Fiche n°5 - CRPF Aquitaine

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Fiche n°5 - CRPF Aquitaine
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MEMENTO AQUITAIN DU BOIS ÉNERGIE
PRODUCTION DE BIOMASSE ET SYLVICULTURES ACTUELLES
La place du bois énergie dans les itinéraires sylvicoles actuels est amenée à augmenter en réponse au
développement des besoins. Où en est-on ? Quel est l’intérêt, pour le propriétaire forestier, de mobiliser
la biomasse aujourd’hui produite ?
Taillis de châtaignier dépérissant (Dordogne).
Aujourd’hui, toutes les formes de sylvicultures – et toutes les parties
de l’arbre (en particulier les produits de petite dimension, les bois secs
sur pied, les souches) - produisent de la biomasse et peuvent donc en
l’état produire du bois énergie. Avec un double intérêt : technique et
économique mais en gardant toujours à l’esprit le maintien de la fertilité
des sols et l’équilibre de la filière.
DÉJÀ
Quel que soit le type de sylviculture pratiqué et en l’état, une partie de
la production peut être fléchée vers le bois énergie. Elle l’est déjà pour
une certaine part.
Et il existe déjà des itinéraires plus ou moins spécialisés qui accroissent
la mobilisation de biomasse.
DES PISTES
Après coupe rase de pin maritime, la récolte des souches doit mobiliser
35 à 50 tonnes de matière, ce qui correspond au seuil de rentabilité
d’une telle opération. Son intérêt économique est double : le revenu
généré par la vente des souches comme bois énergie mais aussi la
réduction du coût de reboisement, dans la mesure où cette opération
facilite la plantation et les entretiens.
Le développement du bois énergie dans les massifs Adour-Pyrénées et
Dordogne Garonne ouvre des opportunités techniques d’amélioration et
Récolte de souches (Lot-et-Garonne).
de renouvellement des peuplements feuillus et résineux. Là encore, c’est
encore et toujours une question de rémunération pour le propriétaire et
de coût de mobilisation pour les utilisateurs.
CE QU’IL FAUT SAVOIR
• Dans les sylvicultures traditionnelles, la production de bois énergie peut
intervenir à l’occasion des opérations d’amélioration (dépressages
tardifs et éclaircies), des coupes rases (menus bois et souches) et des
opérations de nettoyage avant reconstitution (souches).
• La valorisation de la récolte de bois supplémentaire en complément
du bois industrie, sous forme de bois énergie, contribue à la rentabilité
de la filière bois d’œuvre, ce qui encourage l’amélioration de la qualité
de la production.
• Le taux de prélèvement de la production annuelle brute n’est que de
58% en Dordogne-Garonne et de 47% seulement en Adour-Pyrénées.
• Pour produire du bois énergie, à croissance égale toutes les essences
ont des valeurs énergétiques équivalentes. Il est donc conseillé de
privilégier les essences dont la vitesse de croissance est supérieur.
• La montée en puissance du bois énergie joue un rôle utile dans
la protection des forêts par la prévention des risques incendies,
sanitaires, d’aléas climatiques…
POUR EN SAVOIR PLUS… LA PLACE DE LA PRODUCTION DE BIOMASSE
DANS LES SYLVICULTURES ACTUELLES
http://www.crpfaquitaine.fr/docs/files/Bois-Energie/Synthese_5_Sylvicultures_actuelles_et_biomasse_v_2013_06_04.pdf
Fiche 5
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MEMENTO AQUITAIN DU BOIS ÉNERGIE
EXPERTS FORESTIERS
«Au service de la recherche de la rentabilité économique»
Les experts forestiers qui gèrent 10 à 12% de la surface du massif
– de l’ordre d’une centaine de milliers d’hectares – sont astreints à
une attitude de prudence dans leur mission d’accompagnement au
service de leurs clients.
Jean-François Galban et François Capes, président et vice-président
du Comité des Experts Forestiers du Sud-Ouest (CEFSO) qui regroupe
une quinzaine d’experts forestiers rappellent que l’une des missions1
des experts est la gestion forestière pour le compte de la forêt privée.
