L`Été (meurtrier?)

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L`Été (meurtrier?)
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Du Côté de Chez Candide
Pangloss disait quelquefois à Candide : Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes
possibles. Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.
François-Marie Arouet, dit Voltaire, Candide ou l’Optimisme.
L'Été (meurtrier?)
21 juin 2016
Chers amis,
Les semaines passent et aucun signe tangible d'amélioration des fondamentaux macroéconomiques ne se manifeste pour
l'heure.
Au delà de la question du Brexit / Bremain, qui peut effectivement provoquer des mouvements "sympathiques" à jouer dans le
court terme, ce qui nous intéresse ici est de tracer une road map aussi solide que possible pour les mois qui viennent.
Un événement à lui seul, aussi important soit-il, n'est que rarement en mesure de changer les tendances de fonds de l'économie
mondiale. Il peut tout au plus être la fameuse étincelle qui met le feu aux poudres dans une situation qui est déjà
intrinsèquement explosive.
Et la situation de la zone Euro l'est très clairement.
A ce sujet, et sans vouloir émettre aucun jugement de valeur sur nos chers gouverneurs de l'ombre non élus, ces hommes de
Davos si chers à Charles Gave, je vous conseille vivement la vision de la discussion publique entre Noam Chomsky et Yanis
Varoufakis à la NYPL du 26 avril 2016.
Faire un pronostic sur le vote du 23 nous semble complètement aléatoire même si après l'attentat les Bremain sont donnés
gagnants, par contre se positionner en contre-tendance pour un rebond en cas de victoire du Bremain sur l'EuroStoxx50, comme
le suggèrent d'aucuns, peut avoir du sens d'un point de vue tactique.
D'autant plus que si vous aviez suivi nos conseils vous auriez du déjà tirer profit de cette baisse, en cours depuis le 20 avril.
Cela ne change rien à notre lecture plus globale qui reste très prudente et concentrée sur les "safe-havens" habituels que sont
les US Treasury Bond, le dollar US, l'Or et l'Argent Physiques et pour les plus technologiques le BitCoin qui est, du moins en
théorie, la version digitale de l'Or physique.
Safe-Havens qui, bien que fort ennuyeux, se portent tous à merveille sur les deniers douze mois.
Mais revenons à la situation fondamentale. Nous avons insisté, dans nos deux dernières publications, sur la faiblesse persistante
des bénéfices US, car nous sommes convaincus qu'il ne s'agisse que d'un début.
Non seulement, nous sommes de l'avis que la baisse des profits entamée en 2015 soit un phénomène endémique, que les
dislocations qui apparaissent en Chine, ainsi que dans les autres grandes économies émergeantes soient une conséquence et
non une cause de cette contraction.
Petit aparté : les US sont encore et malgré tout la plus grande économie au monde. Leur consommation détermine directement
ou indirectement la croissance des autres grandes économies mondiales. Une entrée en récession des US marquerait dès lors
l'entrée en récession de l'économie mondiale avec tout ce que cela implique.
Rappelons aussi et c'est important, que si en 2008-2009 les principaux Etats du monde occidental et leur Banques Centrales
avaient encore une marge de manœuvre raisonnable pour des plans de relance adéquats, elle s'est sérieusement amoindrie
aujourd'hui, n'existant même plus pour des Pays tels que l'Espagne ou l'Italie et peut être même la France.
Autrement dit si un remake de 2008 devait avoir lieu, il n'y aurait pas cette fois-ci de happy end. Pour mettre en perspective le
Risque qui pèse sur les économies de l'Occident, rappelons-nous que la crise des années 1930 aura vu le marché des action US
baisser de 90% et son PIB d'environ 25%.
La dette totale des US passera oui à 300% mais seulement Après la contraction de 25% du dénominateur, alors qu'elle se situe
aujourd'hui à ce même niveau avec un PIB qui n'a pas encore défalqué de la bulle de crédit. Autrement dit, et contrairement à ce
que propose l'article en lien, le levier financier est déjà sensiblement plus élevé de nos jours qu'il ne l'était en 1930.
