Tarier des prés

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Tarier des prés
VU
Tarier des prés // Saxicola rubetra
Liste
rouge
Statut
Vulnérable
Nicheur peu commun et migrateur en Franche-Comté
Tarier des prés mâle © Jean-Claude Desprez
Menace
vertébrés
terrestres de
UICN France
des
Franche-Comté
VU
UICN FrancheComté
VU
(critère C1)
Protection
nationale
Directive
Oiseaux
Déterminant
ZNIEFF
ORGFH
oui
-
oui
(nidification)
4
Nidification
Répartition et populations
Le Tarier des prés occupe principalement la frange Est de la France, le Massif Central, les Pyrénées et quelques
grandes plaines où il se raréfie. La population nationale est estimée 20000 couples. La tendance nationale est
alarmante et de nombreuses régions naturelles ont perdu ou sont sur le point de perdre cet habitant typique
des prairies. C’est notamment le cas dans les zones de plaine des régions voisines de la Franche-Comté : Alsace,
Champagne-Ardenne, Rhône-Alpes. En Suisse, l’espèce a également perdu du terrain à basse altitude, sur le Plateau
et le Jura, avec des retraits documentés de 20 à 50% en 20 ans selon les régions.
En Franche-Comté, la distribution du Tarier des prés est historiquement large puisque calquée sur l’habitat prairial
que l’on trouve potentiellement des basses vallées alluviales aux alpages. Les atlas des oiseaux nicheurs de FrancheComté (1984) et du Jura (1993) mentionnaient une très large distribution avec de meilleures densités en altitude.
Vingt à trente ans plus tard, l’aire de distribution s’est nettement rétractée (moins d’un tiers des mailles atlas
régionales occupées) et l’on trouve essentiellement ce passereau en montagne au-dessus de 800 mètres ainsi que
dans les grands ensembles prairiaux du val de Saône et de ses affluents où il est devenu rare et localisé. Ailleurs, il a
quasiment abandonné le premier plateau et la plupart des zones alluviales trop cultivées (Doubs, Loue et affluents).
Son absence en basse vallée de l’Ognon contraste avec les indices (néanmoins peu nombreux) en Bresse. Certaines
petites vallées et habitats particuliers (camps militaires, aérodromes) sont occupés localement dans la région sousvosgienne et le nord de la Haute-Saône.
En plaine et en dessous de 800 mètres d’altitude, la population peut être estimée à seulement 150 couples répartis
comme suit :
-
Haute-Saône : environ 100 couples (50-52 en vallée de la Saône, 5 en vallée de la Mance, 5 dans le secteur
Lanterne/haute vallée de l’Ognon, 20-22 couples sur la zone sous-vosgienne, les Mille Etangs et le PNR du Ballon
des Vosges, 10-20 couples à Malbouhans, moins de 5 couples sur le secteur de Vesoul).
-
Jura : moins de 20 couples en dessous de 800 mètres (effectifs sporadiques en vallée de la Vallière et
autres vallées bressannes) ; absence notable en Petite Montagne et quasiment disparu du Premier plateau.
-
Doubs : moins de 10 couples en dessous de 800 mètres dans la région de Pierrefontaine-les-Varans (aucun
en plaine).
-
Territoire de Belfort : moins de 10 couples en plaine.
La population régionale compte probablement quelques centaines de couples dans les prairies, marais, bords de
tourbières et de lacs en montagne au-delà de 800 mètres, notamment dans le Haut Doubs et le Parc naturel régional
du Haut Jura qui sont le bastion régional de l’espèce. Différentes études dans ce PNR montrent l’importance du site
Nidification de l’espèce en France
© Nouvel inventaire des oiseaux de France
Delachaux et Niestlé - 2008
388 Tarier des prés
Répartition du Tarier
été des prés en Franche-Comté en
période de nidification (Atlas 2009-2012)
VU
Tarier des prés // Saxicola rubetra
Vulnérable
Liste
rouge
vertébrés
terrestres de
des
Franche-Comté
pour l’espèce. Le Tarier des prés est contacté dans près de 7 points d’écoute sur 10 en milieu humide à l’échelle du
Parc en 2007 et présente par exemple des densités de 0,8 couple/10 ha autour de Mouthe en 2010. En plaine, les
populations du Val de Saône présentent des densités plus faibles de 0,22 à 0,43 couple/10 ha.
Concernant les tendances, des déclins locaux sont documentés en Val de Saône, sur le site de Malbouhans et même
en altitude où les suivis de la Réserve naturelle du Lac de Remoray (Doubs) montrent qu’une population fluctuante
de 20 couples environ dans les années 1990, aujourd’hui réduite à environ 15 couples. L’effectif départemental
jurassien annoncé dans l’atlas de 1993 était de 3000-4000 couples. Il nous est impossible de mettre ce chiffre
en perspectives ici mais il nous paraît a posteriori surestimé. La contraction de la distribution reste un signe
indéniable du déclin de l’espèce.
