Lire l`article

Transcription

Lire l`article
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement
et de l’agencement : des solutions pratiques
Le 21 juin 2012, FCBA a organisé une journée technique destinée
aux TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement pour leur
présenter des solutions adaptées à la mise en œuvre de finitions
aqueuses. Cette journée, soutenue financièrement par l’ADEME et le
CODIFAB, a bénéficié de la contribution de l’AFPIA Sud-Est et du
Cetiat.
Pour contacter les auteurs :
Marie-Lise Roux
[email protected]
Tél. : 01 40 19 49 56
Thierry Delorme
[email protected]
Tél. : 01 40 19 48 04
FCBA
Pôle Ameublement
10 avenue de Saint-Mandé
75012 Paris
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
1
Dès 2000, les entreprises, alors utilisatrices à 80% de solvants organiques,
ont dû se tourner vers des technologies moins émettrices de COV
(composés organiques volatils), essentiellement vers des systèmes à base
de produits aqueux. Leur introduction nécessite des investissements en
matériel, mais aussi une réorganisation des ateliers afin d’intégrer les
conditions nécessaires de température et d’humidité relative de l’air. Ces
contraintes sont rarement compatibles avec la taille des TPE et des petites
PME.
Ainsi, même si les entreprises sont convaincues de l’intérêt de telles
mutations, elles doivent améliorer le bâtiment, en totalité ou en partie, dans
les zones d’application et de séchage, avec souvent un apport d’énergie
complémentaire (gaz, électricité, déchets de bois).
C’est pour apporter à ces petites entreprises des solutions adaptées à leurs
possibilités, que FCBA a organisé le 21 juin 2012 une journée technique sur
les finitions aqueuses. Cette journée a été l’occasion pour les 45 personnes
présentes dans l’auditorium de FCBA :
– de s’informer du contexte réglementaire sur la réduction des émissions
de composés organiques volatils (COV) et de son évolution,
– de faire le point sur la situation du secteur des finitions sur bois,
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
2
– de connaître l’état des lieux dans les TPE et PME de l’ameublement
utilisant essentiellement des applications de finitions solvantées dans des
cabines manuelles,
– de s’informer sur les meilleures technologies disponibles en finitions
aqueuses, avec des sources de progrès sur leur consommation
énergétique.
Cette journée a également été l’opportunité de restituer les principaux
résultats d’une étude dont les principaux objectifs étaient de définir les
solutions pratiques en finitions aqueuses adaptées à la taille, à
l’organisation et aux marchés des TPE et PME de l’ameublement et de
l’agencement. Lors de cette journée, un document qui est une première
version d’un futur guide technique, a été distribué. La version finale sera
complétée à la suite d’échanges entre professionnels.
Christophe Stavrakakis (ADEME) a décrit « Le contexte
règlementaire et la situation du secteur de l’ameublement ». Après
avoir présenté les actions de l’ADEME, il s’est attaché à exposer les outils
politiques pour réduire les émissions de COV et a apporté un éclairage sur la
situation dans l’ameublement. Il faut retenir que les COV ont des effets
nocifs sur la santé par leur risque potentiel CMR (cancérigène, mutagène ou
toxique pour la reproduction) et sur l’environnement, en particulier par la
formation d’ozone dans les basses couches de l’atmosphère. Les émissions
de COV sont cependant très faibles comparées à celles émises par le CO2. Il
a rappelé l’historique avec la transcription de la Directive européenne
99/13/CE en 2000 et 2002, qui a imposé la mise en place d’un Plan de
Gestion Solvant pour une utilisation de plus de 1 tonne de solvants par an.
Au lieu d’effectuer des mesures au droit de tous les points de rejets, cette
directive permet de démontrer la conformité des sites en établissant un
Schéma de Maîtrise des Émissions, à condition de n’utiliser que des COV
non CMR. Sept directives européennes ont été refondues dans la directive
dite IED2010/75/UE, entrée en vigueur le 6 janvier 2011, dont le
chapitre V concerne les dispositions sur les COV. Le point le plus important
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
3
à retenir est que cette directive est liée à la rédaction de plusieurs
documents BREF (BAT REFerence documents) destinés à définir les MTD
(Meilleures Techniques Disponibles) et les niveaux de performances
associées par secteur d’activité. Les BREF sont disponibles sur le site de
l’INERIS (www.ineris.fr/ippc/node/10).
