RAYMOND RADIGUET Le Bal du Comte d`Orgel

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RAYMOND RADIGUET Le Bal du Comte d`Orgel
RAYMOND RADIGUET
Le Bal du Comte d’Orgel
Philippe Ignaczak
Professeur de Lettres Classiques
Lycée Alphonse Daudet – Nîmes
SOMMAIRE GENERAL
Parcours de lecture et étude :
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On a, autant que possible, proposé des dispositifs pédagogiques et des activités TICE.
Biographie de Raymond Radiguet
Présentation du Bal du Comte d’Orgel
Le livre – objet : étude de la couverture
Résumé du roman
Analyse, chapitre par chapitre
Schéma narratif du roman
Espaces et temps
Côté mondain et roman où c’est la psychologie qui est romanesque
Les personnages : type, fonction, symbole et caractère
Schéma actanciel
Lectures analytiques proposées
Adaptation cinématographique par Marc Allégret + comparaison entre la couverture du
roman et la présentation du film (voir « Ressources »)
Fiches techniques :
o La carte heuristique
o Créer une carte heuristique avec « Freemind »
o Créer une carte heuristique cliquable sur le web avec « Freemind »
o Gérer des fichiers audio avec « Audacity »
QUELQUES RESSOURCES :
Dans le dossier « AUDIO » :
 Lecture des extraits proposés en lecture analytique
 Lecture de l’ensemble du roman
Dans le dossier « IMAGES » :
 Les images qui ont servies à la création de la Présentation Assistée sur Ordinateur
Dans le dossier « ETUDE COUVERTURE ET FILM » :
 Pré-AO « Etude du livre-objet » : la couverture du Livre de Poche
 Pré-AO « Adaptation cinématographique »
Dans le dossier « TEXTE INTEGRAL » :
 Le texte intégral du roman, paginé en fonction de la version choisie par le Livre de Poche.
Dans le dossier « CARTES MENTALES » :
 La carte heuristique des personnages à lire avec « freemind » ou en PDF
Notes de l’auteur :
 Toutes ces ressources sont présentées sous des formats divers.
 J’attends les droits pour utiliser quelques extraits du film de Marc Allégret, comparés aux
mêmes extraits du livre.
 Affaire (difficile) à suivre…
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
RAYMOND RADIGUET
Le Bal du Comte d’Orgel
PARCOURS DE LECTURE ET ETUDE
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 1
BIOGRAPHIE DE RAYMOND RADIGUET
Raymond Radiguet, écrivain français, est né le 18 juin 1903 à Saint-Maur et il est mort le 12
décembre 1923 à Paris. Ainé de sept enfants, Raymond Radiguet est le fils du dessinateur
Maurice Radiguet (1866-1941) et de Jeanne Marie Louise Tournier (1884-1958).
Après l'école communale, il passe l’examen des bourses et entre au lycée Charlemagne à Paris
où il s’adonne entièrement à la lecture des écrivains des XVIIe et XIXè siècles, notamment La
Princesse de Clèves de Mme de Lafayette, Stendhal, les poètes : Verlaine, Mallarmé, Arthur
Rimbaud, Lautréamont. Il lit aussi Proust.
En avril 1917, Raymond rencontre Alice, une jeune femme, voisine de ses parents à Saint-Maur que l’on retrouvera
dans son premier roman : Le Diable au Corps. Mais dès 1918, il s’éloigne progressivement d’elle.
À l’âge de 15 ans, il abandonne définitivement ses études et se lance dans le journalisme. Il se lie avec ceux qui
comptent à l’époque dans le milieu artistique et littéraire : André Salmon, Max Jacob, Pierre Reverdy, François
Bernouard (qui deviendra, en 1920, l’éditeur de son recueil de poèmes, Les Joues en feu), les peintres Juan Gris,
Picasso, Modigliani, Jean Hugo et les jeunes compositeurs - Milhaud (avec qui il créera plus tard la pantomime Le
Bœuf sur le toit), Georges Auric, Francis Poulenc, et Arthur Honegger.
La rencontre avec Cocteau :
En 1918, il est présenté à Jean Cocteau, qui aussitôt devine en lui un talent caché. Enthousiasmé par les poèmes que
Radiguet lui lit, Cocteau le conseille, l’encourage et le fait travailler ; il favorise la publication de ses vers dans les
revues d’avant-garde.
Ils deviennent rapidement inséparables et fondent en mai 1920 une petite revue : Le Coq, à laquelle collaborent
nombre des artistes cités plus haut. On a suggéré que l'amitié de Cocteau avec Radiguet a évolué vers une liaison
amoureuse, souvent orageuse, mais aucune preuve formelle de cette liaison n’a jamais pu être établie.
Les romans :
En 1923, Bernard Grasset lance Le Diable au corps, sur le thème : « le premier livre d’un romancier de 17 ans ».
Devant une telle publicité, la critique est surprise, moqueuse, voire hostile. Mais, après la publication, Radiguet reçoit
de chaleureuses félicitations d’écrivains et, surtout, la faveur du public.
Le Bal du comte d’Orgel fut, lui, publié en 1924 par Bernard Grasset, à titre posthume. Ce dernier roman connut, lui
aussi, un grand succès.
Décès :
Raymond Radiguet meurt de la fièvre typhoïde le 12 décembre 1923. Cette mort, Radiguet l’avait anticipée en
menant une vie plus réglée, en ordonnant et en classant ses écrits.
Cocteau rapporte ses dernières paroles :
“Écoutez, me dit-il le 9 décembre, écoutez une chose terrible. Dans trois jours je vais être fusillé par les soldats de Dieu
(…). L’ordre est donné. J’ai entendu l’ordre.”
Radiguet a mis moins de lui dans Le Bal du Comte d’Orgel que dans Le Diable au Corps –hormis la transposition
supposée d’une relation amoureuse avec Cocteau, non établie.
Notons simplement que certains aspects des personnages doivent à des êtres qu’il a fréquentés ou a pu
fréquenter.
Ainsi, d’abord, Mme de Séryeuse est liée aux Tascher de la Pagerie, famille de Joséphine de Beauharnais, à
laquelle disait se rattacher la mère de Radiguet ; elle doit aussi à Mme Cocteau. Anne d’Orgel a été inspiré par le
comte Etienne de Beaumont, qui reçut Cocteau et Radiguet. La princesse Eugène Murat aurait été le modèle de
la princesse d’Austerlitz. Mahaut serait plus complexe, tenant de la mère de Raymond Radiguet, de Valentine
Hugo et d’Edith de Beaumont, entre autres. Mais on sait aussi ce qu’elle doit à Mlle de Chartres, l’héroïne de La
Princesse de Clèves, de même que l’on sait aussi que l’auteur consultait régulièrement le Gotha mondain
depuis 1921, année à partir de laquelle il se documente pour Le Bal du Comte d’Orgel.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
PRESENTATION DU BAL DU COMTE D’ORGEL
FICHE 2
Raymond Radiguet commence Le Bal du Comte d’Orgel en 1922 au Lavandou et y travaille sérieusement pendant
l’été 1923 passé à Arcachon avec Jean Cocteau qui l’aide de ses conseils et par ses relectures.
Le livre fut publié en 1924, à titre posthume, son auteur ayant été emporté par la fièvre typhoïde, le 12 décembre
1923, à l’âge de 20 ans.
Deuxième roman de Radiguet, après Le Diable au Corps, paru en 1923, chez Bernard Grasset, Le Bal est, certes,
aujourd’hui moins lu et moins étudié que le premier.
« Un livre prétentieux dans sa construction et dans sa substance. La masturbation mentale d’un auteur précoce sur
son lit de mort qui ne corrigea aucun des chapitres du Bal du Comte d’Orgel publié à titre posthume en 1924 et
préfacé par Jean Cocteau qui cria au génie du joli jeune homme », prétend un critique pour le moins sévère.
(http://logresse.blogspot.com/2010/08/le-bal-du-comte-dorgel-de-raymond.html)
Un pure et simple ré-écriture de La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette, disent d’autres, plus indulgents 
et Radiguet, lui-même, ne cachait ni son admiration pour cet auteur du XVIIème siècle, ni ses références à son œuvre.
Nadia Odouard, citée par Marion Galichon-Brasart dans l’édition du Livre de Poche, pour sa monographie
psychanalytique sur les œuvres de Radiguet, trouve dans Le Bal, une dimension homosexuelle, « rappel de la relation
amoureuse Radiguet/Cocteau -, en étudiant notamment le curieux jeu onomastique, qui attribue au mari et à l'amant
des noms féminins ou féminisés - "Séryeuse", "Anne" - et à la femme, inversement, un prénom - "Mahaut" - aux
sonorités masculines ». Mais cette relation n’a jamais pu être établie…
« On s’effraie d’un enfant qui publierait un livre qu’on ne peut écrire à cet âge », s’extasie Jean Cocteau, dans sa
préface.
« Roman où c’est la psychologie qui est romanesque » écrit Raymond Radiguet dans ses notes.
On ne peut qu’être impressionné, en effet, par la qualité d’une écriture classique qui rompt avec les
mouvements « Dada » et « Surréalisme » et contribua, lors de sa parution, au succès du livre, tant auprès des
critiques que des lecteurs.
Une adaptation cinématographique a été réalisée par Marc Allégret en 1970, Le Bal du comte d'Orgel, avec JeanClaude Brialy dans le rôle du comte, Anne d'Orgel.
Philippe Ignaczak
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FICHE 3 - 1
LE LIVRE-OBJET : ETUDE DE LA COUVERTURE
Avant-propos :
Pour notre étude, nous avons recours à l’édition du Livre de Poche.
Livre-Objet :
Le livre est, en effet, un objet de consommation qui, au moment de sa publication, échappe en grande partie à son
auteur pour devenir l’objet de l’éditeur. Celui-ci a pour tâche de le vendre au plus grand nombre de lecteursconsommateurs possible.
C’est pourquoi il est, à ce moment, le maître principal de sa présentation. Cette présentation se fait essentiellement
par la conception de la couverture.
Cette couverture se compose de quatre pages et d’une « tranche ». La « seconde » de couverture » (verso de la
première) et la « troisième » (recto de la « quatrième ») restent vierges.
Première page de couverture :
Sur le présentoir d’une librairie ou d’une médiathèque, c’est la
première page de couverture qui va attirer le regard.
Ici, elle se compose de six éléments :
Un fond, en arrière-plan, légèrement orangé, plutôt flou,
destiné à créer une atmosphère ;
Sur ce fond, une illustration représente un portrait de femme
en buste et chapeau, dont la « quatrième » de couverture
nous apprend qu’il s’agit de la reproduction d’un tableau de
Van Dongen : La femme au chapeau. Ce que l’on remarque,
tout d’abord, c’est l’harmonie de ce tableau, due au choix des
couleurs et des teintes.
Le drapé de la robe, le collier, le chapeau fleuri sont la marque
d’une femme de classe élevée. La présence du chapeau est à
rapprocher de cette phrase du premier chapitre : « et pour les
femmes du peuple l’attribut de la dame, c’est avant tout le
chapeau ». L’opacité des yeux peut indiquer une vie
intérieure.
En haut, au premier plan, le titre de l’œuvre se détache dans
une zone de texte de deux lignes, encadrée en blanc. La
première partie du titre est sur fond orange et la seconde sur
fond de bronze. La calligraphie des signes est à l’ancienne :
écriture noire cursive, majuscules telles qu’on les écrivait sans
doute, à l’époque de Radiguet, à la plume ou au porte-plume. « Le Bal » est en caractères de taille plus importante
que « du Comte d’Orgel ».
Le nom de l’auteur est au second plan, au niveau du col de la robe, en majuscules blanches et en caractères
normalisés.
En bas, à droite, deux éléments purement informatifs : le logo de l’éditeur et la mention « Texte intégral ». Il ne s’agit
donc pas d’une édition abrégée.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 3 - 2
LA « TRANCHE » DE COUVERTURE
Dans un rayon de bibliothèque ou de librairie, c’est par sa tranche
que l’on trouve le livre que l’on recherche.
