Revue de presse – Corps Diplomatique – 05042016

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Revue de presse – Corps Diplomatique – 05042016
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Sommaire:
Présentation du projet
Libération -­ 14 Avril 2015 – Eve Beauvallet
Les Trois couleurs – Avril 2015 – Eve Beauvallet
Inferno -­ 21 Avril 2015 – Quentin Guisgand
Ma Culture – 30 Juillet 2015 – Wilson Le Personnic
La Terrasse – Avril 2015 – Eric Demey
A Bras le corps – 25 Mai 2015 -­ Smaranda Olcèse-­Trifan
Mediapart – 16 Mars 2015 – Jean-­Pierre Thibaudat Le Mad – 6 Mai 2015
Place Gre’net -­ 11 décembre 2015 -­ Adèle Duminy
RTBF -­ 18 mai 2015 -­ Sylvia Botella
Irish Independant -­ 3 octobre 2015 – Maggie Armstrong
Sunday business post -­ 4 octobre 2015 – Stephen Bourke
The Irish Times -­ 5 octobre 2015 – Peter Crawley
&2536',3/20$7,48(
De HALORY GOERGER On a encore juste assez d’énergie pour envoyer quelque chose dans le cosmos, alors cette fois-­ci au lieu des sempiternels pilotes d’essai, ingénieurs ou milliardaires, pour-­
quoi pas des artistes ? Un journaliste local a fait le déplacement pour assister au départ du Corps Diploma-­
tique, des astronautes amateurs qui vont dériver dans l’espace en écrivant des spec-­
tacles. A des années-­lumière de l’agitation terrestre, ils veulent produire une oeuvre universelle dans un mouvement créatif continu. Pour ce faire, ils comptent former à bord des générations d’artistes. Ils se relaieront pour arpenter ad vitam aeternam ce FKDPSGHSRVVLEOHVLQ¿QL
Cette pièce fonctionne comme la réalisation d’une expérience de pensée vouée à l’échec : que se passerait-­il si on laissait l’art se débarrasser du temps ? Corps Diplo-­
matique met en scène la lente dégradation d’une utopie communautaire. On y célèbre QRVHႇRUWVSDUIRLVGpULVRLUHVGHFRQVWUXFWLRQG¶XQGLVFRXUVDUWLVWLTXHGDQVXQHVRFLpWp
HQGpFRQ¿WXUH
&RQFHSWLRQHWPLVHHQVFqQHHalory Goerger
,QWHUSUpWDWLRQ FROODERUDWLRQ DUWLVWLTXH Albane Aubry, Mélanie Bestel, Arnaud Boulogne, Dominique Gilliot, Halory Goerger 5pJLHJpQpUDOHEmilie Godreuil / Germain Wasilewski
'pYHORSSHPHQWLQIRUPDWLTXHHWFRQFHSWLRQGHVLQWHUIDFHV Antoine Villeret et Cy-­
rille Henry
6RQHWUpJLHQXPpULTXHRobin Mignot / Stéphane Lévêque
,QWpJUDWLRQpOHFWURQLTXHRobin Mignot
/XPLqUHAnnie Leuridan &UpDWLRQFRVWXPHVAurélie Noble 0XVLTXHDGGLWLRQQHOOHMartin Granger 5HJDUGH[WpULHXU Mylène Benoit
&RQFHSWLRQGpFRU Halory Goerger / Théâtre Nanterre-­Amandiers
&RQVHLOPDTXLOODJH : Manue Brechet
$GPLQLVWUDWLRQGHSURGXFWLRQMarion Le Guerroué pour l’amicale de production.
&2352'8&7,21
Le phénix scène nationale Valenciennes
Arsenic (Lausanne), BIT Teatergarasjen (Bergen), BUDA Kunstencentrum (Courtrai), Dublin Theatre Festival, Espace des Arts SN Chalon-­sur-­Saône, Espace Malraux – Scène nationale de Chambéry et de la Savoie, Kunstencentrum Vooruit (Gand), Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles), Le CENTQUATRE (Paris), Le Manège de Reims, Le Quartz – Scène nationale de Brest, Noorderzon Performing Arts Festival (Gronin-­
gen), Théâtre Nanterre-­Amandiers,
Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine
6287,(1
Le Beursschouwburg (Bruxelles), Le Vivat, scène conventionnée danse théâtre d’Ar-­
mentières, Szene Salzburg (Autriche), avec la participation du DICRéAM, NXTSTP (avec le soutien du Programme Culture de l’Union Européenne), APAP Network
&H SURMHW EpQp¿FLH GX VRXWLHQ GX 0LQLVWqUH GH OD &XOWXUH HW GH OD &RPPXQLFDWLRQ
(DRAC Nord-­Pas-­de-­Calais) et de l’Institut français dans le cadre du dispositif CIR-­
CLES.
Halory Goerger est artiste associé au CENTQUATRE (Paris) et au réseau APAP/Per-­
forming Europe (DGEAC -­Programme Culture). Il est également associé, avec l’ami-­
cale de production, au Phénix, scène nationale Valenciennes et au Beursschouw-­
burg-­ Bruxelles. L’amicale de production est en résidence au phénix.
/¶DPLFDOHGHSURGXFWLRQEpQp¿FLHGXVRXWLHQGX0LQLVWqUHGHOD&XOWXUHHWGHOD&RP-­
munication (Conventionnement DRAC Nord-­Pas-­de-­Calais), du Conseil régional du Nord-­Pas-­de-­calais, de la Ville de Lille.
Libération -­ 14 Avril 2015 – Eve Beauvallet
26
•
LIBÉRATION MARDI 14 AVRIL 2015
CULTURE
Par ÈVE BEAUVALLET
E
xiste-t-il des tentatives de sciencefiction au théâtre ? Et si oui, est-ce
vraiment bien raisonnable ? Considérant les effets spéciaux inéluctablement cheap mis à disposition pour figurer
aliens et exoplanètes, pourquoi ne pas laisser
ce terrain narratif là où il se porte très bien,
dans la littérature et au cinéma? Découragés
par ces problématiques épineuses, la plupart
des metteurs en scène ont choisi le camp de
la démission (donc celui de la sagesse).
L’auteur, metteur en scène et performeur
Halory Goerger comprend leur position mais
voilà : lui s’enflamme précisément pour les
défis esthétiques casse-gueule et les expériences de pensée tordues. Il l’avait déjà
prouvé dans Germinal, une odyssée philosophique déconnante devenue best-seller
théâtral (mais oui, ça existe) et dont le projet
était, en toute simplicité, de recréer l’histoire
de l’humanité et l’évolution des techniques
de communication en soixante minutes (lire
ci-contre). Voilà qu’il revient à la charge avec
Corps diplomatique, une revisitation théâtrale
et héroï-comique du mythe de la rencontre
galactique.
Aujourd’hui que les compositions de Bach,
de Mozart ou des Beatles flottent dans l’espace à des milliards de kilomètres de la Terre,
à l’heure où les chercheurs de l’institut Seti,
en Californie, réfléchissent encore et toujours
aux signaux à envoyer aux civilisations extraterrestres, Halory Goerger apporte ainsi sa
contribution avec le pitch suivant. Dans
Corps diplomatique, cinq représentants ordinaires de la race humaine (dont un journaliste de France 3-Régions) s’embarquent dans
une aventure intergalactique hors norme :
créer, dans la station spatiale Jean-Vilar, le
spectacle censé illustrer le patrimoine culturel de l’humanité et établir une communication avec d’hypothétiques formes de vie.
