incidence de la respiration sur les emotions dans la methode mezieres

Transcription

incidence de la respiration sur les emotions dans la methode mezieres
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION A LA METHODE MEZIERES
INCIDENCE DE LA
RESPIRATION SUR LES EMOTIONS
DANS LA METHODE MEZIERES
AMIK PROMOTION 2010-2012
DIANA Frédérique
1
REMERCIEMENTS
Je remercie mon amie, Sandrine BROUSSET, qui a su
m’aider et m’orienter tout au long de ma réflexion,
ainsi que pour toutes les corrections apportées à mon écrit.
Elle a fait preuve de beaucoup de patience à mon égard.
2
SOMMAIRE
Introduction…………………………………………………………………………….1
I.
Différences entre une séance de kinésithérapie classique et une séance Mézières…….2
1. Prise en charge et notion de temps……………………………………………..2
a) Séance Mézières………………………………………………………..2
b) Séance traditionnelle…………………………………………………...2
2. Traitement en kinésithérapie Mézières………………………………………...2
II.
Le toucher……………………...………………………………………………………3
1. Définition………………………………………………………………….…...3
2. L’importance du toucher……………………………………………………….3
III.
Le profil des patients…………………………………………………………………...4
IV.
La respiration : rappels anatomiques du diaphragme…………………………………..5
1. La respiration…………………………………………………………………..5
2. Le diaphragme………………………………………………………………….6
V.
Le cerveau……………………………………………………………………………...7
1. Le système limbique…………………………………………………………...7
2. Les émotions…………………………………………………………………...8
VI.
Lien entre la respiration et le cerveau………………………………………………….9
1. La respiration…………………………………………………………………..9
2. Les émotions…………………………………………………………………...9
3. Comment est gérée une émotion au niveau du cerveau…………..…………..10
a) Différentes théories……………………………………………..…….10
b) Le système nerveux autonome ou végétatif……………………..……12
c) Le cerveau : parcours de l’information…………………………….…14
VII.
Apprécier et gérer l’état émotionnel de ses patients………………………………….16
VIII.
Conclusion……………………………………………………………………………17
IX.
Références…………………………………………………………………………….18
3
Schéma 1 : Insertions postérieurs du diaphragme
Schéma 2 : Trajet des fibres musculaires
Schéma 3 : Partie postérieure du diaphragme
Schéma 4 : Déplacement du diaphragme lors de l’inspiration et de l’expiration
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Schéma 5 : Organisation du cerveau
Schéma 6 : Localisation du système limbique au niveau du cerveau
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Néocortex
Cortex
cingulaire
émotionnelle
Thalamus
antérieur
Coloration émotionnelle
Expérience
Hippocampe
Fonix
Hypothalamus
Expression émotionnelle
Schéma 7 :Circuit de Papez
Papez pensait que l’expérience émotionnelle était liée à l’activité du cortex cingulaire, et
indirectement aux autres aires corticales. L’expression, quant à elle, était supposée être liée à
l’activité de l’hypothalamus. Le cortex cingulaire projette vers l’hippocampe, et l’hippocampe
sur l’hypothalamus par une voie dénommée le fornix ? L’influence de l’hypothalamus est
transmise au cortex par le relais des noyaux thalamiques antérieurs.
6
Organe cible
Effet de la stimulation
sympathique
Effet de la stimulation
parasympathique
Cœur
Augmentation de la fréquence Diminution de la fréquence,
et de la force de contraction
diminution de la force de
contraction
des
oreillettes
uniquement
Vaisseaux
Constriction
Dilatation des vaisseaux péniens
sanguins
et clitoridiens
Poumons
Dilatation des bronches
Constriction
des
bronches,
sécrétion de mucus
Tube digestif
Diminution de la motricité, Augmentation de la motricité,
contraction des sphincters, relaxation
des
sphincters,
inhibition
des
sécrétions stimulation
des
sécrétions
digestives
digestives
Vessie
Relâchement
Contraction (évacuation)
Œil
Dilatation
de
la
pupille Contraction de la pupille
(mydriase),
accommodation (myosis), accommodation pour
pour la vision a distance
la vision de près
Foie
Glycogénolyse
Pas d'effet
Adipocytes
Lipolyse
Pas d'effet
Pancréas
Inhibition de la sécrétion Stimulation de la sécrétion
exocrine
exocrine
exocrine
Glandes
Sécrétion de la plupart de Sécrétion de quelques glandes
sudoripares
glandes
Glandes
sécrétion d'un faible volume de Sécrétion d'un grand volume de
salivaires
salive, riche en mucus
salive, riche en enzymes
Médullosurrénale Sécrétion d'Adrénaline et de Pas d'effet
Noradrénaline
Pancréas
Inhibition de la sécrétion Stimulation de la sécrétion
endocrine
d'insuline, stimulation de la d'insuline et de glucagon
sécrétion de glucagon
Organes génitaux Orgasme, éjaculation
Erection (suite à l'action sur les
vaisseaux
péniens
et
clitoridiens)
Activité cérébrale Augmentation de la vigilance
Pas d'effet
Tableau récapitulant les effets du système nerveux autonome sur les organes cibles
7
INTRODUCTION
La méthode Mézières est une méthode qui s’intéresse à la globalité du corps humain.
Françoise Mézières disait « toute partie du corps est en relation avec le reste du corps par la
solidarité des muscles qui s’organisent en chaînes ». Les muscles tendus et donc raccourcis
entraînent des limitations de mouvements et des déséquilibres du corps. Pour y faire face,
l’homme s’adapte et laisse s’installer des compensations qui sur le long terme déclenchent des
douleurs.
L’objectif de la rééducation Mézières va être de corriger ces compensations pour éviter que la
personne ne souffre. Pour y arriver, le thérapeute va posturer le patient tout en libérant la
respiration. Si la posture n’est pas correctement maintenue, ce dernier corrige (sur la demande