Les livres sont aujourd’hui souvent classés par ordre alphabétique
des noms d’auteur.
Ils peuvent l’être aussi par édition et par numéro dans l’édition : ces
deux éléments se trouvent, ici, en haut.
En bas, un autre logo représente un parchemin ( ?) et une plume. On
y trouve aussi le « code prix », utile au vendeur.
Le nom de l’auteur et le titre de l’ouvrage s’inscrivent sur les mêmes
fonds que le titre sur la première page de couverture, dans une
police de caractères identique, cette fois-ci.
Tous ces éléments ont une portée utilitaire ou purement
informative.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 3 - 3
LA QUATRIEME DE « COUVERTURE »
La première page de couverture a déjà apporté un certain regard
sur l’œuvre.
La « quatrième de couverture », avec le paratexte de l’éditeur, a
pour objectif de nous convaincre d’acheter et de lire le roman.
En-dehors d’une photo, aujourd’hui désuète, de Radiguet, c’est, en
effet, le paratexte de l’éditeur qui s’impose sur cette page.
Ce paratexte s’organise en trois paragraphes.
Le premier est composé de deux parties :
La première phrase insiste sur l’extrême jeunesse de l’auteur et
annonce la citation de Cocteau dans le troisième paragraphe.
Deux phrases cernent ensuite le sujet du roman : la première nous
propose une sorte de vaudeville ; la seconde est toute en
oppositions : opposition entre « la convention et la bienséance »
d’une part et « la plus trouble et la plus licencieuse », d’autre part ;
oxymore même dans le rapprochement de l’adjectif « licencieuse »
et le nom « chastetés ».
Le deuxième paragraphe peut être considéré comme une sorte
d’argument ou de résumé. Là encore, on remarquera les adjectifs
incitatifs : « subtils, feutrés, étranges et comme étrangers ».
Le troisième propose un double argument d’autorité : la citation enthousiaste de Jean Cocteau, auteur reconnu dont
le talent multiple couvre la plupart des facettes de l’art contemporain et la réponse orgueilleuse de Radiguet luimême.
Sous ce paratexte, en rouge et en italique, deux éléments à la fois informatifs et incitatifs : la mention de la préface
de Jean Cocteau, l’une des personnes - sinon la personne – qui connut le mieux l’auteur et celle, rassurante, des
notes et commentaires de Marion Galichon-Brasart.
Les éléments, tout en bas de la page, sont à la fois légaux et utilitaires : code-barre, code-prix, dépôt légal, …
A droite, en petits caractères et en position verticale, la référence de l’illustration de la première page de couverture.
Dispositif pédagogique. Activités T.I.C.E.
Exposé mené par l’enseignant :
Dispositif technique : PC et vidéoprojecteur. Choisir, sur le CD-ROM « Ressources », dans le dossier
« ETUDE_COUVERTURE », le fichier au format souhaité (présentation assistée par ordinateur). Distribuer le
document « élève » (copies d’écran des diapositives, avec espace « commentaires »).
Prolongement : à partir des réponses aux questions, faire rédiger et mettre en forme, sous traitement de
textes, une synthèse de l’étude.
On pourra aussi comparer avec d’autres éditions, si disponibles dans la classe.
Exposé mené par un groupe d’élèves :
Même dispositif technique. Mais le groupe d’élèves s’approprie la PRES-A.O. et c’est lui qui va animer la
séance. 1 président de séance, assisté d’un vice-président : ils repèrent les demandes de paroles et les
distribuent. 2 secrétaires : l’un, en tête de classe, aux côtés des président et vice-président, l’autre, dans le
groupe-classe, sans doute au fond de la salle. Ils prennent note des participations des élèves et en rendent
compte en fin de séance. Même prolongement, ensuite.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 4
RESUME DU BAL DU COMTE D’ORGEL
Après presque six pages consacrées à présenter Mahaut Grimoard de la Verberie, à dresser l’historique de sa famille
et à évoquer son mariage avec le jeune comte d’Orgel, après la présentation de Paul Robin et de son ami François de
Séryeuse, débute la fiction.
C’est le 7 février 1920, à Paris, que François de Séryeuse, jeune étudiant issu de la vieille noblesse féodale, venu
assister au spectacle du cirque Médrano avec Paul, rencontre les Orgel.
Lui et le comte Anne d'Orgel, venu de la noblesse de cour, se lient d'amitié.
François tombe immédiatement amoureux de la femme du comte, Mahaut, mais son amitié pour Anne lui interdit de
s’avouer ce profond sentiment.
Le jeune homme est bientôt de toutes les activités des Orgel et devient rapidement un intime de la maison, suscitant
les rumeurs de « l’office ».
François fait rencontrer les Orgel à sa mère, Mme de Séryeuse, jeune veuve, avec laquelle il a pourtant le plus grand
mal à communiquer.
Attiré par un portrait de la maison de Champigny, Anne découvre un très lointain cousinage entre François et
Mahaut.
L'amitié d'Anne et les bonnes dispositions de sa mère face aux Orgel rapprochent un peu plus chaque jour François et
Mahaut.
Cette dernière, qui aime sincèrement son mari, commence à s’inquiéter des sentiments que lui fait ressentir François
– sentiments qu’elle mettra, pourtant, encore plus longtemps que François à identifier et à reconnaître.
C’est après des vacances d'été passées chacun de son côté dans l'attente des nouvelles de l'autre, que Mahaut
parvient à s'avouer ce qu'elle éprouve pour François.
Ne sachant comment faire face à cette découverte qui la bouleverse, elle confie son amour à Mme de Séryeuse en lui
demandant d’éloigner François de l’hôtel d’Orgel.
Mais celle-ci, peu habituée aux choses de l’amour à cause de son précoce veuvage, annonce, en fait, à François ce
qu’elle devait taire : il annonce à sa mère sa décision poursuivre sa relation amicale avec Anne et de participer à la
soirée de préparation du bal que le comte souhaite organiser pour distraire son épouse d’une mélancolie qu’il a
perçue – aidé en cela par François !
Anne se ridiculise aux dépens du prince Naroumof, lors de cette soirée.
Profondément perturbée par sa peur de la réaction de François au « sauvetage » qu’elle a offert à son mari, Mahaut
avoue à ce dernier ses sentiments et sa démarche auprès de Mme de Séryeuse.
Celui-ci pense à un malentendu, à une erreur et cherche surtout comment réparer tout cela :
 le bal aura lieu ;
 François sera de leur entrée.
Tel un hypnotiseur, il impose finalement à son épouse, le sommeil :
«  Et maintenant, Mahaut, dormez ! Je le veux. »
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 5 - 1
ANALYSE PAR CHAPITRE DU BAL DU COMTE D’ORGEL
Chapitre 1 :
Les deux premiers paragraphes interpellent le lecteur (fonction impressive –ou conative- du langage : voir
http://www.site-magister.com/lecmeth.htm#fonction ) à propos, non du comte mais de la comtesse d’Orgel — serat-elle donc le personnage principal ou sujet du roman?
Il est question ici de sa psychologie : « mouvements du coeur » et de sa moralité : « devoir », « pureté », « âme pure
», « honnête ». Elle est d’emblée présentée comme un être d’exception: « surannés », «incroyable », « encore plus
singulières» qui échappe à l’entendement de ses contemporains, partagés dans leur jugement — « trop honnête » ?,
« trop facile » ?
Le lecteur saura-t-il, lui, comprendre Mahaut d’Orgel?
Premier temps :
Pour l’y aider, il semble nécessaire au narrateur de retracer, dans une longue analepse, l’histoire de la famille de la
comtesse, de sa naissance et de sa réception par sa famille.
La comtesse est née Mahaut Grimoard de la Verberie. Vieille famille de la noblesse, Les Grimoard s’exilèrent, sous
Louis XIII en Martinique où ils firent fortune et eurent leur cours. Quand on présenta Mahaut à sa mère, celle-ci
s’évanouit. Après le cataclysme qui détruisit Saint-Pierre, la famille réintègre, en 1902, la France et le domaine de la
Verberie. Prostrée dans sa douleur de n’avoir pu donner naissance à un héritier mâle, la mère de Mahaut la délaisse.
Elle grandit «comme une liane sauvage », nous dit le narrateur et c’est seulement auprès d’une vieille négresse,
Marie, que Mahaut trouve une «vraie tendresse ».
A dix-huit ans, elle épouse le comte Anne d’Orgel qui en a 30. Elle s’éprend de son mari qui, en retour, lui voue
reconnaissance et amitié. Mahaut et Anne redonnent à l’hôtel d’Orgel le lustre qui était le sien. Au lendemain de la
guerre 14-18, leurs fêtes attirent le Tout-Paris qui compte.
Deuxième temps :
L’évocation de ces fêtes est l’occasion d’introduire deux nouveaux personnages: Paul Robin, jeune diplomate, type
même du « parvenu» maladroit et son ami, François de Séryeuse. Ce dernier a vingt ans et se signale par son
insouciance et son oisiveté; pourtant il est bien vu de ses aînés.
Troisième temps:
L’élément déclencheur dans le schéma narratif — Français fait la connaissance des OrgeI. C’est le samedi 7 février
1920 que François, accompagnant Paul Robin au cirque Médrano, rencontre Anne et Mahaut d’Orgel dans la loge des
Fratellini.
La complicité entre ces nobles s’établit immédiatement et Paul est victime d’une farce qu’on lui joue.
Ce troisième temps établit, sur le fond, un lien entre les années de guerre et celles qui suivirent l’armistice; il dresse
aussi le portrait d’une certaine noblesse que tout « amuse ».
Quatrième temps :
L’épisode de Robinson. Ainsi va-t-on danser à Robinson en auto, escapade que l’on vit comme un exploit, puisqu’il
faut passer les barrières de Paris et « souper sur l’herbe» !
Cet épisode introduit un nouveau personnage, la fantasque Hortense d’Austerlitz à qui l’on pardonne sa noblesse
d’Empire accompagnée d’une américaine, Hester Wayne. On y rencontre aussi «Mirza », cousin du Shah de Perse.
Les exilés sont à la mode, dans cette période de l’après-guerre.
Anne «adopte » François qui admire la complicité du comte et de sa femme dansant, s’émerveille de ce que,
fatiguée, Mahaut prenne place à ses côtés, s’effraie d’avoir pu boire, avec la comtesse, un « philtre » destiné à
Mahaut et Anne I
Dans l’auto qui les ramène à Paris, il est invité à déjeuner le lendemain, chez les Orgel.
Ce chapitre « d’exposition » remplit donc ses fonctions: il introduit les personnages principaux, les ancre dans un
double contexte, spatio-temporel et socio-culturel et, sur un plan littéraire, établit un pont entre la présente fiction et
La Princesse de Clèves — L’intérêt de François pour Mahaut s’éveille au cours de ce bal à Robinson- mais aussi la relie,
par le thème du philtre, aux grandes histoires d’amour des épopées du Moyen-Age.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 5 - 2
ANALYSE PAR CHAPITRE DU BAL DU COMTE D’ORGEL
Chapitre 2 :
Le deuxième chapitre est un chapitre de transition; il est consacré à la discussion entre François et Mme Forbach, son
hôtesse à Paris, poursuit le portrait et l’histoire de François, évoque la disparition, en mer, de son père, la réserve de
sa mère dans l’expression de ses sentiments.
Chapitre 3 :
François déjeune donc chez les d’Orgel.
Le chapitre 3 est constitué de trois parties essentielles: dans la première, Anne teste son hôte et accapare la
conversation, au point que François cherche le moyen le plus poli de prendre congé; dans la deuxième, le feu dans la
cheminée du salon rapproche, dans la simplicité de leurs sensations, Mahaut et François et met en lumière une
première faille dans le couple Anne-Mahaut: « Quel dommage, Anne, que vous n’ayez pas les mêmes goûts que moi,
dit Mme d’Orgel »; la troisième voit revenir Paul Robin et ses manoeuvres pour « rester dans le coup ».