La pression est certaine, d’autant qu’aucun
des individus formant ce «corps diplomatique» ne s’est encore distingué dans la pratique des arts. En outre, les moyens techniques
sont pauvres (un gong, quelques projecteurs)
et le temps de production, illimité : aucune
deadline, l’œuvre sera probablement créée,
de génération en génération, sur des milliers
d’années, laissant les protagonistes seuls face
au vide créatif, à la démotivation chronique
et à la ruine de l’utopie communautaire.
SLIP KANGOUROU. L’air de ne pas y toucher,
ce space opera d’humeur montypythonesque
nous plonge au cœur d’interrogations
précieuses sur la responsabilité politique de
l’artiste (à l’échelle de l’univers, donc), l’utilité de sa création et les conditions de survie
du théâtre – cette discipline artistique que
Goerger n’a épousée que récemment et qu’il
observe «avec de la tendresse mêlée d’incompréhension. Avec un intérêt profond, en tout
cas». En effet, si précieux soit-il devenu au
spectacle vivant, Halory Goerger est un total
outsider. Le parcours de cet individu oblong
au patronyme énigmatique (prononcez
«go-air-jé», précise-t-on dans sa biographie) indique une ébauche de carrière universitaire peu concluante en science de l’information : «J’ai gardé de ces études un goût
pour la dissection des phénomènes langagiers,
PERFORMANCE
Entre spectacle
interstellaire
et farce
métathéâtrale,
«Corps
diplomatique»,
présenté cette
semaine à Paris,
confirme
le talent de
son auteur pour
les comédies
philosophiques.
Dans la station spatiale Jean-Vilar, cinq quidams doivent créer le spectacle censé illustrer le patrimoine culturel de l’humanité et établir un contact avec
Halory Goerger,
le rire de l’alien
mais j’ai vite préféré vivre les phénomènes plutôt goût pour les titres pénibles à prononcer
(&&&&& & &&&), les idées marketing perque de les étudier.»
Aucune trace d’études théâtrales classiques, chées (création d’un spa stoïcien pour cadre
pas non plus de pratique de spectateur de déprimé) et, surtout, une façon d’appréhenthéâtre: «Je me sens plus proche
de la famille de la danse qui, his- Ce space opera montypythonesque
toriquement, est plus hospitalière
nous plonge au cœur d’interrogations
à l’égard des moutons à cinq pattes.» C’est dans sa passion pour précieuses sur la responsabilité politique
la littérature «qui merdre» – de l’artiste, l’utilité de sa création
celle qui va d’Alfred Jarry à et les conditions de survie du théâtre.
Charles Pennequin en passant
par l’Oulipo– qu’il trouve les premières im- der le plateau de théâtre «avec l’œil du plastipulsions vers la scène, croisant alors la route cien» –démarche qui les rapproche de la fad’Antoine Defoort, un performeur venu des mille des Philippe Quesne et Grand Magasin:
Arts décoratifs avec lequel il partage vite un «C’est-à-dire qu’on ne donne pas de primat au
texte et à l’acteur, que l’on écrit à même le plateau et qu’on a un goût partagé, il me semble,
pour l’investigation des cadres et des formats.»
En témoigne les différents ovnis produits par
leur coopérative de projets franco-belge,
l’Amicale de production, une structure créée
en 2004 et associée aujourd’hui au Phénix de
Valenciennes, d’où naissent des spectacles
mais aussi des projets éditoriaux ou vidéos.
Détour obligé, à cet endroit, par la minisérie
web Bonjour Concert, une campagne de publicité comparative destinée à départager les
deux grands concurrents à la modernité –le
concert de rock et le spectacle de danse contemporaine. Cette pastille vidéo, dans laquelle Goerger personnifie la danse contem-
d’hypothé
Libération -­ 14 Avril 2015 – Eve Beauvallet
LIBÉRATION MARDI 14 AVRIL 2015
CULTURE
•
27
Avec le cogito pour corde sensible, le spectacle phare du duo Antoine
Defoort et Halory Goerger est repris au Théâtre du Rond-Point.
«Germinal», un voyage
aux racines du langage
Né de l’écriture collective, Germinal a été présenté au Festival d’Avignon en 2013 avant de tourner en France. ALAIN RICO
GERMINAL
d’ANTOINE DEFOORT
et HALORY GOERGER
Théâtre du Rond-Point, 75008.
Du 15 au 25 avril. Rens.:
www.theatredurondpoint.fr
Puis du 20 au 29 mai (relâche
du 23 au 25) à la Comédie
de Clermont-Ferrand (63).
d’hypothétiques formes de vie. PHOTO DIDIER CRASNAULT
poraine en slip kangourou (non sans
noblesse), donne aux internautes une première idée de ce style humoristique qui fait
aujourd’hui de Corps diplomatique une œuvre
indispensable, si ce n’est à la survie de l’humanité, du moins à celle du spectacle vivant.
«NOVLANGUE». Des hypothèses tordues traitées sur le mode de la conversation ordinaire,
une façon d’ironiser sur les conditions de
production et la sociologie de l’art, un talent
pour réconcilier réflexions phénoménologiques pointues et humour de fin de soirée…
Soit une liberté de ton encore trop rare au
théâtre et qu’Halory Goerger nous dit retrouver davantage dans la BD, chez des auteurs
comme Claire Bretécher («je m’inspire clairement de sa novlangue dans Corps diplomatique») ou Ruppert et Mulot («j’aimerais voir
au théâtre des acteurs qui parlent comme leurs
personnages»).
Dans sa note d’intention, l’artiste est lucide:
il est peu probable que la Nasa lui confie un
jour la responsabilité d’un programme spatial. Dommage pour les aliens, qui auraient
vraiment eu de quoi se marrer. •
CORPS DIPLOMATIQUE
de HALORY GOERGER CentQuatre, 5, rue
Curial, 75019. Du 14 au 19 avril. Rens.: www.104.fr
Puis du 13 au 15 mai à Bruxelles, dans le cadre
du Kunstenfestivaldesarts. Rens.: www.kfda.be
O
n efface tout et on recommence. Vaste
programme que cette
tabula rasa qui préside au
vertigineux Germinal: au début de l’humanité était le son
(ou phonème), puis le verbe.
Sur scène, quatre personnages anonymes font ensemble l’apprentissage de la
sociabilité, du sens et de leur
propre existence. Inventer le
langage et, de là, la civilisation revient d’abord à délimiter ce qui, dans le monde,
fait «pok pok» de ce qui ne
fait «pas pok pok» (un grand
moment de bravoure). Distinguer le dur du mou, le vivant du minéral et ainsi de
suite, jusqu’à aborder la métaphysique. Quésaco ?
Freestyle. En marge de
Corps diplomatique, au CentQuatre, Germinal, spectacle
phare repris au Théâtre du
Rond-Point (Paris VIIIe), a
d’abord été présenté au
Festival d’Avignon en 2013
avant de beaucoup tourner
en France. Il exemplifie au
mieux l’écriture collective
comme modus operandi de
l’Amicale de production,
fruit d’un compagnon-
nage du duo venu du nord,
Halory Goerger et Antoine
Defoort. Selon leur site web,
ce groupuscule de têtes chercheuses «mène une expérience coopérative autour de la
production de formes hybrides
(du spectacle à la sucette
géante)». Avec, à leur actif,
fausses conférences et autres
installations farfelues dans
des piscines à boules.
