Article publié le 12 décembre 2012 dans Livres Hebdo, par sp, mq

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Article publié le 12 décembre 2012 dans Livres Hebdo, par sp, mq
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"Faut-il tout changer ?" demande Vincent Piccolo, de La Martinière. "Non, il faut se demander quelles
sont les étapes." La plupart des interlocuteurs s’accordent à dire que la priorité est de rendre
disponible les titres en format numérique, et que l’enrichissement - en photos par exemple -, reste
coûteux. Ils soulignent également que le numérique devrait de plus en plus s’internaliser. Ces
évolutions sont à adapter selon la taille et les thématiques de la maison d’édition.
Du pdf à l’ePub 3
Pendant ce temps là, dans la salle d’à côté, on parle des « différents formats du livre numérique »,
avec les animateurs, Alexis Lacroix et François Rouyer-Gayette (CNL). Jane Rivière, chargée des aides
à l’économie numérique du CNL, commence par détailler les principaux formats de livres
numériques, dont les premiers étaient au format .pdf. Peu lisible sur les petits écrans, un autre
format a été créé en parallèle : le ePub. Conçu pour le livre numérique, il permet une lecture sur
n’importe quelle taille d’écran. Devenu le format standard des livres numériques, il a néanmoins
pour contrainte d’être conçu pour le texte, et pas pour les livres illustrés.
Une nouvelle version, l’e-Pub 3, offre davantage de possibilités à l’éditeur, malgré le fait qu’il soit
encore récent et donc encore peu compatible. Un autre format est l’e-Pub fixed layout, qui conserve
la mise en page du livre, et s’adapte donc aux livres illustrés, et le format Mobi, racheté par Amazon.
Ces divers formats posent « la question de l’interopérabilité et de la pérennité », conclut Jane Rivière.
C’est au tour de David Lacombled, directeur délégué à la stratégie de contenus chez Orange, de
présenter le projet MO3T (Modèle Ouvert Trois tiers), un label en cours de création, officiellement
lancé depuis le 27 septembre. Face à la multitude de marchés fermés, l’opérateur entend créer une
interopérabilité des droits entre les différents acteurs du livre numérique pour développer le marché
français du livre électronique, notamment en garantissant des mesures de sécurité contre le piratage
et les droits numériques. David Lacombled a annoncé que Bouygues Télécom avait rejoint le projet,
déjà approuvé par SFR et Orange. « L’idée de base est que chacun fasse son métier », a rassuré David
Lacombled, pour qui « les grands lecteurs du numérique seront les grands lecteurs du papier », face à
certains interlocuteurs sceptiques, voire inquiets d’une possible concurrence.
Le numérique et la mémoire
Dans le troisième atelier, on évoque la pérennité de l’oeuvre numérique, sa transmission et son prêt.
Plusieurs personnes soulignent que le numérique peut être l’allié du patrimoine, notamment avec la
numérisation d’oeuvres peu accessibles, comme sur Gallica. David Lacombled, délégué à la stratégie
des contenus chez Orange, déclare qu’il est difficile de transmettre à ses enfants un compte Amazon,
une fois que la carte de crédit arrive à expiration.
Mais sur le reste, tous ne sont pas d’accord. Deux idées se distinguent : d’une part que l’oeuvre
numérique est en perpétuelle mutation et flux, dans ses normes, dans le fait qu’elle soit partagée,
diffusée par abonnement ou à l’acte. Annie Gay, de la bibliothèque de l’Arsenal, souligne que le livre
papier arrête le temps, une fois refermé, et crée donc la mémoire en opposition à l’"éternel présent"
de l’oeuvre numérique. Contre cette logique d’accès, de partage, de transparence, Jean-Christophe
Tamisier des éditions Armand Colin, oppose un "droit à l’obscurité, à l’individualité, à la poésie."
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Auteurs et éditeurs face au contrat
Dans l’atelier 4, qui porte sur « le contrat de l’auteur pour le droit numérique », on assiste à une
opposition entre auteurs et éditeurs. Stéphane Bureau, responsable d’édition en charge du
numérique à Armand Colin, « réaffirme » son « attachement au droit d’auteur français ». « L’auteur
doit descendre de son piédestal, la notion de propriété doit évoluer », estime un intervenant.
Sébastien Celimon (directeur du développement numérique chez Glénat), se dit « proauteur, sensible
à une juste rétribution ». Or, « les auteurs de BD ont beaucoup de mal à vivre de leurs travaux, et la
question des droits numériques ajoute à cette crainte initiale. La position de Glénat est d’adopter le
barème le plus haut des droits papiers. Le pallier maximal contractuel, 12 %, est systématiquement
appliqué sur l’avenant numérique ».
Selon Dominique Greusard, éditeur au Bas Vénitien, « pour l’auteur ce qui compte ce n’est pas le
pourcentage, c’est ce qui va lui rapporter. » Frédéric Martel (nonfiction.fr), considère que « la France
est un des seuls pays qui ne paye pas les auteurs », et que « le numérique créé une tension nouvelle
entre éditeurs et auteurs ». Pour Sébastien Celimon, « Les démarches les plus créatives ne sont pas le
fait de maisons d’édition traditionnelles, mais d’auteurs ». Sébastien Celimon déclare qu’en France,
les auteurs ne sont pas assez syndiqués par rapport aux USA par exemple.

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