les dispositifs militaires et juridiques suffisent-ils

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les dispositifs militaires et juridiques suffisent-ils
LES DISPOSITIFS MILITAIRES ET JURIDIQUES SUFFISENT-ILS
POUR VENIR À BOUT DE LA PIRATERIE ?
Dr. Djibril DIOP1
Résumé
La Somalie, pays entré en décomposition depuis l’éviction de son dictateur, Mohamed Siad Barré en 1991, est le
réceptacle d’une guère civile meurtrière sur fond de radicalisme islamiste. Dans ce contexte trouble, ce pays est
devenu, en espace de quelques années, le repère d’une piraterie de plus en plus violente de plus en plus
audacieuse, transformant de la Corne de l’Afrique en une zone de non-droit. Pour faire face à cette situation qui
a fini par perturber cette région stratégique pour la navigation maritime internationale, une mobilisation
internationale sans précédente, s’est opérée à travers différentes résolutions du Conseil de sécurité des NationsUnies se traduisant par la mise en place d’un dispositif aéronaval impressionnant. Au vue des évolutions récentes
avec la recrudescence des attaques, les réponses apportées jusque-là sont-elles efficaces pour éradiquer le
phénomène au large des côtes somaliennes ?
Mots clés : Piraterie ; Résolutions des Nations Unies ; golfe d’Aden ; océan Indien ; Somalie.
Absract
Somalia, country entered in decomposition since the ousting of its dictator, Mohamed Siad Barre in 1991, is the
receptacle of hardly a civil loophole on islamist bottom of radicalism. In this turbid context, this country became,
in space of a few years, the reference mark of an increasingly daring increasingly violent piracy, transforming
Horn of Africa into a zone of not-right. To face this situation which ended up disturbing this strategic area for
international sea transport, an international mobilization without the preceding one, took place through various
resolutions of the Safety advice of the United Nations resulting in the installation from an impressive air and sea
device. With are the sight of the recent evolutions with the recrudescence of the attacks, the answers brought up
to that point effective to eradicate the phenomenon off the Somali coasts?
Key words: Piracy; Resolutions of the United Nations; gulf of Aden; Indian Ocean; Somalia.
Introduction
Coincée entre l’Océan Indien à l’Est, la mer Rouge au nord et la péninsule arabique au nordest, la Corne de l’Afrique constitue un cœur stratégique pour le trafic maritime international.
Jusque-là, la Somalie s’est signalée par le chaos qui y règne et la montée de l’islamisme
radical, notamment depuis la chute du dictateur Siad Barré en 1991. Mais depuis quelques
années, les côtes somaliennes ont la sinistre réputation d'être des plus dangereuses au monde à
cause de la piraterie qui y sévit. En effet, profitant du désordre politique dans le pays, les
pirates ont fini par perturber cette zone stratégique pour le trafic maritime international. Pour
faire face à ce phénomène, une mobilisation internationale s’est opérée, notamment à travers
différentes résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies qui ont conduit à la mise en
place de dispositifs militaires aéronavals impressionnants. Après une brève présentation du
contexte qui a engendré cette situation lancinante, il s’agit de s’interroger sur l’efficacité des
mesures et de leur viabilité compte tenu du contexte où l’anarchie règne en maître dans ce
pays ?
1
Dr en géographie, Chercheur associé au Pôle de Recherches sur le Développement - Centre d’Études et de
Recherches Internationales Université de Montréal (PRD -CÉRIUM) - Chargé de Cours Université de Montréal.
1
I - La Somalie : un pays en décomposition avancée
La Somalie qui a sombré dans une guerre civile depuis l’éviction du dictateur Mohamed Siad
Barre en 1991, reste un pays sans gouvernement. Dans la donne de l'après-11 septembre, la
Somalie, citée comme refuge pour des groupes islamiques de diverses obédiences, est
devenue une cible pour Washington. L’organisation de Ben Laden aurait toujours des
ramifications bien implantées dans certaines régions du pays sous contrôles des chefs de
guerre et de milices islamistes radicaux, en particulier près du cap Kaambooni, à la frontière
kenyane et le centre du pays. Récemment Oussama ben Laden, a même appelé les islamistes à
renverser et à combattre le président Sharif Cheikh Ahmed, un islamiste modéré élu fin
janvier par le Parlement somalien réuni à Djibouti2. Par ailleurs, les membres d’Al-Qaïda
auraient assuré l’entraînement des combattants de certains clans Somaliens qui avaient
combattu les forces américaines en 1993, lors de l’expédition Restor Hope (Smith, 1993)3. En
effet, depuis 1991 c’est tout le pays qui se trouve en proie à la violence, où la loi du plus fort
prime.
Cette tendance a conduit à la création de l’Union des Tribunaux Islamiques (UTI) suite à un
regroupement de divers groupes. Cette dernière qui veut appliquer la Sharia comme loi
suprême du pays, « rivalise » avec le gouvernement de transition issu de la conférence d'Arta4,
mis en place après de longues négociations entre les différentes factions (Prunier, 2000). Mais
compte tenu de l’insécurité ambiante dans la capitale, Mogadiscio, ce gouvernement s’est
installé à Baïdoa en partie et l’autre à Nairobi, au Kenya. Miné par des querelles intestines,
elle s’est manifesté jusque là, surtout pas son incapacité à faire face aux différentes crises qui
minent le pays. L’espoir de voir la stabilité revenir dans ce pays est bien mince, surtout après
14 tentatives d’instauration d’un gouvernement normal, depuis 1992.
Après les combats meurtriers entre le général Aïdid et Ali Mahdi dans la capitale,
Mogadiscio, c’est au tour de Kismaayo de tomber, le 15 mai 1992, aux mains des combattants
du général Aïdid, alliés à ceux du colonel Jees. Ensuite c’est le tour de Baïdoa, Hargeisa,
Bardéra, Huddur, Merca, d’entrer dans cette guerre civile meurtrière entre clans rivaux
(Campagne, 1993). Ainsi, par des alliances et des contre alliances, c’est tout le pays qui se
trouve détruit. C’est dans ce contexte que les troupes d’Hassan al-Turki, des Tribunaux
islamiques, et Les Shebabbs (combattants islamistes extrémistes) de Muktar Robow, se sont
regroupés pour former l’Alliance pour la Re-libération de la Somalie (ARS), alors qu’un autre
groupe islamiste modéré, Ahlou Sunna Waljamaca jurait de débarrasser la Somalie des
Shabaabs, qu’il accuse d’actes anti-islamiques, notamment l’assassinat de leaders religieux et
la profanation de tombes. Dans cet environnement trouble, en octobre 2008, les Shebabbs
rejettent l’accord de paix négocié lors la conférence de réconciliation organisée sous l'égide
de l'ONU, à Djibouti, à laquelle ils n’ont pas pris part. En janvier 2009, ils attaquent la ville
de Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio), siège du Parlement de transition. Au même
moment, les parlementaires réunis à Djibouti approuvaient la création de 275 nouveaux sièges
de députés dont 75 pour la société civile et 200 pour l'opposition islamiste modérée de l'ARS,
Par un message audio mis en ligne le jeudi 19 mars 2009, il qualifiait les combattants islamistes de « champions
de Somalie » tout en les exhortant de poursuivre le combat.
