Vous pouvez télécharger du discours du Ministre Frédéric Mitterrand
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Ministère�de�la discours Culture et�de�la Communication Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion de la présentation du rapport de la mission de réflexion sur les méthodes d’apprentissage et de transmission de la musique (« Rapport Lockwood ») Le�lundi�16�janvier�2012�,�à�Dammarie-les-Lys Monsieur le Préfet, cher Pierre Monzani, Monsieur le Sénateur, cher Vincent Eblé, Monsieur le Député-maire de Dammarie-les-Lys, cher Jean-Claude Mignon, Monsieur le maire de Melun, cher Gérard Millet, Monsieur le vice-président du Haut conseil de l’éducation artistique et culturelle, cher Didier Lockwood, Cher Jean-Claude Casadesus, cher Michel Jonasz, cher Jean-Claude Perrot, membres de la mission, Madame la directrice régionale des affaires culturelles, chère Muriel Genthon, Mesdames et Messieurs, chers amis, Dans�les�vœux�au�monde�de�la�culture�qu’il�avait�prononcés�à�la�Cité�de�la�musique�en janvier�2010,�le�président�de�la�République�avait�rappelé�l’importance�de�l’éducation�par�la pratique,�notamment�musicale,�et�son�souhait�de�relancer�la�réflexion�sur�les�moyens�de�la rendre�accessible�au�plus�grand�nombre. Débat�ancien,�s’il�en�est,�sur�un�objectif�pourtant�très�largement�partagé.�Depuis�une vingtaine�d’années,�le�ministère�de�la�Culture,�les�collectivités�territoriales�qui�ont�la�charge des�conservatoires,�les�établissements�eux-mêmes,�leurs�directeurs,�leurs�enseignants, les�parents�d’élèves, �se�sont�emparés�de�cette�question.�Les�conservatoires�ont�ouvert leurs�approches�pédagogiques�et�y�ont�notamment�donné�une�plus�grande�place�aux pratiques�collectives.�J’ai�eu�le�sentiment�néanmoins�que�beaucoup�restait�encore�à�faire : les�représentations�de�nos�concitoyens,�des�parents,�des�enfants,�des�adolescents,�gardent l’image�d’un�apprentissage�centré�sur�les�musiques�savantes,�sur�un�accès�où�la�théorie peut�encore�précéder�la�pratique,�au�détriment�des�approches �intuitives�et�d’une�diversité de�répertoires.�La�force�de�l’intimidation�sociale,�celle�qui�fait�croire�que�la�musique�est�un domaine�réservé�à�des�catégories�privilégiées�de�la�population,�continue�trop�souvent�de faire�loi. Pour�toutes�ces�raisons,�et�dans�l’esprit�des�actions�que�j’ai�lancées�autour�de�la�notion de�culture�partagée,�j’ai�proposé�à�Didier�Lockwood�de�mener�cette�mission,�avec�des personnalités�éminentes�du�monde�musical�dont�je�salue�la�présence�aujourd’hui, afin�d’identifier�les�moyens�de�généraliser�les�approches�pédagogiques�fondées�sur le�décloisonnement�des�esthétiques,�la�valorisation�de�l’écoute,�le�renforcement�des pratiques�collectives.�Avec�l’idée,�au-delà�de�la�dimension�esthétique�de�la�pratique�et de�l’enseignement�musical,�que�savoir�écouter�l’autre,�écouter�les�autres,�pour�produire www.culturecommunication.gouv.fr Ministère�de�la discours Culture et�de�la Communication soi-même,�pour�créer�de�la�singularité�avec�autrui,�est�essentiel�dans�la�formation�qui�est proposée�à�ces�futurs�adultes. Pourquoi�Didier�Lockwood ?�Parce�que�vous�êtes�à�la�fois�un�musicien�talentueux�qui a�su�allier�les�esthétiques�dans�son�art�même,�parce�que�vous,�l’ardent�défenseur�de l’improvisation,�vous�êtes�aussi�un�« institutionnel »,�vice-président�du�Haut�conseil�de l’Education�artistique�et�culturelle,�impliqué�dans�toutes�les�causes�qui�unissent�l’école et�la�culture,�à�l’écoute�de�tous�les�projets�qui�visent�à�élargir�l’accès�des�jeunes�à�la culture.