LE CABARET BLANCHE – THEATRE 14

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LE CABARET BLANCHE – THEATRE 14
janvier 2017 Philippe Person LE CABARET BLANCHE – THEATRE 14 Spectacle musical écrit et mis en scène par Cristos Mitropoulos, Ali Bougheraba et
Léo Guillaume, avec Camille Favre-Bulle, Sylvain Deguillame, Pierre Babolat,
Benjamin Falletto, Patrick Gavard-Bondet, Stéphane Bouba Lopez, Cristos
Mitropoulos et Djamel Taouacht.
C'est sous le panonceau du métro Blanche, époque Hector
Guimard, que se déroule "Le Cabaret Blanche", enseigne fictive
mais qui n'a besoin que de quelques minutes pour être habitée par
de vrais artistes.
On est en 1914, au début de la boucherie universelle, et son écho
résonne dans ce lieu qui cherche pourtant à vivre comme si la
guerre n'existait pas.
Hanté par un trio en smoking qui semble anticiper les "Comédiens
harmonistes", résidence d'un autre trio de musiciens attentifs et
facétieux (Patrick Gavard-Bondet, Stéphane Bouba Lopez et
Djamel Taouacht) prêts pour l'arrivée du jazz, "Le Cabaret
Blanche" recèle du mystère et de la drôlerie.
On y trouve à sa tête Blanche (Benjamin Falletto), androgyne élégant, faux cynique au
cœur d’artichaut, qui cache sous ses traits longilignes à la Barbara des versions de Fréhel
à donner la chair de poule à ses inconditionnels.
On y découvre une jolie habilleuse, Violette (Camille Favre-Bulle), elle aussi masque
d'une danseuse peut-être inspirée de Mata-Hari et qui le prouvera dans un éblouissant
numéro syncrétique mêlant danse indienne et danse du ventre. On y retrouvera en "running
gag" Sandrex (Pierre Babolat), qui n'a pas besoin de s'habiller en comique troupier pour
magnifier le divin "Trou de mon quai".
Même Cristos Mistropoulos, coauteur avec Léo Guillaume et Ali Bougheraba de ce
spectacle magiquement total, viendra sur scène sous divers traits et notamment ceux du
père de Pippo (Sylvain Deguilaume), pour un irrésistible et enfariné numéro de chanson
pâtissière.
Tout ici est propice à des moments dignes des meilleures comédies musicales
hollywoodiennes, comme cette époustouflante évocation des tranchées avec un seul
soldat. Plus fort encore, les auteurs réussissent des enchaînements très créatifs, à l'image
de celui où Violette fait essayer des costumes à Pippo, et qui rappelle joliment un passage
d'un film de Busby Berkeley avec Mickey Rooney et Judy Garland.
Il y a quelques années, on avait vu Camille Favre-Bulle, Benjamin Falletto et Cristos
Mistropoulos dans un spectacle rendant hommage à la chanson marseillaise, "Sarvil,
l'oublié de la Canebière", déjà écrit par Ali Bougheraba et Cristos Mitropoulos. Une fois
encore, les deux compères, par ailleurs co-auteurs de "Ivo Livi, ou le destin d'Yves
Montand", montrent toute leur connaissance de la chanson populaire française d'avant
guerre.
Sans faute de goût, sans avoir besoin d'un second degré appuyé pour interpréter des
textes équivoques ou fleur bleue, ils ont construit un spectacle musical dense et cohérent.
Bénéficiant d'un écrin soigné, qu'il s'agisse des costumes de Virginie Bréger et Christian
Courcelles, des décors d'Olivier Hébert et des lumières de David Darricarrère, "Le
Cabaret Blanche" étale ses couleurs et sa bonne humeur, mais sait aussi, le final le
prouvera, distiller une émotion vraie. Personne ne pourra oublier Camille Favre-Bulle
chantant a cappella "Si petite" de Lucienne Boyer.
Spectacle qui aime ses spectateurs, "Le Cabaret Blanche" rend heureux.

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