discours maire voeux 2014 - Ville
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discours maire voeux 2014 - Ville
DISCOURS DES VŒUX 2014 VENDREDI 10 JANVIER 2014 Madame la Députée, Barbara Pompili Monsieur le Conseiller général Olivier Jardé, Monsieur le Président d’Amiens Métropole, Gilles Demailly, Mesdames et Messieurs les élus, chers collègues, Mesdames et Messieurs les Présidents d’Association, Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises, Mesdames et Messieurs, chers amis , ---- o ---L’année qui vient de s’achever a été terrible, elle est à classer dans les années noires de l’histoire de la commune. Le 2 janvier 2013, la grande faucheuse nous a frappés cruellement en emportant notre ami Jean Paul Chrétien-Laiguillon. A cet instant, mes pensées vont à sa famille meurtrie et à ses amis éprouvés. La cruauté de la vie fait que tout continue imperturbablement et que le temps persiste à s’égrainer. C’est ainsi que nous arrivons aux vœux 2014, les derniers du mandat en cours. L’an dernier, j’avais déclaré lors de la cérémonie des vœux que je ne ferais pas de bilan, un journaliste du Courrier Picard avait écrit « Chiche ». Effectivement, je n’ai nulle intention de dresser un bilan ou de faire de l’autosatisfaction. Ce qui a été fait est normal, et cela se voit ; il n’est nul besoin d’en rajouter si ce n’est d’exprimer la satisfaction que dans la rue Victor Hugo, dans la crèche, dans la voie Verte ou dans le parking devant la mairie, continue de vivre un peu de l’âme de notre cher ami Jean Paul. Par ailleurs, je suis dans le ventre de Boves depuis 2001, en tant qu’adjoint aux finances puis comme maire, et faire un bilan sur les six dernières années conduirait à une présentation tronquée. Je vais quand même faire un inventaire mais pas comme on l’entend habituellement, je vais aborder ma présentation sous la forme d’anecdotes sur les treize années passées au service de la commune, j’essaierai ensuite de vous faire part de l’expérience que je tire de cette période. Alors les anecdotes : Ma première surprise au printemps 2001, ce fut certes les inondations au cours desquelles j’ai pu mesurer la fantaisie de certains et l’impréparation de 1 beaucoup, mais au-delà j’ai dû rédiger le budget communal. Et là, j’ai compris ce qu’était la poésie administrative dans certaines collectivités locales. La commune avait été désignée commune pilote, c’est-à-dire commune expérimentale en 1996 pour la mise en œuvre d’un nouveau plan comptable appelé M14. Et bien en 2001, cinq ans après, personne dans la commune ne savait faire le budget, le secrétaire général pas plus que les autres… Enfin j’ai réussi à élaborer un budget, je me demande encore comment. Mais peu de temps après j’ai constaté que l’adjoint finances du mandat précédant 2001, par manque de trésorerie, avait négocié deux prêts relais de 150 000 euros chacun (un million de francs chacun) et comme tous les prêts relais, en 2002, il a fallu rembourser la quasi totalité des prêts… la commune s’est retrouvée en rouge et le préfet nous a demandé de présenter un plan de redressement. En regardant, le dernier panneau présenté dans cette salle vous comprendrez facilement. Ce fut très dur, particulièrement déconcertant pour quelqu’un qui venait des services centraux de l’Etat et pour qui un centime c’est un centime. Ma seconde surprise fut encore plus sidérante car c’est un déni de démocratie et un excès de pouvoir. Je vous explique. Monsieur de Robien, ministre, avait en responsabilité la mise en œuvre de la loi Besson sur l’accueil des gens du voyage. Alors, bien entendu, comme aucun maire des communes d’Amiens Métropole ne se précipitait pour que sa commune ait une aire d’accueil des gens du voyage, le ministre également président d’Amiens Métropole, mit tous les maires dans un autobus et organisa une promenade sur les lieux susceptibles de pouvoir créer une aire d’accueil des gens du voyage. En arrivant au Four à Chaux à Boves, le maire de la commune de Boves se leva et dit « et bien mettez-les là ». Tous les autres maires soufflèrent de plaisir et de soulagement. Mais, personne à Boves, population, conseillers municipaux, ne fut mis au courant de cette générosité du maire…. C’est ainsi que le conseil municipal retira sa confiance au maire qui a, quand même, offert définitivement une aire des gens du voyage à Boves dans laquelle je me rends depuis 10 ans presque chaque semaine. Mais enfin, à chacun ses avatars. Autre surprise, un matin très tôt, la police nationale m’a invité à un safari dans Boves. Le maire de l’époque avait pris l’habitude de ne pas répondre au téléphone alors le premier adjoint était régulièrement dérangé. Ce matin là, le policier de service, vers 7 heures, me dit : avez-vous un cirque dans votre commune… cirque il y en avait bien, même un peu trop, à mon avis ! Etonné, je lui dis non et il me demande s’il y a un cirque dans les communes voisines ! Je suis de plus en plus interloqué… Et, là il m’annonce qu’un tigre a été aperçu dans un champ bordant la route de Fouencamps et qu’une patrouille de police se dirige vers ce champ. Je rejoins la police et nous constatons qu’il y a une superbe peluche représentant un tigre d’au moins un mètre de long couchée dans le pré. Cette peluche est restée 2 de nombreux mois dans la cour du commissariat central à Amiens où Boves est connue pour son tigre. Une autre surprise encore. Une surprise agricole. Dans le même ordre d’idée, la police m’appelle, il est deux heures du matin pour m’annoncer qu’un âne erre sur la route de Cottenchy. Je me rends sur les lieux du délit, dans la nuit sombre un gyrophare jette des éclats bleutés rendant la scène inquiétante et un peu surréaliste. Trois policiers sont autour d’un âne qui, même en lui parlant à l’oreille ne veut rien entendre. Je tire une longe accrochée à sa tête et les trois policiers tentent de pousser l’âne qui ne veut rien savoir. Heureusement personne n’a pris de photographies. Faisant du bruit, un riverain est réveillé et il nous a apporté un quignon de pain et grâce au coup de la carotte de OUI OUI je suis arrivé à amener l’âne dans la cour du riverain, le propriétaire de l’animal étant venu récupérer le fugueur le lendemain matin. Autre surprise agricole, un matin je suis avisé qu’un bouc a été trouvé chemin du Rade. Monsieur Lente a par gentillesse gardé le bouc tout un week-end chez lui, car avant de remettre l’animal à la SPA il a fallu que la commune paie la castration du bouc. Je ne veux pas vous décrire la scène, mais imaginez le bouc dans la camionnette avec deux agents municipaux se rendant chez le vétérinaire à Moreuil et le soir à Poulainville à la SPA… Et là en ce moment, nous n’avons pas l’odeur. Une autre encore, il y a chien dans la commune qui avait une telle habitude de la fugue qu’il me suffisait d’ouvrir ma portière pour qu’il monte dans ma voiture afin que je le ramène chez lui. Et pour faire bonne figure, deux surprises sexuelles. En tout bien tout honneur ! Il en faut toujours un peu ! Une dame en pleurs arrive chez moi. Ne sachant que faire face à tant de chagrin, mon épouse invite la dame à ‘asseoir et s’enquière des raisons de son désarroi. Eh ! bien voilà Monsieur le Maire vous avez commandé des hommes, vous savez leur parler…. Pourriez-vous parler à mon mari car je viens de le suivre en voiture et je l’ai retrouvé chez une dame… Maire d’accord, mais conseiller conjugal c’est plus délicat ! Dans le même cadre, un jour un Monsieur arrive dans mon bureau. Il est fort excité et me déclare qu’il va décrocher son fusil pour tuer sa belle-fille. Un peu interloqué je cherche à le calmer et lui demande la raison de son projet, « elle trompe mon fils avec des jeunes ». L’affaire s’est quand même bien terminée sans coup férir, si j’ose dire … Enfin, c’est une expression ! Une dernière pour le plaisir. Avec le garde champêtre, suite aux plaintes répétées des habitants, nous nous rendons dans le bois de Sapins sur la route allant de Boves à Saint-Fuscien. Un certain nombre