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LE 9e ART : LA BD
La bande dessinée est un art littéraire et graphique séquentiel puisqu’elle
raconte une histoire grâce à des dessins et des textes insérés dans des bulles
ou phylactères. Par son originalité elle s’est muée en genre et par son succès
en media de masse.
LES DÉBUTS
Après une longue maturation au XIXe siècle, le 9e art gagne ses lettres de noblesse
dans les années trente.
q Le XIXe siècle : premiers
développements
Les ancêtres de la BD ?
Les peintures rupestres, les fresques et
Grâce aux progrès de la presse et de
bas-reliefs antiques ne sont que des sél’imprimerie, la BD prend forme et dépasse
quences d’images. Mais les livres illusla simple illustration.
trés de miniatures du Moyen Âge mêEn 1833 le suisse Rodolphe Toepffer
lent images et textes et la Tapisserie de
Bayeux est une véritable BD. Il en va de
considéré comme le 1er auteur d’album de
même de l’Imagerie d’Épinal fondée par
bande dessinée, publie Histoire de M. Jabot.
J.C. Pellerin en 1796.
Au Japon, Katsushika Hokusai crée des
esquisses ou des estampes de dessins grotesques qu’il appelle mangas et qui mêlent déjà humour, horreur, érotisme.
En Allemagne, Wilhelm Busch crée en 1865 Max und Moritz qui inspireront à la fin du siècle
en Amérique les Katzenjammer kids de Rudolph Dirks (1re utilisation systématique des bulles).
En France, Christophe crée les personnages de la famille Fenouillard (1893) et du sapeur
Camember (1896) à côté des productions du caricaturiste Nadar (1820-1910), du dessinateur et
peintre Gustave Doré (1832-1883) et de Caran d’Ache (1858-1909).
q Le premier
XXe
siècle : succès confirmés
La BD profite du nouveau développement de la presse et les histoires se scindent en épisodes.
Ainsi débutent en 1905 dans la Semaine de Suzette la vie de Bécassine et dans le New York Herald
celle de Little Nemo in Slumberland; en 1908 dans L’Épatant les espiègleries des Pieds Nickelés;
en 1925 dans le Dimanche illustré les aventures de Zig et Puce d’Alain Saint-Ogan.
En 1929 en Belgique, Georges Rémi dit Hergé lance dans Le Petit Vingtième les
aventures de Tintin, en 1934 paraît en France le Journal de Mickey et en 1938 le
Journal de Spirou. Alors que triomphent aux USA les « strips » avec Buck Rogers et
Tarzan et les « comics » avec Superman et Mandrake le magicien.
EXPLOSION ET INTERNATIONALISATION
En touchant les publics les plus divers, la BD explore toutes les facettes du genre,
toutes les techniques du dessin, toutes les finesses de la langue.
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q Le deuxième
XXe
siècle : la profusion
L’immédiat après-guerre est marqué par une brusque méfiance envers la BD que l’on
accuse (hommes politiques comme psychiatres) de pervertir la jeunesse en l’incitant à la
facilité et de l’éloigner de l’écriture. Seule la BD japonaise (manga) profite de la libération
de la presse pour se moderniser.
Mais à partir de 1960 se multiplient notamment dans Pilote apparu en 1959, dans le
Journal de Tintin et le Journal de Spirou, des œuvres de qualité produites par des
artistes imaginatifs. Puis le succès des albums fait connaître dans la catégorie humoristique Astérix, Lagaffe, Lucky Luke, Achille Talon, dans la série d’aventures Blueberry,
Barbe-Rouge, Michel Vaillant, dans les œuvres de science-fiction Blake et Mortimer.
Enfin la BD dite d’adulte, essentiellement vouée (dès l’origine) à la pornographie
(Barbarella de J.C. Forest ou Blanche Épiphanie de G. Pichard vers 1960), s’ouvre à des
contenus plus politisés, subversifs ou contestataires après 1968 (comme L’Écho des
savanes de C. Bretécher, Gotlib et Nikita Mandryka).
q Aujourd’hui : satisfactions et menaces
Depuis vingt-cinq ans la BD, le roman graphique, complexifie ses intrigues, affine ses
personnages, élargit sa thématique, accepte l’autobiographie, délivre parfois un message.
Elle renoue, partiellement, avec le noir et
blanc, pour accentuer la rupture avec une
Quelques auteurs
BD considérée comme trop divertissante.
La complexité, et la richesse, sont
C. Bretécher (1940-) auteur de vériaccentuées par les interférences entre
tables petites chroniques sociales.
les BD et les auteurs du monde au point
Jean-Michel Charlier (1924-1989) créaqu’il n’est pas exagéré de dire que la BD
teur de Buck Danny, de Tanguy et Laverse mondialise et contribue au brassage
dure, Blueberry. Le Belge André
Franquin (1924-1997) inventeur des
des cultures. Et ce, d’autant que le sucpersonnages du Marsipulami et Gaston
cès populaire ne se dément pas (y comLagaffe. René Goscinny (1926-1977)
pris au festival international de la BD
dessinateur et scénariste pour Lucky
d’Angoulême), que les tirages d’albums à
Luke et Astérix. Marcel Gotlib (en fait
plus de 500 000 exemplaires ne sont
Gotlieb, 1934-) auteur des séries de
Gai-Luron et de la Rubrique à brac,
pas rares (Titeuf), que les adaptations au
contributeur à L’écho des savanes et à
cinéma (Astérix en France, Popeye et
Fluide glacial. Le Belge Maurice De BeSuperman aux USA), à la télévision
vere (dit Morris) créateur de Lucky
(Largo Winch), ou en dessins animés
Luke. Jean-Marc Reiser (1941-1983)
(Lucky Luke, les Astérix) se multiplient
dessinateur d’humour dénonciateur de
la bêtise ( Ils sont moches , Vive les
avec l’utilisation des effets spéciaux
femmes). A. Uderzo (1927) participe à
numériques.
Tanguy et Laverdure et Astérix.
e
Pourtant en ce début de XXI siècle
des menaces se précisent ; comme la
saturation des marchés, les risques de surproduction, les concurrences de la micro-édition qui ont donné naissance à la «BD indépendante» ou «BD alter», ou encore à des
«blogs BD» et des «webcomics».
Là s’expriment des jeunes qui bousculent les habitudes et… le marché des éditeurs
(Dupuis, Dargaud, Casterman, Glénat).
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