�Avec�votre�école�qui�est�un�formidable�laboratoire�pédagogique,�nous�venons de�le�constater,�avec�vos�masterclasses�en�France�et�de�par�le�monde,�notamment�dans les�universités�américaines�où�vous�avez�pu�mesurer�les�bénéfices�d’une�plus�grande ouverture�des�enseignements�aux�formats�d’atelier,�au�jazz,�aux�musiques�populaires,�je savais�que�vous�auriez�la�capacité�de�fédérer,�par�votre�engagement�et�votre�enthousiasme communicatif,�les�plus�grandes�personnalités�autour�d’un�travail�essentiel�de�réflexion commune. À�cela�s’ajoute�votre�réflexion,�au�sein�du�Haut�conseil�de�l’Education�artistique�et�culturelle, sur�l’apport�des�nouvelles�technologies�à�la�création�et�à�la�généralisation�de�nouveaux outils�pédagogiques�qui�place�l’intuition�et�la�plasticité�du�corps�du�musicien�au�cœur�de l’enseignement�des�pratiques�musicales. Voici�longtemps�déjà�que�je�souhaitais�visiter�votre�école.�J’en�avais�fait�la�promesse au�Député-maire�de�Dammarie,�Monsieur�Jean-Claude�Mignon.�Une�école�originale,�au rayonnement�international,�fortement�soutenue�par�les�collectivités�territoriales,�offrant�des parcours�diversifiés�pour�les�jeunes�mais�aussi�pour�les�adultes�en�formation�continue, et�aujourd’hui�reconnue�comme�partie�prenante�de�l’offre�publique�d’enseignement supérieur�musical,�dans�le�cadre�d'une�collaboration�avec�le�pôle�supérieur�Paris/Boulogne Billancourt,�pour�la�délivrance�du�diplôme�national�supérieur�professionnel�de�musicien�en jazz�et�musiques�actuelles,�en�lien�avec�l’université. Parler�d’enseignement�artistique�ici,�c’est�l’occasion�aussi�de�rappeler�que�le�département de�Seine�et�Marne�comprend�15�conservatoires,�dont�celui�de�Melun,�tout�proche.�M. le�maire �Gérard�Millet�vient�de�me�faire�découvrir�la�maquette�de�la�future�implantation du�conservatoire�de�Melun,�qui�témoigne�de�l’engagement�de�cette�ville�en�matière d’enseignement�artistique.�La�Seine-et-Marne�s’est�beaucoup�mobilisée�dans�la�mise�en œuvre�de�la�loi�d’août�2004,�en�établissant�un�schéma�départemental�des�enseignements artistiques�particulièrement�pertinent,�visant�la�structuration�territoriale�et�la�lisibilité�de l’offre.�Je�me�réjouis�de�la�présence�aujourd’hui�de�Monsieur�Eblé,�et�du�directeur�de l’action�culturelle�du�département,�Jean-Claude�Perrot,�qui�a�activement�participé�à�cette mission.�Je�sais�qu’ils�sont�l’un�et�l’autre�particulièrement�ouverts�aux�idées�qui�figurent dans�ce�rapport. Je�pense�en�parlant�ici�devant�vous�de�transmission�et�notamment�de�transmission musicale,�à�Fontainebleau,�dont�nous�sommes�proches,�où�s’est�déroulé�le�premier festival�d’Histoire�de�l’art,�en�partie�consacré�à�l’enseignement�de�l’histoire�des�arts introduit�à�l’école,�et�où�se�déroulera�l’édition�2012�que�nous�sommes�en�train�de�préparer. Fontainebleau,�c’est�aussi�Nadia�Boulanger�et�le�conservatoire�franco-américain,�dont�on connait�l’influence�dans�le�développement�de�notre�vie�musicale,�et�le�rôle�qu’y�joua,�cher Jean-Claude,�Robert�Casadesus. Pour�que�vous�puissiez�mener�à�bien�cette�mission,�j’ai�souhaité�qu’elle�puisse�s’appuyer sur�un�petit�groupe�de�travail,�afin�de�favoriser�la�richesse�des�échanges,�en�auditionnant le plus�grand�nombre�d’acteurs�pour�pouvoir�vous�faire�l’écho�d’une�variété�de�points�de�vue la�plus�large�possible.�De�nombreuses�personnalités,�artistes�et�institutionnels,�parents d’élèves,�ont�répondu�présents.