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Cette mission des forces spéciales américaines chargées de capturer des chefs de guerre dans un quartier de
Mogadiscio avait tourné au désastre : deux hélicoptères lourds abattus, dix-sept soldats tués et le corps de l'un
d'eux traîné dans les rues derrière un véhicule de miliciens. Cet épisode a fait l'objet d’un film « La Chute du
faucon noir ».
4
Cette conférence s’est tenue sous le patronage du président djiboutien en 2000, en l'absence des principaux
seigneurs de guerre de Mogadiscio et de représentants du Somaliland.
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2
en conformité avec les dispositions prévues par l'accord de paix signé en juin 2008 : « doubler
le Parlement pour diviser les problèmes ».
Le chaos politique et sécuritaire dans lequel s’est enlisé la Somalie, le gouvernement de
transition appuyé par l’Éthiopie, dont les forces avaient mis un terme en décembre 2006 au
pouvoir des Tribunaux islamiques dans la capitale, se trouve incapable de faire face à tous les
ces problèmes. Devant la guerre civile persistante depuis 1991 et la misère grandissante, les
enlèvements et les assassinats ciblés sont devenus des pratiques courantes en Somalie. Ainsi,
trois employés de Médecins Sans frontières (MSF), ont été assassinés, début avril 2008, dans
le sud du pays. En septembre, deux employés de Médecins du Monde (MDM) ont été enlevés
au cours d'une mission en Éthiopie, dans la région de l'Ogaden au centre-nord du pays.
Récemment, deux autres membres d'une organisation humanitaire, un belge et une
néerlandaise, ont été enlevés à 250 km au nord-ouest de Mogadiscio dans le sud de la Somalie
par des hommes armés, le 19 avril 2009. Ces actes viennent s’ajouter à une longue liste
d’enlèvements et d’attaques de personnel humanitaire depuis 1993 en toute impunité. La
journaliste canadienne, Amanda Lindhout, et le photographe australien, Nigel Geoffrey
Brennan, enlevés le 23 août 2008 sur la route reliant Mogadiscio à Afgoye, à 25 km à l'ouest,
sont toujours retenus par leurs ravisseurs. Quatre employés européens d’Action Contre la
Faim (ACF) et leurs deux pilotes kenyans, enlevés début novembre, sont également toujours
retenus en otages.
Malgré le danger permanent, les organisations humanitaires continuent de maintenir une
certaine présence en Somalie, pays qui connaît une situation humanitaire catastrophique en
raison des effets conjugués de la sécheresse, de la crise alimentaire et des violences. Quelques
3,2 millions de Somaliens dépendent toujours de l’aide humanitaire, soit environ 40 % de la
population du pays. Alors que le taux de prévalence de malnutrition sévère chez les enfants
somaliens s'élève à 18,6 %, dépassant le seuil critique de 15 %, selon l’UNICEF. La lutte
contre le terrorisme et la piraterie a fait éclipser un autre drame qui frappe ce pays de plein
fouet sans qu’il y ait d’échos. Des milliers de Somaliens cherchant à fuir l'insécurité, la
pauvreté et le chômage dans un pays dévasté par plusieurs années de guerre civile, tentent de
regagner les côtes yéménites, par des moyens précaires et dans des conditions inhumaines. En
effet, les passeurs n'hésitent pas à battre les voyageurs, parmi lesquels se trouvent des femmes
et des enfants, qu'ils entassent dans des petites embarcations où ils sont privés d'eau et de
nourriture, et même d'air pour ceux qui se trouvent à fond de cale. Il arrive aussi, bien que
chacun ait versé entre 70 et 200 dollars, qu’ils soient abandonnés à la dérive sans nourriture ni
eau ou jetés par-dessus bord pendant la traversée5. En 2006, ils étaient 23 000 à s’embarquer
sur les côtes somaliennes pour le Yémen, dont 360 ont trouvé la mort et 150 portés disparus,
30 000 en 2007, selon le HCR et MSF6. Depuis le début de 2007, environ 50 000 Somaliens et
Éthiopiens ont traversé le golfe d'Aden. Selon le HCR, plus de 1 400 clandestins ont péri en
2007
Par ailleurs, le pays est régulièrement victime d’attentats terroristes meurtriers. C’est le cas
par exemple en octobre 2008 où trois attentats suicides à la voiture piégée visant le palais
présidentiel et les bureaux du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)
à Hargeisa, la capitale du Somaliland, ont fait une vingtaine de morts. Au même moment,
deux autres attentats suicide visaient des bâtiments des services de renseignements du
Puntland (PIS), à Bossaso. Ces attentats qui ont fait plusieurs morts et blessés ont été attribués
Daniel Grand Clément a filmé un ces voyages hors du commun, des côtes de Somalie aux plages du Yémen, sur une barque de dix mètres,
surchargée de 128 immigrants clandestins, entassés, épuisés, malades, fouettés par des passeurs sans pitié qui n`hésitent pas à jeter des
hommes à la mer. Ce film « Les martyrs du golfe d’Aden » a été lauréat du Grand Prix du Figra 2008.
5
6
Rapport « No choice » rendu public à la veille de la Journée internationale des réfugiés 2008.
3
à Al-Qaïda. En outre, en juillet 2008, Osman Ali Ahmed, chef de la mission du Programme
des Nations Unies pour le Développement (PNUD), a été assassiné à Mogadiscio par des
hommes armés. Enfin, en janvier 2009, un attentat suicide à la voiture piégée dans la capitale,
Mogadiscio, avait pour cible, les troupes de la Mission de l’Union Africain en Somalie
(AMISOM).
Craignant une contagion de l’islamisme fondamental dans toute la région, l’armée
éthiopienne, avec le soutien des États-Unis, était venue à la rescousse du gouvernement
somalien par intérim en difficulté face aux milices islamistes en 2006. Ces derniers avaient
pris le contrôle de Mogadiscio en juin 2006, contraignant le gouvernement à signer un accord
de paix, le 5 septembre de la même année7. Dès le 12 décembre 2006, les premiers
affrontements directs éclatent entre islamistes et troupes éthiopiennes constitué d’un
contingent de 7000 hommes8. Dans ce prolongement, en mars 2007, l’Union africaine décide
d’envoyer sur le terrain une mission d’interposition de 3000 hommes, l’AMISOM9.
