L`Aiguille d`Étretat est creuse ! Phénomène naturel ? Excavation

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L`Aiguille d`Étretat est creuse ! Phénomène naturel ? Excavation
L’Aiguille d’Étretat est creuse ! Phénomène naturel ? Excavation produite par des cataclysmes intérieurs ou par l’effort insensible de la mer qui bouillonne, de la pluie qui s’infiltre ? Ou bien œuvre surhumaine, exécutée par des humains, Celtes, Gaulois, hommes préhistoriques ? Questions insolubles sans doute. Et qu’importait ? L’essentiel résidait en ceci : l’Aiguille était creuse. À quarante ou cinquante mètres de cette arche imposante qu’on appelle la Porte d’Aval et qui s’élance du haut de la falaise, ainsi que la branche colossale d’un arbre, pour prendre racine dans les rocs sous-­‐marins, s’érige un cône calcaire démesuré ; et ce cône n’est qu’un bonnet d’écorce pointu posé sur du vide. […] Donc, l’Aiguille est creuse, et c’est là un fait indiscutable. Restait à savoir comment l’on y pouvait accéder. Par la mer évidemment. Il devait y avoir, du côté du large, quelque fissure abordable pour les barques à certaines heures de la marée. Mais du côté de la terre ? Jusqu’au soir, Beautrelet resta suspendu au-­‐dessus de l’abîme, les yeux rivés à la masse d’ombre que formait la pyramide, et songeant, méditant de tout l’effort de son esprit. Puis il descendit vers Étretat, choisit l’hôtel le plus modeste, dîna, monta dans sa chambre et déplia le document. Pour lui, maintenant, c’était un jeu que d’en préciser la signification. Tout de suite il s’aperçut que les trois voyelles du mot Étretat se retrouvaient à la première ligne, dans leur ordre et aux intervalles voulus. Cette première ligne s’établissait dès lors ainsi : e . a . a . . é t r e t a t . a . . Quels mots pouvaient précéder Étretat ? Des mots sans doute qui s’appliquaient à la situation de l’Aiguille par rapport au village. Or, l’Aiguille se dressait à gauche, à l’ouest... Il chercha et, se souvenant que les vents d’ouest s’appelaient sur les côtes vents d’aval et que la porte était justement dénommée d’Aval, il inscrivit : En aval d’Étretat . a . . La seconde ligne était celle du mot Demoiselles, et, constatant aussitôt, avant ce mot, la série de toutes les voyelles qui composent les mots la chambre des, il nota les deux phrases : En aval d’Étretat – La chambre des Demoiselles. Il eut plus de mal pour la troisième ligne, et ce n’est qu’après avoir tâtonné que, se rappelant la situation, non loin de la chambre des Demoiselles, du castel construit à la place du fort de Fréfossé, il finit par reconstituer ainsi le document presque complet : En aval d’Étretat – la chambre des Demoiselles – Sous le fort de Fréfossé – Aiguille creuse. Cela, c’était les quatre grandes formules, les formules essentielles et générales. Par elles, on se dirigeait en aval d’Étretat, on entrait dans la chambre des Demoiselles, on passait selon toutes probabilités sous le fort de Fréfossé et l’on arrivait à l’aiguille. Maurice Leblanc, L’Aiguille creuse, chapitre VII, « Sésame, ouvre-­‐toi ! » 

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