Le CHIAPAS en Données

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Le CHIAPAS en Données
Le
CHIAPAS
en
Données
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Le CHIAPAS
en Données
SITUATION GÉOGRAPHIQUE :
Le Chiapas, au sud-est du Mexique près de la frontière du Guatemala, est l'un des 31 états de la
République fédérale. C’est l’état le plus au sud du pays. Il se trouve à l’est de l’Oaxaca et du
Veracruz, et au sud, sud-est du Tabasco. Il touche le Guatemala à l’est et au nord-est. Le Chiapas
s’étend sur 75,634.4 km2 et représente 3.8% de la superficie du pays. Il compte environ 4 millions
d’habitants dont 60 % d’origine indienne, et 35 % d’indigène Mayas. Sont concernés plusieurs
centaines de villages indigènes (déclarés extrêmement pauvres par l’ONU) où vivent des milliers
d'indiens regroupés en plusieurs communautés, et situés dans les montagnes aux alentours de San
Cristobal de las Casas et le nord-est qui comprend les Hauts-Plateaux (Altos), la Forêt Lacandone
(Selva Landona) et la Frontière avec le Guatemala.
RÉGIONS ET MUNICIPALITÉS:
Historiquement et géographiquement, on peut différencier deux grandes régions au sein du
Chiapas : le sud-ouest qui comprend les zones Centre, Fraylesca, Isthme-Côte, Sierra et
Soconusco, et le nord-est qui comprend les Hauts-Plateaux (Altos), la zone Nord, la Forêt
Lacandone (Selva Landona) et la Frontière.
Le Chiapas est composé de 118 municipalités constitutionnelles. Il a pour capitale Tuxtla
Gutiérrez. Le Chiapas est l’état le plus pauvre du Mexique. Sur 118 municipalités, 109 sont classées
entre “forte marginalisation“ et “très forte marginalisation“. Sur 44 municipalités classées “très
forte marginalisation“, 33 sont essentiellement indigènes (c’est-à-dire qu’au moins 40% de
population est autochtone).
2
En décembre 1994, face à une impasse du processus de paix, l’Armée Zapatiste de Libération
Nationale (EZLN) a créé 38 municipalités autonomes, venant se superposer aux municipalités
constitutionnelles.
RE-MUNICIPALISATION
En 1998, le gouvernement du Chiapas a effectué une “re-municipalisation” afin de limiter
l’avancée des Municipalités Autonomes Rebelles Zapatistes (MAREZ). Huit nouvelles
municipalités ‘officielles’ ont été formées : Montecristo de Guerrero, Maravilla Tenejapa, San
Andrés Duraznal, Marqués de Comillas, Benemérito de las Américas, Santiago et Aldama. Loin de
permettre une décentralisation du pouvoir, la création de ces municipalités a entraîné davantage
de contrôle du gouvernement de l’état sur les autorités locales.
D’après un communiqué de l’EZLN daté de 2003, il existe 28 municipalités autonomes, qui
regroupent des communautés autochtones où se trouvent des bases de soutien zapatistes. Les
autorités autonomes des municipalités forment un Conseil Autonome. Les conseils de chacune des
cinq régions avec présence zapatiste (los Altos, la Selva Tseltal, la Selva Frontière, Tzots Choj et la
zone Nord) participent de manière rotative aux "Comités de Bon Gouvernement", forme de
gouvernement autonome à échelle régionale. Ceux-ci ont leur siège dans les 5 ‘Caracoles’
(littéralement : ‘escargots’): La Realidad, La Garrucha, Roberto Barrios, Oventic et Morelia.
Selon le gouvernement fédéral, la zone dite “de conflit” comprend les régions Altos, Selva y
Selva Fronteriza. Les organisations non-gouvernementales considèrent que la zone Nord se trouve
également dans la zone de conflit.
3
Zone dite de conflit
Population autochtone et niveaux de marginalisation
4
LES POPULATIONS AUTOCHTONES.
Selon le recensement de l’INEGI en l’an 2000, on compte 3,920,892 habitants au Chiapas,
c’est le 8ème état le plus peuplé du pays.
