins l’attitude des groupes armés est restée hostile à un retour à l’ordre, répandant la terreur dans les espaces contrôlés, afin d’en exploiter les populations et d’en contrôler les ressources. Sans visée politique déterminée, certaines branches des groupes armés ont sauté sur l’occasion pour se séparer du « mouvement », de sorte que le nombre des groupes armés n’a cessé de s’accroître. C’est dans ce contexte que fut conclu le 16 mai 2004, l‘Acte d’engagement de Kinshasa, par lequel les groupes armés de l’Ituri, accrus au nombre de 7, réaffirment leur engagement à participer sans réserve et à appuyer la mise en œuvre du plan opérationnel du DRC. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 14 ___________________________________________________________________________ Le plan visait à contribuer à la pacification et à la démilitarisation de l’Ituri à travers : o la réhabilitation des communautés d’accueil; o le désarmement de quelques 15.000 combattants (9000 adultes + 6 000 enfants); o la réinsertion communautaire des ex combattants et leurs dépendants (1 combattant + 4 dépendants); o et l’incorporation dans les Forces Armées de la RDC des volontaires déclarés aptes.3 En effet, comme le souligne un rapport d’Amnesty International, la prolifération dans la région de groupes armés à connotation ethnique ou communautaire est le résultat du vide créé par la désintégration de l'autorité de l'État en Ituri après le début de la guerre. Le programme était censé apporter des éléments de réponse à ce problème et jeter les bases d'une opération de démobilisation au niveau national et d'une véritable réforme de l'armée. Le programme de DDR en Ituri, appelé Désarmement et réinsertion communautaire (DRC), a été lancé en septembre 2004. Il s'agissait d'une «stratégie intérimaire» introduite dans l'attente de l'élaboration finale et de la mise en place du programme national de DDR. L'Ituri a été la première région dans laquelle la CONADER a établi le programme de désarmement et de démobilisation, le PNUD jouant à ce stade le rôle d'«agence chef de file» du MDRP.4 Le programme de DRC en Ituri, poursuit le rapport, avait pour principal objectif d'«assurer la décompression militaire de la région», c'est-à-dire de démilitariser la zone, désarmer les combattants, stopper la prolifération des armes et assurer la pacification. Il devait permettre le désarmement et la réinsertion dans la vie civile de la plus grande partie des 15000 membres de groupes armés présents dans la région, parmi lesquels le Front des nationalistes intégrationnistes (FNI), l'Union des patriotes congolais (UPC), le Parti pour l'unité et la sauvegarde de l'intégrité du Congo (PUSIC), les Forces armées du peuple congolais (FAPC), le Front populaire pour la démocratie au Congo (FPDC) et le Front de résistance populaire de l'Ituri (FRPI). Le Plan DRC prévoyait trois étapes : la sensibilisation, le désarmement et la réinsertion communautaire. Cinq sites de transit et d'orientation ont été créés au départ pour accueillir les candidats à la démobilisation. Les lieux choisis pour l'implantation des sites de transit se trouvaient tous dans les bastions des groupes armés devant participer au programme. La sécurité dans les centres était assurée par la MONUC.5 Au début les groupes armés ont décidé d’attendre et de voir si le programme DDR allait aboutir ou non. Ce n’est qu’à partir d’avril - mai 2005 qu’ils sont venus en grand nombre. Suite à la bataille de Loga qui avait été occasionnée par la prise d’otages des Casques Bleus, un nouveau momentum politico-militaire provoquant une participation massive des combattants. Les commandants et les combattants eux-mêmes se sont réalisé que la période des milices était à sa fin. Mobilisés et stimulés par les messages de sensibilisation des ONG à rejoincre le processus de réinsertion communautaire et attirés par les mesures de réinsertion au sein de la communauté locale, comprenant notamment le financement d'activités rémunératrices et d'une formation professionnelle, des centaines des combattants ont exprimé le souhait de déposer les armes et de retourner à la vie civile. Au total, 15811 membres des groupes armés – dont 4525 enfants – ont pris le chemin des sites de transit durant la phase de désarmement volontaire, officiellement achevée en juin 2005. Seulement 780 d'entre eux ont demandé leur intégration dans l'armée, les autres préférant le programme de réinsertion communautaire. Presque 11000 adultes ont choisi de retourner à la vie civile. 3 Exposé de Monsieur François Xavier Duku, Chef d’Antenne de l’UE - PNDDR en Ituri à la Conférence sur le ddr, la sécurité et la réconciliation en Ituri, octobre 20078. 4 Amnesty International, 5 Ibidem ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 15 ___________________________________________________________________________ Des centaines d'autres combattants ont été démobilisés de force dans le cadre d'opérations menées par la MONUC, seule ou conjointement avec les FARDC. Le succès relatif des volets de désarmement et de démobilisation a été trahi par le volet final – réinsertion dans la communauté locale qui s’est heurté à de sérieux problèmes dus aux défaillances dans la gestion et la coordination technique de la part de la CONADER et du PNUD. Ces difficultés sont apparues notamment dans la mise en place des projets d'insertion et dans l'octroi de l'aide financière prévue pour les personnes démobilisées D’autres faiblesses importantes de cette phase peuvent être relevées notamment en ce qui concene les EAFGA qui, après leur passage par l’espace enfants gérés par l’UNICEF et ses partenaires, n’avaient pas un bénéfice direct, comme les adultes, de cette réinsertion à part la réunification familiale. Selon plusieurs témoignages ils ont été parmi les tous premiers à regagner les groupes armés après la sortie du site de transit. Selon les données récoltées, on a relevé que le nombre des miliciens a été mal estimé au départ, il est resté encore plusieurs miliciens en brousse. Car bien qu’ils aient signé les accords de désarmement, tous les chefs de guerre n’étaient pas acquis à la paix. Le plan DRC n'est donc pas parvenus à réduire la prolifération des armes ; certains groupes armés opérant dans la région sont restés hostiles au processus et se sont refusés à la démobilisation. Dès la première phase de désarmement on peut retenir les faiblesses ci – après : o Très peu d’armes ont été récupérées au cours de cette phase, environ 20 % ; Les conditions de sécurité n’étaient pas totales ; ainsi plusieurs ex combattants qui voulaient désarmer avaient peur de se présenter car ils étaient menacés par leurs amis qui étaient contre le processus. Certains ont perdu leurs vies dans ces conditions. Les conditions de sensibilisation même pour les communautés n’étaient pas remplies car on pouvait perdre sa vie si on parlait du DRC. Il a été rapporté lors des enquêtes qu’unn animateur d’un projet de sensibilisation dans la communauté a perdu sa vie, un autre a été emprisonné pendant plus de deux mois par l’UPC. Plusieurs d’entre eux ont du quitter leurs villages par peur d’être attaqués pour s’abriter pendant ce temps ailleurs. o La réinsertion des démobilisés n’a pas été bien menée. Ainsi, faute d’un appui en réinsertion, plusieurs démobilisés se sont résolus de rejoindre les groupes armés récalcitrants qui sont restés en brousse. Selon l’étude des cas dans quelques villages et localités ciblés par l’enquête réalisée en août - septembre 2007, les avis et constats des enquêtés dégagent un même constat : les ex. combattants ont participé massivement au programme DDR. Ce qui est vrai, témoignent la plupart des ex. combattants et d’autres personnes impliquées dans ce programme, notamment les formateurs, l’assistance tant matérielle que morale (instruction) a été donnée au niveau des sites de désarmement. Rentrés dans leurs communautés respectives d’accueil (leur famille en général), les ex. combattants vivaient l’expérience d’une réalité toute nouvelle. Ils étaient un peu incertains de leur avenir dans la vie civile, inquiétés par les militaires en service. Bien plus, ils n’étaient pas encore bien acceptés par la population portant encore des souvenirs frais des pillages, des viols, des massacres et autres exactions perpétrées par ces ex. combattants. D’où, les ex. combattants étaient l’objet de mépris et de culpabilisation de la part de la communauté. Dans ce contexte, on peut considérer cette phase comme celle de l’apprentissage d’un mécanisme qui n’était pas encore maîtrisé et qui avait certainement besoin d’être poursuivi pour son amélioration. Les activités de désarmement et de réinsertion communautaire ne pouvaient que récolter des résultats mitigés car les armes demeuraient encore dans les communautés, et les ex. combattants étaient l’objet de questionnements incessants et permanents au milieu de leurs communautés. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 16 ___________________________________________________________________________ Les données statistiques reprises dans les deux tableaux ci-dessous permettent de visualiser le bilan de la phase 1 en termes d’effectifs démobilisés et d’armes collectées auprès des ex-combattants : Effectifs des ex-combattants démobilisés6 01 02 03 04 05 N° Territoire Aru Djugu Irumu Mahagi Mambasa TOTAL Effectifs 1.220 3.388 5.435 969 17 11.029 % 11 30,7 49,3 8,8 0,1 100 Commentaires : Au regard du tableau ci-dessus, on peut observer que près de la moitié des ex-combattants démobilisés proviennent du territoire d’Irumu qui représente 49%. Le territoire de Djugu occupe la 2ème place avec 30,7%. Armes collectées auprès des ex-combattants démobilisées7 . N° Types 01 Armes individuelles et collectives 02 Grenades 03 Mines 04 Appareils radio (phonies) 05 Cartouches de tous calibres Nombre 5.403 158 549 395 276.753 Commentaires : Les données contenues dans ce tableau confirment que le ratio « un combattant = une arme » n’a pas été respecté. 4.2 DDR Phase 2 – Programme National DDR (Juin 2005 - Novembre 2006) La deuxième phase de DDR, débutée au 2ème semestre 2005 avait pris fin en novembre 2006. Elle a été essentiellement conduite par la CONADER et elle avait rencontré, tant soi peu, l’assentiment des Groupes armés de l’Ituri. Ainsi, dans les différents sites de transit ouverts en Territoire de Djugu par exemple8, et même ailleurs en Ituri, beaucoup d’armes avaient été remises. Avec la seconde phase du programme DDR, on a réussi à démobiliser quelques 16.000 combattants, et à récupérer près de 9000 armes Des assistances matérielles et financières (filet de sécurité) ont été effectivement données aux ex. combattants. Malheureusement, ces aides, selon de nombreux informateurs interrogés, n’ont pas été données à la proportion de la valeur prévue pour chaque ex. combattant. On peut cependant observer que, avec la seconde phase du programme DDR, les armes légères et de petit calibre ont diminué des mains des ex. combattants. Car, certains parmi eux avaient effectivement opté pour la réinsertion effective dans la communauté. Cependant, de cas de vols à mains armées, opérées pour la plupart des cas par des ex. combattants, 6 Tableau dressé sur base des données officielles recueillies au bureau Conader/Bunia, juin 2008 Idem 8 Les sites de Kpandroma, Nizi et Mongbwalu. 7 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 17 ___________________________________________________________________________ prouvent l’existence des armes en circulation dans les communautés. Cela suppose aussi qu’il s’est formé un ‘circuit quelque peu fermé de trafic et de circulation d’ALPC’ qu’il faudrait identifier, avec le concours des communautés, pour consolider la sécurité. Démunis, ces ex. combattants vivent misérablement et sont prêts à rallier un chef ‘rebelle’ qui solliciterait leurs concours et leur service9. Quelques-uns qui garderaient encore des armes se livrent au vol à mains armées, à la coupure de route, et créent de l’insécurité dans leur contrée respective. A ce niveau, tout programme DDR devrait être envisagé avec le concours des communautés. On notera cependant que les points forts de la seconde Phase de DDR en Ituri ont été la sensibilisation suffisante, la possibilité d’intégration, dans les rangs de FARDC, des éléments des G.A. (on peut noter que les orientations ont été différentes de la première phase car il fallait encourager le retour d’un grand nombre des démobilisés dans l’armée. Pour cela, la CONADER a amené dans la région des démobilisés de la première phase qui ont rejoint l’armée et qui étaient affectés ailleurs dans les FARDC) La mise en œuvre, pour les démobilisés, des projets de réinsertion communautaire est aussi un point fort de la seconde phase. Malgré un bilan apparemment positif, cette phase a connu aussi plusieurs problèmes parmi lesquels on peut retenir ce qui suit : plusieurs démobilisés ont seulement remis les armes et ne possèdent que des certificats de remise des armes, ce groupe n’est jamais allé plus loin dans le processus. Un second groupe est constitué des ex combattants qui sont entrés dans les centres d’orientation mais qui n’ont jamais profité d’une réinsertion. Pour corriger les erreurs de la première phase dans la réinsertion la CONADER avait signé des contrats de partenariat avec des grandes ONG fortes qui pouvaient bien mener l’opération. Pour l’Ituri, il y avait, la FAO, la CARITAS, et ADDRA, etc. Les ONG locales de l’Ituri étaient pratiquement écartées du processus. Malheureusement les ONG retenues n’ont reçu pas de la CONADER les moyens nécessaires pour assurer la réinsertion durable de tous les démobilisés de cette phase. Cette phase a créé, sur le terrain en l’Ituri, un groupe d’aigris et de personnes très agressives contre les actions des ONG impliquées dans la réinsertion des ex-combttants. Selon les données recueillies par les enquêteurs du Territoire d’Aru, on estime que la Phase II avait oublié d’approcher les foyers de l’ancienne Compagnie organique du Commandant Salumu des FAPC dont 120 militaires ne se sont jamais présentés, jusqu’à ce jour, dans le processus de DDR. Les personnes interrogées lors des enquêtes ont émis des critiques à l’endroit du processus. Parmi les plus saillantes, elles ont retenu10 : o les projets ont connu une faible participation des communautés ; o le prolongement injustifié du séjour des démobilisés dans les sites de transit ; o l’éloignement des centres d’orientation décourageant ainsi certains combattants par crainte de traverser des localités qui leur étaient hostiles auparavant11 ; o l’insuffisance, la corruption et le détournement d’une partie de ‘filet de sécurité’ prévue aux ex. combattants 12; o le non-respect des échéances fixées pour le payement du filet de sécurité ; o le non respect d’engagement du Gouvernement congolais en ce qui concerne le financement de projets de réinsertion ; 9 Témoignages recueillis en territoires de Mahagi et Irumu Données recueillies sur terrain sept/oct. 2007 11 Observation recueillie en Territoire de Djugu 12 De nombreux enquêtés du Territoire de Djugu ont noté la maffia qui entourait les actions de CONADER, notamment la remise de macarons et du filet de sécurité à des individus n’ayant déposé aucune arme, préjudiciant ainsi les vrais bénéficiaires. Selon certains enquêtés d’Aru, des responsables de la CONADER auraient retiré 200 macarons de démobilisés, et ces derniers n’ont jamais bénéficié de l’argent du filet de sécurité. 