BIEN CHOISIR SON CHIEN

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BIEN CHOISIR SON CHIEN
BIEN CHOISIR SON CHIEN
Le Bouvier Bernois est-il fait pour moi ?
Elevage du Paradis d'Heaven
Le molosse à la précision suisse
Article de Claude Pacheteau. Source : revue Chiens 2000 n°394
Gros chien, grand cœur, énorme capital sympathie … Tout est en mode XXL chez le Bernois, ce
bouvier réglé comme une montre suisse et qui a conquis les foyers. Ses talents d'excellent chien de
compagnie et son bon tempérament n'y sont pas étrangers. Encore faut-il prendre le temps
d'acquérir un Bernois digne de ce nom …
Un peu d'histoire …
Le Bouvier Bernois est un descendant des antiques molosses. Pas un de ces chiens de combat, mais
plutôt ceux qui accompagnaient les légions romaines. Si l'on comptait dans leurs rangs des chiens
dits de « guerre », il en existait aussi servant à conduire et garder les troupeaux (de bœufs) … la
nourriture des soldats. De nombreux bouviers actuels descendent de ces chiens, parmi lesquels le
fameux Rottweiler.
C'est dans les Préalpes bernoises que se situent les origines du Bouvier Bernois, et notamment
dans les campagnes du centre du canton de Berne.
Au Moyen Âge, les paysans suisses appréciaient ses ancêtres pour leurs nombreuses aptitudes,
allant de la garde des troupeaux, des personnes et des biens, au trait du bois et des bidons de
lait. Les chiens rapportaient en effet le lait après la traite des vaches, des herbages jusqu'aux fermes.
Ils avaient aussi en charge le transport des lourdes meules de fromage.
Les chiens qui protégeaient et conduisaient le bétail dans les alpages étaient baptisés
« Küherhunde », que l'on peut traduire par « chiens à vaches ». Imposants de par leur stature, les
ancêtres du Bernois présentaient une épaisse fourrure tricolore.
(…)
Une ascension constante …
Dans les années 70, le Bouvier Bernois était à peine connu puisqu'on ne comptait guère qu'une
dizaine d'inscriptions au LOF (livre des origines français). Aujourd'hui, il en est tout autrement,
puisqu'en 2010, le nombre de ses naissances s'est établi à 3514. Une évolution constante qui place le
Bouvier Bernois en tête de son groupe (le deuxième) – il a été à une époque classé parmi les chiens
de berger, dans le premier groupe – et fait de ce chien un des préférés des français.
Le Bouvier Bernois arrive bien loin devant ses trois autres proches cousins : le Bouvier
d'Appenzell, le Bouvier de l'Entlebuch et le Grand Bouvier Suisse. Dans la famille des bouviers
suisses, le Bernois est le seul à présenter un poil long (sa fourrure tricolore en fait un chien
spectaculaire). Celui-ci est brillant, lisse ou bien encore légèrement ondulé sans être nettement
bouclé. Et c'est certainement cette « masse » de poil, son côté gros nounours, qui fait qu'il séduit
instinctivement. Les enfants en premier lieu, qui sont en général automatiquement attirés. Il se
comporte avec eux telle une « nounou », veillant sur eux de manière calme et posée, se
montrant aussi très patient.
C'est en fait bien son bon tempérament, celui d'un digne chien taillé pour la vie de famille, qui a fait
et continue encore à l'heure actuelle d'assurer son succès. Avec les autres animaux et ses
congénères, il sait faire preuve de partage et de cohabitation ne pose généralement pas de problème.
Un énorme avantage !
Imposant mais pacifique …
Le Bouvier Bernois, s'il impressionne par sa taille et qu'il s'impose donc comme un chien dissuasif,
ne doit toutefois pas être choisi pour la garde. Ce n'est pas dans ses attributions. Bien entendu il
saura aboyer, pour prévenir de la présence d'un intrus (ses manifestations vocale sont toujours à bon
escient, sans exagération), mais cela s'arrête là. Une fois les présentations faites, le Bouvier Bernois
n'a généralement de cesse que de vouloir saluer un nouvel arrivant. D'où l'importance lors de son
apprentissage des bonnes manières de lui interdire de sauter. Car son poids pourrait en faire chuter
plus d'un, même si cela n'est pas son but !
De même on évitera lorsqu'il est chiot de le prendre dans les bras trop souvent ou sur les genoux.
On le laissera encore moins monter sur les fauteuils ou le canapé et, pire, sur le lit ! Une fois atteint
son poids adulte, les maîtres auraient toutes les peines du monde à lui faire comprendre que ce qui
était un temps autorisé ne l'est plus. Même s'il n'est pas le plus grand des chiens, la vie à ses
côtés impose d'avoir suffisamment de place... notamment lorsqu'il est question de voyager en sa
compagnie.
