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Les refugies et demandeurs d’asile dans la presse europeenne Caroline Gluck/Oxfam Rapport établi sur la base de textes publiés entre le 1er et le 31 janvier 2016 par les quotidiens Helsingin Sanomat et Aamulehti (FI), The Guardian et The Times (UK), Le Soir et De Morgen (BE) The Finnish Institute in London L’Institut culturel finlandais pour le Benelux Ouvert à Londres en 1991, The Finnish Institute in London est une fondation indépendante à but non lucratif. L’institut met en œuvre des programmes sociaux, artistiques et culturels et développe dans leur cadre de nombreuses collaborations entre artistes ou scientifiques qui franchissent les limites entre leurs disciplines. En cette année 2016 le programme Société met l’accent sur l’égalité, l’éducation, la démocratie et la transparence du savoir. The Finnish Institute in London a pour but de favoriser les coopérations internationales en Grande-Bretagne et en Irlande. A cette fin il se pose en découvreur des idées et acteurs promouvant un développement social positif. L’institut est membre du réseau des instituts culturels et scientifiques finlandais. L’Institut culturel finlandais pour le Benelux construit des passerelles entre acteurs des milieux culturels, artistiques et scientifiques. Cette fondation indépendante à but non lucratif créée en 1993 a pour champ d’action la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Finlande. Ses bureaux sont basés à Bruxelles. Intégré à l’ensemble des structures finlandaises d’échange et d’export culturels, l’Institut pour le Benelux aide à établir des contacts, entretenir des coopérations fructueuses et ménager de nouvelles ouvertures entre acteurs culturels finlandais et des pays du Benelux. Par ses publications The Finnish Institute in London entend approfondir les connaissances et apporter une meilleure compréhension des enjeux de société actuels. Ce rapport consacré au traitement médiatique des réfugiés et demandeurs d’asile dans la presse écrite européenne est partie intégrante de son programme social pour l’année 2016. Une vive controverse portant sur les relations entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne ainsi que sur la question de la liberté de circulation en Europe s’est engagée récemment. Ce rapport, établi à l’initiative du Finnish Institute in London, ouvre la discussion sur le rôle de la presse dans le traitement de la crise humanitaire qui fait débat en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe. A la suite des attentats survenus à Paris à l’automne 2015 et à Bruxelles au printemps 2016, la capitale belge a été le théâtre d’un vif débat sur le terrorisme ainsi que sur la question des réfugiés et demandeurs d’asile. En cette année 2016, l’action de l’Institut pour le Benelux se focalise sur les points douloureux en matière culturelle et sociale. L’Institut met en outre l’accent sur la rencontre entre l’art et les technologies interactives ainsi que sur le programme TelepART de soutien aux artistes du spectacle vivant dont il promeut l’accès aux scènes internationales. Groupe de travail auteur du rapport Johanna Sumuvuori, Maître en sciences sociales, Chef du programme Société, The Finnish Institute in London Annukka Vähäsöyrinki, Maître en Arts, Chargée de projets, Institut culturel finlandais pour le Benelux Tiina Eerolainen, Administration Manager, Institut culturel finlandais pour le Benelux Jenni Lindvall, Licenciée en Lettres, Institut culturel finlandais pour le Benelux Ruth Pasternak, Licenciée en Lettres, Institut culturel finlandais pour le Benelux Mirja Syrjälä, Maître en Arts, The Finnish Institute in London Aurelia Talvela, Licenciée en Lettres, Institut culturel finlandais pour le Benelux Claire Saint-Germain, traductrice L’Institut culturel finlandais pour le Benelux, sous la direction d’Aleksi Malmberg, et The Finnish Institute in London, sous la direction de Pauliina Ståhlberg, sont deux des dix-sept instituts culturels et scientifiques finlandais. Ils sont principalement financés par le ministère finlandais de l’Enseignement et de la Culture. Table des matieres 1. LA PRESSE INTERPRETE LA CRISE 2 1.1. Approche methodologique 3 2. PRESENTATION ET SYNTHESE DES SOURCES FINLANDAISES 4 2.1. Helsingin Sanomat 5 2.2. Aamulehti 5 3. PRESENTATION ET SYNTHESE DES SOURCES BRITANNIQUES 6 3.1. The Guardian et The Observer 7 3.2. The Times et The Sunday Times 7 4. PRESENTATION ET SYNTHESE DES SOURCES BELGES 8 4.1. le soir 9 4.2. de morgen 9 5. CONCLUSIONS 10 5.1. Themes les plus traites par pays en janvier 2016 5.2. Approche comparative des terminologies, tonalites et paroles exprimees 10 11 