La directive IED concerne 32 secteurs d’activité dont certains sont
émetteurs de COV comme le traitement de surface utilisant des
solvants, objet des débats de cette journée. La France a largement
respecté ses engagements de réduction à fin 2010 (837 kilotonnes pour
1050 kilotonnes demandées), mais le nouvel objectif exigé sera de 750 à
800 kilotonnes à fin 2020. Il faut donc poursuivre les efforts. En 2007, 63%
de l’activité d’application de revêtements sur tous types de supports (bois,
métal, plastique…) étaient conformes aux seuils fixés par la directive
99/13/CE, une des activités encore très émettrice pour laquelle l’intérêt de
la substitution est toujours de mise. Il est difficile d’obtenir des chiffres
uniquement pour les finitions sur bois dans l’ameublement et l’agencement,
même si une part non négligeable des entreprises reste en finition solvant,
alors que les menuisiers sont passés en phase aqueuse à la fin des années
90, début 2000. Les parquets vernis en usine le sont en majorité par des
produits à haut extrait sec.
La situation dans les TPE et PME du secteur
Par ailleurs, il est apparu intéressant de connaître le retour d’expérience de
plusieurs entreprises de type TPE et PME représentatives des différents
segments de l’ameublement, et pour lesquelles l’utilisation de la technologie
aqueuse semblait poser problème. Cet état des lieux a pu être établi lors du
projet mené conjointement par FCBA, l’AFPIA Sud-Est et le Cetiat. Claude
Mounier, consultant pour l’AFPIA Sud-Est, s’est fait le porte-parole du
consortium et a présenté une synthèse de « La situation dans les TPE et
PME de l’ameublement et de l’agencement » pour les cas identifiés
comme difficiles. En préalable, les bonnes pratiques ont été rappelées :
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
4
stockage des produits, fiches techniques et de données de sécurité à jour,
afin d’être dans les meilleures conditions de travail. La non acquisition de
compétences par les opérateurs, en particulier sur la gestuelle de
pulvérisation, a été constatée, ce qui entraîne une surconsommation de
produits, une diminution de la qualité et une augmentation des émissions
de solvants. Pour passer du solvant à l’aqueux, les principaux freins restent
la température et la ventilation du local de séchage. Enfin, l’offre des
fournisseurs n’est pas vraiment connue, car les TPE et PME achètent à des
distributeurs. Cette question sera abordée ensuite lors des tables rondes.
Pour compléter cette synthèse de la situation et essayer d’avoir une
approche des solutions aqueuses pour plusieurs usages considérés comme
difficiles d’accès pour des TPE, la matinée s’est poursuivie par trois
témoignages d’entreprise.
Yves Piquet est Directeur général de Bloc Miroir (télécharger son
intervention). Cette entreprise fabrique du mobilier de salles de bains
moyen et haut de gamme pour le réseau des négociants. L’entreprise
cherche à obtenir des solutions en très grand brillant et finitions spécifiques
(nacrée, pailletée, etc.) dans le cadre d’une démarche environnementale
commencée il y a 10 ans, tout en conservant la marque de qualité
NF Ameublement. Cette étude lui a permis d’effectuer une recherche de
solutions avec plusieurs fournisseurs. A ce jour, une solution toute aqueuse
ne répond pas à son cahier des charges d’aspect très grand brillant (95 –
100 Gloss) et au référentiel de performances NF Ameublement. Cependant,
l’entreprise va dans un premier temps intégrer un apprêt bi-composant
hydro dans son process de fabrication dès septembre, ce qui va lui
permettre d’obtenir un fond plus dur et de réduire ses émissions de COV.
