Peut-on faire confiance à son prestataire logistique ? Risques et
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Peut-on faire confiance à son prestataire logistique ? Risques et
Logistique & Management Peut-on faire confiance à son prestataire logistique ? Risques et clés du succès « Un partenariat est une relation d’affaires bâtie sur mesure qui repose sur la confiance mutuelle, l’ouverture, le partage des risques et des bénéfices, et dont l’objectif est de procurer un avantage concurrentiel résultant d’une meilleure performance d’affaires que ce qu’auraient pu obtenir individuellement les partenaires. » Lambert et al. (1996). Nicolas BRUN Gestionnaire logistique opérationnelle, GO Diplômé ISLI 2006 [email protected] L’objectif de cet article est de présenter une analyse de l’impact de la confiance dans l’établissement et le maintien des prestations logistiques. Après une présentation théorique des définitions de la confiance et des multiples études ayant trait à la confiance dans les relations de partenariat est abordée un cas d’étude concret, centré sur un sujet peu exploité : les partenariats tripartites. Les études sur la construction et le fonctionnement des relations dyadiques sont mises en parallèle avec les impacts de l’existence de plusieurs organisations, partenaires de transaction, sur la confiance et l’engagement de chacune d’elles dans l’atteinte des objectifs de la relation. Quels sont les effets spécifiquement induits par de telles relations et quels sont les comportements et choix organisationnels de nature à favoriser l’émergence d’une confiance forte entre plusieurs firmes ? Introduction Force est de constater que depuis plus d’une vingtaine d’années, les grandes entreprises françaises ou étrangères connaissent simultanément une baisse de leurs effectifs et une augmentation sensible de leurs chiffres d’affaires. Cette apparente contradiction ne peut s’expliquer seulement par un accroissement de la productivité des outils industriels, réalité certes tangible mais insuffisante. Les causes de ce paradoxe moderne sont à trouver dans la généralisation de nouveaux comportements, les stratégies d’externalisation1. Ces décisions stratégiques sont la traduction de la recherche de flexibilité nécessaire aux firmes pour s’adapter efficacement à l’émergence continuelle de nouveaux marchés et à la radicalisation des modes de consommation (réduction généralisée des cycles de vie produit, évolution accélérée des prestations). Dans l’environnement présent, les organisations ne peuvent faire l’économie d’une réflexion sur la pertinence de leurs liens verticaux et horizontaux et plus globalement sur la justesse de leurs positionnements au sein de la chaîne de création de valeur. A ce titre, les opérations logistiques, qu’il s’agisse de rapports type achat-vente de biens physiques où sont mis en place des outils de gestion logistique (GPA, approvisionnements synchrone) ou plus spécifiquement d’achat-vente de services logistiques (stockage, transport et organisation de flux), constituent un axe stratégique de l’externalisation. L’excellence dans l’exécution logistique procure un avantage concurrentiel indéniable pour l’entreprise, crucial dans certaines branches industrielles. Cependant, les compétences du juste service au client final sont liées à un fort niveau d’investissement, tant en terme de coûts, de contraintes et d’incertitude. Face à cette situation, plusieurs firmes adhéreront naturellement à une stratégie partenariale afin de minimiser les coûts logistiques intervenant dans la construction de leur offre. C’est dans 1 - L’externalisation, désigne l’ensemble des pratiques consistant à sortir des activités du périmètre de l’entreprise pour les confier à d’autres entités économiques indépendantes. Les stratégies d’externalisation s’opposent à l’internalisation et à l’intégration verticale des activités. 63 Logistique & Management ce contexte qu’est apparue la notion de partenariat logistique, qui est une forme d’impartition logistique, mais qui se construit selon une approche différente car elle va au-delà de la simple décision de confier certaines activités à une entreprise tierce qui est un spécialiste de la logistique. L’alliance suppose une relation continue dans le cadre d’une entreprise étendue qui acquiert ses propres objectifs, règles et valeurs par opposition à la série de transactions isolées d’une relation de sous-traitance traditionnelle. Conjugué à une complexification sensible des structures partenariales, l’engouement sans précédent pour l’externalisation contribue naturellement à la croissante popularité des études centrées sur ce phénomène. Nous évoquerons plus particulièrement dans cet exposé les théories néo-institutionnelles des organisations, propres à intégrer les individus et les concepts qui leur sont liés dans l’analyse des cadres et choix de collaborations. En particulier, la confiance, tout comme l’engagement apparaît comme un concept essentiel dans la considération des relations inter organisationnelles. A cet égard, elle a fait l’objet d’études dans de nombreux champs d’investigation : économie, sociologie, psychologie, gestion. Nous nous attacherons à clarifier le concept au travers des différentes définitions élaborées dans la littérature. La confiance dans les relations partenariales La confiance : définitions La confiance, longtemps considérée comme concept peu opératoire hors des procédures contractuelles, suscite actuellement un renouveau conceptuel, que l’on peut comprendre au vu des conditions décrites en introduction. L’incertitude et la nécessité de coopération allant croissantes, la confiance est un pré requis indispensable qui rend possible et viable le contrat, l’engagement réciproque et le maintien des relations sociales. L’étude de la confiance dans le cadre des partenariats logistiques implique d’éclaircir la notion même de confiance et ses diverses manifestations. En tant que concept émergeant, la confiance, relève de logiques ambiguës et plurielles, voire contradictoires, simultanément économiques, psychologiques, philosophiques, symboliques, sociologiques où des mondes souvent posés comme 64 hétérogènes, voire antagonistes se rencontrent et se conjuguent. Bien que de plus en plus importante dans la littérature managériale, le problème de sa définition est loin d’être résolu. Plusieurs auteurs de champs institutionnels très variés ont tenté de dresser des états de l’art de la confiance dans des contextes organisationnels multiples. D’une part, l’extrême complexité et la pluralité des situations de confiance n’autorisent pas une recherche exhaustive. D’une autre part, une définition abstraite risque d’être réductrice de certaines dimensions de la confiance. Parmi les définitions proposées dans la littérature, nous retiendrons les suivantes par ordre chronologique : • La confiance est la croyance que la parole ou la promesse d’un tiers est fiable et que ce tiers remplira ses obligations dans une relation d’échange. (Schuur et Ozanne, 1985). • La confiance est la prise d’un risque fondé sur l’attente que toutes les personnes impliquées dans une action agissent de manière compétente et avec devoir. (Lewis et Weigert, 1985). • La confiance se définit comme la prédictibilité des attentes de l’autre partie. (Zucker, 1986). • La confiance est un niveau particulier de probabilité subjective avec laquelle un agent évalue qu’un autre agent ou groupe d’agents réalisera une action particulière avant qu’il puisse le contrôler et dans un contexte affectant son action propre. (Gambetta, 1988). • La confiance est un type d’attente qui soulage la crainte qu’un partenaire d’échange agisse de manière opportuniste. (Braddach et Eccles, 1989). • La confiance peut être définie comme la croyance d’une des parties que ses besoins seront satisfaits dans le futur par des actions mises en œuvre par l’autre partie. (Anderson et Weitz, 1989). • La confiance dans une relation fonctionnelle avec ses implications pour les actions de la firme peut être définie comme la croyance de la