Analyses microbiologiques des farines : Valeurs
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Analyses microbiologiques des farines : Valeurs
Circulaire n° 5230 22 décembre 2008 ª Gestion de l’entreprise 7 ª Fabrication 0 ª Réglementation hygiénique et sanitaire 5 Dossier suivi par : Flavie SOUPLY Ligne directe : 01.43.59.45.08 Analyses microbiologiques des farines : Valeurs recommandées pour les farines En mars dernier, une note d’information sur les analyses microbiologiques des farines a été transmise par la circulaire ANMF n°5144. Elle nuance l’approche globale décrite dans le Guide des bonnes pratiques d’hygiène en meunerie (2001) et retient des critères microbiologiques plus spécifiques de sécurité et d’hygiène. Cette première note devait être complétée par des valeurs recommandées pour les critères retenus selon les types de farines et l’usage prévu (cf document joint). Cette note est parallèlement diffusée aux différents syndicats professionnels concernés de la filière. Pour assurer sa diffusion le plus largement possible, chaque meunier est encouragé à la transmettre à ses clients industriels ou à chaque demande d’analyse microbiologique. Cette nouvelle note a déjà fait l’objet d’un accord de principe des Syndicats de la biscuiterie française (SNBF) et de la biscotterie et de la panification fine (SNBPF). Elle précise un des points du Modèle de cahier des charges cadre pour la farine de blé tendre destinée à ces usages dont la révision est en cours. Circulaire disponible sur www.anmf.com.fr 1 22 décembre 2008 Les analyses microbiologiques des farines Origines de la contamination microbiologique des farines : Le niveau de contamination microbienne des farines est principalement déterminé par celui du blé. La récolte et le stockage sont des étapes généralement identifiées de la contamination des grains qui peut se faire par : - la terre, les impuretés, la poussière générée à la récolte, - la présence éventuelle de foyers d’infection dans les moyens de transport et les silos (notamment dus à la présence d’humidité, d’insectes, de rongeurs ou d’oiseaux). Au cours du process de meunerie, les sources de contamination potentielle ont un impact généralement limité. On peut citer toutefois : - les foyers d’infection localisés dans les circuits notamment dus au développement de moisissures (pieds d’élévateurs, tuyauteries, zones de stagnation de produit humide), - les contaminations dues à la présence d’insectes, de rongeurs ou d’oiseaux dans les locaux, - les contaminations d’origine humaine (hygiène des opérateurs et gestion des gâchis). Le stockage des farines n’induit pas de risque sanitaire lié à une éventuelle prolifération microbienne. En effet, alors que les farines ont généralement une activité de l’eau (aw) comprise entre 0,45 et 0,65, il est admis qu’une activité de l’eau d’un aliment inférieure à 0,60 ne permette aucune croissance de moisissure ou de levure et qu’une activité de l’eau inférieure à 0,85 ne permette aucune croissance bactérienne. Réglementation : Le règlement 2073/2005/CE concernant les critères microbiologiques applicables aux denrées alimentaires ne définit pas de critères spécifiques pour la farine de blé. Il n’existe donc pas de règlementation officielle pour la microbiologie dans les produits céréaliers. Pertinence des critères microbiologiques généralement utilisés pour les farines : Le règlement 2073/2005 distingue deux types de critères : les critères de sécurité des produits et les critères d’hygiène des procédés. Cette approche par critère peut également être appliquée à nos produits et nos moulins afin de définir les critères pouvant réellement avoir une incidence sur la santé du consommateur et ceux pouvant nous permettre de réaliser différents suivis de nos outils de production et nos matières premières. ¾ Critères de sécurité des produits : Il s’agit de critères applicables à tous les produits alimentaires mis sur le marché. La présence de ces germes dans les aliments au-dessus d'un certain seuil peut être préjudiciable à la santé du consommateur. Ces critères rassemblent les microorganismes pathogènes comme Escherichia Coli, les ASR (anaérobies sulfito-réducteurs) et les salmonelles. Leurs origines peuvent être diverses mais liées à des contaminations humaines ou animales tout au long de la filière du blé à la farine. Les staphylocoques à coagulase positive peuvent également être recherchés pour attester des bonnes pratiques de fabrication puisque leur présence serait essentiellement liée à des contaminations humaines. La numération des coliformes fécaux ou thermotolérants n’a pas de signification au plan de la qualité microbiologique car les coliformes peuvent faire partie de la microflore naturelle des végétaux (source : DGCCRF, 1987). Parmi les coliformes, seule l’analyse d’E. Coli est pertinente. Conclusion : Seules les bactéries pathogènes (E. Coli, ASR, Staphylocoques et Salmonelles) doivent être prises en compte dans les farines comme critères de sécurité. ¾ Critères d’hygiène des procédés : Il s’agit de critères d’acceptabilité du procédé de production qui ne s’appliquent pas au produit. A ce titre, le seul dépassement des critères d’hygiène des procédés n’entraîne pas en soi de conséquence sur l’acceptabilité du produit. Des actions correctives adaptées pourront être mises en place si nécessaire. Circulaire disponible sur www.anmf.com.fr 2 22 décembre 2008 Ces critères rassemblent des microorganismes indicateurs de la charge microbienne des blés et des conditions de fabrication dans les moulins comme la Flore aérobie mésophile et les moisissures. Leurs origines peuvent être diverses mais liées aux conditions de récolte et de stockage des blés qui ont un rôle essentiel sur la charge microbienne de cette catégorie. Les niveaux de contaminations peuvent donc varier fortement d’une campagne à l’autre. Les coliformes totaux peuvent également appartenir à cette