Comme dans d’autres états du sud-est mexicain, la population du Chiapas est pluriethnique et
pluri-culturelle. On a pu établir à travers des statistiques que 24% à 32% de la population (de
979,614 à 1,266,043 personnes) appartiennent à un peuple autochtone. Les pourcentages varient
en fonction des critères utilisés lors de l’enquête. Il y a des critères concrets (ceux qui parlent une
langue indigène, ceux qui portent les vêtements traditionnels) et des critères plus personnels (ceux
qui s’auto-identifient comme autochtones).
81.5% de la population autochtone se concentre dans trois régions : los Altos, le Nord et la
Selva. Les groupes autochtones prédominants sont :
1.
2.
3.
4.
5.
1. Tzotzil – 36% de la population autochtone totale
Tzeltal - 34.5%
Chol – 17.4%
Zoque – 5%
Tojolabal - 4.7%
Les groupes Mame, Chuj, Kanjobal, Jacalteco, Lacandón, Katchikel et Mocho (Motozintleco)
constituent les 2.3% restant de la population autochtone de l'état.
La population générale du Chiapas augmente en moyenne de 2.1% par an (cette forte hausse
n’est pas sans engendrer des problèmes, par manque de terres à travailler et où s’installer).
•
Le taux de fécondité est le deuxième plus élevé du pays : 3.47 enfants par femme.
•
La population autochtone est particulièrement jeune : 45.5% de la population
autochtone totale a moins de 15 ans.
Source : Ministère du Développement Social de l’Etat du Chiapas,
5
INÉGALITÉS SOCIALES :
1.REVENUS
Le modèle d’agriculture de subsistance prédomine, modèle qui ne permet pas de générer des
excédents agricoles suffisants pour obtenir des revenus économiques. Les réformes structurelles
néolibérales axées sur l’ouverture commerciale aux marchés étrangers et l’abandon des politiques
publiques de protection de l’agriculture ont appauvri les paysans.
•
Dix ans après la signature de l’Accord de Libre Echange en
Amérique du Nord (ALENA) en 1994, le salaire minimum
national a perdu 20% de son pouvoir d’achat.
•
Le salaire minimum actuel est d’environ 43 pesos par jour (soit 4
US$).
•
Les revenus - par personne - de la population indigène
représentent seulement 32% des revenus - par personne - de la
population non autochtone.
•
304,018 indigènes ont un emploi au Chiapas. 42% (122,345) ne
reçoivent aucun revenu. 42% (127,682) survivent avec moins d’un
salaire minimum mensuel. Seulement 9.9% de la population
autochtone du Chiapas gagne 1 à 2 salaire(s) minimum(s)
mensuel(s).
•
83% de la population autochtone travaille dans le secteur
primaire (pour 58.3% de la population générale du Chiapas).
5.5% de la population autochtone travaille dans le secteur
secondaire et 8.6% dans le tertiaire.
Sources : CIEPAC 2004, La Jornada 2005, ECOSUR 2003, CDI 2000, Banque Mondiale 2003
2.DROIT À UN LOGEMENT DIGNE
Le Chiapas est le premier état de la République mexicaine pour ses richesses en eau (30% de
l’eau en superficie du pays, concentrée en particulier à Montes Azules) et en énergie hydroélèctrique (le bassin de El Grijalva fournit à lui seul 54% de l’énergie du Mexique).
Paradoxalement, il existe encore beaucoup de communautés autochtones sans électricité ni eau
courante, résultat des profondes inégalités dans cet état.
Beaucoup de maisons de familles indigènes ne remplissent pas les conditions minimales d’un
logement digne :
6
•
36.2% sont sans eau courante ;
•
35.2% sont sans électricité ;
•
71% n’ont pas de sol en dur (sol de terre) ;
•
Dans 85.7% des maisons, la cuisine se fait encore
au bois ou au charbon.
Sources : CDI 2000, Maderas del Pueblo del Sureste 2005
3. EDUCATION
L’éducation a été traditionnellement l’instrument des politiques indigénistes qui prétendaient
“inculturer” et assimiler les autochtones à la culture nationale mexicaine, c’est-à-dire en leur
interdisant la pratique et le développement de leur propre culture. Par ailleurs, de nombreuses
communautés autochtones n’ont jamais eu accès à l’éducation publique. De ce fait, l’éducation
s’est convertie en l’une des principales demandes de la lutte zapatiste, et un axe principal de
l’autonomie. L’éducation zapatiste prétend récupérer et développer la cosmovision autochtone et
consolider son projet rebelle. Elle s’éloigne du modèle officiel tant dans le fond que dans la forme.
