BOURG STOR Y - Ville de Bourg-en

Transcription

BOURG STOR Y - Ville de Bourg-en
BOURG STORY
26
Oeuvre de jeunesse de
Gustave Doré (1832-1883),
“La Martinoire du Bastion”
a été lithographiée,
en 1845, chez l’imprimeur
Ceyzériat à Bourg.
La glisse au fil du temps
AU TITRE DES
ANIMATIONS DE NOËL,
LES BURGIENS ONT
DROIT À UN MOIS ET
DEMI DE GLISSE SUR
LA PATINOIRE
INSTALLÉE ESPLANADE
DE LA COMÉDIE.
MAIS LEUR GOÛT POUR
LE PATINAGE NE DATE
PAS D’HIER.
CHAUSSEZ LES PATINS !
En décembre 2004, plus de 10 000
patineurs ont goûté aux plaisirs de la
glisse sur la patinoire temporairement
aménagée cours de Verdun.
Plébiscitée par les Burgiens, cette
animation, incluse dans le programme
des festivités de Noël imaginé par la
Ville participe à la dynamisation de
l’activité commerciale de l’hypercentre. Face au succès rencontré,
l’expérience est reconduite. Jusqu’au
lundi 2 janvier 2006, sur l’Esplanade
de la Comédie, patineurs et patineuses
de tous âges sont invités à s’initier aux
plaisirs de la glisse en famille ou entre
amis (détails en pages rendez-vous).
Double axel ou simple tour
de patinoire… entrez en piste
jusqu’au 2 janvier 2006 !
tilisé à l’origine, comme moyen de locomotion, le patin à glace s’est rapidement
transformé en divertissement comme en
témoignent des tableaux de l’époque flamande.
Conditions météorologiques favorables obligent, cette tradition nordique a essaimé en Bresse
et particulièrement Bourg-en-Bresse où il gèle en
moyenne 65 jours par an.
Autrefois, la rigueur des hivers burgiens faisait
le bonheur des enfants. Mètre de fortune en
mains, les gamins évaluaient l’épaisseur de la
glace sur la rivière Reyssouze, son affluent le
Dévorah et les nombreuses mares… S’ils estimaient sa densité suffisante, ils s’aventuraient sur
ces patinoires naturelles en quête de sensations
fortes et de franches rigolades. Souvent chaussés de simples galoches ou de patins de fortune
composés d’une semelle de bois et d’une lame en
ferraille, ils exécutaient des glissades plus ou
moins réussies. La qualité des figures dépendait
de la texture de la glace : “Glace favorable si elle
était claire et lisse ou revêche, si elle était empreinte
de givre” souligne Rémi Riche historien local.
De mémoire de patineurs, l’hiver sibérien de 56
fut mémorable. Dans la nuit du 21 janvier au
1er février, le vent tourna au nord, bientôt la
température descendit à - 25° : un bonheur pour
les adeptes de la glisse puisque le cours de la
Reyssouze était entièrement gelé !
U
De “Martinoire” en patinoire
En plein centre-ville, la prédilection des patineurs
se portait sur les pentes du Bastion et de la
prison. Dès l’apparition du froid, les jeunes
Burgiens s’armaient de balais, pelles, râteaux…
pour aménager une belle patinoire, aspergée
d’eau qui gelait aussitôt. Cette “Martinoire”
restait en service plusieurs semaines. Pour accroître leurs sensations, jeunes et moins jeunes
utilisaient des “martinets”, chariots ressemblant
à des luges. Espace de loisirs et de convivialité,
la “Martinoire” était une institution connue de
tous. André-Marie Ampère, professeur au lycée
Lalande, l’évoque dans une lettre envoyée à sa
sœur, le 12 février 1803 : “La martinière est toujours pleine de gens qui ne se donnent pas le temps
de manger, pour se livrer à cet amusement, dont je
n’ai pas tâté, mais dont la continuelle monotonie ne
peut guère enchanter que des Bressans. C’est une
fureur, et quand on s’est martiné depuis le lever du
soleil jusqu’à son coucher, on allume des chandelles,
des lampions tout le long de la rue qui descend des
prisons à la Grenette […] La martinoire est une chose
dont on ne se douterait pas, si l’on ne voyait le plaisir qu’y trouvent une foule de badauds, et le profit des
jambes et des bras qui en revient au chirurgien”.
Quarante-deux ans plus tard, Gustave Doré, célèbre illustrateur qui vécut à Bourg sa jeunesse,
caricatura avec malice et parodia “La Martinoire
du Bastion” (voir visuel ci-dessus). En 1857, l’artiste reprit ce thème burgien dans une illustration intitulée “La glissade”.
Si elle fut “tendance” à son époque, “La
Martinoire” ne faisait pas l’unanimité du côté des
riverains qui se plaignaient de la dangerosité de
ces glissades incontrôlées et des nuisances sonores occasionnées. Suite à quelques incidents, la
Mairie décida de barrer le chemin et d’interdire
toute glissade.
Un siècle plus tard, la Ville de Bourg-en-Bresse
a souhaité ressusciter cette tradition des sports
de glisse. Depuis l’hiver 2004, une patinoire
temporaire est implantée sur le cours de
Verdun. En piste !
■
Sources :
• Bibliothèque d’histoire de l’art du musée de Brou.
• Le Progrès, édition du 5 décembre 2004, Chronique du
passé de Rémi Riche.
• Fond ancien de la médiathèque E. & R. Vailland.
• Journal et correspondance de André-Marie Ampère, J. Hetzel
et Cie Editeurs, 1872.

Documents pareils