déclencheur et fédérateur - I

Transcription

déclencheur et fédérateur - I
Saint-Denis
ILE-DEFRANCE
BANLIEUES BLEUES
Rédacteur : François Bensignor - OPALE
PROJET :
Carnavalcade
Photo : © Marie-Paule NEGRE/MÉTIS
Un grand projet
déclencheur et fédérateur
de dynamiques à long terme
L’action culturelle dans la ville / Culture & Proximité
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BANLIEUES BLEUES / Saint-Denis
P
arade cosmopolite qui entraîna cent mille personnes dans les rues de
Saint-Denis le 20 juin 1998, la Carnavalcade était un volet de la programmation culturelle, sportive et festive mise en place dans la ville et le
département de la Seine-Saint-Denis pendant la Coupe du Monde de Football.
Le succès remporté, notamment auprès des populations qui ont participé activement à sa préparation, a conduit le Conseil Général et les villes coproductrices à produire une seconde édition de la Carnavalcade en juin 2000.
Banlieues Bleues, dont le festival annuel met le département au diapason du
jazz depuis 1984, a été de nouveau missionné pour en assurer la production
exécutive et la réalisation.
PRÉSENTATION
2000 habitants participants
Dédiée aux cultures du monde,
la Carnavalcade 98 était constituée de trois cortèges aux lignes
esthétiques respectives distinctes.
Ils se sont rassemblés puis mis en
marche, chacun sur un parcours
particulier, avant de converger en
un même défilé de plus d’un kilomètre aboutissant dans l’un des
stades de Saint-Denis pour le feu
d’artifice final.
La conception plastique de
chaque défilé était confiée à un
artiste reconnu : Hervé Di Rosa,
Melik Ouzani et Mokeït. L’animation
musicale et chorégraphique était
assurée par une trentaine de
troupes professionnelles venues
de vingt pays : Brésil avec la Banda
de Recife, Cuba avec la Conga de
Los Hoyos, Inde avec le Jaypour
Kawa Brass Band, Bali avec l’orchestre de bambous Suar Agung,
etc. Musiciens et danseurs amateurs issus de la grande mosaïque
culturelle de la Seine-Saint-Denis
étaient partie prenante de la grande
parade des quarante-deux chars,
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L’action culturelle dans la ville / Culture & Proximité
Hervé Di Rosa
totems et mascottes géantes réalisés pour l’occasion par des équipes
du département.
Puissant fédérateur d’énergies, la
Carnavalcade a mobilisé la participation de plus de deux mille habitants des vingt-quatre villes partenaires, représentant différentes
classes d’âge et la diversité des
cultures qui cohabitent en SeineSaint-Denis. Leur encadrement
était assuré par des professionnels
essentiellement préoccupés de la
qualité artistique de la parade.
ACTIVITÉS
100 ateliers de création
La préparation de l’édition 98 de
la Carnavalcade a débuté huit mois
en amont de son déroulement. Elle a
requis la mise en place d’ateliers de
musique, de danse et de construction d’éléments mobiles. Les participants, amateurs pour la plupart,
mais aussi professionnels et semiprofessionnels, y ont approché les
savoir-faire et savoir-fête d’artistes
de renom. Le travail avec eux s’est
inscrit dans une dynamique de réalisation concrète et des filages ou
fêtes de villes ont servi de répétitions avant le grand défilé.
■ Ateliers artistiques
Une soixantaine d’ateliers musicaux et chorégraphiques gratuits
ont formé plus de mille cinq cent
stagiaires à différentes danses et
percussions, aux chants cubain,
guadeloupéen, jazz ou choral, à la
musique pour big-band et pour fanfare, à la capoeira… Une trentaine
d’enfants du primaire ont travaillé
la chorégraphie d’ouverture du
défilé. Les plus grands apportaient
leur concours à la parade “jazzoulou”, au défilé cubain, au carnaval
guadeloupéen, au char rap, au bigband de percussions africaines, à la
fanfare New Orleans ou au ballet de
capoeira. Quant à la chorale des
anciens, un char lui fut consacré.