d’hommes déambulent régulièrement dans ce bosquet pour des échanges culturels. A un moment, je vois le garde-champêtre sortir du bois avec une superbe blonde, les cheveux peroxydés, légèrement vêtue d’une robe rose à petites fleurs et montée sur des 3 hauts talons blancs. Après avoir regardé avec plus d’attention, il s’agissait d’un homme que nous avons renvoyé manu militari dans ses foyers. Toutes ces histoires sont absolument vraies malgré leur incongruité… et il m’en reste beaucoup d’autres que je tairai par pure timidité…. Ou pour ne froisser personne ! Autre aspect, le ressenti, Même un maire est un homme et à ce titre il tire quelques enseignements de toutes les histoires qu’il a pu entendre ou vivre. En premier lieu, je citerai mon incompréhension face à l’esprit partisan. En effet, j’ai vu les mêmes personnes les larmes aux yeux, la main sur le cœur, me dire que Monsieur de Robien avait raison de mettre une aire d’accueil des gens du voyage à Boves car la charité veut qu’on accueille tout le monde, et ensuite les mêmes personnes ont contesté l’existence de l’aire d’accueil quand Monsieur Gilles Demailly a été élu… Comprend qui voudra ! Cela dépasse mon entendement. Mais peut-être que les gens du voyage et la charité ont une couleur politique. Dans le même espace conceptuel, parce que l’on est électeur on a le droit de tout, y compris de donner des leçons au maire même sur le plan humain parce que l’on détient la Vérité, toute grande et généreuse. L’élu reste un homme qui mérite des égards à défaut du respect. Mais là-dessus je crois que Michel Audiard a déjà répondu, « ils osent tout » Toujours dans le même esprit, savez-vous que la mairie a dû recevoir au cours des 10 dernières années trois à quatre pétitions parce que les véhicules roulaient trop vite dans la rue Victor Hugo. Lorsque les travaux de rénovation ont commencé avec pour objectif principal de faire ralentir les automobilistes, les mêmes personnes ont signé des pétitions pour faire arrêter les travaux…. Allez comprendre la nature humaine ! Une dernière pour être sûr de ne pas rêver. Depuis 2003, la municipalité s’est efforcée de se donner une vision cohérente à plus ou moins long terme de l’aménagement de la Commune. Il est quasi impossible d’imaginer le nombre d’interventions personnelles pour que le Plan local d’urbanisme permette l’urbanisation de certaines parcelles privées afin d’en augmenter la valeur. Nous sommes là en présence d’une forme de consumérisme très éloigné de ma notion de service public. 4 J’en ai d’autres, bien entendu, comme celle du chrétien engagé qui incite un homme faire la grève de la faim… c’est à douter de ses souvenirs de catéchisme. Mais c’est un détail de la bonne conscience ! A côté de ces petites choses, j’ai eu de grandes satisfactions, La première est pour mon équipe, avoir annoncé ce que nous allions faire et l’avoir fait. Cela fait partie de notre manière de vivre la citoyenneté et qui s’oppose à ce que m’a dit, il y a de très longues années, un homme politique m’affirmant qu’il fallait faire rêver l’électeur… je crois que nous vivons à l’heure actuelle autre chose qu’un rêve en France ! Cette équipe municipale a décidé collectivement d’un mode de fonctionnement qui n’est pas apparu clairement à tous car les séances du conseil municipal sont calmes et détendues. En effet, chaque mois nous nous réunissons tous au moins trois fois. Une première fois dans ce que nous appelons le bureau étendu à tous les conseillers où toutes les affaires en cours concernant la commune sont présentées, étudiées et débattues. Après cette première réunion, est monté l’ordre du jour du conseil municipal. Le lundi qui précède la séance, nous nous réunissons à nouveau pour faire le point des affaires et préparer les questions à l’ordre du jour du conseil. Le débat est chaque fois suivi d’un tour table qui permet à chacun de revenir sur le sujet de son choix. Si une question pose débat et que celui-ci n’a pas pu être mené à son terme, il est alors