1 Qu`est-ce que le BIM ? (Building Information Model) • Building

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1 Qu`est-ce que le BIM ? (Building Information Model) • Building
Qu’est-ce que le BIM ?
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(Building Information Model)
Building pour Bâtiment, mais aussi Ouvrage de Travaux Publics
Information pour données numériques relatives à l’ouvrage
Model pour processus de mise en œuvre, mais aussi processus de management du
projet.
Le BIM est une nouvelle méthode de travail basée sur la collaboration de l’ensemble des acteurs de la
construction, y compris le maître d’ouvrage, autour d’une maquette numérique.
Il s’agit d’obtenir, via le BIM une modélisation 3D à laquelle est associée une base de données
contenant toutes les informations techniques de l’ouvrage. Cette modélisation permet de visualiser le
projet de construction et de prendre connaissance des caractéristiques techniques des composants
(murs, portes, gaines, ….).
Une fois l’ouvrage achevé, cette modélisation BIM, enrichie de toutes les modifications ou adaptations
survenues en cours de travaux, doit permettre d’organiser l’entretien et la maintenance de l’ouvrage
pendant sa durée de vie.
Pour cela le BIM repose sur l’utilisation de différents logiciels. L’échange et le partage des
informations entre les logiciels des différents acteurs sont interopérables grâce au format de fichier
unique, Industry Foundation Classes (IFC).
« Ce n’est pas un outil ou un logiciel, c’est un processus de travail et de collaboration entre
intervenants d’un projet de construction reposant sur des outils métiers particuliers qui permettent la
conception et l’exploitation d’une maquette numérique préfigurant le bâtiment tel que construit et
exploité (...) ». Extrait du livre : BIM et Maquette Numérique, codirigé par Olivier CELNIK et Eric LEBEGUE, coédité par CSTB-EYROLLES.
Dans l’absolu le BIM comporte de nombreux avantages :
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les acteurs de la construction (MOA, MOE, entreprises, fabricants…) partagent les mêmes
données dans une démarche collaborative ;
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la visualisation du projet en temps réel est plus concrète que sur plans : elle permet le
contrôle et la simulation de comportements physiques (mécanique, thermique, acoustique,
aéraulique) du futur bâtiment, l’identification en amont des points techniques et des
interférences entre les éléments. Il est aussi possible de se déplacer virtuellement dans le
bâtiment terminé et d’y apporter des changements.
Finalement, par sa possibilité de facilitation de détection de certains problèmes de conception,
le BIM devrait améliorer la qualité des ouvrages et faciliter le travail. Cependant, la condition
essentielle au bon fonctionnement du BIM est la coopération sincère de tous les acteurs, des soustraitants jusqu’au maître d’œuvre, en passant par tous les entrepreneurs impliqués.
En effet, les données contenues dans un projet BIM ne sont que celles que les intervenants ont bien
voulu y mettre à tous les stades (conception, exécution, récolement, travaux ultérieurs à la
construction…).
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Comment fonctionne le BIM ?
En réalité, il existe plusieurs niveaux de BIM en fonction de l’intégration des données et de
l’interopérabilité des acteurs.
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Le BIM niveau 1 qui correspond à une maquette 3D du projet et qui sur le plan des risques
ne modifie pas l’approche de l’assureur, surtout s’il est utilisé en interne par un intervenant
sans communication avec les autres.
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Le BIM niveau 2 qui est celui le plus rencontré à l’heure actuelle n’intègre pas toutes les
données dans une même base. La communication est limitée. Il semblerait selon l’expérience
britannique que les risques sont maîtrisés.
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Le BIM niveau 3 est la forme la plus achevée dans lequel chaque intervenant dispose d’un
accès direct à la maquette commune. Les données sont détaillées. Il ne s’agit pas seulement
d’une maquette 3D mais d’un outil comportant des données détaillées sur les matériaux, leur
mise en œuvre. C’est le BIM du futur.