10 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 18 ___________________________________________________________________________ o l’éloignement des points de remise du filet de sécurité exposant les démobilisés à des dépenses inutiles et tracasseries diverses de la part des FARDC, notamment à travers des extorsions et tortures ; o les programmes ont été de courte durée ; o les communautés n’ont pas été associées à l’élaboration de programmes de DDR ; o Par rapport aux objectifs de départ consistant à la logique ‘ une personne = une arme’, sur un total de 16.000 combattants démobilisés, 9.000 armes seulement ont été remises. Cette proportion démontre les difficultés rencontrées pour la réussite totale du programme. Comme cela a été souligné plus haut, les résultats de l’ensemble du processus ne sont pas suffisamment connus des communautés. Cela indique que le DDR a été une affaire des administrations dont la communication avec les communautés n’a pas été suffisante. Au terme de la phase 2 du DDR, la Conader a dressé le bilan en termes d’effectifs démobilisés et d’armes collectées qui se présentent comme suit : Effectifs démobilisés – phase 2 01 02 03 04 05 N° Territoire Aru Djugu Irumu Mahagi Mambasa TOTAL Effectifs/Adultes 45 3.775 1.336 72 05 5.233 Autres 85 46 1.213 53 93 1490 Total 130 3.821 2.549 125 98 6.723 Commentaires : Au cours de la deuxième phase du DDR, plus de 56% des ex-combattants démobilisés proviennent du territoire de Djugu qui est resté pendant très longtemps un territoire de prédilection pour les groupes armés. Ce tableau indique également que par rapport à la première phase, le territoire d’Irumu se positionne en deuxième place. Les autres territoires présentent des effectifs insignifiants. Selon les données disponibles à la CONADER et au PNUD, la démobilisation des excombattants à la 2ème phase a permis de collecter 6.000 armes individuelles et collectives, toujours en dessous du ratio fixé et de récupérer 355.981 munitions tous calibres confondus. Au cours de cette phase, l’Ituri a accueilli pour les phases de démobilisation et réinsertion, d’autres ex-combattants provenant d’ailleurs. En faisant une synthèse sur l’exécution du programme DDR en Ituri pour les phases 1 et 2, on constate qu’elles ont permis de démobiliser plus de 22.000 combattants (dont près de 5.800 enfants) grâce à l'appui direct du PNUD d’une part entre septembre 2004 et juin 2005 et, d’autre part, entre juin et septembre 2006. En outre, entre mars et juin 2007, le PNUD a procédé, en Ituri, à la destruction de 7.000 armes légères sur les 13000 récupérées et de 55.000 munitions diverses sur les 765.000 récoltées. L’on note aussi qu’au cours de la même période 4.000 chargeurs ont été récupérés à coté de 1.000 bombes et 1.000 mines.13 13 Jonas MFUOATIE, Acquis et défis du DDR en Ituri, présentation à la Conférence sur le ddr, la sécurité et la réconciliation en Ituri, octobre 2007. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 19 ___________________________________________________________________________ 4.3. DDR phase 3 : l’Ituri en proie avec les groupes armés résiduels A la clôture de la 2ème phase du DDR, l’Ituri était encore le théâtre d’une activité intense des groupes armés résiduels dont principalement le FNI de Peter Karim, le FRPI de Cobra Matata et le MRC de Mathieu Ngudjolo. Ces différents groupes armés ont continué à perpétuer l’insécurité en Ituri, d’où le besoin de les neutraliser et de les éradiquer. Le DDR phase 3 a été mis en route pour répondre à l’urgence de la sécurité et de la stabilité en Ituri, d’une part et d’autre part, pour tirer les leçons des phases précédentes en vue de la relance du PN DDR arrêté depuis fin 2006. Programme du Gouvernement, le DDR3 se base sur les leçons apprises antérieurement et met en relief la dimension communautaire dans sa mise en œuvre. Il est bâti sur 03 principales étapes dont les échéanciers initiaux étaient prévus comme suit : o Désarmement et démobilisation : 09 août 2007 (fermeture des sites de transit) o Service de reconstruction communautaire (réinsertion transitoire) : 18 janvier 2008 (fin d SRC) o Réinsertion durable : 18 juin 2008 (fin des activités de réinsertion économique durable. 4.3.1. Processus préliminaires et Termes de Références Avant le lancement proprement dit de PN-DDR Phase III, les rencontres suivantes ont eu lieu : o le 15 novembre 2006 : Réunion de la Commission conjointe sur la réforme du secteur sécuritaire recommandant le désarmement, la démobilisation et la réinsertion immédiate des trois groupes armés de l’Ituri ; o le 29 novembre 2006 et le 14 décembre 2006: Signature des Accords Cadre pour la Paix en Ituri par le Gouvernement de la RDC respectivement avec le FNI et le MRC d’abord, ensuite avec le FRPI ; o le 14 février 2007 : Approbation du Plan d’appui au programme de la Phase III de DDR par le Comité de Coordination des opérations DDR de l’Ituri ; o le 25 mai 007 : Approbation des principes du projet pilote DDR Phase III en Ituri par le Conseil des Ministres ; o du 13 au 18 juin 2007 : Mission de reconnaissance mixte MONUC-PNUD-MDNAC en Ituri. Les termes suivants ont été dégagés unanimement par les différentes parties en rapport avec la paix en Ituri : o l’adhésion de trois groupes armés aux principes du Programme National de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (PN-DDR) ; o la remise volontaire de l’armement pour vérifications et stockage aux points de regroupement ; o la présence des agences de protection de l’enfance pour l’identification et la prise en charge des enfants ; o l’acceptation de faciliter les mouvements de personnes et de respecter les principes des ‘villes sans armes’ ; o l’interruption de tracasseries envers la population ; o la désignation de deux officiers de liaison non armés par groupe auprès du Commandant de la Zone opérationnelle de l’Ituri ; o la communication, par chaque Groupe armé, à la Zone opérationnelle des FARDC en Ituri, de la liste exhaustive des combattants éligibles pour validation et officialisation ; ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 20 ___________________________________________________________________________ o l’inscription du combattant dans les listes validées, ainsi que le respect du ratio de désarmement « homme / arme » comme condition d’éligibilité obligatoire pour la participation aux opérations DDR Phase III14. 4.3.2. Quelques principes définis de désarmement et de démobilisation Ces principes ont été définis par la Directive du MDNAC du 27 juin 2007 en ces termes : o Le désarmement consiste à la récupération de l’armement par les délégués de la Zone opérationnelle de l’Ituri et de la Structure Militaire d’Intégration assistés de la MONUC. Ces armes seront enregistrées selon les standards internationaux. L’armement et les munitions défectueux et désuets seront mis à la disposition du PNUD pour destruction. Les armes en bon état seront remises aux FARDC selon un protocole d’accord. o Le désarmement sera réalisé selon les principes du PN-DDR, avec une attention spéciale au strict respect du ratio « homme / arme ». o Chaque combattant inscrit dans les listes validées et désarmé dans le cadre des opérations DDR Phase III recevra de l’autorité compétente un ‘Certificat officiel de désarmement’. o Le désarmement a lieu dans les ‘points de désarmement’ identifiés15 au préalable par le groupe armé concerné, les FARDC et la MONUC. o La démobilisation est un acte administratif spécifique en vertu duquel l’ex-combattant disposant d’un ‘certificat officiel de désarmement’ perd son statut de militaire. Ceci implique l’identification et la vérification du statut de combattant comme condition préalable. o En ce qui concerne l’enregistrement, chaque combattant est dûment enregistré par des moyens biométriques ou autres. A l’entrée du site de transit, un triage par catégories (sous-groupes)16 est réalisé en vue du transfert vers des programmes spécifiques. De plus, notamment en rapport avec les droits à allouer au combattant démobilisé au cours du processus de démobilisation dans le site de transit, la directive du MDNAC avait prévu : une assistance humanitaire pendant son séjour dans le Site de Transit ; une participation dans les séances de sensibilisation et d’orientation ; un kit d’entrée ; une carte de démobilisation ; une allocation de retour (équivalente à 100$us) ; un laissez-passer pour participer volontairement au Service de Reconstruction Communautaire ; o un kit de sortie. o o o o o o 14 Pour les EAFGA, le ratio « homme / arme » n’a pas été retenu comme une condition obligatoire. Les points opérationnels de désarmement ont été fixés respectivement dans les sites suivants de transit : à Bunia et Marabo en Territoire d’Irumu, à Kpandroma et Bule en Territoire de Djugu. 16 Quant aux EAFGA identifiés dans les groupes armés, la directive de MDNAC prévoyait qu’ils soient démobilisés et pris en charge par les agences de protection de l’enfance de l’UNICEF. 15 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 21 ___________________________________________________________________________ 4.3.3. Niveau de réalisation de la phase 3 du DDR Selon les prévisions de la phase 3 du DDR, 4500 combattants ont été attendus. Au début de la 2ème quinzaine du mois d’août 2007, date butoir prévu pour la remise des listes, les chefs des trois groupes armés ont présenté les listes de 3.365 combattants candidats pour le DDR3 selon les estimations suivantes : o FNI : 602 combattants ; o MRC: 428 combattants. o et FRPI : 2335 combattants. Cet effectif total de 3.365 combattants incluait aussi les 399 miliciens ayant déposé les armes depuis le lancement du programme le 4 août 2007. Dans ce contexte, il ne restait que 2.966 miliciens concernés par le DDR III avant la fermeture officielle des sites initialement prévue pour le 18 septembre 2007. A ces trois groupes devaient être associés 1.160 combattants de l’Ituri délocalisés précédemment à Kisangani pour des raisons de sécurité. Ainsi, l’effectif des démobilisés éligibles atteindrait 5.000 personnes.17 Au lancement du DDR phase 3, d'après les observateurs militaires de la MONUC, le Colonel Peter Karim, ancien chef du FNI, avait déclaré détenir quelques armes qu'il refusait de rendre au DDR vu qu'il ne supportait pas le ratio d'un homme une arme. D’après les données disponibles à cette époque, le Colonel Peter Karim serait en possession de plusieurs armes dont : 21 AK 47, 2 mortiers, 2 mitrailleuses et d'autres armes lourdes. Ce dernier avait ramené de l'intérieur 81 combattants au site de Kpandroma dont 38 adultes candidats au service militaire (SMI), 15 adultes à la réinsertion communautaire et 28 enfants. Pendant ce temps, un certain Zaiko (dissident du FNI) aurait réussi à réunir 35 adultes pour son compte.18 Par rapport aux deux autres groupes armés, il a été relevé les difficultés qui émaillent le processus particulièrement le faible taux des combattants qui sortent et déposent les armes. Il a été rapporté qu'il y aurait à Lalo et à Dhera (Djugu) ,15 miliciens qui refuseraient d'adhérer au processus du DDR. Au regard des observations et avis enregistrés sur terrain, l’exécution de la phase 3 du DDR se réalise dans un contexte peu transparent de la part des leaders des groupes armés censés orienter les combattants vers les différents centres de transit. Au moment de la finalisation de cette étude, il apparaît difficile de disposer des statistiques fiables sur le nombre des combattants désarmés et démobilisés ayant rejoint l’étape de réinsertion communautaire. A la date du 30 septembre 2007, les effectifs des démobilisés de la phase 3 étaient évalués à 1529 sur un total de 4665 attendus, soit 33%19. D’autre part, les enquêteurs de l’axe Djugu ont pu aussi mesurer l’impact de lancement de PN-DDR, phase 3. Selon les interlocuteurs rencontrés, cette phase a démarré avec un certain nombre de problèmes dont la sous-information au sein des communautés en raison de l’insuffisance de la sensibilisation. Un autre problème inhérent à cette troisième phase est la subordination de la remise d’armes à la liste élaborée par les groupes armés ciblés ; ce qui bloque la remise d’armes par des détenteurs non listés. 