du praticien).
Au cours des séances, le patient peut être amené à être en difficulté car l’étirement est trop
soutenu ou qu’il n’arrive pas, par exemple, à contrôler toutes les compensations. Le
thérapeute n’est pas là pour faire souffrir le patient, loin de là, mais l’étirement ou la posture
peut réveiller quelques sensations désagréables.
Après avoir assisté à des séances au cours des différents stages, j’ai constaté que plusieurs
stagiaires de la promotion ont pleuré non pas par douleur mais parce qu’ils ont lâché prise.
Pourquoi les patients pleureraient-ils davantage au cours d’une séance Mézières qu’au cours
d’une séance de kinésithérapie traditionnelle ? Que se passe-t-il au niveau du cerveau :
comment les émotions sont-elles gérées et comment peut-on les contenir ou les laisser sortir ?
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I.
DIFFERENCES ENTRE UNE SEANCE DE KINESITHERAPIE CLASSIQUE
ET UNE SEANCE MEZIERES
1. Prise en charge et notion de temps
a) Séance Mézières
L’introduction à la prise en charge n’est pas la même. L’approche thérapeutique n’est pas la
même. Aujourd’hui les kinésithérapeutes sont débordés ils sous-estiment l’interrogatoire. Ce
dernier est d’une importance capitale puisqu’il va nous apprendre (très succinctement)
l’histoire de cette personne que l’on ne connaît pas et dans un deuxième temps il va orienter
notre séance. Il va nous permettre de comprendre certaines choses que l’on observera dans le
bilan.
Le bilan est un point capital dans la prise en charge. Le thérapeute prend le temps d’observer
de face, de profil et de dos la personne. Ce bilan est le point de départ de la rééducation.
b) Séance traditionnelle
Le thérapeute prend et accorde du temps en kinésithérapie Mézières ce qui n’est plus
forcément le cas au cours d’une séance traditionnelle de kinésithérapie. Le kinésithérapeute
prend souvent plusieurs patients en même temps. La durée de la séance est la même mais le
praticien passe d’une cabine à l’autre sans arrêt. Il s’aide de machines pour pallier son
absence. Les patients peuvent se sentir « abandonnés ». Dans mon ancien cabinet, mes
collègues et moi prenions deux patients par demi-heure. Ces derniers n’étaient pas satisfaits,
ils constataient que le temps passé à leurs côtés était insuffisant. Quand je prenais le temps de
les masser, ils étaient ravis et trouvaient une réelle efficacité.
2. Traitement en kinésithérapie Mézières
Lors du traitement, un travail respiratoire est mis en place. Au cours de ce travail on se rend
compte que peu de gens savent correctement respirer. Mme Mézières disait « il n’y a pas de
mauvaises respirations, il n’y a que des respirations gênées ». La respiration des patients est
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très souvent abdominale. Or nous pouvons aussi respirer en thoracique et c’est ce que nous
travaillons en Mézières pour libérer le diaphragme. Le muscle a besoin de bouger, une
respiration abdominale ne permet pas de bouger le diaphragme, du moins pas assez. Grâce à
ce travail, le diaphragme va être mobilisé et nous permettra de le libérer.
L’inspiration est active et l’expiration est passive. L’expire est très souvent réalisée avec les
abdominaux ce qui rend cette action active et non pas passive. La respiration permet de se
relâcher, de se détendre.
La compensation en apnée inspiratoire est systématique dès que l’on met en tension les
chaînes musculaires. Il est donc primordial de préserver la liberté respiratoire durant les
séances pour que les postures puissent avoir un effet. Mézières classait les muscles « les
muscles lordosants sont toujours hypertoniques, à savoir les dorsaux, les rotateurs internes, les
psoas iliaques et le diaphragme » [1].
Ce travail respiratoire n’est pas souvent voire très rarement abordé lors de séances de
kinésithérapie traditionnelle.
La notion de temps accordé aux patients permet d’avoir une relation de confiance soignant/
soigné. Le travail respiratoire est peu abordé sauf lorsqu’un prescripteur envoie un patient
pour de la kinésithérapie respiratoire. Ce travail permet de relâcher de nombreuses tensions.
II.
LE TOUCHER
1. Définition
« Le toucher est le sens qui permet de percevoir certaines propriétés d’un corps, d’un objet par
contact ou palpation ». Le toucher est le premier sens de communication. S’il n’est pas
suffisamment stimulé, il perd de sa sensibilité. Plus la peau est touchée, plus elle devient
sensible et réceptive [2].
La peau est un organe sensoriel qui recouvre l’ensemble du corps.
2. L’importance du toucher
Il faut prendre le temps pour qu’une relation de confiance entre le thérapeute et le patient
puisse s’installer. Le toucher relationnel contribue à soulager la douleur non seulement
physique
mais aussi morale. Il crée une relation privilégiée et un climat favorable à
l’expression du vécu de la personne. Les gestes de tendresse sont importants pour l’équilibre.
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Certaines personnes ne sont que très peu touchées ou n’ont été que très peu touchées par leur
entourage et ce depuis leur enfance. Le toucher est un besoin. Dès la naissance le bébé est
caressé et est en contact corporel avec ses parents (pour le bain, la tété,…). En vieillissant, les
personnes s’isolent, elles ont du mal à accepter les transformations corporelles et ne sont
touchées que par l’équipe de soignants. La solitude est le fléau de notre société, elle est