proposé en conseil municipal de créer une commission chargée de présenter aux conseillers la conduite à tenir ou au moins un avis détaillé. C’est cela la démocratie, ce ne sont pas de grands débats passionnés en séance du conseil pour faire croire qu’on travaille ou pour se faire valoir, c’est travailler dans l’ombre pour être efficace au nom du service public. Mon équipe a atteint ce degré de maturité et j’en félicite chacun. La sérénité au sein de l’équipe municipale, c’est une bande de copains qui s’investissent pour la commune, ce sont des services modernisés, réorganisés, responsables et efficaces, des femmes et des hommes ayant le sens du service public. Des associations nombreuses, engagées, dynamiques, qui ont bien compris que leur action devait absolument être distincte de la vie du conseil municipal. Merci à elles et plus particulièrement à celles qui ont organisées le téléthon. Cette année le chèque s’élève à plus de 11 000 euros. Ensuite, la commune a désormais atteint un niveau d’équipements comparable à celui des communes voisines. Les aménagements communaux ont sensiblement changé et nous le devons à notre rigueur budgétaire mais aussi à l’aide apportée par Madame la députée Barbara Pompili, par Monsieur le conseiller général Olivier Jardé, par le Président du SIVOM Dominque Dhorne et surtout par 5 Amiens Métropole et plus particulièrement le Président Demailly que j’ai tellement agacé au cours de ce mandat qu’il a décidé de ne pas se représenter… du moins c’est l’explication que j’ai trouvée. Voilà, je n’ai pas fait de bilan, j’ai essayé une nouvelle fois de traiter certains aspects de la vie communale avec détachement et dérision. Se moquer de soi ou de ses malheurs est toujours réconfortant. Mais la plus belle chose que j’ai obtenue est la gentillesse des enfants, je vous assure qu’il existe un plaisir sans nom de voir agglutiné autour de soi tout un groupe d’enfants qui veulent expliquer leur dernier exploit. C’est bon de se croire pendant quelques secondes le grandpère de la commune. Nous arrivons à la fin d’un mandat, c’est un terme et seuls les inconscients ne savent pas s’octroyer un petit retour en arrière pour faire un point. J’ai depuis 13 ans œuvré chaque jour, en priorité pour remettre de l’ordre dans la gestion communale avec l’aide très précieuse et au combien efficace de Madame Bouchez qui nous quittera malheureusement et pour moi, c’est avec beaucoup de regrets, bientôt pour poursuivre sa progression de carrière, je vous disais ces longues années de travail et d’opiniâtreté ont permis de présenter aujourd’hui une situation de la commune enviable, ne serait-ce qu’en vous rappelant que la trésorerie communale s’établit autour 1 500 000 euros depuis maintenant plus d’un an. Cependant, la commune reste fragile, beaucoup de services publics ou de services au public ont été créés et cela a un coût. Il suffirait de quelques folies ou d’un manque de rigueur pour mettre tout cela en péril en quelques mois et devoir augmenter les impôts… C’est pourquoi j’ai décidé de conduire à nouveau une liste lors des prochaines élections municipales dans le but de préparer la relève dans de bonnes conditions. J’ai le sentiment ainsi de répondre à un besoin personnel de revenir devant ceux qui m’ont fait confiance et je crois de mon devoir de tenter de mettre en place un avenir serein pour Boves. Je conclurai mes amis en vous souhaitant à toutes et à tous une heureuse et bonne année. Que 2014 vous apporte beaucoup de bonheur et la santé, que 2014 voit enfin la crise économique non pas disparaître, ce serait demander énormément et certainement rêver, mais s’atténuer car beaucoup, beaucoup trop de personnes souffrent. Bonne et heureuse année à toutes et à tous Avant de passer la parole à Amiens Métropole, je voudrais remercier le club photo de la maison pour tous pour son exposition et l’école de musique Amadéus qui agrémente cette soirée. Merci à vous ! Merci de votre attention et pardonnez-moi d’avoir été un peu long. 6