INVENTAIRE DE L`ECREVISSE A PIEDS BLANCS
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INVENTAIRE DE L`ECREVISSE A PIEDS BLANCS
INVENTAIRE DE L’ECREVISSE A PIEDS BLANCS (AUSTROPOTAMOBIUS PALLIPES) DANS LE BASSIN VERSANT DE LA CANCE (DEPARTEMENTS DE L’ARDECHE ET DE LA LOIRE) Juillet 2007 Un regard professionnel sur votre environnement I R I S consultants Girond 07160 MARIAC Tél : 04 75 29 05 36 E-mail : [email protected] 1 - CONTEXTE ET OBJECTIF DE L'ETUDE : 1.1 - Le contexte L’écrevisse à pattes blanches est en pleine régression en France depuis plusieurs décennies (Crouzet, 2005). Actuellement, elle est présente le plus souvent en tête de bassin, dans des secteurs apicaux préservés qui correspondent généralement à la partie supérieure de la zone à truite. Ce positionnement longitudinal semble correspondre à un repli vers des zones moins perturbées, alors qu’antérieurement les populations d’écrevisses pouvaient occuper des secteurs plus aval, allant jusqu’à la limite entre la zone à truite et la zone à ombre (Téléos, 2004). Les fluctuations de populations d’écrevisses peuvent être extrêmement complexes à interpréter, car les facteurs en cause sont multiples. Outre les maladies, la compétition avec les écrevisses allochtones, les perturbations physiques de son habitat et la pollution organique de l’eau, l’écrevisse à pattes blanches subit aussi des pollutions toxiques beaucoup plus discrètes, le braconnage et des fluctuations naturelles d’effectifs. Face à cette difficulté d’interprétation, pendant très longtemps, le choix a été fait de taire l’emplacement des stations à écrevisses, cette « omerta » étant censée protéger l’espèce de son supposé « pire ennemi » : le braconnier. Aujourd’hui l’écrevisse à pattes blanches figure sur la liste rouge de l’U.I.C.N., dans l’annexe 2 de la Directive Européenne « Habitats » et dans l’annexe 3 des espèces protégées de la Convention de Berne. Son habitat est également protégé par l’arrêté ministériel du 21 juillet 1983. Dans le bassin versant de la Cance, deux populations sont connues depuis plusieurs années, l’une dans le Riotet (département de la Loire) et l’autre dans le Malbuisson (département de l’Ardèche). Une station est également mentionnée dans la ZNIEFF du ruisseau d’Aumas (Ardèche). La présence de l’écrevisse américaine Orconectes limosus est signalée dans la basse vallée de la Cance. Enfin l’écrevisse Signal Pacifastacus leniusculus est toute proche géographiquement, puisqu’elle est présente dans les ravins rhodaniens (massif du Pilat). 1.2 - Objectif de l'étude L’objectif premier de ce travail est de dresser un état des lieux de la répartition de l’écrevisse à pattes blanches dans le bassin versant de la Cance. A partir de ces résultats, nous proposerons des mesures de gestion et des actions destinées à préserver les populations actuelles. 2 - METHODES ET PROTOCOLE D'ETUDE : Conformément au Cahier des Charges, la méthode de prospection par point a été utilisée. Initialement, cent sites ont été retenus en Comité de Pilotage. Ils ont été choisis dans un souci de couvrir l’ensemble du territoire géré par le Syndicat des Trois Rivières, en fonction des exigences écologiques des écrevisses à pattes blanches et compte tenu des informations concernant leur répartition ancienne. Sur les cent sites prospectés, cinquante sont pris en charge par le Syndicat des Trois Rivières appuyé par le monde de la pêche. A l’exception des secteurs à sec, chaque site a fait l’objet de deux visites, l’une de jour (idéalement la première, pour des raisons de sécurité) et l’autre de nuit. -1- IRIS consultants Compte tenu du nombre important des participants, une session collective de calage du protocole a eu lieu à la Pinsole, au début de la campagne de terrain, afin de bien harmoniser les procédures. Une information par voie de presse a également été mise en place, à l’intention des riverains que les prospections nocturnes auraient pu inquiéter. En effet, les sites à écrevisses sont souvent localisés dans des lieux très isolés. 2.1 - Visite de jour Lors de la visite de jour, l’accès à la station est reconnu. Le linéaire (200m pour chaque station) est mesuré et les extrémités sont matérialisées à l’aide de rubalise. Les éléments susceptibles de constituer un danger dans l’obscurité sont reconnus (barbelés en travers du ruisseau, cascades…), car les équipes de nuit ne sont pas forcément les mêmes que celles de jour. Pendant la prospection diurne, l’environnement de la station est précisé par l’occupation des sols au bord du cours d’eau, l’ensoleillement du site, l’état et la composition de la ripisylve. La quantité d’abris disponibles est estimée par le pourcentage de linéaire de cours d’eau occupé, au moins en un point de la section transversale, par les racines d’une part, par les pierres et les blocs d’autre part. La physico-chimie de l’eau est appréhendée par les mesures de