Lesdocsdelobservation1

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Le maloya
dans la création musicale
réunionnaise d’aujourd’hui :
éléments quantitatifs
N° 1 - OCTOBRE 2010 - version revue et corrigée
INFORMATION FORMATION PATRIMOINE
OBSERVATION
LES DOCUMENTS
DE L’OBSERVATION
EXPORT
Pôle Régional des Musiques Actuelles
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97481 SAINT-DENIS CEDEX
Ile de La Réunion
Tel : +262 (0) 262 90 94 60
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Introduction
Sommaire
1. Contexte d’acquisition des données ....................p. 3
de patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Au-delà des questions culturelles qui se sont cristallisées
autour de cette labellisation, un des enjeux clés soulevés
a concerné les retombées de cette reconnaissance
sur le secteur musical réunionnais et, notamment, sur
l’activité des musiciens de maloya. Au lendemain
de l’annonce de la labellisation, certaines réactions
diffusées dans la presse concernaient les éventuelles
répercussions professionnelles que cela pourrait avoir
sur les artistes de maloya : plus de concerts ? Plus de
ventes de disques ? Plus de visibilté et de reconnaissance
professionnelle ?
Face à ces questionnements, on s’est interrogé sur
la place que cette musique occupe dans les pratiques et
l’économie musicale réunionnaise d’aujourd’hui à travers une
dizaine d’indicateurs inédits.
1
1 Dans ce registre, un musicien déclarait récemment : « Je préférerais qu’on donne aux musiciens, y compris
de maloya, les moyens de travailler et de vivre. Commençons par respecter les artistes et après mettons
leur musique en l’air ». (« Le séga, c’est notre carte d’identité. Max Lauret fête ses trente ans de carrière. »
Le Quotidien de La Réunion, le 24/09/2010, p. 19)
2. Le maloya : un genre très investi par
la création musicale..............................................p. 3
3. Situation et dynamisme des groupes de maloya.....p. 4
a. Répartition géographique
b. Age des groupes
4. Diversité esthétique du maloya...........................p. 5
a. Importance de l’esthétiques « fusion »
b. La pluri-musicalité
c. Catégories et sous-catégories du maloya
d. « Tradition » et néo-traditions
5. Activités et carrière des groupes de maloya.........p. 7
a. Activité scénique
b. Tremplins et concours
c. Exportation
d. Activité phonographique
6. Environnement professionnel des artistes
de maloya..........................................................p.10
a. Les structures de support
b. Le management
Conclusions........................................................p.11
Mission observation - RunMuzik
L e 2 octobre 2009, le maloya a été inscrit au titre
3
2
Observation,
Information et Ressources, le PRMA de La Réunion réalise
depuis 2009 un recensement des artistes et groupes
de musique actuelle en activité à La Réunion.
L’objectif de ce travail est d’actualiser la base de contacts
du PRMA et de produire, en parallèle, des données
quantitatives sur le champ musical réunionnais, en
collectant des informations sur les groupes recensés.
Ce travail a abouti en juin 2010 à l’identification de
316 groupes de musique dont les fiches ont été mises
à jour en juillet 2010. Cette base de contacts (qui
continue d’être alimentée) ne prétend encore ni à
l’exhaustivité ni à la représentativité exacte des styles
pratiqués localement.
Cependant, le nombre déjà conséquent de groupes
ou d’artistes individuels identifiés permet de démarrer
une réflexion sur la situation des principaux genres
musicaux pratiqués à La Réunion. Les données présentées
ci-après au sujet du maloya visent à favoriser la
réflexion sur la situation de ce genre musical, à en
évaluer le dynamisme et à mieux appréhender les enjeux
qui le traversent.
2.Le maloya : un genre très
investi
par la création musicale
Un tiers des groupes ou artistes recensés
affilient leur identité musicale au maloya
S
ur les 316 groupes de musique basés à
La Réunion recensés par le PRMA, 105 affirment que
leur esthétique musicale s’inscrit totalement ou
partiellement dans le maloya2. Les deux autres esthétiques
dominantes dans la base de contacts sont le séga,
avec 83 groupes recensés, et les musiques d’origine
jamaïcaines (reggae, ragga muffin’, dance hall) qui
rassemblent au total 92 groupes ou artistes individuels.
Le maloya partage donc la représentativité musicale
réunionnaise à niveau légérement supérieur avec le séga
et les musiques d’origine jamaïcaine.