accentuée par le téléphone, la télévision et internet qui limitent les échanges corporels.
Le toucher physique entraîne des émotions et des sentiments. Lors des séances de
kinésithérapie, les gens ont l’habitude que le thérapeute touche le dos, les membres supérieurs
et les membres inférieurs. Ils n’aiment pas ou du moins n’ont pas l’habitude qu’on leur touche
le ventre, le thorax. Ils ne sont pas à l’aise sauf si on prend le temps de leur expliquer ce que
l’on va faire. Il ne faut pas oublier que nous avons une personne entre nos mains qui ressent
des choses, qui a besoin qu’on lui explique ce que l’on fait. Le simple fait d’expliquer ce que
l’on va faire permet de ne pas stresser la personne. Le toucher est mieux perçu et accepté.
Le thérapeute ne propose pas un massage n’importe comment. Il ne s’agit pas d’aller toucher
l’autre, d’entrer dans son intimité et de risquer de le heurter. Il faut se mettre en position
d’écoute et de disponibilité.
Toucher n’est pas un acte anodin. Il faut instaurer un climat de confiance avant de poser ses
mains sur autrui, expliquer ce que l’on va faire pour ne pas surprendre. Le ressenti peut être
mal perçu par certaines personnes. Elles arrivent toutes au cabinet avec un vécu, une histoire
qu’il ne faut pas négliger.
III.
PROFIL DES PATIENTS
Chaque personne est unique : certaines arrivent à mieux gérer leurs émotions.
Brown1 (2003) souligne que les sujets ayant une plus grande intelligence émotionnelle auront
probablement davantage de confiance dans leurs capacités à affronter les tâches de prise de
décision dans le domaine scolaire et professionnel.
Emmerling2 et Cherniss3 (2003) signalent que les personnes qui possèdent une plus grande
intelligence émotionnelle sont davantage conscientes de leurs intérêts et de leurs valeurs
BROWN Chris : professeur à l’Université du Missouri. Elle s’intéresse aux dimensions culturelles de
développement de carrière, violence domestique, psychologie du sport et des questions éthiques .
2 EMMERLING Robert est un expert dans l’évaluation et le développement de l’intelligence émotionnelle
au travail.
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professionnelles, qu’elles communiquent plus efficacement et qu’elles gèrent leurs propres
réponses émotionnelles et leurs conséquences. A contrario, les gens dont l’intelligence
émotionnelle est plus faible vont être influençables lorsqu’ils cherchent à former un jugement
et vont moins bien gérer leurs émotions [3].
Les patients peuvent bien cacher leur jeu : ce sont souvent ceux qui prennent le plus soin de
leur physique qui sont le plus faible émotionnellement. « Ils se cachent derrière un physique »
cette expression prend toute son importance ici : ces personnes sculptent leurs corps donc
leurs apparences pour se protéger. Ils se créent une carapace.
Le vécu de la séance ne sera pas ressenti de la même manière par tous. Certains vont gérer
leurs émotions d’autres non. Peu importent leurs modes de fonctionnement ou leur
« intelligence émotionnelle », l’émotion ne doit pas empêcher le patient de se relâcher ni le
gêner au cours du travail mis en place. Si les larmes ont besoin de couler qu’elles coulent :
elles sont une levée de la contrainte qui donne un signal d’autorisation à l’émotion contenue
[4].
De plus, la régulation des émotions dépend principalement de la capacité du sujet à ajuster
son niveau d’activation physiologique en fonction de l’environnement. Un système nerveux
autonome (SNA) « flexible » permettra une activation ou une réduction rapide de l’état
physiologique et émotionnel en fonction de la situation. A l’opposé, une rigidité du SNA
entraînera une moins bonne capacité à augmenter ou réduire la réponse physiologique et
émotionnelle selon les modifications de l’environnement [3].
IV.
LA RESPIRATION ET RAPPELS ANATOMIQUES DU DIAPHRAGME
1. La respiration
En Mézières, le thérapeute travaille énormément la respiration. Une bonne respiration
conditionne l’équilibre physiologique, psychique, mental et émotionnel de l’individu. Peu de
personnes respirent correctement, en effet j’ai pu constater que des tensions musculaires
rendent difficile la fluidité des mouvements respiratoires. Le diaphragme, muscle clé, est actif
CHERNISS Cary est un psychologue américain spécialisé dans les domaines de l'intelligence
émotionnelle, du stress, du leadership, du développement et de la prévision des changements
organisationnels.
3
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lors de l’inspiration et passif à l’expiration. A cause d’un stress ou d’une contrariété, le
mécanisme est perturbé.
La respiration est en lien avec le système nerveux autonome. L’inspiration entraine une levée
temporaire de l’influence parasympathique sur la fréquence cardiaque. A l’opposé,
l’expiration stimule l’influence parasympathique sur la fréquence cardiaque, provoquant une
diminution de celle-ci. [5]
D’après Roberto VAN NIJNATTEN4, la respiration est la clé de l’équilibre et son
apprentissage est indispensable pour apaiser l’excitation du système sympathique de l’éveil
dont le tonus exagéré est une des causes principales des difficultés d’endormissement.
Respirer c’est vivre, on peut survivre sans manger, sans boire, sans dormir mais on meurt dès
qu’on ne respire plus [6].
2. Le diaphragme [7]
Le diaphragme vient du latin « diaphragma » qui signifie séparation. En effet il sépare le
thorax de l’abdomen. Il représente un dôme à deux coupoles.
Il s’insère à la fois sur :