Le Bouvier Bernois s'éduque bien dès lors que l'on se montre patient et juste avec lui, prenant
en compte son petit côté émotif. Toute forme de brutalité est à exclure. Tout se fait dans le
temps, en procédant par étapes afin qu'il assimile progressivement les ordres de base. En revanche,
il ne faut pas perdre de vue que sa maturité est tardive, vers l'âge de 15-18 mois pour la femelle
et 3 ans pour le mâle. Donc on n'obtiendra pas tout, tout de suite. Mais le Bouvier Bernois se prête
de bonne grâce aux injonctions de son maître dont il apprécie grandement la présence et se complaît
à lui faire plaisir.
C'est aussi un grand « câlin » dans l'âme. Les récompenses verbales et surtout les caresses
seront les bienvenues ! En véritable « éponge », il ressent très bien les ambiances et les
émotions de son maître. Cela n'empêche pas quelques moments où il peut faire preuve
d'entêtement... mais cela n'est jamais bien méchant, car ce chien fait preuve d'une grande bonté. Il
doit trouver sa place au sein du foyer, en connaître et comprendre les règles, les interdits, etc. Il doit
être canalisé. Il est même, dit-on, un peu pot de colle.
Il n'existe pas de différences fondamentales d'un point de vue caractère entre le mâle et la
femelle, le plus évident étant l'écart de poids qui rend le mâle plus massif que la femelle et donc
souvent plus dissuasif.
Surveiller sa croissance …
Il faudra veiller sur sa croissance, comme cela est recommandé chez tous les chiens de grande
race. Une attention particulière sera portée à son alimentation afin d'éviter tout excès ou
carence. Chez le Bouvier Bernois, le poids est multiplié par 80 à 100 fois en un an ! L'éleveur et le
vétérinaire pourront conseiller le maître dans ce domaine. Une mauvaise alimentation pourrait avoir
de fâcheuses conséquences, comme des problèmes articulaires ou un surpoids (lui-même pouvant
favoriser une dysplasie ou d'autres problèmes de santé). Il existe dans le commerce des aliments de
type premium spécialement élaborés pour les chiens de grande taille. En plus de leur apporter tout
ce dont leur organisme a besoin dès lors que l'on respecte les rations (leurs fréquences de
distribution seront fonction de leur âge), ils offrent aussi l'avantage d'avoir une forme particulière
(croquettes de grosse taille), ce qui incitera le chien à mastiquer plutôt que d'avaler tout rond ! Pour
les chiens de grande taille comme le Bouvier Bernois, on préconise aussi de placer l'alimentation
dans des gamelles en hauteur. Il existe pour cela sur le marché des accessoires le permettant.
Les efforts et exercices seront modérés également lors de cette période délicate où l'ossature et
la musculature se façonnent. Pas de glissades sur les carrelages, pas de sauts intempestifs, pas de
montées et descentes d'escaliers (attention aussi en montant et descendant de voiture par exemple)
ou de trop longues balades. Son bien-être futur en dépend et autant prendre quelques
précautions afin d'avoir affaire à un Bouvier Bernois au top de sa forme à l'âge adulte.
Le maître du Bouvier Bernois ne sera pas nécessairement un sportif. Mais ce chien n'aura pas de
difficulté, dès lors qu'il est en bonne santé, à faire des balades et randonnées. Ce rustique est
endurant et le froid ne constitue pas un obstacle pour lui, origine oblige. Il apprécie un peu moins la
chaleur en revanche. Ce n'est pas un sédentaire et comme beaucoup de ses congénères, le
Bernois aura besoin de sorties régulières. Il s'adapte facilement partout, si ce n'est que sa
taille (malgré sa discrétion) est à prendre en compte dans certains endroits.
Apte à de nombreuses disciplines …
Pour les maîtres qui souhaitent aller un peu plus loin, il sera tout à fait possible d'envisager une
activité sportive. Il y a la très ludique agility, où il pourra se défouler ou participer à des
compétitions dans la classe dévolue aux chiens de grande taille, la catégorie D. Certes il n'est pas le
plus souple, mais il tire tout de même bien son épingle du jeu.
Le trait lui convient bien, car c'est inscrit dans ses gènes et cette discipline n'est pas
« violente ». On voit de plus en plus de chiens y participer et même si cela n'apparaît pas évident au
premier abord, cette pratique demande à ce que le chien s'applique. Le principe est celui d'un
parcours que le chien effectue en étant attelé. Une section attelage existe d'ailleurs au sein du club
afin de promouvoir cette activité. (…)
L'obéissance, voir l'obérythmée, pourrra aussi lui convenir. En fait, le Bouvier Bernois a besoin
d'être stimulé, de sentir que son maître prend autant de plaisir que lui. La relation entre le Bouvier
Bernois et son maître est la clé du succès chez ce chien assez fusionnel dans ses relations.
L'autorité n'est pas de mise, car cela irait à l'encontre de sa nature profonde. Il faut parfois faire
preuve d'un peu de psychologie (notamment avec les mâles dit-on). Hors de question de rentrer
en conflit avec lui sous peine de ne pas pouvoir progresser.