firme qu’une autre entreprise réalisera des actions dont le résultat sera positif pour la firme et ne réalisera pas d’actions non prévues dont le bénéfice pourrait être négatif pour la firme. (Anderson et Narus, 1990). Logistique & Management • La confiance est la volonté de se fier à un • • • • partenaire d’échange auquel on croit. (Moorman, Zaltman et Despande, 1992). La confiance existe lorsque l’une des parties à la relation d’échange croit que son partenaire est honnête et bienveillant. (Geyskens et Steenkamp, 1995). La confiance est la volonté d’une des deux parties de se rendre vulnérable vis-à-vis des actions de l’autre partie, volonté fondée sur l’attente que l’autre partie réalisera une action particulière pour lui, indépendamment de tout contrôle. (Mayer, Davis et Schoorman, 1995). La confiance est l’attente, la supposition ou la croyance concernant la probabilité que les actions d’un tiers seront bénéfiques, favorables ou au moins non péjoratives pour nos intérêts. (Robinson 1996). La confiance se définit comme la volonté de se fier à un tiers et à réaliser des actions susceptibles de se fragiliser face à ce tiers. (Doney et Cannon, 1997). Comme nous pouvons en juger, les définitions du concept sont multiples et s’attachent plus ou moins à ses connotations affectives ou rationnelles. Nous constatons de même que plusieurs auteurs contournent la définition de la confiance soit par des représentations parallèles à celle-ci (ressource, décision, résultat, etc.), soit encore par l’utilisation d’autres concepts ou termes équivalents (disponibilité, intégrité, loyauté). Au-delà de toute définition, la confiance renferme trois éléments immanents : le risque qui est la cause de son existence, la vulnérabilité qui en résulte et enfin, l’anticipation qui la matérialise (Khlif, 2002). Le risque est généré par une incertitude complexe. Cette dernière se manifeste par son caractère non probabilisable, fortement lié à l’imprévisibilité du comportement. En fait, le risque est la cause fondamentale de l’émergence du concept puisque dans les situations certaines, il n’y a aucun besoin de confiance. La vulnérabilité, elle, exprime une dépendance volontaire de l’individu confiant. Ce dernier devient vulnérable relativement à l’agent ou groupement d’agents, objets de confiance, et réciproquement, mais non équitablement. Enfin, l’anticipation ou l’attente matérialise l’habilité de prévision du comportement de l’autre avec une large connotation émotionnelle (Graf, Perrien et Ricard, 1998). La confiance est donc un phénomène de réduction de l’incertitude, mais qui est entaché d’une vulnérabilité de l’individu confiant. C’est également une variable continue et dynamique qui se transforme, dans le temps et dans l’espace, par des ajustements continus et relatifs aux informations collectées par les parties engagées dans la relation. Comme la confiance est un état fondamentalement psychologique multidimensionnel, il s’avère nécessaire d’en préciser les composantes fondamentales : l’intégrité, la crédibilité, et la bienveillance (Brulhart, 1998). • L’intégrité renvoie à la définition donnée par Lewis et Weigert, qui sous-entend que le partenaire d’échange sera honnête et animé de principes acceptables du point de vue de l’autre partie. (Fenneteau et Guibert, 1997). • La crédibilité ou compétence renvoie à la capacité perçue du partenaire à remplir les tâches imparties par la relation de façon efficace et fiable. (Fenneteau et Guibert, 1997). • La bienveillance renvoie à la définition de Geyskens et Steenkamp pour qui la bienveillance fait référence à la volonté d’une des parties d’agir favorablement dans le cas d’aléas non contractualisés et potentiellement nuisibles à la relation. (Ganesan, 1994). Ces trois dimensions de la confiances se révèlent complémentaires mais distinctes pour la raison qu’un partenaire remplissant les conditions de confiance imparfaitement ne pourrait être objet de confiance global (par exemple il sera difficile de faire confiance à un agent honnête mais non compétent). Les typologies de confiance Deux variables essentielles semblent à l’origine des configurations possibles de confiance. Une variable rationnelle, basée sur l’intérêt ou la cognition, et une variable émotionnelle, basée, elle, sur une l’affection. La première forme de confiance rationnelle est basée sur l’intérêt. Elle dérive des théories néo-institutionnelles des organisations (Charreaux, 1990). Cette confiance est une “attitude explicative de la cohérence spontanée des comportements des acteurs” (Guibert et Dupuy, 1995) impliqués dans des relations contractuelles. La confiance, impulsée dans ces conditions, résulte d’un calcul rationnel qui tient compte du risque de pénalité dans le cas de non-res- 65 Logistique & Management pect des termes du contrat. Dans ce sens, l’énergie déployée à la surveillance formelle du contrat peut se réduire puisqu’il y a confiance. « Paradoxalement, cette surveillance est aussi de nature à construire la confiance, en apaisant la défiance». En somme, dans une relation de confiance basée sur l’intérêt propre et mutuel, la variable affective est occultée et la diminution des coûts de transactions est la seule motivation extrinsèque de l’agent confiant. En fait, ce dernier développe une confiance pour combler la part incontrôlée par les termes des contrats. La deuxième forme de confiance rationnelle est basée sur la cognition. Elle s’adresse à une compétence reconnue et acceptée de l’autre partie. Egalement appelée capacité ou encore expertise, la compétence fait référence à un groupe d’habiletés dans un domaine spécifique. Qu’elle soit générée par l’intérêt ou par la compétence, cette variable rationnelle n’exprime qu’une forme de confiance dépersonnalisée. En fait, elle ne vise pas une personne mais une expertise, un poste ou un intérêt qu’elle peut avoir. Cette forme a l’avantage d’éviter une confiance aveugle ou non fondée pouvant mener à des comportements abusifs. Par contre, elle extrait l’individu de son contexte social et culturel. Au même titre que d'autres théories issues du courant néo-institutionnel, les visions de la Théorie de l'Agence (TA) et de la Théorie des Coûts de Transaction (TCT) se rejoignent sur ce point précis. La confiance dans l’expertise du partenaire (aussi assimilée à la confiance en la réputation, ou image de marque comme proposé par Williamson) favorise la diminution du contrôle dans l’exécution des actes communs. La théorie embrasse ici le quotidien des entreprises et notamment la thématique des externalisations sur des fonctions La Théorie de l’Agence (TA) La relation d’agence se définit comme un contrat pour lequel une ou plusieurs personnes (le principal) engage une autre personne (l’agent) pour exécuter en son nom une tache quelconque qui implique une délégation d’un certain pouvoir de décision à l’agent. L’entreprise est définie alors comme un noeud de contrats spécifiques passés entre les détenteurs des facteurs de production (le capital et le travail) et leurs « clients ». Cette vision a plusieurs implications fortes : l’entreprise est perçue comme une fiction légale, n’ayant pas d’existence propre et donc de réelles frontières, et surtout la distinction marché/organisation perd une grande partie de sa signification. L’entreprise est ici appréhendée comme une forme d’organisation visant à minimiser les coûts d’agence liés à l’asymétrie d’information. M.C. Jensen et W.H. Meckling. (1976) 66 très spécifiques et spécialisées. On se fiera d’autant à un partenaire s’il est compétent et réputé pour son excellence dans un domaine particulier, et les mesures de contrôle de sa performance se trouvent très réduites. Outre la confiance rationnelle, une seconde forme de confiance est dite spontanée, intuitive ou primitive. Elle est engendrée par la variable affective pure. Ce type de confiance tire ses principes de la bienveillance présupposée réciproque. Celle-ci diminue et atténue la suspicion développée devant des éléments étrangers. En fait, l’individu qui fait confiance est animée