le rachis : (schéma 1)
 pilier principal droit L1 L2 L3
 pilier principal gauche L1 L2
 2 piliers accessoires L2
 1 arcade d’union entre piliers principaux

les arcades fibreuses : (schéma 2)
 1 médiale : du corps L2 au transverse de L1
 1 moyenne : du transverse de L1 à la 12ème côte
 1 latérale de la 12ème côte à 11ème côte

les arcs costaux : 6 derniers arcs costaux

le sternum : appendice xiphoïde
Le diaphragme se termine au niveau du centre phrénique. Il est innervé les nerfs phréniques
droit et gauche (schéma 3).
4
VAN NIJNATTEN Roberto est formateur et relaxologue.
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Le diaphragme monte lors de l’inspiration et descend lors de l’expiration. Il est inaccessible à
la palpation (schéma 4).
V.
LE CERVEAU
Le cerveau est un organe complexe, il régule les autres systèmes d'organes du corps, en
agissant sur les muscles ou les glandes, et constitue le siège des fonctions cognitives. Il est
composé de plusieurs lobes (temporal, frontal, pariétal et occipital) (schéma 5).
Les émotions sont gérées par le système limbique.
1. Système limbique (schéma 6)
Le système limbique est le cerveau émotionnel. Il est le support des réactions émotionnelles
en lien avec la substance réticulée (modulant l’alerte) et avec les structures corticales
permettant les représentations (visuelles, auditives…) ainsi que les évaluations (lobe frontal)
adaptant le comportement émotionnel en fonction de l’histoire et de l’environnement propres
à chaque individu. Le comportement émotionnel s’inscrit dans une communication avec un
côté réceptif (identifier les émotions d’autrui) et un côté expressif qui constituent les pôles
habituels de tout système de communication [8].
Le système limbique est composé de [8]:
- l’amygdale, élément central dans la gestion émotionnelle, est située dans la partie antérieure
du lobe temporal et est le pivot de connexions multiples. Elle reçoit les afférences corticales
somesthésiques et sensorielles. Elle est connectée directement ou par le thalamus avec le
cortex orbito-frontal (rôle dans les prises de décisions et les conduites sociales) mais aussi à
l’hippocampe (relais essentiel des circuits de mémoire), les noyaux gris centraux et les
noyaux septaux. Ses efférences hypothalamiques ainsi que sur d’autres structures du tronc
cérébral attestent de son rôle dans le déclenchement des manifestations neurovégétatives et
neuroendocriniennes des émotions.
L’amygdale, par ses connexions, serait le lieu d’intégration de la composante émotionnelle
des informations véhiculées par les voies sensitives et sensorielles dont elle permettrait, en
lien avec la mémoire, d’en dégager la signification et de moduler les réponses biologiques et
comportementales. Elle reconnaît les expressions faciales qui dénotent la colère ou inspirent
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la crainte, évalue le danger et déclenche la réaction de peur ; la perturbation de son
fonctionnement est associée à des problèmes d’anxiété et de dépression.
- la partie antérieure du gyrus du cingulum joue un rôle dans l’expression gestuelle des
émotions et la résolution des conflits mentaux provoqués par la frustration.
Les nombreuses connexions qui relient le système limbique aux régions corticales et souscorticales des hémisphères cérébraux lui permettent d’intégrer des stimuli environnementaux
divers et d’y réagir. La plupart des influx qui partent du système limbique passent par
l’hypothalamus. Ce dernier déclenche la plupart des manifestations physiques des émotions
(pour la peur ce sont des palpitations, l’élévation de la pression artérielle, la pâleur, la
transpiration et la bouche sèche).
Le système limbique interagit également avec le cortex préfrontal. C’est ainsi que nous
pouvons réagir émotionnellement aux événements dont nous sommes conscients.
- L’aire septale : serait impliquée dans le renforcement positif des émotions, sa stimulation
induisant des sensations agréables à composante sexuelle. Les lésions entraînent de
l’irritabilité et de l’agression.
- L’hypothalamus : joue un rôle important dans les fonctions instinctuelles et contribue à
générer les manifestations neurovégétatives et neuro-endocriniennes des émotions.
L’hypothalamus reçoit les afférences du système limbique et para limbique, tout
particulièrement de l’amygdale. Il transforme nos émotions en réactions physiques. Non
seulement, il concentre des neuropeptides (récepteur) mais il contrôle également l’hypophyse
et les glandes surrénales, l’appétit, le taux de sucre dans le sang, la température sanguine et le
fonctionnement automatique du cœur, des poumons et des systèmes digestif et circulatoire.
Dès qu’une pensée ou un sentiment crée une réponse ou une réaction, l’hypothalamus entre en
action. Un stress entraîne une réaction en chaîne qui touche chaque partie du corps. [9]
2. Les émotions
La manière de vivre et d’exprimer nos émotions, les choix existentiels qu’elles appellent, sont
à la base de la personnalité. Quand une émotion parcourt un individu, elle éveille son
attention, induit des modifications physiques (pouls, rougeur, pâleur,...) et comportementales
(agitations, rapprochement, …).
Une émotion est un mélange de facteurs biochimiques, socioculturels et neurologiques. Elle
se traduit par des réactions motrices, comportementales ou physiologiques.
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VI.
LIEN ENTRE RESPIRATION ET EMOTIONS
1. La respiration
Nos organes ont besoin d’oxygène pour fonctionner. Le travail respiratoire modifie nos
rapports avec le corps. Ce dernier exprime ses souffrances, ses peurs mais fait aussi ressortir
son besoin de tendresse, de douceur et d’amour. Lorsque l’on est énervé, on a le rythme
respiratoire qui s’accélère, le pouls qui augmente. Une respiration rythmique et ample est, au
contraire, signe de sérénité. En respirant profondément et régulièrement on peut très
facilement contrôler la condition perturbée. Il y a donc un lien entre la respiration et le
cerveau : l’état d’énervement se traduit par des changements physiologiques.
La respiration est une activité vitale accessible au contrôle conscient. Ses implications dans la
quasi-totalité des activités humaines en font un outil de choix dans les techniques de selfcontrôle, d’hygiène, de thérapie et de développement personnel [6].
2. Les émotions
Les émotions influencent notre vie au quotidien et sont nécessaires à la raison. La respiration
est en lien direct avec nos émotions permettant à ces dernières de se libérer entièrement. En
effet une émotion non déchargée reste en nous et donne naissance à d’autres émotions qui
seront le plus souvent désagréables. Les émotions, les sentiments que l’on veut passer sous
