PATRIMOINE ARCHITECTURE SEMAINE

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PATRIMOINE ARCHITECTURE SEMAINE
Enseigner la question du patrimoine ?
Christian FRANCOIS
Architecte - Enseignant
La confrontation des architectures anciennes et contemporaines reste
responsables des lieux (élus, architectes, historiens, usagers…)
l’une des situations les plus constantes de la conception architecturale
permettant d’enrichir une conception architecturale ajustée à l’actualité
dans la pratique professionnelle.
des enjeux.
La semaine intensive dédiée au patrimoine est une initiation au projet
Ce premier travail, loin de se limiter à un simple constat objectif, est
d’architecture en situation concrète permettant de vivre pour un temps
une lecture critique qui interprète et révèle la réalité problématique et
cette expérience particulière.
complexe des projets. L’exercice de la semaine intensive patrimoine,
La connaissance de l’état existant dans une ville réelle de l’identité d’un
concentré dans un délai court, est un projet pédagogique qui mobilise
site et d’un édifice, de son paysage et de son histoire, de ses enjeux
toutes les qualités de créativité et de finesse du projet d’architecture
culturels, de sa réalité physique et sociologique, se traduira dans des
dans un contexte précis et dans un temps limité à celui d’une esquisse
relevés graphiques précis et dans une analyse préalable comme le
préliminaire issue d’une qualité de réflexion fondamentale, dont
modèle d’un premier moment du projet d’architecture en situation
l’évaluation contribue à l’intérêt des débats et démontre la validité des
d’existant.
questions du projet.
SEMAINE
ARCHITECTURE
ET
PATRIMOINE
REIMS
Cette lecture est accompagnée du dialogue avec la réalité des
interrogations et des questions des différents acteurs culturels
CHAMPAGNE-ARDENNE / 22 au 27 septembre 2014
Patrimoine et culture architecturale
Hélène VACHER
Professeure et Directrice scientifique du Laboratoire d’Histoire de l’Architecture Contemporaine
Dire que le patrimoine occupe une place prépondérante dans notre
culturels à l’évidence qui tissent notre relation avec le temps dans les
société tient du lieu commun. Considérer que le patrimoine bâti peut
significations que nous donnons au passé comme à l’avenir dans un
contribuer à l’édification contemporaine et au projet architectural
dialogue qu’il nous appartient de poursuivre dans l’action de bâtir, de
soulève davantage de questions qui, pour être déjà anciennes,
transformer et de créer. Choix qui sont informés par les savoirs sur les
constituent aujourd’hui un champ de débats et de questionnements
architectures savantes comme ceux sur les architectures «banales»
avec notamment pour axe la relation entre l’action architecturale ou
et «ordinaires» que les travaux dans différentes disciplines ne cessent
urbanistique et l’inertie, le déjà-là de l’existant.
d’enrichir. Ce dialogue qui porte la culture architecturale accompagne
Il n’y pas si longtemps encore, le patrimoine architectural était perçu
l’architecte dans la Cité, dans une action collective avec les élus, les
comme relevant d’un passé muséal, comme un frein, voire un obstacle
maitres d’ouvrage et les habitants et il nourrit tant une éthique du projet
à l’intervention des architectes, et partant, demeurait relégué dans
qu’un imaginaire du territoire à ses différentes échelles.
un ailleurs de l’architecture contemporaine qui prend en charge la
La Semaine Architecture et Patrimoine organisée par l’école depuis
transformation du cadre bâti que nos corps et nos imaginaires habitent.
2004 pour les étudiants en cycle de licence leur propose une telle
Nous savons, depuis Riegl au moins, que l’héritage du passé n’est pas
expérience dialogique in situ, en rencontrant une collectivité territoriale,
le passé, et que ses attributs de valeurs se déclinent et se négocient
avec l’opportunité d’observer, de reconnaître et de comprendre des
dans le présent de chaque génération, que le curseur des choix qui
lieux de projets dans une rencontre avec le patrimoine architectural,
s’opèrent ne cesse de se déplacer d’un temps à un autre. Choix
urbain et paysager.
www.nancy.archi.fr
2014 - 2015
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE NANCY
Direction régionale
des affaires culturelles
de Champagne-Ardenne
ENSarchitecture de Nancy / 2014 - 2015
Semaine
Architecture
et patrimoine
Reims
Contexte du projet
Mise en place pour la première fois en 2004, la semaine
architecture et patrimoine est un temps fort de l’école
nationale supérieure d’architecture de Nancy. Il s’agit d’une
semaine intensive d’enseignement autour du patrimoine bâti
et de la création architecturale. Depuis 2009 ce programme
d’enseignement des étudiants en 3ème année de Licence se
déroule en Champagne-Ardenne. Les villes de Sedan, Langres,
Troyes, Châlons-en-Champagne et Charleville-Mézières ont été
impliquées successivement dans ce projet.