�C’est�indéniablement�une�marque�significative�de�l'intérêt porté�aux�questions�liées�à�l'enseignement�de�la�musique,�à�la�place�des�musiques actuelles,�des�musiques�traditionnelles,�des�musiques�improvisées�dans�la�demande exprimée�aux�collectivités�par�les�citoyens,�que�l’on�retrouve�également�dans�les�fortes attentes�en�la�matière�exprimées�aujourd'hui�notamment�chez�les�adolescents. www.culturecommunication.gouv.fr Ministère�de�la discours Culture et�de�la Communication Je�retiens�de�ce�rapport,�très�riche,�deux�idées�directrices pour�l’avenir�: -�Donner�aux�enfants�un�accès�moins�« académique »�à�la�musique,�ouvert�à�la�diversité, fondé�sur�l’intuition�et�l’écoute, �donnant�place�à�l’improvisation,�au�rythme,�à�l’oralité. L’idée�d’une�structuration�en�deux�pôles�méritera�d’être�approfondie,�avec�tronc�commun et�échanges�pédagogiques�entre�la�musique�dite�classique�de�tradition�écrite�(ancienne, classique,�contemporaine…)�et�la�musique�dite�populaire,�de�tradition�orale�(traditionnelle, actuelle,�improvisée…),�dont�l’approche�ne�serait�plus�alors�vécue�comme�simple complément�à�une�pratique�académique. -�L’élargissement�des�conservatoires�en�« écoles�des�arts ».�Il�s’agit�d’ouvrir�ces établissements�non�pas�seulement�à�la�musique,�à�la�danse�et�au�théâtre,�mais�aussi aux�arts�plastiques�et�au�cirque�-�disciplines�aujourd’hui�prises�en�charge�par�le�secteur associatif,�certes�souvent�municipal,�mais�sans�la�même�reconnaissance,�sans�réelle articulation�entre�des�pratiques�pourtant�complémentaires�dans�la�formation�des�enfants�et adolescents. Ces�propositions�sont�ambitieuses.�Elles�appellent�une�réflexion�collective�que�je�souhaite ouvrir�avec�les�collectivités�territoriales�dont�relèvent�ces�établissements.�Il�n’appartient pas�en�effet�à�l’Etat�de�décider�seul�en�la�matière.�Je�soumettrai�ces�axes�de�travail aux�associations�représentant�les�collectivités�territoriales�dans�le�cadre�du�Conseil�des collectivités�territoriales�pour�le�développement�culturel�lors�de�sa�séance�plénière�du�31 janvier,�en�lien�avec�la�question�de�la�réforme�des�enseignements�artistiques�de�2004. Nous�avons�eu�l’occasion�en�effet,�dans�le�cadre�de�ce�conseil,�d’avoir�des�échanges�très riches�sur�la�réforme�que�la�loi�d’août�2004�a�lancée,�et�qui�vous�le�savez�s’est�heurtée�à beaucoup�de�difficultés,�avec�des�débats�entre�Etat�et�collectivités,�mais�aussi�entre�les associations�de�collectivités�quand�ce�n’est�pas�au�sein�de�ces�associations�mêmes.�Le sujet,�en�apparence�inextricable�au�départ,�a�maintenant�beaucoup�mûri,�notamment�grâce à�Mme�la�Sénatrice�Morin-Desailly,�auteur�d’un�rapport�qui�fait�désormais�référence,�grâce au�débat�qui�s’est�tenu�à�l’automne�2009�au�Sénat�sur�ce�thème�à�son�initiative,�grâce�aux travaux�menés�ensuite�par�l’Etat�et�les�collectivités�au�sein�du�Conseil�des�collectivités territoriales�pour�le�développement�culturel,�grâce�enfin�à�la�dernière�phase�d’auditions à�laquelle�Mme�Morin-Desailly�a�procédé.�Malgré�ces�efforts,�malgré�ma�volonté�de�le faire�aboutir,�malgré�la�prise�de�conscience�par�tous�les�acteurs�concernés�et�notamment les�élus,�de�l’importance�de�ces�sujets,�nous�n’avons�pu�aboutir.�Je�crois�que�le�rapport que�vous�m’avez�rendu�peut�nous�permettre�de�reprendre�la�réflexion�« par�le�haut »,�en retravaillant�ensemble�sur�les�objectifs�mêmes�des�enseignements�artistiques�et�sur�leur articulation�avec�leur�environnement. Il�me�semble�en�effet�important�que�cette�réflexion�soit �globale�et�intégre�l’articulation�des enseignements�artistiques�avec�tous�les�dispositifs�qui�concourent�à�l’accès�des�jeunes�à�la musique.