Les perspectives de la TNT payante s`assombrissent de plus en plus
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Les perspectives de la TNT payante s`assombrissent de plus en plus
JEUDI 12 JANVIER 2012 LES ECHOS Dans le cadre de l’appel à candidatures lancé par le CSA, aucun éditeur n’a présenté de chaîne payante. Incapable de décoller, l’offre de TNT payante se trouve fragilisée par cet afflux de candidatures pour les chaînes gratuites. TÉLÉVISION PIXELS GDF Suez retient Publicis Conseil HIGH-TECH & MÉDIAS 21 DR Les perspectives de la TNT payante s’assombrissent de plus en plus L’agence dirigée par Arthur Sadoun (photo) remporte l’ensemble des marques commerciales de vente d’énergie en France de GDF Suez. Soit un budget estimé par Kantar Média entre 80 et 100 millions d’euros bruts. L’appel d’offres réunissait DDB, Young & Rubicam et, en finale, MC Saatchi GAD. Publicis s’attachera à accroître la notoriété, la compétitivité et la performance commerciale des marques. AFP Frédéric Mitterrand installe une mission sur la librairie C’est Bruno Parent, inspecteur général des finances, Marc Sanson, conseiller d’Etat, Matthieu de Montchalin et Colette Kerber, libraires, Teresa Cremisi, éditeur, et enfin Alexandre Jardin, écrivain, qui conduiront la mission de réflexion sur l’avenir de la librairie souhaitée par le ministre de la Culture. Objectif : faire des propositions d’ici à la fin du premier trimestre. n acte de décès. Sur les 31 projets de candidature pour une chaîneenhautedéfinitionsurla télévision numérique terrestre que le CSAvientdecollecter,aucunneconcerneunechaînepayante.Malpartie dès l’origine et désormais moribonde, la TNT payante apparaît comme la grande perdante de cet appel à candidatures. Les récents événements ne laissent place à aucun optimisme. « La TNT payante est dans un cercle vicieux. Elle ne propose pas de contenu exclusif, donc elle negénèrepasd’abonnements,doncles éditeurs sont incapables d’atteindre la rentabilité, ce qui rend impossible l’acquisition de contenus exclusifs », résume un analyste. TV Numeric, le seul distributeur qui commercialise laTNTpayante(endehorsdeCanal+, qui impose d’abord de s’abonner à la chaîne cryptée) revendique un petit 100.000 abonnés. Une goutte d’eau par rapport aux plus de 6 millions de foyers abonnés au groupe Canal+ en France, qui domine le secteur de la télévision payante. Même pessimisme côté éditeurs. « Soyonsclairs,pluspersonnenecroità la TNT payante », dit l’un d’entre eux. Même chez TV Numeric, cette nouvellepreuvedeladésaffectionpourla TNT payante a jeté un froid. « Cela ne noussurprendpasetc’esttrèsdommageable pour la TNT payante. On espérait deux ou trois chaînes supplémentaires pour le bouquet de base », déclaresonprésidentCharlesBornot. Et ce n’est pas l’initiative récente de TF1,quivacommercialisertroischaî- laTNTgratuite.LeCSAn’apasdonné suite, au grand dam de Paris Premièrequial’intentiondedéposerun recours devant le Conseil d’Etat. U Handicap supplémentaire nes (LCI, Eurosport et CFoot) en partenariat avec l’enseigne Boulanger, qui va relancer la TNT payante et bousculer Canal+. Pour l’instant, seuls 20.000 exemplaires de cette carte prépayée donnant droit à trois moisd’abonnementontétéprévus. L’offre de TNT payante a plusieurs faiblesses. Les six chaînes du bouquet de base (LCI, Eurosport, Paris Première,TF6,CFootetPlanète+)ne sont pas véritablement « premium » etsonttoutesdisponiblessurd’autres « C’est un cercle vicieux : les éditeurs sont incapables d’atteindre la rentabilité, ce qui rend impossible l’acquisition de contenus exclusifs... » UN ANALYSTE bouquets, sur le satellite, le câble ou l’ADSL. Pis, le groupe TF1, qui édite les chaînes LCI et Eurosport, a annoncé en début de semaine l’élargissement de la distribution de ces chaînes, qui seront disponibles sur toutes les plates-formes de télévision, pour l’instant à l’exception de Free. Ce qui dévalorise de facto leur attrait sur la TNT payante. En fin d’annéedernière,arguantdeleurfragilité économique, LCI et Paris Première ont demandé leur passage sur La TNT payante souffre enfin d’un autre défaut : les investisseurs étrangers ne peuvent détenir plus de 20 % du capital des chaînes, ce qui les empêched’investirdanscemodede distribution,àl’inverseducâbleetdu satellite. Dans ce contexte, les récentesinitiativesduCSApourrelancerla