Répartition des principaux styles pratiqués par les groupes
inscrits au Muzikannuaire du PRMA
variété/chanson française
hip hop/rap
musique du monde/world
electro
chanson créole
jazz
rock/blues/pop
séga
reggae/ragga/dance hall
maloya
19
20
25
26
38
44
50
83
92
105
0
20
40
60
80
100
2 Une partie importante de ces groupes s’inscrivent dans plusieurs ésthétiques musicales (cf p. 5)
120
Mission observation - RunMuzik
1.Contexte d’acquisition
des données
D ans le cadre de ses missions
3
3.Situation et dynamisme des groupes de maloya
a. Répartition géographique des groupes de maloya
b. Age des groupes de maloya
D
’après les données collectées, le maloya
apparaît fortement implanté dans le Sud puisque
près de 40% des groupes que l’on a recensés sont
situés dans cette micro-région, tandis que les 65 autres
groupes se répartissent à part presque égale entre
le Nord, le Sud et l’Ouest de l’île. Si l’on compare cette
répartition à celle de l’ensemble des groupes musicaux
recensés - répartition dans laquelle les genres sont
implantés de façon différente dans les quatre
micro-régions - on peut poser l’hypothèse d’un ancrage
plus fort du maloya dans le Sud.
L
e dynamisme général de la sphère stylistique
du maloya semble confirmé par l’âge des groupes
recensés : 41% des groupes ont moins de 5 ans
d’existence et 63% ont moins de 10 ans d’existence.
Cette tendance n’est cependant pas spécifique au
maloya : dans la plupart des esthétiques musicales,
cette part des groupes ayant moins de 5 ans d’existence
est importante. Notons que 10% des groupes de
maloya en activité ont été créés avant 1990. Ceci
paraît faire écho à un phénomène central de
la scène musicale du maloya, sa jeunesse prenant
appui sur un noyau de musiciens historiques
qui font souvent office de « guides » 3.
Répartition des groupes de maloya inscrits au
PRMA, par micro-régions d'implantation
Est
19%
Répartition des groupes de maloya inscrits au
PRMA, par années de création
Nord
23%
20
43
23
11
Sud
38%
3
5
Ouest
20%
avant 1990
entre 1990 et
1995
entre 1995 et
2000
entre 2000 et
2005
entre 2005 et
2010
Dans une enquête menée en 2007 par le PRMA (Eléments de caractérisation socio-économique et culturelle des musiciens réunionnais, http://www.runmuzik.fr/observation), 43% des artistes enquêtés
déclaraient que Danyèl Waro était leur artiste local préféré. Sans trop généraliser, ces chiffres témoignent de l’histoire du maloya de ces trente dernières années. Durant cette période, la reconnaissance
et la démocratisation de l’accès à ce genre musical (par la production phonographique, les médias, l’action institutionnelle, l’enseignement et le spectacle vivant) a conduit à la coexistence de plusieurs modes
d’acquisition des savoir faire musicaux du maloya : transmission au sein de la famille et/ou dans le cadre des cérémonies du culte aux ancêtres africains et malgaches, apprentissage plus ou moins autodidacte
au sein des groupes de pairs, formation dans le cadre de structures d’enseignement ou au sein de structures associatives. Cette diversification des modes d’apprentissage dans le cadre de la société moderne
d’aujourd’hui a pu contribuer à développer les nouvelles formes de maloya qui relèvent de la fusion musicale et, dans le même temps, à donner à quelques musiciens anciens et reconnus
une grande importance symbolique.
Mission observation - RunMuzik
5
4
4.Diversité esthétique du maloya
Le maloya est marqué par une diversité musicale
qui se traduit par un grand nombre de catégories stylistiques
b. La pluri-musicalité
a. Importance de l’esthétique « fusion » E
nviron la moitié des groupes recensés affichent
des esthétiques musicales qui relèvent explicitement
de la fusion, tandis que l’autre moitié est composée
de groupes qui s’annoncent sous une étiquette
« traditionnelle » (19%) ou qui ne revendiquent pas
explicitement le « métissage » de leur musique (39%).
Répartion des esthétiques de maloya
maloya "traditionnel"
maloya "fusion"
autres (sans mention
spéciale)
42%
T
rente neuf des 105 groupes qui affilient leur
esthétique musicale au maloya, l’inscrivent également
dans le séga, 28 dans les musiques jamaïcaines et 12
dans le jazz. Environ la moitié des groupes recensés dans
la catégorie maloya pratiquent en fait plusieurs esthétiques
musicales en les inscrivant souvent dans une dynamique
de fusion. Dans ce cadre, le maloya s’associe de
façon dominante avec le séga et les musiques jamaïcaines.