Principe de la semaine intensive
La ville de Reims sera le terrain de réflexion de la prochaine
promotion des étudiants. Une centaine d’élèves nancéiens
découvriront la ville au mois de septembre 2014 durant une
journée de visite. Ils analyseront sa forme urbaine, son histoire,
ils observeront son architecture, ses paysages urbains et des
sites spécifiques en devenir.
Durant une semaine en atelier, ponctuée de conférences
(histoire de la notion de patrimoine, présentation de projet
par un architecte invité) ils se concentreront sur la ville, la
compréhension d’un site, une programmation, les esquisses d’un
projet architectural et urbain.
Une ville comme outil pédagogique de nouvelles perspectives
territoriales :
La ville devient un véritable laboratoire de recherche partagé
entre étudiants, enseignants, architectes et acteurs locaux
permettant de faire émerger de nouvelles contributions utiles au
territoire.
Aux étudiants, ce projet leur permet de se confronter à une
« commande » concrète sur les espaces urbains stratégiques.
Sur le plan politique, les travaux des étudiants offrent aux élus
de nouvelles réflexions sur des projets architecturaux et urbains
avec un regard neuf porté par des futurs professionnels.
Planing de la semaine
> lundi 22 septembre
Visite de Reims
et des sites choisis avec les étudiants
> mardi 23 au vendredi 26 septembre
Travail à l’école en atelier,
avec les enseignants H. Corset,
Ch. Hubert, J.P. Lemeunier et V. Thevenin
> Jeudi 25 septembre à 18H
Conférence de Hilde Daem
«le fil rouge»
> samedi 27 septembre, 9h
Présentation des travaux, à Nancy, en
présence des élus de Reims
→
Présentation de l’exposition «Futurs
architectes pour un patrimoine en
devenir» au Palais du Tau à Reims
Semaine Architecture et Patrimoine / Reims
La ville de Reims proposée comme site de projet pour la 11ème
promotion :
Dans le contexte du projet de candidature de Coteaux,
Maisons et Caves de Champagne au patrimoine mondial de
l’UNESCO, il est proposé aux étudiants de travailler autour
des trois biens UNESCO que possède la Ville. La cathédrale
Notre-Dame, le Palais du Tau et l’Abbaye Saint-Remi,
éléments fondateurs de la cité, apparaissent aujourd’hui
dans le tissu bâti comme des éléments isolés de son
fonctionnement. Leur identité puissante semble avoir figé leur
environnement.
Au travers de quatre sites retenus pour leurs enjeux
architecturaux, urbains et paysagers, il est proposé aux
étudiants d’apporter leur réflexion de futurs architectes sur
ces sites en devenir.
• Le Musée Saint-Remi
• L’Abbaye Saint-Remi : son parvis, l’occupation
urbaine du bas côté Sud
• La perspective monumentale de la Cathédrale
Notre-Dame : les espaces urbains autour du
musée des Beaux-Arts
• L’arrière du chevet de la Cathédrale NotreDame : la gare routière.
Ce patrimoine monumental doit pouvoir dépasser la stricte
perception qu’il offre actuellement pour s’inscrire dans la ville,
ses usages, son fonctionnement urbain.
L’étude portera donc sur les sites
eux-mêmes et leur liaison.
Méthodologie : Le travail proposé aux
étudiants se décline en quatre grandes
étapes :
• Observation, analyse, compréhension du
lieu et de l’architecture.
• Recherche de références, mise en place d’un
programme
• Construction des bases du projet
• Restitution sous forme orale devant un jury
participatif. (enseignants, architectes, élus)
Hilde Daem
The Robbrecht and Daem architecten agency was
founded in 1975 Paul Robbrecht en Hilde Daem and has
completed a diverse range of projects over a period of
more than 30 years.
The theme throughout their work is the relationship
that they maintain between their architectural designs
and the visual arts. They have also designed buildings
to be used for performing arts and music. Even the
scientific-technical designs they have made, such as the
laboratories, juxtapose the building with contemporary
art.
Robbrecht and Daem architecten’s architecture aims
to establish a very contemporary and humane position,
with their constructions making statements in a broad
cultural context of
science and art.
Robbrecht and Daem
architecten have
designed major
urban development and
landscaping projects such
as the urban integration of
the Oosterweelconnection
for the closing of the ring
around Antwerp.
Les sites :
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Basilique Saint-Remi : l’espace public
côté Sud
Contexte : L’inhumation de l’évêque de Reims, Remi en 533,
dans un oratoire à l’extérieur de la ville, suscite très rapidement
des pèlerinages compte-tenu de son aura. Au VIIIe siècle, un
monastère est créé. Les moines ont pour mission de veiller sur
le corps du Saint et sur le Saint-Chrême, utilisés lors des sacres
royaux. Au XIIIe siècle, face à l’affluence des pèlerins, la façade,
les deux premières travées et un choeur avec déambulatoire
sont élevés dans le style 1er gothique. Le rang d’abbaye royale
lui confère une place particulière et explique une reprise des
bâtiments au XVIIe siècle.