Dans le cadre d’un mandat de gestion, ils conseillent le propriétaire,
accompagnent la réalisation du Plan de Gestion, se substituent au
propriétaire pour la mise en œuvre des travaux, assurant donc la maîtrise
d’œuvre. Enfin, ils s’occupent de la commercialisation des produits de la
propriété forestière à travers la mise en vente des bois pour le compte
des propriétaires.
UN MARCHÉ SE MET EN PLACE
«Dans le domaine du bois énergie, le marché est aujourd’hui encore quasi
inexistant», note Jean-François Galban.
«Dans le cadre de l’aide que nous apportons aux propriétaires pour la
reconstitution de leur forêt après la tempête, beaucoup d’entre nous leur
conseillent de passer des contrats avec les papetiers pour l’exploitation
des souches, moyennant une «petite» rémunération. Cela montre qu’on
considère qu’un marché du bois est en train de s’enclencher. Mais on ne
peut pas être très exigeant : les prix se situent autour de 100 euros par
hectare et par an (soit 2 euros par tonne et par an)».
Cubage de pin mûr.
respect de la filière. Nous sommes conscients qu’on ne peut pas basculer
brutalement d’une sylviculture orientée vers la production de bois
d’œuvre - avec des sous-produits destinés à la trituration - pour aller vers
une sylviculture uniquement tournée vers la production de bois énergie».
Jean-François Galban n’imagine pas pouvoir conseiller des propriétaires
sur une sylviculture à un horizon de 20 ans «sur des produits aussi
peu valorisés que la biomasse». Pour autant, il n’exclut pas «un
raccourcissement des révolutions ou des diamètres de bois d’œuvre plus
petits qu’aujourd’hui».
«L’expert forestier recherche la meilleure valorisation des forêts pour
le compte du propriétaire», insiste François Capes. «La consommation
de bois énergie est une bonne chose car elle permet de tirer du bois
de la forêt. Peu importe comment celui-ci va être utilisé, en énergie, en
papeterie, en bois d’œuvre… En matière de sylviculture, l’objectif du
gestionnaire de forêt est de rechercher un maximum de volume en un
minimum de temps, en espérant le meilleur prix, le propre de la rentabilité
économique».
François Capes, propriétaire forestier comme Jean-François Galban,
ne cache pas une certaine méfiance vis à vis des systèmes de
contractualisation qui accompagnent parfois la production de bois
énergie. «Les produits forestiers sont encore très mal défini. Il parait
risqué d’enfermer le propriétaire, tout comme sa parcelle, dans un contrat
sans connaître le contexte à terme. Et il ne faut pas oublier les risques
d’aléas, phytosanitaires notamment. J’aurais tendance à conseiller aux
propriétaires de ne pas s’engager dans cette voie».
UNE SYLVICULTURE INTENSIVE MAIS
TRADITIONNELLE
«Nous sommes là pour valoriser au mieux les produits de nos clients»,
confirme Jean-François Galban. En l’état, il n’est pas question de les
orienter délibérément vers des sylvicultures spécifiques à la production de
bois énergie. «On reste dans la sylviculture intensive mais traditionnelle».
Retour donc à la position naturelle de prudence que doit avoir l’expert
forestier vis à vis de son client qu’il ne doit surtout pas engager dans
une impasse. «Pas question aujourd’hui de conseiller au propriétaire de
s’engager dans des systèmes trop contraignants». Le bois énergie, «il faut
y venir, mais avec prudence».
«Nous devons également nous préoccuper des clients de nos clients,
le exploitants forestiers et les industriels», rappelle le président des
experts forestiers aquitains. «Nous devons donc aussi intervenir dans le
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1 - Les experts forestiers exercent aussi d’autres facettes de leur métier : expertise en termes de
conseil et d’évaluation mais aussi expertise dans le domaine de l’assurance. Ils gèrent également
les propriétés des «institutionnels» (par exemple les banques). Ils sont habilités pour la pratique de la
transaction immobilière forestière. Le titre d’Expert Forestier est protégé par un agrément du Conseil
national d’expertise foncière, agricole et forestière, «l’ordre» des experts en quelque sorte.