TNT payante se sont toutes soldées par des échecs. En 2011, suite au retrait de Canal J (groupe Lagardère) et de AB1 (groupe AB), il a attribué deux nouvelles fréquences, à la chaînedelaLigueprofessionnellede footballCFootetàSelectTV,uneoffre de vidéo à la demande développée par TV Numeric. CFoot, qui est aussi disponible sur d’autres bouquets, compte aujourd’hui 330.000 abonnés mais ne diffuse que des matchs de la Ligue 2, dans l’attente éventuelle du dernier lot de la Ligue 1 pour la diffusion de six matchs par journée de championnat. Pas de quoi générer des centaines de milliers d’abonnements. De son côté, le service SelectTV a pris quelques mois de retard et sera lancé au printemps. Mais rien ne permet de dire que l’engouement des téléspectateurs sera au rendez-vous. GRÉGOIRE POUSSIELGUE L’éditorial de David Barroux page 14. TNT : les dossiers qui ont le plus de chances d’être retenus Au total, 31 chaînes ont postulé à l’appel à candidatures pour six canaux HD. TF1, M6, NRJ et NextRadioTV sont favoris. Trenteetunechaînescandidatespour seulementsixélues.L’appelàcandidatures du CSA pour six chaînes HD a suscité des vocations. Et pourtant, d’un point de vue économique, très peu ont à y gagner, même si tous doivent y être pour ne pas laisser la place aux autres. Les TF1, M6, France 2 et autres savent très bien qu’automatiquement, avec six chaînes de plus, elles vont perdre de l’audience et des parts de marché publicitaire. Les six petites nouvelles devraient prendre e nt re 4 , 9 % e t 7 , 9 % d e p a r t s d’audienceauxchaînesdéjàexistantes d’ici à 2015, selon une étude NPA et Havas Media. Seuls les « petits » comme NextRadio TV et NRJ Group, n’ayant que deux fréquences TNT, peuvent se réjouir de cette procédure, quidevraitleurpermettredeserenfor- comme un levier et y renoncer en échange de moindres contraintes de lapartduCSAetdel’Autoritédelaconcurrence, qui doivent se prononcer dans quelques semaines sur le rachat deDirect8etDirectStaretsurlafusion TPS-CanalSat, il n’y a qu’un pas, que certains professionnels de l’audiovisueln’hésitentpasàfranchir. Chacun y va ainsi de sa tactique pour être sûr d’avoir une chaîne. Pour TF1, plutôt que de présenter TV Breizh, chaîne rentable, le groupe a préféréobtenirunefréquencesupplémentaire. Sa chaîne de fiction HD1 pourraitainsiséduireleCSA,soucieux desoutenirlacréationfrançaise. Des formats grand public M6 pourrait avoir une carte à jouer avec sa chaîne familiale ciblant la « ménagère de moins de 50 ans » si priséedesannonceurs.C’estque,avec un budget compris entre 30 et 40 millions d’euros, les chaînes auront besoin de ressources autour de 200 à LES PROJETS : PLACE À LA FANTAISIE Touteslesthématiquesoupresque figurentdanslesprojets:deschaînesféminines(StyliaTVdeTF1, ChérieHDd’NRJ,ElleTVdeLagardère),dutéléachat(TF1tM6),du sport(RMCSport,L’EquipeHD),du patrimoine(NostalatélédeNRJet Lachaînedupatrimoine).Mais aussideschaînesdocumentaires (RMCdécouverteetD.Factode Fiducial),fiction(ID France1etHD1 deTF1)oumagazines(M6),pourles jeunes(MyNRJ)oulesétudiants (MCE). Etune généraliste(Nouvel Observateur-FleurusPresse),des chaînesartdevivre (Via),sciences (SciencesNews),religion (KTO), météo (LaChaînemétéodu Figaro),théâtre (L’EnormeTV), natureetanimaux (AmisTv), et même excellencefrançaise (Covagne), « programmespositifs » (H26)ouculturesurbaines(URB tv, deLucBesson)... Ilyaenfin Ofive TV,généraliste musicale et GuysenTV,chaîned’info internationale israélienneenfrançais! 240millions,selonHavasMedia.Elles misentdoncsurdesformatssusceptibles d’attirer un maximum de public, etdoncd’annonceurs. Absent de la TNT gratuite, le sport a de bonnes chances d’y faire son entrée : L’Equipe TV , notamment, a reçu le soutien du CNOSF. Pour NextRadioTV,leCSApourraithésiterentre étendre sur tout le territoire la chaîne parisienneBFMBusiness,quipèserait peu sur le marché publicitaire, et accorder une fréquence à RMC découverte, une chaîne de documentaires. Enfin, Chérie HD, la chaîne féminine de NRJ, semble mieux positionnée que Nosta la télé, ou My NRJ. Reste une sixième fréquence avec laquelle le CSA pourrait créer la surprise.Touslesregardssetournentvers la chaîne « diversité » de Pascal Houzelot, l’influent patron de Pink TV. La diversitéesteneffetunthèmetrèscher au CSA, qui surveille de près les engagementsdeschaînesenlamatière. FABIENNE