Troublée, Mahaut annonce qu’elle sort : elle a « oublié Tante Anna ».
Chapitre 4 :
Le soir même. Trois mouvements encore, ici. Deux sont satiriques; le troisième relève de l’introspection
mélancolique.
Le premier est consacré au dîner de Paul et François: Paul n’a de cesse que de savoir comment François a rencontré
Anne d’Orgel et son épouse. Au passage, on notera une sévère critique « des mauvais romans du XVIIIè siècle dont les
Liaisons dangereuses sont le chef-d’oeuvre ».
Dans le second, François est confronté, dans le train qui le ramène chez sa mère, à « une famille de braves gens ». On
assiste à une scène à la Maupassant où mère et fille ont honte de leur benêt de mari et de père et le montrent.., sans
se rendre compte que ce sont elles-mêmes qui se ridiculisent aux yeux de François.
Le comportement de cette famille conduit François à s’interroger sur ses rapports—silencieux—avec sa mère. Il
souhaite « la mêler » désormais « à sa vie »... et lui faire connaître Mme d’Orgel
Chapitre 5 :
Le lendemain. Quatre pages de gêne et de confusion. La communication entre mère et fils ne parvient pas à s’établir.
La soudaine tendresse de François inquiète finalement Mme de Séryeuse : « Qu’-t-il fait?»
Le narrateur omniscient analyse le comportement et les pensées de François : oui, il aime profondément —sans le
savoir ou sans vouloir se l’avouer- Mahaut.
Chapitre 6 :
Un goûter chez les Orgel. 2 pages.
Le lendemain est l’occasion de confronter les sentiments de François et ceux d’Anne. François s’est répété tout au
long du chemin « J’aime Mahaut ». Mais, chez ses hôtes, c’est vers Anne que vont ses pensées : parce-qu’il est aimé
de Mahaut, il trouve « en lui un ami».
Pas d’analyse, chez Anne, de sa « toquade » pour François. Il ne se rend pas compte qu’il «préférait François à tous
parce que François aimait sa femme ». Et c’est cet amour de François qui va décider de son propre amour pour
Mahaut : « Il commençait de l’aimer, comme s’il avait fallu une convoitise pour lui en apprendre le prix ». Mahaut ne
s’inquiète pas : sa préférence pour François relève du « devoir conjugal».
Chapitre 7 :
Deux pages.
François devient indispensable à l’hôtel d’Orgel. De même qu’il y a, dans l’entourage de François, l’infortunée et fade
famille Forbach, il y a, dans la famille d’Orgel, la soeur ainée d’Anne, « une sainte» puisque « la nature l’avait peu
comblée ».
Chapitre 8 :
La vie mondaine chez les Orgel et les désagréments qu’elle provoque chez François.
Le chapitre s’ouvre sur l’amour et le désir nouveaux d’Anne pour sa femme, sentiments nés le jour où François et
Mahaut parlaient autour du feu (chap. 3). Il se clôt sur le bonheur de François qui perdurera à condition que
personne, pas même Mahaut ne découvre son secret.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 5 - 3
ANALYSE PAR CHAPITRE DU BAL DU COMTE D’ORGEL
Chapitre 9 :
Une page. Mme de Séryeuse entend tellement son fils parler des Orgel qu’elle lui propose de les inviter.
Chapitre 10 :
Une page. Plaisir de Mahaut dû à l’invitation.
La comtesse ne veut y voir que le plaisir de « donner du sérieux à cette amitié ».
Chapitre 11 :
Cinq pages. Invitation des Orgel à Champigny.
Complicité entre Mme de Séryeuse et Mahaut. Etonnement de François qui voit sa mère autrement.
Mais l’essentiel est dans un coup de théâtre : Mahaut et François sont cousins — certes à la mode de Bretagne. Voilà
qui amuse grandement le comte mais trouble et François et Mahaut.
François raccompagne les Orgel à Paris, séduit par «la perspective d’une voyage en auto auprès de Mme d’Orgel ».
Pour Mahaut, ce cousinage la rassure : elle ne peut aimer François.
Mais comment faut-il comprendre cette phrase : « en cette minute, elle aima son mari comme un amant »?
Chapitre 12 :
2 pages. Le dîner chez les Orgel.
Anne dresse l’arbre généalogique des Grimoard... et pousse François à embrasser Mahaut. Il s’exécute en riant, tout
comme Mahaut; mais chacun se trompe sur le sens de ce rire chez l’autre.
Première médisance à l’office : « M. le Comte a dû trouver cela plus commode ».
Chapitre 13 :
1 page. François raconte l’événement à Paul : celui-ci ne partage pas sa joie; François se retrouve seul.
Chapitre 14 :
1 page. François et sa mère déjeunent chez les Orgel.
Ironie du sort, sur le chemin du retour, Mme de Séryeuse vante le charme de Mahaut et elle ajoute : «Je n’en
souhaiterais pas d’autre pour bru », suscitant ainsi dans l’esprit de son fils ce regret «Et moi, pas d’autre pour
femme» et lui donnant la preuve « que son esprit ne se trompait pas ».
Chapitre 15 :
3 pages.
François glisse volontairement son bras sous celui de Mahaut, dans la voiture qui les emmène au théâtre. Son geste
est compris par Mahaut comme « une insulte à l’amitié ».
Elle en fait l’aveu à son mari —qui a d’ailleurs vu le geste »; il ne s’agit pour lui que d’un« enfantillage ».
Chapitre 16 :
3 pages. Saint-Cloud, le Bois de Boulogne.
Lieux de promenades pour François, Mahaut, le prince Mirza et sa jeune nièce, veuve à quinze ans. Communion dans
la nature.
Chapitre 17 :
2 pages.
Un mensonge de François lui permet d’emmener ses amis à Champigny sans qu’ils déjeunent chez Mme de Séryeuse.
Vague à l’âme de Mahaut qui juge ces escapades dans la nature, dangereuses.
Chapitre 18 : 3 pages.
Mais Mme de Séryeuse croise leur route.
Mahaut l’a-t-elle reconnue? Elle pousse un cri et ment à son mari: «je me suis piqué le doigt ».
Elle refuse de s’interroger sur sa conduite, découvrant en elle, une nouvelle Mahaut.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 5 - 4
ANALYSE PAR CHAPITRE DU BAL DU COMTE D’ORGEL
Chapitre 19 :
4 pages. L’été.
La première partie de la saison est passée à Paris, contrairement à l’habitude dans leur milieu.
L’intimité silencieuse de Mahaut et de François s’approfondit dans des frôlements de main qu’ils souhaitent juger
innocents. « En face de lui je n’éprouve rien » se dit Mahaut. Et pourtant elle est perturbée et annonce à Anne qu’il
est grand temps de quitter Paris où « il n’y a plus personne ».
Chapitre 20 :
3 pages.
François se résout à partir « pour le pays basque » dit-il à Mahaut.
S’il a hâte que les Orgel quittent Paris au plus tôt, c’est dans la perspective de les retrouver —comme par hasard- à
Venise.
Lorsqu’il lui annonce son départ, Mahaut pense que François ne part pas seul mais avec une femme. Elle en ressent
comme une « morsure ».
Chapitre 21 :
2 pages.
Départ de François.
Mahaut et lui s’embrassent sur les joues. C’est un baiser dont Anne est exclu, puisqu’il ne l’a point commandé.
Chapitre 22 :
3 pages.
Echange de lettres entre Mahaut et François qui les rend heureux l’un et l’autre.
Mme de Séryeuse devine les sentiments de son fils et l’encourage à ne point manquer « aux devoirs de l’amitié ».
Mahaut veut croire qu’elle doit son bonheur à son mari.
Chapitre 23 :
2 pages.
ù l’on apprend qu’il est arrivé à Anne de tromper sa femme et où la proximité induite par la vie de château ne lui
permet pas de se livrer à une infidélité, avec une très belle Viennoise.
Chapitre 24 :
2 pages.
François, dans sa solitude, analyse ses sentiments:
Il aime Mahaut comme une femme et non comme un ange ; il veut croire que l’amitié qu’il éprouve pour Anne n’a
rien à voir avec son attirance pour Mahaut.
Chapitre 25 :
2 pages.
Deux temps : dans le premier, Paul Robin avoue à François ses échecs amoureux, avec Hester Wayne et avec sa
maîtresse, une jeune bourgeoise qui, pour lui, a rompu avec son mari.
Dans le second, François lui fait part de son amour pour Mahaut —amour sans espoir, que son amitié pour Anne le
conduit à penser qu’il doit justement rester sans espoir.
Chapitre 26 :
2 pages.
Mahaut continue à écrire à François. Mais ni elle ni son mari n’ont envie d’aller à Venise.
Chapitre 27 :
3 pages. François retrouve Mahaut, rentrée à Paris.
Anne est à la chasse. Le fait de se retrouver seuls instaure entre eux une gêne.
Chapitre 28 :
2 pages.
Tandis que Mahaut doit s’avouer qu’elle aime François, Anne décide d’organiser un bal costumé en Octobre.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 5 - 5
ANALYSE PAR CHAPITRE DU BAL DU COMTE D’ORGEL
Chapitre 29 :
6 pages.
Le chapitre est consacré à la lettre d’aveu de Mahaut à Mme de Séryeuse.
Mahaut s’est, en effet, sentie « perdue » : son mari lui a dit que François aussi s’était rendu compte que « Mahaut n’a
pas l’air bien portante ».
Radiguet nous livre d’abord les réactions de la mère de François, avant le contenu de la lettre. Mme de Séryeuse trouve
la lettre « confuse » mais juge la situation « grave ».
Dans sa lettre, Mahaut dit comment son aveuglement s’est dissipé, l’aveu qu’elle a dû se faire à elle-même et qu’elle
lui fait maintenant. Elle dédouane François mais demande à sa mère de l’éloigner de chez elle.
Pour Mme de Séryeuse, Mahaut lui cache la vérité : le rôle de François ou un amour qui est allé plus loin que Mahaut
l’a écrit ?
Chapitre 30 :
3 pages.
Rencontre entre les deux femmes, bien maladroite puisque Mme de Séryeuse révèle à Mahaut que François l’aime.
Elle promet cependant à Mahaut que François ne viendra pas au dîner prévu le même soir.
Chapitre 31 :
3 pages.
Deuxième maladresse de Mme de Séryeuse : dans sa colère, elle montre à François la lettre de Mahaut qui nage alors
dans le bonheur.
Il garde la lettre et annonce à sa mère qu’il se rendra au dîner : « Mon absence à ce dîner serait incompréhensible
aux yeux d’Anne d’Orgel ».
Chapitre 32 :
15 pages.
Dîner et préparation du bal.
En voyant paraître François, Mahaut se sent très mal. Elle trouve un peu de réconfort dans la présence à ses côtés de
Naroumof, transformé et rendu comme étranger au monde d’Anne, par sa ruine.
Tout à sa préparation du bal costumé, Anne se ridiculise en jouant avec le chapeau de Naroumof qui est tout ce qui
lui reste. Mahaut le « sauve » en se faisant son complice.
Sa peur est de s’être rendue « odieuse » aux yeux de François. Elle décide de parler à son mari.
Chapitre 33 :
6 pages.
Aveu de Mahaut à Anne. Incrédulité, d’abord, d’Anne puis « peur » d’avoir mal.
Mais il retient, surtout, le fait inconvenant que Mahaut ait écrit à Mme Séryeuse. Il faut, selon lui, « réparer tout
cela ».
Il décide que le bal aura bien lieu, que François y sera présent et qu’il fera partie de leur entrée.
Il enjoint, enfin, son épouse de dormir : « Et maintenant, Mahaut, dormez ! Je le veux ».