5.3. RESUME 11 1. LA PRESSE INTERPRETE LA CRISE Ce rapport examine la manière dont les journaux sélectionnés dans trois pays européens traitent la crise humanitaire actuelle, qui voit des millions de personnes contraintes à devenir des réfugiés, des demandeurs d’asile ou des migrants. Le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile a augmenté de manière significative ces cinq dernières années. A la mi-2015 le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) évaluait à 15,1 millions les personnes qui ont fui leur pays, chiffre le plus important depuis vingt ans. Cette augmentation dramatique s’explique principalement par la guerre qui se déroule en Syrie.1 d’Afghanistan, d’Irak et d’autres zones de conflit3. Les statistiques de l’UNHCR établissent que, pour l’année 2014, au moins 1,66 millions de personnes ont demandé l’asile en dehors de leur pays. A la mi-2015 près d’un million de demandes d’asiles avaient été déposées dans 155 pays ou régions. A l’échelle mondiale, c’est en Allemagne qu’a été déposé le plus grand nombre de demandes au cours de la première moitié de l’année dernière2. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) plus d’un million de personnes ont rejoint l’Europe en 2015 pour trouver asile. Parmi elles, plus de 3 700 ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée. Lors des seuls deux premiers mois de l’année 2016 ce sont 120 000 personnes qui sont arrivées en Europe. Début 2016 leur nombre était dix fois plus important que l’année précédente à la même époque. La plupart de ces personnes arrivent de Syrie. Une autre partie vient Ce rapport a été établi en collaboration par The Finnish Institute in London et l’Institut culturel finlandais pour le Benelux au printemps 2016. Sa teneur entend ouvrir à la discussion : comment les journaux modèlent-ils l’image de « la crise des réfugiés » ? De quelle crise parle-t-on – celle que connaissent les réfugiés et demandeurs d’asile ou celle de l’Europe ? Autant de questions auxquelles ce rapport propose des pistes de réponse. Pour ce qui concerne les réfugiés et les demandeurs d’asile, il s’agit de la plus importante crise humanitaire de notre époque. Or en Europe cette crise est aussi comprise comme proprement européenne. Ce fait ressort clairement des sources étudiées dans ce rapport. Les médias ont le pouvoir d’interpréter la réalité sociale et de sélectionner des angles d’analyse. Tel est aussi le principe qui a inspiré ce rapport. Les médias jouent un rôle significatif en balisant le débat et en mettant les différents points de vue en relief. 3 IOM (OIM), Briefing to the Humanitarian Liaison Working Group on the Mediterrannean/Migration Situation, 29.2.2016, http:// www.iom. int/speeches-and-talks/briefing-humanitarian-liaisonworkinggroup-hlwg-mediterranean-migration, consulté le 12.4.2016. 1 UNHCR, Mid Year Trends 2015, 4, http://www.unhcr. org/56701b969.html, consulté le 11.4.2016. 2 Id. 10. 2 1.1. Approche methodologique Ce rapport étudie la manière dont la presse de trois pays européens a traité la situation des réfugiés et demandeurs d’asile sur la période du 1er au 31 janvier 2016. Six quotidiens ont été passés au crible de l’analyse, auxquels s’ajoutent deux journaux du dimanche britanniques. Le corpus étudié se fonde pour la Finlande sur Helsingin Sanomat et Aamulehti ; pour la Grande-Bretagne sur The Times & The Sunday Times ainsi que The Guardian & The Observer ; pour la Belgique sur deux quotidiens, l’un francophone, Le Soir, et l’autre néerlandophone, De Morgen. L’analyse a été circonscrite à ces six organes de presse de qualité notoire. Ce rapport ne prend pas en charge les contenus audiovisuels ni la communication de ces différentes publications sur les réseaux sociaux. dans chacun des journaux pour les étudier de plus près. A travers cette sélection on s’attache à la terminologie propre des textes et à leurs sources, c’est-à-dire tant à ceux qui y prennent la parole qu’à la tonalité apportée dans le traitement des différents thèmes. Ces catégories sont donc en partie transversales et en partie le reflet de la diversité des accents mis d’un pays à l’autre. Voici le détail par publication : Helsingin Sanomat : la législation européenne et les accords de Schengen, la frontière finno-russe, le harcèlement sexuel Aamulehti : la frontière finno-russe, le harcèlement sexuel, les patrouilles de rue Les textes ont été sélectionnés sur le critère de l’usage des termes « réfugié », « demandeur d’asile » ou « crise des réfugiés ». D’autres expressions référant clairement à la situation actuelle des réfugiés et demandeurs d’asile en Europe (par exemple « migrants ») ont été prises en compte. En