17 Directives du Ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants sur le lancement de la phase 3 du DDR, juillet 2007. 18 OCHA, Rapport hebdomadaire de la situation humanitaire en Ituri (13-19 août 2007), Bunia, août 2007. http://www.reliefweb.int/rw/RWB.NSF/db900SID/EGUA-76BTFS?OpenDocument 19 OCHA, Situation humanitaire du District de l’Ituri 24 au 3 septembre 2007,, ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 22 ___________________________________________________________________________ Néanmoins, les informations recueillies sur le terrain révèlent qu’à la date du 22 août 2007, les statistiques de remise d’armes pour les trois sites de désarmement de Djugu se présentent de la manière suivante : - Point de Mongbwalu : environ 30 armes ; Point de Bule : environ 100 armes ; Point de Kpandroma : environ 100 armes. Il a été aussi remarqué que le DDR 3 a connu le taux le plus élevé de démobilisation des ex combattantes. Au niveau communautaire on explique cela par le fait qu’il n’ y a que très peu des combattants réels parmi les démobilisés de la phase III, une véritable mafia s’est mise en place lors de l’élaboration des listes, les chefs des milices ont inscrit leurs membres de familles, à qui ils remettaient des armes ou encore d’autres personnes qui possédaient des armes et qui payaient un petit montant aux chefs de guerre. En effet l’opération est plutôt rentable et peut tenter plusieurs personnes. Pour une arme de guerre qu’on peut acheter à 50 $ US dans la région, on pouvait gagner après le passage dans le processus DDR III ce qui suit : • un kit d’entrée et un kit de sortie au centre de transit, • un montant de 100 $ à la sortie du site pour le transport et les premiers jours de séjour dans la communauté. • un montant global de 150 $ pendant les 3 mois de Service de Reconstruction Communautaire, qui est un projet, cette chance était donnée à tous les démobilisés. • un montant de 50 $ en à la fin du Service de reconstruction Communautaire en attendant le début du Projet de Réinsertion Durable. • un kit de réinsertion avec une valeur per capita de 600 $. Tous ces avantages ont attiré plusieurs personnes qui détenaient des armes mais faute d’être reprises sur les listes des G.A., elles ne pouvaient pas être éligibles au processus. Le PNUD lui-même a reconnu la présence des faux démobilisés car il a publié une liste des personnes qu’on devait sortir du processus. Mais leur nombre était très faible par rapport aux cas dénoncés par les membres de la communauté. Pour cette phase III, en ce qui concerne les projets de réinsertion, le PNUD a réalisé une avancée significative malgré les problèmes identifiés plus haut : • Tous les démobilisés inscrits normalement dans le programme ont bénéficié de l’ensemble de l’appui sauf conditions particulières. • Les personnes vulnérables de la communauté ont bénéficié des 30 % des bénéfices aux niveaux des Projets « Services de reconstruction communautaire » et aussi des projets de réinsertion. Malgré que la désignation de ces personnes vulnérables n’a pas toujours été transparente. • Un cadre de concertation s’est mis en place entre le PNUD, et les ONG prestataires, qui définissaient ensemble les grandes orientations du travail. Dans cette phase, les partenaires de réinsertion étaient aussi bien les ONG locales qu’internationales. Tout au long du processus DDR, les démobilisés ont pris l’habitude de vendre directement le kit après sa distribution pour faire de l’argent autre chose. Cela était trop criant à la première phase avec le projet SECA. Au cours de la phase III, cette tendance a été aussi confirmée, d’une part dans l’usage abusif du kit de réinsertion et, d’autre part, dans le choix des activités de réinsertion. En effet, malgré les conseils des sensibilisateurs aux sites de transit, les ex-combattants ont le plus choisi comme activités le petit commerce, l’élevage ugros bétail, le taxi moto, etc., activités pouvant entraîner l’octroi d’un kit facile à écouler sur le marché local. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 23 ___________________________________________________________________________ L’analyse des différents projets de réinsertion exécutés de la phase I à la phase III fait voir ressortir que les activités dominantes dans ces projets sont la formation des démobilisés et la distribution des kits de réinsertion. Leur accompagnement est faible, ce qui donne des faibles chances de réussite des projets. 4.4. Défis et problèmes liés à l’exécution du DDR en Ituri A la lumière des données observées et recueillies sur le déroulement de différentes phases du DDR, il ressort que les différentes approches expérimentées jusque là ont besoin d’être réajustées pour plus d’efficience et d’efficacité, malgré qu’on ait constaté certaines améliorations progressives de la phase 1 à la phase 3. Toutefois en dépit des actions entreprises, l’on observe que ce processus fait face à plusieurs défis qui ont été identifiés comme suit : o Identification des bénéficiaires : De sources communautaires, il se raconte que les listes des combattants éligibles au processus DDR en Ituri ont été élaborées avec une certaine légèreté caractérisée par l’insertion des personnes qui n’ont jamais été dans les rangs des G.A., les pratiques de monnayage, la falsification des listes ainsi que la non déclaration de certains éléments des G.A. ainsi que des armes détenues par ces derniers. L’on renseigne que presque tous les G.A. ciblés par le processus ont connu ces pratiques. Certains ex combattants trouvés dans les communautés se sont plaints de n’avoir pas été retenus comme cibles du DDR alors que même ne faisant pas partie des G.A. actifs dans la région, ils ont eu à exercer comme combattants et sont prêts à se présenter dans les sites dès qu’on le leur permet. o Points de désarmement : Les communautés ont regretté le fait que les points de désarmement ne sont pas suffisants et proches des cibles. Il se rapporte que certaines personnes refusent de se présenter à cause la distance séparant leurs lieux de retranchement et les sites de désarmement et de démobilisation. Elles ont également peur de faire de longues distances et d’être l’objet de stigmatisation. o Délai du processus : Selon les informations récoltées, le délai du processus semble ne pas tenir compte d’autres aspects du processus qui demande un délai plus large. Il s’agit de la sensibilisation, de l’apprentissage professionnel et des aspects de réinsertion économique durable. o Remise des armes Lors de l’enquête, il est ressorti que le ratio « un combattant pour une arme » n’est pas réaliste. On rapporte que certains combattants qui ont accepté le processus ont gardé des armes dans leurs communautés pour se sécuriser en cas d’attaque éventuelle ou en cas de reprise des conflits. Bien plus, le processus n’a pas pas clairement la prise en charge certains indépendants détenant des armes et qui ont besoin d’un mécanisme plus spécifique pour remettre les armes. o Filet de sécurité Les ex-combattants trouvés dans les communautés ont estimé que le filet de sécurité n’est pas suffisant et que les mécanismes de sa liquidation ont été très élastiques et avec beaucoup de tracasseries. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 24 ___________________________________________________________________________ o Participation communautaire et réinsertion durable Les membres des communautés se disent frustrés du fait que le DDR n’a pas pu corriger ses faiblesses malgré sa mise en œuvre en trois phases. Les communautés se disent frustrées de n’avoir pas été associées dans la formulation du processus/programme et de n’être pas impliquées dans a mise en œuvre des activités. Les communautés estiment que le DDR ne doit pas être une prime pour les ex-combattants. Il faudrait que les communautés d’accueil puissent bénéficier des actions de développement durable pour éviter que le DDR ne devienne un îlot de bonheur pour les ex-combattants. o Contexte sécuritaire La région de l’Ituri reste encore une région très fragile sur le plan sécuritaire. Cette fragilité ne rassure pas encore les communautés qui pensent que les groupes armés opérant encore constituent un danger permanent pour les populations. Aux groupes armés sont associés quelques éléments des FARDC qui commettent des tracasseries à l’endroit des populations civiles et des démobilisés. o Question des traumatismes individuels et communautaires Les différentes phases du DDR n’ont pas pris en compte une dimension psychosociale alors que face aux traumatismes enregistrés par les uns et les autres, le DDR pouvait intégrer un volet de guérison des traumatismes. De ce qui précède, l’on retient que le programme DDR en Ituri a été un champ d’apprentissage dont les succès ont permis d’atténuer la vulnérabilité de la région minée par la présence des groupes armés très actifs, la démobilisation d’un nombre important des éléments des groupes armés et par le lancement du processus de réinsertion qui, comme on l’analysera plus loin, a constitué le volet le plus controversé du programme. Par delà les acquis, le programme DDR a laissé des chantiers à parachever principalement l’éradication des groupes armés résiduels, la réduction des armes en circulation dans les communautés et la réinsertion durable ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 25 ___________________________________________________________________________ TITRE 5 : REINTEGRATION ET REINSERTION DES EX-COMBATTANTS EN ITURI : DESILLUSION DU PROCESSUS DDR ? Dans le cadre du PNDDR en RDC, la composante réinsertion/réintégration consiste en des programmes ou des mesures d’assistance destinées aux ex- combattants ainsi qu’à leurs familles et visant à favoriser leur réinsertion socioéconomique. Il pouvait s’agir d’une aide financière directe, de compensations en nature ou encore de programmes de formation professionnelle et d’activités génératrices des revenus (AGR). À la fin du processus de démobilisation, les démobilisés reçoivent une première allocation à la réinsertion appelée « filet de sécurité » comprenant une somme d’argent, des biens de première nécessité (sous forme de kit de sortie) et des allocations (facilités) de transport. Durant la première année de réinsertion, les démobilisés bénéficient d’une allocation financière mensuelle qui était initialement fixée à 25 USD. Les différents projets de réinsertion soumis par les ex-combattants sont étudiés et, par la suite, financés. La réinsertion des ex-combattants dans la vie civile continue à constituer à ce jour un lourd défi pour la CONADER et les partenaires d’exécution du PNDDR, car d’elle dépend le succès du programme tout entier. On a donc observé tout au long de ce processus que si les alternatives à la vie militaire ne rencontrent pas les préoccupations ou les intérêts des excombattants, ceux-ci peuvent réintégrer les mouvements armés20. 5.1. Bilan des activités menées par le PNUD Comrec dans le cadre de la réinsertion et de la réintégration des ex-combattants21 Indépendamment des données recueillies sur terrain et qui feront l’objet d’analyse dans les sections 6.1 et 6.3, il est nécessaire de faire l’état des lieux des projets développés par le PNUD Comrec en tant qu’agence d’exécution du PN-DDR. Cet état des lieux a été présenté dans le dépliant produit par le PNUD - Comrec pour faire le bilan de ses actions. En faveur des ex – combattants et leurs dépendants, le PNUD Comrec a appuyé 59 projets financés à un coût total de USD 453 674 pour la réinsertion des 929 ex combattants et 2394 dépendants. Activité Agriculture Boucherie Boulangerie Briqueterie Coiffure Commerce Elevage Exploitation forestière Formation professionnelle Menuiserie Démobilisés Hommes 38 27 20 22 7 22 176 28 105 6 Dépendants Femmes 0 0 2 0 1 0 0 0 3 0 99 57 59 72 57 91 510 97 298 21 20 Me Missak Kasongo, avocat à la Cour (Kinshasa) et Pamphile Sebahara, chargé de recherche au GRIP (Bruxelles, Le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des combattants en RD Congo, Note d’analyse, GRIP, Bruxelles, Août 2006. 