Untitled - Pays Couserans
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ICHE Marc (fils), je précise fils car son pére avait le même prénom, est né à GRUISSAN en 1854. Comme beaucoup de G~issanaisen ce temps 1% il était marin. Le 24 Septembre 1879, il a eu une fille unique, Marie ICHE, qui s'est mariée avec Pierre BERNARD : C'étaient mes grands parents paternels. Ma Grand-mère Marie BERNARD, que les vieux gruissanais connaissaient en tant qu'épiciére dans la rue Carnot, est décédée alors que j 'avais dix ans. Lors des veillées de mon enfance, ma Grand-mère me monûait les beaux coquillages ramenés des mers lointaines par son père. Elle me racontait que dans le cimetière de GRüiSSAN, il n'y avait pas la tombe de son père, celui-ci étant décédé lors d'une traversée, alors qu'eue avait treize ans, et qu'il était enterré « aux Amériques ». J'ai toujours aimé la mer, et adolescenî, j'ai manifesté l'envie de faire de la voile : j e suis allé plusieurs étés sur la càte bretonne, à t'école de voile des Glénaps afin de réaliser plusieurs stages, et vers l'âge de vingt ans, je suis revenu un été avec une barbe de vieux loup de mer. Me voyant barbu, mon oncle, Clément BERNARD, me dit un jour : Tu ressembles ainsi à ton arrière grand père. Me souvenant de sa mort survenue à I'age de 38 ans, j'ai répond11 à mon oncle : comment le sais-tu, puisque tu ne l'as pas connu ? Mon oncle me répondit que dans le grenier de la maison familiale il y avait un tableau représentant mon ancêtre. En effet, la photographie étant encore A ses balbutiements, les navigateurs avaiend l'habitude de faire réaliser leur portrait par des peintres de marine, afin que la famille puisse avou un solivenir lors des longues absences au foyer. Quelle joie, quelques semaines plus tard quand mon oncle m'offrit ce portrait, qui depuis n'a plus quitté mon bureau. Bien sûr, je dus raser ma barbe à la fin de l'été, mais je me suis empressé, dès mes études terminées de la laisser repousser, et de la garder jusqu'à ce jour. Quelaues - . années plus tard, -ieune clerc de notaire. i'ai trouvé. tout à fait adcidentellement, la déclaque & dernier était décédé à FERNANDO ration de succession de mon arrière grand ,ère, qui de NORONHA (BRESIL). . .. Amvé au domicile de mes parents, étant alors célibataire, je me suis empressé de donner cette précision à mon père, et nous avons cherché tous deux, sur l'Atlas familial, où se trouvait FERNANDO de NORONHA. 1 i Aprés de laborieuses recherches, nous avons découveri une toute petite île, proche de l'équateur, à 345 kilomètres, au large du BRESJL. De nombreuses années plus tard, étant en vacances à la Plage, et afin de m'occuper par une journéè de grand venf je suis allé faire des recherches à la Mairie de GRUISSAN, et j'ai trouvé la retpscription de l'acte de décès de mon aïeul. Un acte de décès contient habituellement en une page : celui de Marc ICHE, magnifiquement calligraphié, dépasse les deux pages. Ce document ci-après partiellement reproduit m'a apporté divers détails ignorés jusqu'alors. « Le troisièmejour du mois de septembre de l'année mil huit cent quatre vingt onze, en cette ville de FERNANDO de NORONHA, District de l'archipel du méme nom, de I'Etat de PORNANBOUCO, a comparu en mon bureau ROUQUET Hypolite Rock, et en exhibant le certifcat du premier médecin du Fort, le docteur Ismaël Evariste da Cruz GOWEA, a déclaré que hier, deux du mois courant, à onze heures de la nuit est décédé en cette ville son beaufrére, Marc ICHE, des suites d'une pneumonie, âgé de trente huit ans, maitre d'équipage du vapeur français « Maurice et Réunion » laissant unejille légitime. « Que son beaufrère est mort sans testament, que la mort a été naturelle et que son corps sera inhumé aujourd'hui dans le cimetière de cette localité. « Qu'ils ont été débarqués ici, déclarant en ce qui le concerne, qu'il éluil lui-même malade ainsi que son beaufrére, et qu'ils ont été très bien soignés, et pourpreuve, ... n Ma curiosité, et mon amour de la mer m'ont poussé à rechercher davantage de détails sur cette île lointaine. Grâce à Intemet, j'ai appris que cette île avait été découverte vraisemblablement entre les années 1500 et 1502, elle a été décrite pour la première fois par Américo Vespucci en 1503, et donnée par décret du 16 Février 1504 à Fernâo de Loronha. Envahie successivement par les Anglais, les Français de 1556 à 1612, les Hollandais, elle a été rattachée au BRESIL par décret royal le 24 septembre 1700. Inhabitée et dans un comolet abandon. elle a été occuoée à nouveau var les Francais en 1736 et à reçu le nom de « Ile Dauphine » puis occupk definitivement l'année suivante par les Poriugais. Devenue un pénitencier, I'ile a été rattachée à I'Etat de Pernambouc en 1822. Au début ~ U . X Xsiècle, les Anglais se sont installés sur I'île pour la coopération technique en télégraphie, suivis par les Français et les Italiens. Les pionniers de l'aviation (Mermoz, Saint Exupéry, ...) ont utilisé la piste d'atterrissage, aménagée dans le centre de I'île, dans une partie relativement plane. Les américains ont installé de 1957 à1962 une base de pistage de satellites. Aujourd'hui FERNANDO de NORONHA vit de l'exploitation rationnelle du tourisme, dans les limites imposées par son délicat écosystème, de l'activité de la pêche de caractéristique artisanale, destinée à la consommation de la population de I'ile. Ces recherches m'ont donné l'envie d'aller découvrir ce lieu particulier, où repose mon aïeul, et j'ai attendu ma retraite, et celle de mon épouse afin de réaliser un voyage au BRESIL, avec un petit séjour dans I'île de FERNANDO de NORON- HA. Dans le prochain « GRüAS'SAN d'AUTREFOIS )) je vous raconterai notre voyage h n s cette île magnzjïque et les découverît% que nous avons faites. Le Chanoine Bonnot: héraut de Notre-Dame )) Eugène-François Bonnot est né à Gruissan le 5 octobre 1881. Son père, Sylvain Bonnot était capitaine au long cours et sa mère, Marie-Rosa Prouchet, la fille d'un artisan menuisier. Le père entrant au service des Messageries Maritimes, la famille s'installa à Marseille. Eugène avait 16 ans quand son père mourut. Il étudiait au séminaire de Marseille. L'adolescent passait ses graudes vacances chez son grand-père maternel à Gruissan. Avec ses trois cousins germains, ils faisaient de fréquentes promenades sur l'étang, à bord d'une barque baptisée « Les Trois Frères ». Ses brillantes études terminées, il fut ordonné prêtre le 29 juin 1906 et vint dans son village natal pour y célébrer l'une de ses premières messes. Désigné comme professeur au petit séminaire de Marseille, il resta dans cet établissementjusqu'à la guerre de 1914. Après l'Armistice, il fut nommé vicaire dans une importante paroisse de cette même ville. Pendant les graudes vacances de 1910, il se rendit en Grèce, sur le navire ((Bosphore » à bord duquel un de ses amis gruissanais, André Rouquette était chef mécanicien. Celui-ci servait la messe que le prêtre disait dans sa cabine. Le chanoine fit de nombreux pèlerinages en Palestine, à Rome et parcourut toute l'Italie. Durant la Guerre 1914-1918, d'abord mobilisé à Aix-en Provence, il fut transféré, en août 1915, dans la zone des années à Ay comme infirmier. Puis, investi des fonctions d'avocat près les Conseils de Guerre aux Armées par son générai qui l'avait remarqué lorsqu'il prêchait, il s'acquitta de cette charge avec compé&nce et sauva plusieursjeunes soldats (de nombreux remerciements en témoignent). ' A partir de 1935, ayant seulement la direction spirituelle d'une institution, il s'adonna entièrement à la prédication. fl se déplaça en France et à l'étranger, pour prêcher des retraites et des récollections aux prêtres, aux religieuses et aux laïcs. Mettant à profit ses voyages pour lire, il défaisait la reliure des livres trop gros afin de pouvoir les emporter et disait : « les livres sont faits pour être lus et non pour orner une bibliothèque ». Pour lui le plus grand péché était le découragement et le manque de confiance. Le chanoine Bonnot vouait un amour tout particulier à la Vierge Marie. On peut supposer que c'est dans le sanctuaire de Notre Dame des Auzils qu'est née cette piété mariale. Lorsqu'il venait à Gruissan, il ne manquait pas d'aller à la chapelle, gravissant le chapelet à la main, le chemin boisé du « Cimetière Marin » . A la fin de sa vie il disait: « La place que j'aurai au Ciel, je ne la connais pas. mais je sais que j 'ai beaucoup aimé la Sainte Vierge etje crois que je l'aifait aimer ». Sa dévotion a toujours gardé la fiaîcheur de la jeunesse. La récitation du chapelet est pour lui un repos. C'est cette piété qu'il a essayé de répandre à travers ses innombrables prédications. Jusqu'à la veille de sa mort, à 88ans, le 16 avril 1970, il a continué à être prêcheur, inspiré par la force de son sacerdoce, guidé par son amour pour Marie. Ce mois d'août nous semble propice pour faire connaître, en les résumant, les pages qu'avait , de Marie, publiées la « Revue du Rosaire », en hommage à ce fils de Gruissan le Chanoine B o ~ o tapôtre celle que ses compatriotes vénèrent dans sa chapelie des Auzils. - Sources :Revue du Rosaire (mensuel de juillet 1971 Article du Midi Libre (août 1971)