1/ Bénéfices de l’utilisation du BIM
L’engouement pour le BIM repose sur les bénéfices potentiels que ce processus collaboratif peut
apporter tout au long du cycle de vie de l’ouvrage. En effet, les acteurs intervenant dans sa
conception sont amenés à travailler ensemble afin de créer une maquette numérique qui contiendra
les informations permettant la planification, la construction et la gestion de manière coordonnée et
efficace de l’ouvrage, depuis sa conception jusqu’à son démantèlement. Ce processus collaboratif
permet de réduire les erreurs et omissions. De plus, la conception est continuellement ajustée en
temps réel dans la maquette numérique, permettant une exécution optimisée ainsi que la détection
anticipée d’incompatibilités voire d’impossibilités d’exécution.
Poussé par les pouvoirs publics, le BIM s’inscrit dans le triple objectif de construire d’avantage de
logements de meilleure qualité et à moindre coût. L’objectif de la qualité environnementale est
clairement annoncé et le BIM devrait également contribuer à répondre aux attentes de performance
énergétique.
2/ Incertitudes juridiques
Mais l’utilisation partagée du BIM dans sa version 3, avec ses différents acteurs venant enrichir et
modifier une même maquette numérique, suscite des interrogations quant à leurs responsabilités, à la
propriété de la maquette numérique et des informations qu’elle contient, ainsi qu’aux conséquences
en matière d’assurance.
La responsabilité des parties
1. Première difficulté : qui serait responsable d’erreurs dans la maquette numérique, qui
se traduiraient par des erreurs de conception entrainant des sinistres ?
Le partage des responsabilités entre les maîtres d’œuvre, d’une part, et l’entrepreneur, d’autre
part, peut être délicat à opérer en pratique. Par exemple, si un entrepreneur suggère une
modification de la maquette numérique telle que validée par les architectes et les ingénieurs,
entraînant un défaut de l’ouvrage, ces derniers pourraient être considérés comme ayant
adopté ces modifications et ainsi engager leur responsabilité. Ils pourraient également se voir
déclarer responsables en cas de réclamations pour des données incomplètes, inexactes ou
obsolètes.
2. Deuxième difficulté : comment gérer le contrôle des entrées d’informations dans le
modèle et la responsabilité associée en cas d’erreur ?
Prendre des responsabilités en faisant une mise à jour du BIM et en garantir la précision est
une source de risque.
3. Troisième difficulté : Quelle part de responsabilité pour le maître d’ouvrage qui
entrerait des données dans le BIM ?
4. Quatrième difficulté : Ne pas utiliser les « briques » ou « éléments BIM » sans véritable
contrôle (éléments préfabriqués dédiés ou simplement « copiés-collés » d’un autre
projet BIM similaire).
Les assurances
1. En termes d’approche du risque :
À ce jour, les assureurs sont attentifs et intéressés par le BIM. Si l’on s’en réfère à la pratique au
Royaume-Uni, où le BIM niveau 2 est de plus en plus utilisé, voire imposé, les assureurs ne
percevraient pas de risques accrus. Dans ce cas, toutes les informations ne sont pas regroupées au
sein d’une même base de données et un certain nombre d’informations techniques ayant une valeur
commerciale sont présentées dans une autre base.
En revanche, avec un BIM de niveau 3, toutes les données sont intégrées dans une seule et même
base de données hébergée en ligne, qui peut être consultée par tous.
Ceci pose à l’assureur construction plusieurs questions :
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Qui prend la responsabilité d’entrer les données et d’entretenir le BIM ?
Qui peut modifier les données et quelles données sont accessibles ?
Quelle est la compétence des utilisateurs du BIM ?
Quel est le degré de confidentialité des données ?
Quel est le risque de piratage de ces données ?
Le recul est pour l’instant insuffisant pour quantifier les risques liés à l’utilisation de ce système
véritablement intégré.