revanche les suppléments et le courrier des lecteurs n’ont pas été versés au corpus étudié. The Guardian & The Observer : l’entrée en crise de l’UE et de l’Europe, le harcèlement sexuel, le périple des demandeurs d’asile The Times & The Sunday Times : l’entrée en crise de l’UE et de l’Europe, le harcèlement sexuel, le périple des demandeurs d’asile L’analyse a permis d’extraire des données quantitatives et qualitatives. Pour tous les textes concernant les réfugiés et demandeurs d’asile on a dénombré, dans chacune des publications, quels étaient les sujets abordés le plus fréquemment, identifié leur terminologie et considéré les personnes citées comme sources et interviewés, en fonction des différents types de texte. L’analyse qualitative a permis de classer les textes en catégories thématiques ressortant du corpus étudié. Parmi elles, on a retenu les trois thèmes les plus traités Le Soir : les effets de la situation des réfugiés et demandeurs d’asile en UE, le harcèlement sexuel, l’accueil des demandeurs d’asile De Morgen : le harcèlement sexuel, les effets de la situation des réfugiés et demandeurs d’asile en UE, les accords de Schengen et le contrôle des frontières 3 2. PRESENTATION ET SYNTHESE DES SOURCES FINLANDAISES Environ deux cents journaux sont publiés en Finlande, ce qui représente un chiffre important au vu de la population du pays. La Finlande se place ainsi en troisième position des statistiques mondiales lorsque le volume total des tirages est rapporté à la population nationale1. La presse finlandaise se caractérise essentiellement par son ancrage local : le cas le plus représentatif est celui d’un titre de presse local unique occupant le champ médiatique de toute une région2. Helsingin Sanomat, fondé en 18893, est le journal par abonnement qui a la plus large diffusion. Il est la propriété de la société Sanoma Media Finland4. En 2015 son tirage était de 324 451 exemplaires5 6. Aamulehti se classe troisième en termes de diffusion. Il est publié dans la région administrative de Pirkanmaa7. Aamulehti fait partie de la firme Lännen Media8, détenue par Alma Media9. En 2015 son tirage se montait à 103 180 exemplaires10. 1 Finnish Newspaper Association, http://www.sanomalehdet.fi/sanomalehdet, consulté en finnois le 5.4.2016. 2 Commission européenne, Background information report. Media policies and regulatory practices in a selected set of European Countries, the EU and the Council of Europe, 2010, 165. 3 Helsingin Sanomat a paru sous le titre Päivälehti jusqu’en 1904. 4 Sanoma Media Finland, https://www.sanoma.com/fi/media/finland/meista, consulté le 17.3.2016. 5 Le chiffre total de la diffusion est établi par l’addition sur une année du nombre d’abonnés à la version papier seule, du nombre d’abonnés à la version papier et numérique ainsi que du nombre d’abonnés à la version numérique seule. 6 Media Audit Finland, http://mediaauditfinland.fi/wp-content/uploads/2016/03/LTtilasto2015.pdf, consulté le 16.3.2016. 7 Statistics Finland, http://www.stat.fi/tup/suoluk/suoluk_kulttuuri.html#sanomalehdet, consulté le 5.4.2016. 8 Lännen Media, http://www.lannenmedia.fi/?page_id=2, consulté le 5.4.2016. 9 Alma Media, http://www.almamedia.fi/tietoa-meist%C3%A4/alma-lyhyesti, consulté le 5.4.2016. 10 Media Audit Finland, http://mediaauditfinland.fi/levikit/levikkihaku/, consulté le 14.4.2016. 4 2.1. Helsingin Sanomat 2.2. Aamulehti Au cours de la période couverte par ce rapport Helsingin Sanomat a publié 193 textes traitant des réfugiés et demandeurs d’asile. Le thème le plus récurrent en était la législation européenne et les accords de Schengen. Cette catégorie regroupe des textes consacrés aux législations en vigueur dans les différents pays européens et à leurs modifications, concernant les réfugiés et demandeurs d’asile. Il s’agit par exemple des restrictions apportées à l’accès aux prestations et avantages sociaux pour les réfugiés et demandeurs d’asile, au contrôle et à la surveillance des frontières par pays et entre les Etats ou encore le débat sur les accords de Dublin et de Schengen. Il est à noter que plus de la moitié de ces textes traite des politiques mises en œuvre en Finlande et dans les autres pays nordiques. Au cours du mois de janvier 2016 Aamulehti a publié 156 textes touchant aux réfugiés et demandeurs d’asile. Le thème le plus récurrent en était la frontière finno-russe, qui regroupe des textes consacrés aux demandeurs d’asile arrivés en Finlande et en Norvège via la Russie. Au tour de ce thème est également abordée la question de la politique russe vis-à-vis de la Finlande et du reste de l’Europe. Dans ses articles consacrés aux réfugiés et demandeurs d’asile, Aamulehti