Le roman se termine donc, paradoxalement, sur une fin ouverte : celle d’un bal, annoncé par le titre, mais encore à
venir. Aura-t-il lieu ? Comment se passera-t-il ? Qu’adviendra-t-il de Mahaut et François ?
Ou, encore, quel prince charmant viendra donc réveiller la « comtesse-princesse » endormie ?
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
SCHEMA NARRATIF DU BAL DU COMTE D’ORGEL
FICHE 6
Activité T.I.C.E.
En s’appuyant sur l’étude par chapitre, on pourra, après présentation de ce qu’est le schéma narratif d’une
œuvre romanesque, le faire réaliser grâce à un logiciel de dessin ou aux outils « dessin » d’un logiciel de
traitement de texte.
On s’intéressera, en particulier, aux péripéties retenues et au sort accordé au double aveu.
Situation initiale
Evénement déclencheur
P
E
Généalogie de Mahaut
Présentation des 4 premiers personnages
7 février 1920 :
Rencontre de François avec les Orgel à
Médrano
3. Complicité Mahaut-François devant la
cheminée. Mahaut-Anne : pas les mêmes
goûts.
6. François : ¶« j’aime Mahaut »
R
I
P
11. Invitation des Orgel à Champigny.
François et Mahaut : cousins.
14. Mme de Séryeuse (>Mahaut) : « Je
n’en souhaiterais pas d’autre pour bru »
E
20-26. Eté. Echange de lettres.
T
28. Mahaut s’avoue qu’elle aime François..
I
E
S
Philippe Ignaczak
31. François lit la lettre de Mahaut.
Il sait qu’elle l’aime.
32. Préparation du bal. Mahaut « sauve »
Anne mais craint de s’être rendue
« odieuse » aux yeux de François.
Eléments de
résolution
Le double aveu
(échec)
à Mme de Séryeuse et à Anne
Situation finale
Maintien annoncé du Bal et de la
présence de François.
Ordre d’Anne à Mahaut :
« Dormez ! »
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 7
ESPACES ET TEMPS
Le bois de Boulogne, Saint-Cloud – lieux mondains à l’époque, lieux « d’escapades sauvages » selon Mahaut et
François, les bords de Marne et Champigny sont les seuls lieux extérieurs dans cette fiction.
Les lieux des vacances d’été ne sont que peu évoqués si ce n’est comme des lieux d’absence l’un à l’autre.
Le lieu principal est la rue de l’Université où se trouve l’hôtel des Orgel. Là se passe l’essentiel de l’action, lieu clos
propice aux évasions de la pensée des deux principaux protagonistes.
Le temps est lui-même resserré : du 7 février 1920 au mois d’octobre qui suit.
Cette année suit de peu la fin de la guerre 1914-1918 et marque le retour des fêtes mondaines pour les parisiens des
classes aisées. C’est d’ailleurs l’hôtel des Orgel qui « ouvrit le bal ».
Notons aussi que l’époque est contemporaine de la vie de Radiguet.
Mais lieux et temps ne servent, en réalité, que de toile de fond, moins à l’histoire des personnages et de leur amour,
qu’aux personnages eux-mêmes.
Tout ceci sert bien le dessein de l’auteur : « Roman où c’est la psychologie qui est romanesque ».
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 8 - 1
« Côté Mondain » - « Roman où c’est la psychologie qui est romanesque »
« Côté Mondain » :
Le côté « mondain » est induit par le titre lui-même : on imagine une salle richement éclairée, un beau parquet, des
danseurs élégants… et c’est le bal du Comte d’Orgel, celui qui réinventa les fêtes au lendemain de la guerre !
Les personnages, d’ailleurs, appartiennent à la haute société : noblesse, bourgeoisie aisée, diplomatie, …
Et, surtout, le talent mondain est la principale caractéristique d’Anne d’Orgel : il consacre sa vie aux mondanités,
festivités et futilités dont il fait son « métier », au point d’oublier de se préoccuper de Mahaut…
« Roman où c’est la psychologie qui est romanesque » :
Dans Le Bal du Comte d’Orgel, Radiguet met, avant tout, l'accent sur la psychologie de ses personnages. La plus
grande partie du texte est consacrée à expliquer ce qui se passe dans leur tête. Le narrateur éclaire de ses
commentaires leurs décisions, leurs omissions et leurs comportements.
C’est que, si dans Le Diable au Corps, l’emploi de la première personne du singulier caractérise le narrateur, dans Le
Bal du Comte d’Orgel, c’est la troisième personne qui est employée. Le narrateur, externe à l’action, observateur,
locuteur dans les deux premiers paragraphes du roman, s’y révèle être un narrateur omniscient.
A quoi s’intéresse donc ce narrateur ?
Au physique de Mahaut et de François ? Non. De la première, les premières pages nous apprennent simplement
qu’elle est « belle » et pour François qu’ « il avait vingt ans ». Le sujet d’intérêt, dans ce roman d’analyse, c’est la
psychologie des deux jeunes gens et, surtout, comment évolue leur relation et de quelle manière, involontaire,
volontaire ou d’une parfaite mauvaise foi inconsciente, ils font en sorte de retarder le moment où chacun s’avouera à
lui-même qu’il aime.
Au Médrano, François observe Mahaut ; il la trouve « belle, méprisante et distraite » mais le narrateur souligne que
François « appréciait mal ce qu’avait de romanesque sa rencontre avec les Orgel » et remarque tout de suite après
qu’il « pensait avec mélancolie qu’il devait se séparer des Orgel ». L’amour naît sans qu’il en prenne conscience.
Eloigné de tout esprit de calcul, il « ne cherchait pas dans ce ménage une fissure par où s’introduire » et regarde avec
plaisir les deux époux danser.
Mais apparaît une première faille dans le couple et une première complicité entre Mahaut et François, le même
plaisir à contempler le feu dans la cheminée, plaisir auquel Anne est étranger, - Anne qui, le regrette Mahaut, ne
partage pas « les mêmes goûts » que sa femme.
François, affirme le narrateur, jugeait son amour pour Mahaut d’après ses anciennes conquêtes et « jugeait mal ». Il
est donc sûr que son attirance pour Mahaut est due à son amitié pour Anne. Il pensait d’ailleurs « aimer dans le
vague » mais, en réalité, « l’amour venait de s’installer en lui à une profondeur où lui-même ne pouvait descendre ».
Et, finalement, il doit s’avouer « J’aime Mahaut » et qu’il l’aime - et la désire - non comme l’épouse de son ami mais
« comme une femme », tout en souhaitant encore que cet amour reste secret.
« Etes-vous déjà allé à Robinson ? demanda Mahaut ». Telle est la première question, purement mondaine, de
Mahaut à François, rapportée au style direct.
Au sortir du premier déjeuner chez les Orgel, François parle « simplement » mais à son « j’aime le feu », Mahaut « se
mit à vivre ». Déjà, elle regrette que son mari ne partage pas les mêmes goûts qu’elle ; mais « sa phrase lui apparut
comme dite à la légère ». Or, comme le remarque le narrateur, « ces mots, qu’elle n’avait jamais prononcés, ni même
pensés, étaient pourtant significatifs ».
A la découverte de leur cousinage, Mahaut ressent un trouble et, sur le chemin du retour à Paris, si « ce n’était pas
sans malaise que Mahaut trouvait tant de charme à l’immixtion d’un tiers dans (son) ménage », elle se réfugie
derrière ce cousinage, pour que François ne lui fît plus peur. Or, pour il narrateur, il y a bien, là, « trompe-l’œil » et
« malentendu ».
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 8 - 2
« Côté Mondain » - « Roman où c’est la psychologie qui est romanesque »
Le geste de François qui glisse volontairement, dans la voiture, son bras sous le sien la peine mais il est l’occasion
d’un premier mensonge de Mahaut à son mari qui juge l’incident avec « légèreté ».
Sa femme juge alors nécessaire « d’organiser seule sa défense ». On en est, en effet, déjà là : devoir se défendre de
François et, sans doute, d’elle-même. Danger, il y a : dans leurs « escapades » à Saint-Cloud, sans qu’ils s’en soient
rendu compte, « leurs pensées s’enlaçaient ».
Au début de l’été, Anne s’absentant, François et Mahaut passent leurs après-midi ensemble ; Mahaut coud, François
lui passe ses ciseaux et, parfois, leurs mains se frôlent maladroitement. Mahaut se rassure : « En face de lui je
n’éprouve rien. » Et elle y voit la plus « parfaite définition du bonheur ». Mais lorsque François lui annonce son départ
pour le pays basque, elle ne peut s’empêcher de lui demander s’il part seul et ne le croit pas lorsqu’il lui répond par
l’affirmative et « elle sentait une morsure » qu’elle s’efforce de ne prendre que « pour de la curiosité ».
Au retour, elle éprouve de la jalousie lorsque François contemple une photo et s’exclame à propos de la Viennoise
rencontrée durant leurs vacances -à elle et à Anne - en Autriche : « Elle est bien belle ».
Dès lors, Mahaut doit le reconnaître :
« Aujourd’hui, ce sentiment, couvé, nourri, grandi dans l’ombre, venait de se faire reconnaître.
Mahaut dut s’avouer qu’elle aimait François ».
Le roman de l’adolescence :
On peut lire également Le Bal du Comte d’Orgel comme le roman de l’adolescence.
François et Mahaut font de leurs promenades dans la nature, à Saint-Cloud ou aux bords de la Marne, un rêve où,
tels Paul et Virginie, « ils croyaient chacun faire un long voyage avec l’autre et traverser ensemble des forêts
profondes ».
Leur monde n’est pas celui, mondain mais réel, d’Anne. Il est celui du rêve et de l’enfance. Le narrateur insiste dès le
premier chapitre sur leur jeunesse commune et la différence d’âge entre Mahaut et Anne.
Leur rencontre est qualifiée de « conte de fées » et la conversation de Mrs Wayne rappelle à François qu’il avait bu
seul avec Mahaut un « philtre » qu’elle aurait dû boire avec son mari…
Le rêve, leur jeunesse, le mélange de « devoir et de mollesse » pour Mahaut, l’insouciance caractérisée de François
expliquent aussi que leur relation ne trouve pas de réalisation charnelle. C’est qu’ils se heurtent à la réalité – ou que
la réalité les heurte.
Il n’est, enfin, pas jusqu’à l’amitié inconditionnelle et exclusive d’Anne et de François – d’Anne pour François – qui
puisse interroger le lecteur qui suivrait l’interprétation psychanalytique de Nadia Odouard, en s’appuyant sur les –
modernes - connotations, féminine du prénom du mari et masculine, pour celui de l’épouse.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 9 - 1
LES PERSONNAGES
Les personnages du roman sont présentés dans les dix premières pages. Quatre d’entre eux apparaissent en
premier : Mahaut, son mari Anne, Paul Robin, l’un de leurs familiers et François de Séryeuse, ami de Paul.
L’affiche du film de Marc Allégret est illustrée, elle, par le « trio » Anne, Mahaut et François.
On peut aussi considérer que les autres personnages s’organisent en fonction du rôle qu’ils jouent dans la relation
« Mahaut – François ».
Le système des personnages :
Un couple central, donc : Mahaut et François.
Et d’autres personnages, plus ou moins importants ou secondaires, autour de ce couple – Anne d’Orgel compris.
On peut distinguer trois « trios » parmi les personnages principaux :
 Anne, Mahaut et Paul Robin : Anne d’Orgel et son épouse Mahaut. Paul Robin, l’un de leurs familiers, qui les
considère comme « sa propriété ».
 Puis Mahaut, Anne et François : François rencontre les Orgel au cirque Médrano, le 7 février 1920. Bientôt,
« l’hôtel des Orgel ne put se passer de François de Séryeuse ».