silence sont enfouis dans notre corps entraînant fatigue, tensions musculaires et tourments.
S’ils influencent notre respiration, l’inverse est vrai. La respiration est un moyen
indispensable pour nous apprendre à découvrir, libérer nos émotions et gérer nos sentiments
pour nous permettre d’être en harmonie avec nous-même.
Par exemple la respiration est liée à l’acidité du sang. Quand le pH est à sa normalité,
l’hypothalamus est approvisionné par le sang qui favorise une décharge émotionnelle. Une
suroxygénation provoque une alcalisation du sang ce qui favorise le fonctionnement de
16
l’hypothalamus et le déblocage des charges émotionnelles (Manuel GASTAMBIDE 5).
L’hyperventilation peut déboucher sur des phases de conscience modifiée au cours desquelles
la personne va revivre des séquences de vie non résolues ré-abordant des traumatismes
anciens, munie de ses ressources d’aujourd’hui pour les comprendre autrement.
Les tensions musculaires sont liées au pH sanguin. Elles apparaissent au fur et à mesure que
le sang tend vers l’acidité (l’excès d’acide lactique dû à l’effort prolongé va entraîner des
crampes musculaires).
La régulation des émotions semble être requise surtout dans un contexte social où des normes
culturelles dictent la nature des échanges interindividuels. Il semble que le moteur de la
régulation soit la recherche du bien-être. Plus vraisemblablement, nous l’utilisons pour
poursuivre ou atteindre nos buts au sein de la société, qui ne sont pas toujours liés à la
recherche de sensations de bien-être dans l’immédiat. Nous régulons donc nos émotions
surtout pour modifier notre image auprès des autres, et dans le but d’influencer nos relations
avec les individus de la société. La plupart des chercheurs en sciences affectives reconnaissent
aujourd’hui l’existence de systèmes neuronaux capable de détecter rapidement des stimuli
importants dans l’environnement et de déclencher des réponses physiologiques de manière
quasi instantanée [10].
3. Comment est gérée une émotion au niveau du cerveau ?
Le système limbique est représenté par l’hypothalamus qui fait partie du système nerveux
autonome. L’hypothalamus représente les fonctions de l’instinct et des pulsions nécessaires à
la survie. Il supervise les sécrétions hormonales, le fonctionnement des organes internes et le
déclenchement des réflexes.
a) Différentes théories [11]
Une première théorie, celle de James6-Lange7 (1884), énonçait que l’émotion traduit la
réponse aux modifications physiologiques intervenant dans le corps. Par exemple, on est triste
GASTAMBIDE Manuel est somatothérapeute à Lille et dirige l'Ecole du massage intuitif depuis sa
création en 2002.
6 JAMES William est un psychologue et philosophe américain.
7 LANGE Carl est un psychologue et physicien danois. Docteur en médecine, Carl Lange suit des études en
psychologie. Il élabore en 1884 dans la même époque que William James, sa version de la théorie de
5
17
parce qu’on pleure plutôt que l’on pleure parce qu’on est triste. Les systèmes sensoriels
transmettent au cerveau des informations sur les conditions dans lesquelles nous nous
trouvons, et le cerveau envoie en retour des messages au corps, modifiant le tonus musculaire,
la fréquence cardiaque. Les systèmes sensoriels réagissent alors aux modifications ordonnées
par le cerveau et c’est cette sensation qui constitue l’émotion. Aujourd’hui cette théorie est
dépassée car elle se résume à : quand les modifications physiologiques disparaissent,
l’émotion disparaît aussi.
Puis il y a eu la théorie de Cannon-Bard8, elle prétendait que l’expérience émotionnelle
pouvait intervenir indépendamment de l’expression émotionnelle. Cannon disait que le
thalamus joue un rôle particulier dans la perception émotionnelle. Le cortex reçoit une
information sensorielle et active en retour certaines réponses comportementales. Cependant
les circuits neuronaux mis en jeu dans cette association stimulus-réponse ne sont pas en
rapport avec l’émotion. Cette dernière survient quand les signaux atteignent le thalamus
directement à partir de récepteurs sensoriels, ou indirectement à partir du cortex cérébral.
Donc ici, on n’a pas besoin de pleurer pour éprouver de la tristesse.
Des travaux récents suggèrent que les informations sensorielles peuvent induire des effets
émotionnels sur le cerveau de façon totalement inconsciente. On parle de processus
émotionnels inconscients.
D’après Papez9, il existe un « système émotionnel » situé sur la paroi médiane du cerveau qui
relie le cortex à l’hypothalamus. Ce dernier intègre les actions du système nerveux autonome.
Dans le circuit de Papez, l’hypothalamus contrôle l’expression comportementale des
émotions. L’hypothalamus et le néocortex influent l’un sur l’autre, de sorte que l’expérience
et l’expression des émotions sont étroitement associées. Dans ce circuit, le cortex cingulaire
agit sur l’hypothalamus par l’intermédiaire de l’hippocampe et du fornix (la voie efférente de
l’hippocampe), alors que l’hypothalamus agit sur le cortex cingulaire par les noyaux
antérieurs du thalamus [schéma 7]. Le fait que la communication soit à double sens entre le
cortex et l’hypothalamus signifie que le circuit de Papez serait compatible avec les théories de
James-Lange et Cannon-Bard.
l'émotion : Théorie James-Lange. Pour eux, l'émotion traduit une réponse aux modifications
physiologiques. Citation : « Nous nous sentons tristes parce que nous pleurons, en colère parce que nous
frappons quelqu'un et effrayés parce que nous tremblons. »
8 CANNON et BARD : physiologistes américains.
9 PAPEZ James (1883-1958) est un neuroanatomiste américain. Il est spécialement connu pour ses
travaux sur le système limbique, dont il décrivit l'organisation fonctionnelle responsable des émotions,
laquelle est connue depuis sous le nom de circuit de Papez.
18
Certains éléments actuellement ne sont plus pris en compte : c’est le cas de l’hippocampe par
exemple.
b) Le système nerveux autonome ou végétatif [12]
Le système nerveux central est la partie du système nerveux responsable des fonctions
automatiques, non soumises au contrôle volontaire. Il contrôle notamment les muscles lisses
(digestion, vascularisation...), les muscles cardiaques, la majorité des glandes exocrines
(digestion, sudation...) et certaines glandes endocrines. Le système nerveux autonome ou
viscéral contient des neurones périphériques mais aussi centraux.
Le système nerveux autonome contrôle en effet les fonctions respiratoires, digestives et
cardiovasculaires : il agit sur la motricité et les sécrétions viscérales, les glandes exocrines et
endocrines et la vasomotricité. Son territoire moteur inclut donc l'ensemble des muscles lisses.