a le plus fréquemment recours au terme de demandeur d’asile (turvapaikanhakija). Réfugiés et demandeurs d’asile apparaissent davantage dans la section affectée aux informations nationales que dans celle qui traite de l’international. Sur cet arrière-plan le terme de « demandeur d’asile » est justifié, car ces textes se consacrent surtout aux demandeurs d’asile arrivés en Finlande en 2015, qui sont en attente de décision. Les termes les plus fréquents après celui-ci, réfugié (pakolainen) et étranger (ulkomaalainen), sont remarquablement moins utilisés. Pour référer aux arrivants en Finlande, Helsingin Sanomat a le plus souvent recours au terme neutre et précis de demandeur d’asile (turvapaikanhakija). Les termes les plus utilisés sont ensuite, dans l’ordre de fréquence décroissante, réfugié (pakolainen), immigré (maahanmuuttaja), personne (ihminen) et étranger (ulkomaalainen). Réfugiés et demandeurs d’asile sont en outre présentés dans les textes à l’aide des expressions arrivant (tulija) et migrant (siirtolainen). La terminologie de ce journal est donc relativement neutre. Les demandeurs d’asile ne se font pas vraiment entendre dans les textes publiés par Aamulehti. Les articles portant sur la frontière finno-russe, par exemple, font entendre les employés des postes frontières finlandais et russes, les chercheurs, les ministres finlandais des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Défense ainsi que le Premier ministre finlandais, le personnel de The Finnish Immigration Service, les ministres des Affaires étrangères russe et norvégien ainsi que les journalistes rédacteurs. Dans tous ces textes on parle d’un côté d’un ensemble formé par les demandeurs d’asile et de l’autre d’un ensemble formé par les dits citoyens finlandais ordinaires. Helsingin Sanomat donne la parole à de nombreuses instances: sont invités à commenter cette actualité aussi bien les hommes politiques, les experts de divers domaines et les professionnels impliqués par la question, tel la police et autres autorités, que les réfugiés et les demandeurs d’asiles eux-mêmes. Les hommes politiques, les experts et les représentants des autorités s’expriment notamment dans le contexte des actualités, des chroniques et des interviews. Les réfugiés et les demandeurs d’asile font quant à eux entendre leur voix dans des articles souvent plus longs ou dans des textes apparentés à des reportages. La tonalité générale adoptée par Helsingin Sanomat est donc celle de la neutralité à l’égard des réfugiés et des demandeurs d’asile. C’est notamment dans le « Post-scriptum » qui suit son éditorial qu’Aamulehti prend position sur les questions touchant les réfugiés et demandeurs d’asile. Ce Postscriptum, plus court que l’éditorial proprement dit, est rédigé par la rédaction sur un sujet d’actualité. Y ont été traités entre autres les restrictions apportées par le Danemark à sa législation pour les demandeurs d’asile1, le rétablissement des contrôles aux frontières entre le Danemark et la Suède pour la première fois depuis les années 19502 ainsi que le règlement de Dublin3. On peut toutefois dire que ces Post-scriptum ne prennent pas position sur la situation des réfugiés et demandeurs d’asile même, mais commentent d’autres phénomènes liés au sujet. 1 AL, 31.1.2016, A4, Jälkikirjoitus: Tanskaa ei tunnista enää entisekseen, éditorial. 2 AL, 6.1.2016, A2, Jälkikirjoitus: Sinne meni taas yksi ylpeilyn aihe, éditorial. 3 AL, 21.1.2016, A2, Jälkikirjoitus: EU:n on pakko uida vastavirtaan, éditorial. 5 3. PRESENTATION ET SYNTHESE DES SOURCES BRITANNIQUES Si la presse britannique peut être divisée entre journaux de qualité et tabloïds, son champ est également balisé en fonction des positionnements politiques des diverses publications1. On estime qu’il existe environ 14 journaux nationaux, 1 200 locaux ou régionaux et 600 titres spécialisés ou très locaux (chiffres 2010)2. Paraissant du lundi au samedi, The Guardian a été fondé en 1821, sous le nom de The Manchester Guardian3. The Observer, fondé en 1791, est quant à lui le journal du dimanche le plus ancien du monde4. Ces publications jumelles appartiennent au groupe The Guardian Media Group5. Le tirage de The Guardian est de 161 152 exemplaires imprimés6 et celui de The Observer de 183 595 exemplaires7. The Guardian Media Group est la propriété du fond The Scott Trust8. Paraissant du lundi au samedi, The Times a été fondé en 1785 et a été publié les trois premières années de son existence sous le titre Daily Universal Register9. The Sunday Times, fondé en 188210, paraît le dimanche. Le tirage de The Times est de 402 75211 exemplaires imprimés et celui de The Sunday Times est de 766 001 exemplaires (chiffres février 2016)12. The Times et The Sunday Times font tous deux partie de l’entreprise News UK, propriété de News Corp13. 