Dernières Nouvelles d`Alsace

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Dernières Nouvelles d’Alsace
Odile Weiss, le 05/02/2014
ARTISANAT. Formation professionnelle Fort recul des contrats d’apprentissage
Rien que dans l’artisanat, l’Alsace a perdu en un an 300 contrats d’apprentissage.
Le nombre de contrats d’apprentissage signés par les entreprises artisanales alsaciennes a chuté
de près de 12 % d’une année sur l’autre. Les responsables de la chambre de métiers s’inquiètent des
conséquences de ce chiffre jugé « alarmant ».
Pour les représentants des artisans, c’est du jamais vu. Pendant des années, ils se sont battus pour
améliorer l’image de l’apprentissage afin de permettre aux entreprises de trouver le personnel formé
dont elles ont besoin. Et maintenant que ce mode de formation commence à retrouver ses lettres de
noblesse, « nous avons les jeunes mais nous n’avons plus les entreprises », a déploré hier Bernard
Stalter, le président de la chambre de métiers d’Alsace (CMA) au cours d’une conférence de presse.
C’est en tout cas ce qui ressort du bilan de la campagne 2013. Après trois années de relative stabilité,
la dernière rentrée a en effet été marquée « par une chute de 11,7 % du nombre de contrats
d’apprentissage », a indiqué M. Stalter. Seuls 2 927 jeunes ont trouvé un patron prêt à les former,
contre 3 316 en 2012.
« La crise a atteint l’artisanat »
Et encore, la situation aurait été pire sans les développeurs de l’apprentissage de la chambre (chargés
de convaincre les employeurs de recruter des apprentis) « qui ont récupéré 200 contrats que nous
n’aurions pas eus », a précisé le président.
Ce recul, qualifié de « très inquiétant », s’explique d’abord par la situation économique difficile que
connaissent de nombreuses TPE et PME, principales pourvoyeuses de places en apprentissage. « La
crise persiste et a aujourd’hui atteint l’artisanat, qui est souvent le dernier maillon de la chaîne », a
rappelé M. Stalter. Résultat : « Nous avons pas mal d’entreprises qui disparaissent. » Certes,
reconnaît-il, il y a toujours plus de créations que de radiations. Mais « le solde positif est de 234. Il
était de plus de 500 en 2011 ».
Les entreprises qui parviennent tout juste à s’en sortir, elles, font des arbitrages. « Le non-recours à
l’apprentissage est de plus en plus considéré comme une variable d’ajustement des charges », regrette
le président de la CMA.
Enfin, de nombreux artisans auraient été freinés dans leur démarche de recrutement par la récente
suppression de l’indemnité compensatrice à la formation (pour les entreprises de plus de 10 salariés),
la forte réduction du crédit d’impôt lié à l’embauche d’apprentis, l’interdiction de recruter un jeune qui
n’a pas 15 ans révolus et le flou qui règne toujours autour du futur statut de l’apprentissage.
« Les chefs d’entreprise ont besoin de visibilité. Ils ne vont pas s’engager pour deux ans sans savoir à
quoi s’attendre », a souligné Jean-Pierre Baechler, président de la section de Colmar de la CMA -et
depuis peu de la commission nationale de la formation de l’Assemblée permanente des chambres de
métier.
Si elle se confirmait cette année encore, cette baisse des effectifs, qui concerne tous les secteurs et tous
les niveaux de formation (à l’exception des filières complètes) posera un problème aux entreprises «
lorsqu’on sortira de la crise car elles ne trouveront pas de personnel formé », a insisté Bernard Stalter.
« Renoncer à la formation, a-t-il plaidé, c’est aussi se priver de potentialités de reprise. »
Pour les dirigeants de la chambre, il est donc urgent « d’enrayer cette chute ». Pour cela, ils comptent
exploiter toutes les pistes possibles, et notamment l’apprentissage transfrontalier. Ils vont aussi se
rapprocher du conseil régional et des corporations, qui avaient fait de l’apprentissage l’une de leurs
priorités. C’était avant d’être obligées de se concentrer sur leur changement de statut.
par Odile Weiss, publiée le 05/02/2014 à 05:00