Fausse piste, le titre du spectacle évoque davantage une
éclosion bouillonnante et le
premier mois printanier
dans le calendrier républicain que le roman d’Emile
Zola (quoique…). Son
préambule conceptuel, qui
pourrait effaroucher le chaland, n’a rien d’un aride
cours de linguistique et tout
d’une vaste entreprise de
sémiologie ludique en freestyle. Accompagnés des
comédiens Ondine Cloez et
Arnaud Boulogne, les deux
auteurs et metteurs en scène
arpentent le plateau selon
des configurations qui rappellent autant les listes à rallonge de l’Oulipo que les
équations expérimentales à
la scène de la compagnie
Grand Magasin, doyens du
genre. Leur credo, faire
beaucoup avec peu, est une
gageure, soit des corps en
mouvement dans un espace
délimité, une table de
mixage, des micros et des
projections sur le mur. Ce
retour en enfance permet
d’explorer simultanément
les puissances de l’esprit
sommées d’assembler sur
scène un entrelacs de raisonnements cartésiens,
d’intuitions géniales, de joutes verbales et de vilains jeux
de mains.
Tentaculaire. Cette genèse
en forme d’encyclopédie
pop, inspirée de loin par le
fonctionnement démocratique et tentaculaire de Wikipedia, résiste, elle aussi, aux
classifications. Précipité grisant de cogito naissant que
ce beau prélude à un éveil
des consciences.
CLÉMENTINE GALLOT
COUTANCES
MANCHE
8 AU 16 MAI 2015
3 4e F E S T I V A L
SNARKY PUPPY & METROPOLE ORKEST
MESHELL NDEGEOCELLO MELINGO
ESTER RADA TIGRAN HAMASYAN
VAUDOU GAME HENRI TEXIER
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www.fnac.com et www.ticketnet.fr
à partir du 18 avril
Les Trois couleurs – Avril 2015 – Eve Beauvallet
Trois Couleurs / Avril 2015
Inferno-­ 21 Avril 2015 – Quentin Guisgand
21/4/2015
AU 104 : HALORY GOERGER, UN « CORPS DIPLOMATIQUE PAS COMME LES AUTRES | «INFERNO
INFERNO
A LA UNE #21
NEWS
FESTIVAL D’AUTOMNE 2014
BIENNALE DE VENISE 2015
ART
SCÈNES
ATTITUDES
EVENTS
INFERNO, LA REVUE
CONTACTS
AU 104 : HALORY GOERGER, UN « CORPS
DIPLOMATIQUE » PAS COMME LES AUTRES
Posted by infernolaredaction on 16 avril 2015 ·∙ Laisser un commentaire Halory Goerger : un Corps diplomatique > Au 104, du 14 au 19 avril 2015.
Corps diplomatique est une farce qui fait passer la force analytique de la pensée par le filtre d’un1/3
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Inferno-­ 21 Avril 2015 – Quentin Guisgand
21/4/2015
AU 104 : HALORY GOERGER, UN « CORPS DIPLOMATIQUE PAS COMME LES AUTRES | «INFERNO
Corps diplomatique est une farce qui fait passer la force analytique de la pensée par le filtre d’un
imaginaire puissant et exploratoire, le tout cuisiné à la sauce d’un humour caustique. Le
spectateur rit et passe un bon moment à regarder les acteurs se jouer d’eux-­‐‑mêmes, en même
temps qu’ils jouent pour nous des personnages taillés dans le costume de certains Robin des
bois. L’ironie feinte de leur propos et l’absurdité de certaines situations n’est en effet pas sans
rappeler le style des sketches satiriques et télévisés de ce groupe de joyeux drilles à la fin des
années 90.
Le sacerdoce de l’art
Cinq hominidés élus sont propulsés dans une sonde spatiale. Leur mission : entrer en
communication avec une possible forme de vie extraterrestre par le biais d’un spectacle de
théâtre, créé à travers les générations. Car c’est là que la farce commence son invraisemblable
travail de sape : ces cinq aventuriers ordinaires sont stériles, absolument néophytes en art de la
scène, convaincus de la portée universelle de leur tâche et enfin, ils sont conscients que seuls
leurs descendants – obtenus par manipulation génétique, seront en capacité de compléter cette
mission.
A travers une plongée vertigineuse dans le temps – les années défilent à une vitesse sonique
alors que les dates et les secondes s’égrènent à fond la caisse sur une horloge en fond de scène –
nous voyons ces missionnaires se débatte entre leur sens moral et la réalité de leur ennui. Ils
nous montrent l’évolution une mini-­‐‑société en vase-­‐‑clos. Totalement détachés de leurs racines
historiques en vue d’une rencontre du troisième type, ils réinventent, à travers différentes
péripéties, une toute autre interprétation de leur tâche.
Penser l’Homme et penser le théâtre.
Cette pièce manifeste alors une pensée double : Halory Goerger est cet homme qui interroge
l’espèce humaine en la projetant dans l’inconnu – l’espace intersidéral. Il est aussi un artiste de
théâtre qui questionne ce que peut devenir sa pratique de la scène. Dans les deux cas, ce
questionnement prend appui sur une imagination teintée d’une bonne dose d’autodérision.
Attention, esprit de sérieux : s’abstenir ! Ce spectacle de théâtre est ainsi une dérive, aussi bien
dans le thème qu’il aborde que par la parabole qu’il crée.
Les déchirements du groupe sur l’objectif de son existence renvoient aux déchirements
esthétiques qui bouleversent depuis toujours le monde du théâtre. Corps diplomatique pose la
question du langage à travers le théâtre, comme si ce dernier représentait la forme de
communication la plus universelle qui soit. Si les personnages se demandent comment entrer
en contact avec une espèce extraterrestre qu’ils ne connaissent pas encore ; le metteur en scène,
dans un mouvement de mise en abyme loufoque, interroge le medium théâtral comme moyen
de faire passer un message.
« The Medium is The Message »
Si ce spectacle un brin irrévérencieux ennuiera ceux qui n’y verront qu’une farce sans
conséquence, il ravira les amateurs d’une ironie puissance dix, mise en scène avec l’aide d’une
causticité raisonnable. Car sa profondeur ne se situe pas forcément là où on pourrait s’y
attendre. Se présentant souvent sous une forme dérisoire, les personnages débutent la pièce
emprunts de sérieux pour finir complètement perdus dans un ravissement new-­‐‑age qu’il est
difficile de prendre à l’emporte-­‐‑pièce.
http://inferno-­magazine.com/2015/04/16/au-­104-­halory-­goerger-­un-­corps-­diplomatique-­pas-­comme-­les-­autres/
Avec le style si particulier de l’amicale de production, cette cellule artistique et
2/3
Inferno-­ 21 Avril 2015 – Quentin Guisgand
21/4/2015
AU 104 : HALORY GOERGER, UN « CORPS DIPLOMATIQUE PAS COMME LES AUTRES | «INFERNO
Avec le style si particulier de l’amicale de production, cette cellule artistique et
pluridisciplinaire où gravitent divers comparses de la scène, Corps diplomatique est un pur
produit de divertissement intelligent qui atteint le cerveau aussi bien que les zygomatiques. Il
est aussi sans doute symptomatique de son époque : l’Homme est bien modeste dans ses
emportements alors que le monde s’épuise dans de dérisoires efforts pour se comprendre et se
déchirer dans un même mouvement.