On comprends bien dès lors pourquoi les Banques Centrales et les Gouvernements paniquent littéralement dès que les marchés
se montrent nerveux.
Le seul hic, est que pendant les 8 ans qui se sont écoulés depuis la dernière crise/récession rien ou peu a été fait pour s'attaquer
aux causes qui nous ont amené à 2008. La cause première de la grande dépression des années '30, et très probablement de la
prochaine qui se prépare en coulisse, a été une trop grande concentration des richesses avec une conséquente explosion de la
dette qui se trouve être le revers de la médaille. Nous sommes aujourd'hui dans une situation parfaitement spéculaire qui devra
passer, cette fois aussi, par une redistribution des richesses et une concomitante restructuration des dettes.
L'Orthodoxie monétaire des années '30 et l'existence de l'étalon OR amenèrent à une déflation de grande amplitude, ainsi qu'à
un chômage massif, malheureusement suivis d'une guerre mondiale quelque années plus tard.
En sera-t-il de même cette fois-ci ?
C'est tout sauf que certain, il se peut en effet que les Gouvernements et leur Banques Centrales préfèrent cette fois tenter la
voie de ce que l'on appelle "Helicopter Money".
Nous sommes de l'idée, pour toute une série de raisons, que le premier grand Pays "test" va être le Japon. Nous sommes par
contre beaucoup moins sûrs que la dévaluation monétaire pourra y être contrôlée.
Mais ne nous n'y méprenons pas, même si en théorie cette voie présente certains avantages par rapport à la déflation, le
pouvoir d'achat, et donc la consommation finale, connaîtront in fine une contraction très substantielle en termes réels.
Nous l'avions déjà dit mais il vaut la peine de le répéter, déflation et (hyper)inflation sont les deux revers de la même médaille, à
savoir une faillite systémique.
Pourquoi donc sommes nous aussi craintifs que la contraction des bénéfices US ne soit qu'au début ? Comme le disent les anglosaxons "a chart is worth a thousand words " :
Ci-dessus les profits US, en comparaison avec le déficit US décalé de respectivement 12 et 36 mois, ainsi que la variation
trimestrielle de la consommation des ménages. Comme vous pouvez le constater, c'est bien le déficit US qui aura été, et non les
QE, le carburant des profits US.
Le PCE quant à lui reste inférieur en variation trimestrielle au pic de 1999 pour une population totale qui est, elle, passée de 280
à 325 millions d'habitants.
Autre élément troublant relevé par plusieurs analystes, les "US federal personal tax receipts receipts" se contractent au même
rythme qu'en 2000/2001 et 2007/2008 ce qui suggère une probable entrée en récession déjà au Q3/Q4 2016.
Last but not least, la production industrielle en variation annuelle reste obstinément, depuis septembre 2015, en dessous de
zéro. Comme on peut le constater cet indicateur a invariablement annoncé une entrée en récession des USA depuis 1950.
Difficile à ce stade faire des pronostics clairs à court terme tant les facteurs de "distraction", à commencer par le Brexit/Bremain,
sont nombreux.
Mais les langues commencent à se délier et nous nous sentons moins seul dans les parallèles que nous faisons depuis longtemps
entre la situation actuelle et celle des années 1930.
Les statistiques de l'emploi semblent finalement s'aligner avec l'ISM Manufacturier qu'il conviendra de suivre de très près lors
des deux prochaines publications du 1er juillet et août.
En conclusion nous préconisons une approche prudente en ce début d'été 2016 en sous-pondérant les actifs risqués à la faveur
de nos actifs refuges mentionnées plus haut.
Les éléments nous permettant d'être plus ouvertement baissiers, n'étant cependant pas tous encore présents, notamment un
ISM en dessous de 48, nous nous retenons pour l'heure de recommander des positions "net short" mais envisageons plutôt des
stratégies de protection.
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