température, conductivité et concentration en Calcium. Les teneurs en Calcium sont mesurées à l’aide de bandelettes colorimétriques (Quantofix Calcium). La mesure de conductivité permet de compléter cette donnée : une faible conductivité (inférieure à 30 µS/cm2) peut s’avérer peu propice aux écrevisses (IRIS Consultants, 2001). Enfin, les perturbations éventuelles telles que rejet, pompage, abreuvage de troupeau … sont activement recherchées (voir fiche de jour en annexe 1). Dans chaque site en eau, trois prélèvements de macroinvertébrés sont réalisés au Surber dans les pierres-galets en courant lent (moins de 25 cm/s) ou en courant nul, afin d’apprécier la qualité organique de l’eau. Cet habitat offre l’avantage d’être présent dans tous les sites potentiels prospectés. La méthode utilisée pour caractériser la sensibilité du peuplement à la matière organique est détaillée ci-après. Entre deux sites, le matériel de prélèvement (Surber, brosse, gants) ainsi que les bottes et cuissardes des intervenants sont désinfectés à l’aide d’une solution de Désogerm 3A®. 2.2 - Sensibilité du peuplement à la matière organique L'évaluation de ce paramètre est fortement inspirée par l'indice biologique macroinvertébrés officiellement utilisé en Allemagne depuis une quinzaine d'années (Saprobienindex, norme DIN 38410-1). La sensibilité du peuplement à la matière organique "S" est égale à la moyenne de la sensibilité de chacun des taxons présents pondérée par leur abondance et par leur degré de sténoécie (un taxon sera d'autant plus sténoèce qu'il sera inféodé à une gamme étroite de teneur en matière organique dans le milieu). "S" est par conséquent obtenu par la formule suivante : n S= ∑ si ⋅ Ai ⋅ Gi i =1 n ∑ Ai ⋅ Gi i =1 où si = sensibilité à la matière organique du taxon "i" Ai = abondance du taxon "i" -2- IRIS consultants Gi = degré de sténoécie du taxon "i" n = nombre de taxons dans le peuplement Ainsi, un taxon particulièrement abondant et sténoèce aura plus de poids qu'un taxon rare et euryèce (c'est-à-dire tolérant une large gamme de teneurs en matière organique dans le milieu). Les taxons très euryèces (par exemple, les hydracariens pris dans leur ensemble) ne sont pas pris en compte pour évaluer la sensibilité du peuplement (Gi = 0). D'un point de vue pratique, les prélèvements dans un site sont effectués dans un seul habitat (pierres-galets en faciès lentique dans le cas de cette étude), l'échantillon analysé est constitué des 100 premiers individus choisis de manière aléatoire et l'identification est poussée au genre voire à l'espèce. Le niveau d'identification sera particulièrement fin pour les groupes systématiques constitués de taxons dont les exigences vis-à-vis de la matière organique varient fortement. Par exemple, chez les éphéméroptères, le genre Baetis sera approfondi car la sensibilité pour la matière organique des espèces varie fortement de l'une à l'autre alors que pour les Caenis, le niveau d'identification retenu restera le genre car les espèces ont des sensibilités proches les unes des autres. La sensibilité du peuplement varie entre 0 (tolérance maximale) et 100 (sensibilité maximale). La qualité de l'eau en terme de matière organique est évaluée par l’écart entre la sensibilité du peuplement du site et une sensibilité de référence, obtenue par modélisation de l'ensemble des sites d'un bassin, en prenant en compte les variables "pente" et "altitude". 2.3 - Caractérisation de l’habitat La qualité de l’habitat est estimée en fonction de ce que nous connaissons des exigences écologiques des écrevisses à pattes blanches. Les valeurs des facteurs potentiellement limitant retenus sont généralement réparties en trois classes : bonne habitabilité (bleu), habitabilité moyenne (jaune) et mauvaise habitabilité (rouge). Les bornes des classes se trouvent dans le tableau suivant : Facteur Calcium Habitabilité bonne moyenne + de 10 mg/l de Ca ou conductivité > 30µS mauvaise 0 à 10 mg/l de Ca et conductivité < 30µS sec ou en cours d'assèchement Débit débit satisfaisant faible débit Abris > 60% du linéaire du cours d’eau occupé par des pierres et des racines < 60% du linéaire du cours d’eau occupé par des pierres et des racines faible moyen fort, sur 100% du cours d'eau ≤ 18°C 18,1 à 21°C > 21°C Ensoleillement Température de l'eau Colmatage du substrat aucun Instabilité du lit aucun problème mentionné léger colmatage observé et/ou présence d’un élément favorisant le colmatage tel qu’abreuvoir à bestiaux, passage à gué, présence d’un seuil à l’aval… observation de phénomènes tels qu’érosion des berges, surcreusement du lit, dégradation de seuils -3- important colmatage observé IRIS consultants En ce qui concerne la température de l’eau par exemple, la valeur de 21°C (frontière entre l’habitabilité moyenne et mauvaise) correspond à la limite maximale pour Austropotamobius pallipes d’après Mathieu et al. (1998). Le groupe Synusie (2003) définit une « plage de confort » thermique comprise entre 13 et 19°C, tandis que d’autres auteurs proposent une borne supérieure plus faible (18°C pour Arrignon, 2004). C’est cette dernière valeur de 18°C qui a été retenue comme frontière entre une habitabilité bonne et moyenne. Le Calcium est nécessaire à la croissance des écrevisses car il leur permet de constituer leur nouvelle carapace, après chaque mue. Mathieu et al. (1998) propose un seuil minimal évalué à 2,5mg [Ca]/l d’eau. Compte-tenu du degré de précision des bandelettes colorimétriques, nous avons retenu un seuil de 10mg/l pour le Calcium et nous avons couplé cette valeur à la mesure de conductivité. En effet, une faible valeur de conductivité (<30µS/cm2) indique une eau pauvre en substance dissoute, et notamment en sels alcalinoterreux, donc peu favorable à la croissance des écrevisses. A l’inverse, une conductivité élevée ne permet pas de conclure quant à la charge calcique de l’eau car elle peut soit correspondre à des eaux riches en calcium, soit indiquer une pollution. L'habitabilité globale d'un site est évaluée de la manière suivante : L’habitabilité globale est mauvaise (rouge) si un facteur ou plus se trouve dans le rouge ou bien si au moins 4 facteurs se trouvent dans le jaune L’habitabilité globale est bonne (bleu) si les différents facteurs se trouvent dans le bleu avec au maximum un facteur dans le jaune L’habitabilité globale est moyenne (jaune) dans les autres cas de figure Cette grille d’évaluation doit être envisagée à titre indicatif. En effet, les mesures de températures ont eu lieu à des heures variées, ce qui les rend plus ou moins comparables. D’autre part, le fait que l’écrevisse à pattes blanches occupe actuellement des zones-refuges signifie aussi que ces secteurs ne représentent pas nécessairement son habitat préférentiel, ce qui fausse notre appréciation. La population du Savary par exemple, est présente dans un secteur de forte pente (17,5 à 22%), qui ne correspond pas obligatoirement au preferendum de l’espèce. De plus, cette gamme de pente calculée à partir des courbes de niveau de la carte IGN, ne correspond pas exactement à la réalité du terrain puisque que le pendage est en escalier, avec des chutes importantes séparées par des replats. De ce fait, la pente n’a pas été prise en compte dans l’estimation de l’habitabilité, même si les secteurs appréhendés comme pentu sur le terrain sont précisés. 2.4 – Visite de nuit Lors de la visite de nuit, la station balisée de jour est parcourue à pied à la lampetorche, en évitant dans la mesure du possible de pénétrer dans l’eau et en tout cas en prenant soin de ne pas piétiner les habitats potentiels. Les manipulations sont limitées au strict minimum (individus présentant des signes pathologiques ou soupçonnés d’appartenir à une autre espèce). Dans les 200 mètres de la station, les individus sont comptés et leur taille est estimée (voir fiche de nuit en annexe 1). Sans observation d’écrevisse, la prospection s’arrête là. Si une écrevisse au moins est vue dans la station, la prospection se poursuit aux limites amont et aval de la station en dénombrant simplement les individus rencontrés. L’objectif est alors de définir les limites amont et aval de la population. La prospection s’arrête au bout de -4- IRIS consultants 50 mètres sans observation. Entre deux stations, les bottes et cuissardes des participants sont désinfectées à l’aide d’une solution de Désogerm 3A®. 3 - RESULTATS : Pour chaque site, les résultats des prospections sont rassemblés sous la forme de trois fiches : une fiche de synthèse avec la photographie du site, la localisation sur carte au 25 000ème et l’essentiel des résultats (état des populations d’écrevisses, qualité de l’eau et qualité de l’habitat) la liste faunistique des taxons de macroinvertébrés inventoriés dans le site et le descriptif mésologique de la station la fiche écrevisse avec le résultat des prospections de nuit, les perturbations éventuelles de la station et l’environnement du cours d’eau. Les cartes 1 (département de l’Ardèche) et 2 (département de la Loire) donnent une vue d’ensemble de la qualité des eaux et de l’habitat, ainsi que de la répartition des différentes espèces d’écrevisses dans le bassin de la Cance. 