FaucheretDesfossésse retrouventderrièrelesbarreaux

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LE JOURNAL DE QUÉBEC | VENDREDI 27 MARS 2009
L’HOMME DERRIÈRE 28 MEURTRES
Une machine à tuer
Les aveux du tueur à la
solde des Rock Machine
(Bandidos), Gérald Gallant,
ont finalement porté fruit
et la Sûreté du Québec a
procédé, hier matin, à l’arrestation de 10 présumés
commanditaires et artisans
d’une trentaine de meurtres que Gallant aurait
admis avoir commis pendant la guerre des
motards.
SYLVAIN
TRÉPANIER
[email protected]
La vaste opération, baptisée Baladeur, s’est mise en
branle à l’aurore, hier, et visait l’ar restation de 11
proches des Rock Machine
qui seraient impliqués dans
28 meurtres et 13 tentatives de
meurtre perpétrés entre 1996
et 2003.
Trois perquisitions ont
également eu lieu, dont l’une
dans une entreprise de recyclage de métal du boulevard
Louis XIV, dans le secteur
Beauport.
«Les survivants des tentatives de meur tre et les
proches des personnes assassinées ont toutes été prévenues de l’opération d’aujourd’hui», a indiqué le lieutenant François Doré de la
Sûreté du Québec.
En Suisse
Gallant, 58 ans, a été arrêté
en Suisse le 6 mai 2006 (jour
de son 56e anniversaire), pour
des fraudes par cartes de crédit. La Sûreté du Québec s’intéressait déjà à lui depuis juillet 2004 dans le meurtre de
Yvon Daigneault, survenu en
2001 au bar La Cachette, à
Saint-Adèle,
dans
les
Laurentides.
Coincé, Gallant a été rapatrié au Canada et s’est mis à
table, confessant les 28 meurtres qu’il a commis pour le
compte d’organisations criminelles entre 1978 et 2003.
C'est à partir de là qu'il a
accepté de retourner sa veste
et de collaborer avec les policiers québécois.
Il a été rapatrié au Canada
en août de la même année et a
été accusé quelques jours
plus tard du meur tre
Daigneault. Il a été condamné
à la prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans
en février 2008 après avoir
plaidé coupable à ce meurtre.
C’est d’ailleurs à par tir
d’une preuve d’ADN que la
police est parvenue à coincer
Gallant pour ce meurtre et le
tueur à gages, se sentant menacé de toutes parts, a décidé
de se mettre à table et de collaborer avec les forces policières.
Talent de tueur
Bien qu’il ait avoué des
meurtres commis pour des
organisations criminelles
avant la guerre des motards,
Gallant a mis ses «talents» de
tueur au service des Rock
Machine et de la Gang de
l’Ouest dans les années 1990
et 2000.
Doté d’un remarquable
sang froid et travaillant de
façon très méticuleuse,
Gallant a à son compte des
meur tres spectaculaires
commis en plein jour dans
des endroits publics (centre
commercial, restaurants,
etc). Il n’y a qu’à penser aux
assassinats de Bruno Van
Lerberghe, Alain Leclerc,
Paul Cotroni ou Denis
Lavallée.
La machine à tuer s’est toutefois détraquée à quelques
re prises puisque Gérald
Gallant compte à son sombre
palmarès quelques victimes
innocentes comme Luc
Bergeron, détective privé, assassiné par erreur devant sa
résidence de Sainte-Foy en
janvier 1999.
Selon les informations divulguées par la SQ hier, la
concordance entre les meurtres commis par Gallant et
ceux pour lesquels 10 personnes ont été arrêtées hier
n’est toutefois pas parfaite, ce
qui porte à croire que certaines des personnes visées
par la rafle ont pu commettre
eux même les crimes qu’ont
leur reproches.
Des 28 meurtres attribués à
Gérald Gallant, au moins la
moitié ont été perpétrés dans
la région de Québec.
En fin d’après-midi, hier,
Jacqueline Benoit, amie de
Gallant, n’avait toujours pas
été arrêtée et se trouvait à
l’extérieur du pays. Elle fait
face à deux chefs d’accusation
de meurtre, à un chef d’accusation de tentative de meurtre et à un chef de complot
pour meurtre.
La guer re entre Hells et
Rock Machine (devenus
Bandidos en 2000), qui s'est
étirée entre 1994 et 2001, a
donné lieu à 165 meur tres
(dont une trentaine dans la
région de la capitale) et à 181
tentatives de meur tre au
Québec. La grande majorité
de ces crimes n'ont pas été résolus.
Texte rédigé avec la collaboration de
Éric Thibault
PHOTO JEAN-CLAUDE TREMBLAY
√ L’une des perquisitions s’est déroulée dans une entreprise de recyclage de métal du boulevard Louis-XIV,
dans le secteur Beauport.
Faucher et Desfossés se
retrouvent derrière les barreaux
(ST) | Frédéric «Fred» Faucher, 39 ans, leader des
Rock Machine et qui serait le principal commanditaire des meurtres commis par Gérald Gallant a été
arrêté dans le secteur de Saint-Jérôme, lui qui a été
condamné à 11 ans et demi de détention en mai 2001
après avoir plaidé coupable à une série d’accusations
pour trafic de stupéfiants.
Piégé par un agent source de la SQ dans le cadre de
l’opération Maroc, Faucher avait raconté à cet agent
avoir été l’artisan de quelques tentatives de meurtre,
notamment contre Alain Bouchard sous la voiture
duquel il avait placé des explosifs en 1996 et 1997, en
plein quartier résidentiel.
C’est également lui qui a orchestré et mis à exécution l’attentat à la Jeep bourrée d’explosif lancée
contre le repaire des Hells à Saint-Nicolas, le 8 mars
1997 et qui avait endommagé plusieurs résidences de
ce quartier.
Le 10 juillet 1998, il a vidé le chargeur de son arme
dans la voiture d’un trafiquant de drogue de l’Ile
d’Orléans, Jean-Pierre Plante, alors qu’ils se trouvaient sur le pont Pierre-Laporte. Plante avait refusé
de porter plainte.
Semi-liberté
En septembre dernier, alors qu’il s’adressait à la
Commission nationale des libérations conditionnelles, Faucher avait indiqué vouloir redevenir honnête, ce qui avait incité la commission à lui accorder
une semi-liberté.
Quand à l’autre g rosse prise de l’opération
Baladeur, Raymond Desfossés, les forces policières auront mis vingt ans à pouvoir le pincer pour un crime
majeur, en août 2004, alors qu’il était arrêté dans sa résidence de Trois-Rivières Ouest et accusé d’être à la
tête d’un important réseau de trafiquants associés à la
Gang de l’Ouest, à Montréal.
Il a écopé 5 ans fermes en compagnie de trois co-accusés, en mars 2005.
Desfossés avait aussi été identifié comme l’un des
complices de l’aviateur Roger Forgues, arrêté en 1998
et condamné en 2000 pour importation de cocaïne.
Il a été arrêté alors qu’il était encore détenu au pénitencier.