 Mahaut, Mme de Séryeuse et François : François, fils de Mme de Séryeuse, éprouve des difficultés à
communiquer avec sa mère. Mahaut et Mme de Séryeuse sont conquises l’une par l’autre dès la première
rencontre à Champigny. La mère de François deviendra la confidente de Mahaut – confidente maladroite, on
le verra plus loin, puisque, malgré sa volonté, elle jouera le rôle d’intermédiaire dans la relation amoureuse
de Mahaut et François.
On peut aussi établir des « duos » :
Anne et son épouse Mahaut : elle s’éprend « follement » de son mari ; il lui répond par une réelle amitié.
Mahaut et François : la passion de Mahaut pour son mari s’amenuise au fur et à mesure que s’affirme son intérêt
pour François. Les deux jeunes gens s’aiment mais tardent à se l’avouer, chacun à lui-même. François sera le premier
à le faire ; Mahaut ne le fait que dans les derniers chapitres du roman. Ils ne s’avoueront pas, l’un à l’autre, leurs
sentiments. Il n’y aura pas de relation charnelle entre eux.
François et sa mère : un duo marqué par sa difficulté à communiquer et par ses incompréhensions, même.
Mahaut et Mme de Séryeuse : comme nous l’avons vu ci-dessus.
Anne et François : ils deviennent très rapidement amis et c’est au nom de cette amitié que François refoule
longtemps son amour pour Mahaut.
François et Paul : amis partagés entre confidences et incompréhension, voire rivalité.
Paul et Mrs Wayne, l’américaine : elle deviendra, un temps, sa maîtresse.
Hortense et Mrs Wayne : deux « exilées ». Mrs Wayne, par sa nationalité ; Hortense par la qualité de sa noblesse 
noblesse certes, mais noblesse d’Empire seulement, regardée avec un certain dédain par la « véritable noblesse »,
qu’elle soit « féodale » ou « de cour ». Hortense est « sauvée » par son caractère original.
Les « Forbach » : la mère et son fils hydrocéphale. « Vieux ménage », « vie infirme » ainsi les qualifie le narrateur. La
location d’une chambre pour François, dans leur appartement de l’île Saint-Louis, est une sorte d’œuvre de charité.
Paul et sa sœur : une sœur qu’il exile régulièrement chez une imaginaire ( ?) « Tante Marthe ».
Mahaut et Naroumof : en empathie, à cause de leurs détresses respectives, lors de la soirée de préparation du bal.
Naroumof a longtemps amusé Anne ; devenu pauvre, il devient gêneur.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 9 - 2
LES PERSONNAGES : TYPE, FONCTION, SYMBOLE ET CARACTERE
Un personnage de roman, comme un personnage dramatique, peut se définir grâce à quatre caractéristiques :




Type : type social auquel le personnage appartient.
Fonction : rôle que le personnage joue dans l’action ou la fiction, notamment par rapport au(x)
personnage(s) principal(aux).
Symbole : le statut, la ou les valeur(s) représentée(s) par le personnage.
Caractère : tout ce qui fait que nous « croyons » en lui et, pris par la lecture, en faisons souvent « un être
humain ».
Nous avons choisi la « carte heuristique » ¶pour représenter cette définition du personnage.
Deux solutions s’offraient à nous :
prendre les personnages un par un
ou
organiser la carte en fonction de ces quatre éléments.
C’est cette deuxième solution que nous avons privilégiée.
Type
On peut distinguer sept types de personnages dans Le Bal du Comte d’Orgel :
Les cinq premiers types confirment le « coté mondain » affirmé par R. Radiguet dans ses notes.
Certes, Paul est roturier et parvenu mais il exerce le métier de diplomate.
Les expatriés sont, eux, à la mode, en Europe, dans les années folles de l’après-guerre 1914-1918.
Pour les américains de bonnes familles et aisés, il est, alors, de bon ton de faire un séjour en Europe et,
particulièrement, en France.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 9 - 3
LES PERSONNAGES : FONCTION
Entre Mahaut et François, deux personnages apparaissent comme des intermédiaires :
 Anne qui « normalise » leur amour en établissant leur cousinage ;
 Mme de Séryeuse, surtout par ses maladresses.
Mrs Wayne attise la jalousie de Mahaut en tentant de séduire François.
Naroumof, agent de la déconsidération d’Anne, impose à Mahaut de « sauver » son mari.
Elle craint alors le jugement de François :
« Il était au-dessus de ses forces d’imaginer comment François pouvait la juger »,
 un François bien triste, mais d’ « une tristesse qui augmente l’amour ».
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 9 - 4
LES PERSONNAGES : SYMBOLE
La « vérité et la simplicité » de l’une, l’ « absence de calcul » de l’autre, leur jeunesse rapprochent Mahaut et
François.
Peu à peu, les « futilités » dont Anne se fait « un métier » éloignent Mahaut de lui.
La « fidélité » et la « vertu » - que François respecte - s’opposent à leur amour.
Paradoxalement, les « maladresses » de Mme de Séryeuse le favorisent, même si ses « préjugés » le condamnent.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 9 - 5
LES PERSONNAGES : CARACTERE
Age, conduite et psychologie donnent leur « épaisseur » aux personnages.
Ils en font des êtres auxquels on peut s’identifier ou, au contraire, s’opposer.
Dispositif pédagogique. Activités T.I.C.E.
Exposé sur les personnages mené par l’enseignant : vidéoprojection. La carte est déployée au fil de l’exposé.
Construction de la carte avec la classe. Même dispositif technique : PC, logiciel et vidéoprojecteur.
Construction de la carte par les élèves eux-mêmes, individuellement ou en petits groupes : présentation du
logiciel par l’enseignant ; travail en salle T.I.C.E. Il sera intéressant de confronter les cartes et, en particulier, leur
structuration.
Une carte heuristique peut être réalisée, la plupart du temps, avec n’importe quel programme disposant d’outils
de dessin. Mais il existe plusieurs logiciels spécifiques. Nous avons privilégié « Freemind » que l’on peut
télécharger librement et dont l’utilisation est assez intuitive. On trouvera, en annexe, une fiche technique sur cet
outil.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FICHE 10
SCHEMA ACTANCIEL
Faire le schéma actantiel, c’est voir, dans un récit, les différentes forces ou différents personnages qui s’exercent et
que l’on appelle « actants ». Ces actants se définissent à partir de leurs fonctions.
 Le héros du roman est appelé « SUJET ».
 Il est à la recherche de quelque chose, presque d’un bout à l’autre du roman. Quand il aura trouvé cette
chose, le roman sera terminé. On peut dire qu’il est en quête d’un « OBJET » qui représente le but de son
action.
 Ce qui le pousse à agir (personne, sentiment, passion, …) porte le nom de « DESTINATEUR »
 On se demandera aussi à qui cette quête profite : celui qui est le bénéficiaire de l’action du sujet est le
« DESTINATAIRE ».
 Pour mener à bien cette quête, il reçoit l’aide de certains personnages. On dit que ce sont des
« ADJUVANTS ».
 Il va aussi avoir des « OPPOSANTS » qui créent des obstacles à son action.
 A noter que le statut des autres personnages que le sujet peut évoluer : d’adjuvants, ils peuvent devenir
opposants et vice-versa.
On peut résumer cela sous la forme d’un schéma (schéma actantiel) :
DESTINATEUR
SUJET
DESTINATAIRE
En quête d’un
ADJUVANT(S)
OBJET
OPPOSANT(S)
Dans Le Bal du Comte d’Orgel :
La première étape, dans la construction du schéma actanciel, consiste donc à repérer le « sujet ». Qui est le sujet
dans Le Bal du Comte d’Orgel ? S’agit-il, comme le titre nous invite à le penser, du comte « Anne d’Orgel », en quête
de ce bal qui consacrera son fabuleux talent d’organisateur mondain ? Mais le fameux bal occupe finalement peu de
place dans le roman, relégué qu’il est dans les deux derniers chapitres. Est-ce « François de Séryeuse » aux songes,
réflexions et méandres de la psychologie duquel le narrateur s’intéresse principalement, pendant une bonne
première partie du livre ? En quête d’un amour qu’il s’interdit et qui ne se concrétise pas ?
En fait, une relecture attentive de l’« incipit » et de l’« excipit » (début et fin) du roman nous conduit à considérer
« Mahaut », née « Grimoard de la Verberie », épouse « d’Orgel comme le véritable sujet du Bal du Comte d’Orgel.
« mélange du devoir et de la mollesse »
Vertu et fidélité
Sa naissance
MAHAUT
François (par son silence).
Naroumof (pour son empathie).
Mme de Séryeuse (adjuvante
souhaitée par Mahaut).
Philippe Ignaczak
En quête de
Elle-même
SERENITE
Anne (par son manque de présence et
par sa décision finale de maintenir le
Bal et la présence de François).
François (par son amour et sa
présence lors de la soirée de
préparation du bal).
Mme de Séryeuse (qui laisse François
lire et conserver la lettre de Mahaut).
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
RAYMOND RADIGUET
Le Bal du Comte d’Orgel
LECTURES ANALYTIQUES PROPOSEES
Ces extraits sont proposés, en fichiers audio, dans le CD-ROM « Ressources ».
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
DISPOSITIF PEDAGOGIQUE – ACTIVITES T.I.C.E.
La question –ou problématique- destinée à orienter la lecture analytique est laissée à l’initiative de l’enseignant en
fonction de son projet pédagogique.
Pour l’apprenant, il y a nécessité de garder trace de l’analyse faite : plan détaillé, rédaction sous la forme d’une page
de carnet de bord, …
On pourra lui proposer d’avoir recours à :
 Un logiciel de Présentation Assistée par Ordinateur : Diapo Titre, puis diapositives avec texte à puces.
Demander, à l’entrée, après le titre, un plan général du travail.
 Un logiciel de Traitement de Textes : introduction et conclusion rédigées. Développement rédigé (plan bien
apparent) ou sous forme de plan détaillé pour chaque partie : utilisation du mode « plan ».
 Une CARTE HEURISTIQUE pour ceux qui préfèrent une représentation plus visuelle (voir fiche technique N°1)
L.A.N°1
LES PREMIERS PARAGRAPHES (COMPLEMENT DE L’ETUDE DE LA COUVERTURE)
« Les mouvements d'un coeur comme celui de la comtesse d'Orgel sont-ils surannés ? Un tel
mélange du devoir et de la mollesse semblera peut-être, de nos jours, incroyable, même chez
une personne de race et une créole. Ne serait-ce pas plutôt que l'attention se détourne de la
pureté, sous prétexte qu'elle offre moins de saveur que le désordre?
Mais les manoeuvres inconscientes d'une âme pure sont encore plus singulières que les
combinaisons du vice. C'est ce que nous répondrons aux femmes, qui, les unes, trouveront Mme
d'Orgel trop honnête, et les autres trop facile. »
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
L.A.N°2
LA RENCONTRE AVEC LES ORGEL (CHAPITRE 1) :
« Le samedi 7 février 1920, nos deux amis étaient au cirque Médrano. D'excellents clowns y attiraient le
public des théâtres.
Le spectacle était commencé. Paul, moins attentif aux entrées des clowns qu'à celles des spectateurs,
cherchait des visages de connaissance. Soudain, il sursauta.
En face d'eux entrait un couple. L'homme fit, avec son gant, un léger bonjour à Paul.
- C'est bien le comte d'Orgel ? demanda François.
- Oui, répondit Paul assez fier.
- Avec qui est-il ? Est-ce sa femme?
- Oui, c'est Mahaut d'Orgel.
Dès l'entracte, Paul fila comme un malfaiteur, profitant de la cohue, à la recherche des Orgel, qu'il
souhaitait voir, mais seul.
Séryeuse, après avoir fait le tour du couloir, poussa la porte des Fratellini. On se rendait dans leur loge
comme dans celle d'une danseuse.
Il y avait là des épaves grandioses, des objets dépouillés de leur signification première, et qui, chez ces
clowns, en prenaient une bien plus haute.
