FICHE DE SYNTHESE : la rencontre amoureuse au bal Boris Vian

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FICHE DE SYNTHESE : la rencontre amoureuse au bal Boris Vian
FICHE DE SYNTHESE : la rencontre amoureuse au bal
Boris Vian, L’Écume des jours
Introduction :
La scène de bal = un des motifs romanesques qu'on retrouve à travers les siècles.
> Cendrillon de Perrault
>La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette.
> Roméo et Juliette, William Shakespeare
•
présentation de l'auteur : Boris Vian (1920-1959) écrivain français, poète, parolier, chanteur
(Exemple vu en classe : « La complainte du progrès »), et musicien de jazz (trompettiste).
Son premier métier : Ingénieur de l'École centrale.
Son œuvre littéraire, peu appréciée de son vivant, a été saluée par la jeunesse dès les années
1960-1970. L'Écume des jours en particulier, avec ses jeux de mots et ses personnages, a fait
de lui un véritable mythe. Boris Vian, réputé pessimiste, adorait l'absurde, la fête et le jeu. Il
est l'inventeur de mots et de systèmes parmi lesquels figurent des machines imaginaires et
des mots devenus courants de nos jours.
•
résumé du roman :
Colin est un joli garçon, riche, sympathique et désœuvré. Colin rencontre Chloé. Leur amour
bientôt fait leur bonheur. Ils se marient et partent en voyage. Mais un jour, Chloé se sent
mal. Le médecin diagnostique la maladie : un nénuphar pousse dans son poumon. Il faut
pour la guérir des fleurs, par milliers. Colin se ruine pour sauver Chloé, en vain. Ce roman
est avant tout un conte plein de fantaisie. Le « pianococktail » de Colin lui permet
d’harmoniser les cocktails selon les mélodies qu’il interprète au piano. Colin, obligé de
travailler pour payer les remèdes nécessaires, couve des fusils, qui poussent avec une fleur
d’acier au canon. Il abrite chez lui une souris très sympathique, et son ami, Chick,
collectionne les livres de Jean-Sol Partre (contrepèterie pour Jean-Paul Sartre évidemment).
Mais le caractère merveilleux du récit s’assombrit avec ce nénuphar funeste qui s’abreuve
au souffle de Chloé. Alors, la chambre commence à rétrécir... C'est un conte qui parle
d'amour mais c'est aussi un roman qui se veut une satire de son temps (ex : le monde du
travail).
Problématique : cette scène = reprise et détournement de la traditionnelle scène de la
rencontre amoureuse
I – les éléments de la scène traditionnelle détournés
II – une scène de coup de foudre fantaisiste
I) Les motifs traditionnels de la scène de bal comme scène de rencontre amoureuse
Le bal = musique, danse, belle tenue, petits fours, décor
–
ici, la musique : le jazz (titre de Duke Ellington, Chloé, nom de l'héroïne)
–
la danse = le biglemoi (inventé par Boris Vian) > jeu de mots qui suggère une danse où les
partenaires se regardent les yeux dans les yeux, comme une forme de slow…
–
Le décor : les fleurs sont étrangement placées : « une épaisse frange d’iris d’eau cachait le
bas des murs ». L’éclairage, lui, crée une atmosphère étrange : « des gaz diversement
colorés s’échappaient d’ouvertures pratiquées çà et là »
–
les « petits fours » : L’éclair est « de type ramifié », jeu sur les mots, entre l’éclair
météorologique et ses jaillissements, comme des branches qui se diffusent, et l’éclair-gâteau.
De plus, il y a « un piquant de hérisson dissimulé dans le gâteau », peut-être encore un jeu
de mots par rapport au bâtonnet qui permet de piquer les petits fours…
II Un coup de foudre détourné
Transition : De la même façon que pour la « scène de bal » , Boris Vian reprend les
composantes traditionnelles du coup de foudre, mais en créant des décalages fantaisistes.
Dans la tradition, le coup de foudre repose sur le jeu des regards : il naît, en principe, dès le
premier regard échangé entre les deux protagonistes, de façon réciproque. Mais ici, Vian procède un
peu différemment. On ne sait pas vraiment ce qu’a perçu Colin au premier regard, quand il a été
présenté à Chloé, si c’est son physique ou son prénom qui l’ont troublé à ce point, trouble traduit
par les points de suspension. C’est aussi ce qui peut expliquer la phrase prononcée par Colin :
« Bonj… Êtes-vous arrangée par Duke Ellington ? ».
La rencontre semble donc ratée puisque Colin s'enfuit « parce qu’il avait la conviction d’avoir dit
une connerie. » La scène pourrait alors s’arrêter, et le héros deviendrait un anti-héros par sa
faiblesse… De plus, comme la scène est racontée en focalisation interne, on ne sait rien de ce que
ressent Chloé. Donc aucune réciprocité…
L’originalité de Boris Vian consiste donc à redoubler la rencontre, à partir d’un second regard
de Colin. Ce regard permet un portrait de Chloé, mais qui ne met l’accent que sur des
détails physiques, « les lèvres rouges, les cheveux bruns », les deux éléments de sensualité d’une
femme. Ce second regard est, cette fois-ci, réciproque : « Chloé le regarda encore. Elle avait les
yeux bleus ». Et il induit l’acceptation de l’invitation. Si traditionnellement, c'est plutôt l'homme qui
provoque la rencontre ; ici, c'est Chloé qui l'invite à danser car lui perd tous ces moyens (il se
ridiculise une nouvelle fois avec le piquant de hérisson). Face à la timidité de Colin, Chloé n’a
aucune hésitation : c’est elle qui « mit la main sur son épaule » la première, pose « ses doigts frais
sur son cou », et « appliqua, d’un geste ferme et déterminé, sa tempe sur la joue de Colin ».
Conclusion : La scène de rencontre est, le plus souvent, romantique. Mais ici la fantaisie nous
écarte du romantisme, même si l’amour, lui, est immédiatement vécu dans toute sa sincérité.

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