Davezies-FO-santé-Lyon-2013 - blog FO

Transcription

Davezies-FO-santé-Lyon-2013 - blog FO
Reprendre la main
sur le travail
Fédération FO santé
Préventica - Lyon
25 septembre 2013
Philippe Davezies
I – Problèmes posés par l’évolution
des organisations du travail
1°) Une sollicitation accrue de la subjectivité.
Evolution vers le pilotage par l’aval (« serviciarisation »):
Proportion de salariés dont le rythme de travail dépend
d’une demande extérieure obligeant à une réponse
immédiate :
–
–
–
28 % en 1984 (France),
54 % en 1998 (France),
67% en 2010 (Europe).
Travail dans la perspective du service : négociation et coconstruction avec celui que l’on doit servir. Montée des
questions éthiques.
Appel à l’intelligence, à l’initiative
et à la responsabilité des salariés
2°) Un pilotage beaucoup plus éloigné du travail
Désengagement des hiérarchies vis-à-vis des modalités
d’exécution du travail.
Pression des logiques financières. Montée en puissance
des indicateurs statistiques, comptables.
Résultat : une tension sur la qualité :
La qualité du point de vue de l’activité :
fournir une réponse adaptée aux particularités de la situation,
donner forme humaine à l’activité et au monde,
suppose toujours une prise en compte beaucoup plus large que ce que
vise la prescription.
La qualité du point de vue de la gestion :
« La qualité pour le marché, dans le temps du marché »
Pression à l’accélération et à la standardisation
L’excellence, c’est « le juste nécessaire ».
3°) Une tension affrontée dans l’isolement
La pression impose de se focaliser sur les objectifs que
l’on juge prioritaires. Travailler, impose de trier.
Réduction des espaces permettant d’arbitrer
collectivement les façons de trier.
Individualisation du rapport au travail.
Multiplicité conflictuelle des critères de tri. (En 2003, 17%
des salariés déclarent être l’objet d’un comportement systématiquement
hostile de la part d’une ou plusieurs personnes dans leur travail - SUMER).
La souffrance au travail révèle
la résistance des salariés
à l’amputation de leur activité,
mais aussi leur isolement.
II- Une difficulté :
l’obscurité de l’activité
1°) Parler du travail ne va pas de soi
Des dispositions à l'action incorporées activées sans
appel à la réflexion consciente.
Evidence de la résistance et de l'échec /Obscurité
des dimensions positives de l’activité.
Le diagnostic type en ergonomie :
« Contrairement à l'idée qui a cours dans l'entreprise, l'activité de
ce(tte) salarié(e) ne consiste pas simplement à faire A, B et C,..,
mais à s'occuper de W, X, Y, Z,.., sans quoi la production serait
nettement perturbée ».
Le plus saisissant : « Je ne me rendais pas compte que je faisais
tout ça ».
Un phénomène lié au fonctionnement du cerveau
Les êtres humains sont beaucoup plus conscients
de ce qu’ils ratent que de ce qu’ils réussissent.
2°) Conséquences
Des conditions de débat déséquilibrées :
normes de gestion chiffrées / normes de l’activité obscures.
victimologie / conflit de normes.
Fragilisés, les salariés eux-mêmes contournent les
discussions sur le travail :
les discours communs visent les attaques subies par le groupe
(statuts, moyens, effectifs) ;
les syndicats, sont cantonnés dans la position de réceptacle du
négatif;
les dimensions affirmatives de l’activité sont portées par chacun
comme s'il s'agissait d'une affaire privée.
Les voies de développement individuel et collectif,
explorées en permanence par l’activité, restent en
jachère.
III - Une exigence d’élaboration
autonome sur le travail
En bref
Il ne suffit pas de mettre les salariés autour d'une
table pour que se développent les discussions sur
l'activité.
Nécessité d’expérimenter et de développer des
capacités de soutien à l’élaboration de l’expérience :
→ difficultés,
→ mais aussi dimensions positives de l’activité.
Implique, d’une façon ou d’une autre, de centrer la
discussion sur des séquences réelles d’activité.
Un enjeu pour l’encadrement.
Un enjeu pour les représentants du personnel.
Pour d’autres éléments
sur les enjeux subjectifs du travail :
http://philippe .davezies.free.fr