Sur le plan sensoriel, il traite les informations en provenance de la sensibilité viscérale
(pression sanguine, dilatation des intestins...).
Il est composé de voies afférentes (composées par les ganglions sensoriels crâniens) relayant
les informations sensorielles, comme les mesures de la pression artérielle ou de la teneur en
oxygène du sang. Ces informations convergent au niveau d'un centre intégrateur, le noyau du
tractus solitaire, situé dans le système nerveux central. Celui-ci envoie des informations dans
les voies efférentes pour modifier par exemple la dilatation des bronches ou la libération de
sucs digestifs.
Il se compose de deux systèmes antagonistes : le sympathique et le parasympathique [tableau
récapitulatif].
Lorsque notre inspiration et notre expiration sont superficielles, cela active le système
nerveux sympathique qui nous fait sécréter de l'adrénaline et de la noradrénaline, entre autres.
Nous faisons, comme on dit : une montée d'adrénaline. Quand notre inspiration et notre
expiration sont lentes et profondes, cela active le système nerveux parasympathique, ce qui
permet la libération d'endorphines qui a pour fonction de donner une euphorie, un oubli de la
douleur qui permet de se surpasser soi-même, de se calmer.
19
 Le système sympathique
La montée d'adrénaline est une conséquence de l'affolement du système nerveux sympathique,
qui brise l'équilibre et devient dominant. Le système nerveux sympathique, qui accélère le
fonctionnement des organes, va donc prendre l'ascendant sur celui qui les ralentit, le système
nerveux parasympathique. Donc, les pupilles se dilatent, on devient très pâle, notre rythme
cardiaque et notre pression artérielle augmentent considérablement.
Un peu d'adrénaline ou de noradrénaline dans le cerveau est utile : cela crée l'état d'alerte,
augmentant l'attention, la vigilance.
L'état d'alerte permet de se concentrer sur la source de stress : au départ, c'est une réaction
utile, tous les moyens intellectuels sont concentrés sur la résolution du problème en question.
Mais... cela peut aussi se traduire par un ruminement incessant des griefs, des craintes, des
problèmes : on ne voit plus que le stress, ce qui le renforce.
Ainsi, si un peu de ces substances permet d'avoir une activité intellectuelle plus rapide, plus
efficace, un excès engendre de la confusion : les idées se bousculent sans ordre ce qui, associé
à la baisse de concentration, explique le nombre d'erreurs que peuvent faire certaines
personnes stressées.
On observe également souvent une hypersensibilité chez les personnes stressées, un rien les
fait réagir. Pourquoi ? À la suite d'un stress incontrôlable, la quantité de noradrénaline
produite est très importante, et bouleverse les cellules cérébrales. Dès lors, le moindre stress,
qui induit une production de noradrénaline en faible quantité, provoque les mêmes effets
qu'une « inondation » de noradrénaline. Ainsi, tout devient stressant.
 Système nerveux parasympathique
Vous avez sûrement déjà entendu cette phrase quand quelqu'un est stressé ou l'avez-vous
dite : «Calme-toi, respire lentement». Sans le savoir ou sans en être conscient, nous prenons
une grande inspiration et nous expirons profondément... Cela semble suffisant pour retrouver
rapidement notre calme.
En effet, quand notre inspiration et notre expiration sont lentes et profondes, cela active le
système nerveux parasympathique, ce qui permet de libérer des endorphines (courtes chaînes
d'acides aminés) ; on les qualifie «d'opioïdes» car ils ont une action similaire à celle de
20
l'opium et de la morphine. Les endorphines semblent avoir pour fonction de donner une
euphorie, un oubli de la douleur qui permet de se surpasser soi-même.
Quand le système nerveux parasympathique est dominant, au pire, cela nous rend plus
insensible aux agressions et tentations extérieures et au mieux, cela bloque les effets négatifs
du système sympathique.
Quand on est stressé, souvent, on bloque notre respiration. Notre respiration est rapide et
superficielle voire hyperventilée, un déséquilibre au niveau de la composition du sang
(manque de CO2) entraîne une alcalinisation du métabolisme corporel (vu précédemment). Un
métabolisme trop alcalin apporte une augmentation du calcium dans les muscles et les nerfs,
ceux-ci deviennent hyperactifs : muscles tendus.
Si nous respirons avec le diaphragme, d'une respiration ample et profonde, la quantité de
dioxyde de carbone et de dioxygène contenus dans le sang correspond exactement aux
besoins de l'organisme. En particulier, l'acidité du sang retrouve sa valeur normale, ce qui
permet de détendre les muscles.
En donnant à notre corps l'ordre de respirer tranquillement, nous « désamorçons » le système
sympathique. Par conséquent, nous agissons sur les poumons et cela se répercute sur tout
l'organisme : les muscles, le cœur, le tube digestif, etc. Les poumons sont capables d'inactiver
90 % de la noradrénaline en une respiration : il est vraisemblable que le travail sur la
respiration peut aussi agir par ce biais.
La respiration libère des endorphines, il y a aussi : l'exercice, le plaisir, l'amour, le rire qui
jouent ce rôle! Elles ont le pouvoir d'atténuer la douleur, quasiment comme une morphine
naturelle. Elles engendrent également une importante réduction du stress et provoquent le
sommeil.
c) Le cerveau : parcours de l’information [13]
L’amygdale joue un rôle important dans la réponse émotionnelle. Elle représente un complexe
de plusieurs noyaux divisés en trois groupes : les noyaux latéraux, les noyaux corticomédians
et le noyau central. Les informations issues de tous les systèmes sensoriels convergent vers
les noyaux amydgaliens, en particulier au niveau des noyaux latéraux. L’amygdale est reliée à
l’hypothalamus par deux voies neuronales majeures : la voie ventrale amygdalofuge et la strie
terminale.
21
 Voies afférentes
Les groupes nucléaires dans l’amygdale recevant des afférents sont principalement placés
latéralement, et ils sont habituellement désignés collectivement par l’appellation noyau
latéral. Les afférents sont sous-corticaux et corticaux.
L’accès sous-cortical est particulièrement important chez le nourrisson et l’enfant à un
moment où l’amygdale se développe plus rapidement que l’hippocampe et où elle est capable
d’acquérir la mémoire de la peur sans participation hippocampique. De tels souvenirs ne
peuvent pas être rappelés consciemment à un quelconque moment plus tardif mais ils
génèrent des réponses physiques de nature échappatoire. Les voies de la sensibilité générale et
les voies sensorielles énumérées et schématisées suffisent à expliquer les phobies.
Toutes les aires associatives sensitives et sensorielles du cortex ont un accès direct au noyau