Franck Triboulin est Responsable de production chez Meubles Grange
(télécharger son intervention), une entreprise centenaire qui se
présente comme fabricant, mais aussi créateur et distributeur, et qui reste
une PME « artisanale ». Avec une volonté affichée via leur site Internet de
donner toute liberté au consommateur de choisir les couleurs des
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
5
revêtements de chaque élément du meuble, Meubles Grange s’est rendu
compte qu’avec 50% de finitions cellulosiques et 50% en polyuréthanne,
seule la technologie aqueuse serait la solution, même si elle était difficile à
mettre en oeuvre. Le premier frein a été une méconnaissance du produit,
puis la diversité des essences de bois à revêtir et bien sûr le temps de
séchage qui s’est allongé. D’ailleurs, le chêne reste encore un souci.
Il reste que l’entreprise a réduit ses émissions de COV en remettant à plat
son offre finition et répond aux attentes des consommateurs qui souhaitent
une personnalisation du meuble. Côté atelier, les opérateurs préfèrent
amplement travailler dans cette nouvelle atmosphère émettant peu d’odeur,
même si les finitions aqueuses restent des produits chimiques qu’il faut
traiter en tant que tels sans rejets dans les éviers ou les égouts.
Franck Triboulin a précisé que lors du lancement de Mygrange (composition
par le client), aucun meuble vendu n’était en finition aqueuse, alors qu’en
2012, 80% des finitions sont des hydrodiluables, excepté pour les patines et
les vernis de finition. Meubles Grange a profité du renouvellement du
concept finitions pour éviter que les consommateurs comparent des
meubles en finition solvant avec ceux en finition aqueuse.
Philippe Evrard, Responsable production de Meubles Macé, n’a pu se
déplacer. Son témoignage a été présenté par FCBA (télécharger sa
présentation). Meubles Macé fabrique du bureau haut de gamme. S’il a
investi sur une ligne à plat, l’atelier dispose de cabines manuelles pour des
pièces de volume de tailles très différentes. Pour ce niveau de gamme de
meubles, la perception du client final est très importante. En conséquence,
l’alternative aux finitions solvant doit absolument respecter une demande
forte d’aspect et de performances à l’usage : abrasion, rayure, taches. De
plus, Meubles Macé, tout comme Bloc Miroir, souhaite garder sa marque de
qualité NF Office Excellence Certifié. A l’issue de tous les essais effectués à
FCBA et chez Macé avec plusieurs fournisseurs, il s’avère que les parties
verticales peuvent être finies en phase aqueuse. En revanche, pour les
plateaux de bureau, le cahier des charges des performances n’est pas
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
6
atteint. Il est également envisagé de passer à l’eau sur les piètements. Une
actualisation d’une partie du matériel de pulvérisation a permis d’améliorer
le process.
Certains pourraient considérer que ces trois témoignages donnent
l’impression de ne montrer que des aspects négatifs des technologies
aqueuses. Il reste qu’au contraire, elles illustrent des avancées, depuis cinq
ans environ, et en particulier depuis les témoignages présentés lors de la
journée technique organisée en 2007 à FCBA. Les cas choisis sont des
exemples pour lesquels il fallait valider l’existence ou non d’une technologie
aqueuse, voire mixte, adaptée. L’essentiel des finitions courantes est
actuellement réalisable.
Les meilleures technologies disponibles
La présentation suivante « Les Meilleures Technologies Disponibles »
avait justement pour objet de donner un aperçu des techniques en phase
aqueuse destinées aux TPE et PME, qui utilisent encore essentiellement des
polyuréthannes ou des cellulosiques appliqués manuellement. Cette tâche a
été confiée à Thierry Delorme, responsable technique Finition au Pôle
ameublement de FCBA.