Auparavant, le 6 décembre 2006, dans la résolution 1725 adoptée à l'unanimité, le Conseil de
sécurité des Nations-Unies autorisait « l'Autorité intergouvernementale de développement
(IGAD) et les États membres de l'Union africaine à établir une mission de protection et de
formation en Somalie, dont le mandat sera réexaminé à l'issue d'une période initiale de six
mois ». Dans un premier temps, l’idée était de créer une force régionale (IGASOM), dont le
mandat est de « maintenir et surveiller la sécurité à Baïdoa » et de « protéger les membres des
institutions fédérales de transition et du gouvernement ainsi que leurs principales
infrastructures »10. Cette force sera finalement intitulée AMISOM. Mais des 8 000 soldats
initialement prévus, elle reste constituée uniquement par 3 413 hommes11. Ce qui n’a pas
permis d’avoir un impact significatif sur les rapports de force sur le terrain pour mettre fin à la
vague de violence qui secoue le pays12.
C’est dans ce contexte qu’en mars 2009, Londres annonce une aide supplémentaire de 14,4
millions de dollars à l’AMISOM qui viennent s’ajouter aux 7,2 millions de dollars déjà
donné13. Enfin, réunie à Bruxelles, le 23 avril 2009, lors d'une conférence des donateurs, une
quarantaine de pays a promis une aide de 213 millions de dollars pour soutenir la création
d’une force de police somalienne et d’aider l'AMISOM dans sa mission, pour ainsi réduire la
piraterie dans le golfe d'Aden. À cette somme s’ajouteraient des contributions matérielles et
logistiques en nature (tentes, véhicules blindés, équipements divers). Ce qui montre encore la
détermination de la communauté internationale pour venir à bout de ce phénomène. Car «
jusque là on s’est attaqué au symptôme et non à la racine du mal »14.
Al-Ittihaad al-islamiya est la plus connue des organisations islamistes somaliennes armées. Formée au début
des années 1990, elle est liée depuis 1993 au réseau Al-Qaïda. En 1997, les troupes éthiopiennes avaient envahi
le territoire somalien pour détruire plusieurs de ses bases.
8
Pourtant, c’est récemment que l’Éthiopie a admis la présence de ses troupes en Somalie.
9
Composée essentiellement de forces burundaises et ougandaises.
10
Centre d’actualités de l’ONU.
11
Faisant suite à la résolution 1863, le 22 avril 2009, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, propose une
approche en trois étapes pour renforcer l'appui à l’AMISOM avant d'envisager une mission des Nations Unies
dans le pays.
12
Selon les Nations unies, la guerre civile a fait plus de 300 000 morts et plus de 600 000 Somaliens ayant fui les
combats, vivent dans des conditions précaires le long de la route qui mène à Afgoye, à une trentaine de
kilomètres au nord-ouest de Mogadiscio.
13
John Sawers, ambassadeur de Grande-Bretagne à l’ONU, lors de la réunion du Conseil de sécurité consacrée à
la Somalie.
14
José Manuel Baroso, président de la Commission Européenne.
7
4
Plongé dans le chaos depuis la chute de la dictature en 1991, ce pays sans État est aujourd'hui
écartelé entre régions autonomes auto-proclamées et fiefs claniques que se disputent
djihadistes radicaux et islamistes « modérés » qui dirigent actuellement le gouvernement
fédéral de transition. Alors que sur le plan politique, des dissensions persistantes entre le
président, Abdullahi Yussuf Ahmed, élu le 14 octobre 2004 (Prunier, 2000) et le Premier
ministre, Nur Hassan Hussein15, du Gouvernement Fédéral de Transition (TFG), paralysent
l'activité gouvernementale et du Parlement. Le précédent gouvernement par intérim miné par
des querelles intestines, obligea en aout 2006, au Premier ministre Ali Mohamed Gedi à
présenter un cabinet réduit. Le Premier ministre Ali Mohamed Gedi fini par démissionner. Ce
qui maintien le pays dans un climat de suspicion et de tension permanente et dans une
impasse. Le président était devenu impopulaire dans son pays et très contesté par la
communauté internationale, notamment les États-Unis, l’Union Européenne et les pays
africains voisins, qui l’accusaient de bloquer le processus de paix engagé sous l’égide de
l’ONU16. Il a fini par démissionner en décembre 2008. Ce qui a conduit à l’élection d’un
islamiste modéré, cheikh Charif Ahmed comme nouveau président intérimaire, en janvier
2009. Ce dernier est visé par un attentat au mortier tiré sur le palais présidentiel, en février
2009, peu de temps après son retour à Mogadiscio après al conférence de Djibouti. Dans le
contexte géopolitique régional, l’Éthiopie accuse ouvertement son voisin, l'Érythrée, de
soutenir les extrémistes somaliens, donc d’être responsable de la piraterie dans la région17.
Toutefois, s’il existe des soupçons sur d’éventuels liens entre terroristes et pirates, cependant
aucune preuve concrète n’est, à ce jour, établie.
II - La Corne de l’Afrique minée par des actes de piraterie
Sur plan mondial, en 2008, on a recensé officiellement environ 305 actes de piraterie et de
brigandage maritimes. Toutefois, ces chiffres sont loin de refléter la réalité, car on estime que
plus de 30 % des attaques ne sont jamais déclarées de peur d’accroitre leurs primes
d’assurance. Le Bureau Maritime International (BIM), basé à Kuala Lumpur en Malaisie,
évalue à plus de 4 000 actes de piraterie dans le monde perpétrés ces 20 dernières années
contre des navires marchands. Organisés en bandes puissamment armés et dotés de matériel
sophistiqué, les pirates sévissent essentiellement sur les autoroutes maritimes du commerce
planétaire par où circulent 97 % des marchandises et 60 % des produits pétroliers. Les zones
les plus dangereuses se situent dans les régions d'Asie du Sud et du Sud-Est (mer de Chine
méridionale, côtes indiennes et détroit de Malacca, entre la Malaisie et l'île indonésienne de
Sumatra, à la sortie de Singapour, vers l'Orient), le long des côtes de l'Amérique du Sud, des
Caraïbes, dans le golfe d'Aden et la mer Rouge et niveau du golfe de Guinée autour du
Nigeria (Kane et Martin, 2005) (Carte 1).
Ce dernier avait remplacé au poste de premier ministre Ali Mohamed Gedi.
Dans la résolution 1814 du Conseil de sécurité adoptée le 15 mai 2008, l’ONU demandait aux pays membres
d’accroître l’appui nécessaire aux institutions fédérales de transition dans le but d’élaborer une constitution et
d’organiser un référendum constitutionnel et des élections libres et démocratiques en 2009.
17
Les deux pays entretiennent des relations très tendues depuis l’indépendant de l’Érythrée le 24 mai 1993, sont
en guerre ouverte depuis 1998 et 2000 et s'accusent mutuellement de maintenir le chaos en Somalie.