La Révolution a un impact durable sur tous les couvents rémois.
Saint-Remi, transformé en hôpital, est la seule abbaye conservée
en intégralité (bâtiments conventuels et cloître). Dans les années
1970, de grands travaux sont entrepris pour faire de ce lieu un
musée dont les collections s’articulent entre des collections à
caractère local et régional de la préhistoire à la Renaissance et une
section militaire. Autour de l’abbaye se développe un quartier.
Préservé durant la Première Guerre mondiale car non touché
par les bombardements, il est détruit dans les années 60, ce
qui fait qu’aujourd’hui Saint-Remi se retrouve isolé dans son
environnement urbain.
Enjeux :
- Préserver l’intégrité du site : Monument historique et bien
UNESCO, la Ville de Reims doit veiller à préserver l’intégrité
de ce site. L’aménagement actuel du parvis et de ses abords
côté Sud ne répondent pas à ces attentes.
- Agrandir l’aire touristique et patrimoniale de Reims :
Aujourd’hui, l’aire touristique rémoise est relativement
limitée, réduite autour de la cathédrale. L’objectif serait
d’agrandir cette aire, Saint-Remi est un site charnière car il
a sa propre pertinence et est en connexion avec la colline
Saint-Nicaise à proximité, en lice pour une nouvelle inscription au
patrimoine mondial de l’humanité.
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L’arrière du Chevet de la cathédrale :
la gare routière
Contexte : La cathédrale par son histoire cathédrale des sacres,
position particulière dans l’histoire du XXe siècle, vitraux de renom
et patrimoine UNESCO, est un véritable aimant. Le nombre de
visiteurs annuels est estimé entre 1 000000 à 1 000500. Pour
accueillir les bus qui amènent les groupes, une gare routière a
été aménagée à l’arrière de la rue Anatole France (chevet de la
cathédrale).
Enjeux : - Un site mieux intégré à l’espace urbain. Nécessité de
mieux intégrer le site à l’ensemble urbain. Endroit stratégique.
Première prise de connaissance de la ville et sentiment de
déshérence alors qu’on se situe quasiment à l’arrière du chevet
et à proximité de la poste Cérès, bâtiment protégé au titre des
monuments historiques.
- Mettre en place un accueil touristique de qualité. Nécessité
d’accueillir les visiteurs dans de bonnes conditions (toilettes,
espace de repos, boissons ou autres).
Axe UNESCO Cathédrale Notre-Dame
Basilique Saint-Remi
(site commun à l’ensemble des groupes)
Contexte : Axe stratégique reliant la cathédrale Notre-Dame de
Reims à la basilique Saint-Remi, le lien n’existe pas aujourd’hui.
Comment emmener les populations d’un site à autre ?
Enjeux : En 1991, 4 biens rémois (cathédrale Notre-Dame,
palais du Tau, basilique et église Saint-Remi) ont été inscrits sur
la liste du patrimoine mondial de l’humanité. Ils sont tous liés à
l’histoire de la royauté française qui fut un modèle en terme de
structuration politique au niveau européen. Comment cet axe par
son occupation, son usage, sa destination peut être le vecteur, le
lien entre les deux grandes entités fondatrices de la ville ?
Le musée Saint-Remi :
Enjeux : Révéler le patrimoine : Monument historique et bien
UNESCO, la Ville de Reims doit veiller à préserver l’intégrité de
ce site, notamment au niveau de l’aile nord, des étais ont été mis
en place pour éviter des affaissements, les murs extérieurs sont
extrêmement dégradés.
3 La perspective monumentale de la
Cathédrale Notre-Dame : les espaces
urbains autour du musée des Beaux-Arts
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Contexte : La présence d’une esplanade devant une cathédrale
semble aujourd’hui une évidence, alors que cette configuration
est relativement tardive. Au Moyen-Age, la cathédrale appartient
à un ensemble beaucoup plus important : le quartier cathédrale.
Des constructions sur le parvis même limitaient la vue. Il fallait
quasiment attendre d’être au pied de la cathédrale pour pouvoir
la contempler. Les destructions opérées sur le parvis puis le
percement de la rue Libergier ont complètement modifié la donne,
créant une perspective monumentale. La cathédrale représente
un chef-d’oeuvre du génie créateur humain.
Enjeux : Composer avec un environnement sans cohérence.
Retrouver la perspective sur la cathédrale depuis le trottoir. En
empruntant la rue Libergier, la perspective sur la cathédrale est
impressionnante. Seul bémol, l’aménagement de l’espace a été
conçu pour privilégier la vue depuis une voiture et non depuis le
trottoir, ce qui crée une grande frustration.
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