Accès des populations autochtones à l’éducation :
•
38.8% de la population autochtone de 15 ans ou
plus n’a jamais reçu une éducation formelle ;
•
Seulement 11% ont terminé l’école primaire ;
•
19.9% des enfants de 6 à 14 ans ne vont pas à
l’école ;
•
37.4% de la population du Chiapas ne parle pas
espagnol.
Sources : INEGI 2000, CDI 2000, Enlace Civil 2005
Analphabétisme :
Selon le recensement de 2000, le Chiapas a le taux d’analphabétisme le plus élevé du pays.
•
22.91% de la population générale du Chiapas de
plus de 15 ans ne sait ni lire ni écrire (en
comparaison, la moyenne nationale est de
12.6%);
•
L’analphabétisme touche davantage les femmes
(pour 100 hommes analphabètes, on compte 182
femmes qui ne savent pas écrire) ;
•
42% de la population autochtone de plus de 15
ans est analphabète.
7
4. SANTÉ
Du fait d’une série de politiques discriminatoires, la majorité des communautés autochtones
n’a pas eu accès au système de santé mexicain. Le manque de ressources et l’éloignement des
grands centres urbains ont conduit à l’aggravation et à la multiplication de maladies facilement
soignables. C’est pour cela que les zapatistes ont commencé à mettre en place leur propre système
de santé et ont créé des cliniques régionales autonomes où les patients sont reçus par des
promoteurs de santé autochtones.
Manque de services de santé :
•
Dans les municipalités où la population
autochtone représente plus de 70%, on compte
un médecin pour 25.000 habitants.
•
On reconnaît généralement qu’un million de
personnes au Chiapas n’a pas accès aux centres
de santé (des personnes indigènes pour la
plupart).
Sources : CIEPAC 2001 ; CDI 2000
Malnutrition :
Le Chiapas est le troisième état en matière de malnutrition au Mexique, après le Guerrero et le
Yucatán, selon une étude réalisée par l’Institut National de Nutrition “Salvador Zubirán” en 2003.
•
La malnutrition est la septième cause de maladie
au Chiapas et la dixième cause de mortalité. En
1994, c’était la septième cause de mortalité au
sein de la population indigène.
•
La malnutrition affecte 71.6% de la population
autochtone.
Sources : CIEPAC 2001 ; Ministère du Développement
Social de l’Etat du Chiapas, 2003 ; La Jornada 2003
Mortalité :
Les taux de mortalité au Chiapas sont les plus élevés du pays
•
8 maladies sur 10 sont dues à des infections,
touchant essentiellement les voies respiratoires
(59%) et intestinales (31%) du fait du manque
d’eau potable et de drainage.
8
•
Dans les municipalités autochtones, la
tuberculose est la 11ème cause de mortalité (en
comparaison, c’est la 16ème au Mexique).
•
Le Chiapas est le 4ème état du Mexique pour le
nombre de femmes infectées par le SIDA. Avec
l’accroissement constant de la migration, le
risque de contagion a également augmenté.
Sources : Ministère du Développement Social de l’Etat
du Chiapas, 2003 ; CIEPAC 2001
Mortalité Infantile :
•
Au Mexique : le taux de mortalité infantile est de
28 pour 1000 enfants.
•
Au Chiapas : 34.8
•
Le Chiapas est le premier état du pays en ce qui
concerne la mortalité infantile causée par la
diarrhée.
Sources : UNICEF, CIEPAC 1996
Mortalité Maternelle :
La mortalité maternelle affecte principalement les femmes pauvres, et trouve son origine dans
la déficience et la difficulté d’accès aux services de santé, la malnutrition, la violence au sein de la
famille, les grossesses prématurées, non désirées et les avortements mal pratiqués.
•
Dans les pays dits industrialisés, en moyenne 10
femmes sur 100.000 décèdent au cours de
l’accouchement.
•
Au Mexique, 51 femmes décèdent sur 100.000
naissances.