21 PNUD Comrec, Dépliant du Projet de Reconstruction Communautaire, Réintégration des ex-combattants et réduction des armes légères, Juin 2007 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 26 ___________________________________________________________________________ Pè c h e Pharmacie Poissonnerie Relance économique Scierie Transport TOTAL 202 9 29 150 5 53 899 2 2 3 17 0 0 30 295 54 65 481 18 120 2394 En faveur d’autres groupes vulnérables (déplacés, retournés, rapatriés, FVVS et dépendants des ex combattants) 19 projets ont été appuyés pour un montant total de USD 327 819 en faveur de 3 644 bénéficiaires directs. Activité Nbre projets Agriculture Elevage Formation Micro Crédit Moulin Pê c h e TOTAL M o n ta n t 3 7 3 3 2 1 19 Bénéficiaires H 43 600 127 035 63 853 39 964 37 822 15 545 327 819 F 50 0 35 0 0 112 197 431 1 212 375 986 405 38 3 447 D’après le PNUD Comrec, les projets appuyés ont eu un certain impact dans la région particulièrement dans la création des micro - emplois. En effet, le PNUD Comrec indique que 11 109 emplois ont été créés à travers 133 projets financés. Type de projet AGR AL PC Himo Infrastructure Sociale Sensibilisation Au t r e s T o ta l Nbre projets 72 1 18 26 14 2 133 Emplois créés Démobilisés H F 900 84 1 896 154 132 1 643 4 809 T o ta l Au t r e s H 30 0 36 59 4 24 153 289 0 1 944 369 220 111 2 933 F 2 965 0 35 91 123 0 3 214 4 184 84 3 911 673 479 1 778 11 109 En dépit de la réalisation de tous ces projets, la réinsertion a été le point le plus faible de ce processus. Cela s’est manifesté par les éléments ci – après : Le PNUD qui était le Lead dans le DRC avait déjà mis en place un schéma de réinsertion qu’il devait mettre en application avec ses partenaires dans ce cadre. A ce moment précis, est apparu alors SECA, une entreprise Américaine avec l’appui de l’USAID, avec un projet de réinsertion de plus de 10.000 démobilisés, dans 6 mois. Véritable défi organisationnel et logistique et technique, ce projet s’est soldé par un fiasco. Selon les déclarations des démobilisés plusieurs d’entre eux n’ont pas reçu leurs kits et en plus de cela, même ceux là qui ont reçu leurs kits n’ont pas été satisfaits. Le filet de sécurité, cette rémunération qu’on devait payer aux démobilisés pendant 12 mois en raison de 25 dollars par mois, a créé aussi d’énormes problèmes. Ce filet était souvent payé en retard, en plus des tracasseries que les démobilisés connaissaient de la part des policiers et des militaires réquisitionnés pour sécuriser l’opération. Cela a mis en cause les résultats positifs attendus de cette opération. Malgré l’arrivée en trombe de SECA avec son grand projet qui devait réinsérer pratiquement tous les ex combattants de la phase DRC, le PNUD a réalisé quelques projets HIMO (Haute Intensité de Main d’œuvre) et de réinsertion de faible envergure avec ses partenaires locaux. Il s’agit généralement de petits projets de réinsertion de 10 à 30 ex combattants, exécutés surtout par les ONG locales qui n’avaient pratiquement pas d’expérience dans ce domaine. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 27 ___________________________________________________________________________ La lourdeur administrative du PNUD a constitué un autre goulot d’étranglement qui a rendu difficile la réussite des projets mis en oeuvre. Les partenaires se sont plaints plusieurs fois de réaliser un projet de 3 mois pratiquement toute une année à cause des difficultés de décaissement liées aux procédures administratives du PNUD. « Une des questions fondamentales qui est apparu depuis cette phase est celle de savoir, s’il est possible de réinsérer durablement un démobilisé par un projet de 6 mois » 5.2. Activités connexes au programme DDR Plusieurs acteurs, notamment le PNUD et le Réseau Haki na Amani, ont mené des activités qui ne rentrent pas strictement dans un programme DDR mais qui sont néanmoins indispensables pour sa réussite. Concernant le PNUD, il s’agit des actions de sensibilisation et de reconstruction communautaire. Dans le cadre de la sensibilisation sur le processus DDR, le PNUD Comrec a appuyé 10 projets réalisés à un coût total de USD 258 497 pour 346 080 bénéficiaires. Les principaux résultats de ces projets, tels que présentés sont : o 345 Capacités Locales de Paix et Initiatives Locales de Paix (CLP/ILP) mises en place dans le district de l’Ituri. o 200 femmes représentant 90 organisations féminines formées sur « le rôle de la femme dans la prévention, la gestion et la résolution pacifique des conflits en Ituri » o 125 organisations féminines mobilisées dans le cadre de la célébration du mois de la femme à Aru, Irumu, Mahagi et Mambasa. o 87 représentants des autorités politico - administratives, coutumières, religieuses, militaires, organisations féminines et la société civile en général sensibilisés et mobilisés dans le cadre du Forum de la paix à Djugu pour la pacification durable du territoire. Dans le cadre du volet reconstruction communautaire, il s’agit de 4 principaux secteurs d’intervention : Santé Dans le secteur de la santé, 8 projets ont été financés pour un coût total de USD 182 167 en faveur de 176359 bénéficiaires. Les différentes structures sanitaires réhabilitées/reconstruites en Ituri sont reparties dans différents territoires (voir annexe 2 pour les détails). Education Au niveau du secteur de l’éducation 9 projets ont été appuyés pour un coût total de USD 241498 en vue d’améliorer les conditions d’étude de 8 349 élèves. Les 13 écoles réhabilitées et/ou équipées en mobiliers sont reparties dans différents territoires (voir annexe 2 pour les détails). : Ponts et routes Au niveau des infrastructures routières, 13 projets ont été financés pour un coût total de USD 359.614 pour désenclaver 1.247.699 personnes à travers la réhabilitation de 774 kms de route de desserte agricole et un pont. Les différents tronçons routiers et pont réhabilités sont repartis dans différents territoires (voir annexe 2 pour les détails. Eau et assainissement Dans le domaine de l’eau et assainissement, le PNUD Comrec a appuyé 11 projets à un coût total de USD 211 050 avec comme cible 230 066 bénéficiaires. Les différents projets sont repartis dans différents territoires (voir annexe 2 pour les détails. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 28 ___________________________________________________________________________ Le Réseau Haki na Amani a été actif dans le domaine de la réconciliation en formant les communautés dans les domaines de réconciliation, la résolution non violente des conflits, les Droits de l’Homme, etc. Ensuite, les Initiatives Locales de Paix ont été créées dans chaque groupement. Elles ont pris en compte la problématique sécuritaire en organisant des barza dans chaque collectivité. Les commissions sécurité composées des chefs coutumiers, des FARDC, de la PNC et ainsi que des représentants de la population ont été ensuite crée. L’organisme AIP a été également actif en collaboration avec PNUD dans la mise en place et l’opérationnalisation des capacités locales de paix. 5.3. Evaluation du volet de la réinsertion des ex-combattants en août - septembre 2007 Une recherche –action participative menée auprès des populations en août -septembre 2007 a permis d’obtenir quelques informations sur l’impact de la composante réinsertion des ex-combattants démobilisés à la lumière de la clôture des phases 1 et 2 du processus de DDR et en pleine exécution du DDR3. a. En Territoire de Mahagi Les données récoltées indiquent que la plupart des combattants ayant bénéficié des kits de réinsertion n’ont pas pu s’insérer durablement dans leurs communautés à cause du gaspillage des moyens mis à leur disposition. Les projets réalisés en leur faveur (briqueterie, menuiserie, atelier de couture, poste à souder, pêcherie artisanale, boucherie, etc.) n’ont pas profité durablement à la majorité, pour principalement la raison de la mauvaise gestion des bénéficiaires. Il a été constaté que beaucoup d’ex. combattants démobilisés ont vendu leurs kits à un prix dérisoire. D’autres n’ont pas su mettre à profit leurs matériels et outils de travail. D’autres encore ont vite gaspillé tout ce qui leur avait été donné pour le petit commerce, l’élevage, l’agriculture. Les communautés du Territoire de Mahagi ont émis le souhait qu’avant leur réinsertion, les ex. combattants devraient d’abord être sérieusement formés, et qu’il y ait un suivi des projets initiés en leur faveur. En ce qui concerne les projets de réinsertion identifiés, les communautés ont déploré le gaspillage des kits de réinsertion par les démobilisés en plaidant en faveur des projets communautaires intégrateurs qui profitent non seulement aux ex=combattants démobilisés mais aussi aux autres membres des communautés suivant un modèle participatif de gestion et de suivi. Dans cette logique de réinsertion communautaire, les communautés de Mahagi ont identifié les projets intégrateurs suivants : o l’engagement des ex. combattants pour l’entretien des routes, la construction des bâtiments publics, et autres travaux publics ; o la pêcherie (pour ceux des localités proches du lac Albert) ; o la scierie (pour ceux des régions forestières notamment Katanga, Djalasiga, Rona, etc.) ; o la briqueterie; o le moulin. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 29 ___________________________________________________________________________ b. En Territoire d’Irumu Les projets suivants de réinsertion communautaire22 avaient été identifiés : o le projet de fabrication des briques cuites à Bunia et à Kunda ; o le projet de taxi-moto et de station - service de vente de carburant et d’hydrocarbures à Bunia et à Kasenyi ; o le projet d’élevage de porc, des caprins à Nyankunde ; o la pêche artisanale sur le lac Albert à Kasenyi ; o la fabrication artisanale de savon ; o l’élevage des vaches à Shari ; o le petit commerce, l’agriculture, l’élevage, la formation pour la menuiserie, la coupe et couture23. Ainsi, les points forts de programme de réinsertion observés en territoire d’Irumu ont été notamment : les activités intenses de petit commerce, le transport public à moto taxi, la promotion d’élevage de gros et petit bétail, la diminution très sensible des cas de vols à mains armées. Tandis que les points faibles signalés ont été de quatre ordres, à savoir : o le retour de certains ex. combattants dans la brousse pour rejoindre certains chefs des groupes armés suite à la non satisfaction du programme DDR ; o le manque de suivi du programme DDR dans les communautés ; o le manque de transparence dans la gestion des fonds reçus par les agences d’exécution. c. En Territoire de Djugu En Territoire de Djugu, les données fournies dans les communautés indiquent que les programmes de réinsertion n’ont pas eu un impact suffisant sur les démobilisés, et moins encore sur les communautés locales. En effet, le ratio de réinsertion des ex. combattants est très faible en dépit de l‘exécution de quelques projets : o A Kilo, l’équipe de 58 des 60 démobilisés accompagnés par SECA se sont impliqués dans l’exercice du petit commerce ;. o A Datule, d’autres ex-combattants démobilisés accompagnés par la même structure se sont totalement investis dans l’agriculture. Au stade actuel de l’exécution de ces projets, il est difficile d’estimer qu’ils pourront aboutir à une réinsertion durable de ces ex-combattants démobilisés. 5.4. Etat des lieux de la réinsertion des ex-combattants de la phase 3 Par rapport au volet de la réinsertion, le PNUD Comrec a publié un état des lieux en date du 31 décembre 2007 en rapport avec les activités choisies par les démobilisés de la phase 3 du DDR. Le tableau ci-dessous, arrêté à cette date fournit quelques indications pour les trois territoires les plus concernés par la phase 3 : 22 23 Projets initiés pour la plupart par PNUD, et dans une faible proportion, par SECA. Uniquement par SECA ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 30 ___________________________________________________________________________ Tableau des activités choisies par les démobilisés à la date du 31/12/200724 Djugu Irumu Mahagi Territoire Secteur Agriculture, Elevage et Pêche Activités génératrices de revenus (AGR) Sous -Total Agriculture, Elevage et Pêche Activités génératrices de revenus (AGR) Sous Total Agriculture, Elevage et Pêche Activités génératrices de revenus (AGR) Sous - Total TOTAL GENERAL Nbre Ex-C 430 166 596 652 401 1053 01 06 07 165725 Commentaires : Ce tableau donne l’image des activités choisies par les ex-combattants démobilisés de la phase 3 parmi les deux secteurs, la composante agriculture, pêche et élevage occupe actuellement 1084 ex combattants, soit 65,4% contre 573 ex combattants, soit 34,6% à la composante AGR. Bien que le rapport présenté par le PNUD Comrec fin décembre 2007 donne des détails sur les différents projets de réinsertion en cours conformément aux activités choisies par es bénéficiaires, ces derniers sont loin d’être satisfaits sur l’exécution desdits projets qui restent totalement déconnectés des communautés. 