par la croyance que l’autre partie ne veut que du bien, en dehors d’un bien-être égoïste et purement personnel. On observe une mise en “sommeil de certains processus psychiques correspondants à la cognition et à la pensée critique, au bénéfice de l’activation d’un processus spirituel et empathique” (Birouste, 1996). Cette forme n’est pas conditionnée par un espace spécifique mais se développe ou se rétracte dans une dimension temporelle par le jeu de la réciprocité. La justesse, la foi, l’intégrité sont mises en exergue dans cette relation. C’est à travers la juxtaposition de l’une et de l’autre de ces deux variables, le rationnel et l’émotionnel, que vont s’articuler différentes formes de confiance complémentaires et non alternatives, allant de la facette opportuniste à la facette éthique et morale de la confiance. Ainsi la prédominance de la variable affective définit une confiance morale. Cette dernière exprime un état d’attente positive quant au comportement de l’autre suite à un sentiment fort. Par contre, la variable rationnelle engendre une confiance instrumentale ou technique (Fabbe-Costes et Bruhlart, 1999). Enfin, l’équilibre entre les deux variables dans une relation de confiance fait apparaître une forme de confiance dite sociale ou comportementale. Ajoutant aux typologies instantanées de la confiance, Barney et Hansen fondent leurs analyses sur la distinction entre les formes faible, semi-solide et solide de la confiance : • La confiance faible caractérise la confiance que s’accordent deux partenaires dans un environnement peu spécifique où les engagements des deux parties restent faibles et les services et bien peuvent être comparés au prix sur le marché mondial. Cette forme de confiance ne nécessite pas de structure élaborée de gouvernance pour émerger. • La confiance semi-solide est rencontrée dans le cadre où des vulnérabilités significatives existent et que les partenaires s’en Logistique & Management prémunissent au moyen de structures de gouvernance garantissant que les gains potentiels d’un comportement opportuniste seront contrebalancés par de fortes pénalités. • La confiance solide a pour cadre une forte vulnérabilité non prévenue par des mesures de prévention fortes. Cette confiance trouve son fondement dans l’adhésion à des valeurs éthiques et morales communes. Cette analyse rejoint les définitions précédemment évoquées de confiance sociale (confiance faible), calculée (confiance semi-solide) et morale (confiance solide). La contribution de la confiance aux partenariats La confiance comme nous l’avons abordée participe au bon développement de la relation partenariale à plusieurs titres. Plusieurs auteurs et analystes soulignent son importance dans la réussite des relations d’affaires et signalent l’intérêt de l’instauration de celle-ci dés les prémisses de la collaboration. Ainsi la confiance est-elle considérée comme une variable essentielle dans la réussite des relations client/fournisseur (Young et Wilkinson, 1997). En outre, la confiance est un attribut central dans l’explication des comportements de prise de décision dans les relations inter firmes (Dwyer, Schurr et Oh, 1987). Sous l’angle de la TCT, la confiance est un facteur réducteur des coûts Ex Ante (facilitation du démarrage de la collaboration) et des coûts Ex Post (diminution des mesures de prévention de l’opportunisme). Il convient de préciser que la confiance ne prévient aucunement les manifestations d’opportunisme (bien que la littérature suggère qu’un haut niveau de confiance soit associé à une diminution des comportements opportunistes des agents) mais la confiance permet de réduire les coûts de transaction liés à la surveillance de la bonne tenue des engagements contractuels. La confiance est perçue comme un régulateur agissant sur la l’incertitude et permet d’abaisser au-dessous des coûts de gouvernance alternatifs (marché et firme) les coûts de transaction associés à au fonctionnement en réseau. (Jarillo, 1988) Au sens de la TA, la confiance réduit les conflits directs et baisse par-là même les investissements de régulation de ceux-ci. Là encore, il ne peut être affirmé que la confiance qu’accorde un agent à un tiers permette de faire converger leurs objectifs individuels en intégralité. Néanmoins, une relation de confiance autorisera ses protagonistes à faire fi des diver- La Théorie des Coûts de Transaction (TCT) Selon Williamson, les agents économiques ne sont dotés que d’une rationalité limitée : bien que rationnels, ils ne peuvent pas calculer tous les états de la nature envisageables avant d’agir. D’autre part, ces mêmes agents sont supposés être opportunistes, c’est-à-dire qu’ils peuvent recourir à la ruse ou à la triche pour parvenir à leurs fins. Les agents économiques concluent entre eux des transactions. Trois facteurs viennent différencier ces dernières : la spécificité des actifs échangés, l’incertitude et la fréquence. Sur la base de ces hypothèses, la Théorie des Coûts de Transaction indique que l’arrangement institutionnel privilégié par les agents économiques (entreprise, marché ou toute forme d’organisation « hybride ») sera celui qui minimisera les coûts de transaction plus les coûts de production. O.E. Williamson (1975) gences d’intérêt et de méthodes pour assurer le succès de l’entente commune. De plus, en cas de défaillance, le bénéfice du doute sera plus facilement accordé et permettra le maintien de la relation. Dans le cadre de ces relations de partenariat, un haut niveau de confiance favorise une perception méliorative des agissements de son partenaire et de façon plus globale, l’émergence d’une satisfaction2 prononcée. La satisfaction est une mesure fréquemment utilisée et commentée pour souligner le degré de réussite d’une collaboration. En effet, plusieurs études proposant des méthodes de quantification de la relation succès/confiance ont fait état de l’impossibilité de jauger de la réussite d’un partenariat par des éléments objectifs (Chiffre d’Affaires, Gains attendus et observés). Ces critères de mesures se révèlent impropres à traduire la totalité et la portée des objectifs poursuivis (réalisations à long terme, apprentissage). De plus, il est très souvent impossible de restituer les éléments financiers découlant en intégralité des actions entreprises en commun (sauf cas particuliers de joint venture3). Le recours à ces informations renvoie une vision partielle et faussée de la réalité des partenariats. Pour cette raison, plusieurs auteurs, à l’instar de Shamdasani (1995), Brulhart (1998) et Gulati (1998), avancent des mesures subjectives comme la satisfaction et la survie de la relation pour témoigner des succès et échecs des partenariats. L’évaluation de la survie de la relation est une notion intéressante mais dangereuse si on ne tient pas compte de la possibilité qu’une entreprise soit piégée par une dépendance relationnelle à son partenaire. Plusieurs partenariats pourraient sembler être des réussites si l’analyse poussée de leur fonctionnement ne faisait ressortir que l’un des deux agents n’est pas satisfait de la relation, mais ne peut la compro- 2 - La satisfaction est définie comme un état affectif positif provenant de l’appréciation de tous les aspects de la relation en comparaison avec d’autres relations alternatives possibles. (Geyskens et al., 1999) 3 - Entité indépendante, juridiquement séparée des entreprises l’ayant créée, et s’appuyant sur les savoir-faire de l’un et de l’autre pour proposer un produit ou service mutualisé. 