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16
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Jusqu’en 2004, les zones les plus touchées par ce phénomène se trouvaient en Asie du sud-est,
au large de l’Indonésie et de Sumatra (Carte 1), mais rompus au métier des armes par plus
d’une décennie de guerre civile, et prêts à tout, les pirates somaliens ont très vite battu tous les
records (Brisard, 2006). Les actes de piraterie au large des côtes somaliennes ont plus que
doublé en 2008 par rapport à 2007. La Corne de l'Afrique, zone stratégique qui ouvre la voie
vers le Canal de Suez et le golfe persique est considéré comme l'un des couloirs maritimes le
plus dangereux à cause de la piraterie, dont la Somalie, pays en décomposition avancée, est
devenue le réceptacle. D’anciens pêcheurs et les jeunes sans emploi en déperdition se sont
lancés dans cette activité « lucratif » déstabilisant ainsi, le trafic maritime dans l’une des
régions les plus fréquentées au monde. Si jusqu’en 2004, la Corne de l’Afrique était
marginalement touchée par ce phénomène, mais rompus au métier des armes par près de deux
décennies de guerre civile, et prêts à tout, les pirates somaliens ont très vite battu tous les
records (Brisard, 2006). Ces derniers se partagent la zone en trois secteurs : le golfe d'Aden, le
large du petit port d'Eyl, autour de la pointe de « la Corne » et l'Océan Indien. La zone la plus
exposée est celle située au large de la ville de Bossaso, au nord de la Somalie. Selon le BMI,
six attaques ou tentatives d’attaque sur dix ont lieu là (Carte 2).
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Parmi les groupes les plus actifs, il y a « le Somali Marines » (Maries Somalienne) ou les «
Defenders of Somali Territorial Waters » (les Défenseurs des Eaux Territoriales Somaliennes)
régionaux dirigées par Abdullahi Yusuf Ahmed, qui opèrent dans la zone d'Haradhere et les «
Mejertein » près du village côtier d'Eyl dans la province semi-autonome du Puntland, au nord
de la Somalie (Carte 2). Le premier groupe est dirigé par un chef de guerre local, Abdi
Mohmed Afweyne. Il a été très actif entre 2005 et 2006, n'hésitant pas à détourner même les
navires d'aide alimentaire affrété par le Programme Alimentaire Mondial (PAM). Quant au
second, il est sous la protection de dignitaires du « Somali Salvation Democratic Front »
(SSDF), notamment du sous-clan des Osman Mohmoud. Ces groupes appartiennent à des
réseaux bien structurés, outre les spécialistes de l’abordage en mer, il y a les spécialistes du
convoyage, les gardiens des prises, les receleurs et enfin les commanditaires qui recrutent,
négocient les rançons et achètent les armes. Pour les responsables de ces différents groupes,
ces opérations se justifient parce que les navires étrangers violent les eaux territoriales
somaliennes. Les autorités du Puntland n'ont jamais agi efficacement contre ces groupes.
Seules les milices des tribunaux islamiques, avaient réussi à les chasser d'Haradhere en juin
2006. Ainsi, la tendance va en s’amplifiant.
En 2008, les pirates somaliens ont arraisonné plus de 130 navires dans la région, soit une
augmentation de 200 % par rapport à 2007, selon le BMI18. De la piraterie locale et artisanale,
on est passé, en espace de quelques années, à une véritable industrie de la raquette. Dans les
années 1990, les pirates somaliens qui faisaient de la contrebande et s’attaquaient à des
bateaux de tourisme, utilisaient de petites embarcations de pêche en bois et réclamaient des
rançons dérisoires, notamment des montres et de l’argent trouvé sur les bateaux. La tendance
À tel point que même le « rail », point de passage des pétroliers et autres grands navires marchands dans le
golfe d’Aden, n'était plus à l'abri, malgré la présence des forces de la coalition antiterrorisme, le CJTF-150.
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a considérablement évoluée. Désormais, ils manifestent des ambitions de plus en plus
grandes, ciblent des bateaux commerciaux et des navires de croisières et réclament des
rançons de plus en plus importantes. Or, ces derniers qui transitent par la région, naviguent à
vitesse réduite (8-15 nœuds), à cause de la surcharge de cette autoroute maritime, alors que
les bateaux des pirates atteignent facilement, les 40 nœuds19.
Avec le temps, les pirates somaliens deviennent de plus en plus agressifs et de plus en plus
audacieux. Ainsi, les 3700 kilomètres du littoral somalien sont devenus infréquentables. Dans
des boutres ou des vaisseaux détournés servant de « bateau-mère », ils camouflent leurs
puissants hors-bords (fast boats) sous des bâches. Drogués au khat (herbe enivrante qu’ils
mâchent) et équipés de kalachnikovs et de lances raquettes RPG-7, ils attaquent par surprise.
Également, équipés de radios, de radars, de GPS et parfois même de l’AIS (Automatic
Indentification System) qui permet d’identifier à distance les navires, leur positionnement,
leur vitesse, la route et la destination, ils peuvent attaquer et se replier rapidement dans un
port somalien sans grandes difficultés. Ainsi, mieux équipés, ils n’hésitent plus à attaquer à
des centaines de kilomètres de leurs bases, navires de plaisance comme chalutiers, comme ce
fut le cas de la tentative d'abordage, en début septembre 2008, du thonier français le Drennec,
à 750 km au sud des côtes somaliennes. En outre, ils auraient des complices dans plusieurs
ports d’Afrique de l’Est qui les informent des mouvements des navires. Car avec la pauvreté,
tout s'achète ici, y compris un capitaine de port (Brisard, 2006). C’est comme ça qu’ils ont pu
détourner en 2005 un navire affrété par le PAM qui venait de décharger ses 850 tonnes de riz
pour les victimes somaliennes du tsunami de décembre 2004. Deux autres navires du PAM
ont été arraisonnés la même année. Ce qui obligea les convois humanitaires à passer par la
route avec toutes les complications que cela comporte. La multiplication des incidents en
2005, a eu des conséquences importantes sur les pays riverains comme le Kenya (Brisard,
2006).