SCHMITT AFP Steve Ballmer à la retraite... en 2017 ou 2018 cer face aux mastodontes. TF1 et M6 sont quasiment assurés d’avoir une fréquence : on leur avait promis une « chaîne bonus » avant de la leur retirer.Privéesdecedroitacquis,ellessont enpositiondeforcepourréclamerune indemnisation à l’Etat. Le CSA pourraitdonclesdédommagerenretenant pour chacune un de leurs dossiers. ResteCanal+ :enchoisissantdenepas postuler, l’opérateur se place pour obteniruneindemnisationfinancière. De là à imaginer qu’il puisse l’utiliser Selon le site Business Insider, le patron de Microsoft ne compte pas prendre sa retraite avant cinq ou six ans. Alors que les rumeurs se multipliaient dans la presse américaine sur son prochain départ, Steve Ballmer aurait réaffirmé à ses proches qu’il n’avait aucune intention de partir. 15,1 % La part de marché de Bing aux Etats-Unis en décembre 2011, selon ComScore. Pour la première fois outreAtlantique, le moteur de recherche de Microsoft devancerait celui de Yahoo!, qui utilise sa technologie depuis un an et génère 14,5 % des recherches. Les deux partenaires restent toutefois loin de Google et de ses 65,9 % de part de marché. COMMUNICATION Les investissements publicitaires sur Internet ont progressé de 11 % en 2011 et devraient encore croître de 8 % cette année, selon l’observatoire annuel de l’e-pub conduit par le SRI et Capgemini Consulting. La publicité sur Internet ne connaît pas la crise N on seulement les investissements publicitaires sur Internet continuent de croître en France, mais cette croissance s’est encore accélérée l’an dernier : ils ont atteint 2,561 milliards d’euros en 2011, en augmentation de 11 % par rapport à 2010, après avoir observé une progression de 6 % en 2009 (pourtant année noire pour la pub), et de 9 % en 2010. La hausse avait toutefois été de 23 % en 2008. « Tous les segments sont en hausse », a indiqué Jérôme Bourgeais, de Capgemini Consulting, en présentant hier les résultats de cette étude annuelle menée conjointement par le SRI (Syndicat des régies Internet)etCapgemini,enpartenariat avec l’Udecam (Union des entreprises de conseil et achat média). Le « search » (liens sponsorisés) et le « display » (bannières, vidéo, etc.), qui représentent encore l’essentiel du marché, ont tiré la croissance : le premier avec + 11 % (à 1,066 milliard d’euros) et le second avec + 15 % (à 616 millions d’euros). La pub sur mobile est celle qui croît le plus fortement (+ 37 %), mais elle reste très faible en valeur absolue (37 millions d’euros) (graphique ci-contre). Comme l’an dernier, la croissance a été soutenue par la publicité vidéo « in stream » (placée avant ou après une vidéo), dont les recettes ont été multipliées par deux, à 60 millions d’euros. Plus nouveau, l’essor des opérations spéciales montées par les annonceurs sur certains sites : elles ont représenté l’an dernier 55 millions d’euros. « Elles sont de plus en plus sophistiquées et intègrent de la création vidéo », a souligné Jérôme Bourgeais. Autre évolution, qui devrait se poursuivre cette année, l’essor des « places de marché automatisées », les « ad exchange », qui permettent aux éditeurs de vendre certains espaces publicitaires grâce à un système d’enchères en temps réel. « Ces plates-formes répondent à un vrai besoin : elles représentent en France seulement 3 % du “display”, mais 13,6 % aux Etats-Unis », a dit Jérôme Bourgeais. Pour cette année, les auteurs de l’étude prévoient une poursuite de la croissance, même s’ils anticipent un ralentissement à, + 8 %. « Nous avons beaucoup travaillé, discuté, recoupé nos informations : nous sommes très confiants dans cette prévision, tous les voyants sont au vert », a indiqué Sébastien Danet, président de l’Udecam, qui souligne aussi le retard du marché français. « La publicité sur Internet représente dans l’Hexagone de 18 à 19 % du marché publicitaire. On a longtemps pensé que la barre de 20 % était un plafond, on sait désormais que certains pays ont atteint 25 ou 30 % », a-t-il ajouté. Internet est en tout cas désormais totalement intégré dans les plans média des annonceurs. « Il y a une convergence des différents canaux, faute de quoi les créations n’ont pas un impact suffisant. Seuls les médias qui s’inscrivent dans cet écosystème tireront leur épingle du jeu », a-t-il prévenu. A. F.