67 Logistique & Management mettre, faute d’alternative existante ou abordable. les conditions favorisant l’émergence d’une confiance forte et partagée : A la lumière de cette imperfection de la survie de la relation, on peut penser que le degré de satisfaction de chaque partie par rapport à la relation est la mesure la plus pertinente pour évaluer le succès d’une relation de partenariat. La prudence impose là encore de constater que la satisfaction des agents envers la relation décroît au fur et à mesure de la durée des échanges. Ceci s’explique par un phénomène d’atténuation de la nouveauté qui perturbe la bonne appréciation des intervenants. Ainsi, si le début du partenariat est couronné de « Quick Wins4 », la poursuite de la relation s’inscrit dans la durée, et la perception des acteurs se base sur la comparaison avec les tous premiers résultats. Il est compréhensible que chez les agents s’installe le sentiment que le partenariat ne progresse plus aussi vite et qu’ils en conçoivent une relative insatisfaction. • Importance de l’évaluation du niveau de Ces phénomènes pris en compte, les différentes études et apports empiriques font un état unanime de l’impact positif de la confiance sur le succès des partenariats verticaux. Les analyses de divers auteurs démontrent au travers d’études portant sur des dyades acheteurs/fournisseurs ou clients/prestataires la contribution capitale de la confiance au succès, et ce du point de vue des deux acteurs à la relation. (Anderson et Narus, 1990 ; Morgan et Hunt, 1994 ; Mohr et Speckman, 1994) L’étude d’Ellram (1995) souligne que l’absence de confiance présente un risque majeur et une cause fréquente des échecs rencontrés dans le cadre de relations infructueuses. 4 - Littéralement « Victoire Rapide », ce concept qui doit son émergence au Toyota Production System (TPS) favorise la mobilisation vers le changement par une série de mesures permettant des résultats immédiatement visibles et qui conforteront l’implication future autour de projets ayant un retour sur investissement plus long. 5 - L’homéostasie se définit comme le point d’équilibre optimal pour chacun des participants d’un système à partir duquel tout changement de comportement d’un des éléments du système déprécierait la performance globale de celui-ci. 68 Enfin, plusieurs auteurs soulignent l’importance de la confiance en illustrant leur propos par le dilemme du prisonnier. (Heide et Miner, 1992 ; Thuderoz, 1999) Dans ce jeu, chaque partie peut choisir de coopérer ou de se retirer mais ignore les décisions prises par l’autre partie. La performance s’évalue par le résultat de l’attitude combinée des deux participants. Par un arrangement subtil des règles du jeu, le gain le plus important est associé à un choix de retrait à la condition que l’autre partie opte pour la coopération. Dans le cas où tous coopéreraient, le gain de chacun est minime mais partagé, tandis que dans un retrait bilatéral, la perte est légèrement inférieur à la perte associée à la coopération sans réciprocité. Ce jeu révèle l’importance primordiale de la confiance dans l’établissement d’un rapport homéostatique5 et notamment performance du partenaire (ses décisions et actions sont-elles de nature à favoriser l’atteinte de l’objectif commun ?) • Fréquence de la relation (la régularité et la multiplicité des échanges influent directement sur l’attitude des partenaires à imprimer un caractère durable à leurs choix et préviennent les risques d’opportunisme • Absence de durée prédéterminée de colla- boration (sans visibilité de la fin de la relation, les participants sont moins enclins à tenter un dernier « gros coup ») Ces constatations amènent à postuler que la confiance est un prérequis fort à l’établissement d’une profitabilité mutuelle, mais aussi que son obtention répond à plusieurs critères de mise en place. La confiance ne peut se décider car elle répond à des composantes qu’il est difficile d’évaluer chez son partenaire mais pour se créer et se renforcer, elle doit être favorisée par des conditions mutuellement consenties. Plus encore, un défaut de confiance peut faire courir un risque majeur à la relation, en pesant de façon négative sur les coûts liés aux transactions et en figeant d’éventuelles mesures correctives à cet état de fait. Il est fréquemment souligné qu’un déficit de confiance prononcé conduit naturellement chaque acteur à privilégier son intérêt propre avant celui de l’alliance en adoptant un comportement opportuniste. En conclusion, la confiance est un vecteur essentiel à la relation partenariale et présente la particularité de fonctionner en « cercle » ; Vertueux quand elle s’auto-alimente et se construit de façon itérative ; vicieux lors qu’elle se dégrade, conduisant chacun à agir égoïstement et à saper plus encore les bases de la confiance. Cet aspect de la confiance a fait l’objet d’une attention particulière de la part des champs d’étude économique, en étant comme nous l’avons vu, un aspect primordial des théories contractuelles des organisations. Néanmoins, si la littérature propose nombre de cas d’étude appliqués aux relations interpersonnelles, inter firmes et entre agents et groupement d’agents, il semble que les sources concernant les relation pluripartites soient plus rares et moins développées. Nous tenterons dans la seconde partie de transposer les connaissances sur les relations dyadiques à des relations tripartites. Logistique & Management Présentation du cas d’étude Remarques préliminaires Cette partie repose sur les observations émises durant la conduite d’un projet réel d’externalisation au sein d’un groupe que nous appellerons GO ainsi que sur la perception de plusieurs acteurs de ce projet. Elle aura pour ambition de caractériser l’établissement d’une relation de prestation logistique tripartite et de témoigner des répercussions de ce modèle de fonctionnement sur la confiance au regard des apports empiriques sur les dyades logistiques. Avant d’entamer cette partie, il nous semble primordial de préciser plusieurs paramètres significatifs. Tout d’abord, le basculement vers une structure externalisée n’ayant pas encore été réalisé lors de la période de rédaction du présent document, Il nous sera difficile de présenter des résultats Ex Post liés à l’exécution des activités de sous-traitance. Néanmoins, nous pourrons analyser la partie précontractuelle de la relation et postuler les impacts du schéma adopté sur la confiance Ex ante. De même, la conduite du projet et l’établissement des solutions opérationnelles présentent de nombreuses situations où la confiance a eu un impact fort dans le bon ou mauvais déroulement des actions entreprises. De plus, en raison de la relative jeunesse de ces partenariats, nous veillerons à garder une totale confidentialité sur les protagonistes des deux firmes ayant entamé une relation partenariale avec GO ainsi que sur les deux firmes elles-mêmes. Nous soulignons par ailleurs que les identités des acteurs et des organisations au sein desquelles ils évoluent ne sont en aucun cas de nature à avoir un impact significatif sur la confiance dans la relation. Afin de pouvoir aisément distinguer les deux partenaires, nous les désignerons par la suite sous les noms d’entreprises A et B. Contexte de l’étude : Définition des enjeux et choix stratégiques un produit de consommation courante et généralisée, ayant une durée de vie longue, transitant par volumes considérables et ne connaissant que peu de renouvellement de gammes. De surcroît, les enseignes de distribution grandes et moyennes surfaces étaient dotées à l’époque de flottes propres et privilégiaient naturellement l’achat Ex-Works6. Ces conditions favorisaient un intérêt plus poussé de la firme vers les considérations d’optimisation de la logistique industrielle au détriment de l’amélioration de la Supply Chain dans son ensemble. La logistique de distribution s’arrêtait pour ainsi dire sur les quais de chargement des usines et entrepôts. Les données de l’équation économique ont connu depuis lors des changements radicaux. L’émergence de nouveaux segments stratégiques (les boissons) à durées de vie plus courtes, consommations erratiques et fréquences de rotation plus élevées a mis en exergue la nécessité de reprendre la responsabilité des flux avals, afin de créer de nouveaux leviers concurrentiels. La volonté marquée des distributeurs de diminuer les stocks et de basculer vers l’achat DDU7 a contribué à faire de la distribution une des préoccupations majeures GO. La relative nouveauté de la gestion du transport vers le client associée à la forte poussée de l’externalisation