L'attaque du Drennec marque une nouvelle gradation dans l’escalade de la violence. Mais
surtout, c’est l’arraisonnement, le jeudi 26 septembre 2008, d’un navire Ukrainien au large
des côtes somaliennes, avec à son bord une importante cargaison d’armes, qui a fait monter la
tension d’un cran. Ce navire qui se dirigeait vers le port kenyan de Mombasa, a été détourné
vers le port d'Haradheere, à 500 km au nord de Mogadiscio. Compte tenu de son chargement
particulier20, les pirates avaient réclamé, dans un premier temps, une rançon de 25 millions de
dollars, soit environ dix fois le montant habituellement demandé. Cet incident intervient
moins d'une semaine après la seconde opération commando de l’armée française pour libérer
les otages du Carré d’As après celle du Ponant en avril21. Dans ce prolongement, en minovembre, les pirates somaliens s’emparent d'un supertanker saoudien, le Sirius Star à plus de
800 km des côtes somaliennes transportant l'équivalent de 2 millions de barils de brut, soit
une valeur marchande estimée à 100 millions de dollars. Comme le Drennec, ce navire a été
arraisonné plus au sud, au large de la Tanzanie puis ramené, avec ses 25 membres d'équipage,
vers le port d'Eyl. En quelques jours, des dizaines de miliciens armés avaient répondu à
l’appel des pirates pour protéger leur prise contre toute intervention étrangère dans la zone
d'Haradhere. Pour libérer le navire, le royaume Wahhabite avait sollicité les Shebabb, les
Le commandant Shojaa al-Mahdi, directeur général des opérations de l’Autorité des garde-côtes au Yémen, sur
France24, mardi 25 novembre 2008.
20
33 chars de conception soviétique, T-72, 150 lance-roquettes, des batteries antiaériennes, environ 14 000
munitions et des blindés de transport de troupes.
21
Dans la première opération, les militaires français avaient poursuivi les pirates dans leur fuite jusqu'en territoire
somalien pour les arrêter et récupérer une partie de la rançon payée.
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miliciens islamistes, pour intercéder auprès des pirates. Ces derniers considéraient que
détourner un navire saoudien est un crime grave22.
Mais les actes de piraterie dans le golfe d’Aden ne se limitent pas seulement aux yachts de
luxe et aux supertankers. Les pirates somaliens s'en prennent aussi aux petits pêcheurs
yéménites qui en souffrent beaucoup. Ainsi, en 2008 ils auraient faits 120 attaques contre des
navires marchands et amassé environ 120 millions dollars, selon l'envoyé spécial de l'ONU
pour la Somalie, Ahmedou Ould Abdallah, constitués par les rançons payées en échange de la
libération des navires et de leurs équipages. Une partie de cette somme est recyclée dans le
financement de la guerre civile. Ainsi, la vague sans précédent d’actes de piraterie a conduit à
une mobilisation sans précédente de la communauté internationale pour combattre le
phénomène en déployant plusieurs navires de guerre dans le golfe d'Aden et dans le détroit de
Bab al Mandeb, voie d'entrée vers le canal de Suez, par où transitent chaque année, 20 000
navires (Kane et Martin, 2005), et 30 % du pétrole brut mondial.
III - Une coalition internationale contre la piraterie : quelle efficacité ?
III. 1. Le dispositif juridique
Il s’agit de mettre en évidence l’ensemble des normes mise en place pour la répression de ce
fléau tant sur le plan international que et leur adaptation face à l’évolution technique et
géographique du phénomène. Le droit de la mer, ensemble des règles qui organisent le statut
juridique de la mer, constitue, à côté du droit de l’espace aérien et de l’espace extra
atmosphérique, le droit international de espaces. Il opère une distinction entre les zones
maritimes sous juridiction d’un Etat côtier23 et ceux ne pouvant faire l’objet d’aucune
appropriation nationale24. Par ailleurs, certains auteurs comme Langavant25 font une
distinction entre selon une approche de qui fait une nuance entre les notions de droit de la mer
et de droit maritime26,
ce qui nous permet de distinguer le pirate de l’insurgé, car ce dernier peut être amené à
commettre des faits de violence contre un navire dans le cadre d’une insurrection qui
constitue alors un fait politique qui comme tel n’est pas de la piraterie27. Pellet et Daillier28
après avoir reproduit la définition de la piraterie donnée par les conventions de 1958 et 1982,
et les différentes caractéristiques permettant de mieux saisir la notion même de piraterie,
notent juste qu’en matière de répression du phénomène, la compétence est accordée à l’Etat
capteur en haute mer. Ce qui constitue une exception totale à la compétence exclusive de
l’Etat du pavillon sur son navire en haute mer
Le Sirius Star a été relâché le 09 janvier 2009 après versement d’une rançon de 3 millions de dollars.
La mer territoriale, la Zone Contiguë, le Plateau Continental et la zone économique exclusive.
24
La Haute mer et zone internationale des fonds marins.
25
Langavant E, Droit de la mer tome 2 : le cadre institutionnel, le milieu marin (océanologie et pollution) éd
CUJAS, Paris 1979
26
« Il importe de préciser clairement ce qu’on entend par Droit de la Mer, celui-ci fait exclusivement partie du
Droit International Public c’est-à-dire qu’il se limite aux droits et obligations que les Etats possèdent sur la mer
et les océans (…) le droit maritime ne relève que d’une conception différente ; il ne se consacre qu’au droit privé
de la mer, c’est-à-dire aux rapports des armateurs, des transporteurs, des assureurs maritimes… » ibidem, p. 11
27
Tel que ce fut le cas dans l’affaire du Santa Maria encore appelée affaire Galvao en 1961 ou encore dans
l’affaire de l’Achille Lauro en 1985.
28
Pellet A. et Daillier P., op. cit.
22
23
9
Le capitaine Liche Marine29 s’emploie quant à lui à une analyse du phénomène qui se veut
plus actuelle, de ses évolutions, et procède à une énumération des foyers régionaux de la
piraterie. Il souligne par ailleurs le risque d’une coopération entre les pirates et les terroristes
car, estime-t-il « en vertu de la réduction de la vulnérabilité des cibles terrestres et aériennes,
suite aux diverses mesures prises après le 11 septembre 2001, les terroristes pourraient
maintenant se tourner vers des cibles maritimes. ». Il évalue également la pertinence des
mesures actuelles et souligne que le premier succès remporté en ce sens a été la création du
« Piracy reporting Center »30à Kuala Lumpur qui deviendra le Bureau Maritime International
(BIM), et achève son étude avec certaines propositions afin de parvenir à une lutte plus
efficace contre la piraterie.
Enfin, Isabelle Cordonnier31 en faisant une étude sur les effets néfastes et l’ampleur de la
piraterie dans la région du sud-est asiatique note que bien qu’étant une activité pluriséculaire,
la piraterie fait l’objet d’une législation récente mais aux effets limités notamment par la
définition restrictive qu’en donne le droit international dans ses conventions. Elle précise
entre autre que « la piraterie est le fait d’acteurs non étatiques contre des acteurs non étatiques
» et exclut ainsi la responsabilité des Etats dans ces activités même si parfois ceux-ci sont
perpétrés par ses agents32. Toutefois, ces actes ne peuvent laisser les acteurs étatiques
indifférents au vu des effets majeurs qu’il cause à la prospérité économique, à la sécurité et à
la souveraineté des Etats. Tout en mentionnant comme le capitaine Liche Marine l’importance
de la création du centre anti-piraterie, elle détermine certains obstacles à la lutte efficace
contre la piraterie, dont le plus poignant reste la prégnance du principe de non ingérence dans
les affaires internes des pays de cette région. Elle conclut son étude sur le constat selon lequel
la piraterie comme d’autres activités illicites internationales se développe dans les régions où
persiste une appréhension rigide des notions de souveraineté et d’indépendance.