5.5. Etude de cas de l’itinéraire de réinsertion des ex-combattants démobilisés Pour cerner la problématique de la réinsertion des ex-combattants en Ituri, et comprendre les éléments qui sous-tendent le quasi –échec de cette composante du DDR, IKVPC et RHA ont mené fin mai - début juin 2008, une mini recherche a été menée auprès d’une centaine d’excombattants pour retracer l’itinéraire de réinsertion et apprécier les forces et les faiblesses de la réinsertion en Ituri. a. Echantillon d’enquête sur l’itinéraire de réinsertion L’enquête a porté sur un échantillon de 77 ex-combattants répartis par territoire, groupes armés de provenance et phase de démobilisation comme suit : 24 PNUD Comrec/Ituri, Rapport d’avancement de la réinsertion des ex-combattants démobilisés – phase 3, décembre 2007.. Parmi les bénéficiaires de la réinsertion, il y aussi un ex-combattant de Lubero qui a choisi une AGR. E nombre des ex-combattants démobilisés en réinsertion es de 1658 25 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 31 ___________________________________________________________________________ Répartition de l’échantillon par territoire N° TERRITOIRES NBRE % 01. ARU 05 6,5 02. DJUGU 27 35 03. IRUMU 30 39 04. MAHAGI 05 MAMBASA - TOTAL 15 19,5 77 100 Répartition de l’échantillon par phase et groupe armé N° GROUPE ARME 01 UPC 02 FRPI 03 FAPC 04 PUSIC 05 FNI 06 APC 07 FAZ 08 MLC 09 RCD/GOMA TOTAUX PHASE 1 12 0 4 9 17 8 2 2 0 54 PHASE 2 8 0 0 0 6 0 2 1 1 18 PHASE 3 1 2 1 0 1 0 0 0 0 4 TOTAUX 21 2 5 9 24 8 4 3 1 77 Au regard de cette répartition, l’enquête a pu retracer l’itinéraire de réinsertion de plus de 70 ex-combattants appartenant à 09 groupes armés et concernés par toutes les phases du DDR avec en tête la phase initiale du PODRC. Cet échantillon est non seulement représentatif des groupes armés ayant opéré en Ituri mais aussi de toutes les phases du processus DDR. Le tableau indique que le nombre des ex-combattants démobilisés lors de la 3ème phase du DDR est très faible par rapport à l’ensemble de l’échantillon. Tableau des sites de transit ayant accueilli les ex-combattants de l’échantillon En vue de mesurer, par la suite, les bénéficiaires des avantages sociaux et pécuniaires liés à la réinsertion, l’étude a cherché à retracer les sites de transit des ex-combattants touchés par l’enquête. A la lecture du tableau ci-dessous, on remarque que présentement en Ituri, bien que la majorité des ex-combattants faisant l’objet de la réinsertion proviennent de l’Ituri (90%), une infime proportion (10%) vient d’autres régions du pays : Mangango (Isiro), Goma, Lubumbashi, Kamina, Ruvunge. SITES NI ZI KASENYI BUNIA KPANDROMA DE LE M ANGANGO GOMA LUBUMBASHI UPC 6 3 9 0 2 0 0 0 FRPI 0 0 2 0 0 0 0 0 FAPC 1 0 0 1 0 0 0 0 PUSIC 4 1 4 0 0 0 0 0 F NI 3 0 12 9 0 0 0 0 APC 0 0 0 1 0 5 1 1 FAZ 0 0 0 0 0 1 0 0 M LC 0 0 0 0 0 1 0 0 RCD /G 0 0 0 0 0 0 0 0 TOTAUX 14 4 27 11 2 7 1 1 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 32 ___________________________________________________________________________ KAMINA NYALEKE M AGAMBE RUVUNGE ARU INDETERMINE TOTAUX 0 0 0 0 0 1 21 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 3 0 5 0 0 0 0 0 0 9 0 0 0 0 0 0 24 0 0 0 0 0 0 8 2 0 0 0 0 1 4 0 1 1 0 0 0 1 0 0 1 0 0 3 2 1 1 1 3 2 77 b. Problématique du kit d’entrée, de sortie et du filet de sécurité L’octroi du kit d’entrée, du kit de sortie et d’un filet de sécurité au profit des ex-combattants démobilisés a constitué l’élément attrayant de la composante de réinsertion. Cependant, les données récoltées sur terrain démontrent que non seulement cette composante a été difficile à gérer mais aussi a provoqué des frustrations parmi les ex-combattants. Le manque de standardisation du dispositif d’entrée et de sortie dans les sites de transit a découragé certains combattants qui considèrent que le DDR a été une vaste opération au profit des gestionnaires du processus. D’une phase à une autre, le kit d’entrée, le kit de sortie et le filet de sécurité ont été différents selon le lieu et la période. Selon les données reprises dans le tableau ci-dessous, on peut déduire qu’entre 70 et 80% des ex-combattants n’ont pas abouti à la fin du processus. Tableau d’octroi kit d’entrée, kit de sortie et flet de sécurité aux ex-combattants NB BENEFICIAIRES UPC KIT D’ENTREE KIT DE SORTIE FILET DE SEC. NON 12 18 19 2 FRPI 2 2 2 0 FAPC PUSIC 5 5 5 0 6 9 9 0 F NI 22 24 24 0 APC 8 8 7 0 FAZ 2 2 3 0 M LC 3 2 3 0 RCD /G 1 1 1 0 BENEFICIAIRES S’agissant des kits d’entrée, des kits de sortie et du filet de sécurité, la situation récoltée sur terrain présente une configuration variée et différente selon la phase du processus. On ne peut pas avec exactitude déterminer les constituants même entre les ex-combattants de la même phase sortis de deux sites différents, moins encore entre les ex-combattants ayant fait l’objet de deux phases différentes. L’élément qui semble ressortir avec beaucoup de fréquence est que plusieurs excombattants de la première phase et de la deuxième phase du DDR n’ont pas connu une réinsertion après leur démobilisation. Il y a une forte proportion qui attend encore d’être réinsérée et de bénéficier des avantages de la réinsertion. Cependant, les ex-combattants de la troisième phase ont bénéficié, non seulement des kits d’entrée et de sortie mais d’un filet de sécurité suivi de la réalisation du projet de réinsertion souhaité. La réalisation de projet individuel de réinsertion, si cela a été le cas, n’a eu un effet durable ni sur l’ex-combattant, ni sur sa communauté. La problématique de la réinsertion durable demeure encore une préoccupation de tous les ex-combattants qui, de toute évidence, espèrent toujours une générosité de la part de l’Etat et de ses partenaires de financement pour leur prise en charge durable. Quelques indications obtenues auprès des gestionnaires du processus DDR en Ituri lors des interviews réalisées mi-juin 2008 permettent de tirer quelques leçons suivantes : ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 33 ___________________________________________________________________________ o Les ex-combattants de la phase 1 du PODRC n’ont pas fait l’objet d’une réinsertion immédiate après leur retour dans leur milieu d’accueil ; cette situation a favorisé la déperdition d’un certain nombre parmi eux qui ont rejoint les groupes armés encore actifs dans la région. o Les ex combattants de la phase 2 ont faiblement été réinsérés ; un reliquat important de ces derniers attend encore la réalisation des promesses de réinsertion ; o Les ex-combattants de la phase 3 sont considérés comme les plus favorisés du processus car ils on bénéficié non seulement des kits de sortie, d’entrée et du filet de sécurité mais aussi des projets individuels de réinsertion. o Les mécanismes de réinsertion qui on été mis en place, toutes phases, n’ont pas tenu compte des besoins des communautés de réinsertion des ex-combattants alors que toutes les communautés affectées par les conflits présentent une vulnérabilité socioéconomique plus spécifique dans un contexte généralisé de pauvreté et de détérioration du cadre macroéconomique en RDC. o Les projets de réinsertion des ex-combattants n’ont pas pu se connecter aux instruments stratégiques nationaux de développement comme le DSCRP, le PAP du Gouvernement etc. c. Problématique de l’adéquation formation suivie et occupation actuelle des ex - combattants La formation des ex-combattants pour l’apprentissage des métiers de leur choix a été organisée dans le cadre des différents projets de réinsertion. L’objectif visé par cette formation était d’offrir à l’ex-combattant démobilisé une alternative professionnelle au métier de armes. Le choix des filières de formation par les ex-combattants était dicté par les opportunités des métiers choisis dans les milieux de vie des ex-combattants. Les données recueillies auprès des ex-combattants permettent de comprendre que le choix de la formation n’était pas précédé par une analyse d’opportunité et une étude du milieu de réinsertion choisi. En plus du paquet de formation comprenant les aspects du réarmement moral de l’ex-combattant démobilisé (éducation civique), les formations offertes étaient variées comme le démontre le tableau de synthèse réalisé auprès de l’échantillon d’enquête. Tableau des filières de formation suivies par les ex-combattants démobilisés ACTIVITES ELEVAGE AGRICULTURE PECHE COIFFURE BRIQUETERIE TAXI MOTO MECANIQUE ETUDES COMMERCE TOTAUX UPC FRPI FAPC PUSIC FNI APC FAZ M LC RCD /G TOTAUX 4 3 1 1 2 3 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 0 1 0 3 0 1 1 1 0 0 2 1 0 2 0 0 0 0 4 4 2 3 4 0 0 0 0 0 1 1 3 0 0 0 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 15 12 2 1 3 10 9 3 6 21 1 2 0 5 3 9 12 24 0 8 0 4 0 3 0 1 22 77 Selon les données reprises dans ce tableau, la formation la plus sollicitée par les excombattants était le commerce, suivie de l’élevage, de l’agriculture, de taxi moto et de la mécanique. La question soulevée par ce tableau est le caractère de durabilité de certaines formations choisies, notamment le commerce et le taxi - moto. L’impression qui en ressort, tenant compte également de la durée de la formation, est que la préparation des excombattants démobilisés à la réinsertion par la formation professionnelle a été bâclée et ne s’est pas inscrite dans une perspective de durabilité. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 34 ___________________________________________________________________________ Cela s’observe dans l’analyse de l’adéquation entre la formation suivie et l’occupation actuelle des ex-combattants démobilisés telle que présentée dans le tableau ci-dessous. L’analyse de ces activités a montré que les démobilisés ont choisi en majorité les activités pour lesquelles, ils peuvent avoir des kits qu’ils peuvent vendre facilement et gagner de l’argent destiné à d’autres besoins généralement pas durables. Tableau d’analyse de l’adéquation formation/emploi des ex-combattants démobilisés FILIERES ELEVAGE AGRICULTURE PECHE COIFFURE BRIQUETERIE TAXI MOTO MECANIQUE ETUDES COMMERCE % NB DEMOBILISES NB DEMOBILISES EXERÇANT NB DEMOBILISES AYANT CHOISI FORMES DANS LA FILIERE DE FORM ATON AUTRE METIER QUE CELUI DE LA FORM ATION REÇUE 6 7 0 1 0 4 5 1 11 35 45 ,5 8 4 2 0 2 6 5 1 14 42 54,5 14 11 2 1 2 10 10 2 25 77 100 Comme cela ressort globalement de ce tableau, on constate que la majorité des excombattants démobilisés (55%) de l’échantillon de l’enquête n’exercent pas des métiers correspondant aux filières de formation suivies. Ce taux de déperdition est très significatif du caractère formaliste du processus de réinsertion qui n’a pas été construit et pensé avec les bénéficiaires. Les informations récoltées sur terrain en rapport avec cette situation expliquent cette déperdition par le fait non seulement de l’inadéquation de certaines formatons choisies au contexte du milieu mais aussi par le fait que les projets individuels de réinsertion soumis par les ex-combattants conformes à leur formation n’ont encore reçu aucun appui de la part des agences chargées de cette composante. Les frustrations sont énormes auprès des excombattants qui estiment qu’ils ont été simplement trompés. La déperdition constatée peut être attribuée également, selon les données récoltées, au manque d’un système de suivi des ex-combattants des agences d’exécution chargées de la réinsertion. Cela est dû aussi par l’absence des relais de suivi - accompagnement au niveau des administrations locales ou à celui des structures associatives locales. d. Niveau de satisfaction des ex-combattants démobilisés, attitudes des communautés d’accueil et problèmes rencontrés à la réinsertion D’une manière générale, plus de 80% des ex-combattants démobilisés rencontrés lors de l’enquête sont déçus de la composante « réinsertion » du DDR à cause d’une part des promesses non tenues par les autorités, la majorité attendant jusqu’à ce jour leur kit de réinsertion, et d’autre part de l’absence des perspectives plus durables pour leur réintégration dans les communautés. Il est nécessaire de souligner également que quelques semaines après leur retour dans leurs milieux, les ex-combattants démobilisés sont confrontés à des difficultés qui les rendent de plus en plus vulnérables dans la société. Certains vivent comme des misérables après avoir vendu tout ce qu’ils ont reçu. Plusieurs autres aspects peuvent être retenus à charge du processus mal réussi de la réintégration/réinsertion à savoir : o la faible participation des communautés à l’implémentation des projets; o le prolongement injustifié du séjour des démobilisés dans les sites de transit ; ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 35 ___________________________________________________________________________ o l’éloignement des sites de transit décourageant ainsi certains combattants par crainte de traverser des localités qui leur étaient hostiles auparavant ; o le manque de transparence de certaines agences d’exécution dans la gestion et l’octroi du ‘filet de sécurité’ prévue aux ex. combattants: communication déficiente avec ces derniers; o le non-respect des échéances fixées pour le payement du filet de sécurité ; o le non respect des engagements en ce qui concerne le financement des projets de réinsertion ; o l’éloignement des points de remise du filet de sécurité exposant les démobilisés à des dépenses inutiles; o les tracasseries de la part des certains éléments FARDC et de la PNC, notamment à travers des extorsions et tortures ; o le manque de flexibilité dans l’exécution des projets et une faible capacité des gestionnaires du processus de prendre en compte les avis d’autres acteurs. Au regard de tout ce qui précède, on constate que le processus de réintégration et de réinsertion des ex-combattants dans les communautés a été difficile, problématique et généralement pas durable. La réinsertion apparaît donc comme un processus faible, inachevé et mal assumé par les différentes phases du programme DDR en Ituri. Les résultats poursuivis n’ont été que très partiellement atteints. Dans la région, la non réalisation de certaines promesses de réinsertion, l’inadéquation des formations professionnelles et les tracasseries connues par certains miliciens démobilisés ont favorisé la déperdition de plus de plusieurs miliciens qui ont rejoint les groupes armés restés actifs dans la région. Le fait que le re-enrôlement a eu lieu en petit nombre n’est pas d à la réussite de la réinsertion des ex combattants mais a comme cause le fait que la majorité des groupes armés se sont transformés en partis politiques. Il est donc à considérer que c’et le contexte sécuritaire qui a permis d’éviter une reprise des armes par les ex combattants plus tôt que leur réinsertion. La composante d’accompagnement psychosocial des démobilisés a fait défaut et les mécanismes de réinsertion communautaire n’ont pas été prévus. Etant donné que la plupart des ex. combattants ont gaspillé les biens leur octroyés, il est évident qu’ils n’ont pas été durablement insérés dans la communauté. Ils sont ainsi devenus dangereux pour la communauté, car certains parmi eux s’adonnent à la consommation du chanvre et sont prêts à s’associer aux actes de banditisme armé et de violence. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 36 ___________________________________________________________________________ TITRE 6 : PROLIFERATION DES ARMES LEGERES ET DE PETIT CALIBRE DANS LES COMMUNAUTES EN ITURI : UNE HYPOTHEQUE DE LA PAIX IKV Pax – Christi/Pays-Bas et ses partenaires du district de l’Ituri regroupés au sein du Réseau Haki na Amani ont mené à partir de fin 2002, une série de recherches - actions participatives sur la problématique de la prolifération et du commerce illicite des armes légères et de petit calibre pour tenter de comprendre les facteurs qui motivent la cristallisation de la violence armée, la persistance des groupes armés et la recrudescence des effets de scission au sein de ces groupes. Bien plus, le caractère communautaire des conflits qui ont émaillé la région de l’Ituri ces dix dernières années préjugent d’un rôle important des différentes communautés dans la prolifération des armes légères et de petit calibre en leur sein. En 2OO2, au cœur des conflits, l’étude sur la prolifération et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre au Nord -, Est de la RDC a confirmé l’existence de plusieurs sources d’approvisionnement de la région de l’Ituri en armes légères et de petit calibre dont la plupart proviendraient de l’ex URSS, des USA et de la RSA via l’Ouganda, le Rwanda et le Sud Soudan. A cette époque, il était difficile de déterminer le nombre d’armes légères et de petit calibre en détention dans les groupes armés et dans les communautés. Dans les conditions de l’époque, l’on avait estimé qu’en Ituri, chaque adulte était potentiellement détenteur d’une arme. Cette situation était accentuée par les facteurs suivants : o la présence des forces armées étrangères dans la région ; o la conquête des ressources naturelles de la région ; o la présence des milices ethniques ; o le flux de déplacement des populations ainsi que la problématique des réfugiés; o la faible capacité de l’Etat d’assurer et de garantir la protection des hommes et de leurs biens. L’étude avait indiqué les zones de concentration des armes notamment dans les grands centres (Bunia, Kasenyi, Bavi, Aveba), dans les villages qui ont un accès aux postes douaniers frontaliers (Pono, Sisi,..), dans les marchés et centres de négoces (comme à Kundikoka, Bazwe, Ariwara) et dans les sites d’exploitation des ressources naturelles (Nioka, Dhera, Mongbwalu, Nzani, …). Les modes d’approvisionnement identifiées sont aussi opaques que difficiles à maîtriser. On considère que les approvisionnements s’opéraient via ‘les routes de la souris’. Entre février et juin 2006, une seconde étude a été menée sur la sécurité communautaire, la réconciliation et les armes légères en Ituri26. Cette seconde étude qui a été menée en pleine période de transition politique (fruit de l’Accord de Sun City) s’était proposée d’analyser la problématique de la sécurité communautaire, de la réconciliation et des armes légères au moment où plusieurs actions notamment celles de restauration de l’intégrité territoriale, de DDR, de formation d’une armée nationale étaient en cours. Comme dans la précédente étude, la question de la présence et de la circulation des armes légères et de petit calibre dans les communautés et au sein des groupes armés encore actifs dans la région est demeurée préoccupante. L’étude, tout en confirmant certaines données de la précédente, est particulièrement revenue sur plusieurs facteurs clés à la base de cette situation : o l’existence des groupes armés et milices dans les territoires de l’Ituri ; o la porosité des frontières de la République Démocratique du Congo en Ituri ; 26 Etude conjointe IKV-PC et RHA, février – juin 2006. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 37 ___________________________________________________________________________ o l’acquisition des armes et le ravitaillement des groupes armés en ALPC par les postes douaniers, les routes, les voies lacustres et aériennes à partir des pays voisins et contrées voisines (comme le Nord Kivu) grâce à la complicité des trafiquants en général non identifiés ; o la commercialisation des ALPC au moyen de troc (vaches, or,…), en espèce (prix : 30 à 200$ selon le milieu); Au terme de cette étude, il s’est dégagé, malgré les actions de la MONUC, celles de la Mission ARTEMIS ainsi que le déploiement des FARDC dans la région, que le nombre d’armes légères et de petit calibre estimées dans les communautés en Ituri oscillaient entre 50.000 et 60.000 selon la répartition suivante : Djugu (57%), Irumu (34%), Mahagi (17%), Aru (13%). Ces armes comprennent les armes personnelles, les armes collectives, y compris quelques mines antipersonnelles et antichars. Entre Août et septembre 2007, une troisième étude a été initiée sur le DDR, la sécurité communautaire et la réconciliation en Ituri au moment où la phase 3 du DDR était en cours. Cette étude conjointe IKV - Pax Christi et Réseau Haki na Amani a cherché à cerner les nouveaux besoins des communautés en DDR au regard des plaintes et des mécontentements des bénéficiaires et des communautés malgré l’exécution des trois phases de ce processus. L’étude a permis de constater la persistance de quelques poches de résistance de miliciens regroupés autour de trois principaux groupes : MRC, FNI et FRPI. Ainsi, en rapport avec la problématique des armes, les données récoltées ont indiqué que : o les armes détenues dans les communautés sont plus nombreuses que celles détenues par les miliciens, ce qui nécessite l’extension de l’action DDR/DRC auprès des communautés ; o les femmes et les enfants ont subi de manière dramatique les conséquences des conflits et de la prolifération des ALPC en Ituri ; o les communautés restent un milieu d’approvisionnement en armes pour les miliciens et certains démobilisés ; o la problématique des caches d’armes dans les communautés n’a jamais été prise en compte dans les stratégies de lutte contre la détention illégale des armes. L’étude a en outre démontré : o la corrélation existant entre la circulation des ALPC et le contrôle des ressources, naturelles, première raison de la conquête des espaces par les groupes armés de l’Ituri ; o l’existence de nombreuses expériences de sécurité communautaire à travers les différents territoires du district de l’Ituri (ILP, ILSC, Comité d’autodéfense, …) Techniques de caches d’armes dans les communautés Les données récoltées lors de l’enquête récente menée sur terrain indiquent que la présence des armes dans les communautés est liées aux techniques de caches qui y sont développées. Les techniques de caches d’armes légères dans la région de l’Ituri sont nombreuses et conçues suivant les lieux, les facteurs de menaces supposés ou pressentis ainsi les besoins des usagers. On a noté que pour de raisons opportunes d’opérations régulières (vols, tracasseries…), l’arme est dissimulée plus proche de la résidence. Par contre, si l’arme est plutôt cachée en perspective d’une éventuelle autodéfense27, elle est souvent disposée loin 27 De nombreux paysans et témoins respectivement des territoires administratifs de Djugu et d’Irumu estiment que certaines communautés demeurent toujours dans la logique de la reprise des hostilités contre des communautés voisines pour de raisons non dites en ce jour. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 38 ___________________________________________________________________________ de l’habitation et en des lieux où l’on accède irrégulièrement. Dans les régions de formation des milices, les armes sont gardées soit dans une case, une grotte aménagée, ou dans les gorges stratégiques des montagnes. Dans les régions forestières, de grands espaces sont aménagés dans les troncs d’arbres. Ces espaces, libres, servent de caches d’armes et de munitions. Les enquêtes menées dans les quatre territoires du district de l’Ituri ont permis d’identifier les lieux et les techniques suivantes de cache d’armes : o une ruche d’abeilles (surtout en Territoire d’Aru) ; o un tronc d’arbre sec; o les parois du mur d’une case 28; o une arme attachée à la corde à même le pilier central de la case couverte de chaume ; o un trou aménagé à la position centrale de la salle de séjour d’une habitation, ladite position étant protégée par une petite table de salon ; o un trou aménagé à l’endroit où est posé le pot d’argile d’eau à boire ; o un sillon de 150 cm de profondeur aménagé au seuil de la porte. Parfois, ce dispositif est aménagé à l’entrée intérieure immédiate de la maison ; o une arme dissimulée dans les marécages ou plongée dans la rivière. Cette arme est maintenue et soutenue par un fil d’acier ; o une arme dissimulée dans les branches touffues d’avocatier ou dans les bananeraies ; o dans une région frontalière, le champ cultivé sur la ligne sert de l’aire privilégiée aussi bien pour la cache que le trafic d’armes. A titre d’exemple, le 20 août 2007 à Sota, dans l’axe Irumu, l’équipe des enquêteurs a assisté au déterrement d’une arme de type lance-roquette enfouie prudemment dans une cache souterraine par un groupe de jeunes gens constitués en coupeurs de route. L’arme cachée était emballée dans un sachet en plastic, enfouie dans une profondeur de 1 mètre et couverte respectivement de sachet de protection contre le ruissellement d’eau de pluie, et le tout recouvert ensuite de la terre retournée et mélangée de bouses de vache Attitudes des communautés au sujet de la détention des ALPC Lors de l’enquête, on a remarqué que les attitudes des membres des communautés vis-à-vis de la détention des ALPC différent d’un milieu à l’autre. o Certains membres désapprouvent la présence des armes dans les espaces communautaires, cependant craignent de dénoncer de peur de représailles éventuelles dont ils seraient victimes29. o D’autres membres estiment qu’il n’est pas opportun en ce moment de retourner les armes en raison de la fragilité de la sécurité dans la région. o En territoires de Mahagi et d’Aru, les populations redoutent la présence des armes dans les communautés et plaident pour une campagne de désarmement communautaire pour qu’une paix véritable puisse restaurer la confiance entre les membres de la communauté. Circulation des armes légères et problématique des poches de résistance Au cours de la récolte des données sur terrain, il a été possible d’identifier les circuits de circulation/détentions des armes en lien avec les proches de résistance des groupes armés et les différentes caches d’armes. Les données ci - dessus fournissent quelques indications dans les axes d’enquête. 28 Ici, l’arme est placée dans le mur recouvert de part et d’autre des roseaux et du mortier fait à la terre. La population de Nyankunde et Ngongo ont exprimé cette crainte ouvertement en signifiant qu’elle est victime de menaces des partisans de FNI et FRPI 29 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 39 ___________________________________________________________________________ Territoire de Mahagi Des miliciens non encore intégrés ont été repérés en pleine forêt de Gudjo, Lalu et Lanu, et font la loi dans le marché de Kamatso du Groupement Dzeba en Collectivité des W alendu Watsi. Leur nombre reste inconnu. La raison signifiée de leur présence serait qu’ils assurent la garde des champs du colonel Peter Karim jusqu’à la récolte des haricots avant de rejoindre le camp de démobilisation de Kpandroma30. Territoire d’Irumu Dans l’ensemble du Territoire d’Irumu, les poches de résistance ont été identifiées principalement dans deux collectivités voisines. De toutes les poches de résistance, celle de Tchei est identifiée comme la plus importante en hommes (combattants)31. Ces poches de résistance sont constituées des factions résiduelles des FRPI qui refusent de joindre le processus DDR et vivent comme coupeurs de routes et de pillards. La présence de poches de résistance identifiée dans le Territoire d’Irumu serait due aux raisons suivantes révélées par les enquêtés : o la crainte de représailles des communautés locales ; o la non réalisation des promesses (projets de réinsertion) faites précédemment aux ex. combattants par le programme DDR ; o la non réalisation des promesses faites aux groupes armés de l’Ituri par le Gouvernement, notamment l’intégration au sein de l’armée nationale (FARDC), la promotion en grade… ; o l’agenda caché de certains chefs de file des groupes armés dont le FRPI ; o l’arrestation de KAKADO32 par les FARDC. En ce qui concerne les caches d’armes, les enquêtes ont bien révélé qu’il y en aurait encore dont les localisations sont tenues secrètes par les membres des communautés pour des raisons stratégiques. Le tableau ci-dessous permet d’identifier les villages et localités concernés par la problématique des groupes résiduels. N° 1. 2. Collectivité Walendu Bindi Andisoma Groupement Boloma Localité Aveba Bukiringi Bukiringi Centre Ka g a b a Songolo Mulangi Nyankunde Radu Baviba Bamoko Loy Banigaga Poches de résistance Avalu, Kamachi, Mbise, Mukato, Nyau, Tarama, Mohoyo, Tchei Mataratara, Kpouma, Chaki, Mabili, Kamachi Tchei Singo, Songokoi, Tradadi, Mukatu Nyau, Mbaba, Tchei Ngida, Mbopo I & II, Bunga, Dumba, 33 Hemba Territoire d’Aru Au moment de l’enquête, aucune poche de résistance des éléments armés n’existait de façon formelle en Territoire d’Aru. Néanmoins, il avait été constaté un campement des troupes soudanaises, notamment dans la Collectivité des Kakwa, au nord de la localité de Gbula à la frontière congolo-soudanaise. L’équipe d’enquête n’a pas eu accès aux données précises sur le profil et les ambitions de ces troupes étrangères. 