des fonctions logistiques évoquée en introduction a naturellement conduit l’entreprise à considérer l’impartition de ses activités de distribution. Cette réflexion s’est appuyée sur la considération des spécificités des produits distribués et des conditions du marché des transports routiers. D’une part, Les produits de GO demeurent sujets à de très fortes saisonnalités, transitent en volumes importants depuis des sites de production éloignés des zones de consommation. Le démarrage de la réflexion sur l’externalisation logistique entreprise par GO implique de préciser brièvement les conditions ayant donné lieu à ce choix stratégique. D’autre part, le marché des transports routiers connaît en France une très nette saturation, plus particulièrement perçue durant les périodes estivales, coïncidant avec la période de forte consommation des eaux et boissons. L’entreprise GO évolue sur les segments des eaux minérales, des boissons fraîches non alcoolisées et des boissons aromatisées. Il y a quelques années de cela, le cœur de métier historique (les eaux minérales) présupposait Ces paramètres ont eu pour effet d’orienter la réflexion de GO vers une solution de prestation originale, ayant pour but premier de sécuriser l’approvisionnement de ses clients tout au long de l’année : Le partenariat tripartite. 6 - EXW ou Ex-Works : Incoterm (International Commercial Term) définissant une responsabilité du transport de la marchandise, des risques associés, de la maîtrise technique et documentaire à la charge de l’acheteur depuis les locaux du vendeur. 7 - DDU ou Delivered Duty Unpaid : Incoterm définissant une responsabilité du transport de la marchandise, des risques associés, de la maîtrise technique et documentaire à la charge du vendeur jusqu’aux locaux de l’acheteur. 69 Logistique & Management Nous précisons dés à présent que le sens particulier donné à une relation tripartite dans ce texte est celui d’un fonctionnement « en doublon » consistant à attribuer à deux partenaires LLP8 des périmètres sensiblement comparables mais disjoints. Cette définition s’appliquerait par exemple à une entreprise industrielle confiant à un prestataire logistique la gestion de la distribution vers une partie de ses clients et à un second partenaire la partie restante. • la qualité reconnue du service et les diffé- La stratégie adoptée par GO a consisté à proposer l’organisation de ses flux divisés en deux lots distincts, confiés à deux prestataires différents, de manière à se prémunir d’éventuelles défaillances (Incertitude marquée du marché des transports) et de comportements préjudiciables à ses intérêts (opportunisme potentiel). • La compatibilité des organisations en ter- Nous précisons d’ores et déjà que les deux entreprises prestataires ont été amenées à répondre à un cahier des charges identique et que dans une certaine mesure leurs périmètres d’action sont intégralement interchangeables. Etant entendu en cela qu’une totale équité dans les deux périmètres distincts a été respectée. Les observations sur la confiance durant les rapports ne pourront être imputées à des inégalités initiales. Recherche et sélection des partenaires de la triade Paramètres communs Ex Ante 8 - Lead Logistic Provider, ou organisateurs de flux en français : entreprise chargée de l’affrètement et de l’optimisation de la distribution des biens et services au profit de ses clients. Elles peuvent posséder une flotte propre à même d’assurer la distribution en intégralité (Third Party Logistics ou 3PL) ou agir en tant que commissionnaire de transport (Fourth Party Logistics ou 4PL). 9 - On peut souligner à titre d’exemple qu’un des dossiers pressentis lors de l’appel d’offres a été écarté en raison de l’inadéquation interpersonnelle ressentie lors des négociations préliminaires. Si la prise en compte d’un quelconque paramètre émotionnel peut paraître injustifiée, il reste certain que la bonne tenue d’un partenariat doit énormément à la confiance mutuelle de ses acteurs, tant dans sa dimension calculatoire que purement intuitive. 70 Les paramètres traditionnellement évalués lors de la phase de recherche d’un prestataire peuvent être subdivisés en trois grandes catégories : • Capacité technique. • Proximité culturelle et organisationnelle. • Aptitudes à la relation partenariale. La capacité technique renvoie directement au conditions d’établissement de la confiance rationnelle et technique. La question posée ici est de savoir si le partenaire sera à même de remplir ses obligations contractuelles efficacement. On retrouvera dans les critères de capacité technique : • la connaissance du marché concerné, • la compétence technique, • la complémentarité technique avec le partenaire, • l’intégration et la maîtrise des systèmes d’informations, rentes certifications • la santé financière de l’entreprise. La proximité culturelle et organisationnelle fait référence à la culture de l’entreprise et aux similitudes dans les visions managerielles. On peut aisément faire un parallèle entre ces paramètres et les caractéristiques de la confiance sociale. On trouve parmi ceux-ci : mes de culture et d’affaires, • L’adéquation des techniques et philosophie de gestion du personnel, • Les symétries entre les partenaires (réputa- tion, taille, etc.) • Les relations interpersonnelles, • La compatibilité des visions en terme de développements futurs, • Les expériences passées communes. Enfin, l’aptitude à la relation partenariale fait directement intervenir la capacité éprouvée du partenaire à évoluer au sein d’une relation de collaboration et sa connaissance des rouages complexes liés à la conduite d’une relation efficace. Les attributs recherchés procèdent en partie des éléments prédisposant à une confiance d’ordre éthique ou moral : • La transparence dans la communication, • La mutualité et la prédisposition à partager avec le partenaire, • Les expériences passées en terme de gestion partenariale, • Le comportement éthique et moral, • L’expérience de gestion de crises, • La capacité à conduire des plans d’amélioration continue. L’agrégation de tous ces paramètres permet de postuler les bases d’une confiance fondée à la fois sur la compétence, l’intégrité et la bienveillance. Sur ces points, on constate l’identité parfaite entre les mesures d’établissement des prestations bipolaires classiques et celles entreprises dans la création de partenariats tripartites. Nous soulignerons qu’une partie implicite de la recherche des futurs partenaires porte sur l’appréciation de la qualité des rapports inter-personnels. Cet aspect pouvant se forger au travers de situation de succès et d’échec, il n’en demeure pas moins l’expression d’une confiance primitive et spontanée, d’un affect positif entre les médiateurs d’une relation. En effet, si ce paramètre s’envisage plus intuitivement dans la durée d’une relation et par Logistique & Management conséquent dans les opérations Ex Post, il reste primordial lors des premières approches entre firmes partenaires. Le partenariat logistique, qu’il soit dyadique ou pluripartite, s’inscrit au sein de règles économiques pour la plupart explicites mais ne se restreint pas à un pur calcul rationnel. La confiance est, comme nous avons pu le souligner, un sentiment multidimensionnel, ne pouvant se séparer d’une forte composante affective. Si la confiance entre personnes est très souvent désignée comme un facteur facilitateur de la coordination et de la compréhension lors des transactions Ex Post, son rôle est aussi perceptible durant la sélection Ex Ante. Cette composante a lieu de s’exprimer lors de la recherche et de la négociation, phases durant lesquelles il apparaîtra important de montrer l’adhésion à un ensemble de valeurs individuelles communes9. Cette entente interpersonnelle préfigure d’un engagement significatif à la poursuite des objectifs mutuels et d’une protection de la relation lors des périodes difficiles qu’elle ne manquera pas de traverser. La recherche des partenaires, et notamment l’établissement du cahier des charges a fait l’objet d’un soin tout