1 UNHCR, Press Coverage of the Refugee and Migrant Crisis in the EU: A Content Analysis of Five European Countries, 2015, 29, http://www. unhcr.org/56bb369c9.html, consulté le 12.4.2016. 2 Commission européenne, Background information report. Media policies and regulatory practices in a selected set of European Countries, the EU and the Council of Europe, 2010, 450. 3 The Guardian, http://www.theguardian.com/gnm-archive/2002/jun/06/1, consulté le 5.4.2016. 4 The Guardian, http://www.theguardian.com/gnm-archive/2002/jun/06/2, consulté le 5.4.2016. 5 The Guardian, http://www.theguardian.com/gnm-press-office, consulté le 5.4.2016 6 ABC, http://www.abc.org.uk/Certificates/47857726.pdf, consulté le 14.4.2016. 7 ABC, http://www.abc.org.uk/Certificates/47857249.pdf, consulté le 4.4.2016. 8 The Guardian, http://www.theguardian.com/the-scott-trust/2015/jul/26/the-scott-trust, consulté le 5.4.2016. 9 News Media Association, http://www.newsmediauk.org/History-of-British-Newspapers, consulté le 5.4.2016. 10 News UK, http://www.news.co.uk/what-we-do/the-sunday-times/, consulté le 5.4.2016. 11 ABC, http://www.abc.org.uk/Certificates/47857322.pdf, consulté le 14.4.2016. 12 ABC, http://www.abc.org.uk/Certificates/47857029.pdf, consulté le 14.4.2016. 13 News Corp, http://newscorp.com/business/news-corp-uk/, consulté le 5.4.2016. 6 3.1. The Guardian et The Observer 3.2. The Times et The Sunday Times En janvier 2016 The Guardian a publié 150 textes contenant des références aux réfugiés, aux demandeurs d’asile ou à la situation actuelle en Europe des réfugiés et demandeurs d’asile. La catégorie la plus traitée est celle de l’entrée en crise de l’UE et de l’Europe, où la « crise des réfugiés » constitue un facteur qui menace l’avenir de l’UE et de toute l’Europe. Au cours du mois de janvier 2016 The Times a publié 144 textes liés aux réfugiés et demandeurs d’asile. Le thème le plus traité est l’entrée en crise de l’UE et de l’Europe. Y sont principalement rapportées les déclarations des leaders de l’UE selon lesquels « la crise des migrants met les frontières de l’Europe à l’épreuve »1. En connexion avec ce thème sont parus de nombreux textes consacrés à l’espace Schengen, envisageant sa fin possible comme « un coup dur pour l’Europe même »2 et une menace sérieuse pesant sur l’économie européenne3. L’expression la plus fréquemment employée dans The Guardian est celle de réfugié (refugee). Ce terme réfère vraisemblablement aussi bien aux demandeurs d’asile qu’aux personnes qui ont obtenu le statut de réfugié. La seconde expression la plus fréquente, celle de demandeur d’asile (asylum seeker), est remarquablement moins employée. Elle apparaît en général lorsqu’il est clairement question de personnes qui ne se sont pas encore vu notifier de décision relativement à leur demande d’asile. Les termes de personnes (people), enfant (child/children) et migrant (migrant) sont assez courants. Les termes les plus utilisés dans The Times sont ceux de migrant (migrant), réfugié (refugee) et demandeur d’asile (asylum seeker). Il n’est pas toujours clair pour le lecteur si le terme de migrant réfère aux personnes qui demandent l’asile ou à toutes les personnes en général qui émigrent et immigrent. Ceux qui ont le plus la parole dans The Times sont les personnes qui occupent une fonction politique. Lorsqu’il est question de « l’entrée en crise » les dirigeants politiques des Etats membres de l’UE se font le plus entendre. Sont également cités des décideurs économiques, des représentants d’institutions officielles, comme l’UE, ainsi que des sources diplomatiques anonymes. Par contraste les réfugiés et demandeurs d’asile ne sont pas des narrateurs essentiels de « l’entrée en crise ». Dans le traitement de « l’entrée en crise », ce sont les leaders politiques des pays européens qui s’expriment. D’autres instances sont invitées à commenter, diverses institutions officielles, tels les représentants de l’UE et de l’ONU, ainsi que les journalistes. Il arrive souvent que les rédacteurs citent de nombreux points de vue dans un même article. Les dits citoyens ordinaires et les demandeurs d’asile ne se font quant à eux pas entendre lors des spéculations sur l’avenir de l’Europe. Les réfugiés et demandeurs d’asile sont présentés dans The Times sous une multiplicité d’angles. Le journal décrit les raisons de leur départ et les souffrances qu’ils endurent. A côté de ce point de vue humain, The Times présente les demandeurs d’asile comme un phénomène qui a « contraint la Commission européenne à envisager de limiter la liberté de circulation dans les 26 pays de l’espace Schengen »4. Le traitement de la situation des réfugiés et demandeurs d’asile par The Guardian est complexe. Le journal rend amplement compte des effets de la situation dans les différents pays européens. Même si les réfugiés et demandeurs d’asile y apparaissent pour une part sous les traits de statistiques menaçant la stabilité de l’Europe, The Guardian traite de façon répétée le sujet sous un angle humain, en relatant les expériences des arrivants comme celles de ceux qui les accueillent et les aident1. 