PARIS CAPITALE_VELVET UNDERGROUND_Mars
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PARIS CAPITALE_VELVET UNDERGROUND_Mars
© ADAM RITCHIE. © GERARD MALANGA COURTESY GALERIE CAROLINE SMULDERS PARIS © ADAM RITCHIE. Au Delmonico’s Hotel, New York, 1966. Le Velvet Underground filmé en 1965 par CBS News pendant le tournage du film de Piero Heliczer, Venus in Furs. LE VELVET UNDERGROUND au grand jour © ADAM RITCHIE. En 1966, trois garçons et une fille pâles tout de noir vêtus enregistraient un album qui changea la face du rock. Parrainés par Andy Warhol, ils ouvraient alors des voies inédites encore explorées de nos jours. L’exposition “The Velvet UndergroundNew York Extravaganza” à la Philharmonie de Paris nous fait visiter l’univers contrasté d’un groupe qui, aujourd’hui célèbre, fut quasiment ignoré en son temps. PAR MICHEL DOUSSOT Maureen Tucker, Sterling Morrison, Lou Reed et John Cale au Castle à Los Angeles, 1966. E © GERARD MALANGA. Le Velvet Underground et Nico avec Andy Warhol, Hollywood Hills, 1966. t le rock devint adulte… Sur le moment, peu de gens s’en sont rendu compte. C’est dans les décennies qui suivirent la fin du Velvet Underground que cela apparut comme évident. Conçue par Carole Mirabello et Christian Fevret, fondateur de la revue Les Inrockuptibles, l’exposition consacrée à ce groupe pop et avant-gardiste, séduisant et venimeux, est organisée à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’enregistrement du chef-d’œuvre qu’est The Velvet Underground and Nico, alternance de chansons délicates et de morceaux d’une rare brutalité. Dans les deux cas, la sophistication des compositions et arrangements est extrême. « Il ne s’agit pas d’un mausolée, explique Christian Fevret. Nous ne jouons pas la carte de la nostalgie car l’esthétique et le son du VU (Velvet Underground) ne sont pas datés. Pour nous, c’est un groupe qui est notre contemporain. » Le parcours est constitué d’espaces qui illustrent ce point de vue à travers divers documents, dont des photos, films et sons. New York y tient un rôle majeur. « Le VU ne pouvait pas venir d’un autre lieu que cette ville qui était alors sinistrée, métallique, sale et sombre, que seuls égayaient quelques rayons de soleil. Sa musique est à cette image. » Au départ, on trouve Lou Reed, John Cale, Sterling Morrison et Maureen Tucker. La dynamique du VU a été enclenchée par Reed et Cale. « Il y a eu une étincelle entre ces deux-là. Le New-Yorkais Lou Reed était un fanatique de rock’n’roll, tandis que John Cale, un Gallois défroqué du classique, se passionnait pour l’avant-garde musicale de La Monte Young ou John Cage. Ils avaient une volonté d’expérimenter, de sonner d’une façon absolument différente de tout ce qui se faisait à l’époque, Le Velvet Underground au Trip à Los Angeles, 1966. 58 en particulier sur la Côte Ouest. » Dissonances, répétitions, rythmes africains, improvisations inspirées par le free-jazz… c’est la musique du VU avec de sublimes mélodies. Pour Lou Reed, principal compositeur et auteur des chansons, il était impératif d’aborder des thèmes jusqu’alors tabous tels que le sexe, la drogue et diverses perversions… « Très curieux et cultivé, il avait développé une personnalité clairement en marge. Ses influences littéraires venaient d’Allen Ginsberg, de Hubert Selby, d’Edgar Allan Poe ou de Fiodor Dostoïevski. » Le groupe connaît un quart d’heure de gloire lorsqu’il est adopté par le gourou du pop art Andy Warhol. Celui-ci met sa notoriété et ses finances au service de jeunes créateurs pourvu qu’ils ne fassent rien comme les autres. En ce qui concerne le VU, c’était bonne pioche ! « Warhol avait envie d’investir l’univers du rock. Réciproquement profitable, cette rencontre de circonstance est devenue quelque chose de profond, surtout entre Lou et Andy. » Le groupe est de toutes les parties de la Factory, un loft new-yorkais qui est autant un atelier qu’une sorte de club où se croisent des artistes, des créatures ou des mondains. Il y a là les superstars warholiennes que sont Ultra-Violet, Edie Sedgwick, Viva, Candy Darling, Gerard Malanga, Joe Dallesandro… Et passent Dalí, Ginsberg, Dylan, Capote… Des événements cristallisent l’âme du lieu telles que ces Exploding Plastic Inevitable qui mélangent la musique VU, des light shows, de la danse, des projections de films… Parmi les superstars figure également Nico qui est de l’aventure à la demande de Warhol. « Elle les rejoignait sur scène pour trois chansons. Elle aurait voulu en faire plus, mais pour eux, c’était juste une invitée. » Certes, mais comme ces trois chansons font partie des dix merveilles qui constituent le premier LP du VU, Nico est entrée directement dans la légende. Sous une pochette conçue par Warhol, l’album, dit “à la banane”, sortira en 1967. Il s’en est alors peu vendu, mais « chaque personne qui a acheté un exemplaire du premier album du Velvet Underground a par la suite formé un groupe », comme le dira John Cale et Lou Reed au Cafe Bizarre à New York, 1965. Brian Eno. Invérifiable, mais crédible, dans la mesure où l’écoute de ce disque bouleversait tous les codes en vigueur dans le rock. « L’influence du VU a commencé avec David Bowie qui a repris I’m Waiting for the Man dans ses concerts. Elle toucha aussi des gens comme Iggy Pop, Jonathan Ritchman ou Patti Smith, puis les groupes punk de New York et la new wave britannique… Et ça ne s’est jamais arrêté. Le VU symbolise la liberté absolue en musique, il a aidé beaucoup d’artistes à trouver leur voie, même si leur forme d’expression n’est pas la même. » Assez rapidement, le groupe quitte Warhol puis, après le deuxième album, c’est John Cale qui s’en va. « Sans Cale, il n’y aurait pas eu de VU, mais la relation entre Reed et lui était trop intense, cela ne pouvait pas durer. » Lou Reed recrute alors Doug Yule, un musicien avec lequel le groupe adopte un son un peu plus pop. Deux disques plus tard, en 1970, il arrête les frais. Comme Nico et Cale, il se lancera dans une carrière solo, tandis que l’épopée du Velvet Underground deviendra légendaire… ■ ❚ ❘ “The Velvet Underground - New York Extravaganza” Du 30 mars au 21 août. Philharmonie de Paris. 221, avenue Jean Jaurès, 19e. www.philharmoniedeparis.fr Concerts et spectacles du 2 au 5 avril, les 21 et 22 mai. Le 2 avril John Cale joue The Velvet Underground and Nico. 59 © ADAM RITCHIE. EXPO