Sans remettre en cause les idées de ces différents auteurs, ni nier l’importance de leur apport
dans la compréhension et l’effort de résolution du problème, notre étude tout en s’inspirant
des précédentes approches, visera à analyser la pertinence et la portée des différentes mesures
(normatives et institutionnelles) mises en œuvre dans la répression de la piraterie. Elle
s’arrimera de ce fait à l’évolution du phénomène présentée par l’actualité et les statistiques
alarmantes et s’interrogera, dans une optique d’appréciation sur la question des difficultés
liées à l’application de ces mesures et à la réalisation de leur finalité. De ce fait notre travail
s’inscrira dans une perspective non pas régionale mais beaucoup plus globale de résolution du
problème que pose la notion de piraterie.
En effet, le droit maritime international est strict et précis. La piraterie ne concerne que les
attaques en haute mer ou dans un lieu ne relevant de la juridiction d’aucun État. En eaux
territoriales, on parle de brigandage. Par cette disposition, il est interdit de pénétrer dans les
eaux territoriales (12 milles nautiques, soit 22,224 km) d’un État sans son autorisation, même
pour porter secours à un navire en détresse (Terroir et al, 2005). Ainsi, pour disposer de la
capacité de poursuivre les pirates somaliens, il fallait alors recevoir le feu vert de l’État
somalien. Or, la Somalie n’a plus d’État normal depuis 1991. C’est ainsi que la résolution
1816 du Conseil de sécurité de l'ONU du 2 juin 2008, proposé par la France, ouvre la voie à la
chasse aux pirates au large des côtes somaliennes. La résolution 1814 du Conseil de Sécurité
(mai 2008) est venue pérenniser, ce dispositif à vocation humanitaire. Dans ce prolongement,
Pellet A. et Daillier P., op. cit.
Centre anti-piraterie
31
Pellet A. et Daillier P., op. cit.
32
Comme c’est fréquemment le cas avec les militaires chinois, indonésiens et philippins.
29
30
10
le 3 décembre 2008, le Conseil de sécurité adopte une nouvelle résolution (1846) dont le
principal objet est de prolonger d'un an la résolution 1816. À travers ce nouveau texte, le
Conseil de Sécurité lance encore un appel à la mobilisation internationale pour lutter contre la
piraterie et protéger le trafic maritime au large de la Somalie. Ensuite, la résolution 1846
exhorte tous les États qui ne l'ont pas encore fait, à rejoindre la Convention SUA de 1988 sur
la répression des actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime (Suppression of
Unlawful Acts against the safety of maritime navigation). Enfin, par la résolution 1851, le
Conseil de sécurité renforce les possibilités de poursuivre les pirates en territoire somalien,
sans toutefois, aller jusqu'à permettre les bombardements aériens. Il autorise les États engagés
dans la lutte contre la piraterie maritime à « prendre toutes les mesures nécessaires en Somalie
pour empêcher d'agir ceux qui utilisent son territoire pour préparer, faciliter ou entreprendre
des actes de piraterie en mer ». Ce texte co-parrainé par la France, la Grèce, le Liberia, la
Belgique et la Corée du Sud, est le cinquième document adopté par le Conseil pour tenter de
combattre la piraterie au large des côtes somaliennes.
III. 2. Le dispositif militaire
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la Corne de l’Afrique est devenue une
préoccupation majeure pour Washington et leurs alliés dans la « guerre mondiale contre le
terrorisme ». En effet, depuis les attentats, en 2000, contre un bâtiment de l'US Navy, le
destroyer USS-Cole dans la rade d'Aden, en face de Djibouti au cours duquel, dix-sept
militaires ont trouvé la mort et contre le pétrolier français, le Limburg, le 6 octobre 2002, la
région attire de plus en l’attention. Ainsi, depuis octobre 2002, cette région accueille la
coalition internationale de lutte contre le terrorisme : la Combined Joint Task Force-Horn of
Africa (CJTF-150-HOA), constituée par six pays : États-Unis, Grande Bretagne, Espagne,
Canada, France et Allemagne. Cette armada patrouille dans le golfe d'Aden et le long des
côtes somaliennes et yéménites avec un mandat clair, lutter contre le terrorisme33.
La multiplication des actes de piraterie dans la région a conduit les compagnies d'assurances à
augmenter considérablement leurs tarifs34, ce qui fait que certains armateurs n’hésitent plus à
contourner le continent africain via le cap de Bonne-Espérance, pour éviter cette zone devenu
trop dangereuse pour le trafic maritime. Ce qui signifie perte de temps et d’argent. D’autres
par contre, préfèrent prendre le risque de rencontrer des pirates que de faire ce détour.
Toutefois, d’autres viennent pêcher dans ces eaux particulièrement riches en poissons. C’est
le cas notamment de navires sud-coréens, chinois, japonais, mais aussi français et espagnols35.
Ainsi, de gros chalutiers ramassent, en toute illégalité, des tonnes de thon, de requins et autres
pélagiques, avec souvent la complicité de sociétés « bidons » contrôlées par des Somaliens
basés en Malaisie ou en Thaïlande (Brisard, 2006). Ces dernières vendent des licences de
pêche pour deux mois à 9000 de dollars. Les eaux somaliennes sont particulièrement riches en
thonidés. Les thoniers-senneurs européens exploitent cette zone de l'océan Indien à partir de
la base-arrière de Mahé aux Seychelles où sont installées les conserveries de thon. Selon un
rapport de la FAO en 2005, près de 700 navires étrangers pêchaient illégalement dans les eaux
somaliennes. Avec une façade maritime de plus de 3000 km, la Somalie est incapable de
Ce dispositif aéronaval visait à empêcher toute infiltration d'éléments du réseau Al-Qaïda fuyant les combats en
Afghanistan et qui tentent de s’exfiltrer vers les pays de la Corne de l’Afrique en portant une surveillance active
des espaces aériens, maritimes et terrestres de six pays de la Corne : l’Érythrée, l’Éthiopie, le Soudan, Djibouti,
le Kenya, et la Somalie) et un pays du Moyen-Orient, le Yémen.
34
En effet, depuis l'attentat contre le Limburg, les primes d'assurance des navires transitant par la région ont été
multipliées par 5.
35
Cette zone fréquentée par une vingtaine de thoniers français et une trentaine d'Espagnols.
33
11
protéger ses ressources halieutiques sans marine militaire. On estime que cette pêche illégale
fait perdre environ 300 millions de dollars chaque année, à la Somalie36. C’est cette
« concurrence déloyale » des bateaux de pêche occidentaux que certains jeunes dénoncent,
anciens pêcheurs en s’engageant dans cette pratique.