particulier en raison du caractère inhabituel de la structure opérationnelle envisagée par GO. Comme ont pu en témoigner de nombreux intervenants des entreprises A et B, le sérieux du dossier présenté initialement a permis à chacun de percevoir plus nettement les enjeux associés à la demande formulée et de mieux définir les réponses à cette demande. Loin de rendre la collaboration improbable, un cahier des charges étoffé et maîtrisé est un vecteur fort de l’établissement de la confiance. Il témoigne directement de la compétence technique du partenaire et renforce la crédibilité du décideur. sible que l’entreprise décidant d’externaliser un domaine de compétences ne possède pas de bonnes facultés d’évaluation de la performance dans ce domaine. Ceci entraîne un risque fort d’opportunisme de la part de son partenaire, la mauvaise évaluation de la performance du partenaire favorisant l’émergence de l’opportunisme chez celui-ci. En ce sens, les attentes claires et détaillées formulées par GO en matière de prestation ont permis de convaincre ses futurs partenaire de la crédibilité de leurs interlocuteur et du caractère stratégique de son choix d’externalisation et des mesures de surveillance qui y seraient associées. Paramètres spécifiques Ex Ante La recherche de deux partenaires distincts a donné lieu à l’apparition d’attentes et de paramètres initiaux spécifiques, peu présents voire absents dans les démarches de recherches « classiques » : • Capacité à assumer l’intégralité des périmètres proposés, • Confidentialité totale des méthodes et échanges entre chacun des deux partenaires. • Confidentialité des résultats obtenus par l’une ou l’autre des parties dans le cadre de la relation. • Dissemblance des organisations et structures des deux partenaires, • Mise en place de points hebdomadaires de compte-rendu de l’activité sur la base d’indicateurs de suivi opérationnels. Il est capital de relever que dans le but de sécuriser le bon fonctionnement du partenariat tripartite, l’évaluation a porté sur la capacité individuelle de chacun des deux partenaires à pouvoir assumer au besoin la totalité des deux périmètres. Dans le cadre de l’appel d’offre de pilotage des flux, GO a ainsi exigé une proposition commerciale sur chacun des lots distincts. Les études démontrent que la crédibilité est un antécédent fort de la confiance (Brulhart, 1998) et qu’un renforcement de la crédibilité perçue est de nature à réduire les coûts liés à l’incertitude de même que la probabilité d’apparition de comportements opportunistes. L’incertitude intrinsèque liée à la contractualisation des deux prestataires se trouve grandement réduite par cette démarche, l’un pouvant se substituer à l’autre en cas de grave défaillance ou d’opportunisme avéré. Comme vu précédemment l’externalisation peut être envisagée pour minimiser les coûts liés à une activité non stratégique. De même, elle peut constituer une réponse stratégique appropriée à une compétence très réduite dans un domaine. Dans ce cas, il est compréhen- En ce sens, ce potentiel d’absorption du périmètre de l’autre prestataire agit à la fois comme une stimulation de la volonté des partenaires à s’engager fortement dans la relation et comme limitation des risques moraux Ex Post. 71 Logistique & Management Le réalisme économique prévalant dans les relations d’externalisation, il est naturel et parfaitement éthique de laisser à chacun des partenaires la possibilité de conquérir « à la régulière » une part congrue de l’autre acteur. Ceci favorise en théorie ainsi qu’en pratique un haut niveau de performance de chacun des intervenants, dans le but de s’arroger à terme l’intégralité de la fonction externalisée. En outre, le risque de voir sa part active diminuer dans la prestation évite en grande partie l’opportunisme, qui serait sanctionné par un retrait du marché. Au travers de cet aspect de la recherche de partenaires, on peut constater que le choix de GO a été celui de la non-dépendance à un prestataire unique, ce qui prévient nombre de dérives associées à de tels cas. On peut malgré tout s’étonner de cette incitation tacite à la compétition entre les partenaires. On peut argumenter aisément qu’un fort niveau de contrainte sur la performance, couplé à un risque permanent de voir son activité compromise présente tous les risques d’une augmentation de l’incertitude et de la sélection adverse. Ce serait faire abstraction des spécificités des deux prestataires au sein de la relation telle qu’elle a été envisagée. Les deux partenaires de GO ont constitué un dossier leur permettant de postuler sur la totalité des lots proposés. Par définition de leur domaine d’activité, s’ils collaborent sur la demande de GO, ils n’en demeurent pas moins concurrents hors du périmètre du projet. On peut supposer que chacun d’eux aura la volonté de tirer parti de la comparaison de sa performance à celle de l’autre partie, afin d’en retirer un bénéfice en terme d’image et de crédibilité. Cette volonté ne présente qu’un risque très limité pour la conduite des opérations car englobée dans le contrôle de la régularité10 des actions entreprises. La compétition se pratiquant entre les deux parties hors du cadre partenarial, il est naturel de tolérer celle-ci dans le cadre des échanges liés au partenariat, dans la mesure d’un respect bilatéral des règles d’éthique propres au maintien des relations de confiance. 10 - Tout comportement observé relevant de la tricherie ou de la dissimulation serait sanctionné par la rétrocession d’une partie de l’activité au profit de la partie lésée. 72 Nous constatons que nombres des attentes et règles instaurées lors de la phase Ex Ante répondent à ce souci de mise en compétition. Notamment, la confidentialité absolue sur les méthodes, échanges et résultats des deux segments de la prestation externalisée. Chacun des partenaires se voit maintenu dans un fort degré d’incertitude mais considèrera positivement la perspective de gains potentiellement supérieurs à ceux de l’autre prestataire. De plus, par la donnée même du schéma adopté, les risques de voir l’un des prestataires se retirer du dossier diminuent considérablement puisque cela signifierait pour lui perdre un marché au profit d’un concurrent direct. La question de l’impact d’une telle démarche sur la confiance que les deux prestataires témoigneront à l’égard de GO peut se poser. Il ressort des divers témoignages au sein des entreprises A et B qu’une telle structuration de la prestation tripartite n’est pas perçue comme une volonté malveillante de dissimuler ou manipuler l’information ni comme un frein significatif à la confiance. Si les coûts de retrait et redéploiement de l’externalisation vers un prestataire unique sont réduits par rapport à une prestation classique, ils ne sont cependant pas négligeables. Chaque partenaire agit avec la conviction que le mandant sera bien disposé à son égard sur le prédicat d’une confiance rationnelle. De plus, l’émulation par la compétition est proche des conditions que chacun des prestataires rencontre sur le marché, sans pour autant en percevoir une rente pérenne. Ceci atténue une éventuelle perception négative des intentions de GO. La surveillance de l’intégrité des acteurs de la prestation garantit une perception positive de l’équité du jugement, élément d’autant plus important qu’il est volontiers associé à la crédibilité acquise par GO lors de la phase Ex Ante. Il ressort que la mise en place d’une politique de vigilance et de pilotage de la relation au travers de réunions hebdomadaires favorise la confiance et l’engagement des prestataires en témoignant du souci apporté au maintien de la relation. Enfin le cloisonnement des activités de prestation incite les prestataires à concentrer leurs efforts dans l’activité et son bon déroulement, sans les conduire au doute en cas de réussite particulièrement éclatante de l’autre partie. L’incertitude inhérente à toute relation de partenariat est préférable à l’accentuation de la pression subie par une mise en concurrence explicitement comparative. Nous retiendrons