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2. Quelques pistes de réflexion :
Le BIM présente une palette de possibilités très importante mais dont la valeur ajoutée est variable en
fonction de l’usage envisagé et selon l’expérience des entreprises.
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Il faut préparer la mise en place du BIM : Il faut une volonté partagée de toutes les entités
participantes au chantier ;
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Il faut définir les règles du jeu et c’est le rôle du maître d’ouvrage (ou de son conseil).
Avant d’utiliser le BIM en tant qu’outil technique, il doit créer, en collaboration avec les
différents intervenants un protocole BIM qui sera rendu contractuel. Ce protocole permettra de
standardiser et d’unifier leurs procédures de travail ;
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Il faut définir les droits d’utilisation de la maquette. Pour l’assureur de responsabilité, cette
question est essentielle dans l’appréciation de son risque. Est-ce que l’alimentation des
données sera centralisée auprès d’un seul intégrateur (le maître d’ouvrage, l’entreprise
générale…), ou bien différents intervenants peuvent-ils avoir accès au BIM ?
Si oui, dans quelles conditions, sur quels domaines, avec quelle traçabilité des interventions ?
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Il faut définir les obligations de l’entrepreneur : L’entrepreneur est-il obligé de garantir que ses
consultants, sous-traitants et fournisseurs se conformeront au protocole BIM ? Dans ce cas,
cette obligation est-elle une obligation de résultat ou de moyen pour l’entrepreneur ?
S’agit-il d’une obligation de s’assurer que tout contrat de sous-traitance et de fourniture
contiendra des clauses BIM similaires à celles imposées à l’entrepreneur ?
Impact sur la sinistralité
L’objectif du BIM est de mettre en commun des données, les partager, les entretenir au fil de
l’évolution du chantier et les exploiter au cours de la maintenance et l’exploitation de l’ouvrage.
De ce fait, le BIM va-t-il :
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Améliorer la qualité de la construction, et si oui dans quels domaines ?
Aider à mieux gérer les sinistres ?
Diminuer le coût des sinistres ?
Modifier la répartition des sinistres ?
1. Le BIM va-t-il améliorer la qualité de la construction ?
Dans sa version ultime, le BIM va certainement améliorer la qualité de la construction car le BIM
permet de mieux gérer le chantier, de la conception à la réalisation, de la livraison à l’après livraison,
puis jusqu’à la déconstruction éventuelle.
Mais pour cela, le BIM ne doit pas se limiter à un outil de techniciens, il doit être accompagné d’une
feuille de route, d’une convention, d’un contrat BIM, qui permettra aux différents intervenants de
communiquer et d’échanger. Une feuille de route « à la française » est en cours de constitution
(MEDIACONSTRCUT) et devrait voir le jour d’ici la fin de l’année. À partir de ce moment-là on pourra
envisager une amélioration de la construction.
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Dans quels domaines le BIM va-t-il améliorer la qualité de la construction ?
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Le grand avantage du BIM, c’est qu’il devrait éviter les sinistres liés à la mauvaise communication
entre les intervenants. À l’Auxiliaire, il nous semble que l’impact premier va être de faciliter la
tâche du BET SYNTHESE tout simplement car il pourra visualiser, contrôler, et faire rectifier
toutes les anomalies d’interfaces entre corps d’état. Or, nous savons tous que percer un trou
non prévu pour y faire passer ou dévier une canalisation sera obligatoirement source de sinistre
après réception.
Par ailleurs, il sera plus facile aux entreprises de rectifier leurs plans d’exécution avant toute
réalisation sur le chantier et donc le BET SYNTHESE n’hésitera pas à intervenir auprès de
l’entreprise concernée.
Un deuxième avantage que nous décelons, c’est l’implication nécessairement plus grande du
maître d’ouvrage dans le projet. Dans les actes d’une rencontre qui s’est tenue à Montréal sur le
sujet en 2014, on note cette phrase : « Pas de BIM sans collaboration éclairée avec un donneur
d’ordre compétent en la matière ».