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es prix sont d’actualité.
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MEMENTO AQUITAIN DU BOIS ÉNERGIE
FRANÇOIS BONNET
Directeur de l’agence Nord Aquitaine, Office National des Forêts
«Privilégier les itinéraires bois d’œuvre»
François Bonnet, directeur de l’agence Nord Aquitaine, en charge
des forêts publiques du massif des Landes de Gascogne, rappelle le
cap suivi par l’Office National des Forêts.
POURQUOI L’ONF MAINTIENT-IL CE CAP BOIS
D’ŒUVRE ?
• Parce que les forêts publiques doivent non seulement participer à la
production de bois mais aussi remplir d’autre fonctions : accueil du
public, tourisme, protection de la biodiversité, stockage du carbone…
Les itinéraires bois d’œuvre offrent une mosaïque de peuplements
d’âges différents et une forêt accueillante aux paysages diversifiés.
En Aquitaine, la forêt littorale, importante, contribue à l’économie
touristique.
Ces objectifs de multifonctionnalité expliquent que l’ONF soit plutôt
favorable à des itinéraires polyvalents.
Ce choix de privilégier les itinéraires bois d’œuvre, réversibles, répond
à un souci de bien maîtriser la valorisation optimale des produits de la
forêt dans un contexte économique changeant, de garder la maîtrise de
la production.
MAIS VOUS FAITES DES TESTS ?
• Dans le cadre d’une stratégie partagée avec les communes forestières,
nous avons testé un itinéraire par semis qui conserve davantage de
tiges après dépressage : 1800 tiges/hectare au lieu de 1250. Dans le
cadre des reconstitutions des forêts domaniales sur le plateau landais,
cela permet de tester une production supplémentaire pour répondre
aux besoins croissants des industriels.
CRPF AQUITAINE 2015. CRÉDIT PHOTO : CRPF AQUITAINE.
QUELLE EST LA LIGNE DE L’ONF EN MATIÈRE DE
PRODUCTION DE BIOMASSE FORESTIÈRE ?
• Je rappellerai d’abord que l’ONF produit de la biomasse depuis toujours,
dans la mesure où les sylvicultures que nous pratiquons produisent du
bois d’œuvre, du bois d’industrie et du bois énergie.
La gestion des forêts publiques est encadrée par des directives
nationales et régionales qui donnent et continueront à donner la priorité
à la production de bois d’œuvre, sachant que bois d’industrie et bois
énergie y sont associés. La stratégie de l’ONF vise donc à développer
des itinéraires techniques de sylviculture bois d’œuvre, en précisant
qu’ils sont compatibles avec la production de biomasse.
Des analyses sur la vie d’un peuplement de pin maritime à itinéraire
bois d’œuvre à 35 à 55 ans (préconisations en forêt publique en fonction
des fertilités) montrent que, connexes de scierie inclus, on récolte un
tiers de bois d’œuvre et deux tiers de bois d’industrie et de bois énergie.
La production de bois d’œuvre contribue donc de façon significative à
la production de bois énergie.
Pin maritime à itinéraire bois d’œuvre 35-55 ans.
QUELLE EST LA POSITION DE L’ONF EN MATIÈRE
DE RÉCOLTE DES RÉMANENTS ?
• Sur le sujet des rémanents, nous sommes très prudents. En zone dunaire
et en landes sèches, aux sols particulièrement pauvres en minéraux, la
récolte des rémanents et des souches est proscrite. En revanche, sur
le plateau landais, notamment dans les stations de lande humide, sous
réserve de l’accord du maire, leur récolte peut être envisagée une fois
dans la vie du peuplement.
Pour les souches également, si le maire le souhaite, l’extraction est
possible en landes humides, notamment sur les secteurs affectés par
le fomès où leur récolte pourrait aider à la prévention. Mais elle est
totalement exclue des zones dunaires et des zones à forts enjeux de
biodiversité.
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