Répartition des autres genres pratiqués par les
groupes de maloya inscrits au PRMA
19%
39%
2
3
3
variété/chanson française
hip hop/rap
electro
musique du monde/world
rock/blues/pop
jazz
chanson créole
reggae/ragga/dance hall
séga
6
9
12
15
27
39
0
10
20
30
40
50
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5
c. Catégories et sous-catégories du maloya
P
Principaux styles particuliers annoncés par les groupes de
maloya inscrits au Muzikannuaire
armi les styles qui sont annoncés par les groupes
pour désigner leur musique de façon spécifique, on note
un grand nombre de sous-catégories de maloya qui
mettent en valeur le rapprochement avec d’autres
genres musicaux, souvent exogènes (cf. tableau ci-contre).
d. « Tradition » et néo-traditions
V
ingt groupes se présentent plus ou moins
explicitement comme « traditionnels ». Il s’agit de groupes qui
utilisent, de façon prioritaire, les instruments historiques
du maloya et qui reproduisent les formes musicales
« canoniques » du genre tout en les adaptant
et en les faisant évoluer. Ainsi, on retrouve dans cette
catégorie des groupes qui intègrent des éléments musicaux
d’autres traditions comme les percussions d’Afrique de
l’Ouest ou des instruments malgaches. S’y inscrivent
également des artistes ou des groupes dont l’identité
scénique et phonographique affiche un lien fort
avec l’ancestralité malgache et le culte qui lui est associé4.
Certains d’entre eux ont accès à une grande visibilité
artistique.
4 A propos de ce « renouveau malgache » du maloya, voir notamment : Benjamin Lagarde, « Du lontan
au koméla : deux disques de maloya pour un avenir réunionnais » in Faire Savoirs, Regards
contemporains sur un laboratoire vivant, Aix-en-Provence, Amarres, n° 7, 2008 : 93-98.
Maloya électrique
« rap maloya électrique »
« maloya électrique »
« maloya électrique dub »
« maloya roots électrique »
Afro
« fusion afro-maloya »
« afro maloya »
World
« world maloya »
« dunuya (maloya world fusion) »
Gospel/Soul music
« gospel maloya »
« soul maloya »
Evolution
« experimental electro maloya dub »
« maloya évolutif »
Rock
« maloya rock métissé »
« maloya dub rock »
Jazz
« maloya jazz »
« malojazz »
Oriental
« maloya oriental »
« fusion maloya raï »
Reggae
« rema »
« malogué »
Romance
« romans maloya »
« maloyans »
Métissage
« maloya métissé »
« maloya fusion »
« maloya métis »
Rap
« rap maloya électrique »
« maloya rap »
Autres
« maloya manièr fanm »
« maloya fonkèr »
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7
6
5.Activités et carrières des groupes de maloya
a. Activité scénique
L
a moitié des groupes de maloya jouent entre
1 fois et 20 fois par an sur une scène. Cette
proportion est presque égale à celles des groupes
de séga et de musiques jamaïcaines. A priori, les
groupes de maloya n’ont donc ni plus ni moins de
difficulté à se produire sur scène que la majorité des
groupes inscrits dans les autres style musicaux.
Il existe cependant une disparité entre une majorité
de groupes qui se produisent assez peu et une
minorité de groupes qui se produisent beaucoup
plus régulièrement : 16 groupes affirment faire plus 50
scènes par an, et 10 en font plus de 70. Ceci
témoigne de niveaux de structuration et d’ambition
professionnelle différents entre groupes de maloya.
En fait, si la création musicale réunionnaise est très
dynamique, ce dynamisme ne rejaillit professionnellement
que sur une minorité de groupes structurés.
Les groupes de maloya sont susceptibles, de prime
abord, d’avoir accès aux mêmes types de scènes que
les groupes qui s’affilient à d’autres esthétiques musicales :
63,8% se sont produits au moins une fois
dans leur carrière récente dans une salle de
spectacle, 58% sur des podiums municipaux et/ou
associatifs, 55% à l’occasion d’événements culturels
tels que la fête de la musique, 46% dans des festivals,
Répartition des groupes de maloya par nombre de scènes
annuelles
non réponse
80 et plus
entre 70 et 80
entre 60 et 70
entre 50 et 60
entre 40 et 50
entre 30 et 40
entre 20 et 30
entre 15 et 20
entre 10 et 15
entre 5 et 10
entre 1 et 5
pas de scène
4
6
4
2
4
3
8
14
11
21
10
13
4
36% dans des fêtes foraines, 17% dans des fêtes
privées et 12% dans des discothèques 5.