3.1 - Répartition des écrevisses Cette étude n’a malheureusement pas permis de mettre en évidence de nouvelles populations d’Austropotamobius pallipes. Il n’y a donc toujours à ce jour que deux îlots populationnels connus dans le bassin versant de la Cance, celui du Savary-Riotet et celui du Malbuisson-Pinsole. Par rapport aux données antérieures (Grès, 2004), il semble que les limites de la population du Savary-Riotet aient peu évoluées : les écrevisses sont absentes du Riotet à l’amont de sa confluence avec le Savary (station DRIO 01) et le linéaire colonisé dans le Savary à l’amont du pont de Thélis-la-Combe atteint au plus 150 à 200 mètres. Vers l’aval, la limite en 2004 était la station de pompage. En 2006, la population semble s’étendre plus bas avec des observations d’écrevisses environ 300 mètres à l’aval de la station de pompage. La prospection nocturne s’est arrêtée avant la limite de la population. Ce secteur est assez perturbé puisqu’il comporte à la fois le barrage de la prise d’eau et une portion avec un important débit réservé où la vitesse du courant est forte. En 2004 comme en 2006, les densités d’individus observés sont très faibles. En ce qui concerne la population du Malbuisson, les limites sont apparemment restées assez stables par rapport aux prospections nocturnes réalisées en août 2002 (La Truite du Malbuisson). Vers l’aval, la population s’étend jusqu’à la prise d’eau au droit du lieu-dit Brioules (à l’entrée de Villevocance) et elle remonte vers l’amont jusqu’au lieu-dit Mauney sur le Malbuisson et jusqu’au lieu-dit Daneyrolle sur la Pinsole. L’écrevisse à pattes blanches n’a pas été rencontrée dans le ruisseau des Usclats ni dans le Raphée. Les densités observées sont supérieures à celle de la population de la Loire pour trois stations qui représentent le -5- IRIS consultants centre de gravité du secteur : la Pinsole au Cluzeau (CPIN), le Malbuisson au Vernet (CMAL 02) ainsi qu’aux Granges (CMAL 03). Les prospections nocturnes se sont malheureusement accompagnées de la découverte d’écrevisses américaines (Orconectes limosus) dans la Cance, pour les stations CCAN 05, CCAN 06 (c’est-à-dire au lieu-dit Frappa et Montmeyre sur la commune de Vocance) et CCAN 07. Le nombre d’observations est plus élevé à CCAN 05 et ce site est localisé au niveau de l’étang du Chambon. Des écrevisses américaines ont également été observées dans le plan d’eau, qui semble donc bien être à l’origine de l’introduction de ce crustacé dans la rivière. Orconectes limosus a également été identifiée dans le ruisseau d’Aumas, au niveau de la ZNIEFF du bois d’Aumas. Deux hypothèses peuvent être avancées : soit les écrevisses identifiées comme des pattes blanches et dont l’observation est à l’origine de la ZNIEFF étaient déjà des américaines, soit ces écrevisses étaient bien des pattes blanches et depuis lors, elles ont été supplantées par des américaines provenant de l’étang Vidalon tout proche. Enfin aucune observation de Pacifastacus Leniusculus, l’écrevisse signal, n’a eu lieu au cours de l’étude. 3.2 - Qualité des eaux Un petit nombre de stations présente un problème de qualité des eaux, souvent associé à un faible débit. Dans le département de l’Ardèche, les stations concernées correspondent à l’amont du Cansonnet (CCAS 01), au Raphée (CRAP), au Moulin Laure (CMLA 02 et 03), aux ruisseaux de la Thine (CTHI) et de l’Eure (CEUR), au Lignon (CLIG), au ruisseau d’Aumas (DAUM) et de Chalon (DCHA 01 et DCHA 02) et au ruisseau des Eygas (DEYG). Stations CCAS 01 CRAP CMLA 02 CMLA 03 CTHI CEUR CLIG DAUM DCHA 01 DCHA 02 DEYG Qualité Moyenne Causes de dégradation éventuelles Hameau de Bégué ? retenues collinaires à l’amont ? Moyenne Moyenne Zone construite en rive gauche Accumulation de matière organique liée à la faiblesse du débit ? Moyenne Centre de tir du Ravoulet ? Accumulation de matière organique liée à la faiblesse du débit ? Moyenne Ferme isolée ? Mauvaise Hameau de Lemps ? ferme isolée ? Moyenne STEP de Chomotte à la source (80eqh), zone anthropisée : hameaux de Chardon, Les Chamberts Mauvaise Rejet de maison individuelle Mauvaise Bassin versant urbanisé : hameaux de La Combe, Chazeaux Moyenne Moyenne Environnement très urbanisé : centre commercial, proximité de Boulieu et Annonay Constructions en rive gauche -6- IRIS consultants Dans la Loire, un seul site est en qualité moyenne, le ruisseau d’Allier ou ruisseau des Chaberts (DALL). Ces stations correspondent souvent à de petits milieux, dont le débit peut être assez faible. Dans ces conditions, il peut suffire de peu de chose (ferme isolée, petit hameau, rejet individuel…) pour dégrader la qualité de l’eau, car le facteur de dilution de l’effluent est très faible, et la charge polluante est moins vite entraînée vers l’aval. 3.3 - Qualité de l’habitat Les données concernant l’habitabilité seront plus particulièrement exploitées dans la seconde phase de cette étude, au cours de l’étape de sélection des sites potentiellement les plus favorables dans la perspective de réintroduction de l’écrevisse à pattes blanches. On peut toutefois déjà constater (cartes 1 et 2) que peu de stations présentent à la fois une bonne qualité de l’eau et de l’habitat. La population d’écrevisses du Savary-Riotet est implantée dans ce type de milieu mais elle est entourée de stations où la qualité de l’habitat se dégrade. De même, le centre de gravité de la population d’écrevisses du Malbuisson-Pinsole correspond à un secteur de bonne habitabilité, avec une dégradation progressive vers l’aval, due notamment à l’échauffement des eaux et à l’ensoleillement vers l’aval, le secteur amont étant plutôt pénalisé par la faible teneur en Calcium de l’eau. La station CUSC 02, qui serait a priori favorable, n’est cependant pas colonisée. 