Maverick buying - Durch Denken Vorne Consult
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Maverick buying - Durch Denken Vorne Consult
Qualité & Controlling procure.ch – Revue de l’acheteur 04/2015 Maverick buying Non-conformisme ou anarchie au sein des achats? Le «maverick buying», ou les achats hors contrat, concerne vraisemblablement tous les services des achats. Pourtant, ce concept technique leur est étranger. Pourquoi et comment y remédier? Les entreprises disposent-elles de réglementations et de processus clairs pour l’achat de livraisons et de prestations? La réponse à cette question sera assurément affirmative. Mais elle sera plus nuancée si l’on demande ensuite si tous les services se conforment à ces principes: ce n’est pas le cas de tous et certainement pas dans toutes les situations. Heinrich Orths Conseiller auprès de Durch Denken Vorne Consult GmbH, Hilden (Allemagne) 10 Qu’est-ce que le «maverick buying»? Samuel A. Maverick était un éleveur de bétail qui vivait au Texas au XIXe siècle. Alors que ses confrères distinguaient leurs bovins en les marquant, lui non! Ses bœufs étaient faciles à reconnaître … à leur absence de signe particulier. Il devint ainsi un marginal, un non-conformiste. Depuis, la notion de «maverick» qualifie un rebelle, un antisocial ou un comportement «différent». Le «maverick buying» est donc l’approvisionnement à l’encontre des règles et des processus en vigueur. Il s’agit d’opérations qui court-circuitent le service des achats. Cette pratique est répandue sous diverses formes. Achats directs Un client interne contacte directement un fournisseur et obtient ce qu’il lui faut rapidement et facilement. L’entreprise reçoit ensuite une facture. Souvent, il est quasiment impossible de déterminer l’initiateur de cette opération. On parle alors de «factures vagabondes», car elles ne sont rattachées à rien et que personne ne les apprécie. Si pour celui qui en est à l’origine, tout est très simple, les autres, chargés de justifier les frais, ne partagent pas ce sentiment. Commande formelle Chaque chose à sa place. L’achat est effectué mais, afin que le service des achats puisse émettre une commande adéquate ultérieurement, la facture est aussitôt rattachée à la commande et dotée d’un numéro. La forme est respectée. Négociation par répartition des tâches Le client discute déjà des «détails techniques» avec le fournisseur choisi. Puis le service des achats est mis à contribution afin de négocier les prix et les conditions. La com- Qualité & Controlling procure.ch – Revue de l’acheteur 04/2015 mande reste en outre nécessaire. Si les processus de ce type ne constituent pas une norme absolue au sein de l’entreprise, on les y rencontre de façon récurrente – plus ou moins régulièrement en fonction des entreprises. Motifs de «maverick buying» De nombreux responsables Achats n’ont pas de vue d’ensemble quant au nombre et au volume des processus qui court-circuitent le service des achats. Les raisons d’un tel comportement de la part du client sont également floues. Si l’on invoque souvent la malveillance ou, à tout le moins, un manque de disposition à collaborer, il ne s’agit généralement pas de cela. Les clients internes ont de réels motifs, qu’il importe de prendre en compte. Voici leur point de vue: 1. Il faut réagir vite! Les situations à risque doivent être résolues rapidement et il faut éviter à tout prix d’arrêter les machines. Il convient donc d’agir sans attendre. Il n’y a pas de temps à perdre dans les méandres administratifs. Tout le monde doit le comprendre, même le service des achats! 2. L’expertise est nécessaire! Le client – contrairement au service des achats – dispose de l’expertise indispensable quant aux éléments de commande et au calendrier. Il est donc évident qu’il s’occupe directement de la satisfaction de ses besoins. 3. C’est une question de responsabilité! Le client (l’investisseur pour les investissements; le chef de projet pour les projets) est finalement respon- sable des livraisons et prestations à acheter. A part lui, qui peut aussi assumer cette charge? Les initiateurs de «maverick buying» n’ont pas conscience du caractère illicite de leurs opérations. De leur point de vue, ils font ce qui est le mieux pour l’entreprise. La plupart du temps, ce comportement résulte de leurs expériences passées. Une personne qui a réalisé des livraisons/ prestations plusieurs fois via la «voie hiérarchique» a peut-être appris combien de temps prenait chaque processus et adapté son comportement en conséquence. Bien que la compétence technique du service des achats soit souvent sous-estimée au sein de l’entreprise, voire mal évaluée, elle n’est parfois pas aussi aiguisée qu’elle le devrait pour prendre la pleine mesure des besoins des clients et des fournisseurs potentiels. Il faut agir! Cahier des charges pour le service des achats Que se passerait-il si tous les «mavericks» faisaient appel au service des achats pour satisfaire l’ensemble de leurs besoins d’approvisionnement? Plus d’un responsable préférerait peut-être ne pas le savoir, étant donné que son département atteint déjà ses limites de capacités. Le responsable Achats doit bien sûr se demander quel est l’objectif fondamental de son service. Comment souhaite-t-il organiser ses tâches? Doit-il adopter une approche plutôt passive, basée de préférence sur les processus? Aucune commande ne saura alors être effectuée sans son entremise. Ou bien vaut-il mieux orienter les achats sur une démarche straté- gique? De cette façon, l’attribution de numéros de commande est reléguée au second plan, derrière les tâches qui créent un cadre permettant aux clients de satisfaire leurs besoins simplement à travers des processus prédéfinis. Dans ce cas, le service des achats utilisera ses capacités pour définir et concevoir des processus, sélectionner des fournisseurs et assurer le suivi, contenir les risques, gérer les contrats des prestataires, garantir la qualité offerte et surveiller l’évolution des coûts et des prix. La restructuration des capacités permet ainsi de dégager des potentiels susceptibles d’aider durablement les clients dans le cadre des projets et des investissements et de rendre alors le «maverick buying» moins attractif. Bilan Le «maverick buying» représente autant un problème qu’une opportunité pour les achats, et donc un défi pour l’ensemble de l’entreprise. Il ne doit pas être ignoré, encore moins par le service des achats. Un changement s’impose! Or la gestion des processus et la collaboration transversale sont les meilleures armes pour lutter contre un tel phénomène. Dans ce cas, l’initiative doit provenir des achats: il serait vain d’attendre que d’autres le fassent. 11