�Des�passerelles�doivent�être�mises�en�place,�comme�le�rapport�le�souligne,�entre écoles�et�conservatoires,�afin�d’amener�de�manière�progressive�les�enfants�à�« oser »�le conservatoire. Certains�dispositifs�s’attachent�à�faire�découvrir�la�musique�dès�le�plus�jeune�âge,�et�ce depuis�des�années.�Je�pense�par�exemple�aux�Jeunesses�musicales�de�France,�qui�depuis 70�ans�oeuvrent�en�ce�sens.�Je�me�suis�rendu�samedi�dernier�à�Boulogne-Billancourt�à�la présentation�de�la�prochaine�saison�de�cette�dynamique�association.�Je�pense�aussi�à�des dispositifs�comme�Dix�mois�d’Ecole�et�d’Opéra,�mais�aussi,�Monsieur�le�député�maire,�aux classes�orchestres,�domaine�dans�lequel�votre�ville�mène�une�action�exemplaire,�en�lien avec�le�centre�des�musiques�Didier�Lockwood.�Avec�Luc�Chatel,�je�porte�un�grand�intérêt au�développement�des�pratiques�orchestrales�à�l’école.�Nos�deux�ministères�ont�beaucoup travaillé�sur�ce�sujet�ces�derniers�mois�pour�que�ces�pratiques�trouvent�toute�leur�place dans�le�paysage�éducatif,�grâce�à�une�circulaire�commune�qui�paraîtra�très�prochainement, et�qui�précisera�à�l’attention�des�acteurs�concernés�le�cadre�dans�lequel�ces�pratiques�ont vocation�à�se�développer.�Il�existe�plus�de�600�expériences�de�pratiques�orchestrales�à l’école,�à�l'initiative�d'établissements�scolaires,�d'associations�ou�de�conservatoires,�sur www.culturecommunication.gouv.fr Ministère�de�la discours Culture et�de�la Communication l’ensemble�du�territoire.�C’est�beaucoup,�mais�je�souhaite�qu’il�y�en�ait�davantage�encore. La�participation�aux�pratiques�orchestrales�à�l’école�produit�de�remarquables�résultats, j’aurai�l’occasion�d’y�revenir�prochainement�avec�mon�collègue�Luc�Chatel. Il�nous�faut�dans�ces�matières�ne�pas�hésiter�à�innover,�et�c’est�ce�que�Laurent�Bayle, dont�je�salue�la�présence�aujourd’hui,�a�su�nous�proposer,�avec�le�Conseil�de�la�création artistique,�en�lançant�l’expérience�DEMOS,�à�laquelle�je�porte�le�plus�grand�intérêt.�Cette expérience,�inspirée�d’El�Sistema�du�Venezuela,�rassemble�450�jeunes�de�6�à�12�ans sans�pratique�musicale�antérieure,�encadrés�par�les�musiciens�de�l’orchestre�de�Paris, de�l’orchestre�Divertimento�de�la�ville�de�Stains�mais�aussi�par�des�enseignants�de conservatoires�et�des�DUMISTES.�Elle�propose�un�apprentissage�intensif�et�encadré�de la�pratique�orchestrale,�en�direction�de�jeunes�des�quartiers�cibles�de�la�politique�de�la ville�à�Paris�et�en�Ile-de-France,�ne�disposant�pas�des�ressources�économiques,�sociales ou�culturelles�pour�accéder�à�la�musique�classique�dans�les�institutions�existantes.�Cette initiative�s’adresse�précisément�à�des�enfants�et�adolescents�qui�n'oseraient�jamais�franchir la�porte�d’un�conservatoire.�La�démarche�associe�une�pédagogie�collective�fondée�sur�la pratique�instrumentale,�hors�temps�scolaire,�et�un�suivi�social�et�éducatif�impliquant�les musiciens�et�des�experts�du�champ�social.�Elle�permet�là�aussi�de�lever�les�freins�sociaux et�culturels�liés�à�la�pratique�musicale,�de�favoriser�la�confrontation�à�l’excellence�artistique, de�faire�évoluer�les�représentations�liées�aux�musiques�classiques,�de�soutenir�le�cas échéant�l’émergence�de�jeunes�talents,�et�d’initier�des�pratiques�pédagogiques�innovantes. Toutes�ces�expériences�sont�complémentaires�et�vont�dans�le�bon�sens.�Je�forme�le�vœu en�ce�début�d’année�que�ce�mouvement�soit�poursuivi�et�développé�et�je�suis�persuadé que�le�remarquable�travail�qui�vient�d’être�conduit�nous�ouvre�de�nouvelles�pistes�et�de nouveaux�horizons. Je�vous�remercie. Contact Presse Département�de�l'information�et�de�la�communication 01�40�15�80�20 [email protected] www.culturecommunication.gouv.fr