4 – CONCLUSION Les résultats obtenus au cours de cette étude permettent de penser que la situation actuelle de l’écrevisse à pattes blanches dans le bassin de la Cance est particulièrement inquiétante. Par rapport à ce que nous savons de sa répartition antérieure (notamment par le témoignage de M. Maurice Raffard, garde particulier de la Gaule Annonéenne et de la Truite du Malbuisson), le linéaire colonisé a fortement régressé ce qui correspond malheureusement à la tendance générale de l’espèce en France. Sur les deux populations identifiées, seule celle du Malbuisson semble pouvoir constituer une population-source permettant d’alimenter une introduction dans un autre milieu. En revanche, la densité d’écrevisses observées dans le Riotet-Savary est, pour l’instant, apparemment trop faible pour permettre un prélèvement sans risquer de fragiliser encore davantage cette population. La situation est donc déjà très critique : il peut suffire d’une pollution à l’amont du Malbuisson (ce qui s’est déjà produit avec du xylophène il y a quelques années) ou d’une épidémie véhiculée par les écrevisses américaines (porteurs sains de l’aphanomyces et localisées tout près dans la Cance), pour que la présence de l’espèce dans le bassin soit fortement compromise. Pour tenter d'enrayer le déclin de l’écrevisse à pattes blanches, nous proposons le programme de mesures réglementaires et d’actions suivant : Arrêtés de biotope pour les deux zones à écrevisses connues (Fiche 1). L’arrêté de biotope définit simplement ce qui est autorisé et ce qui est interdit. Il ne dispense donc pas de mettre en place un plan de gestion des populations d’écrevisses. A ce jour, le secteur Malbuisson-Pinsole fait partie d’un Espace Naturel Sensible (dont le plan de gestion n’a toutefois pas été validé) et le Riotet avec son affluent le Savary sont inclus dans une -7- IRIS consultants ZNIEFF. Dans les deux cas, les choix de ces territoires sont liés à la présence de l’écrevisse à pattes blanches. Mise en place d’un suivi régulier des populations existantes par comptages nocturnes annuels à la lampe-torche (Fiche 2). Réalisation d’une analyse fine des milieux (mesures de débit, suivi thermique, recensement des pompages, seuils, rejets et autres perturbations potentielles pour toute la zone colonisée, occupation des sols en bordure de cours d’eau) dans les secteurs à écrevisses (Fiche 3). Préciser l’emprise des écrevisses allochtones sur le bassin par une campagne de piégeage systématique dans les plans d’eau situés à proximité d’un site potentiel de réintroduction ou d’une population existante tels que l’étang EDF du Chambon, la retenue du Ternay, le plan d’eau Vidalon…(Fiche 4). Action forte de communication et de sensibilisation : auprès des agriculteurs riverains (abreuvoirs à bestiaux et passage à gué dans le ruisseau, utilisation de désherbant en bordure de cours d’eau…), des propriétaires de parcelles boisées (enrésinement trop près des ruisseaux, pratiques d’exploitation forestière), auprès des gestionnaires de plans d’eau (en particulier l’étang EDF du Chambon) et des pêcheurs (Fiche 5). Création d’une écloserie expérimentale à Austropotamobius pallipes (Fiche 6). -8- IRIS consultants BIBLIOGRAPHIE • ARRIGNON J., 2004 – L’écrevisse et son élevage. Coll. 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CNRS éditions. • TELEOS, 2004 – Contribution à la recherche des causes de régression de l’écrevisse « Pieds blancs ». Expérimentation dans le département du Jura de 2000 à 2003. • VERDONSCHOT (P.F.M.), NIJBOER (R.C.), HIGLER (L.W.G.) et VAN DEN HOEK (T.H.), 2003 - Selektie van indicatoren voor oppervlaktenwateren; Invulling van indicatieve macrofauna, macrofyten en vissen voor Kaderrichtlijn Watertypen. Wageningen, Alterra-rapport 865. -9- IRIS consultants FICHES REGLEMENTATION ET ACTION - 10 - IRIS consultants Fiche 1 : Arrêté Préfectoral de Protection des Biotopes • Textes applicables : les articles L. 211-2 et R. 211-12 à R. 211-14 du Code Rural • Champ d’application L’arrêté de biotope concerne la protection de milieux peu utilisés par l’homme. Le périmètre visé correspond a priori aux parcelles riveraines situées le long du linéaire où des observations d’écrevisses à pattes blanches ont eu lieu. Dans cette hypothèse, les communes concernées seraient Vanosc en Ardèche ainsi que Bourg-Argental et Thélis-la-Combe dans la Loire. Toutefois, il serait vivement souhaitable d’étendre le périmètre concerné à toute la zone géographique où l’habitat est favorable à l’écrevisse d’une part parce que l’arrêté de biotope, comme son nom l’indique, protège non l’espèce mais son habitat, et d’autre part pour prendre en compte les futures zones de réintroduction. • Objectifs