Pour rien au monde, M. et Mme d'Orgel ne se fussent dispensés, étant au cirque, de cette visite aux
clowns. Pour Anne d'Orgel, c'était se montrer simple.
Voyant entrer Séryeuse, le comte mit immédiatement ce nom sur son visage. Il reconnaissait chacun, ne
l'eût-il aperçu qu'une fois, et d'un bout d'une salle de spectacle à l'autre ; ne se trompant ou n'écorchant
un nom que lorsqu'il le voulait.
Il devait à son père l'habitude d'adresser la parole à des inconnus. Le feu comte d'Orgel s'attirait
fréquemment des réponses désagréables de personnes qui n'acceptent pas ce rôle de bête curieuse.
Mais ici, l'exiguïté de la loge ne pouvait permettre à ceux qui s'y trouvaient de s'ignorer. Anne joua une
minute avec Séryeuse en lui adressant quelques phrases sans lui montrer qu'il le connaissait de vue. Il
comprit que François était gêné de n'avoir pas été reconnu et que la partie se jouât inégale. Alors se
tournant vers sa femme: “M. de Séryeuse, dit-il, ne semble pas nous connaître aussi bien que nous le
connaissons. ” Mahaut n'avait jamais entendu ce nom, mais elle était habituée aux manèges de son
mari.
- J'ai souvent, ajouta ce dernier en souriant à Séryeuse, prié Robin “d'organiser quelque chose”. Je le
soupçonne de faire mal les commissions.
Venant de voir François avec Paul, dont il connaissait le travers, il mentait comme l'affabilité sait mentir.
Tous les trois raillèrent les cachotteries de Robin.
On décida de le mystifier. Il fut entendu entre Anne d'Orgel et François que l'on feindrait de se connaître
de longue date.
Cette innocente farce supprima les préliminaires de l'amitié. Anne d'Orgel voulut faire visiter à François,
qui la connaissait, l'écurie du cirque, comme si c'eût été la sienne.
De temps en temps, quand il sentait qu'elle ne pouvait le surprendre, François jetait un coup d'oeil sur
Mme d'Orgel. Il la trouvait belle, méprisante et distraite. Distraite, en effet; presque rien n'arrivait à la
distraire de son amour pour le comte. Son parler avait quelque chose de rude. Cette voix d'une grâce
sévère apparaissait rauque, masculine, aux naïfs. Plus que les traits, la voix décèle la race. La même
naïveté eût fait prendre celle d'Anne pour une voix efféminée. Il avait une voix de famille et ce fausset
conservé au théâtre.
Vivre un conte de fées n'étonne pas. Son souvenir seul nous en fait découvrir le merveilleux. François
appréciait mal ce qu'avait de romanesque sa rencontre avec les Orgel. Ce tour qu'ils voulaient jouer à
Paul les liait. Ils se sentaient complices. Ils étaient leurs propres dupes, car ayant décidé de faire croire à
Robin qu'ils se connaissaient de longue date, ils le croyaient eux-mêmes.
Une sonnette avait annoncé la fin de l'entracte.
François pensait avec mélancolie qu'il devait se séparer des Orgel, et rejoindre Paul. Anne proposa de
déplacer quelqu'un pour “ rester ensemble ”. La farce n'en serait que meilleure.
Paul détestait les retards, et tout ce qui peut vous faire remarquer sans bénéfice. Il songeait plus à
l'opinion des autres qu'à la sienne. Déjà mécontent d'avoir manqué les Orgel, et de n'avoir su se
dépêtrer de moindres personnages rencontrés sur son chemin, il grognait contre François à cause de
son retard. Quand il vit le trio, il n'en crut pas ses yeux. »
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
L.A.N°3
LE GOUTER (CHAPITRE 6) :
« Il goûta chez les Orgel le lendemain. Il sentit alors que son amitié pour Anne était intacte. Cette amitié
était plutôt la turbulence d'un coeur naïf. Il s'était dit tout le long du chemin : “ J'aime Mahaut ” et
s'attendait à éprouver en face d'elle quelque chose d'extraordinaire. Mais il se sentait calme. “ Me
serais-je trompé, pensa-t-il, n'aurais-je que de l'amitié pour Anne, rien pour sa femme?
On peut dire que les idées de François sur l'amour étaient toutes faites. Mais parce que c'est lui qui les
avait faites, il les croyait sur mesure. Il ne savait pas qu'il ne se les était coupées que sur des sentiments
sans vigueur.
Ainsi François, jugeant de son amour d'après des précédents, jugeait mal. Pourquoi d'abord cette
attraction vers Anne? Ne doit-on pas être jaloux? Il savait que Mme d'Orgel aimait Anne, et, loin de le
considérer comme un rival heureux, trouvait en lui un ami ; il ne le voyait pas d'un mauvais oeil à côté
de Mme d'Orgel.
François essayait bien de combattre ces extravagances, mais dès qu'il croyait les avoir dissipées, elles se
reformaient.
Pour Anne d'Orgel, rien que de fort explicable dans sa toquade. François lui devint vite un ami comme
un autre. Il ne considéra pas ce qu'avait d'anormal que Séryeuse prît si vite rang parmi ses anciens amis.
Il n'analysait pas le motif de cette préférence. La raison en était d'ailleurs incroyable. Il eût haussé les
épaules, comme quiconque, si on la lui avait révélée.
Orgel préférait François à tous parce que François aimait sa femme.
Nous sommes attirés par qui nous flatte, de quelque façon que ce soit. Or François admirait le comte.
Son admiration allait avant tout à l'homme capable d'être aimé d'une Mahaut. En retour, Orgel
éprouvait sans le savoir, pour François, un peu de cette reconnaissance que l'on éprouve envers qui
nous porte envie.
Non seulement l'amour de François était la raison mystérieuse de la préférence du comte d'Orgel, mais
encore cet amour décida son amour pour sa femme. Il commençait de l'aimer comme s'il avait fallu une
convoitise pour lui en apprendre le prix.
Mme d'Orgel voyait, elle, d'un assez bon oeil cet ami d'Anne. Pouvait-elle s'inquiéter de la préférence
qu'elle accordait à François? N'était-il point de son devoir conjugal de partager les préférences de son
époux?
Comment se méfier de ce qui vous rapproche? »
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
L.A.N°4
LA LETTRE (CHAPITRE 29) :
« Dans le train, Mme de Séryeuse relisait :
“ Madame,
La hâte avec laquelle je vous fais remettre cette lettre vous prépare déjà à ce que je viens vous dire.
Pourtant, combien vous êtes loin de la vérité, comme il y a peu de jours, moi-même je l'étais ! Quand
vous saurez le danger que je cours, peut-être me jugerez-vous impudente de vous demander de l'aide.
“ Au début de l'amitié de mon mari pour votre fils, je ne tardai pas à m'apercevoir de la préférence que
je lui accordais sur tous nos amis ; je ne m'alarmai pas bien sérieusement et ne crus m'en apercevoir que
par excès de scrupules. Déjà, sans le savoir, j'agissais mal.
L'incident de Champigny aida encore ma conscience à se mettre en repos, et je m'accrochai
démesurément à l'idée que François était plus qu'un ami, un cousin, et que mes sentiments, alors,
n'avaient rien que de légitime.
“ J'étais aveugle ; je ne le suis plus. Il me faut donner à mes sentiments pour votre fils le nom que, à ma
honte, ils exigent. Mais une mère s'alarme vite. Aussi faut-il que je m'empresse de vous dire que votre
fils est innocent, qu'il n'a rien tenté contre mon repos. C'est toute seule que je suis venue à des
sentiments interdits, dont il ne sait rien. D'ailleurs, si je n'étais pas la seule coupable, vous comprenez
bien, madame, que ce n'est pas à vous que j'aurais le front de demander du secours. Mais vous seule
pouvez obtenir de lui ce que je ne puis, moi, demander : S'il a de l'amitié pour mon mari, pour nous - ne
plus nous voir; car je ne puis plus me sauver, qu'en me sauvant de sa présence. Vous trouverez ce qui
est le plus propre à le convaincre. Ce sera peut-être lui dire tout. Je n'en ai pas peur, je sais qu'il ne tirera
aucune vanité de ma détresse. Heureusement il n'en coûtera à son coeur que la peine, légère à côté
d'autres dont je fais la connaissance, que l'on éprouve à s'éloigner d'amis véritables. Je n'ai pas su rester
cela. Mon coeur a trahi cette amitié. Il faut donc que François ne me voie plus.
“ Ne dites pas que je n'ai pas le droit d'agir ainsi, de vouloir le séparer de mon mari, et que je manque au
premier de mes devoirs en n'avouant pas tout d'abord à M. d'Orgel. Plusieurs fois ces derniers jours j'ai
tenté de l'avertir. Mais il semblait si loin de la vérité que je n'eus pas ce courage. Il ne veut pas
m'entendre. N'allez pas croire que je l'accuse ; au contraire, je veux me charger davantage. Si mon mari
est coupable, c'est d'avoir trop de confiance en moi.
“ Hélas ! je ne puis compter sur rien. La religion ne peut plus me secourir. J'ai assez aimé mon mari pour
le suivre dans son incroyance. Ma mère pouvait-elle supposer que je lui ressemblasse si mal ? Comment
m'eût-elle mise en garde contre des dangers qui, pour elle, ne pouvaient être qu'imaginaires? Je n'avais
jamais cru ne pas suffire seule à défendre mon honneur. Si je me plains, c'est de la confiance qu'on m'a
accordée, dont je vois aujourd'hui que j'étais indigne.
“ Persuadez François, madame, je vous en supplie !
Vous et votre fils, êtes les deux personnes dont j'attends tout... ”
- Elle me cache la vérité, pensait Mme de Séryeuse.
Une lettre pareille ne vient pas toute seule. Elle me ménage. »
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
L.A.N°5
AVEU A ANNE (CHAPITRE 33) :
« Anne d'Orgel entra. Il s'assit auprès du lit de sa femme. D'abord, il voulut lui donner, sous une forme
enjouée, une véritable leçon.
- Eh bien ! qu'est-ce que cela ? s'évanouir devant du monde? C'est d'un effet désastreux, ne pouviez-vous
prendre sur vous ?
- Non. Je suis à bout de forces, je ne peux plus continuer seule.
Un jour d'aveux bien innocents, le jour où François lui avait serré le bras, on se rappelle que Mahaut avait
menti, sans prendre part à son mensonge, et pour ainsi dire entraînée par le courant du langage. Fut-ce par
un phénomène du même genre qu'elle dévida d'un seul trait, et sur le ton du reproche, ce qu'elle eût dû
s'arracher mot par mot, en souhaitant de mourir en route ?
On pourrait simplement conclure, devant cette scène, qu'un courroux inexplicable poussait Mme d'Orgel à
de gênantes méchancetés. Ce fut presque de cette façon que l'entendit Anne. Devant la placidité de
Mahaut il se disait que les gens en colère ont souvent cet air calme. Le calme, hélas ! venait de plus loin.
Ayant eu le temps de s'habituer à l'idée qu'elle aimait François, elle se rendait mal compte de ce qu'une
révélation pareille pouvait produire. Ce fut ce qui lui permit de parler net. A cause de cette netteté, de cette
sécheresse, le comte d'Orgel ne comprit pas.
Elle s'en aperçut, s'affola. On est malhabile en face d'un incrédule. Devant l'incompréhension de son mari,
la comtesse, qui s'était promis de s'accuser seule, éclata. Et parce qu'elle renforçait son aveu de griefs
qu'Anne jugea chimériques, l'aveu, comme le reste, apparut faux à son mari.
Que se passait-il chez Anne d'Orgel? Croyait-il Mahaut, et ses sentiments étaient-ils paralysés par une
douleur trop forte ? En tout cas, il ne sentait rien. Il lui sembla que tout lui était égal, qu'il n'aimait pas
Mahaut.
Elle se tordait les mains, suppliait.