30 Informations données respectivement par MATESO Ukwong’o, 34 ans, président de CADEMA/Nioka et viceprésident de la Société civile de Nioka, et CHENG’THO Hilaire, 71 ans, vieux sage résident au Centre de Nioka. De vingt sites visités, cinq ont cité la poche de résistance de Tchei 32 Chef militaire de FRPI 33 La localité de Hemba est ordinairement nommé ‘Codeza’. 31 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 40 ___________________________________________________________________________ Territoire de Djugu Lors de la récolte des données, il a été rapporté la présence des poches résiduelles armées dans certaines localités du Territoire de Djugu, notamment à Anu en Groupement Penyi (Collectivité des W alendu Tatsi), et à Dhendo-Petro en Groupement Dhendo (Collectivité des Walendu Pitsi)34. En outre, les témoignages recueillis à Bule en Groupement Ngle (Collectivité des Bahema Badjere) auprès du Président territorial des démobilisés de Djugu confirment la circulation des ALPC. Un jeune homme rencontré à Tchomia en Groupement Tchomia (Collectivité des Bahema Banywagi) a déclaré détenir encore une arme personnelle. Pour lui, il considère qu’il ne pourra remettre ladite arme car il n’est pas éligible dans l’actuelle phase de DDR. Cette affirmation semble inopportune dans la mesure où des campagnes de sensibilisation ont été menées pour demander à tous les ex-combattants de remettre les armes qu’ils détiennent. Même actuellement, les postes des FARDC, de la PNC et de la MONUC sont chargées de récolter les armes qui sont encore en circulation dans les communautés. En ce qui concerne les poches de résistance, les localités suivantes ont été citées : Libi en Collectivité des W alendu Pitsi et rassemblant au moins 200 combattants de Peter Karim cependant en défection du FNI, ainsi que Muganga, Musekere et Ndji dans la même Collectivité. Dans ces trois dernières localités, le mouvement des détenteurs d’armes ne paraît pas structuré par rapport au groupe de Libi. Les données présentées ci – dessus dans cette partie de l’étude montrent qu’au sein des communautés en Ituri, les armes légères et de petit calibre circulent et sont détenues par les populations qui ne sont pas rassurées de leur sécurité et qui, pour certains, pensent que les conflits ne sont pas totalement éteints. L’entretien des caches d’armes au sein des communautés ainsi que la persistance des poches de résistance des groupes armés accroissent la vulnérabilité communautaire dans un contexte de méfiance entre les groupes ethniques hier en conflit. Le fait qu’au cours de toutes les phases du DDR, la question du désarmement communautaire n’ait pas été prise en compte démontre qu’il s’agit là d’un chantier inachevé qui peut précariser la réconciliation pour une paix durable. 34 Témoignages obtenus des chefs coutumiers des régions concernées. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 41 ___________________________________________________________________________ CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS Le processus de réintégration et de réinsertion dans les communautés des ex-combattants a été difficile et on constate que les résultats attendus n’ont été atteints que partiellement. En effet, la réinsertion a consisté en des programmes ou des mesures d’assistance destinées aux anciens combattants ainsi qu’à leurs familles et visant à favoriser leur réinsertion socioéconomique. Il s’agissait d’une aide financière directe, de compensations en nature ou encore de programmes de formation professionnelle et d’activités génératrices des revenus (AGR). . Comme cela se confirme à travers l’étude, la réinsertion des ex-combattants dans la vie civile a effectivement constitué un lourd défi pour la CONADER et les partenaires d’exécution, compte tenu des différentes inadéquations qui ont été analysées. Si les alternatives à la vie militaire ne rencontraient pas les préoccupations ou les intérêts des excombattants, ceux-ci pouvaient réintégrer les mouvements armés. Le défi était très important parce que les attentes des combattants étaient parfois démesurées et difficilement réalisables. Dans la plupart de cas, les ex-combattants ne disposaient pas de projets réels et acceptables. Dans la région, la non réalisation de certaines promesses de réinsertion, l’inadéquation des formations professionnelles et les tracasseries connues par certains miliciens démobilisés auraient favorisé la déperdition de plus de plusieurs miliciens qui ont rejoint les groupes armés restés actifs dans la région. La composante d’accompagnement psychosocial des démobilisés a fait défaut et les mécanismes de réinsertion communautaire n’ont pas été prévus. L’exécution du DDR en Ituri permet d’apprendre plusieurs leçons et de relever plusieurs problématiques qui n’ont pas pu trouver des réponses adéquates : o la faible participation des communautés à l’implémentation des projets; o le prolongement injustifié du séjour des démobilisés dans les sites de transit ; o l’éloignement des sites de transit décourageant ainsi certains combattants par crainte de traverser des localités qui leur étaient hostiles auparavant ; o le manque de transparence de certaines agences d’exécution dans la gestion et l’octroi du ‘filet de sécurité’ prévue aux ex. combattants: communication déficiente avec ces derniers; o le non-respect des échéances fixées pour le payement du filet de sécurité ; o le non respect des engagements en ce qui concerne le financement des projets de réinsertion ; o l’éloignement des points de remise du filet de sécurité exposant les démobilisés à des dépenses inutiles; o les tracasseries de la part des certains éléments FARDC et de la PNC, notamment à travers des extorsions et tortures ; o le manque de flexibilité dans l’exécution des projets et une faible capacité des gestionnaires du processus de prendre en compte les avis d’autres acteurs. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 42 ___________________________________________________________________________ Points généraux d’amélioration sur les expériences en DDR Sur base des expériences antérieures de DDR, les principaux aspects à améliorer sont les suivants : • Rapidité d’agir durant un momentum politico-militaire. Les activités d’intégration des excombattants doivent avoir lieu immédiatement après la phase de démobilisation. A tout prix, il doit être évité que les actions d’intégration aient lieu par exemple une ou deux années après la démobilisation des ex-combattants concernés. • Les programmes de réinsertion doivent être conçus ensemble avec la population locale afin d’assurer une collaboration massive et constructive de la part de la population et afin d’assurer une meilleure réception des ex combattants dans leurs communautés. • Afin d’assurer une forte base auprès de la population pour un programme DDR, il est nécessaire d’avoir un espace au sein du programme national qui s’applique partout de la même façon pour des approches provinciales en vue de tenir également comte des dynamiques et potentiels locaux. • Il est nécessaire d’encadrer le programme DDR aussi rapidement que possible dans un programme plus large de pacification avec une attention particulière d’un côté pour la réconciliation entre les communautés, la sécurité communautaire et à terme le désarmement communautaire et de l’autre côté pour la réinsertion des ex-combattants et des victimes de guerres, surtout des victimes des cas de viols. Stratégies de requalification en vue d’une réinsertion durable • Afin d’assurer une base d’acceptation pour un programme DDR auprès de la population, il est nécessaire que la population locale puisse s’exprimer. Il est important d’éviter que cette consultation soit uniquement instrumentale où les responsables du programme DDR expliquent ce que contient le programme DDR et d’assurer qu’une discussion ait lieu où les représentants de la population locale donnent leurs avis. • Une méthode très acceptée est le barza communautaire. Il s’agit des grandes rencontres où, dans ce cas, la problématique de DDR est discutée et où la contribution locale et la mobilisation des forces locales peuvent être assurées. Tout acteur et tout segment de la population participent au barza. Il s’agit alors de l’administration locale, de l’armée, de la police, des autorités coutumières, des leaders des communautés, de la société civile et des représentants de la population locale (associations féminines, ONGD et ONGDH, les associations des jeunes, etc.). Cette dernière catégorie doit constituer deux tiers à trois quarts des participants. En moyenne, il s’agit des barza autour de 500 participants. • Une autre méthode généralement reconnue est a mise en place des commissions locales pour s’assurer d’une meilleure appropriation des communautés en vue d’une durabilité. Les barza communautaire finissent par la mise en place des commissions locales à plusieurs niveaux pour le programme DDR. Ces commissions doivent donner une contribution en ce qui concerne la réconciliation entre les communautés, la sécurité dans les communautés, etc. Cela permet que le programme DDR fonctionne dans un cadre plus large de paix. Aussi, une base est construite au sein des communautés qui peut assurer une meilleure transition d’un programme DDR à un programme de développement communautaire avec une attention particulière pour la réhabilitation sociale et économique des communautés dans leur entièreté et une réhabilitation sociale et économique des victimes de guerre (notamment les femmes) et des ex-combattants. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 43 ___________________________________________________________________________ • A terme ces comités peuvent également assurer un rôle dans l’organisation de la sécurité locale. Ces commissions seront en contact avec plusieurs systèmes traditionnels de sécurité locale, notamment le nyumba kumi, et ils peuvent organiser le dispositif avec les instances de sécurité étatiques. A terme, elles peuvent aussi jouer un rôle dans la résolution des conflits fonciers qui sont déjà là en grand nombre mais qui seront encore beaucoup plus nombreux avec le retour des déplacés. Les commissions locales DDR ne doivent pas organiser elles-mêmes des activités de réintégration. Elles doivent déterminer les priorités dans un cadre juridique mis en place par l’Etat mais elles doivent mobiliser les forces locales dans l’encadrement social des ex-combattants et des victimes de guerre. Ils doivent harmoniser les actions horizontales et verticales. Pour les projets identifiés par les barza et par les commissions DDR, les ONG’s locales et internationales peuvent être mises à contribution. Mais leur intervention est alors fonction de l’acceptation de la stratégie mise en place à travers les barzas et les commissions DDR concernées. • Une telle approche devra être organisée par un ensemble des ONG locales et internationales. Concernant les ONG locales, elles devront agir ensemble en réseau afin d’assurer un équilibre ethnique, religieux, genre et âge. Seulement en réunissant suffisant d’acteurs de la société civile et avec un encadrement fort d’une ONG internationale, une légitimité sociale et une capacité d’agir rapidement et massivement peuvent être atteintes. L’organisation des barza ne peut pas devenir un succès quand une seule ONG locale l’organise puisqu’elle sera toujours perçue comme partenaire d’un ou l’autre groupe. Sécurité des communautés et désarmement communautaire Dans certains contextes, le programme de DDR s’est déroulé sans considérer suffisamment les aspects de la sécurité des communautés affectées par les groupes armés résiduels et la présence des armes entre les mains des populations civiles. Il est donc indispensable des développer des projets de sécurisation communautaire à travers l’implication des autorités coutumières, dépositaires d’enjeux dans les communautés, dans la conscientisation des groupes armés résiduels afin de mettre un terme à leurs activités. Un programme intégré de désarmement communautaire doit également être développé et accompagner les autres projets intégrateurs de réinsertion durable. Ce programme doit être avancé par un programme de réconciliation intercommunautaire, de sécurité communautaire et de la prise de confiance par la population auprès des instances étatiques, notamment les services sécuritaires. Seulement quand la relation entre l’administration et la population s’améliore, quand un minimum de confiance auprès des FARDC et de la Police existent et quand un minimum de sécurité dans les communautés est assuré, un programme de désarmement communautaire a une chance de réussite. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 44 ___________________________________________________________________________ ANNEXE 1 - SITES DE RECHERCHE a. Axe Irumu En Territoire d’Irumu, le choix des sites identifiés se justifiait par les éléments suivants : o leur histoire politico-militaire récente ; o la présence massive des ex-combattants de FRPI et de l’APC (Armée du Peuple Congolais) du RCD/K-ML; o la proximité avec des localités jadis antagonistes ; o leur ancien statut d’Etat major des groupes armés, ou leur position stratégique en vue de contrôler des entités environnantes. En ce qui concerne le déploiement opérationnel pour les enquêtes, 30 sites suivants ont fait l’objet d’enquête et de recherche dans 11 chefferies du territoire d’Irumu. Tableau n° 2 : Tableau de déploiement opérationnel des enquêteurs en Territoire d’Irumu 1. Collectivité/Chefferie Bahema d’Irumu 2. Mobala 3. Basili 4. Andisoma 5. Babelebe 6. Baboa Bokoe 7. W alese Vonkutu 8. W alendu Bindi 9. 