Participer à des conférences internationales
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Participer à des conférences internationales
Table ronde n°3 – Participer aux grandes conférences internationales La table ronde était animée par Vincent Douris et réunissait Meoïn Hagège, doctorante en sociologie qui revenait sur son expérience à propos de The 1st International HIV Social Science and Humanities Conference et Ashley Ouvrier, anthropologue, qui se faisait la porte parole de Claire Beaudevin, anthropologue, animatrice du réseau Medical Anthropology Young Scholars. Les intérêts à participer à ces rencontres ainsi que les difficultés possibles ou vécues en amont et pendant ces rencontres ont été discutés par les intervenantes et par la salle. Quels sont les intérêts à participer à ce type de rencontres ? Les avantages et intérêts qui ont été discutés dépendent avant tout de l’expérience de chacun. Cependant de l’avis des discutantes ainsi que de plusieurs personnes de la salle, cela permet de : - Découvrir et apprendre le métier en mettant « le pied à l’étrier ». Exemples présentés : préparer une présentation power point de son propos, apprendre à ne pas lire lors de la présentation, élaborer un plan adapté à l’auditoire ; - S’exercer à la prise de parole en public ; - Apprendre à synthétiser sa pensée, à expliciter sa méthodologie, à discuter de ses travaux ; - Prendre conscience ou découvrir différents enjeux liés à son champ d’étude. Exemples présentés : les enjeux politiques qui traversent la recherche dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida, les enjeux économiques liés à la recherche en médecine tropicale ; - Prendre conscience des attentes de certains acteurs vis-à-vis des sciences sociales. Exemple présenté : une anthropologie de « service » dans les enquêtes biomédicales sur les questions liées au VIH/sida. - Faire du « réseau », rencontrer différentes personnes avec qui des intérêts communs peuvent apparaître. Exemples présentés : idée de rapprocher des groupes ou réseaux de jeunes chercheurs de pays différents, développer des contacts et échanges intéressants pouvant ouvrir sur un post-doc ; - Sortir de l’isolement que rencontrent beaucoup de doctorants et post doctorants et élargir ses horizons académiques en décloisonnant les écoles de pensée ; - Connaître les travaux en cours selon les champs de recherche qui nous intéressent et identifier plus facilement qui travaille sur quoi. Quelles limites ou critiques peut on faire à ce type de rencontres ? La principale limite ou frustration dont ont témoigné à la fois les discutantes et la salle concerne un manque ou une faiblesse de contenu scientifique dans les échanges, qui est dû la plupart du temps à : - un temps limité pour présenter (généralement 10/15 minutes) et ou discuter à l’issue des présentations ; - au nombre de participants dans les sessions, qui selon la taille de la conférence peut atteindre plusieurs centaines de personnes ce qui ne permet pas d’entrer facilement dans un approfondissement de thématiques ou problématiques ; - aux contenus et attentes même de ces rencontres qui ne sont d’ailleurs pas toujours à vocation scientifique. Toutefois, il a été souligné que cette frustration peut se révéler malgré tout productive intellectuellement. En contre partie de cette frustration, Claire Beaudevin a tenu à faire remarquer l’intérêt ethnographique que peut représenter ces rencontres. A quel moment peut-on proposer un abstract ? A tout moment de son travail, de sa réflexion. Il s’agit de répondre à un appel, saisir une opportunité. L’exemple présenté par Meoïn Hagège est d’avoir su profiter du temps d’attente de l’accord pour réaliser son terrain (ce qui peut parfois être très long) pour écrire des abstracts à partir des résultats de son Master. Comment peut-on financer sa participation (voyage, hébergement, nourriture) ? Des bourses ou une prise en charge peuvent être accordés par différents organismes ou par la conférence directement si c’est une présentation orale. Le laboratoire peut selon son budget prendre en charge tout ou partie des frais du jeune chercheur si l’abstract est retenu. Dans le champ du sida, Sidaction n’attribue pas directement des bourses, mais finance des dispositifs de prise en charge gérés directement par les conférences. Cela signifie que les demandes de bourses ne doivent pas être déposées à Sidaction, mais auprès des organisateurs de la conférence, le plus souvent sur le site Internet au moment de l’inscription. Par quel biais peut-on être informé de l’appel à abstracts ? Par le biais des réseaux notamment : le Réseau des Jeunes Chercheurs Santé et Société, le Réseau Jeunes Chercheurs Sciences Sociales et VIH/sida, le réseau MAYS, etc. Comment se fait la sélection des abstracts ? L’abstract est envoyé seulement aux organisateurs de la conférence qui sélectionnent et décident lorsque l’abstract est retenu si celui-ci fera l’objet d’une présentation orale ou d’un poster. Quelles sont les différences entre le poster et la communication orale ? Les posters sont annoncés sur le programme et présentés en parallèle de la conférence à des temps bien définis. Le chercheur se tient devant son poster pour répondre aux questions ou commentaires. Il est de format différent et demande aussi un travail de synthèse autre que la communication orale. Le poster vaut- il la peine ? Il a plusieurs avantages : - Permet des échanges plus importants car on a plus de temps d’approfondir sur cet espace que dans les sessions orales ; - Représente un intérêt pour la visibilité car cela permet d’être sur le CD avec les abstracts de la conférence ; - Peut être un bon moyen de mettre « le pied à l’étrier » dans ce type de rencontres. Doit-on envoyer notre communication en amont de la conférence et pourquoi ? Pour une présentation orale, il est parfois demandé que le papier tourne en amont pour le panel d’intervenants et l’animateur de la session concernée. Il est également possible pour certaines conférences qu’il soit demandé d’envoyer la communication bien avant la tenue de la conférence afin que celle-ci apparaisse sur le CD ROM, puisse être diffusée en ligne ou encore pour faciliter et préparer le travail de traduction. Doit-on maîtriser la langue anglaise pour participer à ces rencontres ? L’anglais des conférences s’adresse à des personnes venant de tous les pays du monde et avec des niveaux très différents donc on n’a pas besoin d’être trop exigeant avec soi même. Pour se rassurer et s’améliorer, on peut aussi renforcer son anglais par différents moyens comme par exemple en faisant des stages dans des laboratoires à l’étranger et ou en suivant des cours. La plupart des écoles doctorales en proposent en début d’année. De plus, selon le lieu de la conférence il peut aussi y avoir une ou plusieurs langues traduites en direct lors des sessions. Quels sont les outils d’aide à la communication dans les conférences pour les jeunes chercheurs ? - Le réseau Medical Anthropology Young Scholars (MAYS) : créé en 2009 par Claire Beaudevin et Suzann Huschke. Site internet : www.mays-easa.org. Ce réseau compte environ 260 personnes répartis dans 20 pays européens. Il organise des réunions et met en place des tutorats afin d’aider les jeunes chercheurs à communiquer en anglais, diminuer la pression et se familiariser avec le monde des colloques et conférences. • Pour résumer. Selon les expériences de chacun le bilan de la participation à des conférences est mitigé. Si le contenu scientifique de plusieurs de ces conférences peut frustrer les attentes des jeunes chercheurs, il y a cependant de véritables intérêts et de nombreux avantages à y participer. Ne serait-ce que pour se faire sa propre expérience et découvrir cette facette de la recherche où l’exercice de l’exposition de soi s’y apprend. De plus, parfois cela peut ouvrir de belles opportunités comme une proposition d’écrire un article ou encore poursuivre sur un post-doc avec une personne rencontrée à cette occasion. Et plus simplement cela permet de se donner de la visibilité et d’élargir sa réflexion, qui sont deux éléments vitaux de la recherche.