Quentin Guisgand
Corps diplomatique sera présenté au Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles du 13 au 15 mai 2015.
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Halory Goerger Corps diplomatique, Le 104
INFERNO ·∙ Magazine Arts & Scènes contemporaines : IL N'ʹY AURA PAS DE MIRACLE ICI
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Ma Culture – 30 Juillet 2015 – Wilson Le Personnic
30/7/2015
« J’avais une envie terrible de mettre en scène les limites de notre engagement. » Halory Goerger -­ MA CULTURE
« J’AVAIS UNE ENVIE TERRIBLE DE
METTRE EN SCÈNE LES LIMITES DE
NOTRE ENGAGEMENT. » HALORY
GOERGER
Produit par l’Amicale de Production, Corps diplomatique est la nouvelle création d’Halory
Goerger. Auteur, metteur en scène et performeur, Halory Goerger est l’un des membres
fondateurs de cette coopérative devenue depuis quelques saisons un vivier de projets tous
encensés aussi bien par le public que la critique. Enfermés dans une navette spatiale à la
dérive, cinq humains lambda ont pour mission de créer un spectacle qui sera, un jour peut
être, joué devant une hypothétique forme d’intelligence. Ce projet aussi fou qu’ambitieux
est l’occasion d’explorer un genre rarement utiliser au théâtre : celui de la science-fiction.
Halory Goerger a accepter de répondre à nos questions.
http://maculture.fr/entretien/halory-­goerger-­corps-­diplomatique/
1/7
Ma Culture – 30 Juillet 2015 – Wilson Le Personnic
30/7/2015
« J’avais une envie terrible de mettre en scène les limites de notre engagement. » Halory Goerger -­ MA CULTURE
Corps diplomatique peut-il se voir comme un écho à votre précédente création Germinal ?
Davantage comme un miroir : dans Germinal, on a affaire à la construction d’une
communauté, à la constitution en tant que sujet (et en tant qu’acteur) de chacun de ses
interprètes : c’est un mouvement ascendant. Dans Corps Diplomatique, à l’inverse, le groupe
se délite, leur humanité s’effrite, leur langage se corrompt, leurs valeurs s’effondrent, c’est
le mouvement inverse.
Qu’est-ce qui vous a motivé dans la création de ce nouveau spectacle ?
Je sortais d’une grosse pièce de groupe, il aurait été malin de faire un petit solo pour lutter
contre les attentes et être dans le confort… J’ai pas pu m’empêcher de monter un nouveau
projet complexe, avec une équipe constituée très majoritairement de nouveaux
collaborateurs, au niveau technique, en production, comme au niveau des comédiens. Et ça
a été une source d’énergie inépuisable de devoir découvrir leur fonctionnement, leur
langue, leurs idées. Et les relations qui en sont nées ont été très chouettes.
Quelles ont étés vos lignes de recherches pendant l’écriture de la pièce ?
Ce qui me motivait, c’était l’idée d’être un dinosaure de l’art, de faire exactement l’inverse
de ce qu’il faudrait. Premièrement, monter une pièce de théâtre au travers de propositions
artistiques, de conférences, de rencontres et de discussions. Très frontale, très langagière et
somme toute, pas si bizarre. Alors que tout le monde semble bien naturellement vouloir des
pièces qui remettent en question ce dispositif. Ce dispositif est – pour moi – encore objet de
curiosité. J’ai en somme fait le chemin à l’envers : j’ai commencé par déconstruire, et
maintenant je m’y intéresse sincèrement. Deuxièmement : une pièce à décor, au moment où
tout fout le camp côté budget de la culture.
Comment se sont déroulé les répétitions ?
J’ai fait participer les interprètes assez tôt dans le processus. Pendant trois courtes
résidences de recherche, hors plateau, je leur ai inlassablement «bracontéb» le spectacle en
faisant rebondir la balle sur eux. Ils ont à ce moment là donné des idées, des références, etc.
Pour la phase de création, au plateau, je suis arrivé avec un plan très détaillé et quelques
scènes. Je leur ai livré chaque matin ce que j’écrivais chaque soir (ou au plateau avec eux) et
nous répétions chaque après-midi . C’était très stimulant et assez rapide, ça me permettait
de voir jour après jour le texte se façonner à leur image.
À mes yeux, Corps diplomatique est un très grand spectacle politique, je me trompe ?
La pièce a été écrite à un moment où je constatais avec désespoir qu’en dépit des efforts
insensés produits par les générations précédentes, on devait encore se coltiner des
problématiques aussi pesantes que l’intégrisme religieux, l’homophobie, l’inégalité hommehttp://maculture.fr/entretien/halory-­goerger-­corps-­diplomatique/
2/7
Ma Culture – 30 Juillet 2015 – Wilson Le Personnic
30/7/2015
« J’avais une envie terrible de mettre en scène les limites de notre engagement. » Halory Goerger -­ MA CULTURE
femme etc. Je pensais que ma génération serait la dernière à grandir dans ce climat de
vigilance politique permanente. J’avais une envie terrible de mettre en scène les limites de
notre engagement, mais le climat général nous force à remettre le couvert et c’est usant.
C’est comme si l’état du monde nous forçait à faire un art de réaction, un art engagé ou en
tout cas structuré moralement, alors même qu’on pensait être libéré de nos obligations dans
ce domaine grâce aux avant-gardes des années 1910 à 1980. J’ai eu envie de mettre en scène
une utopie biaisée, un projet mal engagé, d’une part parce que c’est plus drôle à étudier, et
d’autre part, parce que je voulais finir sur le constat un peu triste que l’art même pourrait
mourir, d’où cette fin ambigüe qui met en scène un groupe qui se restructure autour d’une
pensée rance et simpliste.
Conception et mise en scène Halory Goerger. Interprétation et collaboration artistique :
Albane Aubry, Mélanie Bestel, Arnaud Boulogne, Dominique Gilliot, Halory Goerger.
Régie générale Emilie Godreuil. Son et régie numérique Robin Mignot et Stéphane
Lévêque. Lumière Annie Leuridan. Création costumes Aurélie Noble. Regard extérieur
Mylène Benoit. Conception décor Halory Goerger et le Théâtre Nanterre-Amandiers.
Photo de Didier Crasnault.
Tournée 2015/2016
Les 15 et 16 Décembre 2015 à l’Hexagone Scène Nationale Arts Sciences, Meylan
Les 17 et 18 Février 2016, Kunstencentrum Vooruit Vzw, Gand
Le 25 Fevrier 2016, Lunstencentrum Buda, Kortrijk
Du 10 au 17 Mars 2016 au Théâtre Nanterre Amandiers
Les 23 et 24 Mars 2016, Espace Malraux, Scène Nationale de Chambéry
Du 6 au 9 Avril 2016, TNBA, Théâtre du Port de la Lune à Bordeaux
Les 26 et 27 Avril 2016, Espace des Arts Scène Nationale Châlon sur Saône
Les 11 et 12 Mai 2016 au Quartz, Scène Nationale Brest
Du 9 au 11 Juin 2016, Arsenic, Centre d’Art Scénique Contemporain à Lausanne
Par Wilson Le Personnic
http://maculture.fr/entretien/halory-goerger-corps-diplomatique/
« D’UNE MANIÈRE OU D’UNE AUTRE JE CHERCHE…
La Terrasse – Avril 2015 – Eric Demey
LE CENTQUATRE
CONCEPTION ET MES+$/25Y*2(5*(R
CORPS ',3/20$7,48(
7DQGLV TXe OeWULRPSKDO GerminalHVt UHSULV Fe PRLVFi DX 5RQG3RLQW,
+DORUy*RHUJHrV
DYDQFeDYHcVaQRXYHOOeFUpDWLRQ,Xn Corps diplomatique
TXi QRXVHQYRLe OaWrWe GDQV OHV pWRLOHV.