Cependant,
une
comparaison
rapide
avec
la
situation des groupes de séga souligne quelques
différences qui mériteraient d’être approfondies :
45,8 % d’entre eux se sont produits dans une salle de
spectacle, 68,7% sur des podiums municipaux et/ou
associatifs, 51,8% à l’occasion d’événements culturels,
38,6% dans des fêtes privées, 16,9% dans des
discothèques 16,9% dans des festivals, 15,7% dans
des bars. L’accès aux salles de spectacle et aux
festivals paraît plus facile pour les groupes de
maloya, tandis que les groupes ou artistes de séga semblent
davantage présents dans les fêtes privées et les
discothèques.
5 Le recueil des informations ne prenait pas en compte la fréquence et le nombre de prestations par types de scènes.
Mission observation - RunMuzik
7
b. Tremplins et concours
Les tremplins et concours musicaux
constituent une ressource partiellement investie par les groupes de maloya
D
epuis les années 1980 et, plus particulièrement,
depuis les années 1990, il existe des tremplins
et des concours qui sont destinés aux artistes locaux
(Clameur des Bambous, Voix de l’océan Indien…) et
dont on peut questionner le rôle dans la carrière des
musiciens. La moitié des groupes recensés ont participé
à ce genre de concours. D’une façon générale, les
musiciens qui ont participé à des tremplins locaux
ont une activité scénique sensiblement supérieure
à ceux qui ne s’inscrivent pas dans ces dispositifs. Ceux
qui ont reçu une récompense font aussi partie des
groupes qui font le plus de scènes et qui ont le plus
de disques à leur actif. Cependant, la participation à
ces concours ne constitue pas une garantie
en matière de réussite de carrière : si la moitié
des groupes de maloya y ont participé, seule une
minorité joue plus de 50 fois par an.
c. Exportation
41% des groupes recensés ont joué à l’extérieur de La Réunion au moins une fois dans leur carrière.
A
ce sujet, le rôle important des festivals dans
l’exportation de la musique réunionnaise est confirmé
par les données que nous avons collectées : ils
concernent environ les deux tiers des groupes de maloya
qui se sont exportés au moins une fois dans leur
carrière. Le rôle du tissu associatif métropolitain
est également à noter (même s’il paraît plus important
pour le séga).
Répartition des groupes de maloya selon leur présence à l'export
au moins une scène en dehors de La Réunion
aucune scène en dehors de La Réunion
41%
59%
6 Ce constat, qui doit être appréhendé de façon nuancée, semble en résonance avec l’histoire des politiques culturelles menées à La Réunion depuis le début des années 1980 : la valorisation institutionnelle du patrimoine
culturel que constitue le maloya ainsi que l’ouverture sur les réseaux de la World Music internationale a favorisé l’émergence d’un maloya scénique qui s’est adapté aux conventions esthétiques du spectacle vivant. Le séga,
pratiqué par des orchestres de bals jusqu’aux années 1980, a quant à lui gardé des liens forts avec le divertissement social lié à la danse et aux fêtes familiales.
Mission observation - RunMuzik
En fait, le maloya et le séga occupent quelques espaces de
diffusion de façon plus ou moins privilégiée : le maloya
paraît plus visible sur les scènes instituées de l’île
tandis que le séga l’est davantage dans les espaces
de sociabilité musicale privés6 .
9
8
d. Activité phonographique
Le maloya est minoritaire dans la
prodution phonographique réunionnaise, dominée par le séga.
D’
après la délégation régionale de la Sacem,
55% des disques produits à La Réunion au cours
du premier semestre 2010 relèvent du séga, tandis
que le maloya représente 15% uniquement de
cette production. Approximativement, sur environ 300
albums édités par an à La Réunion, 150 seraient
du séga tandis que 18 seulement relèveraient du maloya.
Cette tendance gagne à être mise en perspective avec les données que nous avons collectées
qui
montrent
des
résultats
plus
nuancés
:
seulement 28% des groupes de maloya n’ont pas de
disques à leur actif (cette proportion est moindre pour le
séga avec 16,9% des groupes recensés)7.
L’autoproduction, qui d’après la Sacem couvrait la moitié
de la production de disques à La Réunion sur le premier
semestre 2009, concerne 39% des groupes de maloya
recensés, qui ont au moins un disque autoproduit à
leur actif. Sur le nombre total des 186 disques de maloya
recensés, 83 (soit 45%) ont été autoproduits.
Ceci correspond globalement à la moyenne actuelle de
la production phonographique réunionnaise tous styles
confondus.