Avec une Somalie sans gouvernement normal, donc sans marine militaire, n’importe qui peut
venir pêcher dans ses eaux en toute impunité. Certaines de ces organisations sont très
sophistiquées et bien organisées. En effet, elles fonctionnent comme de véritables entreprises,
loin de tout opportunisme et bénéficient du soutien de membres de la communauté
somalienne installée à Dubaï et à Nairobi, Mombasa ou Karachi. Elles ont leur propre réseau
de blanchiment d’argent en faisant au hawala, un système bancaire islamique. Certains
établissent le lien entre le boom de l’immobilier à Nairobi au kenyan due notamment aux
investissements de la diaspora somalienne, ces trois dernières années avec le développement
de la piraterie et du trafic d’armes dans la Corne de l’Afrique37. C’est pour lutter contre ce
« pillage » qu’une partie des jeunes somaliens, notamment d’anciens pêcheurs, qui se sentent
dépouillés de leur patrimoine, ont décidé d’agir en pratiquant cette activité. Dans cette
optique, une organisation somalienne basée aux États-Unis, le « Somali Justice Advocacy
Center » (SJAC), avertissait en septembre, que toute opération internationale en territoire
somalien sans l’aval préalable du gouvernement de transition somalien, serait « illégal et
contraire au droit international ».
Dans sa décomposition, la région du Somaliland au nord, s’est autoproclamée indépendante
en mai 1991, six mois après la chute de Siad Barré, suivie par le Puntland, à l’est sur « la
Corne » en 1998 (Carte 1), alors que le reste du pays est plongé dans une anarchie
indescriptible. Comme solution à cette situation lancinante, certains navires n'hésitent plus à
embarquer des armes ou à naviguer sous d’autres paillions, d’autres préférèrent se faire
escortés par des bâtiments militaires jusqu’à la sortie du golfe d'Aden. Par ailleurs, si certaines
sociétés privées de sécurité, comme Secure-Marine, propose d’équiper les navires de barrières
électrifiées pour dissuader les pirates de toute tentative d’abordage, d’autres comme Aegis
Defense Services, ArmorGroup, Asia Risk Solutions, Blackwater, Hart Security, Anti Piracy
Maritime Security Services, ou encore la société de Sécurité maritime de Secopex, constituées
par d’anciens militaires d’élites, d’agents de sécurité ou anciens marins proposent désormais
des services d’escorte aux navires contre les pirates dans le golfe d’Aden.
C’est dans ce contexte que les autorités françaises avaient appelé à une mobilisation
internationale pour lutter contre ce phénomène en mettant en place une « police des mers sous
mandat de l'ONU ». Dès le 26 août, des navires de la coalition internationale contre le
terrorisme patrouillaient dans une partie du golfe d'Aden à la chasse de pirates potentiels38.
Ensuite, en réponse à une demande de l'ONU, l'OTAN envoie dans la zone, en fin octobre
2008, une flotte de quatre navires de guerre (italienne, grecque, britannique et turque) dont la
mission est d’escorter les convois du PAM et de protéger les navires marchands transitant par
la région. Dès novembre 2007, la France a lancé « l’opération Alcyon » visant à escorter les
convois humanitaires du PAM, et à sécuriser l’aide humanitaire à destination de la Somalie.
L'Union Européenne (l'UE), se basant sur la résolution 1838 datée du 7 octobre 2008, prend
par la suite, le relais de la force de l’OTAN 39. Ce texte proposé par la France et les États-Unis,
va un peu plus loin que le texte voté en juin, car il autorise la création d’une force navale
http://aquaculture-aquablog.blogspot.com/2008/12/pche-illgale-pauvret-des-pcheurs-et.html
Programme d’assistance aux navigateurs en Afrique de l’Est (East African Seafarers’ Assistance Programme)
basé au Kenya.
38
Le Commodore Bob Davidson des forces canadiennes, qui commandait en ce moment les forces de la CJTF150, supervisait cette opération aéronavale multinationale.
36
37
12
internationale au large de la Somalie. Cette opération annoncée le 10 novembre, est effective
sur le terrain depuis le 8 décembre 200840. Avec une flotte de six navires et trois avions, la
force de l’Union Européenne baptisée « Eunavfor Atalanta »41, dont le mandat est de lutter
contre la piraterie au large de la Somalie, patrouille dans les eaux du golfe d’Aden. Cette
opération est dirigée depuis la Grande-Bretagne par le vice-amiral Phil Jones, à la tête d'un
état-major interalliés de 80 officiers, basés au QG de Northwood, au nord de Londres. À la
mer, la flotte est placée sous le commandement d'un amiral grec, et Djibouti sert de point
d'appui logistique.
Par ailleurs, face à la recrudescence des attaques, de nombreux pays comme, la Chine, l’Inde
et la Russie ont dépêché des navires de guerre dans la zone42. Même l’Allemagne et le Japon
ont élargi les compétences de leur armée pour pouvoir intervenir militairement dans le secteur
contre les pirates. Pour contourner ce dispositif, les pirates s'aventurent de plus en plus
profondément dans l'Océan Indien, alors que les moyens aéronavals déployés semblent
insuffisants pour faire face au phénomène. En effet, la présence massive de bâtiments guerre
dans les eaux du golfe d'Aden ne semble pas avoir d’effet sur la détermination des pirates
somaliens. Car, malgré toute cette armada, les attaques ont décuplé au cours du premier
trimestre 2009 par rapport à la même période de 2008, passant de 6 à 61, selon le BMI. Il est à
craindre qu’une concentration excessive de navires militaires dans le golfe d'Aden ne
favoriser une réorganisent des pirates pour lancer des attaques dans d'autres secteurs moins
surveillés, notamment vers le détroit du Mozambique. Le détournement du Sirius Star, au
sud-est du Kenya et l'attaque du thonier français le Drennec, au larges des Seychelles (Waber
et Guisnel, 2008), démontrent bien que les pirates somaliens disposent d'un rayon d'action
beaucoup plus large que ce que l’on ne pense. On voit déjà que l’activité des pirates s’éloigne
du golfe d’Aden pour aller vers plus au sud, dans l’océan Indien, où les incidents sont
aujourd’hui en augmentation. Les réactions internationales contre la piraterie somalienne ne
risquent-elles pas de rendre les pirates de plus en plus dangereux? En effet, depuis le raid
lancé par l’armée francaise en avril 2008 pour libérer les otages du Ponant, qui s’est traduit
par la capture de six pirates, certains chefs pirates ont ordonné à leurs hommes de tuer tout
Européen capturé si leurs camarades n’étaient pas libérés. Pour certains, le moyen le plus
simple pour protéger les cargos des pirates serait de créer un corridor militaire. Au niveau
régional, le Yémen a décidé de mobiliser 1000 soldats et déployer 16 vaisseaux militaires sur
ses côtes. En outre, elles ont prévu de créer trois centres régionaux de lutte contre la piraterie
à Hodeida, Aden et Mukkala. Dans cet ordre d’idées, le Yémen a lancé un appel aux pays
riverains du golfe d’Aden, pour la mise sur pieds d'un centre régional d'échange
d'informations pour lutter efficacement contre le phénomène.
