La sulfureuse « Impératrice » Shan Sa Shan Sa a vécu deux vies

Transcription

La sulfureuse « Impératrice » Shan Sa Shan Sa a vécu deux vies
La sulfureuse « Impératrice » Shan Sa
Shan Sa a vécu deux vies. Née dans une Chine détruite par la Révolution culturelle, elle a trouvé refuge dans
l’art dès l’âge de 7 ans. Elle a été la plus jeune poétesse de son pays. A 17 ans, choquée par les horreurs de Tian
An Men, elle quitte Pékin pour Paris. Elle qui connaît à peine la langue, le maniement de la fourchette, revient
dix ans plus tard, un auteur de langue française reconnu et estimé : c’est la revanche d’ « une pauvre venue d’un
pays de pauvres. » Après Porte de Paix Céleste, Les Quatre Vies du Saule, La joueuse de Go, ses œuvres
précédentes, nous voici plongés encore une fois dans la Chine éternelle où se déroule son nouveau roman
magique et inspiré, Impératrice.
Impératrice c’est un récit qui nous emmène dans la fabuleuse Dynastie Tang du VIIème siècle. C’est la vie de
Lumière, qui, jeune fille, a appris à dompter les chevaux, et qui, jeune femme, est entrée au Gynécée impérial où
vivent dix mille concubines. Elle a connu les meurtres, les complots, les trahisons.
Devenue Impératrice de Chine, elle connaît la guerre, les famines, l’épidémie, mais aussi porté la civilisation
chinoise à son apogée, mettant à l’honneur les plus grand poètes, calligraphes, et philosophes.
Elle a régné sur le plus vaste empire du monde. Son nom a été outragé, son histoire déformée, sa mémoire
effacée : les hommes se sont vengés d’une femme qui avait osé devenir Empereur.
Si je me suis intéressée à cet auteur c’est d’abord par curiosité. Elle a provoqué LE scandale littéraire de la
rentrée. Elle voulait Albin Michel, et ses promesses de campagne de pub et de presse. Deux maisons d’édition
(Grasset, sa 1ère maison qui a publié La Joueuse de Go et Albin Michel, qui publie donc Impératrice) se sont
livrées à une lutte fratricide (toutes deux appartiennent au groupe Hachette) la belle Shan Sa (qui ironie du sort,
signifie en chinois Bruissement du Vent…). Et puis, j’ai lu La Joueuse de Go, l’histoire d’amour d’une jeune
chinoise avec un officier japonais, dans la guerre qui oppose la Chine et le Japon. En lisant ensuite ce nouvel
opus, Impératrice, je comprends mieux la polémique autour de cette jeune femme.
A l’image de ses héroïnes, elle est cette joueuse de Go, cette « Lumière » qui sait mener sa vie en stratège. Au fil
des années, Shan Sa rencontre du beau monde, se construit un réseau d’influence. Elle intéresse les libraires, les
publics, les éditeurs…elle vise haut : elle s’intéresse aussi à la peinture, à la calligraphie, participe à
l’organisation de l’année de la Chine, nous des contacts avec les diplomates français et chinois.
Elle voit grand aussi dans Impératrice : le style est plus travaillé, plus poétique. Shan Sa est, sous ses allures de
jeune femme discrète au sourire charmeur, une femme-écrivain sulfureuse. Tant par le scandale provoqué cette
rentrée, que par ses histoires de femme « libérée », peu encline à se soumettre aux hommes (certains passages
vont assez loin…) et enfin par sa personnalité, aussi singulière que ses héroïnes. Aussi désireuse de construire
son destin.
Source : le bouquin…tout simplement…Impératrice, Shan Sa – Albin Michel