Deux objectifs sont possibles : soit la préservation de biotopes nécessaires à la survie d’espèces protégées, soit la protection des milieux contre des activités qui portent atteinte à leur équilibre biologique • Procédure - La création d’un arrêté de biotope est à l’initiative de l’état, en la personne du préfet - L’arrêté n’est pas soumis à enquête publique - Les avis de la commission départementale des sites réunie en formation de protection de la nature, de la chambre d’agriculture, éventuellement du directeur régional de l’O.N.F. si le territoire est soumis au régime forestier, sont requis. -De manière informelle, l’avis des conseils municipaux est systématiquement demandé -La décision est prise au niveau départemental par le préfet -L’arrêté est publié au recueil des actes administratifs, dans deux journaux régionaux ou locaux et affiché en mairie • Effet du classement : - Dans le cadre de la préservation de biotopes (premier objectif), l’arrêté fixe les mesures qui doivent permettre la conservation des biotopes. La règlementation édictée vise le milieu luimême et non les espèces qui y vivent (maintien du couvert végétal, du niveau d’eau, interdiction de dépôts d’ordures, de construction, d’extractions de matériaux…). -Pour atteindre le second objectif, l’arrête édicte des interdictions portant par exemple sur l’écobuage, le brûlage des chaumes, la destruction des talus et des haies, l’épandage de produits antiparasitaires…Dans ce cadre, il ne s’agit pas de mettre en place une réglementation, mais seulement de prévoir certaines interdictions. -L’effet du classement suit le territoire en quelques mains qu’il passe - 11 - IRIS consultants • Commentaires : - Ce sont généralement les associations de protection de la nature qui demandent au préfet de prendre un arrêté de biotope afin d’assurer la conservation de l’habitat d’espèces protégées. Dans le cas présent, la demande serait portée par le Syndicat des Trois Rivières. -Les mesures portent toujours sur le milieu et pas sur les espèces (ainsi la chasse ne peut pas être interdite, car si elle détruit des animaux, elle ne porte pas atteinte au biotope). -L’arrêté de biotope peut s’envisager à plusieurs échelles. Classiquement, de petites parcelles de territoire sont traitées au coup par coup mais la démarche peut également être entreprise de manière globale au niveau du département. Ainsi en Franche-Comté, où des inventaires complets des populations d’Austropotamobius pallipes ont été réalisés, la Diren gère la mise en place d’arrêté de biotope par département, ce qui constitue une solution plus efficace, mais aussi plus économique en temps et en énergie. • Intérêts : - En théorie, cette procédure est rapide à mettre en place. -Elle peut concerner des sites de petite surface -Elle permet d’adopter le règlement à chaque situation particulière • Limites : - Si l’avis des conseils municipaux n’est pas requis, en pratique, il est systématiquement demandé et il en est tenu compte. Cependant, un arrêté pris malgré l’opposition de la commune est légal (T.A. Strasbourg, 11/04/89). -L’assermentation d’un garde pour la surveillance n’est en général pas prévue, l’application de l’arrêté doit être contrôlée par les forces de police classique (gendarmerie, gardes–pêche, garde-chasse…). -L’arrêté peut être abrogé facilement, puisqu’une décision du préfet suffit. • Coût estimatif : -L’amorce de la démarche est relativement simple. Le Syndicat des Trois Rivières saisit le préfet en lui adressant une simple lettre de demande d’instruction d’un arrêté préfectoral de protection des biotopes. Ce courrier doit préciser le périmètre concerné, l’espèce visée, et les atteintes à l’habitat qui justifie la demande (développement d’un argumentaire scientifique). Le coût de la procédure est alors assumé entièrement par les services de l’état (DDAF). En revanche, la démarche peut être assez longue. -Le Syndicat des Trois Rivières peut également compléter sa demande en fournissant la liste des parcelles cadastrales concernées, assortie de leur localisation précise sur les plans cadastraux. Cet investissement supplémentaire aura pour effet d’accélérer la procédure. Coût estimée à 3000 euros H.T. - 12 - IRIS consultants Fiche 2 : Mise en place d’un suivi régulier des populations d’écrevisses à pattes blanches existantes • Objectif : -Connaître l’évolution des populations de manière précise et périodique. Cette action constitue la première étape d’un plan de gestion. • Description de l’action : -Cette action consisterait à pratiquer chaque année une prospection nocturne à la lampe-torche sur l’ensemble des deux linéaires colonisés en dénombrant tous les individus observés, en estimant leur taille, en notant les signes éventuels de pathologie. Il est important que la méthode de prospection soit fixée au départ et qu’elle reste la même afin d’obtenir des informations comparables d’une