Mal de mer à retardement sur le Carac

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Mal de mer à retardement sur le Carac
Publié le 01 juillet 2016 à 22h04 | Mis à jour le 02 juillet 2016 à 10h29
Mal de mer à retardement sur le Carac
Notre journaliste Jean-Nicolas Patoine était à bord du Carac, du skipper Louis Duc, lors d'une sortie
destinée aux médias.
JEAN-NICOLAS PATOINE
Le Soleil
(Québec) «Vous êtes venus pour bosser?» Avant même qu'on
mette le pied sur son Carac, Louis Duc donnait le ton.
Le skipper français ferait travailler son équipage de néophytes
pendant la sortie en mer destinée aux médias.
Avec moi, deux sympathiques gagnantes d'un concours radiophonique, excitées
par l'aventure. La copine de Duc, Julia, agira en tant que second au capitaine.
Je me passionne pour la Transat Québec-Saint-Malo depuis ses débuts, en 1984,
mais je n'ai pas le pied marin pour autant. J'ai peur du mal de mer, je n'aime pas
trop l'idée de me déplacer sur le pont de ce monocoque de 40 pieds bousculé par
les vagues. Déjà, lorsque je monte sur le bateau, je perds un peu l'équilibre. Ça n'a
pas trop paru, j'espère.
Je ne suis pas à ma place. Mais ça ne durera qu'une heure ou deux...
Les pépins arrivent toujours lors des sorties de plaisance comme celle-là, dira
Louis Duc pendant notre périple. Superstition? Un peu, sans doute. N'empêche
qu'en 2012, le EDF Énergies Nouvelles avait frappé une bouée avec une
journaliste et un vidéaste du Soleilà bord. Un accident qui fait encore jaser autour
du bassin Louise, quatre ans plus tard. Je ne veux pas être la cause de pareille
mésaventure.
Nous sortons tranquillement du bassin Louise. J'aurais aimé qu'on prenne vers
l'est et l'île d'Orléans, mon coin de pays, mais je ne dis pas un mot. On fait plutôt
cap vers le pont de Québec.
Et ça commence. Louis et Julia nous mettent à profit, mes équipières d'un jour et
moi, pour hisser deux voiles. Sur le bateau, il y a tout un amoncellement de cordes
digne d'un casse-tête à 1000 morceaux.
Zig-zag sur le fleuve
Le sympathique skipper passe ses commandes, à mi-chemin entre ordres et
conseils. On vire d'un côté, puis de l'autre, un véritable zig-zag sur le SaintLaurent. Nous tirons des cordes, les attachons. En faisant attention à nos doigts et
à notre tête. Louis Duc utilise une série de mots dont j'ignore totalement la
signification. «Bordez», «choquez» et j'en passe. J'apprends sur le tas.
Il y a du vent. Le voilier file à bonne vitesse. Parfois, il gîte d'un côté, dans un angle
que j'estime - et surévalue sans doute - à 45 degrés. Même assis, je m'accroche à
deux mains. Duc, debout, a les mains libres, au milieu du bateau, et demeure en
parfait équilibre. «C'est l'alcool!» blague-t-il lorsque je lui fais remarquer nos
«positions» fort différentes. Je devrais être plus solide, alors...
Duc n'est pas bien vieux, 32 ans, mais il a de l'expérience et ça paraît. Il vient de
finir deuxième à The Transat (Plymouth-New York), a pris la troisième place à la
dernière Transat Jacques-Vabre... C'est sa troisième Québec-Saint-Malo. Il y a
quatre ans, à sa première expérience en tant que capitaine dans la capitale, il avait
pris le 18e rang sur Avis Immobilier. Mais son Caracest plus performant. Et son
nom revient dans les discussions au sujet des favoris en Class40.
Je tire encore quelques cordes, j'aide à ranger une voile dans son immense
enveloppe. Mes collègues féminines s'impliquent encore plus que moi, toujours
enthousiastes. J'ai déjà une ampoule sur l'index de la main droite. Ça fait pourtant
moins de 90 minutes que nous sommes en mer. Imaginez une semaine.
Je n'ai pas eu le mal de mer. Mais en écrivant ces lignes, quelques heures plus
tard, je me sens encore bercé par les eaux, un petit mal de coeur en prime.
Nausée à retardement.
Et j'admire plus que jamais les cinglés qui se lancent dans cette folle aventure.
Le Roux sur le Spindrift
Le champion en titre Erwan Le Roux participera finalement à la Transat! Mais pas
à bord de sonFenêtréA Cardinal, toujours en réparation à la suite d'une avarie
subie pendant The Transat (Plymouth-New York), en mai. Le marin français a été
recruté par le skipper du géant Spindrift, Yann Guichard, à qui on prédit déjà un
record de parcours. Le Roux fera donc partie des 13 marins - 12 hommes et
1 femme - en charge du trimaran de 40 mètres, dont l'arrivée à Québec est prévue
dans quelques jours.
C'est parti!
Les festivités entourant la neuvième Transat Québec-Saint-Malo débutent samedi,
avec en vedette le Prologue Ville de Lévis. Si dame Nature le permet, cette petite
course avant la grande débutera à 14h en face du quai Paquet. Les voiliers doivent
contourner une bouée près de l'île d'Orléans, puis une autre à l'ouest, à l'approche
des ponts, avant de revenir à leur point de départ. Des activités sont prévues au
bassin Louise jusqu'au 13 juillet. Du côté de Lévis, le quai Paquet sera animé les 2,
3, 8, 9 et 10 juillet, date du départ de la course transatlantique. Pour obtenir tous
les détails de la programmation : transatquebecstmalo.com Jean-Nicolas
Patoine

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