ENTREPRISES. Le parc dè Thoiry, un modèle d`écologie intégrée

16 JUIL 14
Hebdomadaire
OJD : 8362
Surface approx. (cm²) : 568
N° de page : 6
32 AVENUE CARNOT
78100 SAINT GERMAIN-EN-LAYE - 01 30 97 72 10
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Le parc dè Thoiry, un modèle
d'écologie intégrée
ENTREPRISES.
Thoiry est un parc zoologique où l'on vient pour se divertir et apprendre des choses sur les animaux. C'est aussi une entreprise
qui a fait de la protection de l'environnement et de la biodiversité sa raison d'être. Aujourd'hui, elle veut aller plus loin.
•
• NE ENTREPRISE a
Un
JJ I
I rôle à jouer dans
••
^^
l'environnement
qui l'entoure.» Encore plus lorsque l'entreprise en question est le
parc zoologique de Thoiry
Colomba de La Panouse-Turbull,
sa directrice, et son frère Edmond
de La Panouse, president du
conseil de surveillance, en ont pris
conscience, il y a longtemps et
ont mis en pratique ce précepte,
qui leur semble aujourd'hui, et
sans jeu de mot tout «naturel
du fait de notre implication
dans le développement durable et la conservation de la bio
diversité»
Car si Thoiry est un parc zoologique, un lieu de divertissement, il
a aussi une mission pedagogique
et scientifique «Mais ça ne s'ar-
rête pas là, reprend Colomba ll
faut voir ('environnement au
sens large.»
Ils ont mis déjà en pratique le
concept de «responsabilité
sociale» qui repose sur trois
piliers l'environnement, l'économie et le social, et s'impliquent
dans une démarche «d'économie circulaire» En clair appliquer de façon volontariste, et en
proximite, la vieille théorie de
Lavoisier «Rien ne se perd, tout
se transforme.»
Thoiry s'implique aussi dans la
formation en acceuillant des jeunes en alternance ainsi que des
vétérinaires et des ethologues
Par ailleurs, le groupe a monté
un fonds de dotation pour la protection de la biodiversité ll a permis la création d'une école a
Madagascar en échange de l'arrêt du braconnage des lémuriens
Conclusion de Colomba de La
Panouse «Nous avons mis en
place une gestion intégrée
dans le paysage rural, et nous
ne sommes pas au bout de
nos projets, car nous avons
envie d'être en interaction
avec ce qui se passe autour de
nous. Que ce soit par l'implication dans des groupements
d'entreprises, la chambre de
commerce ou nos rapports
avec les collectivités locales.»
Et Edmond, de compléter, en bon
chef d'entreprise
«A terme,
toutes ces actions ont un
impact positif sur notre
compte d'exploitation.»
Patrick Wassef
Des constructions «écolos»
et peu énergivores
L
ES NOUVELLES constructions de
Thoiry comme "La Ferme du
monde, l'Arche des petites
bêtes" ont éte construites avec
des matériaux écologiques parpaings de bois en pm Douglas,
pour les murs de la Ferme, tuiles
en bois ce qui évite de chauffer
l'hiver
Les toitures sont «végétalisées»
au fur et a mesure, avec 40 plantes différentes, ce qui permet à la
fois d'assurer une certaine diversité des espèces et d'assurer une
bonne inertie thermique Les bâtiments techniques sont eux aussi
«intégrés» a l'environnement,
et s'efforcent d'être le moins visibles possible
L'Arche des petites bêtes, qui
assure la conservation des espèces exotiques, d'amphibiens et
d'insectes, dans des températures relativement élevées, s'avère
Edmond de La Panouse devant l'Arche des petites bêtes.
très peu énergivore, grâce à ses
murs à grande inertie, épais de
trente cent mètres Leu r créateur
a d'ailleurs obtenu un prix de l'mnovation et déposé un brevet, ce
qui fait dire a Edmond de La
Panouse qu un «site comme
Thoiry peut être une vitrine
pour d'autres entreprises» La
toiture est végétaline, ce qui permet aussi un drainage des eaux
de pluies, et est reliée au sol par
un réseau de plantes grimpantes
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Thoiry : une entreprise qui emploie 70 personnes et une quinzaine de saisonniers, et applique
des principes éco-responsables. ( © Arthus Boutin/Parc et Château de Thoiry).
Déchets
recyclés... et
méthanisés
A
VEC 440 DOO VISITEURS par
an, près d'une centaine
d'employés (saisonniers
et permanents) et 800 animaux
qui produisent 400 tonnes de
fumier, la gestion des déchets est
un sujet de première importance
Jusqu'à présents, les déchets
organiques, et en particulier le
fumier des animaux, étaient
épandus dans les champs alentours Maîs Colomba de La
Panouse a envie d'aller plus lom
en créant une unité de bio
méthanisation Selon ses calculs,
elle devrait produire 350 kW/heures, ce qui permettrait de couvrir 25 à 30% des besoins de
Thoiry «Le reste serait complété par une chaudière alimentée au miscanthus.»
«L'idée, dit-elle, est de travailler avec des agriculteurs et de
récupérer le fumier, le lisier.
les déchets de fruits et légumes, et qu'en échange, ils
récupérèrent le digestat (ce
qui reste une fois la méthanisation effectuée) qui a des
propriétés équivalentes au
compost. Ce qui évitera l'utilisation des engrais.» Maîs elle
est aussi consciente que « le plus
difficile sera d'organiser la collecte».