Un peu lunaire, pas mal perche, Halory Goerger
est un grand type habitué a prendre de la hau-­
teur. Avec Corps diplomatique, il s'envoie en l'air,
et nous avec, par l'entremise d'une mission spa-­
tiale qui veut créer un spectacle en vue de la ren-­
contre d'éventuels extra-­terrestres La joyeuse
équipée part donc pour une interminable dérive
dans les contrées intergalactiques -­ sans retour
possible surTerre Les problèmes d'apesanteur
ayant été réglés, les spationautes peuvent ne
se préoccuper que des serres embarquées qui
leur servent à s'alimenter et de la preparation du
spectacle Comme ils mourront en vol, leur suc-­
cession est assurée v ia des gamètes et de l'ADN
qui leur permettront de se cloner Tout est donc
simple finalement, même les rapports humains,
tres harmonieux et démocratiques dans cette
collectivité où l'on veut oublier son être social -­
ce que l'on aappns,quion aéte-­ pourse lancer
dans l'immense défi de représenter l'Humanité
a travers un spectacle
-($1 9,/$R 328R +286721
De Germinal créé avec son compère de
l'Amicale de Production, Antoine Defoort, on
retrouve donc la volonté de repartir de zero
pour mieux s'interroger sur ce qui constitue
notre humanité Artiste associê au Phénix de
Valenciennes,où lise produisait avec les qua-­
tre autres comédiens de Corps diplomatique
lors du bien nommé Cabaret de curiosités,
Halory Goerger n'en est pas moins un créa-­
teur qui traite de questions essentielles avec
autant de sérieux que de dérision «Jean Vilar
pour Houston » appellent ainsi régulièrement
les membres de l'équipage pour entrer en
contact avec la Terre Rêférences et interro-­
gations sur le theâtre côtoient donc le cinéma
de Kubrick m aîs aussi des clins d'oeil aux expé-­
riences scientifiques en cours (un programme
néerlandais Mars One prépare effectivement
un hypothétique voyage pour coloniser Mars
d'où les spationautes ne pourraient pas reve-­
nir) Tout cela n'est pas sérieux maîs bien déso-­
pilant dans un théâtre de création collective où
le jeu paraît quotidien, où l'on s'interpelle par
son patronyme à la ville Corps diplomatique
va aussi chercher dans les êtoiles des utopies,
des mondes parallèles, la distance du rire et
de l'imagination libérée, qui permettent de si
bien se réflechir S'achevant dans un retour aux
sources façon théâtre cérémoniel, où la cape
papale fait vraiment style dans l'espace inter-­
sidéral, le spectacle pose un regard tendre et
critique sur la nature humaine en même temps
qu'il place l'art théâtral, un peu a la maniere
de Philippe Quesne, comme lieu de possibles
communautés, c omme laboratoire pour inven-­
ter d'autres manieres d'exister
Éric'HPHy
m
©SD&HQW4XDWUH, 104 rue daubervilliers, 75019
Paris. Du 14 au 19 avril à 19h Tél 01 53 35 SO 00.
JK*
/eF°XrGeOaFHOOXOeVSDWLDOeGe&RUSV diplomatique.
Tous droits réservés à l'éditeur
ROND-­POINT 6180453400504
A Bras le corps – 25 Mai 2015 -­ Smaranda Olcèse-­Trifan
Cinéma | Expositions | Danse & performance
CORPS
DIPLOMATIQUE DE
HALORY GOERGER
Les voyants s·allument, les systèmes s·activent, la navette spatiale est sur
le point d·entamer une nouvelle trajectoire. Le plateau constitue une
excroissance du vaisseau, invraisemblable et pourtant parfaitement
assumée par le Corps diplomatique, le nerf de la guerre même et le cœur
de son projet interstellaire¬: le module Jean Vilar, spécialement conçu pour
le spectacle vivant et pas seulement pour le théâtre, comme s·empresse à
le souligner une membre de l·équipage au journaliste qui s·attarde à faire
son reportage à bord juste avant le détachement de la station orbitale.
Cette visite guidée est une parfaite occasion dramaturgique de poser le
cadre d·une aventure folle¬– travailler au quotidien pour créer un spectacle
à l·attention de formes de vie pas nécessairement de type humanoïde — et
de véhiculer, en sous texte, les lignes de force d·un éventuel manifeste
artistique¬ —¬ l·impératif de non-spécialisation est un point décisif, partir
sans rien, ne pas s·encombrer de savoirs usés jusqu·à la corde, en est un
autre¬: pas d·Encyclopedia Universalis à bord, afÀrme avec Àerté une autre
membre du Corps diplomatique. Petit à petit, nous comprenons que leur
mission s·apparente à un véritable sacerdoce — dédier le reste de sa vie à
l·art, y travailler au jour le jour, à des milliers d·années lumière de la Terre et de l·agitation croissante de la société contemporaine, dériver
pour l·éternité, à la recherche d·un public ouvert aux formes non conventionnelles, sans qu·il y ait de retour possible.
La partition est magistralement écrite, avec une bonne dose d·humour et d·autodérision. L·hypothèse de départ est séduisante en ce
qu·elle soulève des questions esthétiques¬ : quelles formes, quels langages, quelles expériences spectatoriales¬ ? Ainsi le module de
contact à l·attention des formes de vie extraterrestres engage la communication sur le mode de la vibration et entraine le journaliste dans
un vécu somatique troublant de changement d·organes. Les perspectives que cette hypothèse de travail ouvre sont vertigineuses¬ :
l·espace en tant que gradin à la jauge inÀnie, un spectacle qui se perpétue au Àl des générations pour une durée qui regarde du côté des
grands nombres.
Très vite pourtant l·utopie tourne mal, elle qui portait inscrit dans son ADN quelque chose du Swamp Club de Philippe Quesne, dont les
A bras le corps - Association Loi de 1901 | Equipe | Création graphique : Juste AB | Mentions légales
résidents, loin de se couper complètement de la terre, s·enfonçaient dans ses profondeurs en cultivant la promesse d·une exploration de
A Bras le corps – 25 Mai 2015 -­ Smaranda Olcèse-­Trifan
ses sources nourricières¬: une conquête souterraine avant toute conquête de l·espace¬!
D·un saut temporel à l·autre, de l·ordre de dizaines de milliers de générations, au point que même le système d·écriture a radicalement
changé, les clones de clones des membres fondateurs de Corps diplomatique, affublés d·accoutrements pontiÀcaux, s·adonnent à un
étrange rituel de consécration de l·un des leurs¬ : cérémonie haute en couleurs qui frôle la transe, façon Sébastien Tellier, reproduction
dégénérée du même et retour à des vieilles formes ultra-codiÀées qu·on pensait épuisées. Cet épisode Ànal, qui au premier regard peut
laisser un gout un peu acide de private joke entre copains, est Ànalement très cohérent avec le ton volontariste de manifeste et une
réÁexion lucide et engagée en faveur de la recherche et de la création sur le plateau, qui ne peut que s·étioler, s·abimer dans l·entre-soi,
qui a besoin d·être toujours au contact des publics et de la réalité du monde contemporain. Les dangers de l·entrisme sont d·ailleurs à des
milliers d·années lumière de ce qu·incarne au quotidien l·Amicale de production, cette structure de création que regroupe, sous la
coordination artistique de Halory Goerger, Antoine Defoort et Julien Fournet, des formes transversales, à cheval entre les arts visuels et le
spectacle vivant, une nébuleuse de projets parmi lesquels, toujours dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts, La Chasse, entrainait les
spectateurs dans les coulisses de la capitale européenne de la culture Mons 2015.¬
| Auteur : Smaranda Olcèse-Trifan
Publié le 22/05/2015
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Mediapart – 16 Mars 2015 – Jean-­Pierre Thibaudat
Balagan, le blog de Jean-Pierre Thibaudat
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Littérature . Nordey . Pasolini . Pologne .
