MOVIN` AND GROOVIN`
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MOVIN` AND GROOVIN`
R etour en 1963 à Birmingham où les futurs Moody Blues Ray Thomas, Mike Pinder et John Lodge jouent au sein d’El Riot & The Rebels, le combo le plus populaire de la ville bien qu’il n’ait enregistré qu’une maquette, «Down The Line»/«Blue Moon», au moment de sa séparation au printemps. De son côté, Roy Wood est le guitariste de Gerry Levene & The Avengers, dont les autres membres sont Mike Hopkins (guitare), Jim Onslow (basse, chant), Graeme Edge (batterie, qui intègre les Moody Blues en mai 1964) et Gerry Levene (chant, qui raccrochera après l’épopée des Avengers). Mike Hopkins et Jim Onslow font ensuite partie des Diplomats de Denny Laine avant que ce dernier ne devienne le chanteur-guitariste des Moody Blues lors de la création de « Go Now ». Roy Wood évoquant les Avengers : « Je les ai quittés avant la dissolution parce que j’avais l’impression que je n’avançais pas, d’autant que nous étions deux guitaristes solistes avec Mike Hopkins. Et je dois reconnaître qu’il me dammait le pion. J’ai reformé brièvement les Falcons dont j’ai fait partie avant d’accompagner Gerry Levene. » MOVE MOVIN’ AND GROOVIN’ GENÈSE Dans le périodique Birmingham Evening Mail, Roy voit alors une petite annonce à laquelle il souscrit : « On y recherchait un guitariste-chanteur possédant une Fender Stratocaster, un ampli Vox et une chambre d’écho Binson. Comme c’était mon cas et que je ne me voyais pas travailler dans autre chose que la musique, j’ai posé ma candidature. » Ainsi Roy Wood remplace-t-il en mai 1964 le guitariste-chanteur Big Al Johnson dans Mike Sheridan & The Nightriders qui ont deux 45 tours à leur actif. Ces disques ne se sont vendus qu’à une poignée d’exemplaires en dépit de la très grande popularité du groupe. Le chanteur Mike Sheridan et sa bande sont appréciés pour leurs reprises de titres surf, leur aspect comique, parodique et leurs costumes de scène. Ceci durant près de trois ans, jusqu’à janvier 1966. Deux des Nightriders, le guitariste rythmique Dave Pritchard et le bassiste Greg Masters seront à la base d’Idle Race, en mai 1966, avec le futur comédien Roger Spencer à la batterie et le guitariste Jeff Lynne qui, à son départ pour les Move, passera le relais à l’ex-Diplomats Mike Hopkins. Entre-temps, en 1964-65, un autre combo de Birmingham, Carl Wayne & The Vikings, publie deux simples pour Pye avec son précédent batteur Dave Hollis, remplacé par Bev Bevan. Les autres membres du quintet sont les guitaristes Terry Wallis et Johnny Mann, le bassiste Ace Kefford et le chanteur Carl Wayne. L’ancien batteur des Diplomats de Denny Laine, Bev Bevan, raconte son arrivée dans la formation de Carl Wayne : « Ils m’ont demandé si j’étais d’accord pour me joindre à eux... en ajoutant que je devais me décider vite car ils devaient partir en Allemagne le lundi suivant. Je n’étais jamais allé à l’étranger, alors j’ai tout de suite dit oui. Ainsi je me suis fait des nuits de dix heures à Cologne et Duisburg. Autant dire, une expérience pénible ! » FORMATION En février 1966 se constitue ainsi l’un des meilleurs combos pop anglais des années 60, les Move, dans lesquels on reconnaît des visages bien connus par les habitués des boîtes de Birmingham : Carl Wayne (chant, né le 18/08/44), Ace Kefford (basse, né le 10/12/46), Bev Bevan (batterie, né le 24/11/44), Roy Wood (guitare, chant, né le 08/11/46) et Trevor Burton (guitare, chant, né le 09/03/44). Ils sont tous natifs de Birmingham excepté Ace Kefford qui a vu le jour à Moseley, Warkshire. Le quintet joue régulièrement au Cedar Club. Après s’être taillé une sérieuse réputation au niveau local, et s’être lié au manager Tony Secunda, venu les écouter à Birmingham, la formation s’installe à Londres. Les 30 et 31 juillet, les Move font