•
Au Chiapas, 117 femmes sur 100.000 (3ème état
à échelle nationale).
•
Les régions de l’état qui enregistrent le plus
grand nombre de cas de morts maternelles entre
1999 et 2002 sont la Selva et los Altos, zones
majoritairement autochtones.
Sources : Ministère du Développement Social de l’Etat du Chiapas, 2003 ;
CIEPAC 2001 ; Ministère de la Santé 2003 ; Communication et
Information sur la femme A.C. (CIMAC) 2003, 2004
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5. TERRE
Au Chiapas, la réforme agraire définie après la Révolution mexicaine n’a pas pu être mise en
place. La terre est restée aux mains de quelques grands propriétaires terriens. Pour cette raison,
elle est devenue l’un des principaux facteurs de conflits sociaux, conflits qui se sont aggravés avec
le temps. La recherche de terres à cultiver est à l’origine d’un processus complexe de migration
vers la Selva Lacandona à partir des années 1950. Il faut ajouter à cela le fait que dans les années
1970, le gouvernement a décidé d’octroyer plus de 600.000 hectares de la Selva à un petit nombre
de familles de l’ethnie lacandone, sans avoir couvert au préalable les besoins de la croissante
population autochtone et paysanne de la région. Ce facteur combiné à d’autres fait de la Selva l’une
des régions les plus conflictuelles.
En 1992, l’article 27 de la Constitution a été réformé afin de permettre l’achat et la vente des
terres communales (quand la terre appartient à l’ensemble des membres de la communauté) et
“ejidales” (chaque ‘ejidatario’ reçoit une parcelle de terre, et toute décision qui a trait à ces terres
doit être prise par l’assemblée des ‘ejidatarios’), transactions qui étaient auparavant interdites
pour protéger cette forme de propriété collective de la terre. Cette réforme a généré une forte
mobilisation sociale dans tout le pays. Sa dérogation est l’une des principales demandes du
soulèvement armé de 1994.
Afin de mettre en place la réforme de l’article 27, le gouvernement a créé les Programmes de
Certification “Ejidal” et Communal PROCEDE et PROCECOM afin de faciliter l’achat et la vente de
ces terres, programmes qui ont eu pour effet d’accélérer la destruction du tissu social
communautaire.
•
Le Chiapas est le second état du pays quant au
nombre d’ “ejidos“, avec un total de 1,887. 17% de
la terre au Chiapas est collective.
•
En 2003, 37% des “ejidos“ ne participaient pas
au PROCEDE.
Sources : Mémoire de la Rencontre Nationale contre
le PROCEDE et le PROCECOM 2003, MEMORIA 1998
6. RESSOURCES NATURELLES
Le Chiapas conserve une grande diversité en faune et en flore du fait de sa position
géographique. Une grande partie de la superficie est couverte de forêts. La Selva Lacandona est
particulièrement riche de part sa biodiversité. Au cours des dernières décennies, cette superficie a
souffert d’une forte dégradation suite à l’exploitation du bois, à l’élevage intensif et à la forte
densité de population. Il faut ajouter à cela une série de politiques gouvernementales
contradictoires – qui d’un côté essaient de promouvoir la protection de l’environnement, et d’un
autre continuent d’exploiter les multiples ressources naturelles rentables. Dans ce contexte,
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différents méga-projets se superposent : ceux qui se situent dans la lignée de la “protection de
l’environnement” comme le Couloir Biologique Méso-Américain ou le Projet de Développement
Social, Intégré et Soutenable de la Selva Lacandona (PRODESIS) ; et d’autres comme le Plan
Puebla-Panama, projet de modernisation et de ré-organisation territoriale qui permettrait un
meilleur accès aux ressources naturelles et faciliterait leur extraction.
Face aux projets qui défendent la conservation pour utiliser la biodiversité à des fins
commerciales, les communautés autochtones offrent des alternatives permettant une coexistence
avec la nature. Des organisations comme l’EZLN, l’Association Rurale d’Intérêt Collectif
Indépendante et Démocratique - Union des Unions (ARIC-ID-UU) mettent en place de nouvelles
techniques de culture, et décident de leurs propres projets de développement durable.
