Solidaires : Tapaj, le mini-boulot qui peut tout changer

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Solidaires : Tapaj, le mini-boulot qui peut tout changer
Solidaires : Tapaj, le mini-boulot qui peut tout changer
03/06/2015 12:05
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Solidaires : Tapaj, le mini-boulot qui peut tout changer
Lancé à Bordeaux, le dispositif Tapaj propose aux jeunes SDF une activité payée à la journée. Un premier pas vers la réinsertion.
Charlotte Laurent | 19 Mai 2015, 18h10 | MAJ : 21 Mai 2015, 12h13
!
Patrick Bernard
Le temps de sa mission du jour, Jessyca a posé un casque de chantier sur ses cheveux coiffés en crête. La jeune femme de 25 ans
s’attelle à l’élagage des arbres aux abords du Nouveau Stade de Bordeaux, avant son inauguration ce 23 mai à l’occasion du match
de football (http://actualites.leparisien.fr/football.html) Bordeaux-Montpellier.
Quatre heures durant, Jessyca coupe, arrache et ramasse branches et feuillages. Pour ses efforts, elle touchera 40 euros net
l’après-midi-même. Sur son gilet jaune, la silhouette noire d’un lutin avec une pelle est le symbole de Tapaj, pour Travail alternatif
payé à la journée. Dans ce dispositif, destiné aux jeunes en grande précarité et sans domicile, chaque participant touche son
salaire à la fin de chaque jour travaillé, sans avoir à promettre de revenir le lendemain. Imaginé au Québec, importé à Bordeaux en
2012, Tapaj va s’implanter cette année dans neuf nouvelles villes en France (http://actualites.leparisien.fr/france.html).
Nouveau départ
C’est dans la rue que les éducateurs de Tapaj ont rencontré Jessyca. Dans une vie antérieure, pourtant, cette jeune femme
diplômée avait un travail stable, comme peintre en bâtiment. Originaire d’Orléans, elle habitait un 50 mètres carrés et gagnait 1
500 euros par mois. « J’ai même bossé sur les Champs-Elysées », raconte-t-elle dans un sourire en déblayant l’allée avec un
râteau. Une situation apparemment confortable que Jessyca quitte du jour au lendemain en 2012. « J’ai grandi à la Ddass, j’ai eu
beaucoup de soucis », glisse la jeune femme, qui évoque la drogue sans la nommer, mentionne un traitement de substitution et
une thérapie. Elle choisit Bordeaux pour « prendre un nouveau départ » auprès des Compagnons bâtisseurs. Mais l’expérience
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tourne court. « Ça s’est mal passé, je me suis retrouvée à la rue. »
« Réapprendre les codes du travail »
Avec le Travail alternatif payé à la journée, Jessyca et les autres ont d’abord trouvé une échappatoire à la mendicité. « Une demijournée de travail leur permet d’éviter de faire la manche pendant deux ou trois jours. C’est déjà ça de gagné », insiste Agnès
Creyemey, éducatrice au Comité d’étude et d’information sur la drogue (CEID), à l’initiative du dispositif. C’est aussi un premier pas
vers la réinsertion. En phase deux, les bénéficiaires travaillent deux à trois jours consécutifs, payés à la fin de la semaine. En phase
trois leur sont proposés des contrats classiques, rémunérés en fin de mois. « Cet accompagnement par paliers leur permet de
réapprendre peu à peu les codes du travail », explique l’éducatrice. En 2013 et 2014, 35 « tapajeurs » de 18 à 25 ans ont bénéficié
de ce dispositif sur les 150 jeunes qui, selon les estimations, vivraient en situation d’errance à Bordeaux. Une quinzaine sont sortis
de Tapaj avec un CDD ou une formation.
Mais le retour à la vie active est semé d’embûches. Par exemple, en juin dernier, Jessyca a signé un CDD de six mois dans le
supermarché Auchan (http://actualites.leparisien.fr/auchan.html) du quartier Mériadeck. En parallèle, elle a trouvé un logement
bien à elle. Mais Auchan n’a pas prolongé son CDD et Jessyca rencontre des difficultés à faire valoir ses droits auprès de Pôle
Emploi. Pour ne pas replonger dans la précarité, elle a réintégré Tapaj.
D’heure en heure, près du stade, la chaleur devient écrasante, mais Jessyca et les quatre autres « tapajeurs » ne se laissent pas
abattre. Les éducateurs non plus. « On bosse avec eux pour être sur un pied d’égalité, explique Agnès. On peut alors parler de
leur quotidien. » Ton procès, ça en est où ? Avec ta copine, ça va ? Qui garde ton chien aujourd’hui ? Si les réponses sont parfois
évasives, elles permettent à l’éducatrice de savoir où en sont ses protégés. Parmi eux, Kévin et Ludovic, 25 et 24 ans, devraient
bientôt signer un contrat de 35 heures avec Vinci. Ils participeront aux travaux de l’hôpital de Libourne (Gironde), confie JeanHugues Morales, autre initiateur de Tapaj. Quant à Jessyca, elle voudrait enseigner les métiers du bâtiment à d’autres jeunes. Son
projet devrait se réaliser grâce à l’asso​ciation Are33, partenaire de Tapaj. « Je vais tenter de me faire remarquer pour pouvoir
négocier un contrat pro. Cela me permettrait de suivre des cours pour passer un diplôme », souligne-t-elle, déterminée. De quoi
prendre un tout nouveau départ.
Et si vous participiez… en soutenant l’action de Tapaj, par le biais du mécénat ou du parrainage, ou en proposant
des missions aux « tapajeurs » ?
> www.tapaj.org (http://www.tapaj.org)
Du « tapaj » dans 10 villes de France
Après le succès rencontré à Bordeaux, le dispositif Tapaj va s’étendre à neuf autres villes cette année. Des « tapajeurs » sont
déjà au travail à Metz (Moselle), à Massy-Palaiseau (Essonne) et à Créteil (Val-de-Marne). Ils le seront d’ici à la fin de l’année à
Paris, Marseille (Bouches-du-Rhône), Strasbourg (Bas-Rhin), Nice (Alpes-Maritimes), Toulouse (Haute-Garonne) et Pau
(Pyrénées-Atlantiques). Cet essaimage est organisé par l’initiateur du projet Tapaj à Bordeaux, Jean-Hugues Morales.
> Venez débattre et poser vos questions sur nos forums ! (http://forum.leparisien.fr/)
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