Trop de sinistres sont en effet issus de modifications en cours de travaux. Le BIM devrait
permettre, via la maquette numérique, de donner au maître d’ouvrage une vision finale de son
projet et donc limiter les modifications en cours de travaux.
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Enfin, le BIM va permettre, s’il est bien renseigné et au bon moment, d’éviter des oublis de la part
des entreprises, notamment dans le cadre d’ouvrages complexes. Le BIM est un outil de contrôle
extraordinaire avant même toute réalisation.
Par contre, le grand risque du BIM c’est la déresponsabilisation des acteurs, considérant que la
machine est infaillible et permet de tout contrôler. Nous ne sommes pas à l’abri d’une erreur de
saisie qui générerait un défaut caché et répétitif. Ce que les assureurs appellent un sinistre
« sériel » aux conséquences très graves du fait de sa répétitivité.
Le BIM n’enlèvera jamais la nécessaire compétence technique humaine indispensable à la bonne
visualisation globale d’un projet.
2. Le BIM va-t-il aider à mieux gérer les sinistres ?
Sous sa forme aboutie, le BIM permettra de centraliser toutes les informations en un seul endroit.
Sans ordre de priorité, mentionnons :
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Une connaissance précise du dossier dès la déclaration de sinistre avant même de se rendre
sur place (matériaux, mise en œuvre, détection des points de faiblesse éventuels…)
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Possibilité de coupler avec une déclaration de sinistre en ligne du sinistre sur le site de
l’assureur avec photo ou vidéo du sinistre,
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Rapidité de prise de position, d’évaluation des dommages et des modalités de réparation,
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Identification des modifications ayant pu générer un sinistre
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Exploitation de la pathologie sinistre et amélioration de la prévention (fiches AQC).
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3. Le BIM va-t-il diminuer le coût des sinistres ?
Il est difficile de se prononcer sur le sujet, le recul n’étant pas suffisant, même si des chantiers pilotes
sont actuellement suivis. Néanmoins, on peut espérer que le BIM va générer des économies sur deux
postes :
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Le coût de gestion des sinistres (temps passé à rechercher les documents, à mettre en cause,
à organiser les recours…)
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Le montant des préjudices financiers alloués aux plaignants (pertes d’exploitations) si nous
arrivons à limiter le temps de gestion des dossiers sinistres.
4. Le BIM va-t-il modifier la répartition des sinistres ?
Le BIM a pour objet d’être plus réactif en amont du chantier, lors de la conception du projet, pour
améliorer la construction, donc éviter les sinistres. De ce fait, l’entité qui va manager le BIM (assistant
du maître d’ouvrage, équipe de conception, entreprise générale) va certainement assumer plus de
risques que maintenant.
Par contre, l’entreprise reste un professionnel de la construction et elle ne pourra se retrancher
derrière le BIM pour faire « n’importe quoi » sur le chantier. Elle devra toujours avoir un œil de
professionnel et intervenir si nécessaire.
En conclusion
Le BIM est prêt sur le plan technique, il a déjà fait ses preuves à l’étranger ainsi qu’en France sur
certains chantiers de Bâtiment, mais aussi dans les Travaux Publics.
Restent des questions à régler sur la communication et l’utilisation du BIM « collaboratif » mais des
travaux sont en cours sur le sujet et des textes devraient voir le jour d’ici la fin de l’année 2016.
Demain le BIM fera partie intégrante du métier du BTP à la condition que les constructeurs se
soient formés et organisés pour l’utiliser, et surtout que le BIM soit maitrisé par les professionnels de
la construction, car la machine ne remplacera jamais l’œil de l’expert.
Pour l’Auxiliaire,
Christian Ferrais
Yvan Patin
Directeur Technique & Juridique
Ingénieur Expert BTP
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