Eau/Hydroélectricité
•
30% de l’eau en surface pour tout le Mexique se
trouve concentrée au Chiapas. Il possède les deux
fleuves de plus fort débit du Mexique :
l’Usumacinta et le Grijalva.
•
La région hydro-élèctrique la plus importante du
pays se trouve dans la Réserve de la Biosphère de
Montes Azules.
•
Des 10 bassins hydrauliques du Chiapas, le plus
important est celui du fleuve Grijalva, qui génère
54% de l’énergie hydro-électrique du pays.
Régions Hydrologiques Prioritaires
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Pétrole
Le Chiapas est un important producteur de pétrole, et en plus il contient des réserves encore
inexploitées à l’heure actuelle.
•
En 2001, le Chiapas a produit 17.5 millions de
barils de pétrole brut, soit 21% de la production
nationale.
•
Il existe 118 puits de pétrole situés au nord de
l’état.
•
En 2002, l’entreprise Pemex (Petroleos
Mexicanos) a prévu d’investir 63.000 millions de
pesos pour les 5 années suivantes dans le sud-est
du Mexique (dont 32% pour la perforation de
puits et la production de pétrole).
•
Pemex ne reconnaît pas officiellement ses projets
d’exploitation de pétrole dans la Selva ;
cependant, il développe ses activités au Chiapas
dans les municipalités de Palenque, Ocosingo,
Benemérito de Las Américas et Marqués de
Comillas, qui se trouvent toutes dans la région
Selva. Pemex a également initié des projets dans
les
municipalités
de
Las
Margaritas,
Independencia, La Trinitaria et Maravilla
Tenejapa, dans la région Frontière.
•
En 2001, le Chiapas a produit 222,964 millions
de pieds cubiques, soit 47% de la production
nationale.
Gaz Naturel
12
Zones naturelles protégées et concentration de pétrole
Zones Naturelles Protégées
•
Le Chiapas est l’état du Mexique qui possède le
plus de zones naturelles protégées (37). 20% du
territoire de l’état est sous protection officielle.
•
La biodiversité du Chiapas se concentre dans les
zones naturelles protégées. La Réserve de la
Biosphère de Montes Azules est l’une des plus
importantes.
Sources : Gouvernement du Chiapas 2001 ;
CIEPAC 2002 ; COMPITCH 2005
Biodiversité
On reconnaît au Chiapas :
•
19 types de végétation
•
Près de 8.500 espèces de plantes
•
180 espèces de mammifères
•
666 espèces d’oiseaux
•
227 espèces de reptiles
•
92 espèces d’amphibies
•
Plus de 1.200 espèces de papillons
Source : SEMARNAT 2005
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Régions terrestres prioritaires
Eco-tourisme
L’éco-tourisme permet de profiter de la richesse naturelle des peuples tout en étant une activité
rentable. Selon les projets mis en place par le gouvernement, il s’agit d’une façon de générer des
revenus pour les peuples autochtones. Cependant l’éco-tourisme est remis en cause dans la
mesure où il assujettit les populations aux règles et aux formes du marché. L’éco-tourisme comme
forme de tourisme “alternatif” a un impact culturel, en amenant la réalité communautaire et
territoriale à s’adapter aux attentes des étrangers. Face au manque d’opportunités pour préserver
l’autosuffisance alimentaire, l’éco-tourisme fomente souvent la perte des pratiques culturelles liées
à la terre.
•
On trouve des hôtels dit ”d’ éco-tourisme” dans la
Selva Lacandona, par exemple à Boca Chajul, sur
le fleuve Tzendales et dans la Lagune Lacanjá (en
construction), soutenus par des entreprises
multinationales comme la Ford Motor Company.
Certains redoutent que ces hôtels se
convertissent en centres de tourisme scientifique
visant à piller le matériel génétique de la
biodiversité, passant outre le contrôle du
gouvernement.
