Les pays émergents ont la cote chez les jeunes Européens. Une

Transcription

Les pays émergents ont la cote chez les jeunes Européens. Une
Les pays émergents ont la cote chez les jeunes Européens.
Une tendance encouragée par les universités asiatiques,
qui s'adaptent et s'ouvrent au reste du monde.
Cap sur l'Asie
Al'heure où les séjours académiques à l'étranger sont devenus monnaie courante, difficile
désormais de se cantonner aux horizons classiques. Résultat, la transhumance étudiante prend
des chemins atypiques. En tête de ces destinations nouvelles, l'Asie captive. «Le contexte
économique, les besoins des entreprises… On ne parle que d'Asie, ça crée l'envie», estime
Thomas Albertini, de Worldiploma.
Les grandes écoles ont, les premières, compris l'importance de ces terres du futur.«Il faut être
lucide. Au cours de leur carrière, mes étudiants devront travailler un jour ou l'autre avec une
entreprise de la zone Asie», insiste Patrice Houdayer, de l'École de management (EM) de
Lyon. Au point que, comme d'autres, l'école a ouvert un campus sur place, en l'occurrence à
Shanghaï. Grâce à Erasmus Mundus, les universités ont attrapé la tendance au vol. «20% des
masters et des doctorats impliquant une université française ont un partenaire asiatique»,
préciset-on à l'Agence Europe Éducation Formation. Sept cents au Japon, 600 à Singapour ou
6.300 en Chine...
Si ceux qui délaissent les pays anglo-saxons, ou européens sont encore des oiseaux rares, leur
nombre va croissant. Selon la conférence des grandes écoles, le nombre d'étudiants partis en
Chine a crû de près de 300 en deux ans. L'accès à ces systèmes éducatifs à part n'est pas
toujours facile, mais à force d'efforts, les responsables locaux encouragent cette tendance. «Le
nombre de programmes en anglais, leur qualité et l'attitude des interlocuteurs témoignent
d'efforts croissants», remarque Julien Bohdanowicz, de l'Ecole des mines. Le Figaro
Magazine a recensé quatre destinations d'avenir.
• Japon
De nombreux accords sont déjà effectifs entre nos deux pays, comme ceux qui lient HEC et
l'Essec à Keio. Et le gouvernement affiche une volonté forte d'internationaliser son
enseignement supérieur, notamment via le projet «Global 30». L'initiative regroupe 13
universités triées sur le volet qui doivent mettre au point 130 cursus anglophones d'ici à 2013.
Ainsi, l'université Meiji a conçu «Cool Japan», qui propose une formation linguistique et
culturelle. «C'est une bonne passerelle vers une formation classique», suggère Fabien Roudier,
responsable de Campus France au Japon. Car, impossible d'intégrer un cursus traditionnel
sans obtenir le niveau 2 au JLPT, test de japonais. Afin de promouvoir les échanges, le Todai
Forum (université de Tokyo) vient d'avoir lieu en France. «Le nombre de Français venus
étudier les sciences de la vie, de l'environnement, l'ingénierie ou la culture japonaise, a
presque doublé en dix ans, explique-t-on à Todai.Nous cherchons à accentuer la tendance.»
Autre signe de bonne volonté, la création en avril dernier d'un programme offrant 7.000
bourses de mobilité pour les courts séjours.
• Singapour
«Avec bientôt quatre universités pour cinq millions d'habitants, l'île est en passe de devenir un
hub de l'éducation, notamment en business et ingénierie, affirme Walid Benzarti, chargé de
l'enseignement supérieur à l'ambassade de France. Elle cherche à attirer en misant sur la
qualité.» A l'image de NUS, 34e au classement de Shanghaï, ou de SMU, qui a resserré ses
liens avec Wharton. Sans compter que, bien que sélectif, son système éducatif est inspiré du
modèle britannique et anglophone, tout comme l'ensemble de l'île. «Une Asie light», résume
Walid Benzarti. «Traversée par l'ensemble de l'Asie, Singapour offre une diversité de
populations inégalée», complète Christian Koenig, de l'Essec, qui y a installé un campus où
étudient 160 étudiants cette année. «L'enseignement est de même qualité que celui dispensé à
Cergy, explique-t-il, mais avec une perspective asiatique, en lien avec des entreprises
locales.»
