François Junod, un ami d`enfance
Transcription
François Junod, un ami d`enfance
« François Junod, un ami d’enfance » François Junod, je le connais depuis l’école enfantine à Sainte-Croix. Petits déjà nous sommes fascinés par le musée Baud à L’Auberson. On contemple les automates et les tableaux animés et l’on rêvasse des heures dans les salles du musée. Que pouvons-nous faire d’autre dans cette petite ville de Sainte-Croix qui est le berceau de la boîte à musique ? Mais à l’époque, d’autres industries qui ont aujourd’hui périclité, attisent la curiosité de François : il démonte, il désosse les camera Bolex, les tourne-disques Thorens, les Hermes Precisa en essayant de comprendre les mécanismes. C’est à 15 ans qu’il apprend lui-même à les remonter. A 16 ans il entreprend une formation de micro-mécanicien à l’école technique de Sainte-Croix. A la même époque nous fréquentons Michel Bertrand, un français qui a restauré les automates Vichy à Paris et qui vient s’installer à Sainte-Croix pour assurer la restauration et la fabrication d’automates, comme « Pierrot écrivain ». A 20 ans François termine sa formation de micro-mécanicien. Je l’incite à me rejoindre à l’école d’Art de Lausanne. Ses parents tout d’abord réticents cèdent face à son obstination « artistique ». Il ne reprendra pas l’entreprise familiale de cartonnage ! Lors de son concours d’entrée, il apporte son premier automate : un vélo miniature. Le jury surpris par ce candidat atypique, mais émerveillé par cette réplique miniature et animée, lui propose de manière dérogatoire de suivre les cours de dessin et de sculpture en tant qu’élève libre. De manière complémentaire, il rentre en apprentissage chez Michel Bertrand avec qui il entretient un lien privilégié et qui souhaite lui léguer son savoir car il est l’un des rares au monde à posséder cette science. A la mort de Michel Bertrand il installe son propre atelier. En 1990 les japonais reconnaissent son talent et Panasonic lui commande un orchestre de 12 animaux automates. Puis les contrats s’enchaînent : des « Pierrot écrivains » pour Blancpain, des androïdes dessinateurs pour JacquetDroz, un automate érotique pour Vacheron Constantin et un autre pour les Emirats arabes. Pour le musée du CIMA, il fabrique l’ange qui orne l’entrée, il leur fabrique une charmeuse de serpent et l’homme qui marche. La Semeuse à l’occasion de son centenaire lui commande un Maharadja sur son tapis volant… Si commercialement il a été sollicité pour la fabrication d’automates traditionnels pour leur réalisme, sa passion se porte aussi sur les automates contemporains qui évoquent un univers plus abstrait, proche aussi bien de Tinguely que la tradition science fictionnaire. En 2004 lors du Symposium Science et Fiction qui a lieu a San Francisco quatre jours durant, spécialistes et historiens de la robotique, auteurs passionnés de science-fiction, créateurs d’histoires imaginaires, scientifiques, l’équipe de création des Star Wars succombe au charme du créateur de Sainte-Croix. François Junod y parle de ses automates modernes et de celui dont il rêve, mais qu’il ne réussira peut-être jamais à réaliser : l’automate volant... Alain Margot