- N'ayez pas cette figure incrédule. Ah ! si vous sentiez quelle cruauté est la vôtre en m'obligeant à vous
convaincre d'une chose dont j'ai un tel désespoir.
Elle s'exténuait, s'enrouait à se charger, à appuyer sur les détails qui peuvent faire le plus de mal.
Désespérant d'être entendue de son coeur, elle tenta de blesser plus directement l'orgueil du comte. Elle lui
dit qu'il avait eu envers Naroumof une conduite inqualifiable, et lui dévoila sa fausse complicité.
Si Anne d'Orgel s'était tu jusque-là, admettant, au besoin, sa maladresse dans les choses du coeur, il
prétendait remplir incomparablement son métier mondain. Mahaut visa donc juste. Mais ce fut aussi à
cause de cette prétention qu'il décida de rester raisonnable, mesuré, coûte que coûte, quoi que pût dire
Mahaut, et pour ne pas lui ressembler.
- Tenez, dit-il, vous êtes malade, nerveuse, méchante. Vous ne savez de quoi vous parlez. Je connais
Naroumof; il aurait été incapable de me cacher son humeur s'il en avait eu. Nous nous sommes séparés le
mieux du monde.
Il continua :
- Vous êtes une enfant, et, voyez-vous, toutes ces idées-là viennent de ce que vous n'avez pas été élevée,
scanda-t-il presque avec morgue. Pardonnez-moi, Mahaut; je trouve risible que vous vous mêliez de
m'apprendre ce que je sais mieux que personne. Vos reproches à propos de Naroumof m'enseignent, si je
ne le savais déjà, que toutes vos peurs sont aussi vaines, aussi sottes... Vous avez la fièvre, vous regretterez
cette scène au réveil.
Il se leva.
Mahaut se dressa à moitié hors du lit et le retint par sa manche avec une force qu'elle ne se soupçonnait
point.
- Quoi ! vous partez? vous allez partir?
Décidé à ne pas sortir de lui-même, Anne d'Orgel se rassit, en soupirant. Mahaut admit alors que peut-être,
derrière cette façade, il y avait en Anne un homme qui souffrait. Et une réponse qui lui avait été dictée par
la rébellion, elle la fit d'un ton humble :
- Eh bien, ces idées sont si peu vaines que j'ai écrit à Mme de Séryeuse. Elle est venue. Elle sait tout. Elle n'a
pas estimé que c'étaient des enfantillages.
- Vous avez fait cela! bégaya-t-il.
On sentait si bien l'indignation, la colère dans cette voix, que Mme d'Orgel eut enfin peur. Elle fut sur le
point de se justifier. »
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
L.A.N°6
EXCIPIT : « - ET MAINTENANT, MAHAUT, DORMEZ ! JE LE VEUX. » (CHAPITRE 33)
« On sait qu'il était dans le caractère du comte d'Orgel de ne percevoir la réalité que de ce qui se passait
en public. Ne comprit-il qu'à ce moment, et à cause de la lettre à Mme de Séryeuse, que Mahaut ne lui
avait point menti, qu'elle aimait François? Anne, que cette scène avait laissé froid, admit qu'il allait peutêtre avoir mal. Il eut peur moins de la souffrance que des gestes qu'elle lui ferait accomplir. Il pressentit
que peut-être il ne considérerait pas toujours cet aveu comme il persistait de le faire: une inconvenance
qui tirait sa gravité d'avoir été publiée. Contrairement aux autres hommes qui se laissent aller à ce qu'ils
éprouvent, et songent ensuite aux moyens d'empêcher le scandale, le comte allait professionnellement
au plus pressé, c'est-à-dire qu'il exploitait son choc, son hébétude, et, commençant par la fin, gardait
pour la suite et pour le moment où il serait seul les angoisses du coeur.
Enfin, il semblait comprendre ! Mahaut voyait bien que sa phrase avait porté. Attendant et souhaitant
une tempête, elle ferma les yeux. Mais Anne regrettait déjà d'avoir pu, par des mots prononcés plus fort
que les autres, sortir de son cérémonial. Mahaut tremblante l'entendit donc qui disait d'une voix très
douce :
- C'est absurde... Il faut que nous cherchions un moyen de tout réparer.
il y avait entre ces deux êtres une grande distance.
Elle rendait impossible à Mahaut de saisir le mécanisme qui amenait cette douceur. Elle se coucha
doucement sur son oreiller, comme dans ces rêves qui se terminent par une chute. Ces sortes de chutes
réveillent. Elle se réveilla, se redressa. Elle regardait son mari, mais le comte d'Orgel ne vit pas qu'il avait
devant lui une autre personne.
Mahaut regardait Anne, assise dans un autre monde.
De sa planète le comte, lui, n'avait rien vu de la transformation qui s'était produite, et qu'au lieu de
s'adresser à une frénétique il parlait maintenant à une statue.
- Allons! Mahaut, calmons-nous. Nous ne vivons pas ici dans les Iles. Le mal est fait, réparons-le. François
viendra au bal. Et peut-être serait-il bon que Mme de Séryeuse vînt aussi.
Puis, l'embrassant sur les cheveux, et prenant congé d'elle :
- François doit faire partie de notre entrée. Vous lui choisirez son costume.
Debout dans le chambranle de la porte, Anne était beau. N'accomplissait-il pas un devoir d'une frivolité
grandiose, lorsque, sortant à reculons, il employa sans se rendre compte, avec un signe de tête royal, la
phrase des hypnotiseurs :
- Et maintenant, Mahaut, dormez ! Je le veux. »
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
L’AVEU DE MADAME DE CLEVES A SON MARI.
ANNEXE
La princesse de Clèves est un roman de Mme de La Fayette du XVIIème siècle qui se passe au XVIème
siècle à la cour d'Henri II (fils de François 1er). Mme de Clèves, qui aime M. de Nemours mais veut
rester fidèle à son époux, avoue à celui-ci son amour, pour en être protégée.
« - Eh bien, Monsieur, lui répondit-elle en se jetant à ses genoux, je vais vous faire un aveu que l'on n'a
jamais fait à son mari, mais l'innocence de ma conduite et de mes intentions m'en donne la force. Il est
vrai que j'ai des raisons de m'éloigner de la cour, et que je veux éviter les périls où se trouvent
quelquefois les personnes de mon âge. Je n'ai jamais donné nulle marque de faiblesse, et je ne
craindrais pas d'en laisser paraître, si vous me laissiez la liberté de me retirer de la cour, ou si j'avais
encore madame de Chartres pour aider à me conduire. Quelque dangereux que soit le parti que je
prends, je le prends avec joie pour me conserver digne d'être à vous. Je vous demande mille pardons, si
j'ai des sentiments qui vous déplaisent, du moins je ne vous déplairai jamais par mes actions. Songez
que pour faire ce que je fais, il faut avoir plus d'amitié et plus d'estime pour un mari que l'on en a jamais
eu ; conduisez-moi, ayez pitié de moi, et aimez-moi encore, si vous pouvez.
Monsieur de Clèves était demeuré pendant tout ce discours, la tête appuyée sur ses mains, hors de luimême, et il n'avait pas songé à faire relever sa femme. Quand elle eut cessé de parler, qu'il jeta les yeux
sur elle qu'il la vit à ses genoux le visage couvert de larmes, et d'une beauté si admirable, il pensa mourir
de douleur, et l'embrassant en la relevant :
- Ayez pitié de moi, vous-même, Madame, lui dit-il, j'en suis digne ; et pardonnez si dans les premiers
moments d'une affliction aussi violente qu'est la mienne, je ne réponds pas, comme je dois, à un
procédé comme le vôtre. Vous me paraissez plus digne d'estime et d'admiration que tout ce qu'il y a
jamais eu de femmes au monde ; mais aussi je me trouve le plus malheureux homme qui ait jamais été.
Vous m'avez donné de la passion dès le premier moment que je vous ai vue, vos rigueurs et votre
possession n'ont pu l'éteindre : elle dure encore ; je n'ai jamais pu vous donner de l'amour, et je vois
que vous craignez d'en avoir pour un autre. Et qui est-il, Madame, cet homme heureux qui vous donne
cette crainte ? Depuis quand vous plaît-il ? Qu'a-t-il fait pour vous plaire ? Quel chemin a-t-il trouvé pour
aller à votre coeur ? Je m'étais consolé en quelque sorte de ne l'avoir pas touché par la pensée qu'il était
incapable de l'être. Cependant un autre fait ce que je n'ai pu faire. J'ai tout ensemble la jalousie d'un
mari et celle d'un amant ; mais il est impossible d'avoir celle d'un mari après un procédé comme le
vôtre. Il est trop noble pour ne me pas donner une sûreté entière ; il me console même comme votre
amant. La confiance et la sincérité que vous avez pour moi sont d'un prix infini : vous m'estimez assez
pour croire que je n'abuserai pas de cet aveu. Vous avez raison, Madame, je n'en abuserai pas, et je ne
vous en aimerai pas moins. Vous me rendez malheureux par la plus grande marque de fidélité que
jamais une femme ait donnée à son mari. »
On pourra comparer cet extrait à celui de l’aveu de Mahaut à son époux (excipit compris).
On pourra, aussi, proposer cet extrait de La Princesse de Clèves en commentaire, à l’écrit.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
RAYMOND RADIGUET
Le Bal du Comte d’Orgel
ADAPTATION CINEMATOGRAPHIQUE
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FILM 1 - 1
ADAPTATION CINEMATOGRAPHIQUE
DVD ACHETABLE VIA INTERNET
1970
Drame
Un film réalisé par Marc Allégret
Distributeur : Cocinor
Genre :
Drame
Pays :
France
Durée :
1h35
Scénaristes :
Raymond Radiguet (auteur)
Philippe Grumbach et Françoise Sagan (dialogues)
Acteurs :
Jean-Claude Brialy : Le comte Anne d'Orgel
Sylvie Fennec : La comtesse Mahé d'Orgel
Bruno Garcin : François de Seyrieuse
Micheline Presle : Madame de Séryeuse
Gérard Lartigau : Paul Robin
Sacha Pitoëff : Le prince Naroumof
Marpessa Dawn : Marie
Claude Gensac : Mademoiselle d'Orgel
Ginette Leclerc : Hortense d'Austerlitz
Aly Raffy : Mirza
Marcel Charvey : L'ambassadeur
Béatrice Chatelier; : Amina
Max Montavon : Un invité
Affiche du film et illustration de la jaquette du DVD
Wendy Nicholls : Hester
Hélène Soubielle
Anne et Mahé (Mahaut dans le roman)
Anne, François et Mahé
Deux « synopsys :
1.
Le Bal du comte d'Orgel : 1920. Le Tout-Paris s'amuse pour rattraper les années perdues. Le comte d'Orgel et sa femme Mahé donnent
réception sur réception. Un soir, ils font la connaissance de François de Seyrieuse, un jeune diplomate. Le jeune homme, devenu un
familier du clan Orgel, et Mahé s'éprennent l'un de l'autre... D'après le roman de Raymond RADIGUET
http://www.notrecinema.com/communaute/v1_detail_film.php3?lefilm=7980
2.
Dans un Paris ivre de la paix retrouvée ivre des années folles, riche de ses artistes et de leurs recherches, on va dans la bonne société,
de fêtes en fêtes. Le Comte Anne d'Orgel et son épouse Mahé, originaire de la Martinique, sont parmi les Rois des festivités. Au cours
d'une soirée, Mahé tombe amoureuse de François, et réciproquement. (cinefil.com)
Et une bande annonce : http://www.imineo.com/bal-comte-orgel-marc-allegret/474/extrait-gratuit-9251.htm
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
FILM 1 -2
ADAPTATION CINEMATOGRAPHIQUE : un résumé
« Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le Tout-Paris n'a qu'un objectif : s'amuser pour rattraper les années
perdues.
Le comte Anne d'Orgel et sa femme Mahé donnent, dans leur somptueux hôtel particulier, réception après réception.