1 TT, 1.2016, 28, Terror and migrant crisis testing Europe to limits, warn EU chiefs, David Charter & Bruno Waterfield. L’expression anglaise est “migrant crisis”. 2 TT, 22.1.2016, 34-35, Migrant crisis forces Europe to give up on open border dream, David Charter & Bruno Waterfield. L’expression anglaise est “a heavy blow to the European Union itself ”. 3 TT, 30.1.2016, 19, Schengen’s demise starves Eurozone of its lifeblood, Bruno Waterfield. 4 TT, 27.1.2016, 27, Schengen’s Slow Death, éditorial. 1 TG, 24.1.2016, 10, Greek islanders to be nominated for Nobel prize, Daniel Poffey, Policy Editor. 7 4. PRESENTATION ET SYNTHESE DES SOURCES BELGES Le champ politique et culturel belge suit une division en deux zones linguistiques : une différence nette règne entre les médias francophones et néerlandophones, tant au niveau des thèmes abordés qu’à celui de la politique propre aux différentes régions1. On peut donc affirmer qu’il existe en Belgique deux champs médiatiques distincts2. La presse belge est très influencée par les médias internationaux, notamment par ceux de ses voisins immédiats, la France et l’Allemagne3. Le Soir, fondé en 1887, est un journal francophone détenu par le Groupe Rossel4. En 2015 sa diffusion totale était de 59.909 exemplaires. Sa diffusion totale, papier et électronique, se montait à 66.267 exemplaires5. De Morgen est le titre le plus récent étudié dans ce rapport. Fondé en 19786, ce quotidien néerlandophone est la propriété du groupe De Persgroep7. Sa diffusion totale, imprimée et numérique, était en 2015 d’environ 54 882 exemplaires8. 1 Commission européenne, Background information report. Media policies and regulatory practices in a selected set of European countries, the EU and the Council of Europe. 2010, 4. 2 Ibid. 3 Id. 17. 4 Groupe Rossel, http://www.rossel.be/, consulté le 13.5.2016. 5 CIM, http://www.cim.be/fr/presse/presse-authentication-reports, consulté le 20.4.2016. 6 NUY Libraries, http://guides.nyu.edu/c.php?g=276707&p=1848124, consulté le 20.4.2016. 7 De Persgroep, http://www.persgroep.be/en/our-media, consulté le 13.5.2016. 8 CIM, http://www.cim.be/nl/pers/echtverklaring-resultaten, consulté le 20.4.2016. 8 4.1. le soir 4.2. de morgen Sur la période du 1er au 31 janvier 2016, Le Soir a publié 84 textes traitant des réfugiés et demandeurs d’asile. Le thème le plus abordé était les effets de la situation des réfugiés et demandeurs d’asile en UE. Cette catégorie regroupe des textes qui portent sur les effets de l’augmentation du nombre de réfugiés et demandeurs d’asile sur l’UE, sur l’unité et l’économie de l’union. Ces textes envisagent les questions internes à l’UE et aux pays membres pris séparément. Par pays, c’est l’Allemagne et la politique des réfugiés mise en œuvre par la chancelière Angela Merkel qui ont bénéficié du traitement le plus important. Au cours de la période couverte par cette étude, 129 textes traitant du thème des réfugiés et demandeurs d’asile ont été publiés par De Morgen. Les informations se rapportant au harcèlement sexuel y ont occupé le plus d’espace. Le journal a notamment couvert les incidents survenus à Cologne, en Allemagne, lors du Nouvel An où ont été commises des agressions sexuelles, ainsi que l’incident dit de la piscine survenu à Coxyde (Koksijde en néerlandais) en Belgique, dans lequel un demandeur d’asile irakien avait été soupçonné d’agression sur une fillette1. De Morgen a, la plupart du temps, recours aux termes précis de réfugié (vluchteling) et demandeur d’asile (asielzoeker), mais aussi dans une certaine mesure à l’expression plus vague de migrant (migrant). Le terme qui apparaît le plus souvent est celui de réfugié. Le terme le plus employé dans les articles du Soir consacrés aux réfugiés et demandeurs d’asile est réfugié. En second vient migrant, qui désigne également d’autres personnes que les demandeurs d’asile et les réfugiés. L’expression demandeur d’asile se place en troisième position. A un niveau général on peut constater que, dans les informations relatives aux réfugiés et demandeurs d’asile publiées par De