année à l’autre. Pour la même raison, il serait souhaitable que les comptages soient effectués par les mêmes personnes. Un comparatif des résultats d’une année à l’autre sera établi (linéaire colonisé, effectifs observés, densité, état sanitaire). -Par la suite, cette action pourrait inclure le suivi des populations introduites. • Actions ou programmes liés : - La Fédération de Pêche de la Loire a été missionnée par la DIREN Rhône-Alpes pour réaliser un suivi comparable de cinq sites à écrevisses situés sur le territoire du Parc Naturel Régional du Pilat en 2004. Des piégeages ont également été réalisés en 2000 ainsi que des pêches électriques en 2001. • Partenaires privilégiés : - Cette action devra être menée en concertation avec les Fédérations de Pêche de l’Ardèche et de la Loire, l’ONEMA et les Associations de Pêche locales. • Coût estimatif : -La pérennisation du suivi mis en place dans la Loire irait dans le sens de l’action proposée, en prenant en charge le site du Riotet-Savary. -La Truite du Malbuisson a déjà réalisé spontanément des prospections nocturnes en août 2002 suite à la pollution au xylophène dans le Malbuisson et elle s’est fortement investie dans les prospections de terrain de cette étude. Elle pourrait donc jouer le rôle de vigie sur le terrain en prenant en charge ces prospections sur son secteur en partenariat avec le Syndicat des Trois Rivières. - 13 - IRIS consultants Fiche 3 : Réalisation d’une analyse fine des milieux • Objectif : -Définir un état initial précis des deux zones à écrevisses, avant la mise en place de l’arrêté de biotope -Assoir le règlement de l’arrêté sur une meilleure connaissance du territoire concerné et donc mieux préparer ce règlement • Description de l’action : -Réaliser un recensement continu des perturbations potentielles et actuelles (pompages, seuils, rejets, atteintes à la ripisylve, abreuvoirs à bestiaux…), ce qui n’existe pour l’instant que de manière ponctuelle dans les stations de cette étude. -Définir l’occupation des sols en bordure de cours d’eau à l’échelle de tout le linéaire occupé par les écrevisses à pattes blanches -Linéariser les paramètres d’habitabilité (température de l’eau, présence d’abris…) en effectuant des mesures plus précises que celles réalisées dans ce rapport notamment pour le calcium et le débit. Prévoir un suivi thermique estival voir annuel. - Effectuer suivant un maillage à définir des mesures de débit à l’étiage, dans l’intention de suivre ce paramètre capital. • Actions ou programmes liés : -Cette action est préalable à la définition du règlement de l’arrêté de biotope, en ce sens qu’elle permettra une meilleure vision des perturbations. -La réalisation d’analyses physico-chimiques et de descriptions fines des habitats telles qu’elle est prévue pour les sites potentiels de prélèvement d’écrevisses dans la seconde phase de cette étude affine déjà notre connaissance de ces secteurs et va dans le même sens que cette action. • Partenaires privilégiés : -Le recensement des perturbations peut être réalisé en interne par le Syndicat, ou bien déléguer à un prestataire extérieur. -Bureau d’études pour la réalisation de mesures de débit • Coût estimatif : -Réalisation de mesures de débit à l’étiage dans le linéaire colonisé par l’écrevisse à pattes blanches (environ 5 mesures par secteur) : 600 euros H.T. -Recensement détaillé des perturbations le long du linéaire colonisé par les écrevisses à pattes blanches : 1000 euros H.T. par kilomètre. - 14 - IRIS consultants Fiche 4 : Préciser l’emprise des écrevisses allochtones sur le bassin • Objectif : -Identifier les plans d’eau qui hébergent des écrevisses allochtones, et préciser leur degré de porosité vis-à-vis de la rivière. -Définir des secteurs géographiques à risque en fonction du peuplement astacicole et de la porosité des plans d’eau, afin de les éviter dans la démarche de réintroduction. • Description de l’action : -Le cahier des charges prévoit dans la deuxième phase de cette étude, de réaliser des analyses plus poussées pour les quatre sites potentiels de réintroduction ainsi que pour les deux sites potentiels de prélèvements d’écrevisses à pattes blanches. Nous proposons pour les six sites concernés, de réaliser des opérations de piégeages à la balance dans tous les plans d’eau situés à moins de 2 kms de ces sites, afin d’effectuer un dépistage des écrevisses allochtones dont la proximité pourrait compromettre la réintroduction. • Actions ou programmes liés : -Cette action est préalable à la démarche de réintroduction, dans la mesure où elle peut amener à écarter un site perçu initialement comme favorable à cause de sa proximité avec un secteur infesté. -Elle est liée à l’action 5, qui prévoit de sensibiliser les gestionnaires de plan d’eau. • Partenaires privilégiés : -Les Fédérations de pêche, l’ONEMA et les associations de pêche locales. • Coût estimatif : -Le coût de l’opération