latéral de l’amygdale. Ces aires sont reliées aussi au cortex préfrontal par de longs faisceaux
d’association, rendant toutes les sensations conscientes sujettes à une évaluation cognitive.
L’activité du cortex associatif visuel est particulièrement importante dans les connexions avec
les phobies et les états anxieux. Les aires V4 et V5 sont connectées à l’amygdale par
l’intermédiaire de l’hippocampe et des souvenirs visuels effrayant peuvent y être rappelés par
une scène visuelle en cours. Le cortex associatif visuel est également important en cela que
des images visuelles effrayantes évoquées dans l’esprit indépendamment d’une sensation en
cours peuvent activer l’amygdale. Cette capacité présente une amplification en relation avec
le trouble de stress post-traumatique lors duquel une scène apparemment innocente peut
amener l’individu atteint de ce trouble à « revivre » une expérience visuelle horrifiante
jusqu’à 20 ans ou plus après celle-ci.
 Voies efférentes
La strie terminale facilement identifiée dans le cerveau post-mortem, émerge du noyau central
de l’amygdale, suit la courbe du noyau caudé et accompagne la veine thalamostriée à la face
supérieure du thalamus. La strie envoie des fibres à l’aire septale et à l’hypothalamus, avant
de gagner le faisceau médial du cerveau antérieur et en descendant le faisceau segmental
central. Certaines fibres de la strie se terminent dans un noyau du lit au-dessus de la
commissure antérieure.
Une seconde voie, la voie amygdalofuge ventrale, chemine médialement et contracte des
synapses dans le noyau accumbens.
22
Les fibres de la strie terminale font relais avec deux sortes de neurones hypothalamiques. La
première, localisée dans la région antéro-latérale, envoie des axones dans le faisceau
longitudinal dorsal pour faire relais avec des cellules à l’origine des fibres vagales destinées
au cœur. L’affection, bien connue, appelée par les psychiatres « phobie de l’écoulement
traumatique du sang » (évanouissement à la vue du sang sur le lieu d’un accident), est
caractérisée par une excitation sympathique initiale, suivie par une bradycardie induite par le
vague, amenant l’évanouissement de l’individu.
La seconde sorte de neurone sécrète l’hormone de libération de la corticotropine (CHR
corticitropin-releasing-hormone) dans l’adéno-hypophyse qu’elle atteint via le système porte
de l’hypophysaire, ce qui entraîne une libération d’adrénocorticotropine (ACTH).
Curieusement ces neurones à CRH envoient des collatérales dans le noyau central de
l’amygdale avec un rehaussement de son activité par rétrocontrôle positif.
Lors d’une situation stressante la région bulbo-protubérentielle génère une activation
végétative accélérant le rythme cardiaque, la fréquence respiratoire et active le système
neurovégétatif. Puis l’information parvient au système limbique qui contient dans la mémoire
héréditaire les informations sur les séquences à produire pour réagir à la situation stressante
de l’instant. Et l’information parvient au cortex frontal, où sont prises les décisions d’agir ou
de ne pas agir.
Le traducteur de l’anxiété est le complexe amygdalien qui est riche en récepteurs de l’acide
gamma-aminobutyrique (GABA) neurotransmetteur chargé de l’inhibition pratiquement dans
tout le cerveau [14].
Le travail respiratoire réalisé pendant les séances vise à relâcher, à détendre et à déstresser le
patient. Cette sérénité en place lève l’inhibition exercée par le complexe amygdalien et permet
la libération des émotions si besoin.
VII.
APPRECIER ET GERER CE LACHER-PRISE
Le lâcher-prise n’est pas facile puisqu’il va confronter la personne à des tensions. Il est
évident que la relation de confiance prend toute son importance : la personne doit se sentir
« autorisée » à lâcher prise, à ressentir, à vivre et à exprimer ses émotions que les tensions
retiennent.
De par notre éducation, notre milieu social ou notre culture, on ne laisse rien transparaître de
peur de rendre mal à l’aise les autres (nos émotions sont contrôlées). Il faut que le patient
23
comprenne qu’ici au cabinet il ne sera pas jugé, que les émotions si elles ont besoin de sortir,
doivent sortir. Cette expression des émotions nous permettra même d’avancer dans notre
rééducation.
En tant que thérapeute, je pense qu’il faut apprendre à se protéger, à ne pas trop s’investir.
Après avoir discuté avec plusieurs thérapeutes (confrères, médecins, psychologues…) on
acquiert ce recul avec le temps. Diplômée depuis presque quatre ans c’est quelque chose que
je ne sais pas faire. L’envie d’aider, de bien faire et d’être présente font partie de l’idée que je
me fais de mon activité. Il est difficile de faire la part des choses, je suis trop investie.
Un de mes patients, que je suis depuis presque un an, est atteint d’une tumeur au cerveau. Il
est alité et ne communique qu’avec ses yeux. Je me suis liée d’affection avec sa famille, ils
m’appellent pour prendre de mes nouvelles quand on ne se voit pas de plusieurs semaines et
inversement. Je me rends compte que le jour où il partira je serai profondément affectée.
Par rapport à l’apprentissage de cette nouvelle méthode, je me rends compte que ce recul est
important surtout si le patient arrive à laisser sortir ses émotions. Pour attendre les objectifs
que nous nous sommes fixés (le patient et moi-même) il faut absolument le « soigner » et ce
sur tous les plans et donc faire appel à d’autres professionnels.
Par exemple, en formation, on me racontait qu’une patiente souffrant de troubles vésicosphinctériens, après avoir réalisé un bilan détaillé et avoir fait quelques séances, a fini par dire
qu’elle avait été violée.
Dans ce cas, nous avons besoin d’autres professionnels (psychologues, psychiatres,…) pour
l’aider (prise en charge plus globale).
VIII.
CONCLUSION
Les émotions sont étudiées depuis les années 1800 ce qui est relativement récent. Les écrits ne
sont pas encore suffisants pour réellement comprendre une émotion.
Malgré tout, ce mémoire m’aura permis de mieux comprendre le cheminement des émotions
et surtout de comprendre que la respiration et les émotions sont étroitement liées. La
respiration permet de nous calmer, et redonne un équilibre à notre physiologie de base
(tension artérielle, rythme cardiaque,…).
Je travaille la respiration au cours de toutes mes séances de kinésithérapie que ce soit des
séances traditionnelles ou des séances Mézières. Elle m’aide à lever des tensions musculaires.
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Les patients ressentent assez rapidement les effets. Lorsqu’une tension se réveille, ils respirent
calmement de manière ample et profonde et souvent la douleur passe.
IX.
REFERENCES