La notion de « Meilleure Technique Disponible » (MTD) est définie à l’article
3-10 de la Directive 2010/75/UE du 24 novembre 2010 relative aux
émissions industrielles (Directive « IED »). C’est une technologie
environnementale dont la solution produit et processus d’application est
adaptée à l’entreprise pour son marché (aspect et performances attendues)
à un coût acceptable. En conséquence, elle doit répondre aux différents
usages de l’ameublement qui vont du domestique meublant au mobilier de
collectivité (restaurants, hôtels…), en passant pour le mobilier de cuisine, de
salles de bains, de bureau ou scolaire. Ces usages vont donc définir a
minima des aspects et des performances en cohérence avec les
règlementations et les critères économiques. Pour l’entreprise, il s’agit de
trouver les technologies qui lui permettent de réduire ses émissions de
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
7
solvants : les technologies aqueuses naturellement, mais aussi les poudres
qui restent encore à ce jour une solution pour des niches du marché de
l’ameublement, ainsi que tous les revêtements collés (films polymère,
stratifiés, surfacés mélaminés, papiers décors…).
La suite de la présentation a permis de passer en revue les solutions au
sens d’une MTD en fonction des produits, de la forme des pièces, des
matériels de pulvérisation et de leur nettoyage, mais également selon le
poste de travail et son environnement, à la fois lors des phases d’application
et de séchage qui restent la partie cruciale du procédé. Quelques solutions
sont encore à trouver, mais déjà les technologies aqueuses répondent à de
nombreux cas, à condition d’avoir effectué les bons choix, les bonnes
préparations de supports et de produits, et d’obtenir l’adhésion des
opérateurs pour modifier leur façon de travailler.
Le fait de passer à la technologie aqueuse ne doit pas conduire à des
modifications importantes de la consommation énergétique. La présentation
de François Vial (Cetiat) « Efficacité énergétique pour les entreprises
de l’ameublement et de l’agencement » portait sur cet objectif.
Le Cetiat est intervenu dans sept entreprises afin de réaliser un état des
lieux qui a montré que le coût du MWh électrique est de 101 € alors
qu’usuellement, il est en moyenne de 75 €. Le coût énergétique représente
2% du CA des entreprises visitées. Pour définir quelle serait l’amélioration
de procédés pour quel gain énergétique, le Cetiat rappelle la nécessité de
connaître sa consommation en fonction du nombre de produits fabriqués, du
mètre carré revêtu, etc. Il reste que pour une entreprise du meuble, les
postes les plus contributeurs en énergie sont les cabines de pulvérisation, le
chauffage et les extractions d’air. Un potentiel d’économie de 12% en
moyenne a été calculé. La fin de l’exposé a porté sur une synthèse de trois
études de cas de calcul d’optimisation énergétique.
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
8
Par ailleurs, des échantillons étaient présentés pour montrer les résultats
obtenus avec les technologies aqueuses.
Une table ronde sur les produits
Après une matinée consacrée aux résultats et aux témoignages, l’aprèsmidi a été entièrement dédié aux échanges avec les fournisseurs du marché
des TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement, par le biais de deux
tables rondes.
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
9
Les débats de la première table ronde ont été centrés sur les produits de
finition, avec la participation de Jean-Claude Albrech (Agent de ICA sur la
France), Laurent Arrachard (Société Milesi), Richard Cravero (Société Rio),
Laurent Pasqualini (Société Sherwin Williams, marques Beckers,
ArchCoatings).
Pour rebondir sur les premiers échanges de la matinée, le débat a été lancé
par la question : le grand brillant direct en hydro est-il possible ? Chaque
fournisseur a pu se prononcer, mais ils sont tous tombés d’accord pour dire
qu’il fallait d’abord définir ce qu’est un très grand brillant, c’est-à-dire un
brillant supérieur à 95 Gloss. Si Rio a répondu qu’il avait une solution PU
très grand brillant direct, ICA propose une solution avec une laque hydro
sous le vernis, alors que Sherwin dispose d’une solution bi-composant polie
lustrée et pour de meilleures performances, ce sont les hydro UV qui
s’imposent. Milesi est presque sur la même ligne que Sherwin à la
différence que seuls les hydro UV répondent au brillant 100 Gloss et offrent
la dureté nécessaire pour polir et lustrer. La technologie UV aqueuse
nécessite un minimum d’investissement.