■ Ateliers plastiques
La fabrication des éléments
mobiles de la parade – chars, mascottes, marionnettes… – ainsi que
des costumes des chanteurs et dan-
seurs a été réalisée dans plus de
trente ateliers. Six chars et douze
éléments mobiles propulsés électriquement (dons d’EDF) ont été
construits à l’usine Centracier, avec
la collaboration d’élèves des Lycées
d’Enseignement Professionnel (LEP)
du département. Les stagiaires ont
suivi le projet depuis l’installation
des structures sur les chars, jusqu’à
la sculpture des motifs et la peinture
des décors. La réalisation de vingt
éléments mobiles et des accessoires
conçus par les trois plasticiens était
assurée par d’autres élèves de LEP,
d’écoles d’art et par des associations, dont une pour l’insertion des
jeunes. La Caisse d’activités sociales
d’EDF a assumé à elle seule la réalisation d’un char. Les participants de
ces ateliers ont été impliqués dans le
défilé des éléments qu’ils avaient
contribués à réaliser.
■ Ateliers costumes
Mille cinq cents costumes ont été
confectionnés pour la Carnavalcade
à partir de 25 modèles différents
créés d’après les dessins des trois
plasticiens concepteurs. Quatre
costumières professionnelles organisaient leur fabrication dans un
collège, deux lycées professionnels
et techniques, un Centre d’aide par
le travail, une résidence pour personnes âgées et à l’association
Femmes actives.
■ Rencontres créatives
Les associations représentatives
des principales communautés
d’origine étrangère résidant en
Seine-Saint-Denis étaient invitées à
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BANLIEUES BLEUES / Saint-Denis
présenter leurs propres créations
au sein de la parade. Une “toccata
traditionnelle portugaise” était
préparée par treize associations
d’Ile-de-France. Un orchestre de
musique kabyle réunissait soixante
musiciens et danseurs. Une chorale
malienne dirigée par le griot
Moriba Koïta soutenait les voix
de griottes célèbres. Une fanfare
raï était créée pour l’occasion. Et
un bagad breton rejoignait les
tambourinaires sénégalais de
Doudou N’Diaye Rose.
Au centre des cultures et du temps
■ Associer de manière active et
festive les populations de la
Seine-Saint-Denis à l’événement
planétaire de la Coupe du
Monde de Football.
OBJECTIFS
■ Stimuler les pratiques artistiques en misant sur le potentiel
créatif des populations et leur
volonté d’entreprendre.
■ Renouer avec la tradition de
la cavalcade des fêtes du Landy,
qui s’est perpétuée à SaintDenis chaque année au mois de
juin, depuis le Moyen-Âge jusqu’à la fin des années 60.
■ Décloisonner la vie locale et
renforcer la cohésion sociale en
favorisant et en enrichissant les
échanges culturels, sociaux,
humains, toutes générations,
conditions et origines culturelles confondus.
DÉMARCHE
Long terme, mobilisation
de tous les acteurs
Aller à la rencontre des habitants
et leur proposer des cadres d’expression suppose une démarche
sur le long terme. De ce point de
vue, la mise en place de la
Carnavalcade a largement bénéficié de l’expérience acquise par
Melik Ouzani
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L’action culturelle dans la ville / Culture & Proximité
Banlieues Bleues à travers ses
“actions musicales”.
Initiées dans le département
dès 1994, celles-ci se sont développées en direction des jeunes, sous
forme d’ateliers de création liées aux
résidences d’artistes programmés
par le festival. Des relations
durables se sont ainsi instaurées
avec l’Éducation nationale, les
structures d’enseignement de la
musique, les services municipaux
des villes partenaires, les centres
culturels et sociaux, les associations
culturelles et de solidarité…
de partenariat créatif avec des
artistes de dimension internationale, la réalisation collective du travail ayant son aboutissement dans
des conditions professionnelles.
L’exigence de proposer un
contenu artistique de haut niveau,
qui est l’un des principes posés par
les “actions musicales” de Banlieues
Bleues demeure au centre du
concept de la Carnavalcade. Il s’agit
de mettre les amateurs en situation
Il s’agit enfin de susciter la participation des communautés d’origines étrangères, très nombreuses
en Seine-Saint-Denis, grâce à l’implication des associations représentatives dans la dynamique artistique de l’événement.