Modes de production des disques des groupes de
maloya inscrits au Muzikannuaire
Autoproduction
Label/coproduction
45%
Répartition de la production phonographique réunionnaise
par styles musicaux
(année 2009, source : Sacem Réunion)
autres
28%
dance hall
5%
maloya
6%
séga
50%
variété
11%
7 A ce propos, il est important de préciser que la Sacem n’intègre pas le fait que des artistes et leurs albums peuvent relever de plusieurs esthétiques musicales (cf. p. 5).
Mission observation - RunMuzik
55%
9
6. Environnement professionnel des artistes de maloya
a. Les structures de support
L’
ensemble du secteur musical réunionnais est
fortement marqué par les structures associatives.
Le maloya ne déroge pas à cette tendance. Sur 92
groupes de maloya qui ont affirmé exercer leur
activité en relation avec une structure d’encadrement,
76 le font dans un cadre associatif, 12 sont plus ou
moins encadrés par des sociétés commerciales et 6 par
des Entreprises Individuelles (EI). La plupart des associations
ne s’occupent que d’un seul groupe. Elles sont
généralement gérées par les musiciens eux-mêmes
ou leur entourage.
Catégories juridiques des structures de support des groupes
de maloya
Associations
Sociétés commerciales et assimilées
Entreprises Individuelles
6%
13%
81%
Les sociétés commerciales et les EI sont un phénomène
récent qui touche principalement des groupes qui se sont
créés ces 5 dernières années. Si cette tendance tend
à se confirmer dans les années à venir, cela marquera
une évolution importante qui témoigne d’une certaine
forme de professionnalisation ou, au moins, d’une
volonté plus affirmée des artistes de maloya de s’inscrire
dans l’économie marchande.
b. Le management
T
rente huit pour cent des groupes contactés
ont un manageur qui n’est pas un membre
du groupe. En tout, on compte 32 agents qui font office
de manageurs. Les autres groupes assurent leur propre
management et recherchent eux-mêmes leurs dates de
concerts. Ceci tend à confirmer l’existence d’une certaine
disparité au sein des musiciens de maloya, entre ceux
qui sont plus ou moins accompagnés et soutenus par des
structures professionnelles ou semi-professionnelles et
ceux qui assument, par eux-mêmes, l’ensemble des tâches
de communication et d’administration liées à leur
activité musicale.
Mission observation - RunMuzik
11
10
Conclusions
2. Ce dynamisme se traduit par une grande variété
stylistique et une profusion des sous-styles qui se
créent par fusion ou rapprochement avec d’autres
musiques (et qui témoignent d’une tendance forte à
l’individuation des répertoires) ;
3. Le phénomène est cependant tempéré par les difficultés
de diffusion (qui ne sont pas propres au maloya) et par la
position plutôt marginale du genre dans la production
phonographique ;
4. Le dynamisme de la création ne rejaillit professionnellement que sur une minorité de groupes structurés,
ce qui est susceptible de créer une situation de
concurrence dans l’accès à la visibilité médiatique
et scénique ;
Eléments présentés par Guillaume Samson au cours d’une
conférence donnée au Conservatoire à Rayonnement Régional
Maxime Laope, Saint-Denis, le 2 octobre 2010.
Analyse des données et rédaction : Guillaume Samson.
Recueil des données et mise à jour du Muzikannuaire :
Annie-Claude Hoareau, Matthieu Meyer, Annick Nourry,
Guillaume Samson.
Maquette : Rhilga Paris
5. Le maloya s’inscrit ainsi dans les problématiques
générales des musiques actuelles à La Réunion,
qui touchent à la visibilité scénique, à l’industrie
phonographique, à l’accès aux médias et à l’inscription
dans des dispositifs d’aide institutionnelle ;
6. Plutôt visible sur scène, le maloya est moins présent
dans l’industrie du disque et dans les médias ; il paraît à
ce titre plus dépendant de l’action institutionnelle que
le séga qui alimente largement la production
phonographique.
7. Encore très marqué par le secteur associatif et par
l’amateurisme, le maloya donne cependant des signes
d’inscription de plus en plus affirmée dans le secteur de
l’économie marchande.
8. Cette réalité liée à la carrière des groupes
interagit avec les motivations et les cadres
culturels, identitaires, voire religieux, de la pratique du
maloya aujourd’hui. Elle contribue à inscrire ce genre
musical dans une diversité d’enjeux interdépendants.
Mission observation - RunMuzik
1. Le maloya est marqué par un dynamisme qui se mesure
notamment en termes de nombre de groupes et
d’âge des groupes ;
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