dépend directement de l’exhaustivité de la démarche et donc du nombre de plans d’eau concernés (certaines petites retenues collinaires ne seront de toute façon pas accessibles à la prospection sans l’accord des propriétaires) : 2000 euros HT par secteur de 4 km de diamètre - 15 - IRIS consultants Fiche 5 : Action forte de communication et de sensibilisation • Objectif : -Permettre à la population de s’impliquer dans le projet d’arrêté de biotope, d’y participer afin de le comprendre et de se l’approprier. • Description de l’action : - Organiser des réunions avec les différents acteurs du territoire pour les sensibiliser à la problématique de l’écrevisse et les amener à identifier les interférences entre leur comportement propre et la raréfaction de cette espèce. • Actions ou programmes liés : - L’arrêté de biotope. Cette action capitale est antérieure à la mise en place de l’arrêté de biotope car c’est grâce à elle qu’il ne sera pas perçu comme une contrainte par la population. • Partenaires privilégiés : -La Chambre d’Agriculture pour toucher les agriculteurs riverains (abreuvoirs à bestiaux, petites retenues collinaires, usage de désherbant…) -L’ONF pour les parcelles boisées (plantation de résineux trop près des ruisseaux, coupes à blanc, abandon des déchets de coupe dans le ruisseau…) -Les gestionnaires de plans d’eau et les pêcheurs (sensibilisation au danger que représentent les écrevisses allochtones). -La Fédération de Chasse (pour démontrer aux chasseurs que l’arrêté de biotope n’interfère pas avec la pratique de la chasse) Les structures liées au tourisme ne sont a priori pas concernées car la fragilité de l’écrevisse à pattes blanches la rend difficilement valorisable. • Coût estimatif : -Organisation et animation d’une réunion de sensibilisation par un bureau d’étude spécialisé : 600 euros HT par réunion. - 16 - IRIS consultants Fiche 6 : Création d’une écloserie expérimentale à Austropotamobius pallipes • Objectif : -Etre capable de pouvoir réaliser une ou plusieurs opérations de réintroduction sans risquer d’épuiser la ou les populations sources. • Description de l’action : -La capture de quelques femelles grainées (environ une trentaine) réalisées vers la fin du printemps avant l’émancipation des juvéniles, ou bien de sujets mâles et femelles adultes avant la reproduction à l’automne sera suivie d’une phase d’élevage. L’intérêt est de limiter la prédation, qui est forte chez les jeunes stades (larves d’odonates, dytiques, poissons, cannibalisme des adultes…), et d’obtenir à l’automne suivant, si tout se déroule normalement, plusieurs centaines de juvéniles destinés à être introduit dans un nouveau milieu. -La concrétisation de cette action est tributaire d’une autorisation administrative, ce qui peut s’avérer long et difficile. • Actions ou programmes liés : - Le projet de réintroduction. • Partenaires privilégiés : -Les Fédérations de Pêche, l’ONEMA et les associations de pêche locale -Un bureau d'étude spécialisé pour l’aspect pratique et la conception technique du projet • Commentaires : -Comme l’arrêté de biotope, l’écloserie peut se concevoir à plusieurs niveaux. En effet, cette approche peut prendre appui sur un territoire plus vaste et s’inscrire dans une politique départementale et/ou régionale de préservation des populations locales d’écrevisses à pattes blanches. Dans ce contexte, le projet pourrait bénéficier de subventions. -L’avantage de cette technique est de limiter l’importance du prélèvement dans les populations-sources, ce qui est bien adapté au cas du bassin de la Cance. • Coût estimatif : -Il dépend entièrement de l’échelle à laquelle est conçu ce projet. La taille des écrevisses permet leur élevage dans de petits bassins. L’objectif initial est de pouvoir réaliser une ou deux réintroductions seulement, ce qui permet de travailler avec un cheptel modeste. Pour atteindre ce but (obtention des autorisations, construction de petits bassins, alimentation en eau, surveillance et nourrissage des écrevisses, suivi de la température …), le budget est proche de 6 500 euros H.T. pour environ 4 mois d’élevage (captures de femelles grainées) et il est d’environ 7 500 euros H.T. pour environ 12 mois d’élevage (captures d’adultes mâles et femelles avant la reproduction). - 17 - IRIS consultants CARTES Carte 1 : Localisation des populations d’écrevisses à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) et américaines (Orconectes limosus), qualité de l’habitat et qualité hydrobiologique des eaux du bassin de la Cance dans le département de l’Ardèche. Campagne de juin et juillet 2006. Carte 2 : Localisation des populations d’écrevisses à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) et américaines (Orconectes limosus), qualité de l’habitat et qualité hydrobiologique des eaux du bassin de la Cance dans le département de la Loire. Campagne de juin et juillet 2006 - 18 - IRIS consultants