Theresa May, nouveau premier ministre britannique dès

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Theresa May, nouveau premier ministre britannique dès
Theresa May, nouveau premier ministre
britannique dès mercredi
Theresa May le 27 juin à Downing Street. – Crédits photo : LEON NEAL/AFP
Par Florentin Collomp
Le retrait de sa rivale Andrea Leadsom dans la course à la tête du Parti
conservateur ouvre la voie à l’entrée de la ministre de l’Intérieur Theresa
May à Downing Street dès mercredi.
Theresa May était à Birmingham lundi matin pour lancer sa campagne pour
l’élection du prochain chef du Parti conservateur, quand elle a appris
qu’elle s’apprêtait à devenir premier ministre britannique beaucoup plus vite
que prévu. Elle s’est aussitôt précipitée dans le premier train pour Londres.
L’histoire britannique a connu, ce lundi, l’une de ses accélérations dont
elle est devenue coutumière depuis le référendum sur le Brexit. La succession
de David Cameron, qui devait s’étaler pendant tout l’été par une élection
auprès des adhérents conservateurs, a pris fin avec le retrait soudain d’une
des deux candidates. Andrea Leadsom a abandonné la partie, trois jours
seulement après avoir été sélectionnée, ouvrant la voie au couronnement de sa
rivale, Theresa May. L’intronisation de la ministre de l’Intérieur comme
nouveau chef du Parti conservateur, avec «effet immédiat», était confirmée un
peu plus tard.
En conséquence, David Cameron, qui pensait avoir jusqu’au 9 septembre pour
faire ses cartons, annonçait dans l’après-midi qu’il remettra sa démission à
la reine mercredi, après un peu plus de six ans en poste et une ultime séance
de questions au chef du gouvernement au Parlement. Theresa May, 59 ans,
pourra alors être nommée dans la foulée premier ministre par la reine,
conformément à la Constitution.
Bien qu’elle n’ait pas fait campagne dans ce sens, Theresa May sera le
premier ministre du Brexit. Profondément divisé par le référendum sur
l’Europe, le Parti conservateur se regroupe – au moins en apparence –
derrière elle et cet objectif, dans un réflexe salvateur. La ministre de
l’Intérieur au sein du gouvernement sortant s’était prononcée pour le
maintien dans l’Union européenne, avant de se distinguer par sa discrétion
dans la campagne. Mais, forte de sa nouvelle responsabilité, elle martèle
désormais que «le Brexit signifie le Brexit». Une façon de rassurer les
tories qui ont voté à 60 % pour quitter l’Union. La nouvelle dirigeante
britannique embrasse cette nouvelle réalité, promet «d’en faire un succès» et
exclut toute tentative de revenir sur le vote des Britanniques. Les
«Brexiters» y veilleront.
C’est le message qu’a voulu faire passer Andrea Leadsom en présentant son
retrait au nom de l’intérêt national. «Les intérêts de notre pays seront
mieux défendus par la nomination sans attendre d’un premier ministre fort,
disposant d’un large soutien», a-t-elle expliqué. Theresa May «est idéalement
placée pour mettre en œuvre le Brexit dans les meilleures conditions
possible, elle a promis de le faire», rappelait-elle. La nouvelle femme forte
du Royaume-Uni risque de subir des pressions pour accélérer le mouvement.
Jusqu’à présent, elle avait prévu de ne pas invoquer l’article 50, qui
déclenche le processus, avant la fin de l’année, afin de laisser le temps au
Royaume-Uni de se préparer.
La candidature controversée d’Andrea Leadsom
En lâchant l’éponge, Andrea Leadsom épargne au pays deux mois d’incertitude.
Parmi les raisons de sa décision, la reconnaissance de son manque de soutien
dans le parti et au Parlement. Elle avait obtenu sa nomination avec 84 voix
de députés conservateurs sur 329, contre 199 à May. Elle a aussi tiré les
conclusions d’une candidature très controversée. Une interview dans le Times,
samedi, où elle se disait mieux placée en tant que mère de famille pour être
premier ministre qu’une Theresa May sans enfant, s’est retournée contre elle.
Relative novice en politique, Leadsom a également été contrainte de
s’expliquer sur son CV dans la finance apparemment embelli par rapport aux
fonctions occupées durant sa carrière.
Issue de la faction la plus à droite des tories, elle incarnait une
candidature de type «Tea Party», avec l’embarrassante caution des
souverainistes de l’Ukip (United Kingdom Independence Party). Avec son
forfait, ce sont tous les hérauts du Brexit qui sont tombés dans ce steeplechase, après Boris Johnson, Michael Gove – bien vite rangés derrière Theresa
May lundi – et Nigel Farage. Au nom de la réconciliation nationale, plusieurs
d’entre eux devraient figurer en bonne place dans le futur cabinet de celle
qu’on présente comme une nouvelle Dame de fer.
Sa nomination à Downing Street sans contestation a conduit l’opposition à
réclamer la tenue d’élections législatives, une demande qui a trouvé écho
chez certains conservateurs. Jusqu’à présent, Theresa May a écarté cette
idée. Vu l’état dans lequel se trouvent les travaillistes, ces derniers
auraient pourtant intérêt à se mettre en ordre de bataille avant de partir en
campagne.
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Source :© Le Figaro Premium – Theresa May, nouveau premier ministre
britannique dès mercredi

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