Tarier des prés © Jean-Claude Desprez
Habitat et écologie
Le Tarier des prés est un emblème des prairies, souvent humides, peu fauchées ou tardivement, riches en flore,
insectes associés et postes de chasse (buissons, plantes robuste comme les ombellifères, piquets, fils, murets ou
tas de pierres, etc.). On le trouve ainsi dans les prairies alluviales humides, les marais, les pâturages de montagne
et marginalement ou par défaut dans des prairies plus banales, des friches ou des talus en bord de cultures. Ce
passereau est majoritairement insectivore et niche à même le sol.
L’espèce revient de ses quartiers d’hivernage (savanes et prairies d’Afrique sub-saharienne) en avril
(exceptionnellement en mars) et culmine à la charnière avec le mois de mai. A cette période, on peut l’observer
dans tous les milieux ouverts y compris posé dans les labours, parfois par groupes allant jusqu’à 10 ou 15 individus
au lendemain d’une nuit de migration soutenue. Migrateurs nordiques et nicheurs cantonnés se côtoient alors et
l’observateur devra ne pas surestimer la population locale de l’espèce. Fin mai encore, des individus peuvent se
trouver en halte en des lieux où ils ne nichent pas. La ponte a surtout lieu en mai, plus ou moins tard selon l’altitude.
Souvent détruite avec la fauche, la première ponte et remplacée quelques jours ou semaines plus tard. L’espèce
se disperse au cours de l’été et migre surtout en août et en septembre pour disparaître complétement après mioctobre (exceptionnel en novembre). A cette période également, des conditions météorologiques contraignantes
peuvent bloquer au sol des groupes de migrateurs, donnant l’illusion que le Tarier des prés est un hôte commun
des pâtures et cultures de la région.
Habitat type du Tarier des prés © Laurent Delafollye
VU
Tarier des prés // Saxicola rubetra
Liste
rouge
Menaces et priorités de conservation
Vulnérable
vertébrés
terrestres de
des
Franche-Comté
Comme tout un cortège d’oiseaux nichant au sol, le Tarier des prés est menacé. Son déclin à large échelle est
documenté au niveau national par le Suivi Temporel de Oiseaux communs et il est considéré comme l’un des
passereaux les plus menacés de France. Largement dépendante de politiques agricoles et environnementales,
visant à stabiliser ou restaurer la superficie et la qualité fonctionnelle des prairies et zones humides aux échelles
européenne et nationale, la conservation du Tarier des prés peut malgré tout être abordée localement. Là où
des populations subsistent, il est indispensable de préserver l’habitat par le panel de mesures contractuelles
actuellement disponible. Même si l’espèce n’est pas considérée comme d’intérêt communautaire par les annexes
des directives européennes (datant de plus de 30 ans), elle peut profiter indéniablement des mesures destinées à
conserver les milieux prairiaux du réseau Natura 2000. Néanmoins, que ce soit dans les zones gérées ou mêmes
protégées réglementairement, il apparaît que la conservation de l’espèce n’est possible qu’en assurant un taux de
reproduction suffisant et donc une fauche tardive des prairies. En effet, pour ne pas transformer tout ou partie
des derniers bastions de l’espèce en « population puits » (où la mortalité n’est pas compensée par la production
de jeunes), il est indispensable que la première fauche ait lieu après l’envol, soit au moins au 1er juillet (c’est le
levier d’action le plus évaluable). L’illusion du maintien des effectifs (par immigration) masque souvent le caractère
non viable à terme de nos petites populations. L’indéniable dégradation de la qualité et de la diversité des prairies
du premier plateau a presque anéanti les populations de cette espèce entre 500 et 800 mètres d’altitude. Ces
secteurs à vocation herbagère (notamment pour le Comté) se sont considérablement appauvris en biodiversité et
sont en outre généralement exclus des périmètres gérés ou protégés de la région. Enfin, une protection urgente
des dernières populations de plaine encore soumises à la destruction de leur habitat (reconversion en culture, en
zones d’activités etc.) est nécessaire. Plus encore que le Râle des genêts (Crex crex) qui est très localisé en FrancheComté, le Tarier des prés doit devenir le symbole régional de l’enjeu de conservation des prairies franc-comtoises
de qualité.
Tarier des prés © Frédéric Maillot
Rédaction : Jean-Philippe Paul– mise à jour : avril 2011
Tarier des prés © Jean-Philippe Paul

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