La discussion s’est poursuivie sur le peu de moyens des TPE et PME
françaises par rapport aux autres pays tels que l’Italie ou l’Allemagne. Pour
tous les fournisseurs présents, le niveau d’investissement des Allemands et
des Italiens est supérieur à celui des entreprises françaises. Ces deux
grands pays producteurs de meubles se sont orientés vers des produits
aqueux, l’Italie en raison de sa volonté de développer des technologies et
l’Allemagne sous la pression des consommateurs.
Ensuite s’est posée la question du prix des produits hydro. Les fournisseurs
confirment que ces produits sont plus chers que les produits solvants à la
mise sur le marché. La chimie coûte plus cher, mais surtout, il y a encore
beaucoup de R&D à financer (certains disent 80%), alors que pour les
produits solvants, plus anciens, la R&D peut-être considérée comme quasi
achevée. Si les quantités vendues augmentent, les coûts pourront diminuer.
Sauf que pendant la période du passage de la technologie solvant vers la
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
10
technologie aqueuse, beaucoup de productions de meubles on été
délocalisées en Roumanie, en Pologne ou en Tchéquie. La diminution de la
production de meubles en France se traduit par une réduction des achats de
produits de finition sur le territoire français, ce qui ne favorise pas la baisse
des prix.
Sans ignorer l’importance des questions économiques, le débat s’est ensuite
recentré vers des questions plus techniques. Les entreprises choisies pour
l’étude recherchaient toutes une solution pour des cas considérés comme
difficiles il y a 5 à 6 ans, en particulier le cas de certaines essences. Toutes
les essences peuvent être revêtues de systèmes de finitions hydro, même si
certains aspects restent limités. Tous les fournisseurs s’accordent aussi à
reconnaître que les temps de séchage à l’air ambiant sont plus longs (4 à
6 h pour un égrenage). Des remontées de tannins ou d’extractibles à l’eau
dans les finitions aqueuses ont été citées, ce qui provoque des désordres
esthétiques. La solution peut être d’appliquer un isolant ou d’utiliser
certaines formulations qui comportent « des bloqueurs de tannins ». Milesi
ajoute que si toutes les essences sont possibles, il faut éviter de comparer
les hydro au PU car le contretypage n’existe pas, selon la stratégie choisie
par Meubles Grange. Certaines TPE ou PME ont des a priori sur la résistance
à la lumière des laques à l’eau. Les fabricants ont confirmé la bonne tenue à
la lumière des laques ou des vernis aqueux, ce qui a été entériné lors
d’essais réalisés par FCBA lors de l’étude.
Si une majorité des solutions aqueuses pour les secteurs de l’ameublement
et de l’agencement existent, pourquoi encore trop de TPE et PME
connaissent mal cette offre ? La réponse n’est-elle pas dans les réseaux de
distribution ? Si les entreprises qui utilisent un certain volume peuvent
passer commande directement chez le fabricant, les TPE achètent chez un
distributeur. Sherwin précise qu’il y a deux types de distributeurs : ceux qui
sont spécialisés et les généralistes qui vendent des produits, du matériel,
etc. Les distributeurs peuvent être réticents à proposer de nouveaux
produits, alors que les anciens systèmes ne posent pas de problèmes. C’est
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
11
pourquoi Sherwin et Milesi recommencent à accompagner les distributeurs
chez leurs clients.
La fin de la table ronde a été consacrée au stockage et au transport des
produits aqueux, phases importantes pour conserver leur qualité avant
application, mais aussi pour respecter les règles d’hygiène et de sécurité. En
effet, les finitions aqueuses sont des produits chimiques qui ne se jettent
pas dans les égouts, qui sont stockés sur des bacs de rétention, en
atmosphère ventilée et hors gel (5 °C mini). Il faut les travailler à plus de
18 °C, 15 °C selon certains, sur un support non froid. A la fin du processus,
quelques conseils très importants sur l’emballage des meubles finis, avec
quels types d’emballages ? La réponse collégiale est qu’il faut que le
système aqueux soit sec à coeur, par exemple 48 h pour des finitions mono
ou bi composants, et qu’il faut éviter un emballage plastique étanche de
type plastique à bulles.