•
Les communautés autochtones dénoncent les
projets d’éco-tourisme pour diverses raisons :
14
•
L’achat et la privatisation
propriétés collectives
•
Les
déplacements
forcés
de
communautés autochtones habitant
dans des zones stratégiques
•
L’exploitation des coutumes et des
traditions autochtones dans le but
de divertir les touristes
•
L’utilisation
des
ressources
naturelles comme produits du
marché
•
La destruction de l’environnement :
la coupe et le pillage des forêts, la
pollution de l’eau
•
L’arrivée des drogues et autres vices
dans les zones rurales jusqu’alors
préservées.
de
Source : La Jornada
2005, FZLN 2005
MIGRATION
La migration des habitants du Chiapas vers d’autres états du Mexique ou vers les Etats Unis est
un phénomène relativement récent. A partir des années 1930, la Selva Lacandona servait de
“soupape” à la tension sociale générée par le manque de terres. Les politiques néolibérales
impulsées à partir de l’année 1982 par le gouvernement de Miguel de la Madrid ont effacé les
politiques de protection du secteur agricole. De plus, en 1994, l’Accord de Libre Echange en
Amérique du Nord (ALENA) est mis en place, et avec lui une grande partie des produits agricoles
se sont retrouvés sans issue commerciale. Cette crise a obligé des milliers de chiapanèques à
abandonner leur communauté et leurs terres pour tenter de s’en sortir économiquement d’une
autre façon.
Migration vers les Etats Unis :
•
Chaque année, de 30.000 à
50.000 habitants du Chiapas
émigrent aux Etats Unis (sur une
population totale de près de 4
millions).
•
On calcule que dans moins de 10
ans, 300.000 chiapanèques se
seront installés aux Etats Unis.
•
65% d’entre
paysans
et
eux sont
indigènes
des
qui
15
proviennent
de
Pantepec
(Zoques),
de
Los
Altos
(Tzotziles), de la zone Nord
(Choles), de la Selva (Tzeltales)
et de la Sierra Madre (Mames).
•
Selon les études du Collège de la
Frontière Sud, les nouveaux
migrants
du
Chiapas
s’établissent
principalement
dans des régions des Etats Unis
sans tradition réceptrice, au
centre et à l’ouest, comme
l’Oklahoma, le Colorado et
Washington.
L’ÉCONOMIE ISSUE DE LA MIGRATION :
•
En 2004, les Chiapanèques vivant aux Etats Unis
ont envoyé 500 millions de dollars à leur famille
au Mexique, somme égale à la totalité de la
récolte de maïs, principale source de revenu de
l’état, en plus de la production de haricots, de
bananes et de mangues.
•
Un émigré paye 1.500 à 2.500 dollars au
“pollero” (le passeur) pour pouvoir être conduit
de manière sûre aux Etats Unis (pour 20 à 30
dollars en 1995).
Sources : “Migrants méso-américains (I/II),” Miguel Pickard,
2005 (ESTESUR) ; CIEPAC 2004 ; Réseau Latino-américain
sur les Populations Mobiles et SIDA 2004
MILITARISATION
Depuis plusieurs décennies, l’armée est présente au Chiapas, tel un élément visible du
gouvernement fédéral en périphérie. A partir du soulèvement zapatiste en 1994, la militarisation
s’est accrue sous couvert de l’application du Plan de Défense Nationale qui autorise l’action des
forces armées face à un “ennemi interne qui porte atteinte à la sécurité et la souveraineté
nationales”. En février 1995, l’armée fédérale est entrée dans la Selva Lacandona pour tenter
d’arrêter le haut-commandement zapatiste... et elle y est restée.
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Au cours des dix dernières années, on a dénoncé des mouvements militaires constants dans les
communautés autochtones, visant à harceler la population civile, jusqu’à provoquer des
déplacements forcés ou démanteler avec violence des municipalités autonomes (El Bosque et
Ricardo Flores Magón en 1998). Dans d’autres régions comme Chenalhó ou la zone Nord, on
accuse l’armée d’avoir impulsé la création de groupes paramilitaires comme instruments de la
stratégie de contre-insurrection, dans le but de mettre fin à la résistance zapatiste. On a profité des
différences politiques et entre les organisations existantes dans les communautés pour armer
directement certains indigènes et susciter des affrontements.
Numéro de Bases militaires et emplacement :
•
La VII Région Militaire comprend le Chiapas et le
Tabasco et inclut 5 zones militaires : 30, 31, 36,
38 et 39.