Les déchets verts (le parc compte
140 hectares) sont transformés
en compost et réutilisés sur place
et d'ores et déjà le parc est à
99% sans produits phytosanitaires «Seules les allées du jardin
à la française résistent encore,
sourit Edmond, mais pas pour
longtemps.»
Restent les déchets produits par
les visiteurs 200 tonnes quand
même chaque année
Un premier tri est effectué par
les visiteurs eux-mêmes, grâce à
trois sortes de poubelles, dont
certaines équipées de compacteurs solaires
Ceux qui sont générés par l'ex-
ploitation du site sont répartis
par le personnel dans sept bennes «comme dans une déchetterie» et ensuite traités par le
centre de Thiverval-Gngnon En
cinq ans, et malgré une activité
en progression, Thoiry a réduit
ses déchets de près de cent tonnes par an
Bientôt
des fruits
et légumes ?
Autre souhait de Colomba et
d'Edmond de La Panouse produire sur place des fruits et des
légumes Une partie servirait à
la nourriture des animaux, une
autre serait réservée à la consommation humaine «en mettant
en place un circuit court» Pas
question de sortir du périmètre
local, maîs Colomba verrait très
bien un système de vente à la
ferme, de paniers préparés, ou
une vente sur le marché de
Thoiry
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L'eau
Des logements sur place
T
HOIRY EMPLOIE aujourd'hui 70 personnes en équivalent temps
plein Certains métiers nécessitant une présence permanente,
il y avait déjà quèlques logements sur place Maîs pour loger des
cadres et des célibataires (car le prix de l'immobilier dans la région
est souvent prohibitif), il fallait passer à la vitesse supérieure
«Première difficulté, nous sommes un site pittoresque. Il a fallu
se battre trois ans pour obtenir de pouvoir construire des
logements sociaux de 2 000m2 de site classé. Nous avons
demande 30 logements, 28 ont été accordés.»
Des T2 et des T3, loués de 350 à 550 euros par mois auxquels
s'ajoutent quatre maisons de 100m2, loués 900 euros, le tout
construit en respectant les normes haute qualité environnementales «C'est autant de frais de moins, de temps perdu en transport. Il y a une bonne qualité de vie dans le village. C'est une
petite commune très active. Il y a plus d'emplois que d'actifs
et autant d'actifs qui travaillent ailleurs que de personnes qui
viennent y travailler. Certaines entreprises sont venues ici
pour la notoriété du nom, mais c'est le rôle d'un site touristique de donner une aura à une collectivité et d'en faire
bénéficier tout le monde.»
L'arrosage est assuré par des
tuyaux poreux et la plupart de
l'eau utilisée pour l'activité est
tirée d'un forage «Le reste, c'est
de l'eau de ville.» Les robinets
accessibles au public sont équipes
de boutons poussoir, les chassed'eau sont à double debit, les
plantations entourées de copeaux
pour éviter l'évaporation
Le bois
Thoiry compte 110 hectares de
bois ll sert au chauffage, à l'aménagement des clôtures, à la décoration des enclos, à la fabrication
de caches à nourriture, des outils
pédagogiques, panneaux et
autres Une autre partie est vendue ou utilisée sur place comme
bois d'oeuvre
La chambre de commerce s'implique
A
L'IMAGE de ce qui se fait à Thoiry la CCI de
Versailles s'implique dans la responsabilité
sociétal des entreprises Un concept qui
implique le respect de l'environnement, maîs va plus
lom ll prend en compte l'ensemble des rapports
que l'entreprise entretient avec ce qui l'entoure
l'économie, les rapports sociaux, le territoire ll intègre aussi ce qu'on appelle l'économie circulaire
«Les entreprises travaillent dans la proximité les
unes des autres, dans un petit périmètre où
l'on fait en sorte que les unes nourrissent les
autres.»
Marie Durand-Smet, élue de la chambre et membre
de la commission qui se penche sur le sujet, croît à
la vertue de l'exemple et voudrait tenter une expérience originale avec les entreprises d'une zone d'activité, avec des sociétes de tailles différentes, pour les
impliquer dans un projet commun, «comme, le
recyclage. Chaque entreprise serait pilote dans
la spécialité qu'elle aura choisie et mutualisera
par la suite son savoir-faire et ses pratiques»
Une expérience déjà tentée avec succès à La Rochelle
La CCI a aussi commencé à créer un réseau «d'ambassadeurs», dont font déjà partie le parc de Thoiry
ADM concept qui exploite le réseau Twizy à SlQuentm, AFNIC, une société de matériel médical, et
Vertdéco, spécialisée dans la conception et la réalisation d'espaces verts Là encore, l'idée «c'est de travailler sur l'exemplarité pour tirer les autres
vers le haut».
La CCI s'implique aussi concrètement en offrant des
services aux entreprises pour leur permettre de mieux
prendre en compte les notions de développement
durable Elle est ainsi capable de les aider à réaliser
un pré diagnostic, une étude de leur bilan carbone,
une analyse environnementale, un diagnostic énergétique, voire leur permettre de répondre aux normes lso 14 001 et 26 000 Des études qui peuvent
êtres subventionnés à 70% par l'Ademe, la Dirrecte,
ou l'Union européenne
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