de ces témoignages que l’approche privilégiée par GO ne créé pas un frein significatif à l’établissement de la Logistique & Management confiance. Nous ajouterons que cette approche constitue un complément original aux mesures d’incitations et de pénalités traditionnelles. Si ces dernières existent dans la relation, elles peuvent en cas de défaillance être supplantées par un basculement radical de nature à préserver la continuité du service au client final sans coûts de redéploiement rédhibitoires. Mise en place et construction du partenariat tripartite A la sélection des prestataires succède la phase de conception des processus et solutions logistiques. Nous choisirons de ne mentionner ici que les éléments Ex Post ayant trait à la constitution de la confiance, à son renforcement itératif, voire aux perturbations qu’à pu rencontrer l’établissement de la relation. Nous maintiendrons le postulat de non-collaboration entre les entreprises A et B, de même que nous garantissons le caractère négligeable de cet état de fait sur l’évolution de la confiance entre chacun d’eux et GO. Paramètres communs Ex Post Parmi les actions mises en place durant la phase projet, nous aborderons tout d’abord les éléments présentant des équivalences dans la construction des relations dyadiques. Nous avancerons plus particulièrement les trois éléments suivants : • Collaboration des couches métier, • Gestion des aléas rencontrés, • Mise en place des systèmes d’information 11 au moyen de normes EDI La collaboration des diverses couches métier fait référence à la participation des intervenants de fonctions homologues sur les divers aspects constitutifs de la prestation finale. La mise en relation directe d’agents de firmes différentes autour d’objectifs partagés est un vecteur de création de la connivence interpersonnelle. Nous avons évoqué précédemment l’importance de la confiance interpersonnelle. La démarche de collaboration d’acteurs favorise sensiblement son apparition. Ceci étant dit, il convient de dégager les spécificités de cette structuration projet. Cette mise en relation présente la particularité de faire cohabiter des agents ayant une proximité technique, si ce n’est culturelle. La contribution de la proximité fonctionnelle et culturelle fait appel à la projection compréhensible d’un agent sur un autre agent en vertu des similitudes entre les postes qu’ils occupent. Ce mécanisme a été mis en exergue par de nombreuses études (Brulhart, 1998 ; Detchessahar, 1998). La TCT postule aussi une action bénéfique de la proximité qu’elle qu’en soit l’origine. La similitude permet de dégager de la relation des synergies et complémentarités, de même qu’elle structure fortement les modalités de coordination. Par ailleurs, la définition d’objectifs à la fois ambitieux et réalistes contribue directement à une émulation inter fonctionnelle, garante d’un accroissement significatif de la confiance. Ainsi le projet a vu l’émergence de plusieurs situations de proximité entre agents qui ont permis de désamorcer les crises qui auraient pu voir le jour. De plus, la bonne entente des homologues permet une réaction rapide et coordonnée en cas d’alertes liées à l’exercice de leur domaine de compétence. D’autre part, la gestion des aléas inextricablement liés au déroulement d’un projet implique l’évaluation directe de la capacité du partenaire à faire face aux crises. Les objectifs des entreprises engagées dans la relation d’échange n’étant pas confondus et la rationalité des acteurs étant par essence limitée, il est important de jauger le comportement des partenaires tant en situation de divergence d’intérêt qu’en situation d’urgence. La confiance permet de minimiser la gravité des conflits rencontrés en cas de désaccord, chaque partie étant encline à laisser le bénéfice du doute à ses partenaires. De plus, la gestion des situations d’urgence renforce la conviction qu’un partenaire pourra réagir de façon appropriée, souvent sans contrôle préalable. L’apprentissage des comportements liés aux situations de conflits permet de réduire sur la durée la fréquence et l’impact des désaccords. Enfin, la mise en place de systèmes d’échange de données informatiques contribue à la mise en action de compétences techniques des intervenants dans un cadre normatif et contrôlé. Cette expérience particulière renforce la perception de la compétence des partenaires en contribuant à une amélioration de la confiance. Paramètres spécifiques Ex Post De par l’intervention de plusieurs partenaires autour de la construction de processus communs on peut observer plusieurs effets induits par la relation tripartite. 11 - L’EDI ou Échange de Données Informatisé ou Electronic Data Interchange est le terme générique définissant le moyen pour deux entités d’échanger des informations selon un format standardisé, et par le biais d’outils informatiques. Ces standards permettent de réduire les interventions humaines de traitement de l’information. 73 Logistique & Management Parmi ceux-ci on retrouve plusieurs éléments distincts : • L’assimilation synthétique et l’apprentis- sage partagé, • Le report de perception, • Les risques de mauvaise évaluation de la performance, • Les risques de perversion de la relation contractuelle. Pour appréhender les phénomènes d’assimilation synthétique et d’apprentissage partagé, il est nécessaire de se référer au cadre bien particulier qui a lié les entreprises A et B à GO durant l’établissement de leurs solutions spécifiques. La confidentialité des échanges lors de la construction d’une réponse globale aboutit naturellement à une impossibilité de proposer une réflexion commune afin de traiter les problématiques d’un seul tenant. Néanmoins, la scission pratiquée dans les flux en aval revêt un caractère artificiel du point de vue de l’exécution. Les clients sous la gestion de l’entreprise A ont des niveaux d’attente identifiables à ceux dépendant de la gestion opérée par l’entreprise B. De ce point de vue, il ne semble pas possible de laisser les entreprises A et B construire des solutions radicalement différentes. Pour garantir l’adéquation des processus et structures adoptés, la cellule projet GO a développé une compétence d’assimilation des processus avancés par les entreprises A et B afin de s’approprier les idées et d’en restituer une synthèse faisant intervenir les meilleures pratiques. Par chance, les méthodologies employées par les entreprises A et B ont été sensiblement complémentaires. Pour illustrer par l’exemple, le parti pris par l’entreprise A a été d’avancer des solutions en environnement idéal pour se concentrer ensuite sur les modes dégradés à adopter tandis que parallèlement, l’entreprise B veillait à détailler précisément chaque processus mis en jeu en envisageant tous les aléas probables. Cet interpénétration des méthodes de travail a permis de transposer les éléments pertinents d’un partenaire sur la méthodologie de l’autre prestataire. En revanche, sans méthode acceptable d’orientation de la réflexion fournie par les prestataires, il convient d’envisager le cas où l’un et l’autre décideraient d’avancer simultanément dans des directions distinctes. 