A noter enfin que le Bouvier Bernois ou du moins quelques-uns de ses représentants à travers le
monde, se distingue dans l'humanitaire : chien guide d'aveugle ou de malvoyant au Canada, chien
de recherche en Suisse, etc. Son bon flair lui permet d'être un bon élément pour aider à retrouver
des personnes disparues ou ensevelies.
Attention aux contrefaçons …
Si le Bouvier Bernois caracole en tête de sa tribu, cela n'est pas sans conséquence. Chiot, il est très
craquant, et cela les marchands de chiens en ont vite pris conscience ! De ce fait, la qualité n'est pas
toujours au rendez-vous. Et pour choisir un Bouvier Bernois digne de ce nom, sans commettre
d'erreurs et aller au-devant de déboires (des dérives tant au niveau du caractère que du type sont à
déplorer), le futur maître devra faire preuve de prudence. Le Bouvier Bernois étant concerné aussi
par certaines pathologies, le futur acquéreur devra mettre toutes les chances de son côté. Pas de
précipitation, pas de coup de cœur pour le premier chiot venu. Il est important de se tourner
vers les éleveurs sélectionneurs sérieux, qui existent fort heureusement en France.
Le Bouvier Bernois n'échappe pas au phénomène de mode, même si ce dernier est moins probant
que chez d'autres races. Sur les dernières années, les affixes se sont multipliés. A trop vanter le
Bouvier Bernois, cela a fini par lui causer un certain tort. Le club a même dû mettre en place une
cellule « adoption ».
Pour être sûr de sa traçabilité, qu'il a été sélectionné dans de bonnes conditions, et
correctement socialisé, il est impératif de s'adresser aux éleveurs inscrivant leurs portées au
LOF. Le club de race est là pour servir de relais et prodiguer conseils et mises en garde. En
Allemagne, berceau d'origine de la race, ce phénomène de production anarchique a pu être
« canalisé » grâce à une politique plus « sévère » en matière de production. Des choses que l'on peut
difficilement imposer en France, en tout état de cause, mais qui sont pourtant à l'origine de cette
production anarchique à déplorer.
Avec ou sans jardin ?
La taille du Bouvier Bernois fait qu'un jardin est sans doute un plus pour lui. C'est en premier lieu
un chien des « grands espaces ». Mais tous les éleveurs ne sont pas contre une vie citadine.
L'essentiel étant d'avoir du temps à lui consacrer. Comme il aboie peu, cela facilite aussi les
choses. Et puis mieux vaut avoir un Bouvier Bernois épanoui en appartement, qu'un autre livré à
lui-même dans un jardin. Il n'apprécie guère la solitude. Ce chien est taillé pour la vie de famille
et il serait malheureux d'être exclu du noyau familial. Il cherche beaucoup la proximité des siens. Et
il n'a pas la réputation d'être fugueur, encore un bon point !
La santé sous surveillance
Le Bouvier Bernois, tout comme les chiens de grande race, est prédisposé à la torsion dilatation de
l'estomac, qui constitue une urgence vétérinaire. On peut en limiter les risques en évitant de trop
nourrir le chien avant les efforts. D'autres facteurs pourraient aussi être favorisants, comme le
stress en particulier.
Le Bouvier Bernois est concerné par la dysplasie (une malformation articulaire touchant les
hanches ou les coudes). Il est très important pour le futur acquéreur de demander à voir les
radiographies des parents lors de l'acquisition d'un chiot pour s'assurer qu'ils en sont indemnes.
L'atrophie rétinienne symétrique, une maladie héréditaire affectant la vue, figure aussi au rang des
pathologies concernant le Bouvier Bernois. Ectropion et entropion (respectivement enroulement de
la paupière vers l'extérieur ou l'intérieur) peuvent apparaître dans la race. Ces maladies
héréditaires peuvent nécessiter une intervention chirurgicale. A noter que ces deux affections
constituent des critères de non confirmation.
Un programme de recherche afin de trouver le gène responsable de l'histiocytose maligne a été mis
en place. Il s'agit d'un cancer touchant plusieurs races de chiens dont le Bouvier Bernois. Sa
fréquence est assez alarmante puisqu'elle serait de l'ordre de plus de 20% de chiens atteints. La
maladie peut frapper des chiens jeunes (2 ans) ou plus âgés. Les symptômes ne sont pas évidents,
car peu évocateurs et pouvant correspondre à d'autres pathologies, ce qui conduit à un diagnostic
tardif. Les organes atteints peuvent être la rate, le foie, mais aussi se propager à d'autres pour aller
vers une généralisation, ce qui fait qu'il s'agit d'une maladie grave et au pronostic sombre.
Enfin, pour son entretien et afin d'éviter toute formation de nœuds ou de bourres, un bon brossage
très régulier sera nécessaire. Le rythme sera accentué en périodes de mue lorsque le poil tombe
d'avantage.