•
Les Zones 38, 39 et une partie de la 31 couvrent
30 municipalités de la “zone de conflit” au
Chiapas dans les “territoires autochtones” de Los
Altos, la Zone Nord et la Selva Lacandona. Les
Zones 38 et 39 ont été créées après le
soulèvement zapatiste de 1994.
•
Dans ces trois zones militaires, le Centre
d’Analyse Politique et d’Investigation Sociale et
Économique (CAPISE) a identifié 91 installations
militaires au cours d’une étude réalisée en février
2004. Le Ministère de la Défense Nationale
(SEDENA) a rectifié lui-même ces données en
2005, annonçant 118 installations militaires.
•
Selon la SEDENA, 4.443 hectares ont été acquis
par expropriation pour l’usage de cette
institution. Selon le CAPISE, au moins 57
installations militaires se trouvent sur des ‘ejidos’
(terres communales).
17
Violations des Droits Humains
L’armée nationale a été dénoncée pour violations des Droits Humains contre des personnes
civiles appartenant à des communautés autochtones sous l’influence de l’EZLN et d’autres
organisations, telles que :
•
Harcèlement
•
Menaces
•
Occupation illégale de terres
•
Exécutions
•
Torture
•
Déplacement forcé
•
Introduction de la prostitution, de l’alcoolisme et
de la consommation de drogues contribuant à la
fragmentation et à la rupture du tissu social,
violant le droit des communautés à développer
leur propre culture dans des conditions d’égalité.
Arguments Officiels
L’armée justifie sa présence au Chiapas par des arguments sans relation avec la présence de
l’EZLN :
•
Migration illégale
•
Trafic de stupéfiants
•
Trafic d’armes et de bois précieux
•
Attention sociale face à la pauvreté et aux
désastres naturels
•
Crime organisé
•
Conflits et instabilité entre les communautés
autochtones
Sources: CAPISE 2004, 2005
18
Présence indigène et positions militaires
DÉPLACEMENTS FORCÉS DE POPULATIONS
Dans l’état du Chiapas, le déplacement forcé existe depuis plusieurs décennies, pour différentes
raisons telles que l’intolérance religieuse ou les conflits agraires. La guerre d’usure mise en place
après le soulèvement armé a généré des milliers de déplacés internes. Actuellement, il existe
environ 12.080 déplacés au Chiapas, qui proviennent en majorité de la région Selva-Nord (Tila,
Tumbalá et Sabanilla) et de Los Altos (Chenalhó). On peut différencier quatre grands groupes :
•
Les déplacés zapatistes de Polhó (Los Altos) qui
refusent de retourner dans leurs communautés
d’origine tant que les Accords de San Andrés ne
seront pas mis en pratique ;
•
Les personnes “retournées” de l’organisation Las
Abejas de la même région – ces deux groupes ont
été forcés au déplacement du fait de la violence
régnant dans la municipalité de Chenalhó,
culminant avec le massacre d’Acteal en 1997 ;
•
Les déplacés de la zone Nord du fait de la
violence du groupe paramilitaire ‘Paix et Justice’,
qui ont décidé de négocier leur retour avec le
gouvernement de l’état au sein de la table de
négociation dite ”de Jolnixtié” ;
•
Un groupe de déplacés de différentes régions du
Chiapas accompagnés par le Centre des Droits
Humains Fray Bartolomé de Las Casas.
Sources : Centre des Droits Humains Fray Bartolomé
de Las Casas, “Caminando Hacia el Amanecer,” 2002
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PRÉSENCE DE MULTINATIONALES AU CHIAPAS
L’Accord de Libre Echange en Amérique du Nord et les autres accords commerciaux signés par
le Mexique ont favorisé les grandes entreprises multinationales, qui ont un pouvoir économique
supérieur aux Etats-Nations. Les multinationales considèrent le Mexique (ainsi que le reste de
l’Amérique Latine) comme une source riche et aisée de multiplication du capital, essentiellement à
travers l’exploitation et la commercialisation des ressources naturelles comme l’eau y la
biodiversité. Pour ces raisons, leur principal intérêt se concentre sur le sud-est du Mexique.
On peut observer trois grands types d’intérêt en ce qui concerne l’exploitation des ressources
naturelles du Chiapas :
•
La biodiversité : les entreprises pharmaceutiques
et biogénétiques considèrent la bioprospection
comme une manière d’obtenir des brevêts sur le
matériel génétique afin de produire et distribuer
des organismes génétiquement modifiés.