[1] NISAND M. Méthode Mézières. Encyclopédie médico-chirugicale.26-085-A-10.

[2] BLANCHON C. Le toucher relationnel au cœur des soins. Paris : Elsevier, 2006.

[3] DI FABIO A. et PALAZZESCHI L. Indécision vocationnelle et intelligence
émotionnelle : quelques données empiriques sur un échantillon d’apprentis italiens.
Pratiques psychologiques 2008. N°14 : 213-222.

[4] BOURDEAUT F. Les émotions dans la relation de soins : des racines de leur
répression aux enjeux de leur expression. Ethique et santé 2006. N°3 :133-137.

[5] SERVANT D., LEBEAU J-C., MOUSTER Y., HAUTEKEETE M., LOGIER R.,
GOUDEMAND M. La variabilité cardiaque : un bon indicateur de la régulation des
émotions. Journal de thérapie comportemental et cognitive 2008. N° 18 : 45-48.

[6] VAN NIJNATTEN R. La respiration, un allié à découvrir. Mémoire d’obtention d’un
diplôme Universitaire de Formateur d’Adultes à l’Université de Paris 7.

[7] DUFOUR M. Anatomie de l’appareil locomoteur, tome 3 : tête et tronc. Paris : Masson,
2002.

[8] GIL R. Neuropsychologie. Paris : Masson, 2010.

[9] SHAPIRO D. L’intelligence du corps : comprendre les émotions qui affectent notre
santé. Saint-Jean-de-Braye : Dangles, 1998.

[10] SANDER D. et SCHERER K. Traité de psychologie des émotions. Paris : Dunod,
2009.

[11] BEAR M., CONNORS B. et PARADISO M. Neurosciences à la découverte du
cerveau. Paris : Pradel, 2007.

[12] http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_nerveux_parasympathique.
25

[13] FITZ-GERALD M.J.T. et FOLAN-CURRAN J. Neuro-anatomie clinique et
neurosciences connexes. Paris : Maloine, 2003.

[14] http://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_%CE%B3-aminobutyrique.
SOUTENANCE
Au cours des différents stages de formation ainsi qu’au cours de séances Mézières, j’ai été
interpelée : les patients pleurent non pas de douleurs mais parce qu’ils arrivent à se relâcher.
Ce lâcher-prise est quelque chose que je ne comprenais pas. Ma réflexion m’a permis
d’essayer de répondre à des questions. Je dis bien essayer car c’est un sujet très compliqué
auquel les scientifiques non toujours pas de réponse précise.
I.
La différence entre les 2 kinésithérapies : traditionnelle et Mézières
Lors d’une séance Mézières, le temps passé auprès des patients est plus important que lors de
séance de kinésithérapie classique. Je pense que le patient est plus rapidement mis à l’aise et
du coup il se dévoile plus facilement. Le bilan initial est détaillé et complet.
Le travail respiratoire est mis en place : chose que l’on travaille très peu en séance de
kinésithérapie classique.
II.
Le toucher
Le toucher n’est pas un acte anodin. Il est important de ne pas le sous-estimer car il instaure
un climat de confiance. Il est chargé d’émotions.
III.
La respiration :
Le lacher prise est le résultat d’une détente qui est rendu possible par le travail de la
respiration. Elle doit être fluide sans restriction. Le muscle clé de la respiration est le
diaphragme. Le moindre stress vient le bloquer.
IV.
Le cerveau
J’ai appris que les émotions sont traitées dans le cerveau par le système limbique (schéma 1).
Le système limbique est le nom donné à un groupe de structures du cerveau jouant un rôle
très important dans le comportement et en particulier, dans diverses émotions. Il est composé
de : (schéma 2)
 hippocampe : impliqué dans la formation de la mémoire à long terme ;
 amygdale : impliquée dans l'agressivité et la peur ;
 gyrus cingulum : joue un rôle dans l’expression gestuelle des émotions et la résolution
des conflits mentaux
 fornix : relie l'hippocampe aux corps mamillaires et au thalamus
 hypothalamus: joue un rôle important dans les fonctions instinctuelles et contribue à
générer les manifestations neurovégétatives et neuro-endocriniennes des émotions.
26

aire septale : serait impliquée dans le renforcement positif des émotions, sa stimulation
induisant des sensations agréables à composante sexuelle.
V.
Lien entre la respiration et les émotions

La respiration : lorsque l’on est stressé notre respiration est rapide, saccadée ce qui
accélère notre système cardiaque et notre pouls.

Les émotions : une émotion non déchargée reste en nous et engendre d’autres
émotions souvent désagréables. Ces émotions entraînent des tensions musculaires et de la
fatigue.

Lien entre les deux : après une succession de théories celle de Papez a fini par voir le
jour. Le cortex cingulaire agit sur l’hypothalamus par l’intermédiaire de l’hippocampe et du
fornix (la voie efférente de l’hippocampe), alors que l’hypothalamus agit sur le cortex
cingulaire par les noyaux antérieurs du thalamus.
Comme le montre le schéma, le système limbique agit sur l’hypothalamus qui va agir sur
l’hypophyse et sur le SNA entraînant des modifications de température, du métabolisme, de la
fréquence cardiaque.

Parcours de l’information
-Les noyaux basolatéraux qui reçoivent des projections des aires corticales sensorielles de
haut niveau et associatives du lobe temporal et de l'insula. Ils projettent à leur tour
directement vers le cortex associatif limbique, le cortex préfrontal et la formation
hippocampique. De plus, via la voie amygdalofuge ventrale, les noyaux basolatéraux
projettent sur le noyau médial dorsal du thalamus, qui projette sur le cortex associatif
préfrontal. Les noyaux basolatéraux projettent aussi vers le noyau basal de Meynert, constitué
de neurones cholinergiques qui projettent diffusément sur le cortex. Enfin, ils projettent sur
les noyaux centraux de l'amygdale. On pense que leur fonction est de participer à déterminer
la signification émotionnelle des stimuli sensoriels, ainsi que la mémorisation des stimuli
émotionnelles.
- Les noyaux centraux qui participent aux réponses émotionnelles. Ils reçoivent des afférences
viscéro-sensorielles des noyaux solitaire et parabrachial, ainsi que des noyaux basolatéraux de
l'amygdale. Ils projettent via la voie amygdalofuge ventrale sur le noyau moteur dorsal du
nerf vague (X) et sur les autres noyaux parasympathiques du tronc cérébral- Ils projettent
également sur l’hypothalamus latéral.
-Les noyaux corticomédiaux reçoivent des projections du bulbe olfactif ; ils projettent à leur
tour sur le bulbe olfactif, ainsi que sur le noyau ventromédial de l'hypothalamus via la strie
terminale. On pense qu'ils sont impliqués dans la régulation émotionnelle face aux stimuli
olfactifs (ex : comportements alimentaires et reproductifs).
Conclusion
Ce travail écrit m’a permis de mieux comprendre les émotions. Je suis plus à l’aise avec le
lâcher-prise de mes patients. J’appréhende moins ces pleurs et bien au contraire ils m’aident à
avancer dans mon traitement. Cette réflexion me sert d’outil au cours de mes séances.
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