Théâtre National de Strasbourg
. Union soviétique
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JEAN-PIERRE THIBAUDAT
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conseiller artistique
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Allo Houston ? Ici Jean Vilar !
alerter
16 MARS 2015 | PAR JEAN-­PIERRE THIBAUDAT
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Laurent Eyraud-Chaume
"Corps diplomatiques", spectacle en orbite © Didier Cransnault
Lyes SALEM
On a tout envoyé dans l’espace. Des chiens, des hommes, des
femmes, des breloques, une plaque où l’on voit un homme avec
un zizi et une femme sans fente, un disque avec plein de
musiques, des messages écrits, dessinés, sonores,b des poèmes.
Oui, maisb on a encore jamais envoyé vers les étoiles de spectacle
vivant. La démocratisation culturelle n’est pas allée jusque-là.
isabel cabeca
1/2
»
Je m'identifie
b
OK
Je m'abonn
Un sidéral cabaret de curiosités
Et si on s’y collaitb? C’est l’idée qui a trotté dans les neurones en
permanente surchauffe et le cervelet féru d’imagination logique
de Halory Goerger, artiste associé au Phénix de Valenciennes. Ilb
vient d’y créer ble résultat de ses cogitations, «bCorps
diplomatiqueb», dans le cadre de la quatorzième édition de
«bCabaret de curiosités b» (qui vient de s’achever), véritable
terreau de spectacles, performances et autres bizarreries à tête
chercheuse.
La scène de «bCorps diplomatiqueb» représente un grand espace
vide et, trônant au centre et au fond le cœur étroit d’une station
spatiale baptisée Jean Vilar. L’espace vide est voué au spectacle
vivant, un bel espace qui ferait le bonheur de bien des
compagnies et qui fait jaser le milieu corporatiste et
probablement jaloux des confrères habitant nombre d’autres
satellites où l’espace vital est généralement réduit. Lesb «Jean
Vilar appelle Houstonb» se succèdent, on ne s’en lasse pas. bLes
cosmonautes de Jean Vilar bvivent leurs dernières heures de
relation avec la terre via Houston: bientôt ils vont tout larguer
pour dériver sans fin.
Tout a été prévu. Jusqu’à la reproduction des humains
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-­pierre-­thibaudat/160315/allo-­houston-­ici-­jean-­vilar
Mediapart – 16 Mars 2015 – Jean-­Pierre Thibaudat
1/4/2015
Allo Houston ? Ici Jean Vilar !
programmée sans passer par les rapports sexuels désormais hors
sujet, et, miracle, le problème de l’apesanteur n’en est plus un. Le
journaliste qui réalise un reportage exclusif pour on ne sait qui,
en reste baba. Il est si éberlué par la douceur, l’esprit d’entente, la
cordialité et l’appétence démocratique de ces volontaires de
l’aventure ultime (deux hommes, deux femmes) qu’au moment de
reprendre la dernière navette qui le ramènerait à terre, il décide
de rester, d’abandonner femme et enfants (ce qui lui d’autant
plus facile qu’il n’a ni femme ni enfant) et de vivre cette aventure
spatio-artistique sans retour bien qu’il n’ait effectué aucun stage
théâtre. Il devient le cinquième des corps diplomatiques. Et c’est
parti.
Un compteurb électronique fait défiler lesb années à toute vitesse.
Bientôt se pose la questionbaux acteurs-cosmonautesb: quoi
jouerb? Et pour quib? Dans l’espace, le public potentiel est infini.
Pas simple d’imaginer un spectacle en attente de spectateurs
dont on ne sait rien, de partir à mla conquête d'un non-public
auquel n'avait pas paensé Francis Jeanson. Et personne n’a songé
à emmener une liseuse ayant emmagasiné les œuvres complètes
de Pirandello, maisb qu’est-ce qu’ilsb en ont à battreb du sicilienb
les habitants des autres planètesb? Au fil de l’errance stellaire,
l’homme redevient ce qu’il est de toute éternitéb: un monstre
d’égoïsme. L’auto proclamé chef de l’expédition (joué par Halory
Goerger lui-même) planque de la bouffe dans une sorte de micro
compresseur, le journaliste rapidement dépité s’adonne à la
fumette via le tuyau d’une sorte de manomètre. En se
rapprochant du soleil, le groupe théâtral ne sachant pas trop où
aller accouche d’un demi plagiatb: une procession de bannières
(hommage au dieu Vilar période avignonnaise) bà écran
électronique, tandis que les corps se revêtent diplomatiquement
des costumes oscillant entre la Sainte Eglise, une bsecte postMoon, ou une représentation néo-ancienne de «bMeurtre dans la
cathédrale de T.S. Eliot.
Les lubies de l'Amicale de production
Halory Goerger et Antoine Defoort avaient conjointement signé
«bGerminalb», formidable spectacle qui depuis sa création en 2012
tourne dans le monde entier. Au sein de l’Amicale de
production , avec Julien Fournet et d’autres, ils œuvrent de bien
des façons. «bL’amicale se définit comme une plate-forme
collaborativeb: chacun participe à son niveau et selon sa
disponibilité au développement technique, administratif ou
artistique du projet.b» Outre plusieurs lieux en Belgique, l’Amicale
de production entretient des liens étroits avec Le vivat à
Armentières, la Malterie à Lille, le Phénix de Valenciennes et le
Centquatre à Paris.
«bCorps diplomatiqueb» est-il un «bmessage du futur du passéb»b?
C’est en tout cas le titre d’un des cahiers assemblés dans un
coffret très excitant btitré «bExhibition des rouages et logistique de
la monstrationb» (publié par le Centre Pompidou-Metz) où
l’Amicale de production rend compte de son parcours et de ses
œuvres. On peut y jouer au «bjeu de l’oie du spectacle vivantb» et
s’adonner au «bshoot du futurb» qui peut se loger partout même
dans un pot de yaourt.b «bPrenons un pot de yaourt bon ben un
yaourt c’est pas folichon mais par contre prenez un yaourt du
futur, et là euh fsshiuu jzz, shevaw, zoogb». CQFD.
Placé sous le signe de ralliement «ball aliensb», le cabaret de
curiosité a multiplié cette année les «bshoot du futurb» et même du
présent, mais tous n’étaient pas follement «bzoogb».
La dramaturge canadienne Sarah Berthiaume , auteur de la pièce
b«bYukonstyleb» que Célie Pauthe a mis en scène au théâtre de la
Colline,b était sur deux fronts. Avec Adrien Bletton, elle a écrit
une pièce (monologue) qui dure le temps qu’a duré la chute libre
(filmée) de 39 kilomètres depuis la stratosphère effectuée par
l’autrichien Félix Baumgartner il y a quelques années. Qu’est ce
qui lui a traversé le ciboulot pendant sa descente vertigineuse
avant que ne s’ouvre son parachuteb? C’est l’objet de la pièce.