74 Le problème manageriel qui se poserait alors serait l’arbitrage entre les méthodes privilégiées par l’un et l’autre. Si l’un des deux partenaires se révèle plus en phase avec les attentes de son client, ce dernier prend alors un risque non négligeable. La répartition équitable des méthodes et processus par un comportement d’assimilation et de restitution synthétique de solutions jugées moins efficientes serait de nature à miner la confiance de l’entreprise qui avancerait les meilleures pratiques. A l’inverse, la prise en compte stricte des meilleures pratiques contribuerait à saper la confiance du prestataire voyant ses solutions radicalement remises en question. Cet effet semble d’autant plus pervers qu’il ferait vraisemblablement émerger la crainte de l’éviction de la relation, conduisant à une économie de l’engagement et à une escalade conduisant inévitablement à un comportement opportuniste qui ruinerait la relation. Le phénomène reste cependant difficile à envisager en pratique, car une telle problématique supposerait qu’un partenaire n’est pas en mesure de faire face à la compétence de l’autre partie, ce qui signifierait qu’une étape de la sélection des partenaires aurait dû faire émerger la possibilité de ne choisir en définitive qu’un seul partenaire d’échange. Il peut être noté que tôt dans la démarche de sélection des prestataires, GO a fait le choix de privilégier des profils types d’entreprises dissemblables, sujettes à présenter des méthodes de travail différentiées. La possibilité de faire intervenir des référents extérieurs pouvant témoigner des organisations de projet serait une possibilité acceptable pour se prémunir d’un risque de dissolution de la relation par l’arbitrage conflictuel. L’idée du report de perception procède de la même façon des dissemblances existantes entre les partenaires. Dans le cadre d’un projet double, mené en parallèle par deux prestataires, il est important de remarquer que les conflits et aléas perçus dans l’exercice de la relation sont très souvent reportés à l’identique sur l’autre partie. En effet, les problèmes rencontrés par un prestataire dans un domaine particulier de l’établissement de la solution sont souvent perçus comme des signaux d’une difficulté nécessitant l’intervention plus active du client. La conséquence directe est de multiplier les alertes perçues par le client, qui se doit d’identifier rapidement les Logistique & Management complexités afin de permettre la bonne marche du projet. Ceci conduit à une vigilance accrue et à une diminution de la confiance, paradoxalement exagérée et décorrélée d’éléments fondateurs justifiés. De plus nous avancerons qu’un tel fonctionnement d’alerte permanente est consommateur de ressources et contribue à augmenter les coûts liés à l’exécution de la prestation. Un intervenant de GO illustrait avec justesse le dilemme en avançant qu’il était préférable de multiplier les coups dans l’eau plutôt que de ne pas anticiper un écueil préjudiciable à la mise en place réussie de l’externalisation. Par ailleurs, l’effet inverse peut être observé. La gestion efficace d’un aspect du projet par un des deux partenaires pourra poser des problèmes au second. En l’absence de signaux d’alerte, la vigilance pourra se trouver amoindrie et conduire à une réaction tardive, impropre à désamorcer la crise. Il en découle une diminution de la confiance dans l’agent ayant été incapable de régler un problème que l’autre partie aura su résoudre. Les risques de mauvaise interprétation de la performance rejoignent les problématiques d’incertitude globale sur la performance globale des partenaires. Comme nous l’avons souligné précédemment, la crédibilité impulsée initialement dans le dossier permet de renforcer la crédibilité de GO. Cependant, il n’est pas acceptable de supposer qu’un client, aussi crédible soit-il sur un dossier d’externalisation, soit en mesure de jauger avec précision les actions de ses partenaires. Nous faisons remarquer ici que malgré les démarches de répartition équitable réalisées dans l’attribution des périmètres, la pratique prouve qu’il est impossible de scinder son activité en lots comparables à tous points de vue. Les zones de transports ne connaissent pas les mêmes engorgements, la demande est par nature volatile et ne s’adaptera jamais à une répartition symétrique. Les points de divergences des domaines d’action des deux prestataires sont innombrables. De cette asymétrie de la répartition des périmètres découle une asymétrie des efforts et investissements à fournir par l’une des deux parties pour égaler la performance de l’autre. Selon le soin intitial apporté à la répartition des lots, cet effet pourra être négligeable durant un temps. Néanmoins, tout ajustement futur, toute variation de la consommation des produits risquera de fragiliser la répartition sur laquelle repose la cohérence du système de prestation. Dans le cas où cette problématique ne serait pas anticipée, le risque est d’imputer à une économie anormale des efforts la dissemblance des résultats, et de diminuer la confiance dans un partenaire victime d’une répartition ayant dérivée. Ce phénomène a néanmoins été bien anticipé par les équipes GO qui veillent à l’équivalence des périmètres d’action de leurs deux prestataires. Enfin, nous aborderons brièvement la problématique de la perversion contractuelle qui a été rencontrée dans le courant du projet. En raison d’ajustements somme toute compréhensibles et relativement fréquents dans l’établissement des relations contractuelles, un des partenaires a perçu la non contractualisation comme une menace directe à son engagement. En effet, l’entreprise A agit aussi en qualité de prestataire de stockage pour le compte de GO. Devant le retard pris dans la contractualisation, l’entreprise B a craint de voir son travail repris en main par l’entreprise A qui jouissait d’un relatif confort, son engagement dans la partie stockage lui garantissant un maintien à moyen terme dans le projet. Ce point a pu connaître une résolution satisfaisante pour chaque partie et par le biais de la signature de lettres d’intention, la participation de chacun a pu être maintenue. A l’issue de cette étude, nous aurons pu caractériser certaines des pratiques à intégrer dans le but de proposer une externalisation logistique innovante. Cependant, la prise en compte des coûts de transaction associés à l’existence de plusieurs partenaires poussent à s’interroger sur la validité du choix stratégique. En effet, par réduction des périmètres d’action des prestataires, la charge de travail se retrouve grandement accrue, les marges perçues pour la prestation augmentées et la scission des périmètres interdit la mise en pratiques de synergies qui seraient autrement tout à fait exploitables (flux de retour, etc.). L’impératif de sécurisation de l’activité durant une période de forte consommation alliée à la volonté de ne pas se rendre dépendant d’un partenaire potentiellement opportuniste sont des données importantes qui appellent à une réflexion en profondeur pour valider ce schéma de fonctionnement. Conclusion L’évocation des différentes problématiques liées à la construction des relations tripartites illustre toute la difficulté et la richesse des relations de prestation, tant il est difficile de 75 Logistique & Management prédire avec certitude les motivations réelles des actions des agents impliqués. mies et Sociétés, Série Sciences de Gestion, n° 15, mai 1990, pp. 137-161. On constate qu’à de très nombreux niveaux, la confiance qui se créée et se renforce entre les participants des relations tripartites répond à des thématiques tantôt proches, tantôt entièrement différentes. Il n’en demeure pas moins que la confiance reste un des fondements principaux du succès des partenariats logistiques et des relations d’externalisation dans leur ensemble. Coase R. (1937), “The nature of the firm”, Economica, 4, 386-405. Confrontée à la rationalité limitée et à la nature potentiellement opportuniste de chaque agent économique, la confiance constitue bien souvent le seul rempart contre l’incertitude et le doute, garantissant pour grande partie le succès de relations d’externalisation ambitieuses. Les considérations liées à sa mise en place et à son maintien, au vu de la tendance exacerbée à l’impartition des activités non stratégiques devraient présenter un des défis manageriels majeurs des futures années. Références Bibliographiques Anderson, J. C., and Narus J. A. (1984), A Model of The Distributor’s Perspective of Distributor-Manufacturer Working Relationships, Journal of Marketing, 62-75. Anderson, J. C., and Narus J. A. (1990), A Model of Distribution Firm and manufacturer : Firm Working Partnerships, Journal of Marketing, 54: 1, 42-58. Anderson E. and Weitz B. (1989), « Determinants of Continuity in Conventional Industrial Channels Dyads », Marketing Science, vol. 8, Fall, p. 310-323. Barney, J. 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