Atelier de percussions cubaines
Photo : © Marie-Paule NEGRE/MÉTIS
PARTENARIAT
Institutions, entreprises,
associations et médias
Initiateurs et coproducteurs de
la Carnavalcade, le Conseil général de Seine-Saint-Denis et la ville
de Saint-Denis ont reçu le soutien
des institutions : ministères de la
Culture, de la Jeunesse et des
Sports, de l’Éducation Nationale,
secrétariat d’État à l’Outre-Mer,
Union européenne, AFAA, DIV.
Les entreprises France Télécom
et EDF-GDF se sont associées au
projet, Air France, la SNCF,
Peugeot Motocycles Scoot’élec
apportant également leur soutien.
LEP…), les structures sociales
(centres sociaux, maisons de
quartiers…), les associations culturelles et d’insertion… Le projet
bénéficie de l’irrigation de tous
ces micro partenariats.
Sur le plan local et logistique, le
festival Banlieues Bleues a déjà
développé un dense réseau de
relations avec les structures
municipales des villes partenaires
(services
culture,
jeunesse,
enfance…), les établissements
d’enseignement musical et général (écoles, collèges, lycées,
Un partenariat fort s’est établi
avec le comité d’entreprise d’EDF,
ainsi qu’avec une production
audiovisuelle, qui a suivi la réalisation du projet durant six mois
et négocié la retransmission en
directe de la Carnavalcade sur la
Cinq-Arte et la réalisation d’une
cassette vidéo.
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BANLIEUES BLEUES / Saint-Denis
EFFETS
Un déclencheur pour l’évolution
des pratiques artistiques amateur
La Carnavalcade a projeté une
image positive de la Seine-SaintDenis et de sa population, en atténuant son sentiment d’exclusion
dû au chômage et aux problèmes
récurrents des cités d’habitat
social.
Un sondage Louis Harris réalisé
auprès de la population dyonisienne 3 mois après le Mondial,
indiquait la Carnavalcade en tête
des initiatives d’animation proposées à cette période (43 % de la
population y a participé).
Elle a donné une nouvelle dimension aux initiatives développées
dans le département en faveur des
pratiques artistiques et du décloisonnement entre les populations.
Certaines villes associées à la
Carnavalcade ont par ailleurs
repris, sous des formes diverses,
les pratiques artistiques initiées
avec Banlieues Bleues en 1998.
Elle a permis d’ouvrir de nouvelles pistes en matière de politique
de la Ville, grâce à une réflexion
approfondie sur des collaborations
d’un type nouveau entre des villes,
des communautés et des quartiers.
Elle a servi de laboratoire à la
conception du grand événement
populaire et festif du 26e centenaire
de la citée Phocéenne, la Massalia,
qui a impliqué l’ensemble des
communautés culturelles résidant
à Marseille au printemps 1999.
Son succès a incité les décideurs du Conseil Général de
Seine-Saint-Denis et d’une trentaine de villes du département,
dont Saint-Denis, à renouveler
l’opération le 17 juin 2000 prochain, dans le cadre des grandes
fêtes populaires “Solstices”. Une
réflexion est en cours, envisageant
de pérenniser une pratique amateur régulière d’ateliers et de formations musicales autour d’un événement du type de la Carnavalcade
organisé tous les deux ans.
BUDGETS
Une opération de grande ampleur
Recettes :
■ Conseil général : . . . . . . . . . . . . 6 500 kF
Charges :
■ Stages de pratique musicale,
chorégraphique et plastique : . . 6 300 kF
■
Plateau artistique : . . . . . . . . . . 2 000 kF
■
Ville de Saint-Denis : . . . . . . . . . 4 500 kF
■
Frais techniques : . . . . . . . . . . . 2 500 kF
■
Divers partenariats
publics et privés : . . . . . . . . . . . 2 000 kF
■
Frais de production : . . . . . . . . 1 800 kF
■
Communication : . . . . . . . . . . . . . . . . 400 kF
Total : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 000 kF
Total : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 000 kF
Banlieues Bleues
49, boulevard Marcel-Sambat
93207 Saint-Denis Cedex
Tél. : 01 49 22 10 15 - Fax : 01 49 22 10 11
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