catégorie, mais il est plus pertinent d’analyser E. Coli pour attester de bonnes pratiques de fabrication. Conclusion : les critères d’hygiène des procédés généralement utilisés sur les farines dépendent essentiellement de la contamination des blés et ne sont donc pas représentatifs de l’hygiène du procédé de meunerie. Synthèse des critères microbiologiques recommandés sur farines : Farines destinées à la fabrication de produits cuits Farines destinées à des fabrications de produits non cuits x x Bactéries pathogènes : Escherichia coli, Staphylocoques à coagulase +, Salmonelles, ASR Moisissures Flore aérobie totale x x Conclusion : La nouvelle approche proposée, par critères de sécurité et critères d’hygiène, nuance l’approche globale décrite dans le Guide de bonnes pratiques d’hygiène en meunerie (2001) et retient donc des critères plus spécifiques. Pour les farines destinées à la fabrication de produits cuits, seule l’analyse des bactéries pathogènes est recommandée, incluant E. coli en tant que coliforme. Pour les produits non cuits, l’analyse des moisissures et de la flore totale est également recommandée. La pertinence d’autres critères pourra être débattue pour des débouchés particulièrement sensibles. Critères et valeurs recommandées Les valeurs recommandées sont des grandeurs indicatives atteignables sur les farines sans autre ingrédient (autres céréales, graines, …). Pour les farines T 45 à 65 : Bactéries pathogènes Escherichia coli Staphylocoques à coagulase + Salmonelles ASR à 46 °C Pour les farines T 80 à 150: Bactéries pathogènes Escherichia coli Staphylocoques à coagulase + Salmonelles ASR à 46 °C Méthode de référence Valeur cible Valeur de tolérance NF V 08-053 < 10 < 100 EN ISO 6888-1 NF EN ISO 6579 ou méthode alternative avec impérativement 48 h d’enrichissement XP V 08-061 < 10 Absence dans 25 g < 100 - < 10 < 100 Méthode de référence Valeur cible Valeur de tolérance NF V 08-053 < 50 < 500 EN ISO 6888-1 NF EN ISO 6579 ou méthode alternative avec 48 h d’enrichissement XP V 08-061 < 10 Absence dans 25 g < 100 - < 50 < 500 Circulaire disponible sur www.anmf.com.fr Actions en cas de résultats insatisfaisants Amélioration de l’hygiène de la production. Sélection des matières premières Actions en cas de résultats insatisfaisants Amélioration de l’hygiène de la production. Sélection des matières premières 3 22 décembre 2008 Critères complémentaires recommandables pour les Farines destinées à des fabrications de produits non cuits (des fourchettes ont été retenues plutôt que des valeurs cibles car il s’agit de flores non pathogènes, uniquement indicateurs d’ambiance): Critères complémentaires pour les Farines destinées à des fabrications de produits non cuits Moisissures Méthode de référence Grandeurs indicatives pour les Farines T45 à T65 Grandeurs indicatives pour les Farines T80 à T150 Actions en cas de résultats insatisfaisants Iso 7954 Entre 1 000 et 10 000 Flore aérobie Totale ISO 4833 Entre 20 000 et 200 000 Entre 5 000 et 50 000 Jusqu’à 500 000 Recherche des causes. Amélioration de l’hygiène de la production. Sélection des matières premières La préparation des échantillons doit être adaptée à la farine : la méthode NF recommandée. ISO 7698 est Méthodes d’analyse : Il est préconisé d’utiliser des méthodes AFNOR et d’éviter les méthodes dites rapides. Pour les analyses de routine, il est conseillé de demander une méthode alternative, validée par l’AFNOR, adapté au substrat farine: pour les salmonelles, la méthode alternative doit impérativement conserver les 48h de phases d’enrichissement pour être adapté au substrat farine. La Norme NF ISO 6887-4 : Préparation des échantillons en vue de l’examen microbiologique est en cours de modification pour intégrer les spécificités de préparations des échantillons de farine citées dans la norme NF ISO 7698 : Céréales, légumineuses et produits dérivés dont la suppression a été décidée en 2006. Dans cette attente, il est recommandé de toujours se référer à la méthode NF ISO 7698, compte tenu de la forte variabilité intra et inter laboratoires des résultats d’analyses microbiologiques. La participation du laboratoire d’analyse au circuit d’aptitude du BIPEA sur la microbiologie des farines est recommandée. Les méthodes globales de dénombrement sont choisies, chaque fois que cela est possible, plutôt qu’une méthode de recherche. Ces méthodes globales sont moins coûteuse et satisfont à l’objectif de sécurité des produits. Interprétation des résultats d’analyses et actions correctives : Il existe deux types d’analyses microbiologiques : - Dénombrement / numération: Les résultats d’un dénombrement microbiologique s’expriment à une puissance de 10 près. La majorité des résultats d’analyses microbiologique des farines sont exprimés de cette façon. - Recherche (présence / absence): La recherche de la présence de certains pathogènes (comme les Salmonelles) conduit à un résultat qui doit être interprété de façon binaire : présence ou absence. Il convient de considérer qu’un dépassement ponctuel pour un critère pathogène est une nonconformité. Elle doit être prise en compte de la manière suivante : - information du client et analyse des risques commune - action corrective Lors d’un dépassement ponctuel d’un critère non pathogène, une analyse des causes doit être entreprise compte tenu de la forte variation intra et inter campagne. L’étude de la récurrence de tels dépassements, tant au niveau des résultats obtenus par le meunier que ceux obtenus par ses clients, permet d’évaluer la dérive éventuelle et d’adapter les actions correctives éventuelles. En se basant sur la réglementation applicable aux clients de la meunerie, ces actions correctives doivent débuter par l’analyse des causes et proposer des améliorations qui peuvent porter sur l’hygiène de la production ou sur la sélection des matières premières. Pierre-André MASTEAU Circulaire disponible sur www.anmf.com.fr 4