Les pirates arrêtés suite aux interventions, en début avril 2009, de l’armée française et
américaine pour libérer respectivement les otages du Tanit et du Maestrik Alabama ont été
mis en examen en France et aux États-Unis pour « détournement de navire, séquestration et
détention arbitraire en bande organisée ». Ils risquent la réclusion criminelle à perpétuité.
Douze autres sont détenus dans des prisons françaises après les prises d'otages sur le Ponant
En aout 2008, l’US Naval Central Command demande la mise en place d’une Maritime Security Patrol Area
(MSPA) dans le golfe d’Aden.
40
L’Espagne et la France ont eu un rôle moteur à cet égard, en proposant une initiative à leurs partenaires dès le
Sommet bilatéral de Saragosse du 27 juin 2008. Le 15 septembre 2008, à l’initiative de la France et de
l’Espagne, le Conseil européen décide la création d’une cellule de coordination de lutte contre la piraterie
maritime dans le golfe d’Aden.
41
Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède.
42
En novembre 2008, la marine indienne a détruit un des « bateaux-mère » des pirates somaliens lancent leurs
vedettes à l'abordage des bateaux naviguant au large de la Somalie.
39
13
et le Carré d'As, en attente de leur jugement 43. Auparavant, les pirates capturés par plusieurs
pays étaient libérés après quelques jours, faute d’avoir les mécanismes juridiques nécessaires
pour statuer sur des cas de piraterie. En effet, si la piraterie est l’un des plus vieux crimes du
droit international, donc en théorie, tous les États sont compétents pour poursuivre les auteurs,
cependant la question embarrasse les forces internationales qui patrouillent dans le golfe
d’Aden et l’océan Indien. Où ? Comment ? Et par qui doivent-ils être jugés ? C’est pour
surmonter cet obstacle qu’en mars 2009, l’Union Européenne signait un protocole d'accord
avec le Kenya pour permettre, en cas d'arrestation de pirates au large des côtes somaliennes,
dans le cadre de l’opération « Atalante » de les remettre aux autorités kényanes pour les juger.
Par ailleurs, le Groupe de Contact International sur la Piraterie (GCIP), mis en place par
l’ONU, devrait élaborer des propositions dans ce sens.
Néanmoins, en novembre 2008, le Pentagone reconnaissait qu’une approche militaire ne
constitue en aucun cas une réponse adéquate face à la recrudescence des actes de piraterie
dans la Corne de l'Afrique44. Pour le département américain de la Défense, pour venir à bout
de la piraterie au large de la Somalie, la stratégie devra être basée sur une approche globale
incluant notamment le développement socio-économique du pays. Dana cette même ordre
d’idées, selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Saltanov, les méthodes
militaires ne permettent pas à elles seules de combattre la piraterie au large des côtes
somaliennes. Pour cela « le temps est venu d'envisager et d'autoriser une opération de
maintien de la paix de l'ONU, la prévention est essentielle dans cette question »45. La
stabilisation politique du pays n’est-elle pas la solution incontournable, car la piraterie n’est
que le symptôme d’une déliquescence ?46 Également, la piraterie ne pourrait-elle pas être
efficacement vaincue que si, elle est traitée par le pays à partir duquel les pirates opèrent ? Les
actions doivent-elles seulement se dérouler en mer ? En 2008, la communauté internationale a
fourni 9 milliards de dollars d'aide au développement à l'Irak, 4 milliards à l'Afghanistan. A la
Somalie ? 400 millions47.
Conclusion
La Somalie, pays entré en décrépitude depuis plusieurs années, est au centre d’une piraterie
agressive venue se greffer à un chapelet de maux qui gangrènent le pays. Bien armés, bien
entraînés et aguerrie aux méthodes de l'abordage en haute mer, en espace de quelques années,
les pirates somaliens ont transformé le golfe d’Aden, en une zone de non-droit rançonnant
sans distinction, navires de luxe, tankers et petits pêcheurs. Une partie de la masse d’argent
récoltée est recyclée dans l’achat d’armes, plaçant le pays dans un cercle vicieux qui ne
pourra être brisé qu'à la seule condition de trouver une solution globale à la question
somalienne dans son ensemble, notamment par le retour d'un État de droit. En effet, malgré
les différentes résolutions des Nations unies sur la question et qui débouchèrent sur
l’impressionnant dispositif aéronaval, les pirates somaliens continuent d’écumer la région48.
Le 18 mai 2009, cinq pirates somaliens arrêtés par la marine hollandaise sont jugés par la Cour à Rotterdam.
Geoff Morrel, porte-parole du Pentagone, lors d'une conférence de presse, le 24 septembre 2008 : « vous
pouvez avoir toutes les marines du monde déployant tous leurs navires là-bas, cela ne résoudra jamais le
problème ».
45
Condoleezza Rice Secrétaire d'État américaine lors du vote de la résolution 1851 à l’ONU.
46
Telle était l’idée défendue par José Manuel Baroso, président de la Commission Européenne, lors de la
conférence des donateurs à Bruxelles le 23 avril 2009.
47
Backmann R., 2009, « Somalie : il n'y a pas que les pirates... », in Le Nouvel Observateur, nº2321
Semaine du jeudi 30 avril.
43
44
Depuis 1992, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté 14 résolutions sur la Somalie dont 5 concernent
spécialement la piraterie : 733 (1992), 1356 (2001), 1425 (2002), 1725 (2006), 1744 (2007), 1772 (2007), 1801
48
14
Ainsi, on ne doit plus « se contenter de solutions partielles », car « ceux qui commettent ces
délits partent de la terre ferme et nous devons commencer à combattre le problème sur la terre
ferme … Le rétablissement de la sécurité et de la paix en Somalie est le fondement de toute
solution au problème »49. C’est à terre qu'est la clef du problème. Or le gouvernement
somalien par intérim est impuissant face à ce phénomène. Confronté à une insurrection
islamiste après la décennie de guerre civile entre clans rivaux, il s’est signalé jusque-là, par
son incapacité à maîtriser la déliquescence du pays. L'absence totale d'État donne aux chefs de
guerre les coudées franches et encourage toutes les dérives criminelles. Dans ce contexte
anarchique, malgré l’espoir né avec la mise en place d’un gouvernement fédéral intérimaire,
au début des années 2000, la piraterie est venue se superposer au chapelet de maux qui
gangrènent le pays.
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49
Le président somalien Charif Cheikh Ahmed, lors de la conférence des donateurs à Bruxelles le 23 avril 2009.
15
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16

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