•
L’eau, pour les multinationales de mise en
bouteille et d’hydro-électricité.
•
La mise en place de ‘services pour
l’environnement‘ (payer les habitants des zones
naturelles
pour
qu’ils
protègent
leur
environnement, et ainsi maintenir la chaîne de
capture du carbone). Cette proposition est
impulsée par les gouvernements des pays
‘développés’ face à la non-exécution des accords
de réduction des gaz toxiques établis par le
Protocole de Kyoto.
Monsanto: Ce géant américain dans le secteur des Organismes Génétiquements Modifiés
(OGM) a acheté l’entreprise mexicaine Seminis en janvier 2005 pour poursuivre ses recherches
sur la création d’organismes génétiquement modifiés. Son centre de production se trouve dans
l’un des meilleurs emplacements de Montes Azules : la route d’accès à Montebello, au sud de la
réserve.
•
Monsanto a reçu près de 40% des permis de
production d’OGM. La plus grande partie de
ceux-ci portent sur la culture du maïs, suivi du
coton, des tomates et du soja principalement.
•
Cette entreprise est responsable de 94% des
terres
cultivées
avec
des
semences
génétiquement modifiées dans le monde entier.
20
•
La dissémination d’OGMs sans contrôle a été
détectée à plusieurs reprises au Chiapas, en
particulier dans les municipalités de Las
Margaritas, Ocosingo, Palenque et Playas de
Catazajá, dans la Selva Lacandona et ses
alentours.
Coca-Cola: Le Mexique est le premier pays consommateur de Coca-Cola dans le monde, et
le Chiapas est l’un des états de plus forte consommation nationale.
L’entreprise Coca Cola est accusée au Chiapas de :
La
•
Achat pour une utilisation privée de sources
d’eau qui étaient auparavant propriété collective,
quittant ainsi la terre et l’accès à l’eau aux
populations autochtones (la production de
bouteilles nécessite l’équivalent en eau de la
consommation de 223 familles).
•
Pollution de l’eau et vente d’eau polluée
•
Violations des droits humains : intimidation des
syndicalistes, assassinats, tortures
•
Promotion des divisions et des tensions dans les
communautés autochtones au point de générer
des déplacements forcés
•
Augmentation de la pauvreté : dans les
communautés autochtones, une personne
dépense jusqu’à 17.5% de son salaire minimum
journalier en produits Coca-Cola
•
Augmentation de la malnutrition dans les
communautés autochtones où il n’y a pas d’autre
boisson qui soit meilleure pour la santé.
Ford Motor Company
participe au mécanisme de “capture du carbone” qui
permet aux entreprises d’“adopter une forêt” qui est soi-disant capable d’absorber le carbone
qu’elles émettent et de le transformer en oxygène, au lieu de diminuer la quantité émise (comme
l’établit le Protocole de Kyoto, en dépit du fait que celui-ci ait échoué).
•
La Ford “adopte” la Selva Lacandona en 1998, et
depuis cette date, elle a payé environ 10 millions
de dollars au gouvernement fédéral mexicain.
•
En 2000, dans le cadre de la célébration de son
75ème anniversaire au Mexique, la Ford a remis
21
un chèque symbolique de 2.5 millions de dollars
au gouvernement du Chiapas pour la
construction et l’équipement de 5 stations dans la
Selva Lacandona qui mettent en place des projets
d’éducation écologique, la surveillance de la
forêt, le développement durable et l’éco-tourisme
des communautés autochtones ainsi que le
soutien aux travaux de recherche.
Bayer: On calcule que l’industrie pharmaceutique dont Bayer fait partie génère des bénéfices
de plus de 32.000 millions de dollars annuels grâce à l’utilisation de remèdes traditionnels
incorporés dans des médicaments sous ordonnance. On estime que la valeur économique totale
annuelle des drogues dérivées de plantes est de plus de 68.000 millions de dollars annuels aux
Etats Unis seulement.
FUENTES: CIEPAC 2001, 2003, 2004, La Jornada 2005
, Maderas del Pueblo del Sureste 2005,
Ford Motor Company 2000
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