Courte.
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-­pierre-­thibaudat/160315/allo-­houston-­ici-­jean-­vilar
2/4
Mediapart – 16 Mars 2015 – Jean-­Pierre Thibaudat
1/4/2015
Allo Houston ? Ici Jean Vilar !
bGilles Poulain-Denis, Edith Patenaude et Sarah Berthiaume sont
les trois dramaturges du collectif Les petites cellules chaudes qui
vient de triompher au Canada avec «bIshowb», une performance
aléatoire réunissant une quinzaine d’acteurs (dont les trois
dramaturges). Comment faire un show avec une quinzaine
d’ordinateurs et ce qu’ils recèlent (Facebook,b Skype, vidéo) ou ce
qu’ils sont aussi (des sources lumineuses, des sources
d’information)b? La clef c’est la rencontre, virtuelleb voire plus si
affinités. Elle se fait ou pas. Le public est mis à contribution. Un
malaise passe quand un des acteurs propose aux spectateurs
volontaires de visionner une vidéo en principe effacée sur le Net
mais dont il vient de faire la preuve qu’elle y est encoreb: celle
d’un tueur dégustant sa victime devant une caméra. Le reste est
plus cool ou plus plombant selon, un peu bordélique, un peu
rigolo. Grosse tournée française organisée par le Phénix.
«bPortrait 9 , Claude Ridderb» est
une création collective
d’Hypolyte Hentgen (plasticien)
, de Perle Palombe (actrice) et
d’Emilie Rousset (mise en
scène). Le spectacle s’appuie
Scène de "Portrait 9 Claude Ridder" © dr sur le film d’Alain Resnais, «bJe
t’aime, je t’aimeb»b où un
homme, Claude Ridder (interprété par Claude Rich), ayant raté
son suicide accepte d’être le cobaye d’une expérience validée
chez les souris semble-t-ilb mais inédite chez l’hommeb: une
machine à remonter le temps. En off on entend les voix du film
sauf celle de Claude Ridder interprété ici par l’excellente Perle
Palombe. Une caméra la filme adossée à des œuvres du plasticien
en principe inspirées du film. En principe.
Ou l'on retrouve Dragan Zivasinov
Comme chaque année le cabaret des curiosité est l’objet d’un
livre qui ne fait pas la promo des spectacles mais les
accompagnentb: textes, études et illustrations souvent
passionnants. C’est le cas de la contribution bd’Annick Bureau
consacré aux «bsatellites artistiquesb» qu'elle qualifie d’b»Objets
d’art paradoxaux, entre politique et poétiqueb». Dans son
préambule, elle cite Dragan Zivadinovb: «bSi le suprématisme et le
constructivisme ont engendré le modernisme, alors Spoutnik est
le premier produit du supramodernisme en ce qu’il associe les
deuxb: la sphère suprématiste et les antennes constructivistesb». b
Annick Bureau brevient longuement sur cet artiste hors norme,
haute figure balkanique, le seul homme de théâtre au monde à
avoir entamé un spectacle en 1995 (dans un espace sphérique où
les sectateurs étaient à plat ventre, on y était ) qui s’achèvera 50
ans plus tard en 2045, à raison d’un épisode tous les dix ans (le
second a eu lieu à Moscou à la Cité des étoiles , etc.).Si un acteur
meurt -cela n’a pas encore été le cas- il sera remplacé par un
satellite particulier (tenant compte de la personnalité du défunt)
et placé en orbite géostationnaire. La mort du maitre d’œuvre
n’est pas au programme. A suivre.
«aCorps diplomatiquea» au Centquatre du 14 au 19 avril,
Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) du 13 au 15 mai
«aIshowa» 17-18 mars Annecy (Bonlieu), 20-21 mars Chambéry
(Espace Malraux), 24 mars Meylan (Hexagone),26 mars
Mulhouse (La filature), 31 mars-1er avril, Brest (le Quartz), 3
avril Saint Brieuc (La Passerelle), 7-8 avril La Rochelle
(Coursive), 10 avril Martigues (Théâtre des salines), 14 avril
Valence (Lux), 17 avril Creil (Faïencerie)
«aAll aliens, cabinet de curiosité 2015a», éditions Le
Phénix/Les solitaires intempestifs, prix NC
«aExhibition des rouages et logistique de la monstrationa»,
Editions Centre Pompidou-Metz, 14,90€
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-­pierre-­thibaudat/160315/allo-­houston-­ici-­jean-­vilar
Le Mad – 6 Mai 2015
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DE
Place Gre’net -­ 11 décembre 2015 -­ Adèle Duminy
CULTURE
Par AD | le 11/12/2015 | 12:15
|
QU’ENVOYER AUX EXTRATERRESTRES ?
RÉPONSE DU CORPS DIPLOMATIQUE
FOCUS – Après Germinal, comédie philosophique extrêmement maligne programmée en 2013, l’Hexagone
de Meylan accueille le dernier spectacle d’Halory Goerger, les 15 et 16 décembre. Corps diplomatique tient
encore de la philo mais en se chargeant, cette fois, des codes de la science-Äction, genre que le théâtre
cède habituellement au cinéma. La pièce retrace le voyage sidéral de cinq individus partis délivrer aux
extraterrestres ce qui fait l’essence de l’humanité.
°
°
°
Quel message adresseriez-vous aux extraterrestres pour qu’ils se Ägurent notre humanité° ? Une question qui
relève de la science-Äction°?
°
Pas selon la Nasa qui, dans les années 1970, en pleine conquête spatiale, a entrepris d’y répondre. En envoyant
d’abord dans l’espace, en 1972, la plaque de Pioneer (voir ci-contre), représentation picturale censée
expliquer°l’être humain à d’hypothétiques entités extraterrestres. Les symboles voisinant les deux humains tout nus
permettraient, quant à eux, de retracer l’origine du message…
°
°
1977. La Nasa change son fusil d’épaule en délivrant un message plus détaillé. Un disque vidéo-numérique, le
Voyager Golden Record, quitte le système solaire. Il contient des sons et des images, dont certains sont à
caractère artistique (poèmes, extraits littéraires, musique classique ou contemporaine…).
°
°
°
La vérité est ailleurs. Au théâtre°?
°
°
«° Dans mes recherches, je me suis rendu compte que la Nasa n’avait pas forcément envoyé les meilleurs
chansons des Beatles… Et puis, les images sont censées illustrer la diversité de notre civilisation mais elles sont,
en réalité, assez ethnocentrées, et parfois décevantes dans leur Änesse d’élaboration », déplore, un brin
provocateur, Halory Goerger, créateur et interprète de Corps diplomatique.
°
°
À l’origine, le malicieux artiste a donc planché sur l’élaboration d’un tel message. Avec le sérieux qui sied à une
telle entreprise, bien entendu. Un véritable questionnement linguistique voudrait en effet qu’on s’interroge sur la
recevabilité, par quelque alien, de n’importe quel message. Halory Goerger explique°:
Place Gre’net -­ 11 décembre 2015 -­ Adèle Duminy
°
«°Si l’on s’adresse à une forme de vie, il faut d’abord qu’elle comprenne qu’on est en train de lui parler. Ensuite, il
faut qu’elle perçoive les clés de ce système de communication. Et enÄn qu’elle comprenne le contenu du
message.°»
°
°
Ce n’est pourtant pas le fruit de cette passionnante réÅexion linguistique qui se trouve au cœur de Corps
diplomatique. La pièce préfère mettre en scène les conditions d’élaboration de ce message par cinq individus
plutôt que le message lui-même.