• Hongkong
Les huit universités que compte le territoire délivrent une formation de qualité dans plusieurs
disciplines, au premier rang desquelles le management, la finance, les sciences médicales et le
droit international. «Malgré leurs prestations pédagogiques excellentes, elles sont mal
connues. Sur les cinq premières asiatiques du palmarès du THE, trois sont hongkongaises,
note Julien Chiaroni, chargé de la coopération sur place. Friands d'Européens, les
établissements multiplient les visites sur le Vieux Continent pour se faire connaître.» Mieux
vaut avoir un bon niveau d'anglais pour postuler dans les formations (minimum7 à l'IELTS*).
Mais grâce à un système éducatif calqué sur celui des Etats-Unis et des cours quasiment tous
anglophones, l'enseignement ne manque pas d'atouts. «Venir étudier sur place est une bonne
première approche de la Chine et du mandarin.»
* International English Language Teaching System
• Chine
Entre attrait de la langue et croissance débridée, la Chine attire de plus en plus d'étudiants
français, venus grossir la communauté française de 22.000 résidents. Une tendance
encouragée par le gouvernement. «Lors de sa dernière visite en France, le Président a annoncé
son intention de multiplier par deux les accords d'échanges entre nos pays», indique Eric
Chevreul, responsable de Campus France sur place. Grâce à de récents accords de
reconnaissance mutuelle des diplômes, les échanges ont été facilités. Pour améliorer sa
compétitivité internationale, le ministère chinois de l'Éducation aide des centaines
d'universités à asseoir leur qualité académique. Ainsi Fudan, Tongji et Jiao Tong, entre autres,
proposent des cursus diplômants en anglais. Ce qui ne les empêche généralement pas d'exiger
un niveau minimal en mandarin.
Pourquoi pas l'Amérique latine ?
Partir étudier au Mexique pendant sa troisième année à Sciences-Po Paris fut d'abord pour
Marie un choix du coeur. «Après un an passé là-bas entre la première et la terminale, j'étais
tombée amoureuse de l'endroit, racontet-elle. J'ai eu l'impression de revenir au pays!»Mais ce
second séjour a représenté davantage qu'un simple retour sur les traces d'une expérience
adolescente réussie. Si Marie a intégré le campus Amérique latine de l'IEP, puis suivi un stage
de dix mois au Brésil, c'est pour «mieux connaître ce continent, méconnu des Français malgré
son potentiel énorme».Avec une croissance annuelle de 5%, l'Amérique latine fait figure
d'Eldorado face à une Europe en perte de vitesse. Pourquoi ne pas en profiter pour y
poursuivre ses études?
Les échanges entre cette région et la France s'intensifient. «L'Amérique latine ne demande
qu'à accroître la coopération, analyse Lourdes Casanova, professeur à l'Insead, à la tête d'un
cabinet de conseil spécialisé dans les échanges entre l'Europe et l'Amérique latine. Il faut s'y
intéresser, aussi bien pour travailler dans les entreprises françaises, implantées en nombre, que
dans les entreprises locales, qui ont besoin de diplômés européens.» La santé économique est
loin d'être le seul atout du continent amérindien.
«Communautés françaises importantes, culture riche et proche de la nôtre, langues faciles à
apprendre, la proximité facilite les choses, juge Lourdes Casanova. Il n'y a qu'à voir à quel
point Buenos Aires ressemble à Paris!» De l'université pontificale catholique du Chili à
l'université de San Paolo, de TEC de Monterrey, au Mexique, à l'université de Buenos Aires,
la zone ne manque pas d'établissements de qualité, reconnus internationalement. Le tout dans
de nombreux domaines, parmi lesquels l'aéronautique (ITA), l'agronomie (Embrapa),
l'ingénierie (université des Andes) ou l'industrie (Unicamp).
Source Le Figaro du 13 novembre 2011