10. 11. 12. Bahema Boga Bahema Mitego Banyali Tchabi Cité de Bunia Groupement/Localité Kabarole Badiya Sota Rwampara Marabo Balazana Ndenge Makabo Lengabo Komanda Chini ya kilima Loy Banigaga Tchei Ngombenyama Kunda Ngongo Mwanga Dele Luna Idohu Bukiringi Boloma Zadu Gety Medu Boga Semliki Tchabi Bunia Sites Kabarole, Nderembi Badiya Sota Shari Marabo Balazana Ndenge Makabo Lengabo Komanda Sedzabo Nyankunde Tchei W alu Kunda Ngongo Mwanga Dele Luna Idohu Bukiringi Boloma Zadu Gety Medu Boga, Kiabohe Burasi Tchabi Simbilyabo, Bankoko, Mudzi Pela, Saïo, Yambi Yaya, Kindia, Nyakasanza b. En Territoire de Mahagi Au territoire de Mahagi, la collecte des données a été effectuée dans presque toutes les chefferies et facilitée par le réseau des initiatives locales de sécurité communautaire dénommées « nyumba kumi. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 45 ___________________________________________________________________________ Tableau n° 3 : Tableau de déploiement opérationnel des enquêteurs 1. Collectivité/Chefferie Mokambu 2. 3. Wagungu Ang’hal 4. Djukoth 5. War-Palara 6. Alur-Djuganda 7. 8. Walendu -Watsi Panduru Groupement/Localité Ruvinga Musongwa Apala Ramogi Kanga Awasi Uri Alur Agasa Awo Ambaki Yathe Umoyo Luu Jupalobo Pacwa Dronju Jupujom Paker Amee Kabasa Gosi Cité de Mahagi Pakwong’a Jupakanya Anyola Adraa Ngote Nioka Rona Ter-Akara Sites Wala Jupakagoro35 Ter-Ali36 Palwo, Apala Jupama, Ramogi Centre Kanga37 Jupakasa, Madi Nyarambe Jegu38 Jupagasa, Kpanyi39 Jupujanga, Lenju Ambaki Ndrele40, Lumbe Jupukelo Jupamula, Ndama41, Mona Centre Centre de négoce de Zaa42 Dhu-Draa43 Rona/Talla Kind’Got44 Nyekese Juvudho, Kud’Inywara45 Amee Pamitu46 Jupawaza, Jupucama47 Kud’Ikoka48 Jupanyanduru/Zengu Magurugu, Cité de Mahagi Utulo49 Jalasiga50, Anyara Mbaju, Aloto Katanga51 Pabong’52, Zengo, Jupazaga/Ter Utoro53, Ngote54 Nioka Centre55 Rona Centre56 Gwok’Nyeri Centre57 35 Ancien centre de regroupement des miliciens de FNI et premier foyer d’autodéfense locale Région caractérisée par une forêt herbeuse où était implanté anciennement le camp militaire de FNI Située à proximité des frontières avec le territoire de Djugu, il s’y opère intensément de vols à mains armées 38 Centre situé à 4 km de la frontière ougandaise, et présente la caractéristique d’une frontière poreuse. 39 Ancien campement de FNI, cette localité a hébergé par la suite un ex. combattant non démobilisé nommé Uroci 40 En pleine période de conflits, le centre commercial de Ndrele comprenait deux camps militaires de deux groupes opposés, FNI et FAPC. Plusieurs affrontements militaires eurent lieu, en 2003, entre UPC et FNI, FNI et FAPC, Casques Bleus et FAPC/ FNI en 2004. 41 Localité ayant servi de lieu de passage de FNI venant de Kpandroma pour Mahagi ou l’Ouganda. 42 Un important ancien centre de recrutement des jeunes dans les groupes armés UPC, APC, FNI. 43 Zone d’opération armée du groupe d’un ex. combattant nommé Uvon assassiné en avril 2007. 44 Région montagneuse des Monts Bleus où les communautés locales organisèrent de résistances contre les attaques de FNI et de FAPC. Le groupe d’Uvon y organisa également de fréquentes coupures de route. 45 Ancienne localité où était situé un ancien centre de formation des milices implantées dans la plantation de Kuza, et poche de résistance et de coupeurs de route du groupe Uvon. 46 Dans le passé, ce centre a connu d’insécurités organisées fréquemment par des opérateurs économiques de la région en connivence avec les ex. combattants. 47 Localité frontalière avec l’Ouganda, il s’y observe le problème de double nationalité. 48 Localité aux populations à double nationalité, il s’y organisait un trafic très florissant d’armes entre le FNI et les trafiquants ougandais. Actuellement, le niveau de tracasseries militaires, policières et administratives y est élevé à cause de sa position confondue au poste de douane. 49 Localité située à la périphérie de la Cité de Mahagi, on y dénombre de nombreux cas de vols à mains armées. 50 Localité située au carrefour commercial pour les territoires d’Aru, de Mahagi et de Djugu, voire de l’Ouganda. Elle est en même temps située à proximité de la région minière de Nzani. 51 Ancien camp de formation des miliciens du FNI et base arrière du nord des milices. Actuellement, celle localité rassemble de nombreux ex. combattants. 52 Ancien point de retranchement du coupeur de route nommé Uvon. 53 On y observe actuellement un conflit latent de terre entre quatre clans 54 Les cas d’insécurité observée actuellement dans la région de Ngote sont attriibués au coupeur de route Uvon. 55 Centre exposé à une poche de résistance située dans la forêt de Gudjo, en Territoire de Djugu, et contrôlé par Peter Karim et ses hommes éparpillés dans la forêt susmentionnée, à Lalu et à Lanu. Actuellement, le Centre est reconnu comme la région de culture et de commercialisation de chanvre pratiquée par les éléments des FARDC. 56 Centre de trafic illicite de longue date des planches vers l’Ouganda 57 Durant la période des oppositions armées entre les différents groupes armés, ce centre servait de camp militaire au groupe de FAPC. 36 37 ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 46 ___________________________________________________________________________ c. En Territoire d’Aru Tableau n° 4 : Tableau de déploiement opérationnel des enquêteurs en Territoire d’Aru Collectivité/Chefferie 1. Aru Cité 2. Aluru 3. Lu 4. Zaki 5. Kakwa 6. Kaliko Groupement/Localité Quartier Essefe Quartier Katanga Apinaka Edyonga Djamba Amba Edio Apaa, Labho, Angaliri Agayi - Abedju Inziyi Rumu Awubha Katsa Aru Centre58 Sites Apinaka59 Edyonga Kolodo I & II (Adranga Centre) Yuku Centre60 Ariwara61 Rubhu Maramba (Gbula)62 Azdju, Nyai, Kimba, Arile, Libu, Lokora (Araba Mizu)63 Popo64 Katsa c. En Territoire de Djugu Les enquêtes en Territoire Djugu ont été organisées en cinq sous-axes suivants : 1. Bunia - Katoto - Lopa - Tche - Loga - Saliboko -Blukwa. 2. Bunia - Bule - Libi -Kpandroma - Bubba -Linga. 3. Bunia - Nyangaray - Kobu - Katoni - Ezekere. 4. Bunia - Tchomia - Nyamamba - Datule - Joo 5. Bunia - Kilo - Mongbwalu - Mbidjo - Makofi - Mangala - Mabanga - Nizi Les différents sites ont été ciblés en raison de leur histoire politico-militaire récente, de l’ampleur des conflits armés, ainsi que la présence présupposée de circulation d’armes et/ou de poches de résistance d’une part, mais aussi celle des ex. combattants démobilisés dans les contrées d’autre part. 58 Grand centre administratif et commercial situé à six kilomètres de la frontière poreuse congolo-ougandaise, cette cité se caractérise par des transactions commerciales nocturnes. 59 Localité située sur la route Ariwara – Adranga – Watsa/Mongbwalu et hébergeant de coupeurs de route opérant souvent en armes. 60 Cette localité héberge l’ancien centre de formation militaire de Mont Hawa des FAZ. Durant la guerre de libération de 1996-1997, le dépôt d’armes de ce centre avait été forcé par la population qui s’en était appropriée. 61 1er centre important de transactions commerciales du Territoire d’Aru, et caractérisé par le commerce et la consommation de drogues nommés ‘marungi’. 62 Localité hébergeant jusqu’à ce jour les ‘soldats ougandais pro Amin’ non désarmés’. 63 Localité située au triangle montagneux considéré comme foyer de l’opposant soudanais du sud, John Garangue. 64 Cette localité située à la frontière avec le Soudan avait anciennement hébergé de réfugiés ougandais et soudanais. Actuellement, on y enregistre de nombreux cas d’extorsions et de tracasseries policières et militaires. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 47 ___________________________________________________________________________ Tableau n° 5 : Tableau de déploiement opérationnel des enquêteurs en Territoire de Djugu 1. Collectivité/Chefferie Bahema Badjere 2. W alendu Pitsi 3. W alendu Tatsi 4. W alendu Djatsi 5. Bahema Baguru 6. Bahema Nord 7. Mambisa 8. Bahema Banywagi Groupement/Localité Ngle Dhego Dhejja Linga Bubba Zabu Mbrr’bu Ezekere Masumbuku Saliboko Petsi Tsili Camp Yalala Tchudja Pimbo Lopa Jako/Ndahora Buku Takpa Taratibu Madje Londroma Tchomia Nyamamba Tambaki 9. Banyali Kilo Cité de Mongbwalu Itendey Akonema Sites Bule Mbidjo (Kolokpa) Dhejja Linga, Kpe Londje, Budd’o Kpandroma, Rethy, Lokpa Ngbavi Katoni (Bui sabuni), Kavalega, Zumbe, Kambutso, Ezekere, Datule Masumbuku (Ambi) Saliboko Nyangaray Lipri Bambu Kobbu, Gokpa 2, Matete Pimbo Mission (D’odjo) Lopa Gina Blukwa, Drodro Tche Nizi (Cité 2) Mabanga (Ngrkro) Dala (Andarasi) Kikoga, Bukuku, Engavu, Sabe, Tchomia, Nyamusasi, Nyakova Nyamamba, Mangala, Bubka, Mbogi 2 Mandro, Veru, Masi, Didjo, Chaga Gumbura, Jimbi, Totoba, Nderema, Kabalega, W amara Dépôt SHUN, DC6, Mission catholique, Saïo Alipay, Bendi Commentaires : Sur les 11 collectivités composant le Territoire de Djugu, la présente enquête en a balayé 9. Les deux Collectivités non atteintes sont celles des Mabendi et des Ndo Okebo. Les difficultés d’accès des enquêteurs dans ces Collectivités étaient dues à l’insécurité causée par les éléments des FARDC et l’impraticabilité de certains tronçons routiers. ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 48 ___________________________________________________________________________ ANNEXE 2 - PROJET DE SENSIBILISATION ET DE RECONSTRUCTION COMMNAUTAIRE Diagnostic villageois Le PNUD Comrec a également soutenu 4 projets de diagnostic villageois visant l’identification des besoins prioritaires de développement communautaire dans 248 groupements pour un coût total de USD 120 521. Les principaux résultats liés à ces projets sont les suivants : o 248 groupements des territoires de Aru, Djugu, Mahagi et Irumu dotés chacun d’un Plan de Développement Local (PDL). o 4 territoires dotés chacun d’un Plan de Développement Intégré (PDI). o Des mécanismes communautaires de prise de décision mis en place : 4 Comités Locaux de Développement au niveau des territoires, 248 Capacités Locales de Paix et de Développement (CLPD) au niveau de la base en raison de 5 barzas par groupement. Reconstruction communautaire Dans le cadre de ce volet, le PNUD - Comrec a retenu 4 principaux secteurs d’intervention en Ituri : Santé Dans le secteur de la santé, 8 projets ont été financés pour un coût total de USD 182 167 en faveur de 176 359 bénéficiaires. Les différentes structures sanitaires réhabilitées/reconstruites en Ituri sont reparties dans différents territoires de la manière suivante : Territoire DJUGU IRUMU MAHAGI # 1 2 3 4 5 6 7 8 Structure sanitaire Centre de Santé du groupement UKETA Hôpital général de Référence de RETHY Centre de Santé d’AVEBA Clinique ophtalmologique du Centre Médical Evangélique de Bu n i a Centre de santé de Nzere Maternité de KASENYI Centre de santé de KASENYI Hôpital RIMBA à Nioka Education Au niveau du secteur de l’éducation 9 projets ont été appuyés pour un coût total de USD 241 498 en vue d’améliorer les conditions d’étude de 8 349 élèves. Les 13 écoles réhabilitées et/ou équipées en mobiliers sont reparties dans différents territoires de la manière suivante : Territoire ARU IRUMU DJUGU MAHAGI # 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Structure scolaire Ecole primaire de Kawua/Essefe Ecole primaire Salem à Bunia Ecole primaire Saïo à Bunia Ecole primaire Twendele à Bunia Ecole primaire Chem Chem à Bunia Institut Nyakasanza à Bunia Ecole primaire Mwita - nzige à Kasenyi Ecole primaire Nyamove à Kasenyi Ecole primaire de filles n°1 de Nizi Ecole primaire de garçons n°2 de Nizi Institut d’Adu Institut de Mahagi Lycée Amula - Djaslinda de Logo ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives 49 ___________________________________________________________________________ Ponts et routes Au niveau des infrastructures routières, 13 projets ont été financés pour un coût total de USD 359 614 pour désenclaver 1 247 699 personnes à travers la réhabilitation de 774 kms de route de desserte agricole et un pont. Les différents tronçons routiers et pont réhabilités sont repartis dans différents territoires de la manière suivante : Territoire IRUMU MAHAGI IRUMU ARU # 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Pont ou tronçons routiers Dele - Zumbe (23 km) Bunia - Mandro - Katoto (24 km) Pont KAKOYI sur l’axe Nyarambe - Nioka Route Nyarambe - Nioka Kokpa/Lazaro - Guido (64 km) Nizi - Shari Landa - Katoto (32 km) Routes collectivité de W alendu / Pisti Ariwara - Kitambala (74 km) Aru à Biringi Aru à Djalasiga/Luma (85 km) Aru à Kengezi (101 km) Luma à Ngote (85 km) Eau et assainissement Dans le domaine de l’eau et assainissement, le PNUD Comrec a appuyé 11 projets à un coût total de USD 211 050 avec comme cible 230 066 bénéficiaires. Les différents projets sont repartis dans différents territoires de la manière suivante : Territoire ARU DJUGU # 1 2 3 4 5 6 IRUMU MAHAGI 7 8 9 10 11 Description du Projet Assainissement de la localité d’Ingbokolo Assainissement de la cité de Aru Assainissement de la localité d’Ariwara Aménagement de 11 sources d’eau à Kpandroma Aménagement de 6 sources d’eau dans 6 localités du territoire de Djugu Aménagement de 11 sources d’eau aux Monts Aboro en Collectivité Ndo Okebo (Djugu) Assainissement de la cité de Bunia Assainissement des localités Kasenyi et Tchomia Forage de 6 puits à Mahagi Aménagement des 26 sources d’eau à Mahagi Assainissement de la cité de Mahagi ddr en ituri : succès, faiblesses et perspectives