°
°
°
Une farce pour extraterrestres
°
°
Les cinq membres de ce corps diplomatique s’attellent à la réalisation d’une œuvre dramatique – tout cela sent le
théâtre dans le théâtre… – capable de renfermer l’essence de l’humanité. Mais ces cinq-là tiennent plus des Pieds
nickelés que d’artistes dignes de ce nom.
°
Le Äasco guette donc bien vite leur entreprise. D’autant plus fragilisée qu’elle s’étend sur des milliers d’années. Ils
ont emporté le stock de gamètes mâles et femelles nécessaire à leur perpétuation°!
°
°
Les relations qui unissent le groupe sont donc, avant tout, ce qui intéresse Halory Goerger. Bien davantage qu’une
éventuelle rencontre du troisième type, dont on ne saura pas si elle aura effectivement lieu dans la pièce. « Ce
serait criminel d’en parler », a-t-il asséné pour préserver le suspense. Cruel.
°
°
°
Adèle Duminy
°
°
°
Le théâtre : parent pauvre de la science-­fiction ?
Si le module au sein duquel évoluent les cinq comédiens présente un caractère réaliste, il reste
franchement désuet. Un peu à la Star Trek ! C’est ce mélange de vraisemblance et d’assemblage de bric et
de broc qui fait la réussite de la scénographie, d’ailleurs. Sur le terrain des décors et des effets spéciaux, le
théâtre ne peut pas rivaliser avec le cinéma. Lui reste la créativité. Qui ne fait pas défaut à l’Amicale de
production, coopérative artistique à laquelle appartient l’équipe de “Corps diplomatique”.
Malgré tout, les arts numériques sont à la scène un secours bienvenu pour ne pas sembler tout à fait
Place Gre’net -­ 11 décembre 2015 -­ Adèle Duminy
minable au regard du 7e art !
« Les arts numériques permettent d’accroître le réalisme du décor. Mais surtout, ils nous ont permis de
construire des dispositifs d’affichage qui n’existaient pas. On s’en est servi pour réaliser des bannières de
leds », confirme Halory Goerger.
L’équipe a repensé les étendards trimbalés par tous ces humains avides de colonisation. Ceux des
missionnaires sur le sol africain, par exemple.
De façon tout à la fois artisanale et technologique, les créateurs de « Corps diplomatique » ont fabriqué un
textile de leds. Pendant actuel des bannières d’autrefois, pleines de symboles et de suprématie
occidentales. Autre réflexion captivante que porte la pièce en bandoulière.
°
°
°
°
INFOS PRATIQUES
L’Hexagone, scène nationale arts sciences de Meylan
24 rue des Aiguinards
Corps diplomatique, de Halory Goerger
Mardi 15 et mercredi 16 décembre, à 20 heures
De 8 à 22 euros
°
°
RTBF -­ 18 mai 2015 -­ Sylvia Botella
Corps diplomatique, Jean Vilar pour Houston
SCENES (http://www.rtbf.be/culture/scene) | vendredi 15 mai 2015 à 12h10
á « × (#) ¬ (#) (#) (#)
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Après Germinal présenté en 2013, l’amicale de production revient au Kunstenfestivaldesarts avec
Corps diplomatique sous la direction de Halory Goerger. Invention esthétique d’une critique, elle
nous appelle.
(#images)
Corps diplomatique, Jean Vilar pour Houston -­ Droits réservés
Il faudrait écrire un paragraphe rempli d’admiration pour chaque actant(e) de Corps diplomatique, décrire longuement la
finesse (sans en avoir l’air) de l’interprétation de Albane Aubry, Mélanie Bestel, Arnaud Boulogne, Dominique Gilliot et
Halory Goerger et l’incroyable sens des équilibres et déséquilibres de la dramaturgie capable d’accueillir l’humour et la
réflexion, laissant ainsi au spectateur toute sa place pour tracer son chemin, propre dans une histoire aux apparences
grotesques.
Au présent, au ralenti ou en accéléré, Corps diplomatique fait l’étude et l’éloge (presque) du sacerdoce de la création
artistique : " Jean Vilar pour Houston ", un groupe d’astronautes/artistes inexpérimentés (stériles, asexués, qui ne
couchent pas -­ Aubry, Bestel, Boulogne, Gilliot et Goerger) dérive pour l’éternité dans l’espace à bord d’une station
spatiale internationale (blanc clinique apaisé) pour inventer du théâtre vivant pour d’autres formes de vie. " Sens jardin
paré ", " sens cour paré ", Jean Vilar est le lieu séparé, éloigné de la gangue de la vie terrestre.
Le choix du sujet n’est pas indifférent. Ici, la pièce expose un horizon double, subtil : l’œuvre d’art créée à l’écart des
vivants pour une rencontre du troisième type (le spectateur idéal) et l’aventure artistique communautaire utopique
(sectaire) condamnée sans appel au clonage et au repli sur elle-­même.
C’est la ruse géniale de Halory Goerger : désigner la station spatiale internationale Jean Vilar moins comme un principe
narratif que comme un principe critique. Créer, c’est étendre la station spatiale internationale Jean Vilar à la totalité de
son environnement et la transformation du monde en Jean Vilar étriqué. Le premier pas évident, est la mise en orbite
des artistes pour l’éternité. Le deuxième plus subtil est la seconde mission lancée par Houston : Cirque du Soleil +
Orchestre philharmonique de Berlin.
La pièce s’achève sur une séquence où les clones très " white pope " ont envahi le chantier des nouveaux artistes
Jean Vilar, fouillant toujours de leurs yeux et geste artistique (inabouti) l’espace intersidéral. Corps diplomatique n’ouvre
pas sur un envol, mais bien sur un ici et maintenant, c’est la découverte d’autres niveaux : dans un monde devenu
Jean Vilar, l’art-­spectacle vivant serait-­il une chapelle aux prises avec la morale et la religiosité ? Serait-­ce le risque
d’une vie esthétique affranchie du réel, dépourvue de bannières effectives et de vis-­à-­vis (art séparé de la vie) ?
http://www.rtbf.be/culture/scene/detail_corps-­diplomatique-­jean-­vilar-­pour-­houston?id=8981323
1/2
RTBF -­ 18 mai 2015 -­ Sylvia Botella
18/5/2015
Corps diplomatique, Jean Vilar pour Houston -­ RTBF Scenes
Autant de questions qui ne sont pas sans ignorer au passage le talent toujours prometteur de Halory Goerger et de
l’amicale de production lorsqu’il s’agit de multiplier les contrechamps/décentrements, aussi intelligents
qu’humoristiques.
Sylvia Botella
(Corps diplomatique de Halory Goerger, du 13 au 15 mai au Kunstenfestivaldesarts, à Bruxelles -­ Kunstenfestivaldesarts,
du 8 au 30 mai 2015)
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Irish Independant -­ 3 octobre 2015 – Maggie Armstrong
Sunday business post -­ 4 octobre 2015 – Stephen Bourke
The Irish Times -­ 5 octobre 2015 – Peter Crawley
Contact:
Halory Goerger
[email protected]

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