Un soir, au cirque, ils lient connaissance avec le jeune François de Seyrieuse qu'ils invitent, avec son ami Paul Robin, à
une de leurs brillantes soirées.
François et Mahé ne tardent pas à éprouver, l'un pour l'autre, un tendre sentiment qu'ils cachent avec soin. Un jour
cependant, le jeune homme ne peut réprimer un geste audacieux : il frôle la main de Mahé qui s'empresse, bien
qu'émue, d'alerter son mari.
Ce dernier minimise l'incident et rassure son épouse sur l'honnêteté de François. Celui-ci a tout raconté à sa mère qui
ne trouve rien de mieux qu'inviter le comte et la comtesse : l'embarras de son fils ne s'en trouve pas, loin s'en faut,
dissipé.
Mais les usages, dans ce monde riche et oisif, sont tels qu'on ne doit rien laisser paraître des passions les plus
violentes.
À moins qu'une pièce de théâtre n'autorise, quelque soir, à exprimer enfin ce que l'on ressent : une représentation
de "La Tempête" de Shakespeare est organisée chez les Orgel. Mahé y incarnera Miranda, la fille du magicien
Prospero que joue le comte; François interprète Ferdinand, l'amoureux passionné de Miranda. Mahé, d'émotion,
perd connaissance sur scène dans les bras de François.
À son réveil elle avoue à son mari son amour pour le jeune homme. Tout à son rôle de magicien, le comte ordonne à
Mahé de dormir pour oublier et celle-ci, dans un rêve, court à la rencontre de François qui l'enlace. »
Source : http://www.cinema-francais.fr/les_films/films_a/films_allegret_marc/le_bal_du_comte_d.htm
Mon avis personnel (qui, c’est évident ne vaut que ce qu’il vaut !) :
C’est un film à la « Marc Allégret », très fidèle au texte même si l’incipit généalogique de Mahé (Mahaut) est réduit à
sa plus simple expression ; mais pouvait-il en être autrement ?
De très belles images.
Le bal est dès le début « présent ».
Double lecture féminine de la lettre de Mahé à Mme de Séryeuse, par la « négresse-nourrice » et par Mme de
Séryeuse elle-même.
Sylvie Fennec, en Mahé, est magnifique.
Je m’étonne toujours de « Mahé » (présenté comme l’équivalent de Mathilde au Moyen-Age) au lieu de « Mahaut ».
Trop masculin ?
En tous cas, s’il y a allusion à une homosexualité possible, c’est plutôt par les relations « François/Paul » qu’elle
passe.
ACTIVITES ET DISPOSITIF PEDAGOGIQUE

On comparera « synopsys » et « résumé » au résumé rédigé dans ce « Parcours de Lecture » et à
la lecture que l’on aura faite du roman.

On pourra avoir recours à la PRES-AO, contenue dans le CD « Ressources », qui propose, côte à
côte, couverture du roman et les éléments de cette fiche.

Pour le dispositif pédagogique :
voir les propositions FICHE 3 – 3 : Le livre-objet. Etude de la couverture.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
RAYMOND RADIGUET
Le Bal du Comte d’Orgel
FICHES TECHNIQUES
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
TECH N°1
LA CARTE HEURISTIQUE
« Une carte heuristique (du grec ancien εὑρίσκω, eurisko, « je trouve » ), ou mind map en anglais, carte des idées,
schéma de pensée, carte mentale, arbre à idées ou encore topogramme, est un diagramme qui représente des
liens sémantiques entre différentes idées ou des liens hiérarchiques entre différents concepts » (source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Carte_heuristique ).
La carte heuristique ou carte mentale est donc un outil pour « trouver » ou pour représenter, organiser et mettre
en forme des idées. Nous faisons d’ordinaire appel à la conceptualisation et privilégions l’usage de l’hémisphère
gauche de notre cerveau.
Une carte mentale est un graphique qui libère l’hémisphère droit du cerveau, celui de la créativité. De nombreuses
facultés du cortex cérébral sont éveillées par ce graphique sur ce support :le mot, l’image, le nombre, la logique, le
rythme, la couleur et l’espace, …
La carte heuristique est au service de la compréhension et de la mémorisation. Elle permet favorise la mise en
forme d’une idée, d’une technique ou d’un événement.
Elle permet essentiellement de : développer son imagination, améliorer sa capacité à mémoriser graphiquement,
penser en images.
La carte heuristique à l’école :
La carte est d’abord un outil pour travailler différemment. En classe entière ou en groupe, tout le monde peut
participer, expliciter ses choix, échanger ; cette technique facilite aussi le « remue-méninges ». On modélise
ensemble. Le Mind Mapping permet de mettre à plat le raisonnement des élèves et de le structurer.
Individuellement, la carte fait, de l’élève, l’acteur de la construction de son savoir ; elle le remet en confiance et le
responsabilise. La carte peut, bien entendu, être réalisée avec papier et crayon ou au tableau. Avec un outil
numérique, la carte mentale n’est pas figée, elle peut être reconstruite en permanence. C’est également un support
cohérent et lisible auquel on peut ajouter des éléments.
En Lettres. La carte heuristique trouve – mais ce n’est, certes, pas exhaustif – son intérêt dans les domaines
suivants :

Pour la lecture :
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
TECH N°2 - 1
CREER UNE CARTE HEURISTIQUE AVEC « FREEMIND »
« Freemind » est un logiciel libre pouvant être utilisé par les professeurs ou par les élèves pour créer des cartes
heuristiques ou cartes mentales (mind map en anglais).
L’application vous permet de créer votre propre carte à partir de toutes les données que vous lui indiquerez, et des
couleurs et formes de votre choix.
Configuration minimale : Windows NT/98/ME/2000/XP/2003 - Java 1.4 ou supérieur.
Si donc vous ne disposez pas de « Java » sur votre ordinateur, il vous faudra le télécharger et l’installer.
Il existe aussi une version pour MAC OS.
Quelques liens utiles pour prendre en main le programme :
 une présentation :
http://ploug22.free.fr/doc/ploug-plaquette-freemind.pdf
 une prise en main :
http://www.framasoft.net/
article3854.html
 fiche de présentation :
http://www.logiciels-libres-premierdegre-sceren.fr/article.php3?id_article=297
par Michèle Drechsler, I.E.N.
Le principe est de créer un nœud principal (thème de la carte) puis des nœuds « frère », « fils » ou
« parent » de la sélection. On peut aussi créer des liens (fichiers, web, …), ajouter un graphique,
jouer avec les outils de mise en forme.
La carte peut être enregistrée mais aussi être exportée sous divers formats :
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
TECH N°2 - 2
CREER UNE CARTE HEURISTIQUE CLIQUABLE AVEC « FREEMIND »
L’un des intérêts non négligeables de Freemind est qu’il est possible de créer des cartes cliquables sur le Web.
La méthode :
1. Avant toute chose, il faut aller chercher l'applet freemind qui permet les cartes en ligne cliquables.
2. Créer un dossier (intitulé par exemple: maps).
3. Dans ce dossier, placer le fichier freemindbrowser.jar, et la carte freemind (ex: carte.mm – un nom simple!) que
l’on veut rendre cliquable.
4. Ensuite, créer un fichier html (par exemple: carte.html – attention: l’extension doit absolument être .html et il est
souhaitable que le nom du fichier html soit le même que celui de la carte freemind) avec le code suivant :
<!DOCTYPE HTML PUBLIC "-//IETF//DTD HTML//EN">
<html>
<!-- This launcher works fine with Explorer
(with Javascript or without) as well as with
Mozilla on Windows -->
<head>
<title>Mind Map</title>
<!-- Put the name of your mind map here -->
</head>
<body leftmargin="0" topmargin="0" marginwidth="0"
marginheight="0">
<APPLET CODE="freemind.main.FreeMindApplet.class"
ARCHIVE="freemindbrowser.jar" WIDTH="100%"
HEIGHT="100%">
<PARAM NAME="type"
VALUE="application/x-java-applet;version=1.4">
<PARAM NAME="scriptable" VALUE="false">
<PARAM NAME="modes"
VALUE="freemind.modes.browsemode.BrowseMode">
<PARAM NAME="browsemode_initial_map"
VALUE="http://freemind.sourceforge.net/maps/
freemind.mm">
<!-- Put the path to your map here -->
<param NAME="initial_mode" VALUE="Browse">
<param NAME="selection_method"
VALUE="selection_method_direct">
</applet>
</body>
</html>
5. Modifier dans le code les lignes suivantes:
<title>Mind Map</title> ------> nom de carte
<PARAM NAME="browsemode_initial_map"
VALUE="http://freemind.sourceforge.net/maps/
freemind.m"
"> -----> adresse du fichier *.mm
(par ex : VALUE="http://pedagogie.ac-montpellier.fr/disciplines/lettres/maps/la_carte_pour.mm")
Dans ce code, rien n’empêche de rajouter, par ex, une balise <p></p> pour donner une consigne...
6. Grâce à votre outil de téléchargement favori, uploader votre dossier maps dans votre site.
7. Vérifier que tout fonctionne bien: en lançant le fichier html, vous devriez obtenir une carte cliquable!
Un conseil: avant d’enregistrer votre carte freemind (carte.mm, ici), repliez au maximum les branches.
Vos visiteurs auront le plaisir de les déplier!
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
TECH N°3
GERER DES FICHIERS AUDIO AVEC « AUDACITY »
Audacity est un logiciel de traitement et d'édition audio entièrement gratuit. Il prend, notamment, en charge les
fichiers WAV et MP3. A l’enregistrement traditionnel (FICHIER/Enregistrer sous), c’est un « projet » Audacity que vous
sauvegardez. L’intérêt de ce format est que vous pourrez toujours revenir sur ce « fichier-projet » pour le modifier.
Audacity permet (mais la liste n’est pas exhaustive) de couper les fichiers audio, de supprimer ou d'ajouter des
silences, appliquer des fading in/out (apparition / disparition progressive d’un son) à vos fichiers audio et traiter
séparément les canaux gauche/droite. Le programme vous offre aussi la possibilité de convertir vos disques et vos
cassettes sur support numérique.
Vous pouvez appliquer des filtres aux sons, générer des effets, … - grâce à des outils souvent intuitifs. Un analyseur de
contraste audio optimise le contrôle de la qualité de vos fichiers audio. L'éditeur intégré vous offre la possibilité de
monter vos propres arrangements à partir de plusieurs séquences audio et vos projets pourront être exportés, en
particulier aux formats WAV et MP3.
Note: pour enregistrer en format MP3, le fichier lame_enc.dll est requis. Ce fichier est à placer dans le dossier
Audacity. « lame_enc.dll » doit être installé avant d’utiliser, pour la première fois, le menu FICHIER/Exporter.
Informations sur Audacity :
Editeur : Dominic Mazzoni
Langue : Français
Version : 1.3.12 (Beta) (dernière version)
Système :Win 98, Millenium, Windows 2000, XP, Windows Vista
Licence : Open Source
TELECHARGEMENTS :
« Audacity » : http://www.commentcamarche.net/download/telecharger-113-audacity
ou : http://audacity.sourceforge.net
« lame_enc.dll » : http://lame.buanzo.com.ar/
Dans les deux cas, suivre les instructions pour installer le programme et la dll.
Objectif et méthode :
Notre objectif était de sélectionner, un par un, dans le fichier « audio complet » du Bal, les extraits correspondants
aux lectures analytiques proposées.
La méthode suivie est simple :
Téléchargement du fichier « audio complet » dans Audacity.
Recherche du début du texte de la lecture analytique, pose d’un marqueur de début, recherche de la fin, pose d’un
marqueur de fin.
Sélection de la plage entre les deux marqueurs, activation du menu EDITION/Scinder dans une nouvelle piste.
Exportation de la sélection (piste 2) au format MP3, dans le dossier voulu.
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel
Philippe Ignaczak
Parcours et Etude du Bal du Comte d’Orgel