Morgen, ce sont majoritairement les hommes politiques des différents pays de l’UE qui prennent la parole et peuvent exprimer leurs points de vue. De Morgen présente les positions des différents partis politiques belges dans leur diversité. Le parti conservateur N-VA (Nieuw-Vlaamse Alliantie), représenté par le Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration Theo Francken, se voit gratifier de l’attention la plus large dans les colonnes du quotidien. Sur la base du corpus étudié, Le Soir donne la parole à différentes personnes, de manière diversifiée. Le spectre des interviewés et des rédacteurs s’étend des hommes politiques aux experts et aux dits citoyens ordinaires. Même si les réfugiés et demandeurs d’asile sont moins présents que les acteurs politiques ou les experts de la situation des réfugiés et demandeurs d’asile, ils ont eux aussi la possibilité de faire entendre leur voix. Les prises de position des réfugiés et demandeurs d’asile sont cependant intégrées le plus souvent à des articles de plus grande ampleur ou à des reportages, et généralement pas aux articles d’information pure. La ligne et la tonalité générales des textes relatifs aux réfugiés et demandeurs d’asile publiés par De Morgen est plutôt neutre et vise à l’objectivité. L’approche adoptée par les journalistes est variée et la ligne éditoriale libérale du quotidien se manifeste en particulier dans les sections d’opinion où les interventions d’experts et les prises de positions analytiques des journalistes étrangers trouvent à s’exprimer. Ces interventions sont elles aussi, en règle générale, favorables à l’immigration. D’une manière générale Le Soir vise à rapporter et informer sur un ton neutre et objectif. Le journal ne rechigne pas à recourir aux guillemets pour atténuer certaines expressions et distinguer les déclarations qui ne sont pas celles du rédacteur à l’intérieur du texte. Le Soir apporte par exemple un angle favorable à l’immigration par le choix des personnes interviewées. 1 DM, 26.1.2016, 3, De aanraanding die er geen was, Jeroen van Horenbeek & Roel Wauters. 9 5. CONCLUSIONS grés en Finlande. L’arrivée de réfugiés et de demandeurs d’asile dans les proportions actuelles est un phénomène relativement récent en Finlande, comparé aux autres pays pris en compte dans cette étude. Cela peut expliquer partiellement que l’information prenne une dimension locale en lieu et place d’un débat international plus large. 5.1. Themes les plus traites par pays en janvier 2016 L’organisation pour les réfugiés de l’ONU a publié en décembre 2015 son propre rapport sur la manière dont les journaux européens ont écrit à propos de « la crise des réfugiés et des migrants en Europe » au cours de la période 2014-20151. Le rapport ci-établi reflète en bien des parts les résultats de l’UNHCR. Une découverte commune est que le cadre de référence social, culturel, économique et politique de chaque pays se reflète clairement dans le choix des thèmes abordés par la presse. Les articles d’information britanniques ici étudiés font intervenir une plus grande variété d’instances que les autres textes du corpus des trois pays. Ce point se traduit par une présentation abondante des points de vue propres des réfugiés et demandeurs d’asile. La presse britannique fait figure d’exception dans ce rapport en plaçant au nombre des trois thèmes les plus abordés le périple des demandeurs d’asile. Elle informe en outre de manière plus dramatique et emploie des expressions plus fortes que les autres journaux de cette sélection. Il faut par ailleurs observer que The Times et The Guardian représentent une ligne neutre, voire favorable aux réfugiés et demandeurs d’asile dans un champ médiatique britannique très polarisé2. Au cours de la période considérée est parue une abondance d’articles d’information relatifs aux réfugiés et demandeurs d’asile. La plus grande partie a été publiée dans le quotidien national finlandais Helsingin Sanomat, suivi du quotidien local Aamulehti et, en troisième position du journal britannique The Guardian. Le Soir est le journal qui a le moins traité ce thème. Le nombre d’articles qu’il y a consacré est inférieur de moitié à celui de Helsingin Sanomat. Sur la totalité du corpus étudié un thème, le harcèlement sexuel, se hisse au nombre des trois sujets les plus abordés. En seconde position viennent les effets de la situation des réfugiés et demandeurs d’asile sur l’UE et l’Europe. Cette influence est regardée en règle générale au titre de « menace » et de « crise ». La presse finlandaise montre une spécificité par l’importance qu’ils accordent à la Finlande dans le traitement du thème des réfugiés et demandeurs