La parole aux fournisseurs de matériel
Pour la seconde table ronde, la parole a été donnée à des fournisseurs de
matériel (pistolets et pompes), de filtres et de produits de nettoyage des
revêtements aqueux avec la contribution de Stéphane Cardo – Société IFT
(filtres), David Devienne – Société Graco (pistolets et pompes), Déborah
Kuntz - Société Adefy (solutions de nettoyage), Éric Vacher – Société
Wagner (pistolets et pompes).
La transition avec la table ronde sur les produits de finition était toute
trouvée, dans la mesure où les produits aqueux sont considérés comme
collants et plus adhérents aux matériels. Comment doit-on envisager le
nettoyage pour ne pas créer trop de déchets ? Certes, le nettoyage peut
être effectué à l’eau tiède, mais la société Adefy a développé des solutions
spécifiques pour nettoyer les pistolets, en particulier en fontaine, qui sont
plus efficaces et génèrent beaucoup moins de déchets, solutions plus
connues dans d’autres secteurs. Là où on consomme de 1 à 5 litres d’eau
pour un pistolet, un bidon de solution de nettoyage de 20 litres permet de
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
12
nettoyer 300 pistolets, le gain de rentabilité est immédiat.
Il faut seulement trouver avec le fabricant de produits de finition la
compatibilité entre les produits et la solution de nettoyage, sachant qu’il y a
peu de différence entre mono et bi-composant. Le nettoyage est effectué
lors du rangement du matériel et un rinçage suffit entre l’utilisation de deux
produits.
Graco et Wagner ont présenté rapidement leur offre, à savoir une gamme
complète de pompes, pistons et membranes. La pompe membrane réduit la
consommation et le nettoyage. Ils ont précisé les trois circuits de
distribution : le distributeur dont c’est le cœur de métier, le revendeur de
produits de finition et d’abrasifs, et la grande enseigne de bricolage (GSB).
Il est connu que les TPE et les artisans vont parfois acheter leurs matériels
et consommables en GSB, mais peut-on dire que ces pistolets sont
adaptés ? Les pistolets vendus en GSB sont conçus pour des bricoleurs. Ils
ne possèdent pas les mêmes plages de réglage, ne sont pas fabriqués dans
les mêmes matériaux (plus de pièces en plastique que de pièces en métal),
ce qui joue sur le rendement et le nettoyage, car un bricoleur n’a pas les
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
13
mêmes besoins qu’un professionnel. Cependant Graco et Wagner sont
conscients de la capacité d’investissement des TPE. Ils ont développé des
matériels adaptés avec une pompe de petit volume vendue entre 1500 et
1900 €, alors qu’un ensemble de type air assisté coûte en général 3000 €.
IFT a précisé l’intérêt d’un système de filtration avec une maintenance
allégée, car pour une PME du meuble, le filtre n’est jamais perçu comme
une valeur ajoutée. Les filtres secs chargés de produits aqueux seront à
mettre dans les déchets spéciaux. Par ailleurs, les TPE et PME, via Internet,
peuvent maintenant récupérer de l’information directement auprès des
fabricants, et ainsi obtenir un complément d’information important par
rapport aux distributeurs. Ils en ont fait eux-mêmes l’expérience.
Cette journée riche d’informations et d’échanges s’est conclue par la
synthèse de Valérie Gourvès, Directrice du Pôle Ameublement de FCBA.
Plusieurs participants et intervenants ont juste regretté que trop peu de TPE
et PME aient pu assister à ces débats. Il reste que ces connaissances
enrichies vont pouvoir être diffusées auprès des entreprises, en particulier
lors d’actions de conseil et de formation.
Les finitions aqueuses pour les TPE et PME de l’ameublement et de l’agencement :
des solutions pratiques
Copyright FCBA INFO, Juillet 2012
14