leurs grands débuts au 6e National Jazz & Blues Festival organisé à Windsor au même programme que Cream, Spencer Davis Group, Gary Farr & The T-Bones, Jimmy James, les Small Faces, Who, etc. Les Move font alors du R&B et de la soul, piochant dans les répertoires des Four Tops et Impressions. Leur show est phénoménal. Mais Tony Secunda les oriente vers le tout nou52 En 1965, l’hebdomadaire anglais TV Times prédit que le brumbeat va succéder au merseybeat, autrement dit que le son de Birmingham va supplanter celui de Liverpool. Mais les choses ne se sont pas passées tout à fait ainsi. Dès mars 1962, Jimmy Powell & The Dimensions publient « Sugar Baby », considéré comme le premier 45 tours de brumbeat. Rod Stewart en a été brièvement choriste-harmoniciste. Sorti en mars 1964, « Tell Me When » par les Applejacks est le premier à monter dans le top 10. Les Rockin’ Berries classent 3e « He’s In Town » (11/64) et 5e « Poor Man’s Town » (05/65). Autres acteurs de la scène de Birmingham, deux groupes majeurs vont atteindre la place de N°1 : les Moody Blues en janvier avec « Go Now », le Spencer Davis Group grâce « Keep On Running » en décembre. Enfin 1967 sera l’année des Move dont voici la phénoménale saga. veau son west coast, faisant distribuer des tracts annonçant leurs prestations. A propos du club qui les a vus naître, Roy Wood raconte : « L’un des principaux repères à Birmingham était le Cedar dans Constitution Hill où les trois attractions les plus populaires étaient Mike Sheridan & The Nightriders, Carl Wayne & The Vikings et Danny King & The Mayfair Set. Si bien que c’est là que les Move se sont constitués. A chaque fois qu’on en avait l’occasion, nous retournions au Cedar pour boire un verre, discuter le coup et parfois faire le bœuf. » Bev Bevan ajoute : « Nous avions tous 18/20 ans lorsque nous nous produisions au Cedar dans ces divers groupes. Au bout d’un moment, on a commencé à s’inquiéter parce qu’on s’est demandé si un jour on réussirait. On commençait à se prendre pour des ringards quand on a formé Move, un ultime essai désespéré avant de nous sentir trop vieux (sic) et de raccrocher ! » RÉSIDENTS AU MARQUEE Roy Wood se remémore de ces débuts : « Notre tout premier gala, nous l’avons donné au Belfry Hotel dans Sutton Coldfield. A ce moment-là, on reprenait beaucoup de Tamla, mais joué plus rock. Il n’empêche que j’avais un faible pour les Beach Boys, si bien qu’on faisait certains de leurs succès. Par la suite, j’ai peu à peu réussi à convaincre les autres Move d’apporter des créa- tions, parce que j’ai toujours désiré que les Move soient le plus originaux possible. Autant que je me rappelle, « Night Of Fear » et « I Can Hear The Grass Grow » font partie de la demi-douzaine de nos propres titres de ce moment-là. Danny King, avec lequel avait joué Trevor Burton, avait la meilleure collection de disques de Birmingham, si bien qu’il nous a suggéré plusieurs de nos reprises. On y a ainsi découvert des chansons comme « Sounds Of Silence ». » Dopés par la promotion acharnée de Tony Secunda, les Move constituent, à l’automne 1966, un combo-culte dans l’esprit de leurs supporters qui régulièrement remplissent le Marquee où ils prennent la succession des Who en tant que résidents, une soirée hebdomadaire leur y étant consacrée. Au Marquee, ils rencontrent Mick Jagger, Pete Townshend et Keith Moon. Lors de l’un de leurs passages dans le célèbre club londonien de Wardour Street, suite à leur désormais habituel spectacle pyrotechnique, une horde de pompiers doit intervenir dans la salle où, pour certaines prestations, les Move font projeter un film en couleurs sur eux. NIGHT OF FEAR A propos de Tony Secunda, Carl Wayne estime : « Il était incroyable. Quand on y pense, c’est vraiment Secunda qui a créé les Move. Il nous a guidés, tout comme Roy Wood nous a apporté sa