Un sapin de Noël

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Un sapin de Noël
Photo : Robert Etcheverry
Un sapin de Noël
L’emballeuse vue de face.
Avant de devenir un bel arbre de Noël illuminé et richement
décoré, le sapin est d’abord abattu, puis récolté dans un champ,
en novembre, par une équipe de travailleurs saisonniers.
Histoire de faciliter sa manutention et son transport, chaque
arbre est emballé au moyen d’une emballeuse à filet ou à corde.
Or, cette étape comporte un danger. En effet, en novembre 2001,
dans la région de l’Estrie, qui produit plus de 75 % des sapins
de Noël du Québec, un travailleur y a laissé un bras. C’était
le deuxième accident du genre à survenir en Estrie. Le drame
n’a pas laissé insensible l’inspecteur de la CSST Michel Zuchoski.
Par Guy Sabourin
L’inspecteur de l’Estrie a
concocté son plan d’attaque en fonction du but à atteindre : sécuriser les
machines tout en sensibilisant les
nombreux employeurs reliés à la récolte de sapins de Noël. Il a produit
un document concis et clair exposant
les dangers de l’emballeuse à filet et
les correctifs à y apporter. Avec la
collaboration d’André Pettigrew, du
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| Prévention au travail | Automne 2003 |
ministère de l’Agriculture, des Pêches
et de l’Alimentation (MAPAQ), il
l’a fait parvenir aux 235 producteurs
ainsi qu’aux 117 membres de l’Association des producteurs d’arbres de
Noël du Québec, par l’intermédiaire de
La Branche, journal de l’association.
Une lettre de présentation accompagnait le document, pour informer les
producteurs des dangers de l’emballeuse, les enjoignant d’assurer la sécurité de la machine et les prévenant de
la visite d’inspecteurs de la Direction
régionale de l’Estrie. Enfin, tous les
inspecteurs de la CSST travaillant dans
le secteur de l’agriculture ont été informés de l’opération.
La majorité des emballeuses à
sapin sont de fabrication artisanale.
Les producteurs les commandent, ils
les transforment souvent eux-mêmes
afin qu’elles soient productives, résistantes et qu’elles durent le mois de la
récolte. « La sécurité n’est généralement pas leur première préoccupation », précise Michel Zuchoski. Où
se trouve le danger ? Sur trois pièces
mobiles. D’abord, la prise de force
du tracteur, qui doit être recouverte.
Ensuite le treuil lui-même ; celui-ci
doit impérativement être recouvert d’un
protecteur fixe, afin que ni un membre
ni une pièce de vêtement ne puissent
se coincer entre la chaîne et le tambour du treuil. C’est ce qui est malheureusement arrivé au travailleur blessé
en 2001. Sa main a été happée, son bras
a suivi et rendu à l’épaule, a été arraché
du tronc. « À ce terrible accident, il faut
ajouter tous les “ passé proche ” qu’on
nous rapporte et tenir aussi compte des
incidents dont on n’entend pas parler »,
note Michel Zuchoski. Enfin, il faut
munir le treuil d’un dispositif sensible
d’arrêt d’urgence de sorte que, si un
membre se coince accidentellement
ne doit pas coûter un bras
L’emballeuse vue de dos. On voit bien la prise de force et le grillage
protégeant l’accès au treuil. Ce dernier est muni d’un dispositif sensible
d’arrêt d’urgence.
Photos : Robert Etcheverry
malgré la protection, il reste encore au
travailleur la possibilité d’arrêter le mécanisme d’entraînement sur-le-champ.
L’inspecteur a également informé
une première compagnie d’usinage.
En plus de se soumettre aux exigences
du client, elle a aussi la responsabilité
civile de produire des emballeuses sécuritaires, même si les producteurs ne le
demandent pas. M. Zuchoski et son
collègue, Alain Marquis, ont également
distribué quantité d’avis de correction à
des producteurs. « Règle générale, il
s’agissait de correctifs exigeant l’ajout
de quelques plaques de métal, de vis
ou de quelques traits de soudure ; rien
de compliqué, en somme, et tout a été
fait dans un court délai », se réjouit
Michel Zuchoski.
Résultat de cette judicieuse campagne de prévention ? « En visitant
les producteurs, au cours de l’automne 2002, nous avons constaté des
correctifs dans plusieurs cas, précise
M. Zuchoski. Il reste encore des emballeuses à corriger et c’est pourquoi
nous prévoyons refaire une tournée au
début de chaque automne. » Le père
Noël est sûrement content de voir des
inspecteurs dans le décor… O
Le tracteur, la chaîne,
le crochet et la barrière
d’arrêt d’urgence (2).
La barrière d’arrêt d’urgence (1) permet au travailleur de désactiver le mécanisme d’entraînement du treuil à l’ouverture de la
porte. La barrière doit être fermée pour réactiver le mécanisme.
2
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