d’asile. Aussi bien Helsingin Sanomat qu’Aamulehti consacrent de nombreux articles à la frontière finno-russe. La frontière commune à la Finlande et à la Russie est en effet perçue comme une porte d’entrée des immi- Dans les médias belges, il est beaucoup fait état des questions de frontières, des accords de Schengen et des pays d’Europe du sud, perçus comme porte d’entrée des réfugiés et demandeurs d’asile en Europe. Le quotidien francophone Le Soir suit de près la France et son homologue néerlandophone De Morgen accorde une attention particulière à la politique des Pays-Bas. Les deux prêtent également largement attention aux mesures mises en œuvre par la chancelière allemande Angela Merkel à propos des réfugiés et demandeurs d’asile. Le corpus belge bilingue étudié dans ce rapport met en exergue les mêmes thèmes, d’une langue à l’autre. L’incident de la piscine de Coxyde, donne lieu à de nombreux articles, en même temps que les 1 UNHCR, Press Coverage of the Refugee and Migrant Crisis in the EU: A Content Analysis of Five European Countries, 2015, http:// www.unhcr.org.56bb369c9.html, consulté le 12.4.2016. 2 UNHCR, Press Coverage of the Refugee and Migrant Crisis in the EU: A Content Analysis of Five European Countries, 2015, 10, http:// www.unhcr.org/56bb369c9.html, consulté le 12.4.2016. 10 vue des réfugiés et demandeurs d’asile, mais remarquablement moins. Cette découverte se situe dans la ligne du rapport sur les médias fournit par l’UNHCR. Selon ce dernier la valeur ajoutée économique et culturelle apportée par les réfugiés et demandeurs d’asile ne représente qu’une part minime du corpus étudié (3,1% des articles). événements du Nouvel An liés aux cas de harcèlement sexuel qui se sont produits à Cologne. 5.2. Approche comparative des terminologies, tonalites et paroles exprimees En matière de terminologie, dans l’ensemble des textes étudiés, les spécifications demandeur d’asile et réfugié sont les deux expressions les plus employées à propos du groupe dont il est question. Dans les médias finlandais apparaissent également les termes immigré et étranger. En Belgique et en Grande-Bretagne on fait un large recours à la spécification imprécise de migrant, qui est même l’expression la plus utilisée par The Times. The Guardian s’écarte de la ligne précédemment mentionnée en faisant figurer au nombre de ses trois termes les plus utilisés la caractérisation de personne. Le corpus étudié dans ce rapport montre que les journaux peuvent mêler à l’intérieur d’un même article les expressions « demandeur d’asile », « réfugié », « migrant » et « immigré », ce qui a pour effet de brouiller les distinctions politiques et légales entre ces termes. 5.3. Resume En résumé on peut dire que tous les journaux examinés dans ce rapport tendent à un traitement neutre et objectif dans les textes qu’ils consacrent au thème des réfugiés et demandeurs d’asile. Le plus souvent les commentaires sont le fait du personnel politique et de divers experts. Les points de vue hostiles à l’immigration se font aussi entendre, balancés toutefois par les commentaires personnels des journalistes et les prises de position de rédacteurs extérieurs. La voix propre des réfugiés et demandeurs d’asile ne se fait pas entendre aussi souvent que celle des autorités, des hommes politiques et des experts. Tous les journaux ont informé en janvier 2016 à propos des mêmes sujets : le harcèlement sexuel, les questions de frontières et la pression exercée par « la crise des réfugiés et demandeurs d’asile » en UE et dans les pays européens pris au cas par cas. Les journaux britanniques ont couvert plus largement que les autres les expériences vécues par les réfugiés et demandeurs d’asile, notamment pour ce qui touche à la manière dont ils ont fui leur pays. Le point de vue de tout le corpus étudié est eurocentré. Tous les journaux du corpus étudié informent au sujet des réfugiés et demandeurs d’asile de façon relativement neutre et en visant à l’objectivité. Les associations d’idées négatives liées à ce thème se dessinent souvent dans les déclarations des hommes politiques et des autorités. Dans la plupart des journaux les choix rédactionnels, tel les interviews d’experts et les interventions personnelles des journalistes, rééquilibrent la tonalité dans un sens plus favorable. En dépit de cette tonalité neutre voire favorable à l’immigration, le point de vue est eurocentré. La situation est examinée la plupart du temps selon un angle qui prend en compte la façon dont les réfugiés et demandeurs d’asile influent sur la sécurité européenne, la législation de l’UE, la culture et l’économie. Les journaux commentent aussi le sujet du point de 11